La décadence d'un royaume béni des Dieux.
Ludd la Blanche, cité à jamais liée à la période faste de Prévèze... Durant des décennies, sous la protection de Shavo le Paladin, Guerrier de Sorenssen, ce royaume perdura sous sa forme la plus éclatante : véritable diamant de liberté ancrée dans un monde perverti et livré à lui-même, faisant miroiter son prestige aux yeux du monde et rendant abscons les plus doux euphémismes de richesse.

Comme le dit l'adage, le destin est une roue qui ne s'arrête jamais : si Ludd est née de la poussière, elle y retournera tôt ou tard... A la mort de Shavo, à l'âge fort avancé de 86 ans, l'Age d'Or de la cité blanche laissa peu à peu sa place à la décadence orchestrée d'une main de maître par l'égoïsme et l'avarice. Lorsque le pouvoir se morcelle petit à petit, chacun essaie d'avoir sa part du gâteau et cela n'amène qu'une seule chose : le chaos. La cité périclitait à vue d'œil et seul l'avènement d'un homme de poigne aurait pu la sauver de la misère...

Cet homme... Abel ?
L'on dit souvent qu'un Grand Homme nait d'un grand malheur et que seul un drame peut engendre une force de caractère nécessaire pour s'élever au-dessus des autres et affirmer ses qualités intrinsèques. Le jeune homme dont voici l'histoire est l'enfant de cette cruauté misérable se cachant sous le doux (et ursurpée) nom de vie : bel euphémisme lorsqu'on sait que cette vie n'est qu'un long couloir vers la mort.

Durant son enfance, Abel, car tel est son nom, n'a jamais réellement connu le bonheur. Ni même le malheur à vrai dire, seulement une suite de faits et évènements marquant sa morne existence... Tout du moins, cela était vrai jusqu'à cette terrible journée d'été (mais cela aurait pu être le printemps) où tout bascula : alors que stoïque, il communiait avec la nature, un sombre incident dont les détails exacts ont échappés à l'Histoire se produisit. Sans vraiment le vouloir, il donna la mort à l'un de ses congénères et cette éclair morbide éclaira à jamais la triste nuit recouvrant ses jours. Rendu ni vraiment triste ni vraiment heureux par ce geste, Abel en mesurera néanmoins les conséquences lorsque diverses brutes épaisses vinrent chercher réparation. Connaissez-vous la Loi du Talion ? Œil pour œil, dent pour dent ? Cette Loi n'avait cours là où habitait Abel... Là-bas, on rendait plutôt au centuple le premier affront !

Battu, lacéré, massacré, ... Lames, pieds et crachats s'abattirent sur le pauvre Elfe laissé pour mort après un calvaire long de plusieurs heures d'angoisse et de douleur. A jamais meurtri (ayant de multiples cicatrices, borgne, légèrement claudiquant et j'en passe des meilleurs), Abel ne dû sa survie qu'à quelques gentillesses d'un des derniers hommes encore charitable. Un célèbre Paladin d'une cité alors resplendissante...

C'est dans cette optique que ce jeune homme partit en quête d'aventures dans un seul but. Vengeance ? Puissance ? Folie meurtrière ? Que nenni, cela aurait été bien trop simple... Nul ne sait réellement quels sont les objectifs de l'Elfe noir mais rien d'aussi terre à terre. Sombre serviteur d'un dessein bien plus sombre, il a longtemps erré de royaumes en terres oubliées, jusqu'à trouver ce qu'il était venu chercher.

Plus de trente ans après avoir vécu l'enfer, le jeune voyageur décida d'arrêter le vagabondage et de revenir vers Ludd, lieu où il avait déjà été sauvé une fois par le passé. Mais si l'âge n'a que peu d'emprise sur les gens de sa race, la cité blanche avait bien changé et il ne reconnut pas l'endroit... Tout cette gloire enterrée sous des années de misère et de frustrations pouvait-elle être à jamais perdue ?

Mais comme le dit ce si célèbre adage, la vie est une roue qui tourne sans jamais s'arrêter : c'est dans l'ombre que naquit Ludd la Belle avant de retourner à la poussière. C'est de la poussière que naitra Ludd la Guerrière.