Le Monde de Kalamaï
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 [PV : Joséphine] Transhumance

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N'Gha N'Ghft

N'Gha N'Ghft

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MessageSujet: [PV : Joséphine] Transhumance   [PV : Joséphine] Transhumance EmptyVen 14 Avr 2017 - 18:21

En noir sont les dialogues exprimés en langue commune, en rouge foncé sont les dialogues exprimés en langue infernal, cela vaut pour tout le RP.


Il compta. Une, deux, trois, quatre dizaines. Verrouiller la porte de l'enclos en ferraille. Taper sur les doigts de ceux qui secouent les barreaux en s'égosillant. Chariot suivant. Répéter l'opération. Faire un exemple avec un mâle un peu trop revendicatif. Ils avaient remplis deux embarcations sur quatre. Encore un village et cela devrait suffire pour cette fois-ci. L'esclavagiste se réjouit de la qualité de la marchandise en triturant sa corne gauche minuscule. Il pavanait autour des cages de métal en insultant les créatures. Des petites bêtes à la peau rose, recouvert de tissus terreux, paniqués de savoir où on les emmenait et ce qu'ils allaient advenir d'eux. Des humains. Il se pourlécha le creux formant sa bouche, laissant apparaître des centaines de dents minuscules et pointues. La peur avait une odeur. Elle se sentait dans les regards, les voix et la sueur. Marquant ses pas d'une lourdeur due à sa ventripotence triomphante, il savait l'effroi qu'il instillait aux bestiaux. Sa langue était longue, il portait un collier d'humérus autour du cou, son nez était courtaud et retroussé, son crâne chauve arborait de nombreux marques de coups, il possédait quatre jambes et ses petits yeux profondément enfoncés dans son visage resplendissaient d'une lueur jaune. A dire vrai, son apparence originelle le prédestinait déjà à ce métier, et les années de pratique ont renforcé cette aura qui collait au cuir de sa peau.

C'était la même procédure depuis quelques semaines. Ils venaient au nombre d'une dizaine, déterminés, dans un village assez peu protégé. Ils annihilaient toute forme de résistance et ceux qui ne voulaient pas mourir devaient entrer dans ces grandes cages en métal jonchant sur des caravanes encore plus imposantes. De rafle en rafle, ils ne laissaient simplement que des villages fantômes derrière eux. Des bourgades avec comme spectacle pour les visiteurs des linges en train de sécher pour l'éternité, des marmites renversées, des bêtes malades et fatiguées, des champs bêchés qu'à moitié, une toile dont la vie s’évapora instantanément dans les sillages poussiéreux de leur parcours.

Il avançait en tête de peloton, le corps couvert d'un haillon noir. Il s'agissait d'un drap rapiécé qu'il trouva il y a quelques semaines. Cela permettait de couper un peu la fraîcheur du vent lorsqu'il voyageait en extérieur, tout en cachant une partie de son corps, jusqu'en bas de son ventre tout au plus. Il dominait tout le monde de sa taille, même le plus grand de ses congénères. Il marchait en avant sans se retourner, en priant que cela se termine bientôt. Encore un ou deux village à faire,
ça allait être long. Il s'imagina être autre part, sur les bords de la côte au nord-est, au plus haut des monts proches de leur repère, dans l'épaisseur verte des forêts qu'ils n'avaient pas encore consommé pour leurs industries. Loin. Loin des couinements, des reniflements d'infernaux, des grincements des roues, de la boue qui se décollait à chacun de ses pas, de l'odeur de tout ce bétail qui transpirait. Actuellement, il est au bord de son secrétaire en train de déguster un foie aux noix et aux mûres, en train d'écouter une des nombreuses légendes qu'Edmon, le plus érudit de ses esclaves, savait narrer de la plus belle façon.

- Chef, je pensais séparer les mâles des femelles lorsque nous arriverons au prochain village. Cela permettrait de faciliter le tri une fois à destination.
- Bien, faites, se contenta t-il en guise d'accord.


Le tri fut effectué et la lune terminait sa course dans le ciel. Il insista pour ne pas prendre plus d'une heure pour le chargement afin qu'ils puissent quitter les grandes routes avant l'arrivée du soleil. Il ne savait pas ce qui se déroulait sur ces chemins en plein jour mais il préférait autant que leurs activités restent méconnues. Ils progressèrent vers le sud-est pendant plusieurs lieux avant de déviér vers le nord, afin de se rabattre vers l'orée des bois. Il était las et finit par s'installer à côté du cocher pour le reste de leur voyage. Ces petites bêtes à sabots étaient plutôt utiles. Elles avaient une tête singulière, le poil ras et leurs cuisseaux puissants leur permettaient de transporter de lourdes charges. Les humains s'en servaient pour retourner la terre de leurs champs, désormais, ils leur servaient à eux. Apparemment, cela s'appelait "chevaux". Il se sentit frustré d'être trop grand pour pouvoir en monter un tel qu'il aperçut faire les humains, au hasard d'une de ces moments d'évasion en solitaire. Heureusement que la lumière de la torche sur le bord de la roulotte illuminait l'horizon sinon il aurait sombré dans les affres du sommeil. Quelle pitié qu'il ne put resté au camp. Son limier ne pouvait accompagner cette caravane alors il dût s'en charger. On ne pouvait faire confiance à ceux qui n'étaient pas des fils de Père, ils étaient programmés pour désobéir. Si seulement.. Klunc craaacc. Brusquement, son corps chavira vers la droite, le chargement s'écrasa dans l'herbe mouillée et une des roues avant continua sa route en solitaire devant eux sur quelques mètres avant de retomber en faisant des arcs de cercle. Il se replaça facilement sur ses jambes en constatant qu'il ne serait pas au bout de ses peines pour cette nuit.

Il ne fallut pas longtemps pour comprendre qu'en passant une butte un peu raide, cela eut raison de l'usure de l'essieu avant-droite. Il a simplement suffit d'un petit renfoncement dans le sol pour faire éjecter la roue. Situation, compréhension, réflexion, adaptation. Ils firent sortirent les mâles les plus forts afin qu'ils portent le côté droit de la caravane endommagée. En totalité, ils avaient une caravane pleine, une autre semi-pleine et endommagée et deux autres fonctionnelles. Ils auraient pu laisser l'infonctionnelle ici mais cela consistait à se priver d'un bien qui leur avait été très utile jusque là. Autant faire travailler les autres, ça permettrait de les fatiguer et par conséquent, de limiter leur volonté de résister. En réalité, et malgré tout l'effort déployé à forcer les hommes à soulever l'embarcation, cela ne fonctionna pas. Ce n'était pas des mauvais bougres lorsqu'il s'agissait d'agir sous la contrainte, mais quelques têtes volèrent au loin quand même. Finalement, ils divisèrent le chargement par deux et placèrent une moitié dans une troisième caravane. Cela impliquait un infernal de moins à la surveillance soit huit désormais, et, un de plus à la conduite.

Il était tard le matin quand ils arrivèrent enfin à l'orée de la forêt. Il fallait pousser les chiens dans leurs retranchements afin qu'ils cachent les caravanes un peu plus profond dans les bois. C'était presque fini. Un tour de garde s'organisa et il se soulagea de pouvoir s'isoler un peu de l'expédition. Il marcha une minute dans une direction quelconque, s'arrêta entre deux arbres, puis urina. Les soulagements les plus simples sont parfois les meilleurs. Finalement, d'humeur coquine, il grimpa sur ses deux montants feuillus pour s'allonger sur une très grosse branche. Ses doigts crochus dépassaient de son vêtement et ses jambes pendaient dans le vide, mais il se sentait bien. Il ferma les yeux un instant. Un très long instant. Puis, il faillit à la tâche quand il s'agit de ménager la vigilance et l'endormissement.


Dernière édition par N'Gha N'Ghft le Ven 5 Mai 2017 - 13:15, édité 3 fois
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Joséphine

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MessageSujet: Re: [PV : Joséphine] Transhumance   [PV : Joséphine] Transhumance EmptyVen 14 Avr 2017 - 22:47

Joséphine se laissa tomber à genoux sur la berge boueuse, exténuée. Son souffle était court. Les crampes et les foulures martyrisaient ses muscles fatigués. Les cernes sous ses yeux trahissaient son manque de sommeil. Mais enfin elle pourrait soulager sa gorge irritée, aussi aride et râpeuse que le sable de son Naxopole natal. Elle était loin de chez elle mais se savait toujours en danger. Il ne pouvait en être autrement lorsque l'on enfreignait la loi non écrite des clans d'assassins qui gouvernaient le monde des ombres. La fuite devenait la seule possibilité, entretenant l'espoir qu'un jour ils abandonneraient la traque. Mais lancée à ses trousses, Éloa n'existait plus, la personnalité de Givre-Vent ayant remplacé l'aspect d'humanité qui la caractérisait alors. La tueuse la retrouverait et ferait ce pourquoi elle fut entraînée, aussi froidement que le surnom qui lui fut attribué. Cela semblait si lointain... Depuis longtemps Joséphine ne comptait plus les jours. Depuis longtemps les semaines s'étaient transformées en mois. Mais aucun relâchement ne lui était permis. Elle ignorait où elle se trouvait exactement mais savait que la distance qui la séparait de l'Édhesse était encore importante.

L'assassin aux cheveux cuivrés plongea son visage entre deux nénuphars et but goulûment l'eau stagnante de l'étang. Les bienfaits de l'hydratation ne tardèrent pas à se faire ressentir sur son corps asséché. Revigorée, elle sentait son énergie se régénérer. Son goût âpre ne la repoussait pas, bien au contraire. Cette eau lui apparaissait comme un cadeau divin qu'une entité providentielle lui offrait. Joséphine n'y renoncerait pas. Son existence de fugitive ne lui permettrait jamais de connaître les caprices dignes de petites princesses gâtées. Un tel luxe lui était inaccessible et le resterait jusqu'à ce que la mort ne se lasse de ce petit jeu.
Une fois les besoin de la soif estompés, elle s'éclaboussa le visage sans retenue afin d'y enlever la sueur et la poussière qui s'accrochaient comme d'affreux parasites à sa peau moite. Depuis combien de temps n'avait-elle pas fait sa toilette, elle ne pouvait le dire. Une semaine, peut-être deux. Il s'agissait d'un autre luxe qu'elle ne pouvait se délecter. Les moments de repos se raréfiaient. Sa longue chevelure rousse, attachée en queue de cheval, était ébouriffée et avait perdu toute sa superbe. Elle se savait crasseuse et n'aurait même pas osé regarder son reflet dans l'étang si l'eau avait été suffisamment claire. Ses vêtements de voyage en lambeaux ressemblaient maintenant davantage à des haillons, le bleu royal de sa tunique aussi terne que la nuit. Son pantalon avait-il déjà été aussi blanc que la neige ? Sa propre peau avait perdue des couleurs comme si sa vitalité se dissolvait en des milliers de fragments microscopiques, laissant une enveloppe charnelle qui, progressivement, deviendrait plus morte que vivante. Joséphine supportait les privations et endurait la solitude depuis si longtemps qu'elle commençait à douter de sa propre existence. Qui était-elle et que devenait-elle ? Perdait-elle le contrôle de la situation ? Avait-elle déjà été en contrôle ? * Joséphine... reprends-toi ! *

Elle ferma les yeux puis prit une profonde inspiration avant d'expirer lentement, calmement. Elle répéta le geste une seconde fois, puis une troisième fois, ainsi qu'une quatrième fois. Elle reprit le contrôle de sa respiration saccadée. Son énergie canalisée, les brumes de son esprit se dissipèrent. Le doux bruissement des feuilles au-dessus d'elle l'apaisait. Un moustique bourdonnait autour d'elle. La boue froide collait à ses vêtements, lui rappelant l'endroit où elle se trouvait. Tout redevenait clair et elle se sentait soulagée. Peut-être l'instant était-il venu de prendre un peu de temps pour elle.

La jeune femme se redressa et posa les mains sur ses hanches en fixant l'étang. L'étendue d'eau n'avait rien d'un bassin d'eau claire et limpide mais elle avait connu bien pire. Elle osa un discret sourire, éclairant son minois d'une étincelle de douceur et de naïveté. Pourquoi ne pas profiter de ce répit pour nettoyer au mieux  ses vêtements. Pourquoi ne pas y nager, s'y détendre un bref moment...
Joséphine s'autorisa cet instant privilégié en sachant pertinemment qu'elle ne pourrait plus le faire avant longtemps. Elle se déshabilla entièrement. Nue, elle s'accroupie au bord de l'eau et lava soucieusement ses vêtements, un après l'autre. Ils ne retrouveront jamais leur couleur pure et chatoyante d'autrefois mais cela suffirait. 
Elle soupira avant de s'enfoncer doucement dans l'eau, graduellement, une jambe après l'autre. Aussitôt que le niveau de l'eau lui arriva au nombril, elle se propulsa vers l'avant et savoura la caresse de l'eau sur son corps délié. Elle se frictionna à l'aide de ses doigts afin d'enlever les impuretés et la saleté qui la recouvraient. Joséphine se revoya alors qu'elle n'était qu'une petite fille, jouant dans la mare près de son village après les corvées du matin. Un âge révolu qui ne subsistait que dans ses souvenirs avant qu'elle ne soit vendue par son propre père. Elle se sentait renaître et revivre. Du coup, elle recommença à espérer. S'emprisonner dans le désespoir teinté du malheur ne conduisait nulle part. Elle gardait espoir, confiante en l'avenir. Après tout, quelque part en Édhesse, sa sœur Arielle l'attendait. Joséphine retrouverait le chemin de sa bonne étoile.


Elle peignait ses cheveux à l'aide d'une branche rigide de framboisier lorsqu'un vacarme retentit non loin d'elle. Ses sens s'éveillèrent et l'alertèrent d'un danger. Il s'agissait d'un craquement sec et sonore, comme une structure de bois cédant sous le poids de quelque chose. Des cris et des clameurs retentirent aussitôt, suivit de vociférations graves et presque bestiales. Joséphine rassembla ses affaires, de bien maigres possession, à la hâte en maudissant son imprudence qui aurait pu lui coûter cher. Vraisemblablement ce petit havre de paix, comme elle se plaisait à nommer ce genre d'endroit, se trouvait à proximité d'une route et/ou d'habitations. Les conséquences auraient pu être terribles.
Avec la furtivité d'une panthère, elle plongea dans les ombres de la forêt qui dissimuleraient sa présence. La jeune assassin avait appris à disparaître dans les ténèbres et à se mouvoir sans être vue ou même entendue. L'ombre projetée par les arbres et les conifères de la forêt mixte et l'épais sous-bois lui procurerait un couvert idéal. Dans ces conditions, Joséphine devenait invisible et ne serait aperçue que si elle désirait l'être. Elle attendrait que le danger soit écarté avant de reprendre sa route.

D'autres cris. Des pleurs. Des suppliques. Des rires graves et caverneux. Des coups. D'où elle se tenait, immobile, Joséphine ne voyait rien mais elle entendait tout. Son ouïe affûtée percevait la détresse, la peur et le malheur. Elle entendait les grognements d'hommes qui ployaient sous un effort incommensurable, puis les ordres aboyés par des brutes assermentées. Joséphine ne pouvait qu'entendre mais les images dans sa tête lui permettait de comprendre ce qui se déroulait non loin d'elle. Elle avait déjà aperçu les souffrances de l'esclavage. Elle avait déjà vécu.
Elle s'avança avec une mobilité féline sans jamais altérer le déplacement de l'air, bien décidée à voir de ses propres yeux la vérité que son esprit imaginait.
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N'Gha N'Ghft

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MessageSujet: Re: [PV : Joséphine] Transhumance   [PV : Joséphine] Transhumance EmptyMar 18 Avr 2017 - 11:29


- Chef, on a besoin de vous, vite !

Le réveil eut quelque chose d'électrocutant. Il manqua de tomber à la renverse quand il bondit pour se remettre sur ses jambes. Son esprit était toujours endormi, mais ses réflexes étaient bien présents. La voix venait du dessous, un diablotin. Une des plus petites ressources que les infernaux comptaient parmi leurs forces. Celui-ci était particulièrement petit et repoussant. Il frotta ses yeux avec ses paumes avant de reconsidérer la situation, ce n'était pas la vision qu'il souhaitait avoir alors qu'il était encore engourdi par le manque de repos. Il souhaitait lui en faire payer le prix, mais il en avait définitivement pas la motivation nécessaire.

- De quoi s'agit-il ? se contenta t-il de demander.

En réalité, le petit être n'eut pas à répondre pour que l'information parvienne à son supérieur. Des bruits de coups et des cris de femmes se distinguaient au loin. La déduction de l'urgence de la situation parvint immédiatement à la raison de son supérieur.
Il sauta directement au sol, le poids de son corps fit légèrement trembler le sol avant qu'il se mette en branle en direction de l'agitation. Il attrapa son subordonné par la peau du dos et se promit de faire en sorte que son sort fasse en sorte de rappeler à tout le monde à quel point le respect du réit de son chef était précieux. En quelques enjambées rapides, il parvint au spectacle de l'absurdité. L'esclavagiste se tenait sur ses pattes arrières en agitant sa verge métallique devant lui. Un corps se trouvait à ses pieds. Des épaules larges, point de rondeurs sur le torse, il s'agissait d'un homme, mort vraisemblablement.
L'infernal à quatre pattes invectivait un autre de ses congénères Face à lui. Visiblement, il s'agissait d'une querelle à propos d'un prêt de femelle pour quelques heures. N'Gha N'ghft se précipita entre les deux et poussa au loin le plus pataud. Il fit des roulades au sol dans sa chute avant que ses nombreuses jambes le remettent facilement en marche. Lorsque son regard se porta à sa gauche, il put constater de plus près que la badine de l'adversaire fit du dégât. Il ignora la colère de l'esclavagiste qui clamait la légitimité de ses actes et se concentra dans le regard qui se présentait à lui. Cela transpirait la frustration, l'envie et la détermination. Le porteur de ses yeux noirs avait une oreille fendue en deux, le nez cassé et de nombreuses estafilades sur le corps. La conclusion de la situation vint rapidement à son esprit et le comportement à adopter également. Il plongea sur lui, les doigts tendus vers sa gorge. L'assailli ne se laissa pas faire et tenta de répondre par un coup de pied. Malheureusement, l'allonge de son chef était bien supérieure à la portée de ses jambes. Il le souleva lentement, assurant sa prise autour de sa nuque progressivement. Une insulte fusa à l’effigie du chien libidineux, c'était de la part du maître des esclaves. Son regard pétillait d'intensité lorsque celui de sa victime perdait l'éclat de la vie dans ses prunelles. Cela prenait du temps de tuer quelqu'un par asphyxie, un temps nécessaire et propice à théâtraliser le spectacle de son autorité.
Il ne prononça pas le moindre mot, le silence était suffisamment éloquent pour qu'ils comprennent tous. Encapuchonné de son lin comme d'un suaire, le tableau ressemblait à la mise à mort par un spectre. La longueur de ses membres était rare, le crochet de ses doigts rentraient doucement dans la peau, les mouvements de respiration de sa cage thoracique ne se distinguaient pas. Il finit par atteindre un point précis et désiré. D'un mouvement sec, il rapprocha ses mains et serre entre ses paumes de toutes ses forces. Ses bras tremblaient légèrement sous l'effort. A l'instant même où l'os hyoïde finit par céder en bruit de craquement, des prières bredouillantes se firent entendre de la part des cages. Il défit sa prise et laissa le second corps s'écraser au sol sans aucune attention. Il respira profondément avant d'entamer une phrase en langage infernal.

- Qu'on mange son cadavre et celui de l'humain, je ne veux pas de traces de notre passage.

Après l'absurdité, la gourmandise. Il ne fallut pas beaucoup de temps pour que ses ordres soient exécutés avec un certain excès de zèle. Il s'imposa pour récupérer un peu de muscle d'homme avant d'aller s'asseoir à même le sol. Il regardait avec un certain intérêt. Le goût de l'infernal aurait été trop fort pour lui, en tout cas pour son réveil assez soudain. Les plus petits se jetèrent sur le strangulé. Des croyances primitives établissent que manger un adversaire vous fait gagner sa force, quelle naïveté. L'esclavagiste prit une jambe et les parties intimes. ça, c'était aussi une autre croyance qu'il préférait ignorer. Il savoura le regard plein d'effroi des esclaves tout en mâchant sa viande. Ils devaient les considérer comme des monstres, des abominations que le destin eut la perversité funeste de mettre sur le chemin de leur vie. D'une façon, cela le rendait triste d'être considéré ainsi. D'une autre façon, cela assurait une certaine tranquillité de vie qui lui convenait parfaitement. Des rayons solaires traversèrent les feuillages et firent briller le vermeil de sa viande entre ses doigts. Il était certainement midi, il avait donc encore des heures de sommeil à rattraper. La digestion serait le moment idéal pour s'adonner à un pageot. Un vent se souleva du fond des bois et fit voleter les tissus de son vêtement.

Tout à coup, les mangeurs de l'infernal levèrent le nez de leur agréable besogne. Ils agitèrent leur museau en reniflant à plusieurs reprises. Ils discutèrent à voix basse et tournèrent communément la tête vers l'esclavagiste. Celui-ci se leva péniblement et vint à leur place. Il sentait exactement la même chose. Le vent lui apporta l'odeur d'un autre être humain. Une femme de surcroît. Une chaleur envahit son ventre et son bas-ventre. Il la voulait, cela pouvait être sa récompense pour avoir entamer la correction qu'avait mérité celui qui servait désormais de repas. Il consulta son chef du regard et il vint à sa rencontre. Il avait un odorat moins développé mais il reconnaissait une odeur d'humain, sans être capable d'identifier sa présence davantage.

- Une femme est dans ces bois, laissez-la moi, je l'ai mérité.
- Non. Elle est peut être loin et je refuse que l'on soit remarqué, d'une façon ou d'une autre.


Son discours n'était pas très convainquant, mais la preuve au sol suffit à persuader l'interlocuteur du gage de sa supériorité. Le pansu se mit à ronger l’élasticité de son morceau avec plus d'insistance puis retourna à sa place. N'Gha N'ghft gratta son menton en réfléchissant.
Il ne souhaitait pas repartir sur les routes à cette heure de la journée, cela constituait un risque majeur d'être découvert. Néanmoins, la présence éventuel de cette femme poussait à réagir. Il bricola une solution avec la flétrissure de son esprit fatigué. Il donna diverses instructions en espérant un résultat au moins acceptable. Les caravanes furent couvertes de branchements et de feuilles. Les esclaves reçurent la menace très explicite que le moindre mot serait puni au centuple. Les infernaux, à l'exception de l'esclavagiste, montèrent haut dans les arbres en tâchant de se camoufler s'ils le pouvaient. Celui à quatre pattes creusa profondément en dessous d'une souche de manière à pouvoir se fondre dans la pénombre de cette tanière improvisée. L'être à la peau mauve choisit de se glisser en dessous d'une des caravanes, il voulait avoir la main mise sur cette humaine avant qu'un autre en fasse autrement.


Dernière édition par N'Gha N'Ghft le Jeu 27 Avr 2017 - 12:59, édité 2 fois
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Joséphine

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MessageSujet: Re: [PV : Joséphine] Transhumance   [PV : Joséphine] Transhumance EmptyJeu 20 Avr 2017 - 16:38

* Des Infernaux ... Encore ces démons... pourquoi nous cherchent-ils querelle ? Pourquoi nous veulent-ils du mal...* Joséphine se souvint instantanément de son affrontement contre l'un des membres de cette race du monde d'en-dessous. Il se faisait appeler Dolgoroth le furieux et commandait une bande de mercenaires humains, certainement des anciens soldats désillusionnés ou enrôlés de force. Elle se rappelait à quel point il les commandait d'une main de fer, utilisant à son avantage la crainte qu'il leur inspirait. Eux aussi lançaient des rapines sur les communautés humaines et visaient la capture d'esclaves. Pour libérer son père et son frère, Joséphine s'était lancée à leur trousse, avait infiltré le campement des mercenaires et avait combattu l'Infernal. Grâce à l'effet de surprise et à ses impressionnantes compétences martiales, elle avait remporté la victoire. Dolgoroth le furieux fut tué de sa main et les esclaves survivants furent libérés par les mercenaires, ces derniers également libérés du joug de leur terrifiant tyran. Mais dans un excès de rage, ou bien de désespoir (Joséphine ne saurait le dire), le monstre avait laissé ses empreintes sur elle en guise de cadeau d'adieu. Instinctivement, la jeune femme posa ses doigts sur les cinq cicatrices qui défiguraient son beau visage qui trahissait la douceur et la compassion qui la caractérisait tant. Elle avait guéri depuis mais devra probablement vivre balafrée pour le restant de ses jours. Ces marques ne disparaîtraient pas, cruel rappel de ce que coûtait la méconnaissance d'un adversaire. Jamais elle n'oublierait la souffrance qu'elle avait éprouvée lorsque les griffes s'enfoncèrent dans la chair de son visage et la lacérèrent jusqu'au buste. Mais elle ne regrettait rien. Son père et son frère vivaient et ils étaient libres et en sûreté. Cela en avait valu ce sacrifice.

Perchée du haut de son petit promontoire rocheux, cachée dans l'ombre des arbres, Joséphine n'avait rien raté de ce qui se déroulait sous ses yeux. Ces démons étaient nombreux, peut-être une dizaine, mais la discorde régnait manifestement entre eux. Suite au sadique massacre d'un homme sous les coups de l'un des escorteurs infernal, ce même démon se querella avec l'un de ses congénères pour une raison inconnue à la jeune femme. Elle ne saisissait rien à leur langue gutturale. Mais la cause de cette rixe semblait concerner une femme, une esclave, qui pleurait toutes les larmes que pouvait offrir son corps meurtri. Les hommes et les femmes capturés et enfermés dans les cages étaient tous en piteux état. La jeune assassin pouvait ressentir la détresse de tous ces gens et elle souffrait pour eux.
Un nouvel Infernal qu'elle n'avait pas remarqué se précipita pour interférer entre les deux belligérants. Celui-là était très grand et son visage, moins « démoniaque » mais pas moins bestial, la troubla jusqu'au plus profond de son être. N'aurait été de sa peau violacée, de ses cornes et de la lueur malfaisante qui illuminait son regard, il aurait pu avoir un aspect humain. De ses bras puissants, il souleva par le cou son interlocuteur pourtant bien plus imposant que lui et l'étrangla jusqu'à ce que mort s'ensuive.
Le cadavre retomba lourdement au sol et l'Infernal ordonna quelque chose. Tous les autres se ruèrent sur le cadavre de leur congénère afin de leur dévorer. Joséphine retint un haut le cœur devant ce spectacle abominable de cannibalisme. Elle venait d'apprendre quelque chose: les Infernaux n'hésitaient pas à s'entre-dévorer... et ils le faisaient avec un appétit dérangeant. Ils déchiraient les entrailles, arrachaient les membres, tiraient les boyaux et mâchouillaient les chairs sans aucune considération d'espèce. Joséphine en était révoltée. Sa première rencontre avec un de leur représentant lui avait appris à détester cette race maléfique, dominatrice et violente. À présent, ils la bouleversaient. Elle se sentait hantée comme si un cauchemar angoissant prenait soudainement vie. Ces créatures abjectes n'étaient que des aberrations contre-nature.

La jeune rouquine demeurait immobile, à couvert, incapable de quitter ce lieu. Non pas que la peur la figeait sur place, mais elle cherchait plutôt un moyen de venir en aide à ces malheureux qui se dirigaient vers un destin que nul ne mérite. Joséphine cherchait une faille, un moment opportun et, surtout, un plan qui lui permettrait d'agir. Mais les Infernaux étaient nombreux.... et les cages dans lesquelles les esclaves se trouvaient étaient certainement verrouillées. Pour compliquer la situation, il ne faisait pas encore nuit. La jeune femme promenait son regard et éveillait tous ses sens à la recherche d'un élément pouvant lui donner une petite chance.
Elle songea à Dolgoroth le furieux qui, selon les apparences, figurait comme un puissant guerrier parmi les siens. Elle l'avait pourtant vaincu et se promit de ne pas commettre la même erreur que la première fois. Mais les apparences s'avèrent trop souvent trompeuses, elle l'avait appris à ses dépends. Puis, Dolgoroth était seul de son espèce. Dans le cas présent, ils étaient près d'une dizaine. Elle ne pourrait jamais en affronter autant et espérer l'emporter. * Pense Joséphine... réfléchis... *

Au même moment, leur visage couvert du sang de leur ancien camarade, les Infernaux levèrent le nez vers le ciel et humèrent l'air. Certains balancèrent leur visage de gauche à droite sans cesser de renifler, comme s'ils cherchaient quelque chose. Quoi exactement, Joséphine l'ignorait mais n'aimait aucunement cela. Elle s'accroupit davantage dans le sous-bois et prôna une stratégie d'attente. Elle comptait les observer, apprendre davantage d'eux et considérer les faiblesses qu'elle pourrait éventuellement exploiter. Déjà, elle notait une rivalité qui les divisait et leur nature cannibale. Qui sait ce qu'elle pourrait en tirer. Elle ignorait toutefois que leur odorat surdéveloppé avait détecté sa présence...

Ils couvrirent alors les cages à esclaves de feuilles et de branches. Certains d'entre eux se postèrent aux alentours à des endroits stratégiques, entourant ainsi la caravane. *Le soir tombe... ils vont établir un camp pour la nuit. La nuit... le noir... j'aurai une chance... * Joséphine recula d'un pas prudent, silencieuse et invisible, et s'éloigna. Elle savait qu'ils ne bougeraient pas de là, contrairement à elle qui parvenait à se mouvoir dans le noir comme si elle-même était la nuit. Joséphine céderait sa place à Danse-Flamme.

*          *          *          *          *          *          *          *          *          *          *          *          *          *          *


L'assassin les espionnait à nouveau. Quelques Infernaux s'attroupaient autour de feux de camps tandis que quelques-uns montaient la garde près des cages et des chariots. Joséphine tournait autour du campement telle une brise nocturne. À la manière d'une panthère, elle guettait sa proie et cherchait le meilleur angle d'attaque. Joséphine, lorsque devenue Danse-Flamme, se transformait en un prédateur capable de surgir des ombres pour lancer une attaque mortelle qui n'autorisait aucune riposte. Aussi sombre que les ombres, l'œil ne la voyait pas. Aussi furtive que le silence, l'oreille ne l'entendait pas. Toute sa vie elle fut entraînée pour atteindre un niveau d'excellence dans l'art de la discrétion. Elle fut formée pour être une tueuse mortelle, maîtresse des armes et de la nuit. Joséphine haïssait ce qu'on avait fait d'elle, contre son gré. Elle connaissait les horreurs de l'esclavage.
Elle portait sa combinaison noire en cuir qui épousait magnifiquement son corps souple comme s'il s'agissait d'une seconde peau. Son visage, masqué par un voile bleu cendré, ne laissait apparaître que deux yeux surmontés d'une longue crinière rousse. Cette fameuse queue de cheval flamboyante qui suivait avec grâce tous les mouvements qu'elle exécutait lui avait valu son surnom de Danse-Flamme. Dans le voile ténébreux de la nuit, elle disparaissait entièrement. Pourtant elle ne restait jamais immobile. Elle réduirait leur nombre, les neutralisant les uns après les autres, en frappant à la vitesse de l'éclair sans leur laisser la moindre chance pour ensuite retrouver le couvert de l'obscurité. Une guérilla, véritable guerre d'usure et psychologique, voilà la stratégie qu'elle avait mise au point. Elle se rapprochait de l'un des démons qui montait la garde un peu en retrait des autres. Elle le fixait, celui qu'elle ciblait. Cet Infernal était un peu plus petit que les autres. Il ferait une bonne victime pour commencer... mais patience. Il commettra une erreur.

* Voilà ma chance....*

 Comme l'assassin s'en doutait, les Infernaux ressentaient parfois d'urgents besoins essentiels... notamment celui d'uriner. Elle le regardait s'éloigner davantage de son poste... hors de portée d'action de ses camarades. Joséphine dégaina son wakisashi avec une douceur presque maternelle. Lorsqu'elle frapperait, elle n'arrêterait pas. Celui-là n'aura pas la chance de répliquer.
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N'Gha N'Ghft

N'Gha N'Ghft

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MessageSujet: Re: [PV : Joséphine] Transhumance   [PV : Joséphine] Transhumance EmptyVen 21 Avr 2017 - 20:24

L'attente a été longue. A vrai dire, elle a même été trop longue. Sans attendre un ordre ou l'autorisation, les cabots quittèrent les branches pour se regrouper au sol. En l'espace d'un instant, la concentration sur son visage se déconfit en une expression mêlant l'exaspération et la surprise. Il y avait définitivement un soucis à régler de ce côté là. L'autorité ne vient pas de soi mais de la part des autres. Elle peut s'imposer par la peur, la légitimité ou la contrition. La peur de mourir ou de finir aux fers n'était pas une motivation suffisante pour que leur obéissance soit sans faille, la preuve en était devant lui. ça n'était pas orthodoxe mais il songea à peut-être opter pour la tactique de la récompense plutôt que celle de la punition. L'évidence lui apparut en un rappel de sa mémoire quand il troqua son accès à la surface contre certains ordres à effectuer. Il avait nécessairement des choses qu'ils désiraient. Et s'il ne les possédait pas encore, il saurait se les procurer, de gré ou de force. Par la suite, il suffirait de modérer habilement le sentiment de plaisir et de frustration pour qu'ils soient esclaves de leurs propres désirs.
Oui. Les pas à pas de sa réflexion l'amenèrent sur le chemin de la solution. A son retour à la forteresse, il y aurait du changement.

Il sortit de sa cachette infantile et jeta un œil aux alentours. L'air devenait un peu plus froid alors que le soleil se montrait distant dans le ciel. Il était certainement le début de la soirée. Vexé dans son orgueil d'avoir eu à se cacher pour rien, l'esclavagiste ordonna à distance l'établissement de quelques feux de camp. Faisant face au refus interloqué de son supérieur, il expliqua le but de la manœuvre : les esclaves n'allaient pas survivre et servir très longtemps s'ils tombaient malades avant d'arriver à destination. Il leur restait deux caravanes à remplir, un village à attaquer et un trajet de retour d'une trentaine de lieux, ça n'avait aucun intérêt que la moitié de la cargaison meurt en chemin de cette façon. Suite à son explication, un dégoût vint à l'esprit de N'Gha N'ghft. Comment des créatures aussi fragiles pouvaient-elles survivre ? Elles ne se reproduisent pas très vite, elles ont des sens très faibles, leur force est à revoir et leur système immunitaire souffre dès lors qu'un vent un peu froid se lève. Il faudrait qu'il obtienne une réponse à cette question. En attendant, il s'installa près de ses subordonnés en savourant la douceur avec laquelle la chaleur du feu lécha sa peau. Les volutes des flammes à la fois rouge et jaune faisaient briller la couche de sang à certains endroits de son vêtement. Il était grand, mais ne représentait pas la grandeur. Père imposait le respect par sa stature mais aussi par les artifices de son accoutrement, comme l'esclavagiste. Il lui fallait user ce genre d'astuce, ainsi il pourrait..

- Chef, nous allons avoir des difficultés à voyager avec une carriole en mauvais état, l'interrompit le manieur de la badine.
- Les esclaves ne suffiraient-ils pas à pallier le problème ? Ils nous ont déjà été utiles pour parvenir à cette forêt.
- Ces pourceaux ne seront pas capables de supporter une charge aussi lourde aussi longtemps. Ils mourront de fatigue avant ça.  Nous devrions peut-être abandonner ici le chariot endommagé.
- A combien estimes-tu le nombre de pertes si nous choisissons de poursuivre avec ?
- A ce rythme, il nous reste deux nuits de trajets, rapts compris. Il en faut une dizaine pour soulever le côté et mettre en marche le chariot. Je doute qu'ils puissent continuer plus que quelques heures d'affilée. Nous n'avons pas d'eau à leur offrir non plus. Donc, cela ferait trois équipes à sacrifier. Soit une trentaine de personnes. C'est déjà la moitié de notre cargaison.
- Plus le risque d'être attaqué et repéré étant donné la vitesse de notre progression. Nous n'avions pas besoin de ça, pesta le chef.
- Une solution serait d'effectuée des roulements entre les esclaves. Cela ne règle pas le soucis de l'eau mais il en survivrait au moins la moitié, à mon avis. A raison d'un roulement toutes les deux heures. Un roulement prendrait une dizaine de minutes. On ralentirait donc notre trajet d'au moins d'une bonne matinée et demi pour conserver alors une quinzaine d'esclave supplémentaire.
- Plus de temps à voyager égale plus de temps à être exposé. Je le refuse, nous allons abandonner le chariot endommagé ici. Tant pis.


Cela le contraria de renoncer à la possibilité d'avoir plus de butin, mais il fut contraint de prendre la décision la plus sûre. Il fixa son regard dans le brasero, à la recherche d'une solution. La lumière du feu se confondit dans le blanc de ses pupilles pendant qu'il éliminait méthodiquement toutes les options. 

- Allez vermines, on change de cage. Les mâles dans celle de gauche, les femelles dans celle de droite.


Ils s'exécutèrent tous, sans exception. Une expression de dépit et de peur se lisaient sur les visages. Lors de son transfert, un spécimen assez âgé, parcouru de rides et décoré de cheveux longs et blanchâtres réclamait ce qu'ils allaient advenir d'eux. Il obtenu pour seul réponse le doux parfum d'une remontée gastrique en une effluve que l'esclavagiste souffla à son visage en riant. Presque déçu que cela n'ait pas eu tant d'effet, le démon se gratta les picots de barbe sur son goitre avant d'asséner un coup de trique sur le dos du vieillard qui mit trop de temps à avancer à son goût. C'était presque terminé quand la cage vint être secouée avec violence.

Les corps se heurtèrent de gauche à droite sans pouvoir se rattraper à quoique ce soit. Des crânes percutèrent les barreaux quand d'autres corps furent écrasés sur le sol par le poids de leurs semblables. Ils ressemblaient à ces dés que l'on mélange dans un gobelet pour jouer avec ses amis. Sauf qu'ils n'étaient pas ses amis, ils étaient du matériel et ça n'était pas un jeu. L'exaspération de sa colère lui fit soulever le bas de la cage jusqu'au niveau de son bassin avant de tout relâcher brusquement. Il était parvenu au même résultat que dix hommes en pleine forme et c'était ce qu'il voulait montrer. Ses yeux leur assénèrent des éclairs pendant que ses larges mains frappèrent la cage sans discontinuer. Ils n'étaient rien, ils ne devaient être rien, et pourtant ils lui posèrent un problème comme on enfonçait des clous dans un pied. Il s'arrêta, soulevant son torse fin par de lourdes respiration, il voulait que tous n'aient pas d'autre choix que de le dévisager. Là encore, c'était un échec. Certains réfugièrent leur tête entre leurs bras, fuirent la situation en joignant les mains, tentèrent l'impossible en reculant comme des damnés alors que l'acier les en empêchait, pendant que des rares autres eurent l'inconscience de se confronter à la réalité de son regard.

Il prit ses distances avec les esclaves comme avec sa colère. Il ne reculait pas devant ses émotions mais cela ne devait pas aller à l'encontre de ses intérêts, ou des intérêts pour lesquels il signa. Le boucan avait dû alerter toute la forêt, peut-être même au-delà. Quelle simplicité et défaillance de volonté. Il sauta sur le toit d'une de ces boîtes de métal et écarta de sa main mauve les branches des arbres. Encore une heure avant la nuit noire. Plus qu'une heure à attendre et ils se remettraient en route. Selon la disposition des étoiles dans le ciel, leur repaire se trouvait au nord-nord-est de leur position actuelle. Ils iraient donc à l'est-sud-est pour trouver leurs deux derniers villages, cela raccourcirait leur retour.

Nnamh' était un infernal d'une petite taille. Il avait le front bas et de très longues cornes qui tiraient vers l'arrière. Apeuré par le comportement de son chef, il choisit comme excuse les besoins de sa vessie pour s’éclipser afin d'éviter que la foudre ne s'abatte pas seulement sur les humains mais aussi sur sa personne. Le contact de l'herbe était agréable sous ses sabots, cela était doux comme un duvet sur un torse. C'était très différent de la forteresse où il n'y avait que de la pierre et du bois renforcé par des armatures en acier. Il tâcha d'être discret au cour de l'expédition mais il réussit à voler dans un garde-manger humain afin de connaître leurs mœurs culinaires. Tout n'était pas bon, pour sûr, mais il reconnût que ces petites boules violettes attachées par paire avec une branche fourchue étaient tout simplement délicieuses. Le noyau au centre était amer alors il se contenta de le cracher tout au long du chemin, mais la chair était exquise et goûtue. Il avait hâte d'en finir avec ses convois interminables. Il n'en tirait aucun plaisir et cela lui tiraillait à l'intérieur de pouvoir "malencontreusement" défaire le loquet des cages qui l'accompagnaient. Il avait déjà ses propres esclaves au sein de la forteresse et il lui était déjà difficile de leur assurer une vie décente. Il tâcha d'oublier l'encombrement mental que lui procuraient ses soucis en les laissant filer loin, comme son flux urinaire. Il y avait un peu de calme, cela faisait du bien. 
Nnamh' était un infernal d'une petite taille. Il avait un sabre planté dans la nuque et ses longues cornes s'enfoncèrent profondément dans le sol lors de sa chute.

L'absence du préposé aux soins des esclaves ne passa pas inaperçu auprès de celui dont il recevait directement les ordres. Il tournait en rond en donnant des coups théâtraux dans l'air avec son outil de soumission. Impatient, il huma l'air à sa recherche. Il ne devait pas être très loin, il allait avoir besoin de lui. Il aurait même dû rester présent, il allait recevoir une correction. Il n'avait pas à décider de son absence. Il mit en branle son magistral et imposant postérieur en direction de l'odeur de son subalterne. La terre s'enfonçait de quelques pouces sur son passage, suffisamment pour que cela constitue un début de sentier pour les petits bipèdes vivants ici. Il parvint à la fin de la piste olfactive et, rien. Rien de rien. Il ne pouvait être que là, son flair ne le trompait. Quand bien même son lad aurait voulu fuir, il aurait renifler ses intentions à des lieux. Il scruta l'horizon à travers les arbres, la plaine était pleinement vide. Puis, son pied fit la rencontre d'un poids inerte. C'était bien lui, complètement étendu sur le dos avec la langue en travers du visage. Il lui botta les côtes comme salutation amicale, un simple rappel de leur relation hiérarchique.

- Debout laquais !

Pas une réaction. Il s'échina à y aller un peu plus fort, jusqu'à que son impatience influence suffisamment la force de ses coups pour retourner le corps sur le ventre. Et là, il le vit. Un sabre planté en plein dans le cou, du travail propre et précis. Il le savait, il l'avait sut, il n'avait pas douté. Il renfonça sa tête dans ses épaules en tournant sur lui-même. Il serra ses doigts boudinés autour de sa baguette et ses petits yeux pétillèrent d'une intense vivacité.

- AAATTTTAAAQQUUUEE ! hurla t-il à l'intention du camp.

Il se pourlécha les lèvres en baissant d'avantage ses appuis, il n'allait pas se faire surprendre, lui. Il détailla le moindre nœud des branches, les courbures des ramures, le découpage géométrique des feuilles.

- Je sais que tu es là. Je savais que tu resterais dans les parages, je l'ai senti. A ce que je vois, tu aimes jouer. J'aime jouer aussi. On va jouer tous les deux, chuchota t-il à l'intention de leur flore autour de lui.

Très vite, N'Gha N'ghft vint à sa hauteur en regardant autour de lui. L'esclavagiste lui désigna le cadavre du bout du menton.

- L'humaine.
- Oui, elle est là. Nous le savons, et maintenant, elle sait que nous savons.


Tout à coup, le trapu envoya une pierre à travers deux troncs. Le roc fila à toute vitesse entre ses deux poteaux végétaux en allant s'écraser mollement dans la terre bien plus loin. Manqué. Pourtant, il jura avoir vu quelque chose. Quelque chose d'orange se déplaça presque plus rapidement que son projectile.

- Nous partons, nous avons été exposé. Nous retournerons par la plaine, ça sera un terrain dégagé où nous verrons venir les attaques.
- Allez-y, je vous suis de très près, serpenta l'esclavagiste en ne relâchant pas son attention.


Ce ne fut pas la débandade, mais une manœuvre particulièrement pressante. Les chevaux furent malmenés afin de s'orienter en vitesse dans le sens inverse. Ils tapèrent à la hâte sur les feux afin de les éteindre. Il n'y avait pas de danger immédiatement, c'était certain, mais cela ne présageait rien de bon. La prudence n'était pas une vertu qui leur était propre, mais ils savaient parfois reconnaître son intérêt. La carriole en mauvais état fut abandonnée et ils se mirent en route en trombe. Les racines furent piétinés, la terre imprima largement la trace de leurs pas, les branches étaient brisées sur leur passage. La plaine n'était pas très loin et ils auraient largement l'avantage sur ce terrain. Leur chef le savait et il encouragea ses soldats en ce sens.

De son côté, l'infernal à la panse tendue se faufila près du camp en marchant à reculons. Il n'allait pas être surpris par derrière. Il possédait un sens à l'instar des chevaux qui lui permettait de savoir quand quelque chose le menaçait dans le dos.

- Aies le courage de te montrer. On n'est pas si terrible que ça, au départ. Je suis sûr que tu n'as jamais eu la chance de connaître la véritable signification du mot avilissement. Cela me serait délicieux de te l'apprendre. Montre-toi.

Point de réponse. Rien. Pour autant, il se savait entendu, écouté. Cela frétillait en lui comme lorsqu'un jeune homme allait chevaucher pour la première fois. Il baissa légèrement sa main et ramassa des branches sur sa progression. Il fit craquer lentement, une à une, ne laissant à aucun moment retomber sa vigilance. Il les balança en tas sur les braises des flammes et fit le tour du foyer en attendant la combustion. Un sourire jaillit sur son visage hideux en même que les flammes apparurent. Il prit une branche un peu plus grosse et en alluma le bout. Cela était presque prêt. Avec un plaisir non dissimulé, il regagna la route de ses alliés en passant sa torche dans tous les feuillages qui étaient à sa portée. Les environs commencèrent à prendre feu sérieusement quand finit par rejoindre l'orée de la forêt et la vision de ses congénères.
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Joséphine

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MessageSujet: Re: [PV : Joséphine] Transhumance   [PV : Joséphine] Transhumance EmptyVen 28 Avr 2017 - 21:55

*M'apprendre l'avilissement ? Si seulement tu savais... C'est l'esclavage et l'avilissement qui ont fait de moi ce que je suis... et que je hais viscéralement. C'est ce même avilissement qui pourrait engendrer ta perte, Infernal... *

À présent, ils n'ignoraient pas être suivis et traqués. Elle le savait.
Ils savaient qu'elle le savait.
Elle savait qu'ils savaient qu'elle le savait...

Joséphine sentait le malaise qui s'installait parmi la troupe d'Infernaux. Mais celui à la peau d'un sombre violet, le plus grand d'entre tous, ne paraissait pas impressionné, encore moins paniqué. Au mieux, il percevait la situation comme un défi amusant à relever. C'est de celui-ci que devait se méfier la jeune assassin. Elle avait appris à exploiter les émotions de ses adversaires et à les utiliser contre eux. Des émotions comme la peur, la colère et l'angoisse poussaient un homme, qu'il soit guerrier ou non, à commettre des erreurs. Il perdait toute son assurance, baissait sa garde et/ou le conduisait à des instants d'hésitation qui lui étaient fatals. Un assassin surentraîné apprenait à reconnaître les émotions qui submergent une cible et à en tirer profit. Les Infernaux qui gardaient le convoi de prisonniers ne dérogeaient pas à cette règle. Ils passaient leurs doigts larges et griffus sur leurs armes, en recherche de réconfort. Leurs mouvements brusques trahissaient leur anxiété. Les rangs étaient formés et leur discipline guerrière ne laissait planer point de doute quant à leurs aptitudes martiales. Mais leurs yeux furetaient à gauche et à droite et les traits de leur visage bestial étaient bien plus tirés qu'avant. Ils étaient en état d'alerte. Leur vigilance croissait, frôlant l'exagération. Le moindre bruit, tel le froissement des feuilles, provoquait une réaction immédiate et à peine subtile. Leurs muscles se crispaient, impatient d'en découdre avec la sournoise intrus. De la peur ? Joséphine n'y miserait pas. De l'angoisse ? Certainement.
Mais le plus grand se démarquait des autres. Lui ne la craignait pas. Elle ne dénotait chez lui aucune panique, aucune fureur, aucun stress. De l'arrogance ? Peut-être, comment le saurait-elle. Mais le calme qu'il dégageait indiquait à la rouquine un trait de caractère que ses congénères ne partageaient pas; la patience. Il la débusquerait le moment venu. Au mieux, elle animerait l'espoir dans le cœur déchiré des hommes et des femmes retenus captifs, un espoir qui s'étiolerait et annihilerait les derniers vestiges de leur volonté lorsqu'il tiendrait la jeune femme entre ses griffes. L'espoir alimente les braises de la volonté. Mais parfois, il contribue à l'éteindre. Joséphine devait impérativement se méfier de lui.

Une épaisse fumée étouffante se répandait dans l'obscurité. L'Infernal continuait d'embraser la végétation qui se trouvait à proximité de sa torche. Les Infernaux, créatures démoniaques originaires du monde d'en-dessous, étaient-il immunisés aux effet de la fumée inhalée ? La jeune femme s'en avait pas la moindre idée et ne songeait pas à s'attarder pour l'apprendre. Elle, à l'instar des prisonniers, ne l'était pas. *Argh... par les Abysses... Quel démon ! *  L'Infernal était rusé. Il n'enverrait pas ses semblables à sa poursuite dans les bois. Les gardes ne se disperseraient pas comme elle avait osé l'espérer. Le démon dévoilait un autre point fort; il était intelligent. Il ne jouerait pas à un jeu auquel il se savait désavantagé. Il se permettait de modifier les règles afin de prendre l'avantage et peu lui importait s'il fallait enflammer une forêt pour y parvenir ! Joséphine assimilait l'information. Elle savait à présent qui dans ce groupe était son Ennemi. Elle apprenait de lui.
Mais pour le moment, elle ne devait pas rester ici ou elle ne tarderait pas à suffoquer. Se montrer et les affronter de face la conduirait à sa perte. S'enfuir lui était à présent inconcevable; elle ne se le pardonnerait jamais et rien ne lui prouvait qu'ils la laisseraient à présent en paix. Elle s'éloigna donc, toujours sous le couvert des ténèbres que lui offrait la forêt en pleine nuit. Elle prit une bonne longueur d'avance sur le convoi. Ils avançaient lentement. Le chemin en forêt rendait la progression du convoi difficile et les sentiers naturels permettant aux chariots de se déplacer étaient rares. Joséphine ne manquait pas de le savoir. Le convoi ne pouvait emprunter qu'une seule direction.
Se repérer en forêt, en pleine nuit, relevait de l'impossible pour un humain. Mais Joséphine fut formée par les plus dangereux assassins de Kalamai; le clan de la Main noire. Son apprentissage lui avait appris à se mouvoir dans la nuit avec autant d'aisance qu'en plein jour. Sa vue et ses autres sens étaient non seulement affûtés, ils étaient devenus polyvalents, s'harmonisant à tous les milieux dans lequel elle évoluait. Danse-Flamme était une panthère, chasseresse nocturne et prédatrice des ombres. Souveraine de la nuit, elle se trouvait dans son élément, son territoire de chasse. Elle espérait que son ennemi, le grand Infernal, ignorait ce fait.

Accroupie dans le sous-bois, toujours perchée en hauteur, elle attendant à un embranchement étroit. Le convoi n'aurait d'autre choix que de bifurquer. Pour y parvenir, les gardes infernaux devraient soit se presser les uns contre les autres ou bien allonger leur formation de marche. Dans les deux cas, Joséphine agirait. Elle partageait un trait de caractère avec son ennemi: elle aussi était patiente. Mais l'intelligence de son adversaire la décontenançait. Ils jouaient à un jeu d'anticipation, comme aux échecs. Elle devait planifier ses coups à l'avance, s'adapter à ceux de son adversaire et penser comme celui-ci. Un tel embranchement devenait l'endroit idéal pour planifier rapidement une embuscade, pour causer des dégâts et ralentir le convoi. Une stratégie facile, efficace et payante. Elle le savait. Or donc, elle considéra que son adversaire résonnerait ainsi. Pour cette raison, elle n'agirait pas en ce sens. 
Elle se posta plus loin, en retrait. Elle laisserait le groupe passer. La lueur des torches approchait d'elle graduellement, serpentant sur le sentier comme un ver de feu. Elle entendait au loin le crépitement des flammes qui dévoraient l'écorce et le feuillage. L'odeur agressante de la fumée parvenait jusqu'à ses narines et ne put retenir un grimacement. L'Infernal continuait-il d'enflammer les éléments à l'aide de sa torche, Joséphine l'ignorait. Mais ce qu'il avait provoqué causerait des dégâts et nécessiterait une bonne et longue averse afin d'en venir à bout. Aux yeux de la jeune rouquine, le mal n'avait aucune conscience. Le Mal pouvait tout détruire pour atteindre ses objectifs. Absolument tout.
Elle dégaina quelques dagues de sa ceinture. *Approchez... approchez donc... * Le groupe ralentit, aux aguets. Eux aussi n'aimaient pas la passe étroite dans laquelle ils s'engageaient contre leur gré. Malgré la distance raisonnable qui la séparait d'eux, elle pouvait sentir leur nervosité. Les Infernaux se doutaient-ils de quelque chose ? Certains murmuraient dans leur langue gutturale. Mais rien ne se passa. Les Infernaux et les chariots franchirent cet « obstacle » davantage psychologique que physique sans encombre. *Reste calme, ma fille. Laisse-les approcher... laisse-les respirer... * L'air ambiant empestait la fumée qui brûlait la gorge et piquait les yeux. Mais Joséphine demeurait calme, stoïque et imperturbable. Parfait, se dit-elle. Eux aussi respirent le même air. Eux aussi paraissait dérangés par cette désagréable sensation de brûlure lorsque l'air emplissait leurs poumons. À moins que ce ne fut causé par le picotement incessant qui martyrisaient leurs yeux ? Fait qu'elle ne pouvait toutefois deviner, il devenait désormais difficile, voire improbable, de la détecter à l'odorat. Un petit avantage qui jouait en sa faveur mais qu'elle ignorait complètement.

Tous avaient passés. Une dague en main, l'assassin les observait. Ils semblaient plus calmes, plus détendus. Celui-là, qui ouvrait la marche, poussa un soupir à peine audible et qui pourtant parvenait clairement aux oreilles de la jeune femme. Était-ce un soupir de soulagement ? Cet Infernal ferma ses yeux irrités et les frotta de son bras droit. Il ne les rouvrit plus jamais. La lame d'une dague s'enfonça complètement dans sa trachée. Il n'émit qu'un hoquet de déglutition. Suivant immédiatement la première, une seconde dague fila d'entre les arbres et la pointe acérée plongea dans sa main, la clouant sur son visage. L'instant d'après, la silhouette élancée d'une jeune femme dans la nuit disparut, volatilisée à travers les ombres.
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N'Gha N'Ghft

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MessageSujet: Re: [PV : Joséphine] Transhumance   [PV : Joséphine] Transhumance EmptyJeu 4 Mai 2017 - 13:11

Du fond de leurs pupilles vides, les animaux regardèrent la forêt se consumer en même temps que leurs espoirs de futur. Pour ce peuple, ce lieu constituait un terrain de chasse, de jeu, voire de recueillement. Cela faisait partie de leur identité et de leur environnement de vie. A moins d'un caprice météorologique, l'action combinée du feu et du vent allait transformer cette tâche verte de la carte de Kalamaï en un énième point stérile où la nature n'y imposerait plus ses plantes. Du noir et de l'orange au sein des yeux de veaux dans les cages. Les cages avaient peur et les cages suffoquaient. Cela, N'Gha N'Ghft le savait. Il n'eut pas besoin du retour de son maître des esclaves pour se rendre compte que sa sottise allait avoir de lourdes conséquences. La chose qui importait le plus désormais était de rentrer sain et sauf avec la cargaison. Qu'importe l'avidité, la gourmandise, les autres villages avec leur destin en suspens. Qu'importe l'humaine, qu'importe le meurtre qui scellerait le sort de son officier. Qu'importe les cris de panique, l'odeur piquante de la fumée qui faisaient pleurer lui et tous les autres. Qu'importe tout ceci.

Ils progressaient à vitesse réduite alors qu'ils poussaient les bêtes dans leurs retranchements. ça n'était pas de la peur. C'était de l'urgence. Le vent pouvait tourner rapidement et les prendre au piège, tel un serpent avec la queue dans sa propre gueule. La forêt faisait barrage de son corps. Ils manquèrent de justesse de rentrer dans un tronc. Les branches semblaient griffer longuement leurs bras, les racines faisaient leurs possibles pour qu'ils trébuchent. Cela était-il dû à l'action d'un ancien ou qu'à leur précipitation ? Ils ne voyaient pas à deux pieds devant eux. Le bétail s’époumonait à évacuer la fumée qui s'infiltrait insidieusement en eux à chaque respiration. Il n'était pas pieux, mais il espérait que Nucter ne fasse pas d'esclandre s'il désirait conserver un peu plus longtemps sa possession en vie. Ils étaient en train de passer un goulot d'étranglement quand l'esclavagiste finit par les rejoindre.

- Tu mourras dès lors qu'on sortira de cette fournaise que tu as créé, prévint N'Gha N'Ghft.

L'interlocuteur ignora l'information du revers de la main. Visiblement, l’appétence de ses désirs lui faisaient oublié le bon sens nécessaire à sa survie. Malgré la situation, le grand sourit à la fécondité de son esprit quand il s'agit de sublimer la perversité d'une idée. Il avait hâte de voir à quel point l'ingéniosité de son châtiment allait être efficace. Il le regarda un instant, l'esprit parcouru d'un sentiment entre l'amusement et l'hostilité. Ce porc dégoulinait, littéralement. Il abreuvait en abondance l'herbe de sa sueur. Il voyait son sale reflet sur son crâne chauve luisant, de même que les volutes de flammes qui planaient au-dessus de leurs têtes. Il ne pouvait tarder plus longtemps de la fixer de la sorte. Il lui tourna le dos définitivement, en faisant de même avec son existence.

Skeublurk crackkque. Les os du cadavre passèrent sous les roues de la carriole en donnant à son allure quelque chose de presque sautillant. La chair du corps fut piétinée sans même qu'on ne prête connaissance à sa mort. En réalité, la visibilité de l'air était telle qu'ils s'imaginèrent avoir écrasé des branches jonchant sur le chemin. C'était un peu plus humide, mais ça n'était qu'un point de détail. Pendant ses grandes enjambées, le chef enroula son habit autour de son visage afin d'en faire un voile. La nécessité de respirer et de voir convenablement était plus importante que celle de la pudeur qu'il appliquait à son corps. Il avait presque l'air ridicule, s'il ne dominait pas entièrement le convoi de toute sa taille. Ils ne leur restaient que peu de distance à parcourir. Il le sentait. Un tronc s'abattu sur le sol juste devant eux. Les bêtes cabrèrent avant de se ruer en arrière. Un obstacle de plus.

Non, ça n'allait pas marcher. A gauche, le chemin était trop dense pour qu'ils puissent imaginer passer avec des engins pareils. A droite, le feu progressait bien trop dangereusement. Les infernaux y survivraient, mais pas les bêtes. Une solution rapide devait s'imposer à mesure que la chaleur envahissait jusqu'à son esprit. Les bêtes tentèrent de forcer les animaux à contourner l'obstacle, sans succès. Vite, vite. La pupille de ses yeux commença à dilater sous l'effet de la frayeur. Il avait peur, peur de paniquer. Qu'importe la décision, il fallait en prendre une. Dans cette situation, prendre une mauvaise décision était meilleur que de ne pas agir. Spontanément il ordonna de libérer les chevaux. Rapidement, ils défirent l'attache et frappèrent fort sur leurs croupes. Les pauvres hennirent en fuyant sur la gauche, puis au loin en laissant derrière eux qu'un nuage de poussière embrasée s'évaporant dans les cendres chutant du ciel. Ils les retrouveraient sûrement à la plaine plus loin, loin aussi de toute cette chaleur. Les eaux transpirant des pores du marqué à vie donnaient une teinte particulière entre les nuances d'oranges, rouge et jaune des flammes avec la teinte mauve de sa peau, cela ressemblait à une peinture vivante où la teinte chaude tentait de progresser jusqu'à son visage. Ou à un alcool qui s'installait partout sur son corps attentif à la petite étincelle qui viendrait rendre sa vie éphémèrement flamboyante.

- Soulevez la carriole, on va la passer par-dessus l'arbre !

Stressés de s'en sortir, ils s'exécutèrent tous en se plaçant de chaque côté, les mains contre les parois du véhicule et prêts à faire usage de leur force. A la une, à la deux et ainsi l'embarcation décolla du sol. C'était relativement léger pour eux étant donné le vide à l'intérieur de la boîte de métal. Ils avancèrent vers le bord du tronc, suffisamment haut pour les roues puissent presque faire leur office. Doucement, avec précaution, sans se précipiter. Voilà. La première passa l'obstacle et fut tiré un peu plus au loin de l'autre côté. Ils enchaînèrent avec la seconde, celle des femelles. L'effort fut bien intense. Ils tremblèrent des genoux, avancèrent par petits pas en serrant les bras. Ils leurs fallait être rapides sans quoi les flammes au-dessus du tronc allaient brûler vive toute la piétaille, transformant alors leur carrosse de fortune en un carrosse de mort. Ce fut limite. Si elles criaient de douleur, c'est qu'elles étaient en vie pour le moment, ce qui était rassurant pour la suite. Le second passage fut donc une réussite, de leur point de vue. Un dernier et ils pourraient enfin en finir avec cet enfer. Ils fatiguaient mais le constat qu'il n'en restait qu'un à sauver leur redonna de la motivation. Un peu de courage, du tonus musculaire, de la rigueur nerveuse et c'était parti. Les mâles étaient bien plus lourds en comparaison. Le véritable effort était présent. Ils s'animaient de façon synchronisé comme s'il s'agissait d'un corps unique en mouvement. Verrouiller les bras au niveau du nombril, puis du torse et enfin par-dessus les épaules. Bouger le pied gauche à gauche, puis le droit le rejoint. On se décale de nouveau. Pousser légèrement plus pour bien maintenir l'objet en hauteur. Faire abstraction des cris et de l'agitation qui ne facilite pas votre prise. Et surtout, ne pas lâcher.

L'infernal du côté de la roue arrière gauche tomba sur le dos, inerte et entraîna toute leur entreprise dans sa chute. Le bois de la charrette fut en contact direct avec celui du tronc. Les flammes s'invitèrent entre les barreaux grossiers de la cage. Le corbillard prit feu et ses passagers s'égosillaient à mesure que leur peau se montrait d'un rose de plus en plus clair. Une véritable calamité. Sans avoir à y réfléchir davantage, il ordonna la mise en marche forcée du reste du convoi. Il ne lui restait que peu d'infernaux. Ils n'étaient pas précieux, mais allaient le devenir à ses yeux jusqu'à leur retour sain et sauf.

Ils tracèrent en poussant les caravanes devant eux. Une vide, et une pleine de femmes, la chasse était définitivement mauvaise. Ce sentiment de déception s'évanouit quand ses pas foulèrent enfin l'herbe sèche de la plaine. Il encouragea ses troupes une dernière fois avant de jeter un regard par-dessus son épaule : la dangerosité du terrain n'était plus. Néanmoins, le soulagement n’embruma pas complètement son esprit et il n'oublia de se prémunir des coupables de ce désastre. L'esclavagiste, il en ferait un exemple sordide, même à Mnahn` Syha`h. Il restait l'humaine. Ainsi, il se rappela un vieil adage militaire : la meilleur défense est l'attaque. Il intima de stopper le convoi en continuant de fixer la forêt. Il tira une femme d'un âge moyen du groupe pour la placer à genoux face à eux. S'il n'avait été présent, le corps de cette brune aurait à présent écouler bien plus que des pleurs. Ils sentaient l'envie et même le besoin de ses congénères. Il la tira par les cheveux en s'avançant de quelques pas vers l'énorme forme enflammée. Il la suspendit du sol en plaçant son pouce sur sa gorge avant d'entamer en criant :

- Vous avez prouvé votre valeur, femme. Présentez-vous à moi et cette femme aura la vie sauve. Ployez le genou devant moi, désarmée, et cette femme recouvrera la liberté. Je vous laisse le choix. Prendre des vies, ou en sauver.

Il avait une marge de manœuvre assez large. Ses soldats étaient à l'affût, le terrain était dégagé et il verrait n'importe quel projectile tiré depuis la forêt. Il avait encore pleins d'autres otages à disposition. Il repéra les chevaux au loin en train de s'attrouper pour brouter. Il attendit, assuré de ne plus avoir à s'attendre que la situation ne lui échappe.
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