Les lumières tournoyaient, ondoyaient, voletaient en myriades, en se rapprochant du petit groupe constitué des deux hommes et d'une gnome.
Ce que les trois étrangers n'avaient pu distinguer de loin, c'était l'homme qui marchait au milieu des Ectoplasmes, cerné, entouré, escorté plutôt par les lueurs inquiétantes. Il avançait sereinement, pas le moins du monde inquiété par la présence lumineuse de ces êtres surnaturels, qui se groupaient en essaim autour de lui, comme pour lui offrir la protection de leur multitude.
Devant leurs mines inquiètes, l'homme éclata d'un rire moqueur en s'adressant à eux.
- Soyez apaisés, nobles combattants ! Ne craignez pas mes petits compagnons, ils sont parfaitement inoffensifs et m'obéissent fidèlement. A moins que vous n'en vouliez à ma vie et que je leur ordonne de fondre sur vous, aucun d'eux ne vous fera de mal.
Il était maintenant parvenu à la hauteur des trois inconnus qui pouvaient distinguer son visage, éclairé par intermittence par le clignotement des créatures lumineuses qui volaient en nuée autour de lui.
- Je ne sais pas ce que vous venez faire en Naxopole mais je ne pourrais que vous conseiller de rebrousser chemin. Pour ma part, je quitte cette Province maudite. Je viens de Mende, la capitale, tout à l'est de la région... Nous avons cru être débarrassés des démons depuis que Mogoth s'est vu chassé du pouvoir. Mais voilà qu'un autre infernal s'est manifesté. Il a pris possession de l'ancienne tanière de Mogoth: "l'Antre de la Mort", une auberge de Mende. Et comme son prédécesseur, il se livre à des massacres sur la population de la capitale. Nous n'avons aucune nouvelle de la Palatine Lailah de Trasalvia... Plus personne pour nous protéger des créatures infernales qui cherchent à mettre la main sur notre Province...
Sans s'arrêter, il dépassa les trois étrangers pour continuer son chemin.
- Bonne chance à vous si vous souhaitez vivre ici... Moi, je file à l'autre bout de l'empire, en espérant que les démons ne seront pas vainqueurs et qu'ils ne parviendront pas jusqu'à ma lointaine retraite.
Sa silhouette sombre s'éloigna dans la nuit, accompagnée des lueurs éthérées qui devenaient plus petites jusqu'à ce qu'on ne les distingue même plus.