Le Monde de Kalamaï
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 Kel Mag Kaalan, le Jotun de Heimggard.

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Kel Mag Kaalan

Kel Mag Kaalan

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MessageSujet: Kel Mag Kaalan, le Jotun de Heimggard.   Kel Mag Kaalan, le Jotun de Heimggard. EmptySam 19 Sep 2009 - 17:32

présentation d'inscription a écrit:
Apparence:
Kel est un être d'une constitution exceptionnelle. A mi-chemin entre l'homme et le géant, ce guerrier dépasse de loin les huit pieds de haut. Sa carrure, son envergure allant de paire, Kel s'est vu affublé d'un surnom qu'il glorifie: "le Jotun" (colosse, dans le patois de sa région natale). Pied de nez à l'ancienne divinité de Kalamaï, Kel ne vénère que la Force. L'honneur réside, selon lui, dans l'acceptation de la souveraineté du plus fort sur le plus faible, ce dernier s'inféodant de par là même jusqu'à ce que sa force lui permette de s'élever dans la hiérarchie afin de défier celui qui l'a dominé.
La faiblesse n'existe que dans la compromission et les usages inutiles, d'après le Colosse.
Géant doté d'un collier légèrement argenté, de cheveux noués en différentes tresses débordantes du casque ailé qui lui ceint la tête, Kel est l'apothéose du guerrier nordique. En apparence, tout du moins. Le temps révèlera si cette apothéose s'avèrera exacte, où juste illusoire ...

Né dans les régions nordiques d'Edhesse, Kel est devenu récemment le seigneur d'une petite contrée dont les sujets partagent la même particularité que leur souverain: à mi-chemin entre l'homme du continent et le colosse des montagnes, les enfants de Heimgaard nourrissent la culture de la force physique et de l'exploit armé au combat.
C'est au sein de cette minorité que Kel a grandi, bercé par les histoires légendaires des combats contre les Anciens, les Fées et autres peuples trop frêles pour contenir la rage des Titans.
Kel n'as pas réellement accompli d'actes héroïques, mais ne rêve que de ça: déjà, il s'est illustré auprès des siens et des tribus alentours comme un guerrier très compétent, mais surtout, comme un fou prêt à user de tactiques frôlant le suicide, mais toujours payantes. Ses sujets et frères d'armes le suivent de près, persuadé qu'il est une promesse de gloire et de richesse, mais le redoutant sourdement, telle une promesse de destruction pour ses ennemis ... et peut-être pour eux-mêmes.

Finalement, ce que les rares personnes réellement proche du guerrier "Jotun" peuvent en dire, c'est que le Colosse est doté d'un esprit toujours vif, d'un sens de l'humour désarmant, voir inquiétant; ses manières trahissent son agressivité naturelle et ses sautes d'humeur ne sont pas rares. Kel est un volcan à la limite de l'éruption permanente: une menace qui n'éclate - presque - jamais ... Mais dont le regard enflammé suffit à jeter l'effroi dans le cœur de tous ...

Fait-il clair là où te trouves ?
Les gens ont-ils changés ?
Cela te rends-il heureux ?
Tu es si étrange ...
Dans ton heure la plus sombre,
Mes vieux secrets reposent
Nous pouvons voir le monde
Dévoré par la haine
...


Smashing Pumpkins
The Beginning is the End is the Beginning


-------------------------------------------------------------------------------

Trois jours et trois nuits.
Hyergga la Brune avait souffert durant trois jours et trois nuits. L'accouchement se passait mal, les contractions se muaient en coup d'épée chauffée à blanc que l'on aurait planté dans son ventre. Le calvaire durait et durait. Hyergga devenait folle sous la douleur répétée. Quelque chose se passait mal, et les shamans le savaient. L'augure concernant son futur fils présageait le pire et le meilleur. L'héritier de Baldr le Gardien se faisait attendre, dans l'inquiétude et les cris de sa mère.
Le village entier attendait la délivrance de la femme du premier guerrier de la tribu. Et les femmes priaient Brak de ne pas abandonner Hyergga a la Voix Tranchante, et Nucter, de ne pas emporter l'enfant tant attendu par ses frères et sœurs de clan ...

Autre lieu. Dirrha Akaba, le mont des révélations. Quelque part dans les contreforts d'Edhesse, à des dizaines de lieues du bourg connu sous le nom d'Heimggard.

Alors même que les braseros projetaient des ombres inquiétantes sur l'autel de Brak, la sombre créature voûtée qui se dressait devant l'idôle du Dieu de le Force fit un geste sec de la tête, dardant son regard vers les ténèbres alentours.
La Crône, prêtresse quasi-centenaire, au crépuscule de sa vie, soutenue par la violence de ses visions et par une flamme intérieure quasi-indestructible, tendit l'oreille vers ce que ne semblait être qu'un bruissement porté par le vent.
Yéréna Akaba, de son nom d'avant la prêtrise, se détourna de l'autel centenaire pour s'enfoncer, lentement, comme hypnotisée par ce son ténu.
Son regard se fixa au bout de quelques pas. Son corps en entier se tendit, comme un arbre mort dans un dernier sursaut.

"_Toi ?" Fit-elle, au bout de quelques secondes de silence imposant (le son du bruissement s'était tu).
Les buissons et les arbres accoudés à la paroi rocheuse restèrent désespérément silencieux.

"_Toi ? Tu es là ?" continua-t'elle, les yeux fous dardés sur quelques fougères nonchalantes.

La vieille femme devint soudainement hystérique, gesticulant dans tous les sens, comme mue par une vigueur retrouvée.
"_Ahahaha !!! Ahahahah !!! ça y est, tu es revenu parmi nous !! Ahahah !!"

L'étrange vieille créature continua sa farandole diabolique, possédée par une joie inquiétante.
"_Ahahaha !!! Comme je suis heureuse de te revoir, mon jeune ami !" Fit-elle, dans une quinte de toux provoquée par sa danse enfiévrée.

La vieille femme s'arrêta quelques instants, puis parti s'asseoir sur un rocher tout proche, péniblement. Puis elle reprit.

"_Alors ? Fait-il clair là ou tu es, jeune homme ?"

Les arbrisseaux et les fougères restèrent immuablement silencieuses. Seules les ombres projetées par les braseros semblaient accompagner la vielle folle. Celle-ci sourit, presque maternellement.

"_Les gens ont-ils changés là-bas, dis moi ? Je n'y suis pas allé depuis tellement longtemps ..." Son regard se fit mélancolique. Ses traits durs et fripés retrouvèrent presque une once d'humanité. Puis elle se redressa.

"_oui, je sais. Il va naître, ne t'inquiète pas. J'y veille. Brak ne s'y oppose pas. Il accepte le sacrifice que tu lui as fais. Il sera bientôt là. Mais Brak exige la vie de la Brune pour que vive l'enfant." La crône continua à fixer la pari rocheuse, comme si elle semblait prête à répondre à son monologue d'aliéné.

"_Si. Crois-moi. Il brûlera. Il tuera. Il viendra à prendre la vie, dans la rage. Mais il triomphera. Crois-moi." La crône se releva, péniblement, comme toujours.

"_ Il le fera, n'en doute pas. Il viendra à moi, mais il sera trop tard. C'est toi qui sera chargé de le guider. Tu ne t'en séparera jamais."
La vieille femme contempla les ombres de nouveau.

"_Tu le feras. tu l'as toujours fait. Heimggard va connaître un nouveau destin, et les géants seront fier du clan Mag Kaalan. Et nos ennemis mourront de peur à l'annonce de nôtre nom ..." La vieille femme perdit son regard dans les braseros.

La nuit referma son étau sur Dirrha Akaba, emportant la vieille prêtresse dans ses divagations nocturnes ...

Gaarahl, village à quelques lieues du bourg d'Heimggard.


Les shamans sortirent de la maison du chef. Les premiers cris de l'enfant s'étaient fait entendre.
Mais la mère était morte.
Ce jour signait la promesse d'une vie nouvelle pour les compagnons de Baldr le Gardien. Mais cette promesse coutait chère.

Ce qu'ils ne savaient pas, c'est que la promesse allait signer sa marque dans les flammes et la douleur.
Comme une épée chauffée à blanc qu'on aurait planté dans vôtre ventre ...

EDIT: changement du nom de perso, en cas où l'anglais pose problème. (merci Adola Kel Mag Kaalan, le Jotun de Heimggard. Icon_wink )

Kel Mag Kaalan, le Jotun de Heimggard. Emplacementheimggard


Dernière édition par Kel Mag Kaalan le Jeu 24 Sep 2009 - 0:57, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Kel Mag Kaalan, le Jotun de Heimggard.   Kel Mag Kaalan, le Jotun de Heimggard. EmptyDim 20 Sep 2009 - 15:47

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Kel Mag Kaalan

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MessageSujet: Re: Kel Mag Kaalan, le Jotun de Heimggard.   Kel Mag Kaalan, le Jotun de Heimggard. EmptyMer 23 Sep 2009 - 16:28

Comment peux tu voir à travers mes yeux
Comme dans un livre ouvert,
Te menant droit au plus profond de moi,
Là où je me suis si engourdi, sans âme,
Mon esprit reposant dans un endroit si froid,
Jusqu'à ce que tu le retrouves et
Que tu le ramènes ... Chez nous ...

(Réveilles-moi)
Ramènes-moi !
(Réveilles-moi)
Ramènes-moi !
(Sauves moi)
Appelles mon nom et sauves moi des ténèbres
(Réveilles-moi)
Prends mon sang et cours
(Je ne peux pas me réveiller)
Avant que je ne suis défait
(Sauves moi)
Sauves-moi du néant que je suis devenu.



Evanescence
Bring Me To Life.


--------------------------------------------------------------------

Mon nom est Yéréna Akaba.
Enfin ... Tel fût mon nom. Aujourd'hui, les rares âmes perdues qui me croisent m'appellent la "Crône". Un terme désignant une vieille sorcière, une créature maléfique, pourvue de pouvoirs terribles s'acharnant à détruire le monde des vivants.
Peut-être est-ce juste. J'ai oublié.
Ce dont je me rappelle, c'est que j'ai voué ma vie aux Dieux, et plus particulièrement Brak, le Seigneur de la Force, divinité tutélaire de mon peuple, les Géants.
J'entends sa voix. Celles des autres aussi. Nucter, Dios, Hassar, Kanderak, Kereb ... Mais seule celle de Brak résonne en moi telle une corne de brume aussi haute que les contreforts d'Edhesse.
J'ai oublié. J'ai vécu trop de vies, vu trop de choses, que je les ai oubliées.
Au crépuscule de ma vie, je préfère laisser ces mots aux vents et aux esprits afin qu'un jour, peut-être, une âme puisse les entendre à travers les éons.
Je vais parler de Kel. L'enfant de Baldr. L'héritier du clan Mag Kaalan. Celui qui mènera, et qui détruira. Brak seul sait pourquoi.


***

La première fois que je le vis, j'étais penché sur son berceau. Il faisait nuit, et personne dans le village ne m'avait vu me glisser entre les chaumières et les grandes tentes. Le clan Mag Kaalan suivait la voie de ses ancêtres, et vivait de manière semi-nomade, s'établissant dans certains lieux, suivant l'année. La construction de bâtisses rudimentaires était récente - deux ou trois générations seulement -, je n'avais pas connu ça étant enfant, il me semble. Et j'étais entré dans la demeure du guerrier Baldr, l'aîné des Mag Kaalan. Sa femme était morte en couche - une femme d'une poigne et d'un caractère aussi trempé que l'acier le plus dur, aussi dur qu'elle était belle et colérique.
L'enfant était là, seul, dans le noir.
Les shamans ne savaient pas quoi faire de lui: le premier guerrier avait disparu, et l'on racontait que les Mag Kaalan venus de Heimggard l'avaient passé par le fil de l'épée, alors qu'il était allé aider une famille d'un autre clan plus haut, dans les montagnes.
Hyergga était morte. Le village avait perdu ses chefs.
Le pire était à craindre, et les Mag Kaalan d'Heimggard apprécieraient surement d'abattre l'héritier de Baldr pour s'imposer définitivement sur cette partie du clan qui s'était rebellée il y avait des lunes de ça.
L'enfant était seul.
Il ne pleurait pas. Son regard était visiblement plongé dans les ténèbres. Il observait.
Certains disent que les nouveaux-nés ne voient pas, peu après leur naissance. Qu'ils n'ont pas conscience de ce qui se passe autour d'eux.
Les fous.
Ils ne voient pas. Ils ressentent. Ils vivent ces instants si précieux que nous oublions bien trop tôt, cette communion naissante avec le monde qui nous accueille, nous nourrit, et nous tue.
Je me rappelle avoir posé ma main sur son visage. L'avoir analysé sous toutes les coutures. Avoir senti sa respiration sur mon visage. Avoir posé ma main sur sa poitrine pour ressentir ce petit cœur battre. Avoir saisi ses mains, joué avec ses doigts.
Je n'ai jamais eu d'enfants. Tant mieux. Ils auraient mal vécu.

J'ai disparu au petit matin, laissant le nourrisson seul avec ses pleurs, cherchant sa mère et le sein nourricier.
J'allais, à partir de cet instant, veiller en permanence sur lui, de loin. Car tel était mon rôle. Telle était la promesse que j'avais faite à celui qui désirait plus que tout amener la justice au sein de son peuple. Telle était la promesse que j'avais faite à l'ombre venue du néant qui avait donné sa vie contre le pire de nos ennemis ...


***

Trois ans.
Il n'avait que trois ans lorsque je lui rendis à nouveau visite. La nuit, pendant le printemps, comme à sa naissance.
Kel se tenait devant le feu, nu comme un ver. Le feu dans l'âtre n'avait pas cessé de brûler. Étrangement, celui-ci aurait du s'éteindre depuis belle lurette. Mais il semblait continuer à vivre pour distraire l'enfant qui se tenait devant lui, comme hypnotisé par sa beauté.
Kel ne me remarqua même pas. Je restai près de lui jusqu'à l'aube, alors qu'il s'endormit au pied même de l'âtre. Il ne m'avait pas vu.
Le feu finit par s'éteindre à mon départ.
Je n'ai jamais su si la couleur des yeux de l'enfant avait changée suite à ce spectacle, où si ça n'avait été que le reflet des flammes dans son regard. J'aurai pourtant juré devant Brak que ses yeux était rouges comme des brasiers ardents. Mais ces derniers étaient noir de jais lorsqu'il s'endormit.
La réponse deviendrait évidente quelques années plus tard ...

***

Kel a fêté ses six printemps.
La famille qui l'a adopté compte déjà trois garçons et deux filles. Une famille nombreuse pour les géants que nous sommes, même si nous sommes abâtardis par le sang de l'homme. Nous autres, semi-géants, sommes plus fertiles que nos cousins à la grande taille. Mais moins que les frêles proies d'humains.
Kel est déjà un bel enfant, un digne héritier du clan. Il n'est pas plus grand que ses camarades. Pas plus robuste. Plus agile, peut-être.
Il rit souvent à gorge déployée, et fais rire les enfants de son âge. Mais il a souvent tendance à s'énerver. Il est colérique, comme son père l'était avant lui. Mais c' est un enfant agréable. Sa mère adoptive s'occupe bien de lui, sans plus. Son affection va d'abord vers ses propres enfants, c'est naturel. Son père adoptif, lui, ne s'en occupe pas, trop occupé à faire de son aîné un futur grand guerrier.
J'ai assisté à une scène étrange il y a plusieurs jours déjà. L'un de ses frères adoptifs, plus vieux de deux ans, ainsi que ses amis, se moquaient de Kel et le bousculaient. Kel aurait pu piquer l'une de ses colères noires, mais, étrangement, sa gentillesse a joué pour lui: les filles du village sont venues le défendre et l'ont protégé, au grand dam des garçons. les filles sont toujours plus virulentes que les garçons.
Je ne sais s'il continuera à déclencher ce genre de sentiment plus tard, mais une chose est sûre: Kel a un bon fond, et les autres le ressentent. Pourvu qu'il le conserve plus tard ...

***

Kel a failli mourir.
Bande d'abrutis, s'ils savaient !
Le puits était profond, Kel aurait pu se fracasser le crâne plusieurs fois en tombant.
En tout cas, pour un enfant de huit ans, Kel est résistant ! Une chute de plus de dix mètres, et rien de cassé.
Mais ces gamins qui le chahutent maintenant depuis plusieurs années commencent à m'échauffer sérieusement. Le fait que Kel ait été adopté et qu'il est l'héritier de Baldr fournit des motifs de moquerie et de rancune à certains.
Les enfants qui l'ont poussé dans ce puits n'ont pas compris pourquoi ils lui en voulaient autant. Les parents, leurs mots, leur venin ... Les enfants ne comprennent pas, mais cristallisent la haine des plus grands.
Depuis plusieurs années déjà, les Mag Kaalan d'Heimggard fondent sur le village. Ils pillent, quand les guerriers ne sont pas là. Ils laissent des traînées sanglantes parmi les hommes, et parfois, emportent nos filles.
La guerre est devenue récurrente, et certains anciens mettent cette volonté de nos cousins à nous détruire sur le dos du petit Kel.
Kel a hurlé comme un animal blessé et enragé lorsqu'il a repris ses esprits tout au fond de sa prison. Ses hurlements ont littéralement glacé le sang de ses adversaires, qui ont pris leurs jambes à leur cou. Il hurlait tellement fort, pourvu de l'énergie de la peur et de la colère, que les membres du clan l'ont retrouvé sans difficulté.
Ils l'ont remis sur pied. L'ont calmé.
Les petits agresseurs n'ont même pas été inquiétés. Le père adoptif de Kel s'est même permis de lui faire des remontrances en public sur le fait qu'il n'avait pas à se laisser faire, et qu'il n'avait qu'à s'en prendre à lui-même.
Huit ans. Face à un tas d'enfants âgés de dix ou onze ans. Dont l'un de ses propres frères. Que pouvait-il faire ? Il n'a pas le tempérament d'un combattant. Pas encore, mais ça vient.
Je l'ai vu peu après sur une colline. Il était seul. La colère, sourde, noire, peignait son visage du masque de la vengeance.
Ses yeux étaient rouges.
Je l'aurai juré devant Brak ...

***

Onze printemps.
Onze printemps depuis cette nuit où Hyergga a perdu la vie.
Kel se porte bien. Ses colères noires ont commencées à se dissiper. Mais elles sont toujours là. Il commence à refouler ses instincts, ne s'emporte plus autant. Il garde la colère en lui, la façonne.
Depuis quelques années déjà, Kel grandi seul. Je l'ai vu, entouré des enfants de son âge. Mais aucun d'entre eux ne vient le chercher pour jouer. Il apprécient sa présence, mais le redoute. L'influence des parents, encore une fois. La peur est un levier d'une puissance incroyable. Et si les Mag Kaalan n'ont pas peur de mourir au combat, ils redoutent ce qui pourrait arriver plus tard si le petit Kel réclame vengeance. Certains, dans le village, voient d'un mauvais œil sa présence: telle une réminiscence de celui qui, seul, parvenait à repousser toute tentative des Mag Kaalan d'Heimggard de s'imposer à nous; Kel représente une menace pour leur désir de devenir le chef pérenne du clan.
L'héritier prend trop de place.
Et si les shamans ne mettaient pas en avant les lois du clan qui consistent à protéger tout Mag Kaalan, il est fort à parier que Kel ne serait déjà plus de ce monde ...
Son père adoptif mériterait une lapidation en règle, suivi d'un écorchage tel qu'on l'inflige au gibier, tout en restant conscient de ce qui lui arrive.
Ce ne serait que justice.
Ses frères ont déjà reçus moult enseignements au combat de ce dernier. Mais il continue d'ignorer totalement son fils adoptif. Même les molosses de la famille reçoivent plus de considération du patriarche. Quand à ses frères, je n'en parle même pas. Seul l'aîné semble être amical envers le petit Kel. Enfin, amical. Il se contente tout juste de lui adresser la parole de temps en temps, avec un sourire. Seule la mère a quelques tendresses pour l'enfant. Ses sœurs, au moins, ne le dérange pas, et ne l'agresse pas.
Il est seul.
Mais il apprend. Je l'ai surpris à s'entraîner tout seul, lorsque personne ne le voit. Ce n'est pas dur, car tout le monde l'ignore.
Il observe. Il reproduit. Il est même doué ! Bientôt, il pourra révéler ses capacités au clan ...

***

La fête du solstice d'été est arrivé.
Kel a bien progressé, en secret. Il évite régulièrement la compagnie des autres garçons, et passe son temps à s'entraîner. C'est un jeu, pour lui. Il s'imagine des adversaires dans les fourrés, et les chargent fougueusement, le gourdin à la main. Il s'imagine en embuscade, et dresse même des pièges contre ses adversaires fantômes. ça l'amuse, mais il faut avouer qu'il a de l'imagination ! certains pièges sont simplement ingénieux.
Il dessine même des plans pour attaquer les "méchants" de façon à les écraser le plus vite et le plus fort possible.
ça ne l'empêche pas de se faire toute une panoplie de bleus, d'écorchures, et même de plaies toutes aussi diverses que variées.

Il a pris aussi une drôle d'habitude, que je n'ai compris que très récemment: Kel se saigne volontairement. Il s'inflige des douleurs assez impressionnantes. Et je sais pourquoi.

La douleur lui permet de savoir ce qu'il peut endurer. c'est un signe qu'il est bien en vie, et mortel. Il en prend de plus en plus conscience, j'ai l'impression. Étonnant, car à son âge, ce n'est pas le genre de chose qui vous trotte dans la tête.

Enfin bref ...

...

Kel a participé au Cercle des Sonneurs, pendant la fête.
Le cercle des Sonneurs. Les enfants à partir de onze ans et jusqu'à quinze ans peuvent se battre dans un cercle au vu de tous, pour prouver leur force. Aucune arme tolérée à part le gourdin. Généralement, c'est à mains nues, comme faisaient nos ancêtres.
Kel n'a tenu qu'un seul combat, mais l'a remporté. Mais il a déchanté, encore une fois.

Lorsqu'il s'est présenté dans le cercle, l'assistance a été interloquée. Puis, des railleries se sont fait entendre. Même des insultes (du genre de celles que l'on profère caché derrière un mur de géants, en traître, sans que l'on puisse vous voir).
C'est alors qu'un enfant de treize ans s'est avancé. L'un de ceux qui harcelaient Kel quelques mois auparavant.
Il est étonnant de constater à quel point la haine peut inspirer des comportements contre-nature.
Le gamin est entré dans le cercle un gourdin à la main. Un gourdin lesté, prêté pour l'occasion par un parent proche, je suppose. Pas une petite arme improvisée, non. Un gros gourdin lesté. Personne n'a rien dit.
J'ai vu le regard de Kel se glacer à la perspective d'un combat désarmé face à un enfant plus âgé, plus grand, équipé avec une telle arme. Mais il n'a pas fui.
L'assistance, telle une bande de chacals affamés, se félicitait déjà de voir le jeune Kel se faire passer à tabac.
Elle a été déçu.
Kel est bien le fils de Baldr. L'enfant face à lui ne l'a même pas touché. Les coups de poings de Kel partaient trop vite. Très fort, pour un enfant de son âge. Une fois dans le feu de l'action, toute hésitation s'est effacée du visage du jeune barbare. Le gamin, armé de son bout de bois lesté, n'a pas fait long feu.

Les yeux de Kel ont brillés, à ce moment là. D'un feu étrange. Presque rougeoyant. Je présume que les géants présents ne s'en sont pas rendu compte.
A la fin du combat, Kel s'est emparé du gourdin et l'a levé en signe de victoire, devant une assistance quasi-mortifiée.
Il n'a pas fallu longtemps pour qu'un garçon d'une bonne quinzaine d'année ne se jette sur Kel afin de lui ôter le gourdin des mains, le traitant de voleur et faisant preuve d'une hostilité foudroyante. Le cousin du gamin effondré par terre, sans doute.

Les adultes présents n'ont rien trouvé de mieux que de prévenir Kel de se retirer du Cercle avant d'avoir de gros ennuis.

Kel avait vaincu, mais devait replier, tel un perdant. C'est alors, je crois, que Kel a compris le véritable sens du mot combattre ...

***

Treize ans.
Kel vient de fêter son anniversaire. Seul.
Depuis maintenant quelque chose comme deux ans, Kel grandi dans son coin, à l'écart des autres. Il ne partage plus les jeux des enfants de son âge. De toute manière, ces derniers ne viennent même plus le chercher.
C'est peut-être ce qui l'a sauvé en ce début de printemps.

Les Mag Kaalan d'Heimggard venaient de lancer une nouvelle attaque sur le village. Les rares guerriers présents à ce moment là n'ont pu qu'empêcher ces derniers de tuer la moitié des personnes présentes. Ils ont donné leur vie pour éviter le carnage, et protéger les femmes et les enfants.
Malgré le fait que les géantes savent se battre, il faut être réaliste. Face aux guerriers surentraînés d'Heimggard, celles-ci avaient peu de chance ...
Lorsque Kel est revenu au village, les guerriers s'apprêtaient à repartir. Rapidement, par la forêt, question d'être à couvert, et de dissimuler leurs traces.
Il passe parfois des idées bizarres dans l'esprit des jeunes gens.
Comme celles de suivre, piéger et abattre des guerriers plus âgés. Ce que Kel a fait. Et aussi incroyable que ça puisse paraître, le petit groupe de quatre guerriers que Kel a poursuivi n'est jamais parvenu vivant à Heimggard.

Kel est vraiment doué parfois. Il a mis cinq jours pour réussir à les piéger. Mais ça a marché. On imagine rarement ce qu'on peux faire avec quelques fosses bien dissimulées, quelques lianes et un silex très tranchant ...

Son retour au village s'est effectué dans l'indifférence. Les Mag Kaalan pensaient que Kel était mort sous les coups des assaillants. Ils ne bronchèrent même pas en l'apercevant.
jamais ils ne réalisèrent que les quatre cadavres retrouvés plus tard se trouvaient là par la volonté du fils de Baldr ...

***

Presque deux ans s'étaient écoulés depuis que Kel s'était fait rejeter du Cercle des Sonneurs.
Le printemps d'avant, il avait abattu ses premiers véritables ennemis, en toute discrétion. Depuis ce moment, ses yeux avaient commencés à s'éclaircir. Certains auraient dit que ses yeux devenaient noisettes. D'autres auraient dit dorés. La vérité, c'est qu'ils prenaient une teinte cramoisie. Comme un feu renaissant de ses braises, petit à petit.

Le solstice était de retour. Et Kel brûlait d'impatience de combattre. Peu lui importait cette fois qu'un trouillard patenté s'avance avec un gourdin, prêt à se faire défendre, s'il mordait la poussière, par plus fort que lui: Kel n'allait pas laisser qui que ce soit lui voler sa victoire. Et ce ne serai pas un cri de victoire qu'il lancerai cette fois ci, mais un cri de rage, une fois son adversaire tombé. Un cri de défi, à quiconque viendrait remettre en question sa force.

Je n'ai pas pu m'en empêcher, cette fois-ci, je l'avoue.
J'avais vu le regard de Kel les jours précédent l'évènement. Tout le monde le savait dans le village. Kel voulait se battre, et déjà, certains anciens parlaient de l'empêcher de se présenter.
Mais les traditions faisaient office de lois absolues. Il était un Mag Kaalan, en âge de se battre. Il se présenterait s'il le voulait.

J'avais gardé un souvenir des passages de Baldr. Un vieux souvenir. Lorsque je découpai un animal en sacrifice à Brak, je demandais toujours au père de Kel de me prêter son coutelas en ivoire. Un coutelas simple, dont le manche était un morceau brute d'ivoire: une canine de smilodon, un tigre à dent de sabre.
Il était temps pour ce coutelas de retrouver son propriétaire légitime.
J'avais donc demandé à l'une de mes connaissances de graver sur l'ivoire une représentation de moi-même: au moins aurait-il un souvenir de ma part, même s'il devait ignorer qu'il s'agissait de moi.

La nuit précédent les festivités, j'avais apporté, en toute discrétion, le coutelas auprès de Kel. Faisant appel au Dieu de la Force, j'avais forcé le barrage de ses rêves afin de les façonner, lui passant le message que ce coutelas était un souvenir de son père.
Au petit matin, troublé, Kel avait fait la découverte du précieux objet. Il était à ce point troublé qu'il en pleura, persuadé de l'importance de cet héritage.
C'est avec le poignard, bien caché sous son cuissard en peaux, que le fils de Baldr, en début de soirée, vint affronter ses pairs.

Ces derniers n'en menèrent pas large. Tous redoutaient le moment où ils entreraient dans le cercle, appelant quiconque à les défier: ils savaient que Kel n'hésiterai pas une seule seconde.
L'ambiance était électrique. certains anciens étaient venus, afin d'empêcher Kel de trop tirer parti de sa ou ses victoires potentielles.
Au bout de quelques minutes, l'un des plus grand combattants parmi les adolescents entra dans "l'arène" réservée aux jeunes géants.
Le fils du meilleur traqueur du village. Un colosse qui atteignait déjà sept pieds de haut.
Kel avait grandi, et prit de la puissance. Il était devenu un très jeune homme, solidement bâti, tout en muscles, dépassant d'une bonne tête les enfants de son âge. Les cheveux longs, noirs de jais, les yeux si étrangement brillants, le teint mate. Inquiétant, diraient certains. Magnifique, pour peu d'autres.

Le fils du traqueur n'en menait pas large, malgré un air faussement supérieur. Brandissant bien haut un gourdin ajusté à sa taille (de bien belle facture, ma foi, capable de fracasser la tête d'un adulte sans autre forme de procès), il fit le tour du cercle, en vaine tentative d'intimidation. Malgré cela, la foule ne réagissait pas beaucoup, inquiète et à la fois impatiente de voir le combat à venir.
Kel foudroyai son adversaire du regard.

C'est à ce moment là que se produisit un phénomène assez inexplicable.
Ses yeux se mirent à changer de couleur. Cette fois, il étaient bel et bien rouges. La colère de Kel était devenue une arme.
C'est à ce moment là que je compris. La colère, l'un des attributs de Brak. Le côté sombre du Dieu de la Force. Les prières que j'avais adressé quatorze ans auparavant à mon maître divin se révélèrent.
Mais pas comme je l'avais imaginé.
Et pour tout dire, j'en conçu de l'effroi.

Le combat fut, tout comme le premier qu'il mena deux ans plus tôt, rapide, net, sans erreur.
Le fils du traqueur failli perdre sa mâchoire inférieure lorsque Kel s'empara du gourdin tout en retournant le bras de ce dernier. Kel s'était emparé de l'arme et s'en était servi de manière particulièrement violente, frappant à la liaison maxillaire gauche de toutes ses forces.
Le coup avait mis KO le pauvre malheureux instantanément. Il s'effondra dans une gerbe de sang crachée minablement. Kel, n'y prêta pas attention. Il jeta un regard plein de défi et de colère à l'assemblée, prêt à en découdre.
Puis il provoqua les garçons de son âge. De bien des façons, et pas des plus civilisées ...
C'est alors qu'un des amis du père du jeune homme tombé au sol décida d'intervenir, à l'instar du cousin de la première victime de Kel, deux ans plus tôt.
Il n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche qu'il senti la lame d'un coutelas sur sa gorge.
Kel le fit alors reculer jusqu'à l'assemblée, le menaçant de son arme et du gourdin. Il en profita pour le rabaisser devant tous, lui rappelant qu'il était "trop grand" pour participer à cette joute.

Personne ne vint le défier par la suite. Kel se retira, amer, mais fier de lire la peur dans le regard des siens. Il s'était définitivement privé de toute relation basé sur l'amour et la confiance au sein même de son village.
Il devint un jeune géant redouté, qu'il ne fallait pas approcher ... Ce don qu'il avait, enfant, d'attirer la sympathie avait totalement disparu, laissant place à la rage.
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