À l’extrême frontière nord de Scitopole, un combat faisait rage. Cris de guerres ainsi que des hurlements rendaient l’espace sonore quasiment palpable, du sang maculait l’herbe à un point tel que l’on doutait qu’elle redeviendrait un jour verte. Des lignes de fantassins biens disposés, dans une phalange disciplinée sur plusieurs lignes totalement nouvelle pour l’époque : des solides gaillards recouverts d’acier et portant de lourds pavois collés les uns aux autres se soutenant mutuellement tenaient la ligne sur deux rangées compactes, deux rangées de lanciers de plus pour offrir couverture et porter des attaques au dessus de la ligne, puis venaient une rangée d’arbalétriers qui, en tirant à l’unisson, brisaient les charges ennemies, puis la dernière ligne était composée d’archers qui bombardaient les renforts de traits meurtriers. Plus loin, à une centaine de mètres du carnage, se trouvaient plusieurs petits contingents de soldats légers, prêts a se lancer dans la partie si une brèche était déclarée sur la ligne.
Encore plus loin, sur une colline qui disposait d’une bonne vue stratégique, un groupe de cavaliers légers observaient la bataille. Leur chef, le seul qui avait une série de plumes blanches qui cascadaient au rythme du vent jusqu’à ses épaules, semblait captivé par tout les détails du conflit. Dès qu’un mouvement adverse portait un danger potentiel contre une section de la ligne, il détachait un cavalier et l’expédiait rapidement informer le responsable de la section en question des correctifs nécessaires. Quelque chose dans son regard disait qu’il aurait aimé se joindre au combat, mener ses hommes directement, hurler le cri de guerre de sa maison et danser une fois encore avec la mort, mais il était assez expérimenté pour savoir qu’un commandant ne devait pas prendre des risques inutiles. Dans l’histoire de sa province, il y avait assez d’exemples notables de rois et dirigeants glorieux du passé perdant la vie au milieu d’une bataille, et le résultat semblait toujours le même : la défaite de l’armée.
Sauf qu’il ne pouvait pas se permettre de perdre. Sa vie ne valait pas grand-chose, sauf que celle des centaines de ceux qui l’avaient suivi depuis longtemps, et celles de leurs familles qui se trouvaient à quelques milles de là, celles-là étaient vraiment inestimables. Et il ne pouvait pas tenter un retrait, le peuple de Graevendal était un peuple fier qui préférait mourir en masse que de céder une parcelle de leurs possessions ancestrales. Après tout une devise régissait dans la région : La mort est légère comme une plume, le devoir est lourd comme une montagne. Ils avaient tous reçus le devoir d’aimer, de protéger et de faire prospérer cette terre de leurs parents, qui l’avaient eux-mêmes reçus de leurs parents.
Il appréciait la mentalité de ce peuple, qu’il avait appris à considérer comme étant le sien, malgré le fait qu’il ne soit pas un natif de l’endroit. Ils lui avaient appris de grandes leçons, et il s’était lié a eux plus qu’ils étaient liés a lui. Il tenait un registre de tous ceux de ce peuple qui étaient morts sous son commandement, et tentait réellement de les garder en mémoire. Ils étaient ce qui l’empêchait de devenir un tyran et ce qui l’aidait à rester humain. Comme aurait dit son ancien mentor : Tu dois toujours payer le prix du boucher. Il ne l’avait pas compris à l’époque, mais maintenant cela faisait un certain sens.
La ligne tenait bien. Les barbares du nord étaient certes puissants, plus nombreux et féroces, mais indisciplinés et mal équipés. Leurs épées de fer perçaient rarement les solides armures d’acier des Scitopoliens, mais l’on pouvait quand même admirer leur courage. Cependant, dans leur cas, courage ressemblait plutôt à désespoir. C’était étrange. Un envahisseur ne désespérait habituellement pas avant que tout soit perdu, pas au bout de seulement une heure de combats.
Il comprit uniquement lorsqu’il vit la horde de morts vivants qui venait d’apparaitre en dévalant la montagne derrière les barbares. Ils fuyaient une menace encore plus grande, et en bloquant le seul passage praticable dans les hautes montagnes, il les avait obligé à combattre pour sauver leur peau. Les gens du nord étant une race fière, ils avaient préféré tenter de passer rapidement et en force puis de fuir, au lieu de négocier, mais les soldats de Graevendal se battait mieux que prévu. Maintenant ils étaient pris entre deux feux.
Se permettant quelques jurons bien sentis à l’égard des barbares qui préféraient taper avant de parler, il lança son cheval au galop tout le long de la ligne, distribuant ordres à ses lieutenants dispersés à divers endroits. Lorsque tous les ordres furent distribués, il fit signe a son porte étendard d’agiter un drapeau jaune, le signal convenu, et les soldats se divisèrent rapidement en pleins de petits cercles défensifs, archers et arbalétriers au centre, fantassins assurant leur protection, les lieutenants faisant signes et criant a leurs anciens ennemis de passer a travers eux pour se rendre en sécurité sur les plaines. Ce qui, malgré leur orgueil, acceptèrent de faire pour sauver leur peau.
La suite allait bientôt débuter. Les premiers tirs commençaient à fuser en direction de l’armée déjà morte. Cependant, ils étaient facilement deux fois plus que les humains, qui d’ailleurs étaient épuisés de leur combat contre les barbares. Le choc fut mois puissant que l’on aurait pu s’y attendre, divisé en pleins de petits groupes de guerriers déjà prêts a défendre chèrement leur vie, mais aussi parce qu’il était en partie contré par une charge des gens du nord qui semblaient finalement fatigués de fuir et voyaient enfin des chances de gagner.
Souriant que brièvement face a la décision des barbares, le chef de l’ost de Graevendal continua à préparer sa contre-attaque. Il divisa sa cavalerie en deux groupes qu’il fit passer de chaque cotés de son armée a pleine vitesse, abattant les morts sur leurs chemin, pour tenter d’aller tuer celui qui les contrôlait tous. Ces créatures sans intelligence avaient toujours besoin d’un maitre, une liche, un vampire, un infernal ou bien un nécromancien pour se créer et se rassembler en armée. Sans lui, ils tombaient souvent en morceaux, ou bien entraient dans une frénésie se détruisant eux-mêmes. Dans un cas comme dans l’autre, cela limiterait les pertes humaines, son objectif principal.
Il prit lui-même le commandement d’un des groupes, faisant brandir bien haut ses bannières et hurlant des cris de guerre. Il chargeait comme un forcené, et au fur et a mesure qu’il avançait avec son unité, les rangs des morts s’épaississaient, jusqu’à ce qu’il se retrouve devant un mur derrière lequel il voyait bien le nécromancien aboyer des ordres pour le mettre en pièce. La mêlée commença. Frappant de taille sur les squelettes et les zombis qui cherchaient a le tirer en bas de sa monture, il tacha de la garder toujours en mouvement pour rendre leur tache plus difficile. De plus, les destriers de batailles étaient des armes en soi, arrachant des membres avec leurs mâchoires, pas acérées mais puissantes, et en brisant d’autres avec leurs sabots ferrés.
Voyant que finalement, il ne pourrait pas percer les lignes, il fit faire à sa division volte-face, pour se lancer dans une fausse retraite, et le mage de mort tomba dans le panneau. Croyant sa victoire faite, il lança le gros de ses troupes a sa poursuite, et ce n’est que trop tard qu’il vit le deuxième bataillon de cavaliers fonçant sur lui. Criant désespérément à l’aide de ses morts, qui ne comprenaient que les ordres, pas les supplications, il finit embroché par la lance d’un des soldats. Soudainement, toutes les créations et les morts vivant s’effondrèrent dans un seul et grand mouvement, comme des centaines de pantins a qui l’on aurait coupé les fils.
La bataille était enfin finie, mais le charnier qu’était devenue cette passe dans les montagnes était épouvantable. Leur travail n’était pas terminé pour autant. Armée propre, ils prenaient toujours le temps d’enterrer les morts des deux camps dans une fosse commune pour laisser une chance a la nature de reprendre le contrôle sur les terres qu’ils avaient utilisés dans leur guerre. Les barbares remontèrent dans le nord, leurs terres libérées – du moins de cet adversaire- et sachant très bien que les gens de Graevendal supporterais pas leur présences sans leur assimilation complète dans leur société.
Plusieurs jours plus tard, une fois tout le sale boulot accompli, ils plièrent bagages pour retourner chez eux, laissant une garde suffisante pour tenir temporairement le passage entre les montagnes le temps que les éclaireurs portent le message, et les autres prirent le chemin vers Graevendal. La cité se trouvait qu’a une demi-journée de cheval, mais avec l’armée et les wagons d’approvisionnements derrière, une journée fut nécessaire et la seconde était bien entamée lorsqu’ils traversèrent les portes acclamés par les citoyens qui reconnaissaient leurs défendeurs. Le cri le plus répété était toutefois:
Gloire à Jaichim Carridin!
Souriant, le commandeur de l’armée salua la foule, qui exultait plus encore a ses sourires et ses signes de main. Il était vraiment aimé de son peuple, du moins si ce n’était pas par ses actions politiques ce l’était par le fait qu’il ne laissait personne sans défense. Il avait été élu il y a quelques années Seigneur-Capitaine de la ville, et deux ans auparavant un référendum avait fait passer son titre à vie, le hissant dans la noblesse au même titre que les autres dirigeants de Kalamai.
La longue colonne d’hommes se rendit jusqu’à un large édifice de pierres dans lequel se trouvait à la fois écuries, casernes et ce qui faisait office de palais. L’architecture du bâtiment était simple et spartiate, sans rien d’autre pour orner les murs que des meurtrières et mâchicoulis. Une rampe de roc conduisait les pas des soldats jusqu’au pont levis, situé a plusieurs mètres du sol, qui était une des deux voies d’accès du château. Directement derrière la porte défendue par une porte en bois massive se trouvait une petite cour qui n’était autre qu’une barbacane permettant aux défenseurs d’assaillir de tous les cotés leurs adversaires franchisant la première porte. Une deuxième porte, aussi massive que la première sauf cette fois renforcée de fer et soutenue par deux herses, les conduisit à la cour intérieure de la forteresse.
À l’intérieur de la cour l’on pouvait y trouver les écuries et les échoppes de forgerons, les cuisines et les autres ateliers de fabrication d’armes. Comme toujours, elle était en effervescence. Les martèlements des marteaux battant le fer emplissait l’air presque autant que celle de la viande qui était cuite dans les fourneaux des cuisines. Un doux arome de pain frais flottait dans l’air, rendant l’ambiance chaleureuse. Les ouvriers a l’empennage des flèches et carreaux déposaient régulièrement des pleins paniers de projectiles prêts a être utilisés, tant pour regarnir les carquois de l’armée que pour constituer un stock quasi-inépuisable dans le cas d’un siège.
L’armée se dispersa rapidement, les cavaliers allant reporter leurs montures à l’écurie, les fantassins reportant leurs armes dans l’une des grandes armureries. En soirée, un banquet fut organisé dans la grande salle de la place forte, et tous les soldats purent manger jusqu’à plus faim et boire jusqu’à plus soif. La soirée se déroula sous les cris de plaisir et le concours habituel des lieutenants à savoir celui des meilleurs conteurs de ce qui s’était déroulé pendant la campagne. Pour clôturer la fin de l’événement, tous se levèrent, puis prirent une minute de silence pour honorer les morts, dont Jaichim énumérait la longue liste de noms de mémoire. Il aimait son peuple autant qu’ils l’aimaient.
Le seigneur-capitaine monta tranquillement dans sa chambre, située au dernier étage du bastion. Épuisé, il chassa rapidement les domestiques agglutinés pour se déshabiller seul. Il ferma doucement la lourde porte de bois, puis se laissa tomber dans le grand lit ou il dormait seul, maintenant. Il fixa longuement l’emplacement à sa gauche, soupira légèrement, puis regarda le plafond jusqu’à ce que le sommeil vienne.
Dernière édition par Jaichim le Jeu 20 Mai 2010 - 4:48, édité 1 fois
Encore plus loin, sur une colline qui disposait d’une bonne vue stratégique, un groupe de cavaliers légers observaient la bataille. Leur chef, le seul qui avait une série de plumes blanches qui cascadaient au rythme du vent jusqu’à ses épaules, semblait captivé par tout les détails du conflit. Dès qu’un mouvement adverse portait un danger potentiel contre une section de la ligne, il détachait un cavalier et l’expédiait rapidement informer le responsable de la section en question des correctifs nécessaires. Quelque chose dans son regard disait qu’il aurait aimé se joindre au combat, mener ses hommes directement, hurler le cri de guerre de sa maison et danser une fois encore avec la mort, mais il était assez expérimenté pour savoir qu’un commandant ne devait pas prendre des risques inutiles. Dans l’histoire de sa province, il y avait assez d’exemples notables de rois et dirigeants glorieux du passé perdant la vie au milieu d’une bataille, et le résultat semblait toujours le même : la défaite de l’armée.
Sauf qu’il ne pouvait pas se permettre de perdre. Sa vie ne valait pas grand-chose, sauf que celle des centaines de ceux qui l’avaient suivi depuis longtemps, et celles de leurs familles qui se trouvaient à quelques milles de là, celles-là étaient vraiment inestimables. Et il ne pouvait pas tenter un retrait, le peuple de Graevendal était un peuple fier qui préférait mourir en masse que de céder une parcelle de leurs possessions ancestrales. Après tout une devise régissait dans la région : La mort est légère comme une plume, le devoir est lourd comme une montagne. Ils avaient tous reçus le devoir d’aimer, de protéger et de faire prospérer cette terre de leurs parents, qui l’avaient eux-mêmes reçus de leurs parents.
Il appréciait la mentalité de ce peuple, qu’il avait appris à considérer comme étant le sien, malgré le fait qu’il ne soit pas un natif de l’endroit. Ils lui avaient appris de grandes leçons, et il s’était lié a eux plus qu’ils étaient liés a lui. Il tenait un registre de tous ceux de ce peuple qui étaient morts sous son commandement, et tentait réellement de les garder en mémoire. Ils étaient ce qui l’empêchait de devenir un tyran et ce qui l’aidait à rester humain. Comme aurait dit son ancien mentor : Tu dois toujours payer le prix du boucher. Il ne l’avait pas compris à l’époque, mais maintenant cela faisait un certain sens.
La ligne tenait bien. Les barbares du nord étaient certes puissants, plus nombreux et féroces, mais indisciplinés et mal équipés. Leurs épées de fer perçaient rarement les solides armures d’acier des Scitopoliens, mais l’on pouvait quand même admirer leur courage. Cependant, dans leur cas, courage ressemblait plutôt à désespoir. C’était étrange. Un envahisseur ne désespérait habituellement pas avant que tout soit perdu, pas au bout de seulement une heure de combats.
Il comprit uniquement lorsqu’il vit la horde de morts vivants qui venait d’apparaitre en dévalant la montagne derrière les barbares. Ils fuyaient une menace encore plus grande, et en bloquant le seul passage praticable dans les hautes montagnes, il les avait obligé à combattre pour sauver leur peau. Les gens du nord étant une race fière, ils avaient préféré tenter de passer rapidement et en force puis de fuir, au lieu de négocier, mais les soldats de Graevendal se battait mieux que prévu. Maintenant ils étaient pris entre deux feux.
Se permettant quelques jurons bien sentis à l’égard des barbares qui préféraient taper avant de parler, il lança son cheval au galop tout le long de la ligne, distribuant ordres à ses lieutenants dispersés à divers endroits. Lorsque tous les ordres furent distribués, il fit signe a son porte étendard d’agiter un drapeau jaune, le signal convenu, et les soldats se divisèrent rapidement en pleins de petits cercles défensifs, archers et arbalétriers au centre, fantassins assurant leur protection, les lieutenants faisant signes et criant a leurs anciens ennemis de passer a travers eux pour se rendre en sécurité sur les plaines. Ce qui, malgré leur orgueil, acceptèrent de faire pour sauver leur peau.
La suite allait bientôt débuter. Les premiers tirs commençaient à fuser en direction de l’armée déjà morte. Cependant, ils étaient facilement deux fois plus que les humains, qui d’ailleurs étaient épuisés de leur combat contre les barbares. Le choc fut mois puissant que l’on aurait pu s’y attendre, divisé en pleins de petits groupes de guerriers déjà prêts a défendre chèrement leur vie, mais aussi parce qu’il était en partie contré par une charge des gens du nord qui semblaient finalement fatigués de fuir et voyaient enfin des chances de gagner.
Souriant que brièvement face a la décision des barbares, le chef de l’ost de Graevendal continua à préparer sa contre-attaque. Il divisa sa cavalerie en deux groupes qu’il fit passer de chaque cotés de son armée a pleine vitesse, abattant les morts sur leurs chemin, pour tenter d’aller tuer celui qui les contrôlait tous. Ces créatures sans intelligence avaient toujours besoin d’un maitre, une liche, un vampire, un infernal ou bien un nécromancien pour se créer et se rassembler en armée. Sans lui, ils tombaient souvent en morceaux, ou bien entraient dans une frénésie se détruisant eux-mêmes. Dans un cas comme dans l’autre, cela limiterait les pertes humaines, son objectif principal.
Il prit lui-même le commandement d’un des groupes, faisant brandir bien haut ses bannières et hurlant des cris de guerre. Il chargeait comme un forcené, et au fur et a mesure qu’il avançait avec son unité, les rangs des morts s’épaississaient, jusqu’à ce qu’il se retrouve devant un mur derrière lequel il voyait bien le nécromancien aboyer des ordres pour le mettre en pièce. La mêlée commença. Frappant de taille sur les squelettes et les zombis qui cherchaient a le tirer en bas de sa monture, il tacha de la garder toujours en mouvement pour rendre leur tache plus difficile. De plus, les destriers de batailles étaient des armes en soi, arrachant des membres avec leurs mâchoires, pas acérées mais puissantes, et en brisant d’autres avec leurs sabots ferrés.
Voyant que finalement, il ne pourrait pas percer les lignes, il fit faire à sa division volte-face, pour se lancer dans une fausse retraite, et le mage de mort tomba dans le panneau. Croyant sa victoire faite, il lança le gros de ses troupes a sa poursuite, et ce n’est que trop tard qu’il vit le deuxième bataillon de cavaliers fonçant sur lui. Criant désespérément à l’aide de ses morts, qui ne comprenaient que les ordres, pas les supplications, il finit embroché par la lance d’un des soldats. Soudainement, toutes les créations et les morts vivant s’effondrèrent dans un seul et grand mouvement, comme des centaines de pantins a qui l’on aurait coupé les fils.
La bataille était enfin finie, mais le charnier qu’était devenue cette passe dans les montagnes était épouvantable. Leur travail n’était pas terminé pour autant. Armée propre, ils prenaient toujours le temps d’enterrer les morts des deux camps dans une fosse commune pour laisser une chance a la nature de reprendre le contrôle sur les terres qu’ils avaient utilisés dans leur guerre. Les barbares remontèrent dans le nord, leurs terres libérées – du moins de cet adversaire- et sachant très bien que les gens de Graevendal supporterais pas leur présences sans leur assimilation complète dans leur société.
Plusieurs jours plus tard, une fois tout le sale boulot accompli, ils plièrent bagages pour retourner chez eux, laissant une garde suffisante pour tenir temporairement le passage entre les montagnes le temps que les éclaireurs portent le message, et les autres prirent le chemin vers Graevendal. La cité se trouvait qu’a une demi-journée de cheval, mais avec l’armée et les wagons d’approvisionnements derrière, une journée fut nécessaire et la seconde était bien entamée lorsqu’ils traversèrent les portes acclamés par les citoyens qui reconnaissaient leurs défendeurs. Le cri le plus répété était toutefois:
Gloire à Jaichim Carridin!
Souriant, le commandeur de l’armée salua la foule, qui exultait plus encore a ses sourires et ses signes de main. Il était vraiment aimé de son peuple, du moins si ce n’était pas par ses actions politiques ce l’était par le fait qu’il ne laissait personne sans défense. Il avait été élu il y a quelques années Seigneur-Capitaine de la ville, et deux ans auparavant un référendum avait fait passer son titre à vie, le hissant dans la noblesse au même titre que les autres dirigeants de Kalamai.
La longue colonne d’hommes se rendit jusqu’à un large édifice de pierres dans lequel se trouvait à la fois écuries, casernes et ce qui faisait office de palais. L’architecture du bâtiment était simple et spartiate, sans rien d’autre pour orner les murs que des meurtrières et mâchicoulis. Une rampe de roc conduisait les pas des soldats jusqu’au pont levis, situé a plusieurs mètres du sol, qui était une des deux voies d’accès du château. Directement derrière la porte défendue par une porte en bois massive se trouvait une petite cour qui n’était autre qu’une barbacane permettant aux défenseurs d’assaillir de tous les cotés leurs adversaires franchisant la première porte. Une deuxième porte, aussi massive que la première sauf cette fois renforcée de fer et soutenue par deux herses, les conduisit à la cour intérieure de la forteresse.
À l’intérieur de la cour l’on pouvait y trouver les écuries et les échoppes de forgerons, les cuisines et les autres ateliers de fabrication d’armes. Comme toujours, elle était en effervescence. Les martèlements des marteaux battant le fer emplissait l’air presque autant que celle de la viande qui était cuite dans les fourneaux des cuisines. Un doux arome de pain frais flottait dans l’air, rendant l’ambiance chaleureuse. Les ouvriers a l’empennage des flèches et carreaux déposaient régulièrement des pleins paniers de projectiles prêts a être utilisés, tant pour regarnir les carquois de l’armée que pour constituer un stock quasi-inépuisable dans le cas d’un siège.
L’armée se dispersa rapidement, les cavaliers allant reporter leurs montures à l’écurie, les fantassins reportant leurs armes dans l’une des grandes armureries. En soirée, un banquet fut organisé dans la grande salle de la place forte, et tous les soldats purent manger jusqu’à plus faim et boire jusqu’à plus soif. La soirée se déroula sous les cris de plaisir et le concours habituel des lieutenants à savoir celui des meilleurs conteurs de ce qui s’était déroulé pendant la campagne. Pour clôturer la fin de l’événement, tous se levèrent, puis prirent une minute de silence pour honorer les morts, dont Jaichim énumérait la longue liste de noms de mémoire. Il aimait son peuple autant qu’ils l’aimaient.
Le seigneur-capitaine monta tranquillement dans sa chambre, située au dernier étage du bastion. Épuisé, il chassa rapidement les domestiques agglutinés pour se déshabiller seul. Il ferma doucement la lourde porte de bois, puis se laissa tomber dans le grand lit ou il dormait seul, maintenant. Il fixa longuement l’emplacement à sa gauche, soupira légèrement, puis regarda le plafond jusqu’à ce que le sommeil vienne.
Dernière édition par Jaichim le Jeu 20 Mai 2010 - 4:48, édité 1 fois