Le Sahuagin jubilait tout en remontant le fleuve de la Kalamaï séparant la forêt de Maon en deux.
Lui, un Baron...
Désormais à la tête d'un clan dont le domaine s'étendait le long de l'estuaire de Maon et comprenant une partie de la mer séparant le continent de l'île d'Argostole, il s'était mis en tête de prendre contact avec les seigneurs locaux afin de les aviser de la présence de la nouvelle colonie Sahuagin fondée très récemment. Et surtout, il voulait en finir avec ces histoires tenaces de guerre permanente dans la forêt.
En effet, depuis des centaines d'années, les peuplades aquatiques évitaient tant que possible de s'aventurer trop loin dans les bois à cause de ces rumeurs de guerre éternelle se déroulant à la surface. De sanglantes batailles opposant Amphise et Igoumen. Plusieurs colons Sahuagins ont été contraints de fuir les berges du fleuve, leurs villages étant systématiquement pris entre deux feux et ravagés par les deux armées. Le mot d'ordre ayant toujours été la discrétion, ces derniers ont donc décidés de laisser les combattants se débrouiller entre eux et ont choisis de regagner les profondeurs des océans. Jusqu'à aujourd'hui.
A la fois inquiétante et fascinante, la forêt de Maon a toujours suscité un interêt certain pour les peuples aquatiques de Kalamai, dont le fleuve représentait un atout majeur. Ainsi, Atalwatu espérait mener son peuple au plus profond des terres du continent à l'aide de ce cours d'eau gracieux et tranquille.
Pour autant, il n'était pas question de se montrer au grand jour ou d'envahir les terres. Comme tous les Sahuagins, Atalwatu était assez méfiant à l'égard des Terrestres lorsqu'il ne les connaissait pas. Il espérait simplement établir quelques comptoirs commerciaux afin d'échanger aux Terrestres les merveilles que la Mer avait à offrir contre de nouvelles ressources ou des connaissances plus approfondies sur Kalamai. Bien que les Sahuagins se montrent d'habiles explorateurs, ils ne s'aventuraient guère plus loin que les rivages et se réfugiaient aussitôt dans les eaux protectrices de l'Océan à la moindre menace perceptible.
Atalwatu sorti la tête des flots tranquilles du fleuve, huma l'air, et sentit une présence. Un elfe, sur un petit ponton, en train de pêcher. Le Sahuagin rentra immédiatement sa tête dans l'eau, ne faisant dépasser que ses yeux. Hum... C'était la première fois qu'il s'adressait à un elfe. Les seuls Terrestres auxquels il avait eu affaire étaient des hommes ou des nains, un ou deux géant en cherchant bien. Tout ce qu'il espérait, c'était que les elfes des bois soient moins désagréables que leurs homologues aquatiques.
Puis les histoires de guerres vinrent l'angoisser un peu plus. Et si ce paisible pêcheur était en fait un guerrier sanguinaire en permission ? Et s'il n'était pas seul ?
Le Sahuagin frémit à la pensée d'un groupe de bipèdes barbares à longues oreilles, affutant leurs lames, bien cachés derrière un buisson et prêts à le mettre en pièce...
Tandis qu'Atalwatu s'ébrouait bruyamment dans l'eau en se demandant comment il devait aborder l'inconnu, le pêcheur remarqua cette activité anormale dans le cour d'eau et y jeta un petit galet. Atalwatu cessa immédiatement de bouger et se laissa délicatement porter par les courants jusqu'à la berge.
Voyant que tout était calme, l'elfe se reconcentra sur sa canne en soupirant.
Le Sahuagin se saisit alors du même galet et le renvoya dans la tête du pêcheur. Ce dernier eu un spasme de surprise et lâcha un "Hein ?" sonore.
"-Psst ! Psst !"
Atalwatu, ne sortant que ses yeux et sa bouche de l'eau, appela le pêcheur. Ce dernier, intrigué, lâcha sa canne et s'approcha précautionneusement du bord, se penchant en avant afin d'écouter l'étrange créature.
"-Vous êtes seuls ? Il n'y a pas de soldats ?" murmura le Sahuagin.
"-Oui, oui je suis seul, mais... Pourquoi des soldats ?" lui murmura l'elfe en retour.
"-Eh bien... A cause de la guerre entre Amphise et Igoumen koâ !" répondit Atalwatu, l'air anxieux.
Après avoir entendu ceci, l'elfe se redressa et ne pu s'empêcher de retenir un rire méprisant à l'encontre de la créature aquatique. Non, décidément les elfes étaient tous les mêmes...
"-Oh bon sang, mais ça fait quelques années déjà que la guerre est terminée mon vieux ! Et y'a plus qu'une seule province maintenant, Amphise et Igoumen ont fusionnés !"
Hum. Ca ne va pas du tout. Ca n'avait absolument rien à voir avec les informations qu'Atalwatu détenait. Le Sahuagin éclaboussa abondamment le pêcheur (qui se moquait toujours de lui) tout en retournant au fond du fleuve. Malgré tout le respect qu'il doit aux archivistes Sahuagins, il ne pu s'empêcher de les maudire sur la parole de la Grande Sekolah.
Maintenant qu'il savait qu'il n'avait plus à craindre d'une éventuelle bataille en surface, il choisit de remonter quelques kilomètres plus loin. Des arbres majestueux l'entouraient de toute part, mais...
"-Par la nageoire caudale de Sekolah, mais qu'est ce que..."
Une créature ENORME se trouvait devant lui, sur la berge, s'abreuvant paisiblement. Quatre pattes monstrueusement griffues, un pelage parcouru d'effrayants motifs tribaux et un regard vide d'expression... Bon sang. Il ne pourrait pas passer tant qu'il n'aurait pas réglé son compte à ce terrifiant prédateur de la forêt.
Ni une ni deux, le shaman entreprit de griller ce monstre abominable d'une bonne décharge de foudre. Tandis qu'il incantait dans l'eau, il sentit avec satisfaction l'air se charger d'électricité tandis que les nuages se noircissaient au dessus de la forêt. Même s'il frappait l'eau, l'éclair tomberait trop loin pour craindre une quelconque électrocution. Désormais au fond du fleuve, il lâcha un dernier gargouillis vengeur signalant la fin de l'incantation. Un craquement assourdissant retentit et fit vibrer l'eau du fleuve. Fier de lui, le Sahuagin remonta immédiatement et sortis la tête de l'eau.
Le vieux blaireau leva le nez et s'enfuit, effrayé par le bruit de la déflagration.
Malgré cette réussite mitigée, le sort du shaman avait tout de même eu l'effet escompté. A moins que...
Le nez pris d'une odeur âcre, le Sahuagin se barbouilla la figure et entreprit de monter sur la berge. L'odeur venait de derrière une rangée d'arbres, quelques dizaines de mètres plus loin. Tandis qu'il courait dans la forêt, ses pattes palmées produisant un petit clapotis évocateur, il se glaça soudainement d'effroi.
La foudre était tombée sur un chêne gigantesque, probablement millénaire. Un arbre tel qu'il n'en avait jamais vu.
Des nuées d'oiseaux s'échappèrent du tronc et des dizaines de rongeurs qui s'abritaient sous ses racines s'enfuirent bruyamment tandis que la cime prenait feu très rapidement.
"-Oups. OUPS."
Ni une ni deux, le shaman entreprit de faire tomber une pluie abondante afin de limiter la propagation du feu, voire de maitriser l'incendie.
Les flammes diminuèrent rapidement en intensité et, grâce à l'air relativement humide de la forêt, l'incendie mourut presque aussitôt.
En revanche, comme chaque fois qu'un incendie est éteint à l'aide de l'eau, une grosse fumée noire commença à s'échapper du feuillage (dont une bonne moitié était déjà partie en fumée).
Un gigantesque panache opaque s'éleva au dessus de la forêt, signalant clairement sa position. Bientôt, il serait visible de toute la contrée...
Lui, un Baron...
Désormais à la tête d'un clan dont le domaine s'étendait le long de l'estuaire de Maon et comprenant une partie de la mer séparant le continent de l'île d'Argostole, il s'était mis en tête de prendre contact avec les seigneurs locaux afin de les aviser de la présence de la nouvelle colonie Sahuagin fondée très récemment. Et surtout, il voulait en finir avec ces histoires tenaces de guerre permanente dans la forêt.
En effet, depuis des centaines d'années, les peuplades aquatiques évitaient tant que possible de s'aventurer trop loin dans les bois à cause de ces rumeurs de guerre éternelle se déroulant à la surface. De sanglantes batailles opposant Amphise et Igoumen. Plusieurs colons Sahuagins ont été contraints de fuir les berges du fleuve, leurs villages étant systématiquement pris entre deux feux et ravagés par les deux armées. Le mot d'ordre ayant toujours été la discrétion, ces derniers ont donc décidés de laisser les combattants se débrouiller entre eux et ont choisis de regagner les profondeurs des océans. Jusqu'à aujourd'hui.
A la fois inquiétante et fascinante, la forêt de Maon a toujours suscité un interêt certain pour les peuples aquatiques de Kalamai, dont le fleuve représentait un atout majeur. Ainsi, Atalwatu espérait mener son peuple au plus profond des terres du continent à l'aide de ce cours d'eau gracieux et tranquille.
Pour autant, il n'était pas question de se montrer au grand jour ou d'envahir les terres. Comme tous les Sahuagins, Atalwatu était assez méfiant à l'égard des Terrestres lorsqu'il ne les connaissait pas. Il espérait simplement établir quelques comptoirs commerciaux afin d'échanger aux Terrestres les merveilles que la Mer avait à offrir contre de nouvelles ressources ou des connaissances plus approfondies sur Kalamai. Bien que les Sahuagins se montrent d'habiles explorateurs, ils ne s'aventuraient guère plus loin que les rivages et se réfugiaient aussitôt dans les eaux protectrices de l'Océan à la moindre menace perceptible.
Atalwatu sorti la tête des flots tranquilles du fleuve, huma l'air, et sentit une présence. Un elfe, sur un petit ponton, en train de pêcher. Le Sahuagin rentra immédiatement sa tête dans l'eau, ne faisant dépasser que ses yeux. Hum... C'était la première fois qu'il s'adressait à un elfe. Les seuls Terrestres auxquels il avait eu affaire étaient des hommes ou des nains, un ou deux géant en cherchant bien. Tout ce qu'il espérait, c'était que les elfes des bois soient moins désagréables que leurs homologues aquatiques.
Puis les histoires de guerres vinrent l'angoisser un peu plus. Et si ce paisible pêcheur était en fait un guerrier sanguinaire en permission ? Et s'il n'était pas seul ?
Le Sahuagin frémit à la pensée d'un groupe de bipèdes barbares à longues oreilles, affutant leurs lames, bien cachés derrière un buisson et prêts à le mettre en pièce...
Tandis qu'Atalwatu s'ébrouait bruyamment dans l'eau en se demandant comment il devait aborder l'inconnu, le pêcheur remarqua cette activité anormale dans le cour d'eau et y jeta un petit galet. Atalwatu cessa immédiatement de bouger et se laissa délicatement porter par les courants jusqu'à la berge.
Voyant que tout était calme, l'elfe se reconcentra sur sa canne en soupirant.
Le Sahuagin se saisit alors du même galet et le renvoya dans la tête du pêcheur. Ce dernier eu un spasme de surprise et lâcha un "Hein ?" sonore.
"-Psst ! Psst !"
Atalwatu, ne sortant que ses yeux et sa bouche de l'eau, appela le pêcheur. Ce dernier, intrigué, lâcha sa canne et s'approcha précautionneusement du bord, se penchant en avant afin d'écouter l'étrange créature.
"-Vous êtes seuls ? Il n'y a pas de soldats ?" murmura le Sahuagin.
"-Oui, oui je suis seul, mais... Pourquoi des soldats ?" lui murmura l'elfe en retour.
"-Eh bien... A cause de la guerre entre Amphise et Igoumen koâ !" répondit Atalwatu, l'air anxieux.
Après avoir entendu ceci, l'elfe se redressa et ne pu s'empêcher de retenir un rire méprisant à l'encontre de la créature aquatique. Non, décidément les elfes étaient tous les mêmes...
"-Oh bon sang, mais ça fait quelques années déjà que la guerre est terminée mon vieux ! Et y'a plus qu'une seule province maintenant, Amphise et Igoumen ont fusionnés !"
Hum. Ca ne va pas du tout. Ca n'avait absolument rien à voir avec les informations qu'Atalwatu détenait. Le Sahuagin éclaboussa abondamment le pêcheur (qui se moquait toujours de lui) tout en retournant au fond du fleuve. Malgré tout le respect qu'il doit aux archivistes Sahuagins, il ne pu s'empêcher de les maudire sur la parole de la Grande Sekolah.
Maintenant qu'il savait qu'il n'avait plus à craindre d'une éventuelle bataille en surface, il choisit de remonter quelques kilomètres plus loin. Des arbres majestueux l'entouraient de toute part, mais...
"-Par la nageoire caudale de Sekolah, mais qu'est ce que..."
Une créature ENORME se trouvait devant lui, sur la berge, s'abreuvant paisiblement. Quatre pattes monstrueusement griffues, un pelage parcouru d'effrayants motifs tribaux et un regard vide d'expression... Bon sang. Il ne pourrait pas passer tant qu'il n'aurait pas réglé son compte à ce terrifiant prédateur de la forêt.
Ni une ni deux, le shaman entreprit de griller ce monstre abominable d'une bonne décharge de foudre. Tandis qu'il incantait dans l'eau, il sentit avec satisfaction l'air se charger d'électricité tandis que les nuages se noircissaient au dessus de la forêt. Même s'il frappait l'eau, l'éclair tomberait trop loin pour craindre une quelconque électrocution. Désormais au fond du fleuve, il lâcha un dernier gargouillis vengeur signalant la fin de l'incantation. Un craquement assourdissant retentit et fit vibrer l'eau du fleuve. Fier de lui, le Sahuagin remonta immédiatement et sortis la tête de l'eau.
Le vieux blaireau leva le nez et s'enfuit, effrayé par le bruit de la déflagration.
Malgré cette réussite mitigée, le sort du shaman avait tout de même eu l'effet escompté. A moins que...
Le nez pris d'une odeur âcre, le Sahuagin se barbouilla la figure et entreprit de monter sur la berge. L'odeur venait de derrière une rangée d'arbres, quelques dizaines de mètres plus loin. Tandis qu'il courait dans la forêt, ses pattes palmées produisant un petit clapotis évocateur, il se glaça soudainement d'effroi.
La foudre était tombée sur un chêne gigantesque, probablement millénaire. Un arbre tel qu'il n'en avait jamais vu.
Des nuées d'oiseaux s'échappèrent du tronc et des dizaines de rongeurs qui s'abritaient sous ses racines s'enfuirent bruyamment tandis que la cime prenait feu très rapidement.
"-Oups. OUPS."
Ni une ni deux, le shaman entreprit de faire tomber une pluie abondante afin de limiter la propagation du feu, voire de maitriser l'incendie.
Les flammes diminuèrent rapidement en intensité et, grâce à l'air relativement humide de la forêt, l'incendie mourut presque aussitôt.
En revanche, comme chaque fois qu'un incendie est éteint à l'aide de l'eau, une grosse fumée noire commença à s'échapper du feuillage (dont une bonne moitié était déjà partie en fumée).
Un gigantesque panache opaque s'éleva au dessus de la forêt, signalant clairement sa position. Bientôt, il serait visible de toute la contrée...