Ils avaient été trainés hors du champs de combat pendant qu'il étaient encore inconscient, les pirates avaient conduit les corps inertes vers la prison de Roc de Chastel. Dans les plus profonds niveaux, oubliés depuis des lustres, les victimes étaient allongées nues dans une cellule spécialement aménagée pour elles sur ordre de la cruelle Delylia. Point de murs, les cellules n'étaient en tout et pour tout qu'un cube de barreaux d'aciers qui entouraient les captifs. Aucun recoin d'intimité, ils étaient perpétuellement livrés au regard de leur geôliers. Le sol pavé de larges pierres lisses était incurvé de manière à ce que le cœur de la cellule soit le centre d'une cuvette qui recueillait l'humidité suintant du reste de la pièce. Le mobilier se résumait à un seau de bois bien trop petit pour leur besoins. S'il venait à déborder ou à se renverser, le centre des cellules se transformerait encore un peu plus en un cloaque infâme. Il y avait un peu de paille sur le sol humide pour confectionner une couche mais elle était inévitablement vouée à pourrir rapidement. Le confort était une notion qui semblait avoir été oubliée volontairement lors de la création de ce lieu.

Ces temps-ci l'affluence dans la prison à roc-le chastel depuis l'invasion des corsaires était invraisemblable. Il en venait des dizaines... et des dizaines...et des dizaines... Chaque jour, chaque nuit.... A toute heure l'entrebaillement des lourdes portes de fer se déployant d'un grincement inquiétant, révélait toujours plus de nouveaux visages. Tous pour la pluspart de simples citoyens sommairement arrêtés pour un regard hostile, un ton jugé insolent, pour un soupçon de pensées trop indépendantes.

Se soucia t-on de les juger, de faire la différence avec les réels contestataires du nouvel ordre, ou de gens connus comme résistants à la bataille ? Non point évidemment. Un lourd travail que personne ici n'avait le temps d'exécuter... Et certainement pas parmi la caste des pirates d'Akaram... Parfois, sans pitié et aussi par nécessité au vu du manque flagrant de manque de place, on jetait au cachot des innocents malheureux aux côtés des pires bandits et assassins, les vrais, endurcis, dangereux, Et... parfois irrationnels..

La noblesse se trouva être la plus touchée des enfermements massifs. On exigeait d'eux qu'ils se soumettent au nouveau pouvoir et fassent allégeance sinon ils étaient abandonnés là.. puis torturés...

Le Tortionnaire dans la salle obscure se saisit d’un fin couteau à la lame longue et effilée. A la manière d’un peintre qui caresse une toile de son pinceau, il fit passer délicatement la lame sur la peau du supplicié au niveau des côtes. Une incision nette et peu profonde répétée douze fois. Il avait ainsi de part et d’autre de son thorax six coupures.

Je vais répéter la question... Qui commande ?

Aaaarg ... vous ... !!! DIEU TOUT PUISSANT AIDE MOI, VOUS MESSIRE !

Mauvaise réponse... Et la flagornerie ne prend pas ! Muni d’un objet étrange et lisse, courbé comme un crochet, la main du tortionnaire s’approcha. Et tout en calme et précision il fit passer la courbe d’acier dans l’incision effectuée plus tôt pour venir cerclé la côte du supplicié. A vif, sans moyen de bouger ou de se débattre, la victime pouvait sentir le froid du métal pénétrer sa chair et s’insinuer sous ses os pour ressortir et perforer la peau encore intacte.

PITIE ! PITIE, je ... je ferai tout ce que vous voudrez, cessez ceci !

Qui commande ?

La Reine, Delylia Paloria !

Bien, dis moi. Quels seigneurs présent au Chastel ont soutenu la résistance contre nos troupes ? Où se cachent votre chef et sa clique ? Quels seigneurs soupçonnent-tu de déloyauté ?

Un torrent de larmes se déversa du visage du supplicié, désespéré.

Je.. vous répète que j'en ai pas la moindre idée ... Tout s'est passé très vite .. Et.. vous m'avez enfermé immédiatement après l'assaut ... co .. comment pourrais-je savoir quoi que ce soit ... Je suis seulement un petit hobereau sans réel pouvoir ... Où est .. ma femme, qu'avez-vous fait d'elle ?

Il me faut des noms, des réponses... Allons c'est tout ce que je demande.. Je te promets qu'on ne lui fera rien si tu t'exécutes à nous satisfaire. lui glissa son tortionnaire pirate d'une voix doucereuse. C'était un mensonge évidemment, sa femme avait déjà été égorgée, cette sauvageonne avait osé se débattre. La peine de mort immédiate devant une telle hérésie. Mais les suppliciés étaient prêt à croire n'importe quoi dans le désespoir et la douleur même s'ils savaient qu'au fond, c'était faux Les épaules de la victime s'affaissèrent, se soulevèrent, retombèrent de nouveau sous le coups de ses hocquets.

Trè.. très bien. Je ... faîtes ... faîtes ... attention à Ethan Ereth, c'est un être violent et belliqueux, il refusera certainement de vous servir... S'il vous a promis allégeance, c'est sûrement une ruse !

Alors comme ça tu accuses ouvertement tes pairs ... Etrange ... Je pensais que tout s'était passé trop vite... Sur quoi est basée cette vile accusation ? Essaierais-tu de me fourvoyer afin de me détourner de mes véritables ennemis ?!

Qu..quoi.. att..atten..dez c'est vous qui... !!!

Le pirate enfonça son métal dans l'os qui résonna douloureusement et les plaies suintèrent abondamment. Au comble de la douleur, le seigneur perdit connaissance.

AAAAAAAAAAArgh !!!!

Il se réveillerait tôt ou tard, et le tortionnaire recommencerait aussitôt, avec amour et délice. Pour le moment, il allait apprécier la coupe de vin qu'il avait dans l'autre main. Il passerait au prochain à l'heure suivante, s'il ne crevait pas avant ça. Quoi qu'il arrive, il trouverait les réponses à ses questions...

La peur s'était incrustée en eux, aussi indissociable en ces jours sombres que les meurtrissures de l'âme et les plaies suintantes occasionnées par les coups. L'Horreur... qu'on l'appelait. Cette montagne humaine sans foi ni coeur, leur bourreau.. La montagne, sitôt après le lever du soleil, pénétrait dans une des cellules et y choisissait l'un des prisonniers pour l'interroger. Les gens mort de trouille à s'en pisser dessus s'abstenaient coûte que coûte de le regarder. Peut être s'imaginaient-ils qu'en feignant de l'ignorer, lui-même les ignoreraient... mais il les lorgnait tout de même et choisissait selon sa fantaisie. Impossible de lui échapper, de ruser, se cacher, tricher, pas moyen de sauver sa peau.

Les auditions des malheureux élus ayant lieu sous leur yeux, les captifs ne pouvaient rien méconnaître du sort réservé à ceux qui ne fournissaient pas satisfaction. L'interrogatoire était invariable, quant à l'Horreur de la prison, il se tenait là sans bouger, mais tout yeux tout oreilles jusqu'à la mort du patient. Le même procédé, les mêmes questions inlassablement répétés, de ce même ton froid, désincarné, sans aucunes notes d'émotions..

Quels seigneurs ont soutenu la résistance au Chastel face à nos troupes ? Qui soupçonnez vous de félonie ? Ou se trouve votre chef et sa clique ? Qui l'a soutenu ? Où pensez-vous qu'il s'est rendu ? Combien d'hommes l'accompagnaient ? combien de personnalités fortes ? Combien de soldats ?

Je ne sais rien, ma famille et moi participions seulement au grand conclave d'Outre-Mer pour l'occasion, rien d'autre. Nous ne sommes dans les petits papiers d'aucune haute instance, nous ne sommes même pas de Roc le Chastel. répondit sa victime terrifiée.

La Montagne gardait un visage horriblement neutre, impavide... ses yeux vides accrochés fixement et sans ciller sur ceux du captif en proie à de terribles tremblements.

Me mentez-vous à l'instant ?

Non, bien sûr que non !

Le géant tortionnaire s'ébranla et son poing ganté de fer vint rudement cabosser le visage à présent tuméfié de sa victime qui valsa en arrière avant d'être remis sur pied d'une brutalité singulière. Du sang avait giclé de son nez tuméfié.

Le bourreau recommença comme si de rien n'était son manège pendant que le supplicié s'effondrait en larmes.

Quels seigneurs ont soutenu la résistance au Chastel face à nos troupes ? Qui soupçonnez vous de félonie ? Ou se trouve votre chef et sa clique ? Qui l'a soutenu ? Où pensez-vous qu'il s'est rendu ? Combien d'hommes l'accompagnaient ? combien de personnalités fortes ? Combien de soldats ?

Je... non.. ne me frappez plus ... Je.. vous en prie.. J'ai vu des tas de gens se battre... Mais c'était un chaos tel, que bon nombre ont dû instinctivement se battre, par esprit de survie. Comment-pourrais-je savoir bon sang ? Je ne connais pas le palatin, je ne l'ai pas vu au cours du désastre d'ailleurs !

Me mentez-vous à l'instant ?

Je jure que non !

Le bourreau s'en prit à nouveau au prisonnier, de manière bien plus violents. Il le jeta à terre et le roula de coups et un pied brutal à la mâchoire , * Plouffffff *, lui fit cracher plusieurs dents dans une explosion de sang. L'Horreur le remit à nouveau sur pied.

Quels seigneurs ont soutenu la résistance au Chastel face à nos troupes ? Qui soupçonnez vous de félonie ? Ou se trouve votre chef et sa clique ? Qui l'a soutenu ? Où pensez-vous qu'il s'est rendu ? Combien d'hommes l'accompagnaient ? Combien de personnalités fortes ? Combien de soldats ?

Que... que puis-je soutenir pour qu'enfin je puisse cessé d'apparaître fautif à vos yeux... JE NE SAIS RIEN ! JE NE SAIS RIEN, PITIE !

Me mentez- vous à l'instant ?

Cette fois la victime préféra ne pas répondre, prise d'effroi, sachant ce à quoi ça mènerait... Peut être une erreur... Le regard implacable de la Montagne sembla quelque peu s'assombrir, peut être insatisfaite. Cette fois-ci il ne prit pas de gant, il tira son épée et l'enfonça dans la chair du malheureux qui traversé de part en part vint s'affaisser au sol comme une masse visqueuse. On fit apporter un autre prisonnier, un autre seigneur captivé par le corps que des sbires traînaient un peu plus loin.

Quels seigneurs ont soutenu la résistance au Chastel face à nos troupes ? Qui soupçonnez vous de félonie ? Ou se trouve votre chef et sa clique ? Qui l'a appuyé ? Où pensez-vous qu'il s'est rendu ? Combien d'hommes l'accompagnaient ? combien de personnalités fortes ? Combien de soldats ?

Je.. Je sais qui a soufflé le feu de la résistance ! Un certain seigneur Volkmar ! Dès lors, plus personne n'a osé contester car nous étions tous suffoqués par sa folie, mais je vous l'jure, nous voulions tous nous agenouillés devant nos nouveaux maîtres ! Si.. si.. sinon j'ai aperçu le Palatin avec les Ambassadeurs Kalamaï, entouré d'une escouade. Ils courraient vers les cuisines, la dernière fois que je les aperçu. Je ne sais pas où il s'est rendu.

Me mentez-vous à l'instant ?

NON, je ne mens pas !

La montagne attrapa son jouet et son genoux vola vers son flanc, celle-ci sentit son souffle se couper et s'étendit au sol, suffoqué par la douleur. Néanmoins, elle se releva avec célérité, désireuse d'éviter d'autres nouveaux coups.

Quels seigneurs ont soutenu la résistance au chastel face à nos troupes ? Qui soupçonnez vous de félonie ? Ou se trouve votre chef et sa clique ? Qui l'a appuyé ? Où pensez-vous qu'il s'est rendu ? Combien d'hommes l'accompagnaient ? combien de personnalités fortes ? Combien de soldats ?

Atten.. attendez ! Le passage qui a été crée, mène forcément à un chemin qui fait route lui-même vers une ville ou un village ! Les protocoles de sécurité sont tous les même dans leur anticipation. En cas de danger, prise du passage secret menant au dehors, repli vers le sud, en passant par un jalonnement bien précis. Et sur ce jalonnement, il y a forcément des étapes, prenez les villages les plus proches !

Ceux que vous cherchez ne sont forcément pas loin ! Cherchez du côté de Griseau, de Nienor ou de la Sylve d'Alnaïs. !

Silence cette fois-ci plus long de l'Horreur..

Me mentez-vous à l'instant ?

Que Synodar prenne ma vie sur le champs si ce n'est le cas ! jura finalement la victime sans véritable espoir. Cependant, étonnamment, la Montagne se contenta cette fois de le contempler, puis se releva sans un mot, tandis que des gardes s'évertuaient à le remettre en cage.

Le sahuagin attaché dans les geôles avait parlé mais ce qu’il disait n’avait pas de sens aux yeux du pirate qu’il l’interrogeait. De plus ce dernier trouvait son prisonnier impertinent, il essayait de le déstabiliser en même temps que de le provoquer.

Pas la peine de faire le fanfaron, tu es plutôt mal parti. Tu as saboté des navires de nos glorieuses et bonne cheffe. Demande pardon ou crains sa divine colère.

Il n’y avait pas de réaction. Le pirate prit un fer qui était à chauffer sur les braises. Il avança le fer rouge près des écailles du prisonnier. Il espérait ainsi plus de coopération.

Donne nous le nom de tes complices et où se trouve au fond de l’eau le village où tu as habité ?

Le pirate essayait d’avoir plus d’informations. Mais il se ravisa et reposa le fer rouge.
Puis il changea de technique, il s’asseyait sur une chaise et se détendit. Il bailla et étendit ses jambes.

Pas grave après tout c’est ton problème tout ça. Je suis simplement curieux de savoir comment tu as bien pu te débrouiller là où d’autres on échoué.

Il ne voulait toujours rien dire, rien d’utile en tout les cas. Il essayait plutôt de fanfaronner alors qu’il était sous le joug des pirates. Cela commençait d’ailleurs à les fatiguer. Le tortionnaire avait essayé plusieurs méthodes alliant la violence à l’empathie mais rien n’y faisait.

Le pirate se leva

Bon c’est toi qui voit après tout, la suite ça sera toi qui l’écrira nous n’en serons que la plume. A voir si l’encre sera remplacée par ton sang ?

Il s’approcha d’une petite table et la déplaça pour la mettre à la vu de Shajara. Sur celle-ci il y avait plusieurs instruments dont l’utilisation était détournée pour la torture. Il y avait également deux fers et à côté un brasero.
Il s’adressa ensuite à ses deux confrères qui étaient là pour l’aider.

Je suis assoiffé les gars si on allait se jeter un gobelet !
Quant à toi petite salope profites bien de ce temps pour réfléchir comment tu veux que ça se termine.

Les trois pirates sortirent de la pièce laissant ainsi le Sahuagin à ses propres réflexions.