Les ordres donnés à la Velue
Le griffon avait emporté Mélandriel et la Velue par-dessus les nuages. Serrée contre lui, la vieille naine avait vu défiler sous ses pieds les pics acérés, les gorges profondes et les vallées glacées.
La première étape de leur voyage les emporta jusqu’à la Capitale comme leur maîtresse leur avait ordonné. La marchande fit porter par un serviteur la somme exacte que Lulyane avait empruntée à la Corporation des Arcanes pendant que l’elfe regroupait quelques-uns de ses amis pour acheter et équiper à l’Ecurie Impériale un grand nombre de griffons.
Il préparait la flotte aérienne de la Comtesse, en s’assurant qu’elle possèderait suffisamment de montures et de cavaliers. Plus d’une cinquantaine de griffons s’élevèrent alors dans le ciel de la grande cité, chevauchés par autant d’elfes armés de leurs longs arcs, et s’éloignèrent en direction de l’est.
La nuée vola pendant deux jours, faisant halte pour la nuit, et survola la moitié de l’ancienne province de Vénopole, glissant par-dessus Samothrace sans s’y arrêter pour se rendre au pied des montagnes du nord, dans la seigneurie de Burgondie, terre natale de Lulyane.
La stupeur frappa les paysans qui habitaient le village berceau de la vampire quand ils virent cet essaim de bêtes volantes se poser dans la plaine qui entourait le bourg. Ils crurent d’abord à une invasion, à un raid meurtrier conduit par quelque ennemi de leur seigneur.
Quelques-uns se mirent à prier Dinas de leur accorder la vie sauve, d’autres se précipitaient à l’intérieur de leur maison pour y trouver un refuge illusoire, d’autres encore s’armèrent de leurs fourches, de vieux coutelas rouillés et de tout ce qui pourrait servir à défendre leurs jours et ceux de leurs proches.
Mais le calme retomba bien vite quand Mélandriel clama dans un discours pacifique les raisons de sa présence, avant de céder la parole à la Velue.
Elle leur expliqua longuement que leur ancienne concitoyenne, celle qui s’était comportée comme un monstre, les saignant à blanc, prenant les vies des uns ou des autres au gré de sa fantaisie et de sa fureur vengeresse, celle qui les avait tant effrayés, s’était amendée et désirait maintenant leur offrir la paix et la prospérité, leur offrir l’asile protecteur d’une terre que nulle guerre ne ravagerait jamais, leur faire partager l’opulence d’un sol toujours fertile et généreux, leur faire don d’un hospice où leurs enfants pourraient grandir, s’épanouir, s’éduquer sans avoir à craindre les caprices d’un maître belliqueux et tyrannique.
Et dans les cœurs et les têtes de tous revint la mémoire de l’enfant du pays, de la douce et belle jeune femme qui avait couru à leurs côtés sur la place du village, dans les herbes hautes qui cernaient la rivière, qui avait écorché ses genoux dans les fétus de paille fraîchement moissonnés, qui avait chanté comme eux à toutes les fêtes d’après-récolte. Dans les cœurs et les têtes revint la mémoire de l’horreur que leur sœur avait eu à endurer par la faute de leur suzerain implacable, du hurlement qui avait résonné dans la nuit, glaçant leur sang et vrillant leurs oreilles, de ce hurlement de douleur inextinguible qui avait ému chacun d’eux jusqu’à leur faire oublier les atrocités auxquelles elle s’était adonnée.
La Velue fut si convaincante, le souvenir fut si vif qu’ils se laissèrent tous convaincre, sans exception, les plus récalcitrants se laissant charmer finalement par le tintement de l’or que la naine n’oublia pas de brandir.
Et dans l’aube du lendemain, c’est une colonne sans fin qui commença de gravir les premiers contreforts pour gagner le nord.
Un exode massif d’hommes, de femmes, d’enfants, lourdement chargés de leurs biens les plus précieux, traînant à leur suite tout un bestiaire domestique : veaux, vaches, cochons,… Des ânes et des chevaux bâtés, tirant des carrioles branlantes, des poules et des oies caquetantes, des chèvres bêlantes,…
La fuite de toute une population, de centaines d’âmes qui escaladaient les pentes abruptes qui montaient vers leur salut, encadrées par le vol serein et protecteur de leur demi centaine de gardiens des cieux.
Le griffon avait emporté Mélandriel et la Velue par-dessus les nuages. Serrée contre lui, la vieille naine avait vu défiler sous ses pieds les pics acérés, les gorges profondes et les vallées glacées.
La première étape de leur voyage les emporta jusqu’à la Capitale comme leur maîtresse leur avait ordonné. La marchande fit porter par un serviteur la somme exacte que Lulyane avait empruntée à la Corporation des Arcanes pendant que l’elfe regroupait quelques-uns de ses amis pour acheter et équiper à l’Ecurie Impériale un grand nombre de griffons.
Il préparait la flotte aérienne de la Comtesse, en s’assurant qu’elle possèderait suffisamment de montures et de cavaliers. Plus d’une cinquantaine de griffons s’élevèrent alors dans le ciel de la grande cité, chevauchés par autant d’elfes armés de leurs longs arcs, et s’éloignèrent en direction de l’est.
La nuée vola pendant deux jours, faisant halte pour la nuit, et survola la moitié de l’ancienne province de Vénopole, glissant par-dessus Samothrace sans s’y arrêter pour se rendre au pied des montagnes du nord, dans la seigneurie de Burgondie, terre natale de Lulyane.
La stupeur frappa les paysans qui habitaient le village berceau de la vampire quand ils virent cet essaim de bêtes volantes se poser dans la plaine qui entourait le bourg. Ils crurent d’abord à une invasion, à un raid meurtrier conduit par quelque ennemi de leur seigneur.
Quelques-uns se mirent à prier Dinas de leur accorder la vie sauve, d’autres se précipitaient à l’intérieur de leur maison pour y trouver un refuge illusoire, d’autres encore s’armèrent de leurs fourches, de vieux coutelas rouillés et de tout ce qui pourrait servir à défendre leurs jours et ceux de leurs proches.
Mais le calme retomba bien vite quand Mélandriel clama dans un discours pacifique les raisons de sa présence, avant de céder la parole à la Velue.
Elle leur expliqua longuement que leur ancienne concitoyenne, celle qui s’était comportée comme un monstre, les saignant à blanc, prenant les vies des uns ou des autres au gré de sa fantaisie et de sa fureur vengeresse, celle qui les avait tant effrayés, s’était amendée et désirait maintenant leur offrir la paix et la prospérité, leur offrir l’asile protecteur d’une terre que nulle guerre ne ravagerait jamais, leur faire partager l’opulence d’un sol toujours fertile et généreux, leur faire don d’un hospice où leurs enfants pourraient grandir, s’épanouir, s’éduquer sans avoir à craindre les caprices d’un maître belliqueux et tyrannique.
Et dans les cœurs et les têtes de tous revint la mémoire de l’enfant du pays, de la douce et belle jeune femme qui avait couru à leurs côtés sur la place du village, dans les herbes hautes qui cernaient la rivière, qui avait écorché ses genoux dans les fétus de paille fraîchement moissonnés, qui avait chanté comme eux à toutes les fêtes d’après-récolte. Dans les cœurs et les têtes revint la mémoire de l’horreur que leur sœur avait eu à endurer par la faute de leur suzerain implacable, du hurlement qui avait résonné dans la nuit, glaçant leur sang et vrillant leurs oreilles, de ce hurlement de douleur inextinguible qui avait ému chacun d’eux jusqu’à leur faire oublier les atrocités auxquelles elle s’était adonnée.
La Velue fut si convaincante, le souvenir fut si vif qu’ils se laissèrent tous convaincre, sans exception, les plus récalcitrants se laissant charmer finalement par le tintement de l’or que la naine n’oublia pas de brandir.
Et dans l’aube du lendemain, c’est une colonne sans fin qui commença de gravir les premiers contreforts pour gagner le nord.
Un exode massif d’hommes, de femmes, d’enfants, lourdement chargés de leurs biens les plus précieux, traînant à leur suite tout un bestiaire domestique : veaux, vaches, cochons,… Des ânes et des chevaux bâtés, tirant des carrioles branlantes, des poules et des oies caquetantes, des chèvres bêlantes,…
La fuite de toute une population, de centaines d’âmes qui escaladaient les pentes abruptes qui montaient vers leur salut, encadrées par le vol serein et protecteur de leur demi centaine de gardiens des cieux.