Lorsqu'il vit tomber sous les coups de Sabre son dernier compagnon Ménéxen, Galtar gémit. Dans ses veines coulaient le sang des gobelins, mais aussi celui des géants et, choses curieuse, on le prenait souvent pour un orque. Alors qu'il se lamentait sur le sort de ses compagnons et qu'il maudissait Grodor de les avoir envoyés dans un piège, le gros geôlier vint descendre sa cage suspendue et l'ouvrit.
- Eh ! Toi là, l'orque ! cracha-t-il. Le maître gladiateur t'appelle.
La haine bouillonna dans les veines de Galtar. Un jour, il tuerait ce geôlier, il se le promettait. En attendant, il survivrait à ses combats dans l'Arène et vengerait ses compagnons massacrés. Le gros l'emmena dans une petite arène annexe, où les gladiateurs se battaient avec des armes en bois. Un grand homme vêtu d'une cotte de mailles les regardaient d'un air froid. Ses longs cheveux blonds laissaient penser qu'il était originaire des terres de Naxopole, ou de Scitopole. Il s'appuyait sur un marteau de guerre d'assez bonne facture, et en caressait inconsciemment mais continuellement le pommeau. Lorsqu'il vit le geôlier venir avec Galtar, son visage se fendit d'un large sourire.
- Ah ! Merci Tared, vous pouvez retourner à vos cages, ne vous occupez plus de celui-ci.
Sa voix était claire et joyeuse, quoiqu'assez faible. Mais Galtar savait que cet homme n'était pas ce qu'il paraissait. Et l'idée qu'il soit en son pouvoir le hérissait de dégoût. Pendant que le gros retournait à la prison, le grand nordique parla au Ménéxen.
- Tu es bien un de ces pillards de Zakinthe qui ont été vaincus sur la côte ?
Le semi-géant acquiesça, mais n'ajouta rien. Il se contenta de baisser les yeux. Quelle humiliation ! Devoir baisser les yeux face à un humain ! Il laverait aussi cet affront, et arracherait les tripes du bellâtre devant la foule enragée de l'Arène.
- Lève les yeux quand je te parle. Es-tu un fidèle de Brak, oui ou non ?
Galtar leva vers le maître des gladiateurs des yeux pleins de haine et répondit.
- Je ne sers que l'Equilibre, et son Prophète, Aquilodon.
Le maître gladiateur éclata de rire, à la grande surprise du semi-géant, qui était habitué à voir les gens s'incliner avec respect devant les Servants.
- Si tu veux survivre, mon ami, dit le nordique en essuyant ses larmes de rire, ne mentionne jamais la notion de Prophète. Et dis que tu sers Brak. Sinon, tu risques fort d'être brûlé vif, et je peux t'assurer qu'il n'y a rien d'agréable là-dedans, à en croire les cris de ceux qui le sont. Quel est ton nom, jeune effronté ?
Si seulement Galtar avait eu son glaive, et qu'il avait été en Zakinthe, sur son sol, il aurait ouvert le ventre de cet insolent. Pour qui se prenait-il donc ?
- Mon nom est Galtar de Ménéxène, répondit-il néanmoins.
Le maître gladiateur poussa un grand soupir et leva les yeux au ciel.
- Tu es à présent Galtar de Nardogord, jusqu'à ce que sire Von Seviand te rende ta liberté. Si tu la veux réellement, il va falloir vaincre. Et pour arriver à vaincre, il faut être fort, et rapide. Tu as vu Sabre à l'oeuvre tout à l'heure, non ? C'est ça que je vais t'entraîner à devenir. Non, en fait, mieux que ça. Le maître de l'Arène trouve Sabre gênant. En effet, celui-ci exige un paiement à chaque ennemi tué, et le maître de l'Arène ne peut s'en débarrasser, sans quoi le public déserterait le grand spectacle.
Galtar sourit amèrement. C'était donc ça que l'Equilibre lui avait réservé ? Devenir une machine à tuer, ou être tué par un humain ? Soit, s'il n'avait pas le choix, il devait emprunter la voie que les dieux lui avait donné.
- Alors commençons tout de suite, maître.
- Sache que mon nom est Polémégalos, mais "maître" est parfait. Tiens, prends ce bâton et ce bouclier, et résiste à tous mes assauts. Tu n'as pour cet exercice pas le droit de me porter de coup. Si tu le fais, moi aussi je tricherai.
Polémégalos empoigna son marteau de guerre à deux mains, alors que Galtar accrochait le bouclier à son bras et afirmait sa brise sur le bâton. Puis, sans crier gare, le marteau frappa, avec un rapidité si foudroyante que le semi-géant eut peine à parer. Une vive douleur lui envahit le bras droit, et il réprima un cri de souffrance. Déjà, le marteau se relevait en vue d'un nouvel assaut. Mais le Ménéxen savait maintenant à quoi s'attendre. Ici, tous les coups étaient permis. Et il fallait tous les utiliser si on voulait survivre. Il esquivait le marteau et frappa le poignet de son adversaire. Surpris que le semi-géant ait si vite compris les règles du jeu, Polémégalos n'esquiva ni ne para. Le bâton s'abattit sur son poignet, lui faisant lâcher son arme.
- Bien. Tu as rapidement compris qu'un gladiateur n'a cure des règles. Mais c'est le plus facile, bien que ceux qui ont trop d'honneur ne passent jamais cette leçon vivant.
Paroles qui n'auguraient rien de bon, de l'avis de Galtar. Ils passèrent à la leçon suivante : le combat à mains nues. Polémégalos terrassa seize fois son adversaire avec une extrême facilité. Le nordique, ayant ôté sa cotte de mailles, avait dévoilé son torse musclé et couturé de cicatrices diverses à Galtar. Au bout de seize combats, il luisait à peine, alors que celui du semi-géant était brillant de sueur. Polémégalos remonta dans l'estime Galtar, qui commença même à éprouver une sorte d'admiration pour ce guerrier infatigable qui l'aiderait à survivre et à regagner sa liberté.
- Tu n'auras à manger que lorsque tu m'auras vaincu, dit le nordique quand il eut vaincu Galtar pour la vingtième fois.
Le Ménéxen ne mangea ni ce soir là, ni le suivant. Polémégalos ne le ménageait pas. Il le frappait maintenant avec plus de violence, et lui parlait avec colère et une nuance de plus en plus forte de mépris. Son ton qui, le jour de leur rencontre était plutôt doux, était maintenant véhément, et les injures et les moqueries volait dès que Galtar s'effondrait une fois de plus à terre. Puis, lors du sixième jour de son jeûn, le semi-géant eut enfin droit à son repas.
C'était par une journée ensoleillée. Les gladiateurs se battaient comme à leur habitude dans la petite Arène d'entraînement. Galtar subissait une fois de plus leurs quolibets, alors qu'il venait une fois encore d'être jeté à terre par son nouveau mentor. Ce dernier le toisait avec un mépris si apparent que le semi-géant en prit peur. Mais sa rage et sa faim étaient plus fortes que son effroi, et, lorsqu'il se releva, il y avait dans ses yeux toute la force et la détermination d'une bête traquée et affamée face à ses chasseurs. Il savait fort bien que s'il ne parvenait pas à vaincre Polémégalos aujourd'hui, il mourrait soit de faim, soit sous les coups de son maître, déçu de ses trop maigres talents de guerrier. Cette certitude lui donna la puissance du désespoir, et il se jeta sur le nordique avec une fureur qui parut terrible à tous les hommes qui regardaient. En une dizaine de seconde, l'homme blond fut jeté au sol sans avoir put vraiment réagir et immobilisé par une prise qui le maintint face contre terre. Alors que le sable l'empêchait de respirer, il abdiqua en faveur de son élève. Ce soir là, Galtar put festoyer avec les autres gladiateurs, mais aucun d'entre eux ne voulut l'approcher, horrifié par la force qu'il avait manifestée contre Polémégalos, le meilleur d'entre eux, leur maître, le seul qui avait déjà gagné sa liberté. Le semi-géant s'en réjouit. Ainsi, aucun n'aurait envie de l'affronter quand viendrait l'heure de s'entretuer. Il vaincrait aisément et sortirait vainqueur, et libre, de l'Arène.
Il continua pendant plusieurs semaines son entraînement avec Polémégalos, et devint en quelques temps ce qu'un enfant barbare apprenait normalement à devenir en trois décennies : un guerrier impitoyable, sachant ignorer les codes de l'honneur mais aussi les respecter, capable de vaincre tout ennemi en combat singulier. Alors son mentor, impressionné par ses dons de combattant, lui imposa un combat contre cinq hommes avec de véritables armes, en l'armant d'un simple bâton et en lui ordonnant de ne tuer personne. Ce qui n'était pas précisé aux cinq autres. Au bout d'une dizaine de minutes, Galtar les avait tous mis à terre, et s'en tirait avec une simple balafre sur la joue : il était fin prêt pour le prochain spectacle où l'on verrait le Sabre, qui aurait lieu pour fêter le retour de sire Aedric. Il serait l'"invité d'honneur", et devrait vaincre tous les guerriers que lui imposerait le maître de l'Arène. Bien sûr, tout l'honneur rejaillirait sur Polémégalos, mais Galtar serait libéré s'il tuait le Sabre, ou tué si le Sabre gagnait. Concentré désormais sur son objectif ultime, à savoir détruire le plus grand de tous les gladiateurs de Nardogord, le semi-géant attendit avec une impatience fébrile le retour en Thassopole du Seigneur Von Seviand.
- Eh ! Toi là, l'orque ! cracha-t-il. Le maître gladiateur t'appelle.
La haine bouillonna dans les veines de Galtar. Un jour, il tuerait ce geôlier, il se le promettait. En attendant, il survivrait à ses combats dans l'Arène et vengerait ses compagnons massacrés. Le gros l'emmena dans une petite arène annexe, où les gladiateurs se battaient avec des armes en bois. Un grand homme vêtu d'une cotte de mailles les regardaient d'un air froid. Ses longs cheveux blonds laissaient penser qu'il était originaire des terres de Naxopole, ou de Scitopole. Il s'appuyait sur un marteau de guerre d'assez bonne facture, et en caressait inconsciemment mais continuellement le pommeau. Lorsqu'il vit le geôlier venir avec Galtar, son visage se fendit d'un large sourire.
- Ah ! Merci Tared, vous pouvez retourner à vos cages, ne vous occupez plus de celui-ci.
Sa voix était claire et joyeuse, quoiqu'assez faible. Mais Galtar savait que cet homme n'était pas ce qu'il paraissait. Et l'idée qu'il soit en son pouvoir le hérissait de dégoût. Pendant que le gros retournait à la prison, le grand nordique parla au Ménéxen.
- Tu es bien un de ces pillards de Zakinthe qui ont été vaincus sur la côte ?
Le semi-géant acquiesça, mais n'ajouta rien. Il se contenta de baisser les yeux. Quelle humiliation ! Devoir baisser les yeux face à un humain ! Il laverait aussi cet affront, et arracherait les tripes du bellâtre devant la foule enragée de l'Arène.
- Lève les yeux quand je te parle. Es-tu un fidèle de Brak, oui ou non ?
Galtar leva vers le maître des gladiateurs des yeux pleins de haine et répondit.
- Je ne sers que l'Equilibre, et son Prophète, Aquilodon.
Le maître gladiateur éclata de rire, à la grande surprise du semi-géant, qui était habitué à voir les gens s'incliner avec respect devant les Servants.
- Si tu veux survivre, mon ami, dit le nordique en essuyant ses larmes de rire, ne mentionne jamais la notion de Prophète. Et dis que tu sers Brak. Sinon, tu risques fort d'être brûlé vif, et je peux t'assurer qu'il n'y a rien d'agréable là-dedans, à en croire les cris de ceux qui le sont. Quel est ton nom, jeune effronté ?
Si seulement Galtar avait eu son glaive, et qu'il avait été en Zakinthe, sur son sol, il aurait ouvert le ventre de cet insolent. Pour qui se prenait-il donc ?
- Mon nom est Galtar de Ménéxène, répondit-il néanmoins.
Le maître gladiateur poussa un grand soupir et leva les yeux au ciel.
- Tu es à présent Galtar de Nardogord, jusqu'à ce que sire Von Seviand te rende ta liberté. Si tu la veux réellement, il va falloir vaincre. Et pour arriver à vaincre, il faut être fort, et rapide. Tu as vu Sabre à l'oeuvre tout à l'heure, non ? C'est ça que je vais t'entraîner à devenir. Non, en fait, mieux que ça. Le maître de l'Arène trouve Sabre gênant. En effet, celui-ci exige un paiement à chaque ennemi tué, et le maître de l'Arène ne peut s'en débarrasser, sans quoi le public déserterait le grand spectacle.
Galtar sourit amèrement. C'était donc ça que l'Equilibre lui avait réservé ? Devenir une machine à tuer, ou être tué par un humain ? Soit, s'il n'avait pas le choix, il devait emprunter la voie que les dieux lui avait donné.
- Alors commençons tout de suite, maître.
- Sache que mon nom est Polémégalos, mais "maître" est parfait. Tiens, prends ce bâton et ce bouclier, et résiste à tous mes assauts. Tu n'as pour cet exercice pas le droit de me porter de coup. Si tu le fais, moi aussi je tricherai.
Polémégalos empoigna son marteau de guerre à deux mains, alors que Galtar accrochait le bouclier à son bras et afirmait sa brise sur le bâton. Puis, sans crier gare, le marteau frappa, avec un rapidité si foudroyante que le semi-géant eut peine à parer. Une vive douleur lui envahit le bras droit, et il réprima un cri de souffrance. Déjà, le marteau se relevait en vue d'un nouvel assaut. Mais le Ménéxen savait maintenant à quoi s'attendre. Ici, tous les coups étaient permis. Et il fallait tous les utiliser si on voulait survivre. Il esquivait le marteau et frappa le poignet de son adversaire. Surpris que le semi-géant ait si vite compris les règles du jeu, Polémégalos n'esquiva ni ne para. Le bâton s'abattit sur son poignet, lui faisant lâcher son arme.
- Bien. Tu as rapidement compris qu'un gladiateur n'a cure des règles. Mais c'est le plus facile, bien que ceux qui ont trop d'honneur ne passent jamais cette leçon vivant.
Paroles qui n'auguraient rien de bon, de l'avis de Galtar. Ils passèrent à la leçon suivante : le combat à mains nues. Polémégalos terrassa seize fois son adversaire avec une extrême facilité. Le nordique, ayant ôté sa cotte de mailles, avait dévoilé son torse musclé et couturé de cicatrices diverses à Galtar. Au bout de seize combats, il luisait à peine, alors que celui du semi-géant était brillant de sueur. Polémégalos remonta dans l'estime Galtar, qui commença même à éprouver une sorte d'admiration pour ce guerrier infatigable qui l'aiderait à survivre et à regagner sa liberté.
- Tu n'auras à manger que lorsque tu m'auras vaincu, dit le nordique quand il eut vaincu Galtar pour la vingtième fois.
Le Ménéxen ne mangea ni ce soir là, ni le suivant. Polémégalos ne le ménageait pas. Il le frappait maintenant avec plus de violence, et lui parlait avec colère et une nuance de plus en plus forte de mépris. Son ton qui, le jour de leur rencontre était plutôt doux, était maintenant véhément, et les injures et les moqueries volait dès que Galtar s'effondrait une fois de plus à terre. Puis, lors du sixième jour de son jeûn, le semi-géant eut enfin droit à son repas.
C'était par une journée ensoleillée. Les gladiateurs se battaient comme à leur habitude dans la petite Arène d'entraînement. Galtar subissait une fois de plus leurs quolibets, alors qu'il venait une fois encore d'être jeté à terre par son nouveau mentor. Ce dernier le toisait avec un mépris si apparent que le semi-géant en prit peur. Mais sa rage et sa faim étaient plus fortes que son effroi, et, lorsqu'il se releva, il y avait dans ses yeux toute la force et la détermination d'une bête traquée et affamée face à ses chasseurs. Il savait fort bien que s'il ne parvenait pas à vaincre Polémégalos aujourd'hui, il mourrait soit de faim, soit sous les coups de son maître, déçu de ses trop maigres talents de guerrier. Cette certitude lui donna la puissance du désespoir, et il se jeta sur le nordique avec une fureur qui parut terrible à tous les hommes qui regardaient. En une dizaine de seconde, l'homme blond fut jeté au sol sans avoir put vraiment réagir et immobilisé par une prise qui le maintint face contre terre. Alors que le sable l'empêchait de respirer, il abdiqua en faveur de son élève. Ce soir là, Galtar put festoyer avec les autres gladiateurs, mais aucun d'entre eux ne voulut l'approcher, horrifié par la force qu'il avait manifestée contre Polémégalos, le meilleur d'entre eux, leur maître, le seul qui avait déjà gagné sa liberté. Le semi-géant s'en réjouit. Ainsi, aucun n'aurait envie de l'affronter quand viendrait l'heure de s'entretuer. Il vaincrait aisément et sortirait vainqueur, et libre, de l'Arène.
Il continua pendant plusieurs semaines son entraînement avec Polémégalos, et devint en quelques temps ce qu'un enfant barbare apprenait normalement à devenir en trois décennies : un guerrier impitoyable, sachant ignorer les codes de l'honneur mais aussi les respecter, capable de vaincre tout ennemi en combat singulier. Alors son mentor, impressionné par ses dons de combattant, lui imposa un combat contre cinq hommes avec de véritables armes, en l'armant d'un simple bâton et en lui ordonnant de ne tuer personne. Ce qui n'était pas précisé aux cinq autres. Au bout d'une dizaine de minutes, Galtar les avait tous mis à terre, et s'en tirait avec une simple balafre sur la joue : il était fin prêt pour le prochain spectacle où l'on verrait le Sabre, qui aurait lieu pour fêter le retour de sire Aedric. Il serait l'"invité d'honneur", et devrait vaincre tous les guerriers que lui imposerait le maître de l'Arène. Bien sûr, tout l'honneur rejaillirait sur Polémégalos, mais Galtar serait libéré s'il tuait le Sabre, ou tué si le Sabre gagnait. Concentré désormais sur son objectif ultime, à savoir détruire le plus grand de tous les gladiateurs de Nardogord, le semi-géant attendit avec une impatience fébrile le retour en Thassopole du Seigneur Von Seviand.