Le Monde de Kalamaï
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descriptionLifnirgae, Intendante de Layrinest EmptyLifnirgae, Intendante de Layrinest

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PREAMBULE

J'exhume le RP de mon ancien personnage, puisque l'actuel est si intimement lié au sien.
Je poste un petit résumé à juste après le chapitre 7, pour ceux qui ont la flemme de tout lire...

CHAPITRE 1

Un soleil blanc. Sous le zénith, le paysage s'étire en une longue série de collines arides. Aux abords d'un ruisseau poussent quelques arbustes, qui abritent une vie abondante si on sait la chercher. Evidement, de jour rien ne bouge sinon les tiges bercées par le vent, et seul le bruissement de l'eau perturbe le silence. Un observateur nocturne aurait pu observer une foule de petits mammifères et autres oiseaux venir s'abreuver à l'eau disponible; il aurait peut-être pu étudier leur stratégies de chasse, de défense ou de camoulage. A l'heure de la narration cependant, il fait chaud, une petite brise remonte les pentes douces et apporte un peu de fraicheur. Un aigle plâne dans le ciel. Son oeil acéré a repéré l'intrus mais il est trop gros pour lui: un grand cheval café-au-lait, lourdement équipé d'un gros paquetage et de diverses armes d'aspect menaçant, descend lentement la crète. Juché sur sa selle un homme silencieux guide sa monture vers le bas des collines, vers la plaine et la civilisation. Une capuche couvre ses traits malgré la chaleur, et une vieille cape rapiécée dissimule tant bien que mal une armure discrète mais efficace. L'aigle s'éloigne, en quète d'éventuelles marmottes...

Un soleil jaune. Plus bas dans la vallée le vent semble s'être adoucit, mais peut-être est-ce là l'effet de l'abri des arbres? De grand arbres bordent la piste, et on distingue au loin entre les branches quelques vagues champs cultivés. Sans doute un peu plus loin se cache un maigre village. L'écureuil est affairé sur une noisette sortant à demis de l'humus en bordure de la sente. Où la cacher, comment la dégager? se demande-t-il certainement. Il est interrompu dans ses profondes réflexions et tentatives infructuseuses par un bruit de sabots. Le cavalier approche. Le petit animal fait rapidement le tour de son arbre, se décide pour une branche et entame son escalade. Arrivé à hauteur de minotaure, il s'arrête et commence une intense surveillance du trafic forestier. Il observe avec attention le cheval, l'homme et son équipement, il remarque bien la capuche rabaissée révélant une grande touffe de poils hirsutes qui orne son visage, et que ses yeux hagards semblent se poser sur le décor avec un intensité étrange. Le petit écureuil soutint le regard quelques instants, puis cherche refuge dans les hauteurs de l'arbre.

Un soleil rouge. Une longue plaine cultivée mais plus guère de monde dans les champs: l'heure de la fermeture des portes du petit bourg approche et personne ne veut se retrouver dehors. Le garde se frotte le mains; il retrouvera bientôt sa douce, pourra enfin manger et dormir. Pas tout d'suite, la taverne du père Orznak mérite qu'on lui rende visite plus souvent qu'à son tour! Encore quelques minutes et le soleil s'ra couché derrière les montagnes. Ha? un cavalier là-bas. Je vais pas le laisser dehors, ça me payera ma pinte de ce soir! Sacrée bête, qu'il monte, pour tenir un tel train sur cette distance! Voilà monseigneur, vous êtes arrivés! ce sera deux pièces pour vous, m'sieur. Merci bien, l'auberge est facile à trouver, tout droit et juste à gauche là-bas! Hum... curieux chevalier... Pas bavard, j'espère qu'il fera pas d'histoire ce soir! Ici on aime pas les bagarreurs, on aime rester tranquilles mais lui avec sa grosse cicatrice sur la joue, l'a pas l'air commode... Quand même, l'avait l'air bien content de passer la nuit au chaud! En tout cas, s'il veut la fille du tavernier, l'a intérêt à prendre un bon bain avant, elle aime pas les gueux. Bon, c'est pas tout ça, je peux fermer boutique et aller manger, j'ai l'estomac qui gargouille sec!

descriptionLifnirgae, Intendante de Layrinest EmptyRe: Lifnirgae, Intendante de Layrinest

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CHAPITRE 2

Cher cousin Rupert,

Cela fait si longtemps que nous nous sommes vu, j'espère vivement que le poids des années n'ait point altéré outre mesure ton allure, ton bras et ton verbe! Contrairement à ce que je t'avais promis au printemps passé, je n'ai pu te rendre visite avant cette année. N'aie crainte cependant, cette fois-ci sera la bonne et avant trois mois je serai entre tes murailles pour de joyeuses retrouvailles! En attendant cet heureux jour prochain, salue bien ta femme Marie-Marte - on m'a dit qu'elle était souffrante, vas-t-elle mieux à présent? ainsi qu'Izdhar qui mérite notre affection plus que tout autre.

Je suis actuellement en voyage pour la capitale car un barde itinérant s'est présenté récemment en mon domaine et nous y divertit quelques jours. Il s'agissait d'un elfe, et tu sais à quel point certain de ces nobles gens peuvent avoir la voix enchanteresse: lui et la petite Lifnirgae ont entonné en duo un soir une charmante ritournelle, et je fus impressionné d'entendre chant plus doux que celle de ma fille adoptive! Elle l'a cependant bien pris et a passé son lendemain à parfaire sa technique avec l'artiste. Je me réjouis de l'entendre à nouveau! Mais je m'égare, et oublie d'aller à l'essentiel: le barde la complimenta après leur prestation, déclarant qu'il croyait de telles voix perdues depuis la chute de Jehzefang. Son regard me parut à cet instant à même de voir à travers murailles et nuages, et lorsque je l'interrogeai sur ces paroles, il se contenta de me dire que la Bilbiothèque Impériale était pleines de ressources, et que chaque être qui s'y rendait était à même d'y trouver des réponses. Toi mon ami qui a tant de d'érudition, peut-être ces paroles te révèlent-t-elles leur sens?

Ainsi que tu l'imagines, Lifnirgae ne semble pas avoir vieilli alors que nous subissons le poids des ans: elle semble avoir tantôt douze, tantôt vingt ans d'une humanité qui n'a jamais été la sienne, et les méchantes cicatrices qui ornent ses homoplates ne se sont jamais résorbées. Son pas est le plus léger des environs, elle seule parvient à se déplacer dans la bibliothèque sans en faire grincer le parquet. Je sursaute toujours quand elle viens m'y rendre visite alors que je me croyais seul! Sa nature féérique ne nous est plus un mystère depuis bien longtemps, mais je ne t'apprend rien en t'écrivant que je brûle de connaître un peu plus de ses origines, et si elle-même se souvient du jour où nous l'avons trouvée comme étant son premier, sache qu'elle aussi voudrait retrouver son passé oublié.

Voila pourquoi je chevauche à travers le pays après avoir confié mon castel aux bons soins de ma fille assistée par Claude, mon majordome. Je loge ce soir dans un tout petit établissement dans un village dont je n'avais assurément jamais entendu parler. Nous sommes deux clients ce soir, au contraire d'hier: la foule était nombreuse car plusieurs paysans des environs sont venus venus écouter des contes, me croyant tout autant barde que l'elfe à l'origine de ce voyage! Je les ai diverti un temps, mais je n'ai guère de ce rare talent et bientôt ce fut ripaille dans l'auberge, après quoi je ne pus dormir, assailli par une drôlesse qui en avait après mon sommeil! Une rudement belle soirée qui compensait la solitude de la journée, car ta compagnie sur les chemins me manque. Il y a quelques années encore nous chevauchions côte à côte, et je ne réalise que maintenant à quel point ta compagnie me fut précieuse en ces temps!

J'ai chargé l'autre voyageur qui dort en ce moment de l'autre côté du mur de t'apporter cette missive: il m'a assuré qu'elle t'arriverait dans les plus brefs délais car sa route passait près de ton fief. Fais lui bon accueil je te prie, et j'espère qu'il te fera aussi bonne conversation qu'à moi-même.

Hassar te garde, Rupert, et si ce n'est déjà fait puisse Velsfer relâcher son étreinte sur Marie-Marte, car j'ai grand hâte de vous revoir,
Mes pensées vous accompagnent,
Ton ami, Gilnarfein de Layrinest.

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CHAPITRE 3

Les deux cavaliers avançaient rapidement à travers la lande. Les quelques bois qui parsemaient le maigre relief n'offraient qu'un abri précaire face au soleil brûlant, cependant le vent de la veille était tombé, facilitant la progression des deux voyageurs pressés. La défroque du premier était depuis longtemps passée, il ne restait plus grand chose du jaune éclatant et du rouge profond dont elle se parait à l'origine: à l'évidence, un vêtement de saltimbanque. Ce comique gardait sa tenue d'apparât bien à l'abri dans une des giberne pendant au côté de sa monture. Son regard vif et enjoué ne cessait de se porter sur d'innombrables centres d'intérêt, et adressait régulièrement la parole à son compagnon de voyage, heureux pour sa part de bénéficier d'une si bonne compagnie pour quelque temps: la solitude commençait à lui peser, et il était impatient d'arriver à la fin de son voyage. Voyage dont son compagnon était la cause, puisque c'était sur ses révélations que le chevalier était parti en quète, et qu'il a rencontré à nouveau, par hasard se disait-il... pour se rassurer.

Yorkadh souriait bêtement. Son manque de compréhension face au vaste monde n'était pas un handicap du fait de l'épaisseur de son bras et l'avancement de ses sourcils lui masquait un nombre considérable de problèmes. En ce moment, suivi de près par les quatre orcs qui le suivaient, il étudiait les possibilités tactiques d'attaque d'une petite masure habitée par une famille de gnomes. Dans le cas précis, "étudier" consistait à se poser la question s'il fallait aller toud'suite ou attend'la nui pour zaller tuer les p'ti gar qu'ont l'air bon! Suite à quoi, il décida de se payer un petit roupillon à l'ombre d'un arbuste touffu pour récupérer de son effort intense...

Aszhofhael et Gilnarfein poursuivaient leur route; au fil de la journée le paysage était devenu de plus en plus vert, de plus en plus fleuri, et on apercevait ça et là quelques habitations: quelques rares paysans, plus souvent des bûcherons à la cognée solide.
Des orcs aussi, comme ceux qui semblent dormir sous les arbres du petit bois que tu vois là-bas.
Diantre! Tu as de bons yeux, mon ami! Des yeux d'elfe, évidemment! Et à quoi ressemblent-t-ils donc, tes orcs?
Ma foi, je te propose d'aller voir ça de plus près, tu pourras ainsi constater par toi-même! Mais je suppose que ce n'est pas pour rien qu'ils se trouvent à quelques centaines de mètres seulement d'une habitation gnome. De charmantes gens que ces gnomes, en général, j'espère que ceux-ci se montreront accueillants!
Bien, allons-y! Mais pas de trop près je te prie, je n'ai guère envie de me retouver embroché sur l'une ou l'autre lame mal aiguisée!

Aszhofhael menait le train, aussi le chevalier ne vit pas le sourire mauvais qui se dessina sur ses lèvres...

La flèche siffla et se planta dans la chair de l'un des orcs qui hurla de douleur, réveillant les autres. N'ayant que peu de fonctions cérébrales à remettre en fonction, ils ne furent pas long à se précipiter vers les deux voyageurs.
As-tu perdu la raison? Nous voila à présent forcés de tuer ces malpropres, ou mourir nous-même!
Allons mon bon ami, as-tu perdu toute la vigueur qui fut tienne il fut un temps? Charge donc, que diable!

L'elfe eut encore le temps de décocher une flèche, achevant le guerrier déjà blessé d'un trait à la base du cou pendant que Gilnarfein éperonna son cheval, dégaina son épée et chargea, hurlant un cri de guerre qui n'avait pas grand chose à envier à ceux que braillaient les brutes vertes qui courraient vers lui...
Gilnarfein trancha la tête de l'orc le plus proche d'un seul coup et sourit: le combat s'engageait bien. Mais déjà un deuxième était sur lui, et le chevalier eut bien de la peine à se protéger, lui et son cheval, des violents coups assénés par la brute. Aszhofhael de son côté se battait à présent à la rapière, et s'il semblait hors d'atteinte de ses deux assaillants sa lame ne semblait pas suffisante pour percer l'épais cuir de ses adversaires. Feintes, attaques, parades, bottes se succédaient, mais rien à faire, les deux stupides allaient l'emporter! Aszhofhael regretta alors de négliger pareillement sa condition physique: s'il était encore tout à fait capable de chevaucher des jours durant à crû, son art du combat laissait cependant à désirer... Alors qu'il évitait une fois de plus la trajectoire circulaire de la lame orque, il se maudit pour sa bêtise: l'autre lui avait passé derrière et s'apprétait à l'achever d'un seul coup vertical. L'elfe roula au sol et se retrouva aux pieds du premier qui se prépara à l'achever. Aszhofhael adressa alors une brève prière à Folaniss... lorsque la lame de Gilnarfein apparu au milieu du torse de l'orc. Le chef de la petite bande prit alors peur et s'enfuit en poussant de pitoyables glapissements, aussitôt poursuivi par le chevalier qui ne mit pas longtemps à le rattraper, et la puissance de son cheval aidant, mit un terme à son existence.

Hé bien, cher ami, sors donc de là-dessous! ta tunique va s'imprêgner de leur odeur fétide!
Merci bien, tu es arrivé juste à temps! Je ne pensais pas ces êtres verdâtres capables d'une telle sauvagerie! Voyons voir, qu'ont-ils sur eux, ces gueux pouilleux? ah voilà un petit quelque chose qui fait grand plaisir à voir! Et sur celui-ci...
Laisse-moi ces deux corps-ci, vieux rapace! et ne t'avise pas de tout garder pour toi, je te garde à l'oeil! Rien sur celui-ci, voyons celui-là...
Quand tu auras fini, je te propose d'aller s'inviter pour la nuit chez les gnomes qui logent juste au bas de cette petite pente?

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CHAPITRE 4

La porte de la taverne s'ouvrit, laissant le passage à Gilnarfein qui, l'air fourbu, se dirigea de suite vers la table à laquelle il avait pris l'habitude de s'assoir depuis les quelques jours de sa présence dans la capitale. Il semblait fourbu et se fottait les yeux de temps à autre, mais un sourire illuminait sa légère barbe. Aszhofhael l'y attendait et n'attendit pas que le chevalier se fût assis pour lui adresser la parole:
- Alors Gilnarfein, as-tu enfin trouvé ce que tu cherchais? Cela fait bien longtemps que je ne te vois guère, tu passes tes journées dans la bibliothèque impériale à compulser je ne sais quels grimoires historiques...
- A vrai dire, je ne pensais pas non plus te trouver ici, tu sembles plus à l'aise devant les tables des plus grands, à leur conter quelques merveilleuses historiettes pour gagner tes copieux repas! Mais pour répondre à ta question, oui, je crois que j'ai pu retrouver ce que ta langue refusait de me dévoiler, et à vrai dire je comprend la raison de ton silence. Voici quelques notes que j'ai prises à partir des parchemins que j'ai vu tout à l'heure...
Gilnarfein sortit de sa besace un petit rouleau couvert d'une petite écriture presqu'illisible, et commença la lecture des notes éparses qui se chevauchaient de partout sur le petit rectangle.
- Voici, la petite cité de Jehzefang se trouvait sur un des territoires jouxtant le Mésolongion durant l'âge de la Conversion. Elle fut détruite lors des troubles de la fin de l'Âge en question lors des combats généralisés qui s'ensuivirent. Ce n'était qu'une simple bourgade, et si bien d'autres saccages sont passés à la postérité, celui-ci est passé presqu'inaperçu. Volontairement oublié pour certains j'en ai l'impression, qui ne voulurent pas que la perte du...
- Ceci ne regarde que l'Empereur - l'Impératrice à présent. Si par malheur une cité Gardienne tombe, ne pas exciter les convoitises peut être capital.
- Certes, et de toutes manière peu me chaut tout ceci, la seule raison de ma présence ici est de redonner une mémoire et un passé à ma fille adoptive. Je disais donc... Il semblerait que la population de Jehzefang était majoritairement composée de fées et d'elfes noirs vivant de l'exploitation des terres environnantes. Ils semblaient avoir d'étranges goût vestimentaires, j'ai en effet trouvé que le nom de leur milice était la Garde Pourpre: Drôle d'idée que de s'habiller avec en cette couleur... On y trouvait également, et je suppose, très cher Aszhofhael, que je commence à t'intéresser -
- Ne te méprend pas, garnement, je t'écoute bien plus attentivement que tu n'a l'air de le croire! Mais rien de ce que tu me dis ne m'est nouveau, j'étais jeune à l'époque, et déjà presqu'aussi avide de savoirs qu'à présent.
- La dernière personne à m'avoir traité de garnement fut mon père au soir de mon seizième anniversaire. Quelques minutes plus tard j'enfourchais mon cheval... Je ne suis plus jamais revenu là où j'ai passé mon enfance. Vingt-sept ans plus tard, me faire à nouveau traiter de 'garnement' me fait toujours un petit pincement au coeur, espèce de vieil elfe rabougri!
- Ce n'est pas la peine d'essayer, je ne te paierai pas de choppe d'hydromel pour me faire pardonner. Continue donc ton récit s'il-te plaît?
- J'aurais au moins essayé! Où en étais-je?... Ha oui! Il s'y trouvait également une académie de musique. On y enseignait l'art du chant et de la harpe aux jeunes filles qui s'y intéressaient. Tu penses donc que ma chère Lifnirgae aurait été formé là-bas? Je n'ai pas oublié les compliment que tu lui fis après votre prestation commune!
- Je l'ai soupçonné dès les premiers instants mais je n'en suis pas certain. Seule elle-même pourrait te le confirmer... Est-ce bien là tout ce que tu as trouvé?
- Hélas oui, je n'ai malheureusement pas déniché plus d'informations au sujet de l'emplacement géographique de la cité. Je comptais monter une expédition avec ma fille pour aller voir tout celà de plus près, et je risque fort d'avoir besoin d'une guide. M'accompagneras-tu, Aszhofhael? Je doute pouvoir trouver guide qui nous fasse meilleure compagnie que toi!
- Cela, nous le verrons lorsque le moment sera venu. Mais tout d'abord, il faut que tu saches que tout n'est pas écrit dans les livres. La Garde Pourpre et l'académie de musique n'avaient en apparence rien en commum... Alors que chacune utilisait l'autre pour couvrir certaines de leur fonctions. Ce n'était pas que du chant et de la musique qui étaient enseignés aux jeunes filles, mais également un entraiment très poussé au combat sous toutes ses formes. Elles devenaient de véritables expertes dans le maniement des armes, des machines à tuer - tout en se produisant musicalement lors de multiples concerts et autres aubades. Lorsqu'elles étaient enfn prètes elles revêtaient l'ample tunique pourpre de la Garde, et commençaient leur service à la milice de la Cité. Les Gardes Pourpres était plus que de simples vigiles sur les remparts, leur véritable fonction était de protéger l'Objet, exécutant ci ou là de discrètes missions de surveillance ou de commando, et bien entendu paradaient lorsque la Cité le leur demandait. Tu te demandes comment, avec la troupe d'élite qui veillait sur lui, l'Objet ait pu être perdu? Cela je l'ignore, et il n'est pas impossible que Lifnirgae puisse nous apporter élément de réponse...
- Comment peux-tu être sûr de ce que tu avances? Je n'ai pas trouvé trace de ce dont tu parles! De plus, ma fille a toujours détesté les armes: j'ai essayé de l'instruire au combat comme je l'aurais fait pour mes propres enfants, mais elle tressaille à peine sa main refermée sur la poignée de l'épée. Quand au tir à l'arc, je ne suis jamais parvenu à la convaincre de viser autre chose qu'une des grandes cibles qui l'on attache aux bottes de foin: pas quesion de chasse par exemple! Et même là, ce n'est guère brillant. Je te le dis, ma fille n'est pas une tueuse! Depuis le temps que je vis avec, je ne crois pas pouvoir me tromper!
- Nous verrons, nous verrons... De toutes manières, nous voyagerons très bientôt ensemble, tous les trois. Ma décision est prise, je t'accompagnes. J'ai toujours été curieux de nature, peut-être retrouverons-nous la trace de l'Objet? Et je dois aussi dire que je reverrai Lifnirgae avec grand plaisir...
- Je te remercie, mon ami. Mais avant, il me faudra me rendre chez mon Ruppert, l'ami dont je t'ai souvent parlé. Je lui ai promis une visite, et si je faillis une nouvelle fois à ma parole, je crains qu'il ne commence à m'en vouloir! Et il faudra encore passer chez moi ensuite, ce qui repoussera d'autant le véritable départ. J'aimerai partir demain à l'aube, voyageras-tu avec moi?
- Evidement! La capitale est un lieu très intéressant, et non content de conter des histoire à qui voulait bien les entendre, moi aussi j'ai ouvert mon esprit à maints récits qui raviront ceux à qui je les conterai à mon tour! Ah! voici le tavernier, je crois qu'il a senti ton gosier sec!

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CHAPITRE 5

La route bordait le petit bois par l'est; les arbres procuraient une ombre agréable aux voyageurs, leur épargnant la lourde lumière du soleil de fin de journée. Lorsque le climat devenait plus rude, des loups ou d'autres bêtes plus sauvages encore sortaient de la forêt, traversaient la route et s'en allaient chercher pitance où ils pouvaient en trouver. C'était alors période pénible pour les paysans alentours qui perdaient ainsi de leur précieux bétail, dévoré par les prédateurs affamés. Et si la situation s'éternisait leur seigneur organisait force traques et battues, et délivrait ses gueux du fléau pour quelques temps. A présent trop vieux pour passer ses journées sur sa monture à traquer la beste, le seigneur des lieux était bien content de ne point avoir du organiser ces fâcheuses manoeuvres l'hiver précédent. Il était bien aise d'avoir passé la saison froide entre la bibliothèque, la salle à manger et sa couche, à laisser couler ses vieux jours comme il se plaisait à le dire. Mais mainteant qu'avec le soleil la verdure était revenue sur son fief, lui avait abondonné la lecture pour le tir à l'arc, les contes par l'entrainement de ses fils au combat, les oies de la basse-cour par les faisans grassouillets, et s'en félicitait! Car tel était Rupert, seigneur de Hersfeld.

- Halte-là! Qui êtes-vous messeigneurs, et que cherchez-vous ici?
- Salut à toi, sergent! Cours donc avertir ton maître que son cousin Gilnarfein vient lui rendre visite, accompagné d'un ami!

Le sous-officier disparu bien vite par la petite porte du poste de garde, laissant Gilnarfein et Aszhofhael sous la garde des trois soldats restants. Il ne fut pas long à reparaître, précédant son vieux seigneur tout essouflé par le chemin parcouru presqu'au pas de course. Il mit quelques secondes avant de reprendre son souffle et le serrer dans ses bras.
- Ha mon cher cousin! Cela fait si longtemps que je ne t'ai vu! Cela me fait si plaisir de te revoir!
- Comment vas-tu, mon vieil ami? Je te présente Aszhofhael, barde itinérant et ami depuis peu, qui m'accompagne dans mes voyages
- Enchanté, cela faisait longtemps que je n'avais vu membre du Beau Peuple!
- Moi de même, mais la faute m'en incombe peut-être, n'ayant jamais poussé mes errances par ici. Mais voila chose faite, aussi suis-je bien heureux de vous rencontrer: votre cousin m'a beaucoup parlé de vous!
- Vraiment? Oh, je vous en prie, suivez-moi, nous serons bien plus à l'aise pour discuter dans mes appartements! Avez-vous fait bon voyage, mes amis? L'ont dit que les routes sont dangereuses, depuis quelques temps? De dangereux rebelles, ai-je entendu?


Le festin offert ce soir-là fut grandiose et le réveil du lendemain une torture, tant ils avaient abusé la veille au soir. Aszhofhael, tout heureux d'une telle profusion, ne fut cependant pas long à s'extraire de ses draps et s'en alla se promener dans la forêt toute proche, désireux d'entretenir la vague empathie qu'il ressentait encore pour les arbres, les bois et leurs habitants. Il en était souvent ainsi après d'aussi gargantuesques banquets, sans doute le remord d'avoir abandonné une part de ses racines le poussait-il à s'isoler ainsi...
De leur côté, les vieux amis Gilnarfein et Rupert partirent en chasse lorsque le soleil était au plus haut, fermement décidés à évoquer les souvenirs du bon temps, de leurs aventures, de leurs familles, des quantités de choses qu'ils avaient à se dire, et pourquoi pas si l'occasion se présentait abattre quelque savoureux gibier.
- J'ai pu constater hier soir que ta femme Marie-Marte va bien mieux que ce qu'on m'a rapporté! Que lui était-il donc arrivé?
- Malheureusement l'âge avançant fait de nous des personnes fragiles, aussi un stupide chute lui a-t-elle brisé une jambe et elle en a conçu une douloureuse fièvre. Nous avons fait venir un guérisseur qui l'a remise sur pied dans la quinzaine. Quelle efficacité, j'admet avoir eu peur en le voyant, il m'a semblé reconnaître en lui le charlatan qui a profité de ma blessure d'il y a quelques années pour se faire quelqu'argent facile. Celui-là, s'il a le malheur de repasser par ici... mais non, ce margoulin est bien trop malin pour cela. Toujours est-il qu'elle en a retrouvé le sourire...
- Je suis bien heureux que ses blessures ne la tourmentent plus! Mais... dis-moi, mon ami, je sens comme une ombre qui plane sur toi, aurais-tu quelque souci dont tu pourrai me faire part?
- Je n'ai jamais pu te cacher grand chose, Gilnarfein, et sans doute ets-ce mieux ainsi. Je suppose que tu as constaté l'absence de mon fils adoptif Izdhar, hier soir au banquet?
- En effet, je supposais que tu l'avais envoyé je-ne-sais-où. Qu'y a-t-il? Allons, allons, laisse couler tes larmes, et raconte-moi tout...
- Cela me fait tellement mal au coeur rien que d'y penser... En fait, Izdhar, notre cher Izdhar nous a quitté il y a maintenant près de deux ans. Une bête dispute à propos d'un cheval mal ferré... Il voulait punir le maréchal-ferrant, sous le coup de la colère, tu comprends? Evidement, je ne pouvais pas laisser faire cela, nous nous sommes disputés, très violement même, et il est parti. Malheureusement pour mon artisan, mon fils adoptif ne l'a pas oublié et l'a tué avant de fuir. Je dois quand même dire que cela faisait plusieurs années qu'il se sentait pas à son aise parmi nous. Peut-être se sentait-il rejeté? C'est un Elfe Noir après tout, et nombre de mes gens ne l'appréciaient guère, mais tout de même! Je suis inquiet, j'ai peur pour lui, même, il faut qu'il sache que je suis prêt à lui pardonner!
- Izdhar est parti? Voila une bien mauvaise nouvelle, et il risque d'être difficile de le retrouver! Il est malin, et pas du tout malhabile de ses doigts pour ce que j'en ai vu. Je le crois tout à fait capable de survivre seul, en ville comme dans la nature. Que penses-tu faire à présent?
- Retourner à l'endroit où nous avons trouvé Lifnirgae et Izdhar, et tenter de déncher la cité perdue dont tu me parlais hier au soir? Voila une idée bien ambitieuse, mais fort séduisante! Malheureusement, mon bras n'est plus aussi fort qu'à l'époque où nous courrions la campagne. Tout ce que je voudrais à présent, c'est retrouver Izdhar. Une bande de brigands étaient présents dans la région lorsqu'il s'est enfui, peut-être les a-t-il rejoint? Ils sont partis au sud-est, ai-je entendu dire.
- Alors, c'est par eux que je commencerai. Depuis toutes ces années mes cheveux grisonnent, mais mon bras reste encore fort. Je resterai ici quelques jours encore, profiter de ton agréable compagnie, après je m'en irai, retrouver ces bandits et Izdhar. Je prierai Folaniss de me montrer la voie!

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CHAPITRE 6

- Aszhofhael, où étais-tu passé tout ce temps? Peu importe, lis ceci. Un messager arrivé ici dans le courant de l'après-midi l'a apporté. Avec Rupert, nous partons demain à l'aube. Viendras-tu avec nous?
- Tu crois que je vais vous laisser vous amuser tous seuls? Au vu des préparatifs qui ont lieu en ce moment dans la cour, ta rentrée risque d'être fort mouvementée. Je ne voudrais pour rien au monde rater ceci, il y aura matière à moult histoires haletantes! Mais laisse moi quelques instants pour lire ceci... Fichtre, c'est de la main de ta fille? Que raconte-t-elle, cette petite Fée?


Très cher oncle Rupert,

Comment vas-tu depuis toutes ces années? Cela fait trop longtemps que je ne t'ai plus vu: quand viendras-tu nous rendre visite? J'espère que ta famille se porte bien. L'on m'a conté que Dame ta femme était souffrante: je souhaite de tout coeur sa guérison. Et comment se porte ce garnement d'Izdhar? Cela fait quelques temps que je ne l'ai vu, la dernière fois il m'arrivait à peine à la taille, alors que je suis loin d'être grande à vos yeux!

Je t'écris cette lettre car je ne sais à qui d'autre demander secours. Peut-être le savais-tu déjà, mais mon père s'est absenté il y a quelques semaines déjà pour un long voyage à la capitale, me confiant en son absence la destinée de sa seigneurie. Il m'avait informée de son désir de te rendre visite au retour de ce voyage, je prie pour que tu puisses l'informer des récents évènements qui se sont produits.

Une lune était presque passée depuis le départ de mon père adoptif. Jamais le temps ne m'a paru si court, et si long à la fois: je me rends compte maintenant de tout le travail qu'implique la gestion d'un castel. S'occuper de la mise en grenier des premières moissons, le partage des récoltes, les divers impôts et taxes, l'entretien des extérieurs et de l'intérieur du manoir... Toutes ces choses qui me semblaient si naturelles mais auxquelles il faut veiller! Je passais mon temps à ces tâches, toute heureuse de pouvoir montrer à mon père que je méritais sa confiance. Les journées étaient longues et j'étais bien contente de pouvoir enfin dormir un moment la nuit... Si ce n'est que mon père me manquait terriblement. C'était un peu comme si la grande horloge du hall, celle qui sonne toutes les heures, avait disparu: tout semble en place, mais il manque quelque chose d'essentiel.

Lorsque la lune fut nouvelle, une grande troupe approcha du royaume par la passe de l'Est, une foule hétéroclite regroupant des hommes barbus et sales, d'orcs sauvages au teint verdâtre, quelques nains paillards ainsi que deux créatures qui devaient être des trolls, si j'en juge par les illustrations que mon père me montrait il y a quelques années. Leur chef était à cheval et ne ressemblait pas aux autres: un elfe semblait-il par son port et ses traits, mais ses cheveux semblaient déteints par le soleil et son teint étrangement cuivré. Je l'ai cru très jeune, car les années ont eu moins de prise sur lui que sur le si gentil barde qui nous avait rendu visite peu avant ton départ. Mais pour autant que je m'en souvienne ce sont les deux seuls elfes que je n'aie jamais vu, si on excepte ton fils adoptif Izdhar qui n'était qu'un bambin lorsque vous nous aviez sauvés, aussi ne suis-je point assurée de mon jugement. Son allure était fière et noble, mais sinistre tout à la fois. Ce fut toutefois par son sourire, franc et solide, que je fus bernée.

Il me parla avec éloquence, m'informant qu'il était de passage dans la région avec sa petite troupe et cherchait à se ravitailler auprès des habitants avant d'aller combattre des seigneurs de Zakinthe. N'y voyant aucune objection, nous sortîmes avec Claude, le majordome de mon père qui s'occupe avec moi du domaine, négocier les denrées que ces visiteurs désiraient nous acheter. Nous fûmes alors bien naïfs et imprudents car nous tombâmes dans une embuscade, tout proche de la petite colline surplombée par le magnifique orme. Misère, que la honte soit sur moi! le piège était pourtant si grossier! Notre petite escorte fut prestement massacrée exceptés Claude et moi qui fûmes capturés. L'elfe envoya alors ses troupes piller, incendier les baraques les fermes et les cultures, tuer nos gens et bien d'autres atrocités donc je dus contempler le triste spectacle depuis le belvédère où nous étions retenus, pendant que nos gens n'osaient intervenir de peur que nous ne soyons exécutés.

Le saccage dura jusqu'au soir, et seuls nos quelques gens qui eurent la présence d'esprit de se réfugier au manoir furent épargnés. Alors les vandales revinrent sur la colline et commença une longue nuit de festoiements: cette nuit sans lune ne fut rien d'autre qu'une interminable orgie dont ni Claude ni moi n'espérions plus voir la fin. Quelques-uns restèrent sobres et dissuadèrent nos hommes paralysés de tenter quoique ce soit pour nous libérer. Et au matin ils partirent, emportant avec eux une immense partie de nos réserves et laissant derrière eux un champ de ruines fumantes. Claude et moi, plus morts que vifs, fûmes laissés sur place, mais même si nous ne fûmes que blessés mais il n'y a pas de temps pour la convalescence.

Voila ce qui reste à présent de notre si belle propriété: presque seul dans tout le bourg le manoir est toujours intact car là se tenaient les gardes; mais j'estime à une bonne moitié de nos gens ceux qui sont à présent décédés et qu'il nous faut enterrer, pour ceux qui ne périrent pas dans l'incendie de leur maison. La seule moisson qu'il nous reste est celle qui achève de murir sur pied, toute autre a été perdue: heureusement que nous n'étions pas plus avant dans la saison! Le meunier est mort de même que le forgeron, et Ebert notre palefrenier cleptomane ne nous causera plus de tracas. Cependant notre soldatesque est toujours intacte, mais je l'ai pour l'instant affectée à d'autre oeuvres que la vengeance car leurs bras nous sont précieux pour reconstruire tout ce qui a été détruit. J'ai tout de même envoyé quelques éclaireurs suivre ces va-nu-pieds afin de pouvoir un jour nous venger de leurs atrocités.

S'il te plait, dès que tu le verras, donne cette lettre à Gilnarfein et demande-lui de rentrer au plus vite. Lui saura quoi faire car ni Claude et moi n'y sommes préparés, mais même si nous mettons tout en oeuvre afin de permettre à nos gens de survivre, je crains d'avoir trahi sa confiance. Ne m'avait-il pas confié son domaine? Sans doute quelqu'un de son sang serait parvenu à ce désastre!
Dis-lui également que lors de cette horrible nuit, lorsque je n'étais qu'un jouet entre leurs mains avilissantes, une brèche s'est ouverte dans le grand mur blanc de ma mémoire, une toute petite brèche qui me redonne espoir: cette autre vie que j'ai perdue, peut-être la retrouverai-je un jour? J'ai toujours l'impression que ce jour, si lointain pour vous, ne remonte qu'à hier. Par certains aspects, je suis comme neuve et je vis heureuse dans la castel de mon père. Mais ma vie n'a pas toujours été ainsi, tu ne peux savoir ce qu'est l'intense oppression d'un gigantesque voile blanc qui recouvre tout. Si souvent je me suis senti le traverser et pourtant jamais je n'ai pu distinguer quoique ce soit de l'autre côté! Mais voici qu'au milieu de tous ces malheurs enfin un espoir m'est apparu, je ne peux empêcher mon esprit de trouver la joie!

Mon cher oncle, j'espère te revoir prochainement, embrasse ta famille de ma part, et puisse Gilnarfein être auprès de toi lorsque tu recevras cette missive,
Je t'embrasse,
Lifnirgae


Alors que les yeux d'Aszhofhael parcouraient le léger vélin, la tristesse lui nouait la gorge. Il dut attendre quelques instants avant de parvenir à articuler, tout en rendant la lettre à Gilnarfein:
- Non, cela est impossible!
- Hélas. J'avais peur de repartir sans toi mon ami, ton absence a duré trois jours et trois nuits! Tu est revenu juste à temps! Mais excuse-moi, j'ai à faire à l'armurerie, inspecter le vieux matériel de guerre de mon cousin. Il vient avec nous, du moins jusqu'à Layrinest, avec quelques-uns de ses chevaliers. Nous chevaucherons extrêmement rapidement, mais moult préparatifs nous attendent encore avant d'aller prendre un dernier repos. Si cela t'intéresse, viens avec moi, je t'expliquerai mes plans en chemin!

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CHAPITRE 7

La petite troupe partit de bon matin, une légère brume s'accrochait encore aux maigres reliefs des environs ainsi que sur l'immense forêt toute proche. La fraiche humidité n'était pas sans déplaire à Aszhofhael qui s'était levé de charmante humeur à l'inverse de ses deux compagnons, la tête embrouillée de soucis autant logistiques que plus personnels. Gilnarfein, enveloppé dans un long manteau prêté par son cousin menait la petite troupe sur son superbe cheval de bataille, la hache, l'épée et le bouclier nettoyés avec soin et prêts à jaillir. Sa tête nue laissait apparaître ses yeux ardents, révélateurs de la rage qui l'habitait; et la cicatrice sur sa joue gauche ne rendait son visage que plus terrible. Derrière lui chevauchaient Rupert et Aszhofhael côte à côte, et autant la mine réjouie de ce dernier faisait plaisir à voir, souriant à l'un ou l'autre oiseau qui les accompagnait sur quelques mètres, autant l'air triste et fatigué du seigneur des lieux n'était pas de nature à rassurer ses soldats qui les accompagnaient. Le vieil homme n'avait plus revêtu son armure de bataille depuis bien des années maintenant: la nettoyer n'avait pas été une mince affaire! Son cheval était certainement capable de suivre le train mené par son cousin, mais il doutait que ce fusse son cas à lui aussi. Enfin, derrière eux quinze hommes bien entrainés en lourde armure de plates les suivaient, aborant fièrement les armes de leur seigneur sur le bouclier. Aszhofhael s'imaginait porter l'un de ces lourds équipement, mais ne se vit que couché au sol, ne parvenant pas à se relever après avoir chuté de sa selle. Cette pensée lui arracha un autre de ses sourires, qui n'allaient que difficilement dérider ses comparses.

Leur voyage fut des plus tranquilles, car si un homme seul doit se méfier en traversant certaines région, une troupe de cavaliers à l'aspect redoutable est bien plus dissuasive aux yeux des éventuels vilains qui briganderaient les environs. Ils purent donc maintenir une allure rapide, ne s'arrêtant que quelques petites heures lorsque l'obscurité était trop profonde pour y voir. Si Gilnarfein comptait en temps normal une bonne semaine pour effectuer le trajet, les dix-huit cavaliers virent le but de leur voyage à la fin du quatrième jour et furent consternés par ce qu'ils y virent.

La grande demeure familiale de Gilnarfein se dressait encore, élançant sa disgracieuse tour nord à l'assaut du ciel. Avec son petit toit conique, on eût dit une pointe de flèche géante qu'un improbable archer dirigerait vers les nuages. L'endroit était désaffecté, mais avait servi bien des années auparavant de laboratoire à un grand-oncle de Gilnarfein, un ensorceleur obscur qui menait là ses expériences. A la mort du vieillard la famille n'avait pas jugé utile de nettoyer l'endroit de l'immense fatras qui l'encombrait et avait fermé la porte qui y menait. Depuis lors, un couple de cigognes y nichait bien à l'abri, leur grand nid débordant de la fenêtre depuis longtemps brisée.
Les murs de la seigneurie d'habitude si soigneusement entretenus semblaient recouvert d'une couche de crasse, sans doute la suie consécutive à l'incendie qui avait dévasté les environs. L'enceinte du manoir, quoiqu'encore intacte, semblaient toute encombrées, il fallu quelques instants à Gilnarfein pour comprendre que des habitations de fortune y avaient été construites à la hâte pour loger tous les paysans désormais sans abri.
Au dela le charmant bourg n'était plus que cendres et ruines. A la place la grosse bâtisse de la taverne du Gros Tom se trouvait un immense tas noir dont dépassaient de rares poutres à moitié calcinées. Des petites maisons à proximités ne restaient que leur fondations en pierre, tout n'était que chaos. Les petites rues étroites étaient impraticables: les gravats, en tombant, avaient obstrué les passages restants. Le cimetière situé un peu à l'écart avait pris des proportions dramatiques car même en creusant des fosses communes le nombre de victimes était tel que d'immenses surfaces avaient été retournées.
Mais les cavaliers purent distinguer de nombreux signes que les habitants étaient décidés à surmonter cette catastrophe. Des hommes s'activaient pour dégager les accès pour circuler plus librement dans la petite cité détruite, des travailleurs étaient également visibles dans les cultures environnantes. Quelques chantiers étaient visibles ça et là pour rebâtir les bâtiments les plus importants: nul doute que des gens s'activaient pour reconstruire un grenier de fortune. A proximité de la grand'place, au milieu des décombres surgissait une étrange construction: Gros Tom ne semblait pas avoir été long avant de reconstruire un toit pour abriter les choppes qu'il lui restait!

La petite troupe atteignait alors les premiers décombres du petit bourg suivant l'ancienne route principale, le soleil couchant projetant leurs longues ombres devant eux. Les chevaux fatigués allaient maintenant au pas, peut-être conscients que le voyage s'arreterait ici pour un moment. Avant l'attaque des bandits, une petite ferme était construite une centaine de pas avant les premières habitations, Gilnarfein se demandait s'il reverrai ses anciens occupants lorsqu'une voix forte et familière lui parvint des ruines d'une maisons un peu plus loin, en même temps qu'une trentaine d'archers jusqu'à présent dissimulés dans les gravats s'étaient levés sur un ordre bref, leurs arcs déjà bandés et pointés sur les visiteurs:

- Halte-là! Qui que vous soyez, mettez pied à terre, déposez vos armes sur le sol et envoyez une personne, une seule, nous faire part de vos intentions!

La troupe s'immobilisa instantanément à la discrète fièreté de Rupert qui appréciait la discipline. Tous se tournèrent vers Gilnarfein qui mit pied à terre en silence et s'avança dans la direction d'où provenait la voix. Il voulait savoir combien de temps il pourrait avancer avant que ses hommes d'armes ne le reconnaissent; après tout le soleil était à présent très bas dans son dos, aveuglant les défenseurs du lieu. Il était à présent à quatre pas des gravats et la personne qui leur avait parlé n'était toujours pas en vue... Lors que soudainement un choc violent le renversa, lui coupant le souffle. Le temps de cligner des yeux et sa fille était devant lui, le prenant dans ses bras et lui glissant sa tête au creux de son épaule.

- Ho mon père! tu m'as tellement manqué... J'ai tant de choses à te dire ,je ne sais par où commencer...
- Moi aussi, je suis heureux de te revoir, ma petite chérie!

Alors qu'il l'embrassait à son tour, il ne put retenir un rire joyeux qui retentit doucement dans le crépuscule... Mais bientôt une autre voix retentit:

- Mes respects, chère Lifnirgae. L'elfe venu piller ces lieux, arborait-il un bijou semblable à celui-ci?

Rupert tenait au creux de la main un dessin représentant un broche de belle facture. Il représentait un arbre, peut-être un chêne, croisé d'un fin cimeterre et surmonté d'une demi-lune. Une broche trouvée par Rupert dans un repli du vêtement d'Izdhar, quelques vingt ans auparavant alors que ce dernier n'était à peine plus qu'un nouveau-né...

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RESUME
Pour ceux qui ont la flemme de tout lire

Vingt ans avant les évènements qui précèdent, le jeune chevalier Gilnarfein accompagna son cousin Rupert dans une aventure; au cours de celle-ci il recueillirent un bébé elfe noir qu'ils prénomèrent Izdhar, ainsi qu'une fée à l'âge indéterminé. Cette dernière avait été torturée, ses bourreaux lui ayant impitoyablement coupé ses ailes irisées à leur racine; de plus ses souffrances lui avaient ôté tout souvenir de sa vie antérieure, si ce n'est son nom: Lifnirgae.

La garde d'Izdhar fut confiée à Rupert qui l'éleva comme il le faisait pour son propre fils, alors âgé de quelques années seulement; tandis que Gilnarfein se chargea de la rééducation de la fée, et si elle développa divers talents, aucun n'était en rapport avec les arts de la guerre tels que pouvaient lui enseigner Gilnarfein. Aussi vécut-elle une existence paisible vingt années durant.

Alors les évènements se précipitèrent. Un barde elfe du nom d'Aszhofhael se présenta à Layrinest, domaine de Gilnarfein avec lequel il se lia d'amitié. Certaines révélations poussèrent le chevalier sur la route, vers la capitale où se trouveraient peut-être des informations sur qui était Lifnirgae avant sa torture. Izdhar devint entre-temps jeune elfe au coeur noirci par la haine et le mépris envers les faiblesses de ceux qui l'avaient recueilli; bien vite il parvint à rassembler une véritable petite armée et pilla Layrinest en l'absence de son seigneur, tuant bon nombre de ses habitants et s'attirant une haine farouche de la part de Lifnirgae.

Gilnarfein, profitant de ce voyage pour rendre visite à son cousin, apprend la mise à sac de son royaume. Tous deux et une bonne escorte se rendent précipitement à Layrinest, et alors que le groupe vient d'entrer en ville le récit reprend ses droits...

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