L'Outre-Mer et le vent salutaire qui soufflait en son sein. Il n'y avait aucun mot pour décrire ce qu'ils ressentaient vraiment, vivaient si intensément depuis. Quelle nouveauté, quelle énergie vivifiante que ce nouvel ordre qui naissait à cette époque révolutionnaire si différente de jadis, tant savoureuse qu'éprouvante. Ils étaient maîtres, qui l'eut cru ? Oui maîtres de leur commerce, de leur flotte maritime et de leur destinées voguant sur l'éclat de leur victoire et de leur détermination. Juges de leur armées, de leur futur et de leurs décisions nationales.
Et ceci grâce à la foi inébranlable et la conviction inoxydable de quelques Natifs qui avaient réussi par leur extraordinaire résolution à faire soulever les coeurs et le courage de leur compatriotes contre la Tyrannie et sa propagande qui aveuglait jusqu'à son propre peuple, différent du leur et auquel elle s'évertuait pourtant à tenter de l'unir par la force et à les réduire.
Désormais la majorité, attentiste auparavant, jouissait pleinement de l'opportunité formidable du présent si généreux qui s'était offert à elle par la levée des armes et notant la remarquable différence avec antan, ctte majorité était prête à le défendre chèrement ce présent, ardemment, avec gratitude.
Le Peuple et les Autorités légitimes, reflet de l'un de l'autre ne feraient qu'un contre l'Ennemi s'il se présentait à leur portes, prêts à se lancer dans toute croisade qui requierait d'eux la plus grande loyauté, la plus grande ferveur.
Syv et l'Outre-Mer, une relation si ambigue et si simple en même temps. Ensemble ils avaient souffert dans la Grande Guerre et de ses suites aux conséquences néfastes, ensemble ils s'étaient défaits de leur amer passés, ensemble ils avaient retrouvé vigueur, fierté et liberté. Mais d'ors et déjà leur histoire commune se poursuivait à grands pas. Ensemble ils combattraient, ensemble ils réussiraient ou s'évanouiraient, leur destinées ne seraient pas différentes l'une de l'autre.
C'est ainsi que le jeune Humain, serviteur de Tilk Nosferan en tenu noir et portant son masque habituel de bronze, tout sourire et d'humeur bienveillante, déambulait dans les couloirs du sanctuaire de l'Oracle sous l'identité d'Eknad Rad, s'en allant avec sérénité rejoindre l'immense salle qui faisait figure d'entrée dans laquelle s'y dressait les fabuleuses et titanesques portes de fer éclatant de l'édifice tout de bronze et de marbre.
Il devait y faire la rencontre d'un certain Antiren, rencontre qui sans l'intervention, l'efficacité et la mansuétude du centurion minotaure Kaamos n'aurait jamais pu voir le jour, ce qui eut été fort dommage s'il l'on en croyait la légende et le potentiel qui entouraient ce corsaire pirate que d'aucun oseraient approcher et saluer, y compris les plus insolents.
Un courant d'air vint danser autour d'Eknad, souleva sa cape noir et fit voler ses cheveux bruns tandis qu'il avançait d'un pas décidé, accueillait d'un oeil admiratif les nombreuses galeries de statue et tapisseries qui couvraient les murs et le sol du sanctuaire. Il savait que son invité l'attendait. Comme prévu l'un de ses sous-ffifres s'en était allé à son encontre l'avertir de son arrivée.
Alors qu'il franchissait enfin la salle Ovale, son regard perçant se posa immédiatement sur celui qui faisait figure de désordre, de débraillé dans l'unité si parfaite de l'Oracle. En effet tous étaient vêtus de noir et masqués sauf cet être de peau bleu au regard agressif et canines découvertes, qui ressemblait d'ailleurs vraisemblablement à un Elfe Noir. Il était grand, -plus que tous autres - il était sombre et paraissait fort et particulièrement redoutable. Syv notant avec un sourire la boucle d'or qui ornissait son oreille s'approcha de lui et lui fit face en s'inclinant à demi. Une certaine classe, bien que déconvenante aux lieux étaient à lui concéder.
Seigneur Antiren, me voici. Se tient devant vous Eknad Rad, votre hôte. Bonsoir, et merci à vous. Merci de m'avoir entendu, merci d'avoir accepté cette rencontre ou d'avoir simplement suivi l'instinct de l'appel que tout homme sait reconnaître comme celui de la fortune ou de la destinée, au moins une fois dans sa vie. Allons, nous avons fort à converser, suivez moi.
Il fit demi-tour en l'invitant de la main à le suivre, puis ensemble ils s'élancèrent, chacun dévisageant l'autre avec une certaine curiosité. Leur pas les menèrent à une salle qui comportait deux hautes chaises confortable et une table basse avec dessus tout le nécessaire pour satisfaire le corsaire. Alcool, eau, tabac, patisseries et confiseries de tout genre. En silence, Syv s'assit et joua quelques instants à faire glisser ses doigts sur le bord de sa chaise, dévisageant fixement son invité.
Je vous en prie seigneur Antiren, mettez-vous à l'aise. Tout d'abord que tenez-vous de Kaamos, - que nous connaissons tous les deux - à propos de l'Oracle ?