La Trinité Noire se délectait de son premier repas depuis une éternité. Le sang frais coulait et après à peine une heure, les cadavres des brigands n'étaient plus que des carcasses déchessées. Qui étaient ces êtres, personne ne le savait, pas même Malakir. Ils étaient reliés à la famille des Vanaubeyr depuis des millénaires déjà, avant même la collision qui amena les vampires sur Kalamai. La légende racontait qu'ils avaient été créés par le premier Vanaubeyr, un puissant sorcier, à partir de son propre sang, et qu'ils n'avaient qu'une raison d'exister: protéger la dynastie des Vanaubeyr. Désormais, il n'avait que Malakir à servir, leur coeur battant au même rythme que celui de leur maître, avec qui ils pouvaient communiquer mentalement. Pour rajouter à leur caractère mythique, personne n'avait jamais entendu leur voix, jamais ils n'avaient prononcé un mot. Ces guerriers dont la loyauté ne connaissaient aucune faille avaient été plus d'une fois un atout pour les Vanaubeyr; ils étaient rapides, silencieux et puissants, capables de frapper sans être vu et de disparaître dans la nuit comme s'ils n'avaient jamais existé. Le trio d'élite, les gardes de Malakir, la Trinité Noire.


Malakir descendit dans les Catacombes avec Arn, le gobelin. Ils se dirigèrent vers la bibliothèque. Celle-ci était en ruine: la plupart des livres avaient été brûlés ou étaient tout simplement disparus. Certains étaient encore en état, les profondeurs de la citadelle les protégeant de tout intempéries. Ce qui intéressait le vampire été caché derrière une porte secrète. Il avait toutefois oublié ou se trouvait le levier pour l'ouvrir. Il dû se concentrer, reconnecter avec ses pouvoirs ancestraux. Peu à peu, dans son esprit, il reconstruit la pièce entière. Il pu visualiser une scène, sa dernière visite à la bibliothèque. Il se vit, dans les temps anciens, appuyer sur une pierre sombre, dans le coin droit de la pièce. Il avait assez d'informations et revient dans le présent. La pierre était intacte et le mécanisme fonctionnait toujours, étonnamment. La pièce révélée était petite et ne contenait qu'un bureau, deux étagères remplis de livres ainsi qu'un socle sur lequel reposait une pierre qui émettait un pâle lumière jaune. La pierre de Kaledram. Cette pierre runique était unique en son genre, enchanté par un puissant nécromancien. Offerte à la famille par ce dernier, elle permettait autrefois à ses utilisateurs de contrôler des armées de morts-vivants. Maintenant, elle avait perdu la majorité de sa puissance. Malakir se souvenait parfaitement de l'enchantement, la réactiver ne serait donc pas un problème. Malheureusement, aucun être seul ne peut l'utiliser à son plein potentiel, son pouvoir ne serait donc que limité au territoire du royaume et les environs. Le psioniste plaça ses deux mains sur la pierre et récita, dans sa tête, la formule ancestrale. Une onde se dégagea de l'objet qui éclairait maintenant la pièce d'une lumière orange. Un à un, les squelettes qui jonchaient le labyrinthe se levère, prêt à recevoir les ordres de leur maître. Ce fut la renaissance de l'empire des Vanaubeyr, après des siècles de sommeil et d'oubli.