La Calèche de la jeune Duchesse de Bise arriva bientôt, escortée de trente cavaliers d'élite aux armures brillantes aux couleurs nacre et or d'Opselimbe.

Face à la place encombrée, Arianthe fit stopper le cortège et fendit la foule à pied avec la moitié de ses hommes et une caméristes portant une cassette en acajou. La Première Dame pris son temps pour traverser la place et atteindre le seul homme en ces lieux qui pouvait être un prêtre de Synodar. En tant que colons, il n'était pas dans leur intérêt de brusquer les autochtones, fussent-ils gueux ou nobles : assez de misère avait touché ces terres.
Ce fut également l'occasion pour la jeune femme de saisir la grandeur et la majesté de la cathédrale dédiée à Synodar : elle vallait à sa façon les grands temples d'Halicarnasse.

Arrivant face à l'Inquisiteur, sa camériste l'annonça d'une voix douce :
- Dame Arianthe de Bise, Duchesse de Bise, Ambassadrice honoraire de la Garde Divine, Première Dame d'Opselimbe et Héroïne de la Guerre contre Taléonor.

Arianthe se plaça au plus près de Phartolos, autant que l'étiquette le permettait, et elle lui adressa une révérence respectueuse, et le salua :

- Grand prêtre Phartolos, je suis très heureuse de faire enfin votre rencontre. Je pense que nous sommes partis du mauvais pied, vous et moi, et j'espère que nous saurons rattraper cela : Je suis ici pour qu'un dialogue se noue entre les colons que je représente et les habitants issus de l'Empire déchu de Taléonor. J'ai la certitude que nos intérêts peuvent concorder si nous nous en donnons la peine...

Arianthe arborait un sourire franc et empreint de cette compassion et de cette compréhension qui l'avaient toujours motivée. Elle parlait en plongeant son profond regard azuré dans celui du Grand Prêtre : Elle voulait ainsi s'assurer que son interlocuteur mesure sa détermination autant que sa tolérance à l'égard de ses certitudes religieuses.

- Votre architecture sacrée est des plus admirables! Recevez mon compliment pour ce glorieux témoignage de la Foi de votre peuple envers sa divinité.

"une lumiere aveuglante apparue soudainement au centre de place, obligeant les presents a detourner le regard"

Une elfe toute de de rouge drapée est apparue, non loin des protagonistes, de sa longue chevelure emanait encore une faible lueur residuelle

"bonjour a tous seigneurs de l outre-mer."

Dame Hell Enna s incline legerement face au palatin

"Je suis Hell Enna, prima des éléments, et fondatrice de l'école elementum."

Arianthe avait comme tous sur la place du Beffroi été éblouie par l'arrivée de la fondatrice d'Elementum. Une foi son alliée reconnue, elle l'avait saluée d'une rapide révérence et d'un franc sourire.

La réponse de Phartolos dépassa ses espérances, elle était touchée plus qu'elle n'aurait cru par la démarche de cet homme. Inquisiteur, grand prêtre semblant avoir deux fois son âge, il émanait de lui une humilité que trop peu de seigneurs en Kalamaï possédaient. Elle admira cet acte de sagesse et décida donc d'en faire le plus possible pour cet homme et sa foi :

- A vos paroles, j'en déduis que les prérogatives de votre Dieu sont notamment de protéger son peuple et les habitants d'Outre-mer. Il est donc possible que nous, les colons soyons à présent aussi sous la vigilance de Synodar...

Arianthe tendit une main amicale vers le prêtre pour l'inviter à se redresser.

- Sa bienveillance et votre sagesse doivent être récompensées : il est inutile de faire payer au domaine du sacré ce que la politique de Taléonor a engendré! Je m'engage donc à protéger le culte de Synodar : dans chaque cité d'Outre-mer où les cultes de Kalamaï seront représentés, il y aura une chapelle de Synodar. Et toute exaction ou profanation envers Synodar et ses prêtre sera punie au double de la peine en vigueur en Kalamaï.
Enfin nous nous assureront que les monastères et séminaires trop endomagés par la guerre soient restaurés au mieux.
Je ne crois pas pouvoir faire plus pour le moment, et donnerai l'ordre qu'une chapelle de Synodar soit érigée dès mon retour à Port-Espérance!

- Je vous accorde toute ma bienveillance pour faire connaître, propager votre culte au sein des colons et à terme embarquer des missionaires vers Kalamaï pour professer les bienfaits de votre foi. Plus personnellement, un évènement religieux d'importance aura peut-être lieu dans quelque temps.. Et si Synodar préside aux fiançailles et aux unions, je serais heureuse autant qu'honorée que cet évènement soit célébré dans la foi de cette terre que j'aime de plus en plus!

La dame de Bise reprit son souffle et en profita pour regrouper ses pensées, évitant la confusion.

- En échange, je compte sur vous pour nous aider à reconstruire un Outre-mer où les colons et les autochtones se construisent un avenir en harmonie : tous les enfants de la prochaine générations seront bénis par cette terre qu'il nous faut reconstruire. Si vous nous suivez, les habitants d'origine seront plus enclins à cette union des peuples...
Dans un futur proche une place de Haut Prêtre sera je pense indispensable pour organiser la vie de culte sur tout Outre-mer et faire le lien avec la Guilde de la foi en Kalamaï, si mon mandat le permet, je penserai à vous à ce moment là, si cette tâche vous semble honorable?

Un sourire radieux illuminait le visage de la Dame d'Opselimbe, elle rayonnait purement et simplement, comme transportée par la possibilité d'accélérer le processus d'unification d'Outre-mer sans avoir à se heurter à des actes de violence désespérée.
*Peut-être me suis-je trompée sur le culte de Synodar, le dogme de ce Dieu apporte la sagesse*

Arianthe fut surprise par l'apparition de Mehe au milieu du groupe de diplomate, alors même que Phartolos s'en retournait. La foule retenue par sa garde personnelle avait en effet parfaitement dissimulé la progression de la nouvelle venue.

*Démarche souple, anneaux d'or pur, vêtements aux avant-bras découverts peut-être pour éviter les problêmes durant les pratiques incantatoires, prestance indéniable... Ce n'est pas n'importe qui...*

Les gardes s'apprêtaient à saisir celle qu'ils prenaient pour une inoppotune.

- Voyons, messieurs, aidez plutôt cette dame à reprendre son équilibre !
Les arrêta Arianthe. Elle se montra impérieuse mais gardait son sourire calme et réconfortant.

- Je suis Arianthe, Duchesse de Bise et Palatin de cette honorable Province, qui êtes-vous, damoiselle? Puis-je vous aider en quoi que ce soit?
Arianthe vérifia qu'Hell Enna était toujours à ses côtés, et rassurée par la présence de la magicienne, attendit la réponse de Mehe.

Hell Enna acquiesa en direction de d'Arianthe quand cette derniere la chercha du regard. Et quasiment au meme instant la chouette blanche qui se trouvait sur la caleche s envola et commenca a decrire des cercles concentriques au dessus de l 'assemblée.

Arianthe sourit à nouveau à l'écoute des propos de la princesse d'Eryope. Ses paroles étaient simple mais sa voix était assurée, pleine d'une foi personnelle en des valeurs ancestrales.

- Je suis heureuse de vous rencontrer, Princesse d'Eryope!
Répondit chaleureusement Arianthe en éxécutant une révérence courte mais irréplochable à la mode de Kalamaï.

- Tout d'abord n'ayez crainte car si vous n'en montrez pas les artifices, vos traits fins et vos paroles justes sont des marques de noblesse dont Eryope n'a pas à rougir. Et c'est moi qui, ne connaissant pas votre étiquette, ne puis vous rendre grâce à la mode d'Outre-mer. Sachez que je n'ai pas envie de vous voir adopter nos usages si c'est pour voir votre peuple perdre ses coutumes! Votre religion sera même autorisée sur notre continent, et il n'y a pas de raison que le reste de votre culture soit foulée du pied.

- Nous n'autoriserons pas la montée au pouvoir d'un empereur tyranique comme le fut Taleonor et puniront d'éveuntuelles pratiques impie comme sacrifices et tortures... Mais je crois que votre monde, aussi civilisé que le nôtre banni ceci de la même façon.
Sachez qu'Outre-mer a tenté d'envahir Kalamaï, de détruire nos villes et nous imposer sa vision du monde. Je me suis battue pour défendre mes terres et ensuite pour vous délivrer du joug de Taleonor. Ce n'est pas pour laisser se passer ici ce que je n'aurai pas voulu chez moi. La Pax Oceanis est là pour cela : pour que nous apprenions à nous connaître et que nous vous aidions à reconstruire.

Arianthe fit un pas vers Mehe, sans la quitter des yeux.
- D'autres auraient pu agir autrement, mais je crois en la conciliation. Outre-mer n'aurait pas eu le moyen de repousser les Armadas du continent si elles étaient revenues s'approprier le peu de richesses qu'il reste ici et imposer l'esclavage à votre fier peuple. C'est mon combat de vous protéger : Je sers la compassion et la tolérance tant que je le peux.

Le regard de la Dame de Bise fut traversé par une tristesse fugace mais visible.
- Une fois mon travail accompli et ce continent à nouveau à la hauteur de son passé, oui j'aimerai y vivre sans oublier mes propres coutumes, ma religion, mon histoire. Mais si alors vous m'expulsez, moi et les miens, je me plierais à votre volonté. Cela voudra dire que nos peuples se refusent l'un à l'autre et que nous aurons encore dans le futur des guerres pour décider qui dominera l'autre...
En attendant vous devriez me considérer comme votre alliée, surtout si le futur proche est tel que je le vois : sans union, au moins sur un plan militaire, cette terre pourrait n'être bientôt plus ni la vôtre, ni la nôtre...

Arianthe pensa en avoir peut-être trop dit. Mais Mehe, quoique s'étant déclarée comme une adversaire prudente de l'intégration des colons, lui inspirait une affection réelle. Peut-être due à son jeune âge, ou à sa franchise...

Voyant un vol d'oiseaux de mer survoller Roc-le-Chastel, Arianthe se dit qu'elle avait déjà passé bien longtemps dans la cité de Synodar. Il lui fallait repartir de suite si elle voulait pouvoir acceuillir les Seigneurs venus de l'Empire, et surtout Faraël...
Le jour tirant à sa fin, il lui faudrait toute la nuit pour atteindre Port-Espérance.

- Mehe, je vous laisse à vos choix, ils sont vôtres. J'espère cependant que vous me comprendrez.

Voyant la jeune femme en pleine méditation, elle conclut:
- Vous serez toujours la bienvenue en ma cité et vos idées seront reçues avec tout le respect et l'attention qui leurs sont dues... Mais je dois m'acquitter d'obligations chères à mon coeur!
De toute façon, je ne cherche pas à vous persuader : nos idées évoluent en fonction de notre vécu et de nos introspections. Forcer ce processus est un affront à l'intelligence et à la liberté de son interlocuteur.
J'espère vous revoir bientôt, Dame d'Eryope.

Arianthe se replia après une courte révérence. Elle semblait visiblement pressée, un éclat espiègle illuminait son regard. Se mordant la lèvre d'impatience, elle pressa le pas vers son attelage. La politique n'occupait plus une once de ses pensées : demain au matin elle reverrait son promis.