Pavillon Aen'loth [Résidence d'Arakasï] Sf9ogx2o

Des mythes divers voulaient que l’endroit, son havre de paix, caché, fut impossible à repérer pour tous ceux qui n’en connaissaient le secret, révélé uniquement à ceux épris de fraternité qui avaient grand désir de s'entretenir avec lui. Arakasï, gardien des clés de ce petit îlot oublié, empli de légendes anciennes et nouvelles, de curieuses prophéties, d'intarissables promesses, cette île qu'on avait délaissé infortunément dans un petit coin de l'hémisphère sud de la péninsule d'Aëna en Outre-Mer.

Les jardins paradaient de fierté, harassant par la mignificence de leur éclat, enchantant par la délicatesse de leur envergure.. L'arbre de mouvance venait d'être planté que déjà ses ramures et ses feuilles resplendissaient sous la déesse lunaire et ses enfants les étoiles. Ce chêne si beau qui devait témoigner des émotions qui submergeaient l'âme et le coeur du gardien des clés.. Des rosiers de toutes les couleurs faisaient office de rembardes, des chênes centenaires et plusieurs autres espèces cégétales formaient une forêt grandiose et pourtant si structurée comme façonnée par la main d'un maçon. Et au milieu de cette opulence de verdure, de couleurs diverses se tenait les chemins de gravier et de pétales entremêlés.

Des fontaines avaient été placées de façon à procurer un réel plaisir des sens et une fraîcheur durant les étés enfiévrés. Chacune de celles ci possédait une statue représentant un arbre, une plante ou bien un arbuste protégé par des êtres sylvestres. Mais la fresque la plus surprenante se découvrait depuis les cieux étoilés.

La forêt vivante représentait un arbre majestueux recouvert de feuilles, de fleurs et de fruits luxuriants. Des animaux qui firent veu de communier avec les Elfes, se pressaient autour de son abri et le visage d'une hamadryade était dessinée par les fontaines et divers artifices visuels.

Restée accroupi trop longtemps, Arakasï décida de se lever. Il s’étira langoureusement, les bras tendus au dessus de la tête, soupira, et reprit sa marche entre les statues et les colonnes . Sa voix avait curieusement résonné contre leurs corps inanimés - dans les pliures de la peau, entre les lèvres entrouvertes, au creux des gorges de pierre brut. Cela l’étonnait toujours, et l’amusait à la fois. Comme s'il pouvait aller d’un corps à l’autre de ces édifices humains aussi insondables qu'inébranlable - jaillissant, tantôt faiblie d’une poitrine étouffée, tantôt grandie par un gosier démesuré - jamais en tous cas la même, et jamais domptée.

Le jeune Elfe errait dans les jardins promenant ses doigts fins sur les surfaces lisses qui pliaient à sa volonté paisible. La lune, s’échappant parfois de sa prison sylvaine, semblait être l’artiste de cet étrange tableau que les éléments rendaient tellement réel. Le vent portait des feuilles qui crissaient sous les pas de nombreux esprits, les étoiles se reflétaient sur le marbre des yeux, les ombres aidaient les géants de pierre à se mouvoir chaque fois que l'hôte leur tournait le dos. C’était à s’y méprendre. Un petit rire gêné accompagna cette pensée, et le discret voyageur poursuivit son confiant chemin sans réel tracé, puisant simplement dans sa réserve de souvenirs une réponse à ses avides questions.


Sa vie avait pris une autre tournure, avait métamorphosé, franchissant des frontières inconnues, incertaines, qui séparent son monde à celui-ci plus dangereux, moins accueillant, mais aussi plus à même d'apporter bienfaits à tous ceux qui comptaient pour nous. Ici, c'était chez lui, son berceau, sa source d'inspiration. Il n'avait jamais été heureux, connu la plénitude absolue, mais à chaque retour à la maison, une énergie viviviante venait à l'entourer.

Désormais ce serait d'ici que prendrait véritablement son départ, que s'adonnerait les péripéties, qu'il recevrait tous ceux, porteurs de nouvelles qui le désiraient sans être toutefois armés.