Le Monde de Kalamaï
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Le temps n’était pas au beau fixe. En fait il était plutôt au laid fixe, depuis son départ de la capitale, il y a trois jours, Myos n’avait pu profiter que d’une matinée de soleil. Le rhinocéros qu’il chevauchait s’enfonçait à chaque pas dans la boue et souvent son cavalier devait en descendre et s’embourber avec sa monture pour traverser une zone difficile et glissante. Et celles-ci devenaient de plus en plus fréquentes depuis que Myos avait pénétré dans la forêt de Maon.

La pluie et la fange pesaient et sur les vêtements et sur le moral du minotaure qui avait grande hâte de rejoindre son clan. Clan qui avait encore bien besoin qu’on y renforce l’Ordre rappelé par Myos et qui n’aurait jamais dû être oublié. Il ne pouvait pas fonder la Grande Tribu de Kanderak qu’il espérait sur des bases aussi molles et instables que le chemin sur lequel il peinait. Mais il avançait malgré tout, aucun doute qu’il serait plus tenace que le mauvais temps et la mauvaise foi de ses semblables

Myos tirait laborieusement sur la bride de son fidèle animal lorsqu’elle lui fut violemment arrachée des mains. D’instinct et d’un geste, il empoigna ses armes, un bouclier et une masse, sans toutefois tout de suite comprendre ce qu'il se passait, sonné qu'il était par la soudaineté de l'action.

Il retrouva son rhinocéros à plusieurs mettre du sol, entre les mandibules d’un mille-pattes géant qui se dressait entre les branches des arbres au dessus de lui. C’était une créature infâme et merveilleuse d’une taille remarquablement terrible. Lorsque ses yeux globuleux eurent repéré une deuxième proie, il lâcha lourdement l’animal entre ses griffes pour s’élancer sur Myos.

Le combat allait être terrible.

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Myos eut environ une seconde et trois dixièmes pour trouver une parade à l’assaut du mille-pattes, avant le choc avec l’animal. L’enseignement de la Commanderie de Kanderak avait été, en réalité, terriblement lacunaire pour ce qui est de la lutte contre des aberrations pareilles. Finalement, au bout du onzième des treize fractions de seconde que les dieux lui avaient accordé, Myos opposa son bouclier à la charge de la créature, par pur réflexe. In extremis, il parvint à l’écraser entre les mandibules luisantes de sang du mille-pattes. Celui-ci l’arracha du bras du minuscule minotaure, d’une violente torsion de son corps cartilagineux et souple.

Alors que le rampant gigantesque revenait vers le paladin, ce dernier le chargea et d’un coup terrible et direct, il lui brisa une patte, marquant le premier temps de cet affrontement, à la plus grande rage du mille-pattes. Ainsi commença une drôle de danse, effrénée et violente. C’était un enchaînement rythmé par les coups, presque gracieux de Myos qui inlassablement esquivait crocs et griffes puis frappait une des pattes, qui éclatait d’un un claquement mou sous la masse du minotaure. On aurait dit la valse d’un moustique qui virevolte autours d’un taureau furieux pour le piquer sans répit, mesure après mesure, régulier comme un métronome, sans jamais se faire écraser.

Neuf cent nonante-neuf pattes plus tard, ou presque, de cette valse à mille temps, l’abomination fut enfin à terre. Myos épuisé et recouvert d’un liquide vert indéfinissable et puant qui poissait de la créature agonisante vint à sa tête et l’acheva d’un dernier coup de masse.

Après cela, Myos s’assit et fit le bilan de ce combat : son rhinocéros ne pourrait plus que servir aux mouches pour pondre leurs larves, son bouclier ressemblait à un scarabée écrasé, lui-même attirait toute sorte d’insecte par sa puanteur et la de carcasse morbide bloquait le chemin, en réussissant encore à laisser échapper des œufs.

Des œufs ?

Myos s’approcha pour voir ce qu’il en restait. A sa grande surprise, un petit mille-pattes d’à peine un mètre de long avait déchiré son œuf gélatineux, le seul à avoir survécu, et rampait joyeusement sur les cadavres de ses frères et sœurs morts nés. Le paladin le regardait mi-émerveillé, mi-révulsé dévorer gaiement certains membres de la fratrie morte. Après son festin, il eut un râle, comme un petit rot, et vint se mettre en boule entre les bras stupéfaits de Myos, sa respiration rauque lui rappelant le ronronnement d’un chaton.

Il jugea injuste d’écraser une frêle créature si affectueuse, qui le prenait sans doute pour sa mère, pensa-t-il, et décida de la garder avec lui. Peut-être pourrait-il la civiliser et la faire se plier aux Lois et à sa volonté.

Alors que son nouveau protégé dormait, Myos pria Kanderak pour le remercier de lui avoir accordé la victoire et pour lui demander l’adresse et la volonté d’éduquer cette créature étrange.

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Trois jours de chevauchée, par beau temps, cela faisait sept jours de marche à pied dans la boue pour rejoindre les Mugis. Ce soir là était celui de la quatrième journée, alors que Myos pénétrait dans un hameau minotaure quelconque, formé d’une demi-douzaine de masures.

La seule rue était animée d’une violente dispute, en face de l’auberge. Le paladin s’approcha, curieux de connaître son objet. Le problème était simple, on avait découvert un voleur. La faiblesse des gens restant toujours la même, certains lui cherchaient des excuses pour son infraction à la Loi.

Mais rien n’excuse le crime.

— Ce n’est pas la première fois qu’on le prend
, accusait un des villageois.
— Mais n’était qu’une livre de pain pour ses enfants ! argumentait un cœur faible.

Myos intervint d’une voix forte :

— Cela reste une insulte à la Loi.

On se retourna vers lui, interdit face à cette étrange apparition : un minuscule minotaure, les habits en lambeaux, couvert de boue et de sang verdâtre, et accompagné d’un mille-pattes de près de deux mètres désormais, qu’il tenait en laisse.

Le plus hardi de ceux qui prenait part à la dispute, lui lança agressivement :

— Cette histoire ne te regarde pas, demi-portion !
— Comment m’as-tu appelé ? Comment as-tu osé m’appelé ?

En face il y eut un sourire amusé pour seule réponse. Myos tira ses armes, dont un bouclier en très piètre état, à l’emblème méconnaissable, d’un air menaçant.

— Répond ! Puis excuse-toi ou bats-toi, je te provoque en duel !

L’autre cracha par terre, dégaina deux épées et chargea en mugissant :

— Viens mourir, idiot de demi-notaure !


Myos para aisément les deux armes de son adversaire, puis l’éventra d’un violent coup de corne dans l’abdomen, le déchirant très largement. Il conclut l’affrontement, terriblement court, d’un coup de masse dans la nuque de l’impudent.

— Personne ne m’insulte.

Les spectateurs de la scène restèrent sans voix devant une mise à mort se direct et prompte.

— Nous parlions d’une affaire de justice, non ?

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Elune et Vulin avait volé pendant plusieurs heures, leur monture commençait à démontrer de la fatigue vu la distance qui avait été parcourue. Le départ ayant eu lieu à la cité impériale, le fait d'être déjà dans le nord de la forêt de Maon était une bonne chose. Le petit marchand fit signe à son associée qu'il y avait un très petit village en bas.

Peut-être pouvons nous y prendre un repas et du repos avant de continuer notre route. Vu la grandeur de la place, les tarifs ne seront sûrement pas exorbitant.

La demoiselle dirigea ainsi l'animal vers le sol pour se poser en douceur sur la seule rue de l'endroit. Une forte agitation y régnait, surtout que durant la descente le duo pu apercevoir un minotaure de petite taille faire une belle entaille dans l'abdomen de son adversaire, lui aussi minotaure, mais d'une taille plus habituelle pour la race.

Le gnome laissa descendre Elune la première avant de se laisser glisser sur le dos du griffon jusqu'à atteindre le sol. Bien que de petite taille, il essayait toujours de s'arranger par ses propres moyens. Il s'avança ensuite vers le mini minotaure tout en gardant une distance respectable et s'assurant de la présence de sa compagne de voyage non loin de lui. Vulin entendit alors le victorieux parler.


— Nous parlions d’une affaire de justice, non ?


Voyant que la populace était quelques peu sans voix, le marchand pris une chance de poser une question.

Pardonnez-moi, sans vouloir vous déranger, nous aimerions prendre un repas et une place pour dormir, est-ce que l'un d'entre-vous êtes en mesure de nous aidez ? Mais ne vous pressez pas, finissez d'abord ce que vous êtes en train de régler si c'est plus important. Si une aide vous est nécessaire pour un sujet à débattre, je me porte volontaire, j'aime bien discuter.

Le gnome resta sans bouger, souriant, dans l'attente d'une réponse pour sa question ou d'une invitation à discuter.

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Myos regarda les deux arrivants, une femme un petit peu plus petite que Myos et un homme minuscule. Enfin, le fait d’être un gnome justifiait sa taille. En tout cas, il savait rester à sa place, apparemment, vu les manières et la politesse qu’il mettait à sa demande. Cette attitude et cette petitesse éveillèrent de suite la sympathie du paladin.

— Pardonnez-moi, sans vouloir vous déranger, nous aimerions prendre un repas et une place pour dormir, est-ce que l'un d'entre-vous êtes en mesure de nous aidez ? Mais ne vous pressez pas, finissez d'abord ce que vous êtes en train de régler si c'est plus important. Si une aide vous est nécessaire pour un sujet à débattre, je me porte volontaire, j'aime bien discuter.

Puisque personne ne semblait décidé à répondre, alors que Myos profitait de ce répit pour essuyer ses cornes, poisseuses de sang, il s’y résolut.

— Je suis dans le même cas que vous au niveau du gîte et du couvert, par contre…

Le minotaure dû s’interrompre pour retenir son mille-pattes qui avait couru vers le petit morceau de viandes sur pieds qu’il avait aperçu, Vulin. Il faisait tout de même deux fois la taille du gnome et, en longueur, un peu plus que celle de Myos. Ce dernier sermonna son animal, avant de s’excuser :

— Veuillez pardonner sa réaction, c’est encore un bébé, je n’ai pas réussit à lui inculquer toutes les règles de la civilisation pour l’instant. Mais comme je disais, pour le reste, je ne pense pas qu’un quelconque arbitre soit nécessaire, l’un d’eux, il désigna la foule, à ce que j’ai compris, a volé. Il doit donc être puni en conséquence, tout simplement. N’est-ce pas ?

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Elune ne fut pas fâchée que Vulin propose une halte. Elle n’imaginait pas qu’un voyage à dos de griffon put être fatigant... Elle pensait se laisser porter par le vent.

Mais l’exercice demandait en réalité beaucoup de concentration, il fallait sans cesse diriger l’animal qui avait le penchant de baguenauder sereinement dans les airs. Toujours, il fallait affirmer sa domination, imposer l’itinéraire et l’altitude.

Elle mit pied à terre avec soulagement malgré l’ambiance électrique qui régnait ici. Elle trouva la présentation et l’entrée en matière de Vulin fort habile et son tout petit ami faisait montre de sa grande diplomatie habituelle.

Elle fut étonnée de ce petit minotaure, un peu plus grand qu’elle, mais minuscule pour la race à laquelle il appartenait. Et cependant, qui ne semblait pas manquer de punch ni de hargne à en juger par son congénère éventré et par le sang qui s’écoulait en un lent goutte à goutte le long de ses cornes.

Quand le mille-pattes s’élança vers le marchand, persuadé d’avoir à faire à son goûter, elle éclata de rire. De son rire clair qui témoigne si bien de son optimisme et de sa joie de vivre.

Avec habileté, elle s’avança vers le petit minotaure et plia légèrement les genoux, sans en avoir l’air, pour pouvoir regarder son interlocuteur par en dessous. Elle leva exagérément la tête pour ménager la susceptibilité du demi-bovidé.

- Si j’ai bien compris, c’est l’un de nos éventuels hôteliers qui gît ici, les boyaux à l’air… Ne pensez-vous pas que cette violence est suffisante pour aujourd’hui ? Je ne sais pas quelle était la cause de votre conflit mais je ne crois pas qu’ils soient bons de s’entretuer entre frères de race…

L’un des spectateurs intervint, d’une voix forte, en désignant celui que deux solides gaillards tenaient fermement.

- Y m’a volé mon pain !

Elune fouilla dans le petit sac de cuir qui pendait à sa ceinture et en extirpa une pièce plus que suffisante pour s’acquitter du prix d’une livre de pain.

- Tenez ! Je me propose de régler sa dette…

Reprenant sa gymnastique destinée à faire paraître le petit minotaure plus grand qu’en réalité, elle leva les yeux vers les siens.

- Le larcin a été dédommagé et il y a eu un mort… Votre soif de justice est-elle assouvie maintenant ?

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Il y avait quelque chose d’étrange chez cette humaine. Peut-être ses yeux…

Quoiqu’il en soit, la manière qu’elle avait eue de régler l’affaire dérangea confusément Myos. Bien que tout le monde semblait satisfait, surtout le boulanger, de cette fin heureuse et lucrative, ça ne lui plaisait pas.

— Le larcin a été dédommagé et il y a eu un mort… Votre soif de justice est-elle assouvie maintenant ?

— En réalité, je n’aime pas cette manière d’équilibrer les tords qui vise à dédommager le plaignant plutôt que de punir le coupable.

Myos eut un soupir grimaçant.

— Maintenant, le voleur est parti, heureux d’avoir commis l’injustice, et le volé se vante, heureux de l’avoir subi. Regardez sa joie d’avoir tiré autant de cette affaire. C’est méprisable.

Le minotaure regarda Elune en grinçant des dents. Mais ne lui reprocha rien directement, il y avait en effet eu assez de mort, elle croyait servir Kanderak ainsi, et puis on ne peut pas rendre justice aux gens contre leur gré. Malheureusement.

Les badauds se dispersèrent rapidement, après avoir chassé le criminel et recueilli le corps du mort. Un d’eux s’approcha du petit groupe, et les aborda, timidement malgré son imposante carrure de minotaure :

— J’ai entendu que vous cherchiez un lieu pour manger et dormir cette nuit… il n’y a pas d’auberge ici, mais j’ai deux chambres vides et l’on peut s’arranger pour le souper...


— Ca me parait honnête. Si cela convient aussi à ces deux voyageurs, nous souperons ensemble chez toi.

Le paladin se tourna vers le gnome et sa compagne, un point d’interrogation au fond de la pupille.

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Elune ayant réglé sans hésitation le cas du vol en dédommageant le plaignant, faisant plus ou moins l'affaire du petit minotaure. C'est alors qu'un villageois aborda le trio de visiteur.

— J’ai entendu que vous cherchiez un lieu pour manger et dormir cette nuit… il n’y a pas d’auberge ici, mais j’ai deux chambres vides et l’on peut s’arranger pour le souper...

Myos répondit puis se tourna vers Vulin et sa compagne de voyage, en attente de réponse.

Et bien, je ne saurais dire non à un bon repas et une nuitée confortable pour y prendre du repos après un si long vol à dos de griffon.

Le marchand fit signe à tout le monde d'avancer, restant quelque peu en retrait avec son adjointe et parlant plus bas.

Hum.. le monsieur a dit qu'il avait deux chambres de libres, ils doivent croire que l'on est... vous savez... un couple ?!? J'espère que ce sera pas trop une atteinte à ta pudeur que de dormir avec un gnome.

Vulin avait dit cela d'un air timide, ne sachant pas trop quoi répondre sur leur statut. Valait-il mieux taire leurs intentions de fortune commune ? Une bonne discussion autour d'une table bien garni aiderai sûrement à approfondir la question et les possibilités.

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Elune s'amusa beaucoup de voir les joues rosissantes de Vulin sous son épaisse barbe. Avec un grand sourire, elle lui murmura:

- Faisons contre mauvaise fortune bon cœur ! A la guerre comme à la guerre ! Tu ne devrais pas prendre trop de place dans le lit...

Elle rit ! Elle était en train d'abuser de la gêne et de la timidité du gnome pour se moquer gentiment de lui.

- Cela ne me dérange pas du tout si l'on passe pour un couple ! dit-elle à voix basse en reprenant son sérieux. Peut-être inspirerons-nous davantage confiance à nos futurs donateurs.

Elle se baissa vers lui et lui tapota le nez avec espièglerie.

- Mais contentons-nous de faire semblant, veux-tu ?

Ils suivirent leur hôte jusqu'à une chaumière spacieuse, flanqués de leur colocataire d'un soir avec lequel il faudrait bien faire plus ample connaissance. Elune ressentait une certaine sympathie pour lui malgré son évidente impossibilité au compromis vis à vis de la loi, et malgré qu'elle l'ai vu embrocher l'un de ses congénères.

Peut-être était-ce dû à sa petite taille, à cette différence si flagrante avec ceux de sa race? Elle avait toujours eu un penchant pour les êtres différents, les cabossés, les laissés pour compte...

Ils s'installèrent tous ensemble autour de la grande table de bois qui occupait le centre de la pièce. Une cheminée dispensait sa douce chaleur et de son foyer sur lequel bouillonnait une marmite s'échappait un délicieux fumet.

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Myos eu un léger souci lorsque qu'il laissa pour la première fois son mille-pattes seul, dehors. Il ne savait pas comme il réagirait et espérait avoir déjà assez civilisé son animal pour qu'il comprenne que sa place n'était pas avec eux autours de cette table, mais avec ses semblables, les bêtes.

Quoiqu'il en soit, son attention vint vite à la nourriture, les rations qu'ils avaient apporté avec lui étaient corrects, mais ne valaient assurément pas un bon repas chaud à la fin de plusieurs jours de marche.

En attendant qu'on les serve, le paladin se décida à briser la glace avec le couple en face de lui :

— Puisque nous voilà bien installés, nous pouvons parler, n'est-ce pas ? Qu'est-ce qui vous amène dans des contrées si...


Le minotaure s'arrêta soudaine, comme foudroyé par sa propre impolitesse et son manque de respect.

— Mais veuillez m'excuser, la fatigue et la faim me font négliger le savoir-vivre le plus élémentaire : je me présente, Myos des Mugis, paladins de Kanderak.

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- Enchantée, Myos des Mugis ! Je suis Elune. Et voici mon... compagnon: Vulin.

Leur hôte déposait une par une devant eux des assiettes fumantes remplies d'une soupe où surnageaient quelques légumes appétissants et quelques morceaux de viande bouillie. Elle ignorait que les minotaures fussent carnivores. Dans son esprit, elle les imaginait comme des ruminants qui se nourrissaient d'herbes et de fourrages.

Elle sourit à cette pensée en se disant qu'elle préférait ça. La faim commençait de la tenailler sérieusement et brouter quelques pissenlits n'auraient assurément pas comblé son appétit.

- Nous sommes des voyageurs en quête de mécènes... Et vous-même, qu'est-ce qui vous amène en cette contrée ? Vous semblez plutôt de la caste des guerriers. Peut-être, après de glorieux combats, rentrez-vous sur vos terres retrouver vos proches, votre famille qui vous a tant manqué ?

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Le plat était assurément bon, mais Myos regrettait qu'il n'ait pas été accompagné d'une bonne salade de pissenlits, spécialité de la région. Quoique il en soit, il aurait été injuste de se plaindre de la qualité des plats. Par ailleurs, il espérait que la qualité des autres invités se révélerait elle aussi peu à peu.

Toutefois, il n'eut pas trop à se forcer pour répondre :

— Vous me voyez également enchanté de faire votre connaissanc
e.

Puis vint le moment de répondre aux questions :

— Nous sommes des voyageurs en quête de mécènes... Et vous-même, qu'est-ce qui vous amène en cette contrée ? Vous semblez plutôt de la caste des guerriers. Peut-être, après de glorieux combats, rentrez-vous sur vos terres retrouver vos proches, votre famille qui vous a tant manqué ?

— Oh non, aucunement, je n'ai encore jamais eu la chance de me battre vraiment pour mon dieu. J'ai été promu Paladin de Kanderak il y a peu, seulement. Je reviens simplement de la capitale impériale que j'ai visité pour m'inscrire à la corporation des combattants.

Le minotaure fit une pause pour refuser le vint qu'on leur proposer, au profit d'un simple verre d'eau. Il en but quelques gorgées et repris :

— Actuellement, je suis en route vers mon village pour y remettre un peu d'Ordre... même si les deux fidèles de la Loi que j'y ai laissé doivent s'en occuper parfaitement bien.

Myos marqua une coutre pause.

— Mais assez parlé de mes deux cornes, vous dites être en recherche de mécènes, vous êtes donc des artistes itinérants ?

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Vulin dégustait son plat avec plaisir, chaque repas chaud et en bonne compagnie se devait d'être savouré. Il écouta Elune répondre à l'interrogation de Myos, faisant un signe de la main lorsque son nom fut cité car dans l'impossibilité de répondre avec la bouche pleine. Même si la barbe cache majoritairement la bouche, le geste restait malpoli.

Myos parla de lui brièvement, annonçant son statut de paladin de Kanderak qui donna une idée au marchand.


Et bien l'ami, le marchandage est un art, nous pouvons alors dire que nous sommes des artistes dans l'âme. Les temps sont dures et les fournisseurs se font rare tout comme le financement des labeurs. Mais j'y penses, vous dites êtres paladin de Kanderak, peut-être pourrions-nous quérir vos services pour protéger notre éventuelle cargaison ? Nul personne sensé n'oserait affronter un fidèle serviteur de la Loi pour y dérober ce qu'il surveille.

Nous pourrions vous accompagner à votre village pour que vous puissiez y faire ce que vous aviez prévu et ensuite nous pourrions reprendre la route vers la capitale de Maon afin d'y trouvez ce que ma compagne et moi cherchons. Je vous laisse songer à cette offre pendant que nous terminons ce divin repas. Si vous préférez profitez des conseils de la nuit, il est libre à vous.

Entretemps, que diriez-vous de se tutoyer ? Si nous devons faire un bout de chemin ensemble, faudrait bien être plus amical.


Vulin demanda si il était possible d'avoir une seconde assiette, il avait encore faim. Faut dire que le vol de griffon et le grand air lui avait ouvert l'appétit.

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S'entretu... toyer ? Myos avait plutôt l'habitude de s'entretuer. A vrai dire il y a si longtemps qu'il n'avait plus fraternisé avec quiconque qu'il doutait presque d'encore connaître la conjugaison adéquate.

Peu motivé, il marmonna vaguement un Si vous y tenez mal à l'aise.

Alors qu'on resservait Vulin, son estomac de gnome n'allant pas vider le grenier de leur hôte, Myos se reprit. Cependant, lorsqu'il répondit, il essaya d'éviter au maximum la deuxième personne dans son discours ne sachant s'il devait encore la prendre au pluriel, ou la simplifier au singulier :

—Ce serait un honneur de faire escorte à d'honnêtes marchands. En fait, à vrai dire, il n'est absolument pas urgent que je rejoigne mon village immédiatement, comme je l'ai dit, deux fidèles s'en occupent pour moi.


De plus, ce que Myos ne dit pas, il n'y avait pas vraiment d'attaches, ses parents étaient décédés et ils ne s'étaient jamais entendu ni avec ses frères et sœurs ni avec quiconque d'autre pendant son enfance douloureuse. Il n'y était revenu une première fois n'ayant nul part d'autre où aller. Et puis la confiance que Vulin mettait en les fidèles de Kanderak flattait discrètement son orgueil de paladin.

— Nous pourrons donc directement nous diriger vers Magnésie.


Le minotaure regarda ses deux nouveaux compagnons finir de manger et leur hôte débarrasser. Il retint un bâillement.

— Mille excuses, je suis assez fatigué, nous en reparlerons demain, après avoir dormi.

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Elune ne se lassait pas d'admirer l'art du marchandage de Vulin. A croire que le gnome possédait des pouvoirs magiques de persuasion. Encore une fois, il lui avait suffi de peu de mots pour convaincre son interlocuteur de leur servir d'escorte.

Elune fut ravie que la mission qu'ils s'étaient fixée démarrât aussi bien même si elle s'interrogeait sur la convivialité des rapports qu'ils pourraient entretenir. Leur nouveau compagnon de voyage paraissait sobre en humour et peu disert. A vrai dire, lorsqu'il parlait, il se contentait d'aller à l'essentiel, sans fioritures ni amabilité excessive.

Elle se demanda si tous les minotaures étaient ainsi, puis réalisa qu'il y avait sans doute autant de caractères différents chez eux qu'il n'y en a chez les humains. Elle s'en voulut aussitôt d'y avoir songé, tant cela était à la fois méprisant et insultant pour cette espèce qui ne le méritait pas. D'ailleurs la bonhommie et la serviabilité de leur hôte en était une illustration.

Maintenant que le Paladin de poche avait accepté d'être leur ange gardien, un problème se révéla à elle: comment allaient-ils voyager ? Ils ne possédaient qu'un seul griffon, et encore n'était-elle pas sûre qu'il soit en mesure de porter la lourde masse d'un minotaure, fut-il réduit. Elle envisagea mal de voleter confortablement au-dessus de lui pendant qu'il se fatiguerait seul à crapahuter sur les chemins caillouteux pendant des dizaines de lieues. Il y avait mieux pour assurer la cohésion et la convivialité du groupe !

Et elle n'envisageait pas davantage de faire la route à pied, les petites jambes de Vulin constituant un facteur de ralentissement considérable. Il leur faudrait des mois, des années peut-être, pour parcourir l'Empire et ses Provinces comme ils en avaient l'intention.

Pour l'heure, le repas avalé, Elune se sentait tout aussi fatiguée que le mini minotaure en avait l'air. Il réprima un bâillement avec difficulté et annonça son intention d'aller dormir. Elle décida de reporter la réflexion sur leur moyen de transport au lendemain et de rejoindre elle aussi une couche accueillante.

Ce qui, du reste, serait la difficulté du soir, puisqu'on leur avait clairement fait comprendre qu'il faudrait partager une chambre. Et puisqu'ils avaient décidé de passer pour un couple, elle se leva lentement et tendit la main vers Vulin, avec l'air provocant qu'elle affectionnait de lui imposer:

- Tu viens, mon chéri ? On va se coucher ?

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Malgré sa fatigue du soir, Myos fut le premier levé. Les hors-là-loi n'attende pas le soleil lui avait-on dit lors de sa formation, il avait pris la maxime au mot et était ainsi souvent debout avant tout le monde, une heure au moins avant l'aube.

Sitôt hors du lit, Myos s'habilla et s'arma, puis descendit dans l'étable voir le griffon de ses compagnons et surtout son mille-pattes géant. Celui-ci s'était bien comporté, ne mangeant aucun des moutons entreposés avec lui. Il fit la fête à son minotaure lorsqu'il le vit.

En attendant que le village se réveille, Myos lustra la chitine encrassée de son animal de compagnie, de même que l'acier de son armure et de son bouclier. Les jours de marche qui avaient précédés cette halte ne lui ayant pas laissé l'occasion de s'occuper de propreté ou de réparations, par rapport à son bouclier fendu, surtout.

Lorsque que l'aurore vint, le coq chanta et Myos rejoignit la salle à manger pour le déjeuner. Ils mangèrent rapidement, pressé par le paysan qui les avait accueillit et qui devait aller aux champs travailler. Ainsi, ils se sustentèrent promptement et défrayèrent justement le brave minotaure.

Lorsque ce fut fait Myos s'adressa aux deux autres :

— Partons-nous ? Je risque de vous ralentir au début, forcé à marcher, mais mon mille-pattes devrait bientôt être en mesure de me porter.

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Après le repas, Elune m'avait glissé un charmant "- Tu viens, mon chéri ? On va se coucher ?" ce à quoi j'avais répondu dans l'affirmative bien entendu. Elle jouait son rôle à merveille et nul ne pouvait se douter que notre relation est purement professionnelle. Le couple monta à l'étage après avoir pris soins de saluer leur hôte et le remercier pour le repas.

Une fois dans la chambre, il fallait s'installer pour la nuit et un seul lit était disposer dans la chambre. En y regardant de près, il n'était pas très grand pour deux personnes. Au moins le marchand ne prenait pas trop de place sous les draps mais forcerait quand même une certaine proximité. Une petite cloison permis à Elune d'aller changer de tenue afin d'être plus confortable pour la nuit, ne montrant que des ombres plutôt que son corps. Mais au lieu d'enfiler sa tenue nocturne, elle s'amusait à faire de multiples formes avec ses mains pour divertir le gnome et détendre l'atmosphère !

Après avoir bien rit, la demoiselle termina de se vêtir et se dirigea vers le lit où Vulin c'était glissé sous la couette lorsqu'elle avait cessé le spectacle de main. Sourire au coin, elle empoigna un oreiller et lui balança par la tête ou plutôt tout le corps vu le format de l'un et l'autre. Une guerre de polochon sans suivi pendant un bon quart d'heure, faisant jaillir quelques crie de féminin lorsqu'un qu'elle recevait un coup surprenant par Vulin. Toute personne en dehors de la pièce aurait aisément pu confondre la situation, mais il y avait bel et bien du plaisir et après cette activité intense, chacun prirent place de leur côté du lit, partageant équitablement les couvertures.

Au matin, le coq sonna le réveil, la nuit fut salvatrice et porteuse de repos bien mérité. Après un bref repas de leur hôte qui était de corvée aux chantiers, le trio se retrouva sur le perron et prêt à reprendre la route. Le mini cornu parla le premier :


— Partons-nous ? Je risque de vous ralentir au début, forcé à marcher, mais mon mille-pattes devrait bientôt être en mesure de me porter.

Vulin répondit sans attendre.

Bien sûr, nous allons reprendre place sur notre griffon et prendre de l'avance pour se trouver une bonne place pour dormir à Magnésie ce soir. Nous allons également essayer de trouver une charrette en cours de route pour accélérer ta progression.

À l'annonce que la capitale de Maon serait atteinte pour la tombé de la nuit, les pupilles de Myos s'élargirent, signifiant plusieurs lieues à parcourir en une seule journée. Le marchand ayant constaté la réaction répondit aussitôt.

Ne t'en fais pas, c'est permis de faire des pauses, nous ne sommes pas des bourreaux. De haut nous voyons loin, nous ferons aussi des haltes lorsque l'on te verra assis sur le bord de la route. Ça te va ?

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Myos connaissait quelques bourreaux, ceux-là étaient généralement des gens profondément qui ménageaient beaucoup leur personnel, pour adoucir un peu la nature ingrate du métier. Assurément, la comparaison s'était basé sur un triste préjugé par rapport à cette noble branche des zélotes de la Loi.

Quoiqu'il en soit l'étonnement du minotaure ne venait pas de la difficulté de la tâche, mais plutôt de sa simple impossibilité. Voyager à dos de griffon faisait perdre la notion des distance au gnome, sûrement.

— Faisons plutôt les choses autrement, il est peu probable que j'arrive à Magnésie avant demain. Rejoignons-nous plutôt là bas, il n'y a nul besoin que je vous ralentisse à outrance et vous n'avez pas encore besoin de moi, n'ayant pas de stock à protéger.

Myos se gratta la tête, dans une semaine le mille-pattes serait en mesure de le porter et dans moins d'un mois il aurait atteint les bons huit mètres propres à sa race et alors il n'y aurait plus de problème de déplacement.

En attendant, Myos devrait crapahuter un peu... mais s'ils arrivent avant...

— Puisque vous êtes marchand, serait-il possible que vous me repériez un nouveau bouclier avant que j'arrive. Le mien a servi de façon un peu trop intense entre les mandibules d'un monstre.

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Puisque Myos lui-même avait proposé cette façon de procéder, ils ne virent aucun obstacle qui les empêchât de voler vers Magnésie. Il n’y avait effectivement pas grand-chose à escorter et la présence de leur compagnon ne souffrait pas d’urgence.

Elune perdit les scrupules qu’elle avait eus au dîner. Leur garde du corps était un Paladin, et de surcroît un minotaure. Un être endurci habitué aux rudesses du climat, de la vie en campagne et des marches forcées. Et puis, il n’était pas seul, suivi par son étrange compagnon domestique à la myriade de membres.

Ils se saluèrent donc provisoirement, Elune reprit les rênes de son griffon, Vulin se cala contre elle et ils quittèrent le village, adressant de grands signes de la main à Myos.

Ils volèrent quelques heures au rythme tranquille d’une balade de vacances, prenant le temps d’observer les paysages boisés à perte de vue. L’auréole claire que dessinait Magnésie se détacha bientôt dans le vert profond des forêts qui l’entouraient. Là-bas, au loin, la langue bleutée du fleuve Kalamaï trouait la forêt en coulant lentement jusqu’à l’océan.

Ils se posèrent dans les faubourgs et se mirent en quête d’une écurie pour abriter leur griffon durant leur séjour. Ils la trouvèrent rapidement et payèrent d’avance l’hébergement de l’animal. Il fallait maintenant trouver une auberge, si possible du côté de la porte ouest puisque c’est par là que Myos les rejoindrait.

- Si ça ne te dérange pas, Vulin, tu pourrais nous chercher un abri pour la nuit pendant que je vais flâner un peu. Pour toi, cette cité est comme une autre et peut-être même la connais-tu déjà. Mais pour moi… J’aimerais en parcourir les rues et puis traîner sur le marché. Pour essayer de trouver un bouclier pour Myos et tester si mon art du marchandage égale le tien. Après tout, j’ai besoin d’un peu d’entraînement, je débute dans ce métier.

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Le minotaure avait foncé toute la journée et une bonne partie de la soirée sur la route qui menait à Magnésie. Son allure infernale digne des plus éprouvantes marches forcées ne lui permit que de très courtes pauses et lorsque la fatigue le prit, il n’y avait nul lieu de gîte en vu. Cela ne le dérangea pas plus que tant, l’habitude des durs traitements l’indifférait à l’inconfort. Il se contenta donc d’un feu, en guise de joie, de pain et de viande séché pour festin, de son sac de couchage comme chambre et de l’affection de son mille-pattes, récemment nommé Xwrst.

Assommé par une rude journée en solitaire, il s’endormit aussitôt qu’il toucha le sol. Il dormit à la belle étoile, n’ayant même pas eu le courage de monter la bâche qui lui servait à se protéger contre la pluie. Qu’importait, la nuit était claire et sans nuage, il ne risquait guère d’être mouillé.


Ils étaient trois, trois frères, trois bandits. Ils avaient l’habitude de massacrer les voyageurs solitaires dans leur sommeil. Celui-là était spécial, assurément, ils n’étaient pas éduqués mais savaient reconnaître le blason des paladins de Kanderak. Des gros morceaux ceux-là, c’est en ne faisant pas assez attention face à un des leurs qu’ils étaient devenus orphelins et avait perdu le cadet de la famille. Mais ils savaient maintenant qu’il fallait se méfier de ces guerriers, même seuls. Et surtout ne pas laisser de traces, les rumeurs quant à la violence des représailles des paladins étaient terrifiantes. C’étaient des professionnels de la Loi après tout. Qu’importe, les trois-là étaient des professionnels du crime.

Ils s’approchèrent calmement et discrètement du feu mourant, profitant de l’ombre de la forêt.


Xwrst ne comprenait pas. Vraiment pas. Il y avait un groupe de petits très peu de pattes qui s’avançaient bizarrement. Comme il aurait fait lui pour chasser à manger, quand le protecteur ne lui donnait pas. Mais il n’y avait rien à chasser, rien de plus que ce qu’il avait déjà dévoré, car le reste avait fuit.

Alors il ne comprenait pas. En plus ils s’approchaient de la clairière où dormait le protecteur. Aucune nourriture ne se baladerait dans une clairière, elles se cachent toujours dans la forêt si elles peuvent. Les trois très peu de pattes étaient elles idiotes ?

Ou peut-être… peut-être qu’ils voulaient manger le protecteur ! Pas bien, pas bien. Cela n’allait pas du tout à Xwrst, pas du tout du tout. Il paniqua un instant : qu’allait-il faire s’ils mangeaient le protecteur ? Et il ne pouvait pas les manger, le protecteur voulait pas qu’il mange les petits très peu de pattes. Sans son autorisation, même le minuscule très peu de pattes, il n’avait pas pu le manger. Il était si petit qu’il devait être malade pourtant, ou handicapé… mais non, pas le droit de manger les très peu de pattes. Seulement ceux qui avaient plus de pattes que ça, les peu de pattes, qui en avait le double ou les sans pattes qui volaient, il avait le droit de manger. Et encore, pas toujours. Quoiqu’il en soit, il ne savait pas quoi faire.

Puis il eut l’idée, il allait tuer les très peu de pattes sans rien dire au protecteur, comme ça il se ferait pas manger et lui se ferait pas gronder !

Alors, tout se passa très vite, Xwrst se laissa tomber sur le premier, sectionna la colonne vertébrale d’un coup de mandibules du second et avant que le dernier ne se soit retourné, lui avait arraché les viscères.

Tout fier de lui, le mille-pattes remonta dans les arbres, ne dormant que d’un œil, pour protéger toujours le protecteur.


Lorsque le soleil se leva, le lendemain, Myos se réveilla. Il appela Xwrst qui rappliqua immédiatement. Le minotaure fut étonné par tout le sang qui recouvrait son animal. Et surtout, il ne lui avait pas apporté les restes de sa chasse, comme il faisait d’habitude. Voilà qui était étrange. Il suivit sans mal les traces sanglantes pour trouver les cadavres des trois hommes, qui ne pouvaient être que des bandits.


Xwrst étaient anxieux, le protecteur semblait connaître son forfait ou du moins le découvrit rapidement. Il s’attendait à une punition, mais le protecteur semblait content, il lui donna une friandise, de la viande séché, et lui dit quelque chose d’incompréhensible, mais qui était sans équivoque gentil et satisfait :

— C’est bien, tu deviens une vraie bête de Kanderak, à tuer les méchant comme ça, c’est bien Xwrst !

Le mille-pattes oscillait entre incompréhension et joie : il pouvait donc tuer des très peu de pattes s’ils menaçaient le protecteur, mais dans quels autres cas encore ?

Mais ces questions attendraient, le protecteur le chargea de quelques affaires et ils repartirent.

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Magnésie !

Un foyer d’Ordre au milieu du Chaos forestier !

Dommage que la ville ne soit pas encore en vue. Ce n’était que le matin du deuxième jour, au terme duquel d’ailleurs, il allait atteindre la capitale de Maon. Jour qui se passa sans encombre, laissant à Myos tout le loisir de réfléchir à son avenir.

Tout à coup, il lui apparaissait qu’il s’était comporté de façon totalement inconsidérée depuis qu’il avait finit sa formation de paladin à la commanderie de Maon, prêt de Magnésie. Il s’était naturellement tourné vers son village, n’ayant nulle part d’autre où aller et les deux Champions qui l’avaient suivi étaient dans un cas encore pire, c’étaient deux orphelins recueillis par le culte à son avantage, sans famille ni patrie.

Mais maintenant, Myos se questionnait : n’avait-il pas erré dans son jugement ? Était-ce bien la vraie voie que de retourner à ses racines ? S’il pouvait parler de cette souche putride et creuse que lui semblait son village comme de ses racines. Il était la dernière branche de sa famille, toutes les autres étaient mortes et tombées au sol, les feuilles flétries et racornies. A part un grand feu pour purifier et détruire le passé, il n’y avait plus rien à faire de ce hameau aux yeux de Myos.

L’image de ce brasier dans les yeux du minotaure éclaira le chemin à suivre : l’Eglise de Kanderak était son avenir, la lutte contre le Chaos serait sa vie.

Ces pensées dansèrent comme des flammes ardentes dans le cerveau du paladin, si bien que cela occupa ses pensées jusqu’au soir. Il devrait d’ailleurs passer à l’Eglise ou la Commanderie de la ville pour s’informer des besoins du Culte.

Soudain, le havre de paix et de civilisation apparut au milieu de la sauvage forêt de Maon.

Magnésie !



— Qwrtuikl.
— Oui, moi aussi j’ai faim, Xwrst.

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Il était déjà tard, si bien que Myos, en arrivant sous les remparts de Magnésie, n’eut pas le courage de chercher ses compagnons et encore moins d’expliquer aux gardes que Xwrst n’était pas dangereux. Il se décida d’aller loger à la commanderie de Kanderak, cela lui économiserait même le prix d’une nuit à l’auberge, les paladins ne cultivant pas la richesse, mais la foi, c’était ça d’économisé. De plus, l’achat d’un nouveau bouclier allait lourdement alléger la bourse du minotaure.

Il se dirigea donc au sud, vers le bâtiment de Kanderak. C’était un parfait carré muré de pierres grises, au milieu d’un carré désertique, visiblement on carbonisait fréquemment sa surface pour repousser la végétation envahissante. On y accédait par une petite route parfaitement pavée, qui s’engouffrait dans le portail de la commanderie, gardé jour et nuit par deux Champions de Kanderak.

On l’accueillit sans commentaire. On lui offrit un couvert frugal et un gîte sommaire. On lui apprit qu’il y avait des troubles en Prévèze, sans plus de renseignements sur leur nature, et que la situation de Naxopole restait putride. Bref, on répondit à toutes ses attentes.

Le lendemain, c’est un Myos reposé et revigoré qui se dirigea vers la porte ouest de Magnésie.

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