[Q4]. Promesses & Sacrifices

PNJ Nombre de messages : 357 Date d'inscription : 25/10/2006

L'air rafraichissait au fur et à mesure qu'ils s'enfonçaient dans les bois. Leur progression était grandement facilitée depuis que les buissons et autres fourrés avaient cédé la place aux tapis d'aiguilles sèches et de feuilles mortes.
Une brume immaculée rampait sur le sol, dissimulant les bottes que l'on devinait dans l'obscurité au crissement qu'elles produisaient sur la terre quasiment gelée.

" Nous ... N - Nous y sommes bi -bientôt ?
- Oui, rassure-toi beau jeune homme, plus que quelques mètres. Varssa, tu veux bien nous éclairer le chemin ?
- Mais bien sûr, ma soeur. "

La jeune femme aux cheveux de couleur de jais, vêtue d'une longue robe couleur de nuit laissant apercevoir ses chevilles et son dos, plia légèrement les genoux et, avec une grâce infinie, saisit une poignée de terre sèche sur le sol. Au creux de sa main, elle s'assembla et bleuit à vue d'œil se liquéfiant légèrement avant de rayonner d'une intense lumière qui élargit leur champ de vision de quelques dizaines de mètres.
Les arbres et leurs ombres semblaient bien plus lugubres encore, tels des corps que le temps aura saisit dans une posture horriblement torturée par la rigidité des cadavres dont les âmes ont fui vers le royaume de Nucter.

Les deux jeunes femmes et leur invité progressèrent encore quelques minutes dans un silence de plomb, brisé uniquement par la respiration haletante du jeune homme, rauque des mucosités qui encombraient ses bronches et sifflante à cause de l'air glacial qui lui déchirait la poitrine. Un frisson de froid, de fièvre ou d'anxiété parcourait de temps à autre son corps chétif et secoué par une mauvaise toux.

" Nous y sommes, mon ami. Narcissa, installe-le sur la roche moussue là-bas, au centre de la clairière. Il devrait y être à l'aise allongé. "

Narcissa, blonde et vêtue d'une robe identique à celle de sa sœur, mis à part sa couleur blanche, obtempéra avec douceur. Elle avançait à pas lent, soutenant le malade et l'aidant à se coucher avec tendresse.
Le jeune homme laissa errer son regard sur le reste de la clairière.

" A quoi ... *Harkk* ... A quoi sert ce cercle autour de nous ?
- C'est une rune géante. Je l'ai consacrée à mon Dieu afin qu'il nous rende plus fortes, ma sœur et moi. Ta maladie, celle qui gangrène tout Mésomnon et menace de s'étendre hors de la Province est très puissante.
- Mais... Vou-vous allez me guérir n'est-ce pas ?
- Sois tranquille, ton corps n'aura jamais été aussi fort et sain. Toute trace de ta maladie aura disparue. "

Prit d'une violente quinte de toux, le pauvre bougre ferma les yeux et se laissa aller, sur le dos, contre la mousse étonnamment tiède dans cette forêt glacée. Rapidement, il sombra dans un état étrange de semi-conscience.
De l'endroit lointain où s'était réfugié son esprit, il remarqua que les deux sœurs psalmodiaient de leurs voix cristallines. Les mots de pouvoirs qui s'échappaient de leurs bouches étaient envoûtants et, bien qu'il n'en comprît pas un mot, le patient sentit les larmes lui monter aux yeux tant cette douce mélodie lui gonflait le cœur.

La prêtresse en blanc s'approcha de leur captif et déposa sur son torse un petit cristal cramoisi. Elle posa un poil argenté, de quelques centimètres de longueur. La nécromancienne s'approcha à son tour et déposa quelques gouttes d'eau pure sur les deux artefacts puis sur le visage de l'homme.
Et c'est là qu'il sombra...

Une boule de glace bleutée se constitua sur la peau de l'abdomen du jeune prisonnier. Le sortilège de Gel de l'Âme avait fonctionné et l'enveloppe charnelle du jeune homme malade était vide de toute volonté, de toute pensée.
La prêtresse qui servait en réalité Velsfer posa le globe de glace à terre et leva les mains vers les cieux, clamant d'une voix aigüe à son maître :

" Velsfer, ô Dieu des malades et des souffrants, vois ton objet que j'ai amené devant toi. Accorde à la maladie que nous avons semée dans l'Empire en ton nom de s'épanouir et d'infecter chaque jour plus de monde, et reçois en offrande l'âme de cet homme. " Dans un éclair, la boule disparut " Merci Seigneur, votre fidèle prêtresse ne vous décevra pas. "

Agenouillée à côté de la dépouille de feu leur protégé, Varssa murmurait des incantations à voix basse, ses lèvres remuant frénétiquement alors qu'elle traçait des symboles sur le corps sans vie du bout des doigts.
Et le fameux corps finit par ouvrir les yeux.
Lentement, très lentement, il s'assit puis se remit sur son séant, le regard dans le vague, vide de toute émotion. Il tourna la tête vers la nécromancienne et d'une vois monocorde annonça :

" Tu m'as ramené à la vie maîtresse. Je suis ton esclave. "