Les terres de Scitopole avaient toujours été empreintes de foi, et il était temps d'en tirer un profit militaire. Not l'Acide avait déjà fait s'enrôler deux centaines d'hommes dans les villages et bourgs du Nord-Est de la Province, en plus de la maigre garde dont Aquilodon l'avait pourvu avant son départ de la Capitale, mais il ne comptait pas s'arrêter là. Il comptait aller engager de pauvres gens miséreux dans leurs tanières urbaines, à Halicarnasse et dans les autres villes conséquentes, pour leur promettre la considération des dieux, mais aussi et surtout de nouvelles habitations en Zakinthe, dans la ville reprise de Dunamopole. Pour le moment, l'offre fonctionnait même sur des paysans ne manquant pas de grand chose, alors les mendiants, pauvres pèlerins, et petites gens abandonnées et affamées s'empresseraient sûrement de le suivre.
C'est ainsi que Not l'Acide, dans la ville de Basseus, réussit à ajouter cent hommes à son ost, mais également ainsi qu'il parvint à convaincre le chef d'une compagnie de trois cents mercenaires vétérans, en quête de rédemption pour leur crime puis d'une petite vie tranquille que pouvait leur offrir la côte sud de Zakinthe, à les suivre.
L'armée de conscrits se nourrissait d'elle-même, ou bien grâce aux dons des Scitopoliens, étonnamment généreux. Not apprécia la grande foi qui, fuyant petit à petit tout l'Empire, persistait avec force ici.
Et sans scrupules qu'il amassa ainsi des hommes, jeunes et vieux, paysans, moines, mendiants ou soldats derrière lui, les menant lentement à l'affrontement contre les forces d'élite de Thassopole avec une carotte tout juste assez juteuse pour les faire marcher et se battre.
Ils étaient déjà mille deux cents en arrivant à Halicarnasse, si bien que l'Acide avait dû fortement hiérarchiser son armée, qui ne dénombrait qu'assez peu de soldats de métier (pas plus de quatre cents), pour ne pas perdre trop de gens en route. Il avait formé plusieurs compagnies avec à la tête de chacune un des inquisiteurs que lui avait confiés le Pontife. Il avait divisé les mercenaires en trois cohortes de cent, pour éviter que leur chef ne les fasse fuir en un seul bloc, ou même qu'ils ne se retournent contre les autres.
Mais ces difficultés d'organisation ne l'arrêteraient pas, et il n'allait pas cesser d'enrôler avant d'avoir récupéré un autre millier encore. Il comptait le conscrire tout entier à Halicarnasse, ce millier. Et il allait user de tous les moyens nécessaires pour y parvenir.
Sujet: Conscription