Le Monde de Kalamaï
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 Lanilys

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Lucea

Lucea

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Date d'inscription : 08/11/2013

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Lanilys Vide
MessageSujet: Lanilys   Lanilys EmptyVen 29 Nov 2013 - 16:46

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Lanilys, naguère petite cité « bénite » fut érigée dans la province scitopolienne, vers l’an 1015 en plein Age d’Or.



En ce jour, la ville tend encore ses bras de pierre au ciel, malgré l’érosion du temps et prend également pied sous terre, en profondeur où elle se répand comme les racines d’une forêt de chênes, en une multitude de réseaux.
Tentaculaire vers le haut, la cité l’est aussi vers le bas.  Le « mal »  s’étant jeté au visage de la population,  il n’en reste finalement d’à peu près intacte que la face cachée, la ville souterraine: intacte et insondable car ses vastes couloirs ont été plongés dans une nuit définitive.

Les communications sur l’extérieur et les ouvertures ensevelies, toute cette œuvre, qui prolongeait sous terre la lumière de la ville, s’est abîmée en gouffre inexorable. On pourrait songer présentement que ces sous-sols sans lumière, coupés de la surface, pourraient être  impropres à toute forme de vie, fût-elle larvaire ou végétale. En fin de compte, c’est une sorte de terme, d’inconnu au-delà de l’agonie de la ville. Après, il n’y a que la terre profonde et noire des morts.

Les souterrains, qui ne communiquent plus avec l’extérieur, ouvrent quelque part, vers ces dernières profondeurs. Il ne reste qu’un passage accidentel de la surface vers ces retraites extrêmes qui sont par ailleurs totalement isolées, celées comme une pyramide. Les vrais accès ont toujours été secrets et, s’ils existent encore, le sont restés.


*

Presque invisibles dans la brume d’un ciel crépusculaire, accrochées  aux parois de la crête d’une montagne,  telles de gigantesques gargouilles  dominant le vide, des créatures veillent. Par cette nuit glaciale, elles tiennent repliées sur leurs carcasses  leurs ailes sans cuire et ramènent contre elles leur longue queue cagneuse. Les cervicales, parcourues d’une crête osseuse prolongeant l’épine dorsale, portent bien droites ces têtes massives. Des cornes d’ivoire percent et ornent les crânes aux mâchoires brutales. De leurs cavités nasales, suintent des suées de condensations moribondes qui s’exhalent vers des orbites profondes. Derrière elles, on devine des globes blanchâtres qui  brillent d’un éclat vif, occulte et terriblement  inhumain. Les créatures sont immobiles, assises les serres fichées dans la pierre. Elles  observent le territoire dont elles dépendent. C’est le terme d’une lande, démesurément étirée, envahie par les ronces et les chiendents. Et là où finit la lande épineuse et commencent les montagnes qui jouxtent la province d’Edhesse, enserrant le nord-ouest de la vallée, là se dresse Lanilys. Des guerres souillèrent son coeur.  Un sort bien commun à tant d’autres. Des escadrilles de créatures, tout droit sortie des antres de la terreur, pillèrent, torturèrent, ravagèrent et déversèrent l’âcre fumée des enfers. Puis d’autres sages créatures vinrent répandre la sainte fumée purificatrice. Les rares survivants durent réfugier leur vie dans les sous-sol  de leur ville,  cherchant l’oubli.
Cela arriva en des temps que les âmes disent très anciens, des temps qui pourtant ont propagé et circonscrit cette  mémoire dans l’obscurité.
Hors les ancêtres spectraux, nul ne sait plus rien du devenir de la cité, rayée des cartes. Mais de cela ces « cerbères » n’ont cure et, sur leur sommet rocheux, ils  écartent leurs membres osseux et adressent au ciel leurs stridulations glauques. Lâchant prise, ces créatures volantes basculent soudain et tombent à pic vers la basse ville, le squelette tendu pour mieux fendre l’air, tête la première, les ailes collées contre leurs côtes. La descente est vertigineuse. Les flans se déploient dans des craquements d’os simultanés. Les plongeons deviennent des vols planés que ces grands volatiles prolongent à plaisir, au raz de la ville qu’ils gardent.

La cité semble s’animer enfin…

A tout autre que ces dragons d’os, la ville paraîtrait de belle taille, tandis qu’ils ne voient en elle qu’un accident dérisoire, en regard de leur propre existence. En outre, Ils considèrent chacune des créatures de la cité, ainsi que ces créatures les considèrent. Ils s’inscrivent mutuellement dans leur esprit et n’obéissent qu’à un seul être.

L’écho d’une voix grave et suppliciée s’échappe  des bas-fonds de la ville.

-Dame , Grâce !
Il y a plus triste qu’un ciel d’exil, c’est un ciel de pierre. Et plus triste qu’une prison de pierre, c’est une prison sans murs, sans fond. Une prison sans fin où la vie perd pied et se dissout…

...
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Lucea

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MessageSujet: Re: Lanilys   Lanilys EmptyJeu 19 Déc 2013 - 13:17

Nul besoin de fers et de sortilèges ou presque pour dissuader les âmes piégées de s’enfuir des abîmes de la cité car la peur est leur carcan.

On ouvre sur une alcôve souterraine dans les bas-fonds de Lanilys. Les murs et les sols de pierre règnent sans artifice, seules des torches animent la scène clair-obscur. L’homme est debout, le dos plaqué contre le mur de roche, le corps moite et le teint blême par l’émotion qui l’imprègne. Sans arme, ni pouvoir, il tente de déjouer son angoisse. Immobile, Lucea toise son hôte avec une précaution passionnée, pure jusqu’à la sauvagerie.

D’une voix suppliciée, l’individu engage une plaidoirie.

- Dame, Grâce !
- Il y a plus triste qu’un ciel d’exil, c’est un ciel de pierre. Et plus triste qu’une prison de pierre, c’est une prison sans murs, sans fond. Une prison sans fin où la vie perd pied et se dissout…



*
- Patience,

Entonne la voix coulante de la jeune femme.

- Je ne t’ai pas encore soumis au martyre mais je savoure ta litanie. Je ne sens pas le fumet de ta haine mais je puis t’incliner à l’apprécier avant peu et la faire jaillir dans les tréfonds de la ville pour ma félicité.


- Votre félicité … est gavée du langage de souffrance des êtres, n’est-ce pas ?


- Tu as raison, j’aspire à la satiété morbide.

Pontifie-t-elle allègrement.

- Pourquoi se gaver d’émotions mauvaises ? J’ai connu joie, bonheur, étourdissement qu’on nomme amour. N’est-ce pas plus noble d’en remplir votre coeur, plutôt que de vous rassasier du malheur des autres ?

- La joie et le bonheur sont des sentiments rares. La haine est présente, toujours, prête à exploser, si facile à trouver, tapie dans le coeur des êtres, des hommes et des femmes. J’ai éprouvé la joie, j’ai éprouvé la souffrance. J’ai appris les émotions qu’elles déchaînent, et qui ont sclérosé mon âme. Je ne peux plus m’en passer. Je sais qu’il existe autant de nuances et variations qui rendent le monde aussi imprévisible qu’excitant.
Cherche l’amour, tu dépériras ! Alors que la haine est là, prête à être avalée, n’attendant qu’un signe fugace pour déborder. L’amour est éphémère. La colère, avec la jalousie, la convoitise, le désespoir, la souffrance, la renonciation, tout ce qu’il y a de sombre dans le langage des races, les épaulent sur la voie qui construit leur destinée. Et tous se subliment dans la violence. Même l’amour, quand il n’est pas assouvi, génère une noirceur affolante. Il n’y a aucune solution. Ma soif est insatiable. Elle grandit avec chacune de mes orgies cruelles.
Fuis si tu le peux encore mais la soumission serait un choix de premier ordre. Tu le regretteras toujours, mais tu vivras la plus étourdissante agonie !

Accompagne- moi vers ton futur …

*

Lucea ouvre le pas dans l’ascension d’artères complexes, sans bruit, son corps glissant dans l’obscurité avec  fluidité. Le malheureux la suit sombrant dans l’hypnose de sa peur, précédé par une ombre furtive. Ils passent de l’obscurité d’un souterrain à l’obscurité d’un ciel et débouchent sur une esplanade sans fin parsemée de poussière. Silence total, ambiance pesante, lumière plombée.

D’une voix désespérée l’homme trahie l’aura oppressante.


- Ce lieu est léché par l’haleine de la mort. Il est ici une chose qui grandit, qui m’aspire…

- Le jour se lève. Regarde et rassasie-toi !


Les yeux fermés, les mains jointes sur son sceptre, la nécromancienne entame une prière silencieuse.

A peine quelques rayons de lumière livide, hésitante, se sont-ils glissés sur le sol gonflé d’un épais brouillard que le silence se déchire d’une multitude d’explosions. L’air siffle. Sur les dalles se profilent de grandes ombres célestes accompagnées de sifflement lugubres. Soudain, des êtres immatériels sortent des anfractuosités de la ville, poussées par la fureur et la rage. Leurs visages sont serrés de rides mauvaises, leur chair tendue se crispe. Ces spectres hystériques râlent et hurlent, cernés de fumerolles qui cinglent l’air d’une haine acérée et froide. Ils courent, ces damnés aux ailes de furie, portés par les déflagrations qui font sursauter le jour à peine réveillé. Des liches aux yeux de suie qui luisent sous leurs mantes des ténèbres arborent cruellement leur poignard sacrificiel. Dans une expiration acharnée, des banshees hurlent et rejoignent le cortège. Leurs yeux sont un gouffre où retentit l’écho de la folie, une folie âpre et violente. Elles vibrent et se confondent avec l’éther agonisante.
Il n’y a plus que douleurs et confusion.


Lucea ne bouge pas, ni ne respire, elle frémit, exaltée par la tourmente. Les yeux clos elle reste à l’écoute de l’homme gisant à ses pieds, dont le corps lutte contre les spasmes de son effarement. Il voudrait fuir. Mais il reste là, aspiré par l’effroi. Hanté et torturé par les cris, il tremble de connaître une ivresse si incontrôlable.

- Je voudrais fuir mais c’est impossible !


- C’est parce que tu t’abreuves de la douleur, de la crainte de la mort et de son baiser odieux. Mon coeur s’assouvit du chaos et de la désespérance !

- Je me dilue dans l’ivresse qui vous enjoint cette joie morbide. Ma volonté de résister s’étiole et je me laisse infester !

- Tu t’imbibes de la souffrance, extase funeste, vent de démence !

- Je suis l’une d’elles et je comprends que je dépérirai une fois l’assaut achevé, une fois le calme et le silence revenus.

- Le seul avenir qu’il te restera à espérer sera un nouveau déferlement de cette démence. Tu iras là où les êtres souffrent et font souffrir, selon mon bon plaisir !

- Là où l’horreur est si affolante que nul n’est assez fort pour l’oublier.


*

Le silence reprend ses droits.


Abandonnée à la brume, la place s’anesthésie, au coeur de la cité, livrée à la désolation et à la solitude.




*
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Lanilys

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