Les tribulations d'un minotaure en...

Voilà, les immenses portes de la ville la plus importante du continent s’étendaient devant eux. Juste à côté, une petite guérite dans laquelle devait stationner l’élite soldatesque de la capitale. L’élite avait dû avoir une journée bien remplie car elle paraissait dormir du sommeil du juste. Et, à part les trois compères – les deux consciences étant exclues du compte car seulement visibles par Exhyl – il n’y avait plus personne d’autre à l’extérieur des murs.

Après avoir patienté un instant, juste le temps pour que le soleil soit à moitié dissimulé par l’horizon, Feldret décida de réveiller le garde. Il frappa contre le côté de l’abri. Sans réaction apparente du dormeur. Il réitéra plus fort. Cette fois le soldat bondit de sa place surpris.


« Qui ? Que ? Quoi ? Qu’est-c’qui s’passe ? On nous attaque ? » s’exclama le pris en défaut.
« On voudrait rentrer. » déclara placidement Corne Brisée.

Le soudain réveillé se frotta les yeux et fixa Feldret. Il cligna des yeux puis le regarda à nouveau. Ces yeux faillirent sortir de leur orbite.


« Un mi… notaure ! » hurla-t-il. « Non ! Ne me tuez pas ! »
« Pourquoi il crie comme ça ? » couina Shog.
« Argh ! Un gobelin ! On veut nous envahir ! »
« Tu vas t’calmer ouais ?! Sinon j’te ramène d’où qu’tu viens ! » menaça Exhyl.
« J’suis trop jeune pour mourir. J’ai ma maman et mes frères et sœurs qui comptent sur moi. » pleurnicha la sentinelle.
« On veut pas t’tuer ! » grogna le chef. « On veut juste entrer. On veut pas d’histoires. »
« C’est vrai ? Vous allez pas m’tuer ni envahir la ville ? » espéra le pleurnichard en essuyant ses larmes.
« Oui ! On veut pas d’problèmes ! On veut juste aller à la corporation des combattants. »
« Ah ? Vous êtes donc pas des barbares venus des confins de l’empire pour l’détruire. » soupira le peureux. « Non, parc’qu’on nous dit toujours qu’il faut faire attention aux sauvages. Nous sommes là pour protéger la ville d’eux. » se rengorgea le garde en bombant le torse. « Euh… sinon, pour aller à la corporation… euh… j’crois qu’vous devez suivre la grand rue qui part des portes. C’est tout droit normalement. » indiqua-t-il avec hésitation.

Les trois compagnons plus les deux consciences entrèrent dans la ville sans s’attarder davantage. Ils laissèrent le garde seul qui plus tard irait se vanter à la taverne du coin d’avoir vaillamment repoussé une invasion de minotaures et de gobelins.

Ils suivirent à la lettre les indications du futur vantard mais ils se perdirent plus qu’autre chose. Il ne leur restait plus qu’une solution : se renseigner. Seulement, la nuit s’était entretemps étendue sur la capitale. Rares étaient les personnes encore dehors. Encore plus rares étaient celles qu’ils purent apercevoir ou croiser.

Shog proposa donc de sa voix stridente et stressante d’aller se renseigner dans un lieu fréquenté la nuit. La troupe partit donc en quête d’une taverne. N’ayant aucune envie de déambuler jusqu’au petit matin dans le dédale citadin, elle s’arrêta devant le premier établissement qu’elle découvrit.

Sur la devanture, un écriteau annonçait « Auberge de Korim ». Ils n’y prêtèrent guère attention et entrèrent donc.


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