Périples des Illuminés de Ménéxène

Son échec en Edhesse avait rendu Aquilodon fort marri. Assis en tailleur dans sa grande tente, il se réjouissait d'être retourné parmi les siens, qui le suivaient avec la foi d'un million d'hommes. Aquilodon avait rassemblé des centaines de géants, de gobelins, d'orques et de trolls, par sa simple foi, proche du fanatisme. Subjugué par la force de ses croyances, ils l'avaient suivi. Mais les humains étaient tout autres. Bornés, intelligents, fourbes, ils désarmaient la franchise et les talents limités d'orateur d'Aquilodon.

Alors qu'il équilibrait ses émotions, le Prophète sentit qu'un orque s'approchait de lui.

- Monseigneur, Kintar, notre barde, demande à vous voir.

- Il n'a nul exploit à conter. J'ai échoué, pour la première fois.

L'orque se retira sans mot dire. Aquilodon se leva et sortit de sa tente, s'attendant à trouver Kintar à l'extérieur. Il n'était pas là. Qu'importait.

Le Prophète alla trouver le lieutenant Grodor, un colosse, et lui ordonna de faire démonter les tentes.

- Nous partons pour Arthandre. Nous devons prendre le contrôle de la capitale, et, à partir de là, de la province, pour ensuite étendre notre foi et équilibrer ce monde.

Son plan paraissait futile. Il ne l'était pas. De telles choses étaient réellement possibles, bien qu'ardues, et bien plus compliquées dans leur éxecution.

Les Ménéxens se mirent au travail. Au lever du jour suivant, ils s'étaient mis en route, traînant sur leur chariots leur tentes et leurs vivres.

Dernière édition par Aquilodon le Mar 19 Jan 2010 - 17:09, édité 1 fois

[Après l'ascension d'Aquilodon au Palatinat et son acquisition de la Claymore de Brak]

Le nouveau Palatin de Zakinthe rentra en son camp, qui avait été monté non loin d'Arthandre, et qui faisait maintenant presque partie de la ville, en compagnie de Targaf, surnommé la Moitié, et d'Ukrimos. Il cherchèrent le lieutenant Grodor et le débusquèrent, assis devant un feu avec trois hommes. L'épaule d'Aquilodon le faisait souffrir, mais il avait déjà appliqué sur sa blessure un bandage aussi propre qu'il était possible d'en trouver en Zakinthe. Le sang commençait à coaguler. Il s'avança vers Grodor et lui présenta la Moitié :

- Lieutenant, voici le chef Targaf. Il sera votre supérieur hiérarchique direct à compter de ce moment. Il répondra directement de mes ordres et commandera la tribu en mon absence. S'il est lui-même absent, vous serez le maître.

Pour toute réponse, Grodor s'inclina et lança un regard haineux à Targaf. Le Prophète remarqua cela et reprit :

- Si je vous surprends à contester ses ordres, l'Equilibre vous chatiera. Pour plus de sécurité, je vais vous former aux arts de l'Equilibre, Targaf.

Aquilodon se dirigea à grandes enjambées vers sa tente, laissant les deux rivaux se fusiller du regard. A l'intérieur, il changea de vêtements, et mit un armure de cuir qui lui avait été offerte par un illustre seigneur humain dont il ne se souvenait plus du nom. Il attacha ses cheveux fauves, qui étaient jusqu'alors déployés comme des furies, en une longue queue de guerrier qu'il laissa pendre dans son dos, où il attacha la Claymore, qui était pour lui une épée à une main. Il jeta sur le côté son bâton abîmé par le vieillard qu'il avait tué, puis accrocha à sa ceinture de longs coutelas de chasse. Il agrafa sa cape en peau de loup avec une broche en bronze sur son torse, puis ressortit de la tente. Targaf parlait dans une langue que ne connaissait pas le Prophète à Ukrimos, qui dardait sa langue de temps à autre. Il ne semblait témoigner d'aucune agressivité envers la Moitié. Intrigué, le Prophète s'approcha et écouta cette langue rauque et sifflante à la fois que débitait d'une voix tranchante son nouveau disciple.

Celui-ci, remarquant la présence de son nouveau maître, cessa de s'adresser au Basilic et tourna la tête vers Aquilodon.

- Prépare-toi à partir pour un long voyage, Targaf. Nous partirons dès que la lune apparaitra.

La Moitié acquiesça (orthographe ?) et partit préparer ses affaires.

[Après le lever de la lune]

Targaf la Moitié retrouva son maître près des cendres du feu.

- On m'a informé d'une affaire urgente au Palatinat. Suis-moi.

[Après la signature du traité Thassopole-Zakinthe]

Kintar et Targaf s'en étaient allé vers le palais de la Comtesse Héléna. C'était déjà une bonne chose. Mais Aquilodon devait préparer le site de la future enclave Thassopolienne. Et assez rapidement. Il convoqua les notables du camp et suspendit le lieutenant Grodor de ses fonctions, en raison de son échec et le massacre qu'il avait provoqué. L'on évoqua la question de Jurkud le messager, parti depuis plusieurs semaines déjà, pour informer l'Empereur qu'Aquilodon était monté à la tête de Zakinthe, et qu'il menaçait de se rebeller si l'Eglise ne reconnaissait pas sa religion. Le Prophète proposa d'attendre patiemment, bien qu'il aurait du revenir depuis une semaine déjà. Il nomma un jeune géant, Hufat, lieutenant du camp, jusqu'à la réinsertion de Grodor, quand ce dernier aurait fait acte de pénitence. Après quoi il décida qu'il partirait pour le site de l'enclave de Thassopole avec une vingtaine d'hommes, une centaine d'ouvriers et trois maîtres maçons, ainsi qu'un architecte afin d'installer les premiers bâtiments. Il ordonna à Hufat de rassembler des mineurs présents à Arthandre pour extraire le minerai de la côte, qui serai acheminé vers le site. Le Prophète voulait recevoir Aedric Von Seviand dans un véritable ville, afin qu'il ne le prenne pas pour un barbare sans éducation.

Il partirent à cent trente-neuf hommes et femmes, Aquilodon compris, pour le site de l'enclave.