Le Monde de Kalamaï
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Précédemment :


Le lendemain matin arriva rapidement. Trop rapidement pour Exhyl qui savait qu’un long voyage l’attendait. Après un bref repas, il se rendit sur la place du village. Là, les villageois s’y étaient réunis. Ils n’avaient aucune raison d’être ici, n’ayant pas encore été appelés. Cependant, les récents évènements les avaient comme accoutumé à ce rituel. Le chef s’étonna de leur présence, mais cela l’arrangea, il n’aurait pas à attendre.

Il déclara à tout le monde ce qui avait été décidé la nuit précédente. Une demande pour des volontaires fut faite. Seulement un minotaure s’avança, Feldret. Personne ne voulant voyager en compagnie de chef toujours soupçonné d’être l’empoisonneur par nombre d’habitants, il partit donc uniquement avec le gobelin et le forgeron.



***

L’équipée s’éloignait d’un pas rapide du village. Exhyl portait sa hache ainsi qu’une sacoche contenant des rations pour le trajet de même que des gourdes pour étancher sa soif. Feldret, lui, avait une énorme masse dans le dos, copie agrandie de son marteau de forgeron. Shog avait deux dagues à sa ceinture. Les voici donc armés pour affronter tous les dangers pouvant surgir devant eux.

Juste avant de quitter l’enceinte familière de la forêt, les trois compères firent une halte. Shog en fut soulagé car il devait courir pour suivre le rythme imposé. Ils mangèrent une partie des rations préparées ainsi que certains produits fournis par le bois. Après ce court repos, ils reprirent leur cheminement jusqu’à la capitale.

La vue qui s’offrit à Exhyl à la sortie de la forêt le stupéfia. Il ne se serait jamais attendu à cela. Alors que dans la forêt le soleil et la lumière qu’il propageait étaient entre le blanc et le jaune, hors de son habitat familier il découvrait l’astre sous un nouveau jour. Le minotaure avait sous les yeux une boule éblouissante bleue bougeant sans cesse dans les cieux se cachant de temps en temps dans les nuages de passage.

Le paysage aussi était étrange. Alors que la sylve se révélait immuable, immobile, les changements prenant des années exceptés ceux faits par la main des humanoïdes, ce qui s’offrait à ces yeux ne l’était point. A l’extrémité de son champ de vision, un arbre solitaire marchait d’un pas rapide pour échapper à l’assaut de buissons épineux lui bondissant dessus.

Exhyl ferma les yeux un instant, se les frotta, puis les rouvrit. Aucun changement. Enfin, si plein même. Mais pas du genre qu’il espérait. Le soleil était à présent d’une couleur normale, mais il avait la forme d’une étoile et tournait sur lui-même. L’arbre avait disparu, mangé par les buissons sauvages. De plus, il entendait un grondement constant.

Il essaya de faire un pas, mais le sol sous lui se mouvait. Dès qu’il levait le pied, le sol montait et dès qu’il l’abaissait la terre redescendait. Il en avait le cœur au bord des lèvres. Il décida donc de rester à sa place encore un petit moment, le temps de se sentir mieux.

Seulement, le bourdonnement en décida autrement. Il s’amplifia. Il venait du ciel. Aussi, le minotaure regarda dans cette direction. Il vit le soleil vert ressemblant à un gobelin. Mais, ce qui retint son attention fut l’ombre qui se déploya dans les airs et occulta un instant l’astre lumineux qui en profita pour virer au violet. L’objet volant non identifié avait deux ailes énormes dont chaque battement vrillait les tympans du minotaure. Pour une raison inconnue, Exhyl attrapa Shog par un bras et une jambe, fit deux tours sur lui-même pendant que le gobelin couinait de peur, et le lança vers la créature volante. Corne bleue, enfin dorée pour le moment, entendit le jaunâtre pousser un hurlement avant de disparaître de son champ visuel.

Il cherchait encore le gobelin lorsqu’un choc ébranla le sol et le vit vibrer ainsi que ceux dessus. L’objet volant venait de se poser brutalement. Suffisamment pour qu’Exhyl perde pied, trébuche et s’assomme contre une pierre qui se souleva à sa rencontre.

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« Réveillez-vous ! » demanda gentiment une voix féminine.
« Ouais, bouge ton gros cul ! » rajouta une autre voix plus grave.

Exhyl grogna, ouvrit un œil puis l’autre. Puis les referma aussitôt. Il avait peur d’avoir bien vu ce qu’il venait de voir. Il entrebâilla une paupière qu’il rabaissa de suite. Il avait vraiment bien vu la première fois en fait.

« Eh, l’cornu, t’les gardes ouverts tes yeux ou t’veux qu’j’t’aide ? » questionna sèchement la voix grave.
« Monsieur le minotaure, réveillez-vous, s’il vous plaît » continua la voix calme.
« Non, mais r’gardez-là moi entrain d’faire les yeux doux à un poilu ! »
« Je ne m’intéresse plus à môssieu pendant trente secondes et il s’énerve déjà ? » répliqua la voix calme qui l’était d’un coup beaucoup moins.

Les deux voix continuèrent à s’énerver, à s’invectiver, à monter en volume. La voix féminine semblait toujours avoir le dessus. Le minotaure se fit violence et se força à ouvrir les yeux et les garder ouverts. Au-dessus de lui – il était allongé à même le sol – se tenaient quatre têtes. Deux qu’il connaissait et deux se ressemblant et inconnues. Il y avait Feldret reconnaissable à sa corne brisée à sa droite. Mais, juste devant lui, deux têtes de dragons et Shog sur celle de gauche.


« Tiens, t’es enfin réveillé chef ? » interrogea normalement le gobelin. Voyant le regard perdu de son chef, il fit continua. « Je te présente mes amis. Nous avons fait connaissance lorsque tu m’as lancé vers eux. Ils sont très charmants. Voici Ztrylgrallaratrallyanyaflanyaratha sur qui je suis et son compagnon Bref, ce sont des dragons gémellaires. Ils partagent le même corps. Je trouve que c’est beau comme amour et manière de le montrer et prouver. Tu ne trouves pas chef ? »

Exhyl écarquilla. La façon de parler de Shog était… particulière. Il ne couinait plus, les mots sortaient normalement, posément. Comme si le gobelin était calme et non dans un état de stress avancé. Ce dernier avait repris sa teinte verdâtre, mais ne paraissait plus minable, minuscule. Il semblait sûr de lui, important. C’était un autre gobelin.

« Enchanté. » Ne peut-il que répondre.

Personne ne semblait vouloir dire quoi que ce soit. Corne… bleue en profita pour observer les nouveaux amis de Shog. Les dragons, enfin le dragon car il n’y avait qu’un corps était recouvert d’écailles argentées. En penchant un peu la tête, il put apercevoir une immense aile membraneuse grise. Les cous étaient enlacés. La tête de Ztrylgrallaratrallyanyaflanyaratha reposait penchée sur celle de Bref. Ils avaient dû se réconcilier. En même temps, une dispute ne pouvait que difficilement durer trop de temps, cela entraînerait fatalement la mort du couple.

Alors que le silence s’installait, un hurlement le brisa comme du verre. Exhyl crut même entendre les bris de verre chuter sur le sol. Un cri de guerre s’éleva. Du ciel. Ca venait à nouveau de cet endroit. Cette fois, le minotaure n’eut rien de particulier à faire, son regard était déjà dirigé dans cette direction. Encore un nouvel objet volant non identifié. Mais, celui émettait des sons différents du précédent.


« Mort aux… à… euh… Mort ! Que ces fils de chèvres périssent par ma lame ! Que leurs boyaux… non, leurs entrailles… Ouais, c’est mieux. Que leurs entrailles jaillissent hors de leur corps dans un torrent de sang ! Ouais, ça sonne bien ça. Que cette engeance démonique périsse de mon bras vengeur ! Ouais, c’est bien ça aussi. Allez, encore un autre. Alors… Ah, ça y est. J’vous f’rais bouffer vos… hum… euh… ouais, ça devrait le faire. J’vous f’rais bouffer vos bourses ! »

Dans les cieux bleus, l’objet volant toujours non identifié hurlait gaiement. Il tournait au-dessus du groupe agrandi récemment. Il semblait traîner quelque chose de plus grand que lui sur lequel les rayons du soleil se reflétaient. Puis, tout à coup, son plan de vol se modifia. D’abord imperceptiblement, plus de façon plus visible. Ca chutait, et rapidement même. En direction du groupe évidemment.

« Bordeeeeeeeeeel ! J'vais mouriiiiiiiiiiir ! Ca va m'faire maaaaaaaaaaaaaaal ! Nooooooooooooooooon ! Pas sur l'cornuuuuuuuuuuuuuuuuu ! Pitiééééééééééééééé ! »

La chose s’écrasa dans un nuage de poussière à deux pas du groupe.

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« Ouf ! Plus de peur que de mal. » s’exclama la voix camouflée.

La poussière retomba lentement et révéla une fée. Une bestiole d’une vingtaine de centimètres ressemblant à un modèle réduit d’humain avec des ailes. Fichée dans le sol, près de la damoisaile, une épée d’un bon mètre. Une véritable arme en fer forgé qui vibrait encore sous l’impact. La baile s’approcha de son bien et l’extirpa sans mal. L’ailégante s’approcha du groupe l’arme à l’épaule.


« Vous n’auriez pas connaissance d’un monstre à poutrer dans l’coin par hasard ? » demanda-t-aile.

Exhyl cligna des yeux. Il se demandait comment une si fraile créature pouvant transporter un objet de cette taille. Il cligna à nouveau. Un tremblement dans l’air puis une apparition. Voilà le monstre tant recherché. Un tigre à dents de dague, cousin de celui à dents de sabre, surgit et rugit. C’était un chat-pardeur de la pire espèce. Il chat-rgea de suite la fée-brile barbare.

Elle n’eut que le temps de parer le coup de dague porté en traître avec son épée. Des étincailes jaillirent du contact. La fée se dégagea avec agilité. Elle s’envola lentement, l’épée touchant toujours le sol. Le félin sauta vers elle. La guerrière esquiva sans mal et fit tournoyer son arme. Une large entaille rougâtre s’ouvrant sur le flanc de l’animal qui se fauva sans demander son reste.


« Ah, un p’tit combat sanglant, y’a rien d’mieux pour commencer la journée. Il manquait un peu de mordant mais répandre son sang a compensé ce p’tit défaut. Bon, salut, j’vous laisse. »

Elle s’envola, semblant s’être remise de sa chute, traînant derrière elle son fardeau. Elle s’arrêta après quelques mètres et salua le petit groupe. Elle fée-gnit de s’ailoigner mais fonça sur le cornu allongé. Aussitôt, le gobelin sauta de son perchoir et s’interposa, ces deux dagues sorties. Il bloqua le coup à l’aide d’une parade croisée et ne recula point. Il avança même, forçant la fée à reculer. Devant les yeux du minotaure qui encore sur le dos tourna la tête les deux dagues se transformèrent en copie conforme de l’arme de la sauvage. Le verdâtre entra dans une rage féroce. Il donnait ses coups sans reprendre son souffle obligeant son adversaire à rester sur la défensive.

Le combat des plus-petits-que-leur-arme continua ainsi pendant un long moment. Le temps pour qu’Exhyl puisse se reposer et se remettre debout. Le temps pour les dragons de se disputer et se réconcilier. Le temps pour Feldret de s’ennuyer et de compatir pour le traitement infligé aux armes. Le temps pour le soleil de descendre à la rencontre de l’horizon et de s’arrêter le temps de faire ses adieux pour la nuit.

Puis, un coup plus puissant ébranla l’air. Une épée se féela, une autre se brisa. Le morceau s’envola. Il disparut dans l’horizon, non sans avoir blessé l’astre solaire avant. L’étoile géante se mit à saigner et l’horizon se colora d’un sublime rouge-orangé. C’était un magnifique couché – ou plus précisément trépassé – de soleil.

L’humaine miniature vit que son arme battait de l’aile aussi essaya-t-elle d’abandonna le combat. Mais, l’autre nabot ne l’entendait pas ainsi. Voyant qu’elle s’envolait à tire-d’ailes, il fit décrire à son épée une trajectoire circulaire descendante. Le fer mordit la terre. Il monta sur le pommeau, et bondit sur la fée pour lui administrer la féessée qu’elle méritait. Il s’agrippa à une aile et d’un coup de poing bien placé l’assomma. Elle sombra et s’écrasa lamentablement. Puis, le sol s’ouvrit sous elle et l’avala. Shog se féelicita de sa victoire et se tourna vers son chef.


« On peut continuer maintenant. Tu as assez bien dormi, chef ? Tu veux de reposer encore avant de partir ? »
« Non, c’est bon. On peut y aller. » répondit Exhyl d’une voix pâteuse.

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« Aaaaaaaaaah ! »

Un hurlement surgit simultanément de plusieurs gorges. De terreur de celle d’Exhyl. De joie de celle de Shog. D’accompagnement de celle de Feldret. Les trois compagnons étaient assis, mal, sur le dos du dragon gémellaire qui montait dans les cieux tel une flèche.

Aussitôt l’accord de départ donné par le chef, ils étaient montés sur l’ami du gobelin. Puis, celui-ci avait décollé brutalement arrachant à ces occupants ce cri. En un instant, ils traversèrent les nuages et découvrirent un spectacle inattendu.

Alors que vu du plancher des vaches, les nuages étaient blancs, d’une monotonie affligeante, virant pathétiquement vers le gris et le noir de temps à autre, vu d’en haut, ils se révélèrent un peu plus colorés et animés.

Pour profiter de la vue et se reposer après ce court vol, le dragon vira vers le cyan rayé de rouge sombre. Il s’y posa en laissant derrière lui la marque de ses griffes sur une bonne vingtaine de mètres. Dès l’anuagissage – comme un atterrissage mais sur un nuage – une foule de petits êtres ailés se précipitèrent vers les nouveaux venus. Ils ressemblaient à s’y méprendre à la fée les ayant attaqués juste avant. Aussitôt, Shog sortit ces deux dagues et les pointa vers la menace éventuelle.


« Pas de ça chez nous ! » lança une voix grave faisant vibrer les os des intrus.

Comme par magie, les deux dagues disparurent. De même que la hache d’Exhyl et le marteau de Feldret. Les dragons gardèrent pourtant leurs dents et leurs griffes. Le sort ne devait donc agir que sur les armes mortelles en métal.

Un fé – une fée du genre masculin donc – s’approcha des importuns. Aucune différence notable avec ces congénères, il était d’une absence de couleur frappante comme si les nuages avaient volé leurs pigments, à part peut être pour ses ailes. Ses appendices dorsaux étaient plus ternes, plus troués, plus poussiéreux, plus miteux, en gros semblaient plus vieux que ceux des autres
.

« Nous sommes des fées d’hiver et nous accueillons tous ceux qui nous rendent visite en échange de nouvelles intéressantes de leur part. Nous affectionnons particulièrement les faits tragiques impliquant la mort d’une ou plusieurs personnes. Mais, nous nous contentons aussi de comptes-rendus d’agression, de vol, d’insulte, d’harcèlement. En gros, tout ce qui se passe sous nos pieds. Evidemment, vous pouvez refuser notre hospitalité et ne pas nous raconter vos faits divers. Dans ce cas, nous vous demanderions de quitter nos nuages sans tarder. Alors, votre réponse ? »

Les cinq compagnons – le dragon comptant pour deux, un par tête – se réunirent et se décidèrent rapidement à conter des histoires aux fées pour pouvoir se reposer. Et oui, un vol de seulement deux-trois minutes peut se révéler épuisant. Si c’est la première fois ou si l’on doit supporter une surcharge inhabituelle sous la forme de deux minotaures, un gobelin ne pesant quasiment rien.

Aussitôt la réponse positive donnée, un cri de joie provint de dizaines de fées. Les compagnons se retrouvèrent dans l’œil d’une sorte de tornade. Les fées volant à toute vitesse autour d’eux. Elles préparaient les réjouissances – elles ne recevaient pas souvent alors elles faisaient les choses bien et surtout en grand. Certaines lancèrent des grappins et arrimèrent les nuages les plus proches. Donc, cela rajouta un petit nuage vert citron, un autre longiligne orange zébré de marron et un discal alternant des cercles rose à d’autres jaune-vif. Le dernier avait un effet quasi-hypnotique sur les personnes non habituées.

Dès le dernier nuage arrivé – un carrelé de noir et blanc – et tout ce petit monde réuni autour d’un feu gigantesque, la soirée put commencer.

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Il se révéla rapidement que les menaces du fé étaient des paroles en l’air. Ce qui au final est normal pour des créatures vivant dans les airs. Ce fut même les fées qui leur racontèrent des histoires, les invités ne pouvant pas en placer une.

Ils eurent donc le droit à l’histoire de la fée qui tua son mari en l’empalant sur une feuille de houx puis qui mit fin à ses jours en se jetant dans les bras encore chaud du défunt et s’empala donc à son tour sur le houx.

Il y eu aussi celle du fé qui empoisonna sa compagne. Il avait versé le suc d’une baie vénéneuse dans leur boisson habituelle – de l’eau de pluie distillée agrémentée de flocons de neige, de petits grêlons et accompagné par des fragments de nuages, une boisson pure et rafraîchissante en somme – et lui en servit un verre. Elle s’étonna un instant de la coloration rouge habituellement absente. L’homme en sueur lui répondit qu’il s’agit de sang de gobelin pour rehausser le goût. Elle accepta l’excuse sans problème au grand espoir de l’empoisonneur alors qu’une personne censée sait que le sang de ces créatures est d’un vert tirant sur le noir. Elle but donc le breuvage et mourut. Le fé était enfin tranquille, mais la peur que la femme ne le boive pas l’avait assoiffé. Aussi but-il et il mourut à son tour.

Ils eurent aussi le droit à l’histoire du mineur fée – les femmes étant aussi capables que les hommes pour les travaux dits difficiles et contraignants. Elle minait un nuage de lait chocolaté lorsqu’il y eu un effondrement. Elle se retrouva coincée sous des pépites de chocolat au lait. La pauvre fée resta coincée ainsi pendant une semaine. Heureusement, elle avait de quoi tenir le coup avec le chocolacté. L’équipe de secours la retrouva saine et sauve, elle avait même pris quelques grammes – pour un humain, on aurait parlé de kilos. Mais, à peine sortie, elle trébucha, fit une mauvaise chute et se rompit le cou.

Bref, à moins que ce ne soit sa femme, demanda s’ils n’avaient que des histoires tragiques en stock. Le vieux fé le regarda étrangement puis lui fit savoir que non. Il entreprit donc de conter des faits qui glaceraient moins l’ambiance. Une histoire drôle donc.

Il parla donc de l’histoire de la comédienne fée. Elle était secrètement amoureuse du jeune premier. Mais, elle le découvrit un soir étendu au milieu de la scène baignant dans son sang. En le voyant mort, elle s’approcha de lui et pleura toutes les larmes de son corps et lui parla longuement de l’amour qu’elle avait pour lui. Puis, cela fait, elle partit chercher un poignard et se l’enfonça dans le cœur. Du moins, elle essaya seulement, car il s’agissait uniquement d’un accessoire inoffensif. Elle essaya à plusieurs reprises, sans succès. Puis, alors qu’elle partait chercher quelque chose de plus efficace, elle entendit un bruit suspect. A sa grande horreur, le mort se mit à bouger. Elle hurla de frayeur. Le fé se releva, du liquide rouge coulant sur ses jambes, et s’approcha de la fée. En voulant s’enfuir, elle courut sans faire attention vers les cordages, s’y empêtra. Elle tira de toutes ses forces mais cela ne fit que chuter un contrepoids qui la fit monter et serrer la corde autour de son cou. Elle mourut pendue. Et, le contrepoids en descendant, rapidement, tomba sur le fé qui décéda écrasé.

Les compagnons ne virent pas en quoi cette histoire était drôle ou amusante. Le vieux conteur fut perplexe devant tant d’incompréhension. Il leur expliqua donc que le fé avait fait une blague en se faisant passer pour mort. Mais qu’au final, il était mort. Même avec ces précisions, ils ne voyaient toujours pas le côté hilarant de l’histoire. Le fé ne désespéra pas pour autant et continua à leur raconter d’autres histoires.

Mais, à présent, ils n’écoutaient plus que d’une oreille voire d’aucune. Puis, Shog remarqua quelque chose d’étrange avec la fumée du feu de joie. Après s’être élevée, elle paraissait se condenser et paraissait solide. Il en fit la remarque au fé.


« Vous croyez que les nuages se font comment ? Par l’opération d’un saint esprit ? » répondit le vieillard fâché d’avoir été interrompu pour de telles futilités.
« Je pensais qu’il s’agissait d’une grande quantité de gouttelettes d’eau en suspension dans l’air. » dit le gobelin.
« Et, t’as l’impression de marcher sur de l’eau, monsieur le gobelintelligent ? » s’énerva le fé.
« Non, non, mais… » tenta de tempérer Shog.
« Il y a pas de mais ! Partez d’ici immédiatement ! » ordonna l’être ailé en colère.

Il donna un coup de son petit pied sur le nuage. De suite, une ouverture se forma sous les compagnons. Pendant un bref instant, ils pensèrent qu’il s’agissait d’une blague ou d’une illusion, mais le sentiment de chute les rappela à la réalité. Ils tombèrent donc en direction du sol.

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Exhyl se réveilla finalement. Seulement, il était en piteux état. Il avait mal partout. Mais, surtout à la tête où il avait l’impression qu’une fée minait l’intérieur de son crâne à la recherche de pépites de chocolat. Ainsi qu’au ventre, où son estomac gargouillait méchamment. Comme si on se battait à l’intérieur de lui. A moins qu’il ne soit affamé.

Cela lui fit penser à la nourriture. A une mixture étrange composée de fraises, de viande de loup grillée, de lait chocolaté, le tout enroulé dans de grandes feuilles brunâtres. Il en eut un haut-le-corps, tourna la tête de justesse et vomit. Il se rendit alors compte qu’il était allongé sur le dos, sur quelque chose qui lui endolorissait le dos.

Le bruit écœurant attira du monde. Il s’agissait de Shog et de Feldret. Ils semblaient en bonne santé mais complètement fatigués. Le gobelin tira une grimace de dégoût en voyant ce que venait de faire le chef. Ce dernier ne put que sourire en voyant ses compagnons sains et saufs.


« Vous êtes vivants ! »
« Bah oui. » couina le gobelin.
« C’est qu’j’en étais pas sûr. Surtout après la chute… »
« Quelle chute ? »
« Celle du nuage avec les fées 'videmment. »
« Bien sûr. »

Le gobelin se tourna vers le minotaure sain d’esprit et lui fit comprendre qu’Exhyl délirait encore. Feldret haussa les épaules de désespoir et d'épuisement et soupira.

« Oui, on est tous tombé. » continua Exhyl. « Mais, heureusement, Shog a déployé ses ailes et t’a rattrapé, Feldret, avec ces pieds qui s’étaient transformés en serres. Par contre, je crois que le dragon n’a pas réussi à me rejoindre avant que je touche le sol, mais je m’en suis remis à ce que je vois. » Puis, il réalisa une chose soudainement. « Dites, vous ne savez pas où sont Bref et sa femme ? Je ne les vois pas. »
« Qui ça ? » piailla le verdâtre.
« Bah, le dragon à deux têtes évidemment. Ils sont partis ? »
« Euh… oui, c’est ça. Ils sont partis. » répondit Feldret pour satisfaire son chef.

Puis, le malade se rendormit. Le poison qui provoquait les hallucinations s’éliminait peu à peu. Pendant plusieurs jours déjà, il avait été complètement déconnecté de la réalité. Feldret avait été obligé de fabriquer un brancard de fortune avec des branches pour le transporter et de le tirer. Shog, lui, avait été de corvée de nourriture et de nettoyage.

Plusieurs heures plus tard. Exhyl sortit à nouveau de son sommeil. Il voyait le décor défiler lentement, s’éloignant de lui. Feldret le traînait à nouveau derrière lui. Puis, le minotaure vit quelque chose devant lui – donc derrière le groupe en somme. Il mit un peu de temps à reconnaître les silhouettes, il s’agissait d’eux. Le Feldret illusoire peinait sous l’effort, tandis que Shog portait difficilement toutes les armes pour alléger le fardeau du minotaure. Puis, il vit le brancard cogner contre un caillou plus gros que les autres, le faisant tressauter. L’hallucination sembla s’éloigner car le minotaure irréel s’arrêta et se pencha en avant. Après quelques secondes, l’illusion recommença à se mouvoir.

Puis, quelques minutes plus tard, il sentit un choc, le brancard bougea violemment et s’arrêta. Là, Feldret se retourna et lui quelques mots.


« Désolé pour la secousse chef, c’est à cause d’un caillou. » s’excusa le tireur.

Exhyl en fut abasourdi. Il avait vu le futur avant qu’il ne se passe. Il s’en remettait à peine lorsqu’il vit à nouveau le groupe illusoire les suivant. Devant eux surgit une créature obscure, un phoenix ténébreux. Il s’agit d’un phoenix qui ne renaît pas magiquement de ces cendres mais qui est ramené à une non-vie par un nécromancien. Le sombre monstre étendit ses ailes qui paraissaient absorber la lumière – ce qui était naturellement (ou magiquement plus précisément) le cas. Il poussa un cri qui sembla effrayer les voyageurs. Puis, il plongea sur Feldret.

La scène illusoire précédente s’était passée comme dans la réalité un peu plus tard. Aussi, Exhyl ne réfléchit pas longtemps avant de crier pour avertir du danger.


« Faites attention au monstre noir qui va surgir d’vant nous ! » hurla-t-il.

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Le cri surprit Feldret. Il en lâcha le brancard, probablement à cause de la surprise doublée de la fatigue qui l’accablait. Shog bondit malgré le poids qu’il transportait.

« Mais quel monstre ? » demanda piteusement Corne Brisée. « Il n’y a rien dans le coin. Il n’y a que nous ici. Rendors-toi, au moins tu te tiens tranquille. »
« Mais, y’a vraiment un monstre qui va v’nir. J’l’ai vu. »
« Tu l’as vu où ton monstre ? »
« Mais, derrière nous ‘videmment. Ca veut dire qu’on va l’voir bientôt. »
« Ok, c’est bon chef, arrête de nous raconter tes délires. »

Et, avant qu’Exhyl ne put émettre une objection, le forgeron s’empara du brancard, le souleva et repartit. Le gobelin suivit en titubant sous le poids des armes. Le chef se renfrogna et bouda.

« J’m’en fiche qu’ils s’fassent bouffer par l’monstre, na ! » bougonna-t-il.
« Ma qué, tou né dois pas lé dire amigo ! Es té amigos, no ? Tou né lé pense pas dé toute façon. » intervint une voix à l’accent particulier.
« Hein ?! Qui m’parle ? C’est toi Feldret ? » demanda-t-il à voix haute.
« Quoi encore ? » lâcha sèchement ce dernier sans se retourner.
« Ma qué non, c’est pas ton Felédréto qui té parle. Es mi, ti amigo. Baisse toi oune pétit peu. »

Le minotaure obéit à la voix. Son regard tomba sur un minuscule être encore plus petit qu’une fée. Ce dernier se lissait consciencieusement une fine barbichette qu’il arborait fièrement. Une fine moustache l’accompagnait. Il portait un chapeau violet qui tranchait avec son teint hâlé. Le tout complété d’un costume lui aussi violet.

« Oui, oilà, yé souis là. Yé mé présènte, yé souis ta consciènce. Yé mé nomme Réssousse. »
« Rhésus ? Drôle de nom ! »
« Non, Réssousse. J-E-S-U-S. »
« Ah, d’accord, Jésus. »
« Si, Réssousse. Es mi prénom. »
« C’est quand même bizarre comme nom. » Puis, il réalisa quelque chose. « Ma conscience ? La bonne ou la mauvaise ? »
« Ma qué tou dis ? Yé souis ta consciènce. Yé né souis ni bonne ni mauvaisse. Yé souis simplement ta consciènce. »
« Ah, et j’dois faire quoi alors ? »
« Ma, mé y’en sais rien ! Yé né souis qu’une consciènce. Yé né souis pas ton maestro à pènser. »
« Mais alors comment qu’tu sais c’que tu dois m’dire alors ? »
« Ah, mais yé ma consciènce por ça. »

A ces mots, un nouvel individu fit son apparition. Un gnome court sur pattes comme tous les siens. Chauve avec de très rares survivants blancs près des oreilles, un nez joufflu et rougeaud surmonté de deux petits yeux marron enfoncés dans leur orbite. Des bras courtauds eux aussi sortaient d’un veston en cuir marron. La tenue était complétée par un pantalon en cuir lui aussi marron maintenu par une ceinture de la même coloration.

« Bonjour, c’est avec honorabilité que je me présente. Ma nomination est Lihver Dernier. »
« Oui, oilà ma consciènce. Mi amigo qui mé dit cé qué yé dois pas faire. »
« Ah d’accord, je comprends. » fit Exhyl qui ne comprenait absolument rien. « Mais t’as une conscience toi aussi… Lihver ? »
« Non, je ne suis pas consciencieux. Je suis aussi d’une neutralité exacerbée. Je ne suis ni pour ni contre, bien au contraire. »

Exhyl commença à avoir à nouveau mal au crâne. Mais cette fois ce fut une douleur normale et non liée à une fée. De plus, la conversation étrange qu’il venait d’avoir lui fit prendre conscience qu’il ne devait pas en vouloir à ces compagnons. Mais, il ne savait pas vraiment pour quelle raison. Il avait aussi complètement oublié le monstre qui aurait dû selon sa vision les attaquer. Puis, il se rendormit à nouveau, pendant que les consciences discutaient entre elles.

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Enfin, la dernière partie du long et laborieux voyage s’achevait enfin. Au grand soulagement de Feldret et Shog qui en avaient plein le dos de ce fichu voyage. Pour un peu, ils en viendraient à haïr Exhyl. Mais, ils savaient en leur for qu’il n’était pour rien à leur calvaire. Ils avaient juste été négligents en le laissant manger de la nourriture inconnue et non identifiée. Si Grallr avait été là il les aurait prévenus, seulement il ne les avait pas accompagné et était resté au village pour le superviser avec les anciens.

Leur objectif était en vue, ils allaient enfin pouvoir profiter du repos du juste. Mais avant, une petite halte s’imposait. Il restait peu de chemin et seraient de toute façon arrivés avant la nuit donc rien ne servait de forcer l’allure pour rien.


« Nous sommes presque arrivés. » déclara Feldret en déposant son fardeau.
« J’le sais. On m’l’a dit. »
« Tu en es sûr ? Ca fait plusieurs heures que nous ne parlions plus. » s’intrigua le minotaure.
« Ils né nous entèndent pas. » dit Jésus.
« Ils sont assourdis et aveuglés par notre présence. » rajouta Lihver.
« Mais non, ils voient où ils vont. »
« Mais, de quoi tu parles chef ? »
« Non, rien, faites pas attention. »
« Tou vois, ils vont té rendre fou. »
« Non, ils vont en avoir la croyance seulement. Ce n’est pas une question de rendement, mais de pansement. » corrigea le gnome.
« Quoi ?! »
« Cé qué il veut té dire cé qué ils né vont pas té rendre loco mais lé penser. » traduisit le barbichu.
« Et, il devrait esquiver la parole devant un public. »
« Il veut… »
« C’est bon, j’suis pas débile non plus ! » l’interrompit Corne Bleue. « J’dois pas vous parler quand y’a du monde. »
« Pourquoi tu ne dois pas nous parler ch… Exhyl ? » couina Shog.
« Non, c’est pas ça. C’est juste… compliqué à dire. Mais, j’crois qu’j’vais pouvoir régler mon problème. »
« C’est bon Shog, je crois qu’il est pas complètement remis. Bon, on ne va pas tarder à reprendre la route. »
« Pas d’problème. J’devrais pouvoir marcher maint’nant. Merci d’m’avoir porté tout l’long du voyage. J’suis désolé des problèmes qu’j’ai pu vous poser. »

Exhyl se leva doucement pour tester ses jambes affaiblies par leur inaction. Elles parvenaient encore à le soutenir. Il allait donc pouvoir rejoindre la capitale sur ses pieds et non transporté comme un paquet encombrant. Il reprit sa hache au gobelin. Puis, après un court conciliabule, il fut décidé de laisser le brancard de fortune sur place, il ne ferait que les gêner.

Les trois compagnons partirent donc pour finir ce calvaire suivis par les consciences invisibles. Le soleil parcourait une jolie courbe descendante tandis qu’ils montaient à l’assaut de la civilisation.


« Yé dois té dire oune chose mi amigo. »
« Quoi ? » grogna Exhyl à mi ton pour ne pas alarmer les deux autres.
« Tou va dévoir éviter dé nous parler dans la grandé ville. Les yens vont croire qué tou es complétément loco. »
« Et j’fais comment alors ? » chuchota-t-il.
« Par ton imaginaire. Si tu es suffisamment volontaire, tu devrais y arriver. »
« Tou dois penser cé qué tou veux nous dire. Tou dois lé penser trés fort. » traduisit le violet nabot.
« Mouais, et comment j’vous entendrais ? Vous m’parlerez en pensée aussi ? »
« No, yé n’ai qu’à té parler pour qué tou pouisses m’entèndre. Tou es lé seul à pouvoir nous entèndre. »

Exhyl ruminait les paroles de sa conscience lorsqu’enfin ils arrivèrent aux portes de la ville. Et, la nuit n’était pas encore tombée, il allait pouvoir y pénétrer sans attendre.

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