Le Puit des Souffrances

Enfin j'étais de retour en ce monde ! Maître d'un territoire et avec un minimum d'armée afin de reprendre ma quête de chaos et de puissance sur cet empire qui a osé détruire l'Abysse. À l'heure qu'il est, le combat est sûrement terminé par une victoire des impériaux et je souhaite ardemment qu'ils essaient de rentrer dans mon ancienne forteresse afin qu'ils en paient le prix par la destruction de mon antre alors qu'ils y pénètreront ! Sortant de mes pensées, je m'adressa à ma milice :

Mes soldats ! Je suis heureux de vous, vous avez eu gain de vengeance sur celui qui a ordonné votre mort. J'ai aujourd'hui retrouvé un royaume pour rebâtir ma puissance et vous en faites partie. Dans les jours à venir, circulez dans les environs et amenez à moi les autres âmes errantes ayant subir le même sort que vous pour rejoindre mes rangs et grandir notre force. Ainsi nous aurons ensuite tout le loisir de rendre visite aux autres vampires de la région !

Des acclamations se firent entendre parmi les troupes ! La haine et la vengeance avait toujours été une source de motivation incroyable.

Vous avez le reste de la nuit devant vous, j'ai un instant de charité alors profitez-en pour retourner à vos demeures si ça vous tente mais à l'aube je vous attendrai.

L'ombre d'un dragon squelette passa sur les sentinelles immatérielles de la nouvelle forteresse du Sanglant. Alors qu'elle levait le regard vers ce qui avait masqué la lumière de l'astre lunaire, l'âme errante sentit son cou, pourtant intagible, être serré avec force. Suffocante, elle songea qu'elle allait une deuxième fois mourir. Elle dirigea son regard vers son agresseur et découvrit un homme couleur de lune, de forte carrure, vêtu d'une grande cape vert sombre, dont la capuche se rabattait sur les yeux. Sa main, bien que tangible, étranglait l'âme. Quel genre de monstre était-ce ? Ses pensées étaient protégées par un mur mental infranchissable, et l'âme prit une claque, comme un enfant puni, lorsqu'elle tenta de s'y introduire. L'étrange personnage déserra quelque peu sa prise, de sorte à ce que son prisonnier puisse parler, et dit, d'un ton neutre et d'une voix sifflante qui auraient glacé les sangs de l'homme que l'âme avait été :

- Qui est ton maître ? Et où est-il ?

Xéénothée, ayant eu la réponse qu'il attendait, sourit et lâcha l'âme errante. Sa satisfaction pouvait se lire sur son visage. Il regarda le défunt qu'il avait étranglé et s'excusa.

- Veuillez pardonner mon comportement barbare. Je n'aime guère dialoguer avec un ennemi libre. Mais vous n'en êtes pas un. Je suis le seigneur Xéénothée d'Omorphékoorèh, en Naxos. J'ai poursuivi Mogoth le Sanglant à travers tout Kalamaï pour le rencontrer et le soutenir. Sa quête du Chaos m'intéresse et je désire lui apporter mes dons en la matière. Et mes connaissances.

Sa voix était redevenu charmeuse et bienfaisante. Cela rassura l'âme errante, qui coninua pourtant à se méfier : cette homme était entouré d'une aura magique impressionante. Soit il était très puissant, soit il l'avait été. Il vallait mieux lui obéir.

- Menez moi au Sanglant, et vous n'aurez plus rien à craindre de moi.

L'âme errante n'y comprenait rien, l'homme était passé d'agressif à calme et posé en quelques instants. Parlant maintenant avec gentillesse et s'identifiant. L'âme ne sachant que penser, décida simplement de guider Xéénothée vers son maître, ce dernier jugera des actions à prendre.

Suivez-moi, nous n'avons que quelques toises à marcher pour s'y rendre, afin marcher est vite dit pour moi mais vous voyez ce que je veux dire.

Le duo progressa pour atteindre une grande bâtisse, nouvelle demeure du Sanglant.

Nous y voici, mon maître a été prévenu et vous attends juste là, au balcon du deuxième étage. dit l'âme en pointant en direction de Mogoth, appuyé bien droit sur la balustrade et regardant le visiteur, cherchant à savoir si il connaissait celui qui venait déranger sa tranquillité.


Bonjour à toi Xéénothée, d'où viens-tu et pourquoi me cherches-tu ? Si tu es pour les impériaux, passe ton chemin. Si tu es contre ces pacifistes, tu sera le bienvenu en ma demeure. Alors ?

Bonjour à toi Xéénothée, d'où viens-tu et pourquoi me cherches-tu ? Si tu es pour les impériaux, passe ton chemin. Si tu es contre ces pacifistes, tu sera le bienvenu en ma demeure. Alors ?

Xéénothée regarda l'Infernal. Il n'était pas très impressionant, mais l'Etranger n'y prêta pas attention. Il était ici pour aller droit au but, et son voyage l'avait, à défaut de le fatiguer, ennuyé au plus haut point.

- Eh bien, seigneur Mogoth, enfin je vous atteins. Je suis un seigneur de Naxos, mais la gestion de mon royaume ne me procure que peu de satisfaction. J'ai eu vent de votre volonté de répandre le chaos, et j'ai moi-même des talents dans ce domaine. Je suis donc ici pour vous proposer un marché, très avantageux pour vous et qui ne vous engage en rien. Mes services contre l'étude de votre caractère et de vos dons. Il n'y a que cela qui m'intéresse. J'ai traversé Kalamaï pour vous trouver, et je serai fort marri de recevoir un refus. Bien entendu, ma proposition et ses termes pourront être modifiés.

Mogoth allait droit au but. Parfait. Rien ne plaisait plus à Xéénothée que cette qualité. Il s'installa dans un fauteuil, comme le Sanglant le lui avait proposé.

Vous m'avez donc chercher à travers l'empire ? D'où vous est venu l'idée de me trouver et qui a parlé sur ma présence en Édhesse ? Seul des hommes sous mon commandement auront pu vous informer de manière aussi précise sur ma destination, à moins que vous n'ayez rencontré ce vieil homme au langage amusant.

- Ce sont l'ennui et la curiosité qui m'ont poussé à vous chercher, messire. C'est un de vos hommes qui m'a dit que vous aviez été vu en Prévèze, puis j'ai retrouvé votre trace magique. Chaque être laisse une trace de cette sorte, et je dois avouer qe la vôtre était particulièrement puissante. Ce qui n'a fait qu'attiser ma curiosité. J'ai ensuite rencontrer un seigneur du nom de Varatorn, qui a tenté de me recruter pour le compte d'une quelconque impératrice qui tente de renverser l'Empereur. J'ignore quasiment tout de ce conflit, et je n'en ai cure, si bien que je lui ai faussé compagnie après avoir rencontré l'homme au langage étrange à la fontière entre Edhesse et Prévèze.

L'Etranger fit une courte pause.

- J'ai d'immenses connaissances, bien plus que n'importe quel érudit ou mage de ce monde, sur toutes les magies, de l'enchantement à l'invocation, en passant par la métamorphose et la nécromancie. Je sais toutes les maîtriser, bien que j'ai récemment perdu mon pouvoir dans une de mes expériences de démonologie. Je suis en convalescence magique, puisque je sens la mana revenir en moi petit à petit. Dans une dizaine d'années, j'aurai retrouvé ma formidable puissance d'antan, égale à celle de vos dieux. Pour le moment, j'égale le pouvoir des mages moyens. J'ai également des talents dans l'art de la discrétion. Je suis un excellent espion et assassin, car ma mémoire et sans limites et je peux tuer par magie sans laisser de traces.

Je n'ai qu'une armée minime, qui ne m'intéresse pas. Il est trop aisé de pénétrer le système de l'armée, et ce jeu me lasse.

J'ai quelques idées audacieuses quant à semer le plus pur des chaos en Kalamaï, mais je pense que vous voulez tout d'abord que je vous prouve ce que j'avance. Donnez moi une mission et je l'accomplirai.

- J'ai eu vent durant mon périple des évènements récents de Zakinthe. Le nouveau Palatin est un puissant religieux, considéré cependant comme hérétique par l'Eglise. En effet, il se dit le Prophète de la seule vraie religion, si j'en crois ce qu'on m'a dit. Il a fait plier tous les chefs de tribus de Zakinthe. Il semble peu enclin à servir l'Empereur. Son nom est Aquilodon de Ménéxène.

Zakinthe est déjà en plein chaos, car des luttes intestines la déchirent. Je pense qu'il faut attendre qu'un ordre s'y installe, puis il faudra assassiner Aquilodon, en faisant croire à un complot ordonné par l'Empereur. Ainsi, Zakinthe replongera dans le chaos, et les armées impériales y seront occupées. Qu'en pensez-vous ?

L'Etranger espérait aller lui-même espionner le Prophète géant. Généralement assez stupides, et apeurés par la magie, les géants sous ses ordres semblaient au contraire instruits, puissants et relativement doués pour la diplomatie, si l'on en croyait les rumeurs. Aquilodon devait être particulièrement éclairé pour avoir faits de barbares des citoyens bien plus instruits que la moyenne. Et les illuminés étaient toujours intéressants. Surement parce que Xéénothée ne comprenait pas la foi. Jamais il n'avait trouvé plus fort que lui, et jamais il n'avait senti devoir vénérer une quelconque divinité. Quelle bêtise de vouloir se soumettre ! Mais les illuminés se croyaient aux côtés des dieux, et n'étaient jamais des êtres serviles. Deux choses particulièrement intéressantes aux yeux de l'Etranger.

Argostole ? Quelle étrange requête ! Argostole n'était-elle pas la province la moins gérée par l'empire ? De plus, d'après ce qu'en savait Xéénothée, le Palatin Adalemos n'était pas un ami de l'Empereur, loin s'en fallait. Aussi il interrogea son employeur.

- Si je peux me permettre, pourquoi avoir choisi Argostole ? Le Palatin est Adelemos de Feu Ardent, si je ne m'abuse, et son opposition à l'Empire est connue. Cependant, peut-être désirez-vous semer le chaos parmi les impériaux comme parmi leurs ennemis. Alors ma question n'aurait aucun sens.
Si je peux faire une suggestion, j'irai plutôt me renseigner sur Prévèze, où la Palatine Héléna semble trop bien s'en sortir. J'ai eu vent de rumeurs comme quoi une armée d'anarchistes était levée au sud. Peut-être pourront-ils nous servir. Sinon, je ne dispose que peu de renseignement sur Mésomnon, Maon et Thassopole. Pour ce qui est de la "République", j'ai entendu dire qu'elle était dirigée par un despote fanatique et sanglant appelé Aedric Von Seviand, mais qu'il parvenait à instaurer malgré tout un ordre basé sur la discrimination des races non-humaines. Peut-être que nous pourrions tenter de soulever ces dernières. J'ai de nombreuses idées, et toutes reposent sur l'assassinat de notables, ou encore sur une révolution possible.

Quel plaisir de réfléchir aux moyens de semer le chaos ! Et les conséquences qui pouvaient en résulter promettaient d'être intéressantes.

Xéénothée était heureux. Ce Mogoth prévoyait tout. Parfait. Il s'en remettrait donc à son jugement, pour le moment tout du moins, et irait en Argostole.

- Bien, seigneur Mogoth. J'irai donc en reconnaissance en Argostole. Dois-je montrer que je travaille pour vous ? Et dois-je tenter de rencontrer le Comte Adalemos ? Je pense qu'obtenir une audience avec lui est le meilleur moyen d'être fixé sur toutes les questions que vous vous posez, bien que pas le plus discret. J'imagine que vous désirez pour le moment garder votre anonymat, après votre défaite à l'Abysse.

Eh bien, plus de temps à perdre à présent, des réponses m'attendent dans les terres infernales.

Mogoth parut satisfait de l'accord de Xéénothée. L'Infernal accompagna l'Etranger à la porte et lui rappela que l'anonymat était primordial, du moins pour l'instant. Il voulait des renseignements sur Adalemos et la Province qu'il dirigeait. Xéénothée allait devoir reprendre son véritable aspect pour espérer pouvoir s'introduire parmi les infernaux.

- Veillez bien sur ma monture pendant mon absence. Cette fois, je n'en aurai pas besoin.

Le seigneur tout de vert vêtu exécuta des gestes complexes, et incanta des paroles plus sacrées que les dieux eux-mêmes. Le Sanglant fut aveuglé par une lumière soudaine et intense qui illumina la pièce entière, pendant qu'au centre de la sphère de lumière le corps de l'Etranger se fendillait, laissant comme des fumeroles de soleil s'échapper des fentes qui se multipliaient. Le seigneur Xéénothée s'étira, atteignant rapidement les trois mètres et demi, puis deux nouveaux bras musclés jaillirent derrière les premiers, qui s'étaient rafermis. Deux ailes de célestial noires comme l'ébène jaillirent de son dos, tandis que sa peau virait du blanc au gris cendre. Puis la lumière disparut, laissant place à un être dévêtu et monstrueux, géant, puissant et sûr de lui. Sa voix était terrible et les vibrations atteignirent le plus profond de l'esprit de Mogoth.

- Le corps humain m'engourdit, je le crains. Je suis d'habitude bien plus rapide à le mutation.

L'Etranger éclata d'un rire faisant tout ressentir, dans une moindre mesure, mais assez pour être une expérience traumatisante, à ceux qui l'entendirent.

- Vous avez bien fait d'accepter notre marché, sire Mogoth. Parlez de ce que vous venez de voir à quelqu'un et je vous envois dès mon retour rejoindre votre maître, pour que vous lui fassiez part de la perte de votre enveloppe charnelle. Taisez-vous et je me contenterai de vous aider. Maintenant, j'ai à faire en Argostole.

Ce n'est que quand Xéénothée se baissa pour ramasser ses vêtements d'humain que le Sanglant remarqua ses yeux. Et quel regard ! Mieux valait ne pas trop le croiser, comprit-il instantanément. L'Etranger se détourna et sortit du bureau, se baissant et passant sur le côté pour traverser l'embrasure de la porte. Il jaillit du castel par une des fenêtres sans se soucier de l'ouvrir et s'éleva rapidement dans les cieux, observant les terres qui s'étendaient sous lui. Puis il vit un dragon au loin. Varatorn. Décidé à échapper à ce gêneur, l'Etranger monta encore plus vers les étoiles, et fila vers le sud, vers Argostole, battant de ses gigantesques ailes.

Les ailes noires se tendirent, ralentissant Xéénothée, lui permettant de descendre doucement vers la citadelle du Sanglant. Le vent souffla dans ses plumes, ce qui produisit un son pareil au cri d'un corbeau. L'Etranger, qui atteignait le sol, battit plusieurs fois des ailes pour pouvoir s'arrêter tranquillement. Il se posa et regarda autour de lui. Il n'y avait personne. Mogoth et ses troupes avaient, semblait-il, vidé les lieux. Xéénothée jura, ce dont il n'avait guère l'habitude, et se dirigea vers la porte du château. Il entra, et aperçut enfin un démon en train de chiquer, dans un vision plutôt amusante. Voyant le seigneur d'Omorphékoorèh, le garde empoigna machinalement sa lame et l'orienta vers le nouveau venu.

- Qui êtes... *chmiak* vous ? *shmouik* Répondez *chouip*, ou je vous pourfends !

L'Etranger éclata de rire. Cet infernal avait donc la cervelle d'un gobelin ? Il vit le garde s'empourprer encore plus qu'il ne l'était de colère, et il stoppa immédiatement son hilarité. D'un air froid, il répondit à l'imbécile.

- Je ne crois pas, non. Je suis Xéénothée. Je travaille avec le seigneur Mogoth. Je lui amène les informations qu'il m'a demandé. Où est-il ? Répondez, ou sinon c'est moi qui vous attaque, et je peux faire bien pire que vous pourfendre, faites-moi confiance.

Ainsi, on attaquait l'Edhesse. L'Etranger allait enfin pouvoir faire couler le sang en abondance.

- Je vais vous protéger, malgré votre stupidité flagrante. Appelle moi encore une fois "monsieur" et tu rejoins tes créateurs, démon. Où est le général ? Je dois lui parler. TOUT DE SUITE !

Xéénothée sentait l'excitation monter. Enfin, il pourrait remettre à l'épreuve son talent martial. Enfin, il pourrait arracher des jugulaires avec ses dents. Enfin il pourrait s'abandonner à la sauvagerie qui le plongeait dans un état proche de la béatitude. Il pourrait bientôt tuer, de ses mains, de ses poings, de ses crocs, de ses griffes, de son pouvoir, et surtout, de ses yeux. Ainsi la destruction venait à sa rencontre ? La destruction serait alors détruite. Une aura magique involontaire se forma tout autour de lui, semblable à une orbe de flammes. Sa cape s'embrasa, sans toutefois se consumer. Ces flammèches n'étaient qu'illusion.

- Dépêche-toi de me répondre, infame pourceau ! Ou je répands tes pathétiques entrailles sur ce sol même.

Le garde tremblait de peur devant la présence que donnait l'Étranger. Il répondit tant bien que mal à la question ou plutôt à l'exigence de donner l'information désirer.

Il est à la caserne, le bureau du général s'y trouve au premier étage. Il se nomme Nidleb et il est un des nombreux démon au service de notre maître.

Le garde se déplaça vers la gauche afin de ne plus être sur le chemin de Xéénothée pour permettre à ce dernier de se rendre à la demeure de Mogoth. Évitant par le fait même d'offusquer de nouveau le visiteur, car ironiquement, le garde tenait encore à la vie ou plutôt sa deuxième vie. Généralement, la chance de revivre une deuxième fois par le biais de la nécromancie n'arrivait pas une autre fois. Il avait encore aujourd'hui le plaisir de tuer et prendre vengeance sur ceux qu'il lui ont arraché le coeur la première fois. Bon nombre était mort mais la satisfaction n'était toujours pas présente.

D'une voix presque faible, le garde dit quelques mots de plus : Je présume que vous connaissez le chemin... la caserne se trouve non loin de la demeure de Mogoth. De toute façon, le bruit des épées indique clairement la position du dit lieu.