Précédémment

Le couple avait longuement profité du séjour offert par les parents de Faelyna, l'Outre-Mer s'étant avéré une destination de choix pour sa tranquillité et la somme déboursé aiderait grandement les gens de la région à se remettre sur pied suite aux événements récents. Mais il était temps de revenir à cette vie normale qu'est la leur sur les terres d'Helcar, royaume champêtre certes mais aux exigences politiques importante. Babka se devait de reprendre en charge sa province, bien qu'il avait pleine confiance en son intendance, il aimait avoir lui même le contrôle de tout. Bien installé dans son bureau, il passait un à un les documents, lisant chaque ligne pour ne pas faire d'erreur. Demande de subvention, plainte entre citoyens pour un lopin de terre, requête de licence marchande, annonce de naissance..

Il se tapa la main dans le front, se rappelant les paroles de sa bien-aimé au moment du départ du quai en Outre-Mer "Partons sans regret... Papa." Faelyna était enceinte... il venait de le réaliser, il avait été trop absorbé par la quiétude du moment, le retour sur ses terres et tout ce qui l'attendait.

Il se leva, laissant en plan tout les documents, claquant la porte derrière lui pour atteindre les jardins de leur petite maison, s'y trouvait son épouse qui s'occupait des plantes pour embellir les alentours de cette demeure qui était peu utilisé avant. Il arriva d'un pas rapide, l'aidant à se relever et la prenant dans ses bras pour lui murmurer :

Merci...

Ses lèvres joignirent celle de Dame Irvin, l'empêchant de répondre tout de suite, savourant sa présence près de lui.

La jeune femme avait souri en voyant son homme approcher, lui qui était si occupé depuis leur retour au bercail... Retirant ses gants, elle saisit les mains tendues de Babka pour se relever et atterrir dans ses bras : un réel délice. Il lui susurra un remerciement à l'oreille puis l'embrassa, baiser auquel elle répondit avec tout son amour. Faelyna enlaça sa taille et retarda au possible le moment où leurs lèvres se séparèrent, après quoi elle plongea son regard dans le sien. Nul besoin d'user de son don pour lire le fond de sa pensée.

Mais mon amour, presque tout le plaisir fut pour moi...

Souriante, elle mordilla sa lèvre inférieure avant de l'embrasser à son tour. Avait-il cessé son travail uniquement pour cela ? Peu importait. Il était là, la serrait contre lui et, par bonheur, la fixait avec une étincelle particulière dans ses iris. Comme si elle n'était pas déjà sous le charme ! Contre toute attente, il gagnait son cœur davantage chaque jour, et elle était un peu plus amoureuse à chaque instant passé avec lui.
Elle n'était pas sûre de pouvoir le substituer à son devoir bien longtemps, mais s'il avait traversé tout ce terrain pour un simple baiser, peut-être avait-elle des chances de le convaincre du contraire.

Tu sais, je sens son énergie en moi. Il décuple la mienne et, je suis en pleine forme...

Dame Irvin offrit son regard le plus angélique à son mari, accompagné d'un petit sourire significatif. Se hissant sur la pointe de ses bottes, elle embrassa ses lèvres une fois encore, puis une autre, et enfin replongea dans ses prunelles pour jauger sa réaction.

Atteignant presque la maisonnée nouvellement habitée, la jeune Dame se tourna vers son homme, puis se plaça devant lui pour interrompre leur avancée. Elle lui vola un long baiser, parcourant la nuque et le torse mouillés de son époux ; hors de question qu'il retourne déjà à ses affaires administratives. Heureusement qu'elle ne manquait pas de ressources... Se séparant à peine de lui, elle mordit sa lèvre inférieure en baissant le regard sur ses vêtements.

Je ne peux jardiner dans cette tenue, il faut que je me change.

Elle l'embrassa une fois encore avant d'ajouter :

... Tu ne m'accompagnerais pas, par hasard ?

Replongeant son regard dans le sien, l'Humaine mena sa main à la chemise pour en ouvrir l'unique bouton. Il ne mit qu'un instant à le refermer, lui et le précédent pour plus de sécurité : Babka n'admettait sans doute pas qu'un autre que lui la voie aussi peu vêtue. Petite jalousie qu'elle apprécia au plus haut point, même si personne ne se trouvait dans les parages. Elle sourit de bonheur avant de poser ses lèvres sur les siennes, à plusieurs reprises, puis s'éloigna de lui d'un pas félin. Ils rejoignirent leur habitation quelques instants plus tard, prenant grand soin de refermer derrière eux.

Le couple ressortit en fin d'après-midi, tous deux changés et séchés... Sans doute son mari avait-il décidé de rester auprès d'elle lors de sa "pause", puisqu'une femme enceinte a toujours besoin de repos. Il portait un costume émeraude, raffiné mais confortable, et elle une robe bustier longue et saphir. Ils étaient vraiment magnifiques, et visiblement, il n'était plus question de jardinage...

Le couple, élégamment vêtu se tenait debout devant la maisonnette, il se mit face à elle, admirant la beauté de sa femme, posant les yeux sur elle comme la première fois qu'il l'avait rencontré au marché de la cité impériale. Elle avait le don de l'éblouir et il adorait cela. "Je t'aime" fut les mots qu'il murmura à son oreille avant de lui prendre la main et se diriger vers le grand manoir pour y rejoindre Asirade et Holaff sans préavis. Le couple d'espion était à la chambre, vaquant à leurs occupations, se préparant à descendre pour le repas lorsque Faelyna et Babka arrivèrent dans la pièce, causant la surprise.

Asirade se dirigea vers l'épouse pour la prendre dans ses bras, faisant ensuite de même avec le maître des lieux. Holaff tendit la main à son supérieur et fit le baise main à Faelyna. Babka prit alors la parole.

Enfilez vos beaux habits, nous sortons ce soir ! Nous allons prendre du bon temps, nous nous rendons à Magnésie pour déguster un repas au Molosse Cendré, l'Auberge de renom de la capitale.

Tous le regardait surpris... L'espionne se dirigea vers la garde-robe pour y choisir une robe assorti à celle de Fae, elle fit signe à l'elfe pour avoir un coup de main puisque son homme était occupé à se changer dans la pièce voisine. Requérant d'ouvrir le dos de sa tenue actuelle qu'elle retira aussitôt dégagé de l'emprise de celle-ci pour enfiler la nouvelle afin qu'il la ferme correctement. Satisfaite du résultat, elle se tourna vers lui, lui offrant un baiser sur la joue en guise de remerciement, se dandinant jusqu'à l'épouse pour obtenir approbation de sa tenue. Suivi par Babka qui reprit place dans l'embrasure de la porte alors qu'Holaff réapparaissait dans la pièce.

Prêts ? La carriole nous attends aux portes du manoir, nous serons à l'auberge dans l'heure.

Les jeunes femmes échangèrent un regard à la fois surpris et satisfait, n'ayant jamais eu besoin de mot pour se comprendre. Quoi de mieux qu'une sortie entre amoureux et avec ses amis ? Asirade n'attendit guère pour aller chercher la tenue idéale, optant pour une robe bleue et confortable. Babka l'aida à se changer, Faelyna attendant sagement près de la coiffeuse. Une fois fait, l'espion les rejoignit et le Maître des lieux leur annonça en atteignant la porte :

Prêts ? La carriole nous attends aux portes du manoir, nous serons à l'auberge dans l'heure.

Holaff, en chemise blanche et pantalon en toile beige, proposa ses bras aux deux Dames, qu'elles attrapèrent chacune leur tour.

Prêts.

Ils sortirent tous les quatre, sourire aux lèvres, puis montèrent dans la carriole qui les mènerait à bon port. La route se passa sans embuche, offrant aux couples tout le loisir d'échanger sur diverses choses, comme le voyage de noces. Faelyna, assise face à son homme, lui fit comprendre qu'elle n'avait rien dévoilé sur sa grossesse : peut-être aborderaient-ils le sujet plus tard... Quoiqu'il en soit, la Dame croisa les jambes avant de se concentrer sur les dires de son amie.

... J'adorerais. L'Outre-Mer doit être magnifique, surtout en cette période ! Il s'agit vraiment d'une belle surprise de la part de la Comtesse Sa...

Elle s'interrompit, comprenant qu'elle en avait sans doute trop dit. Ce malaise fit sourire la jeune épouse, l'invitant à poursuivre sans crainte, mais Asy n'osa rien ajouter.

Holaff t'offrira peut-être la même destination après votre célébration, se hasarda la curieuse.

La Psioniste posa alors ses yeux sur le concerné, impatiente de voir sa réaction, tout juste avant leur arrivée.

Faelyna eut tout juste le temps de saisir son verre avant que son compagnon ne passe aux aveux, rendant sa meilleure amie totalement euphorique. Asirade s'empressa de la prendre au niveau des épaules, la serrant contre elle tout en embrassant sa joue. La jeune femme se tourna alors vers elle pour lui rendre son baiser, puis lança un regard à Babka.

Félicitations à vous !

Merci, sourit-elle.

Mes félicitations également, Dame Irvin.

Holaff lui refit un baise-main au-dessus de la table, faisant beaucoup plus de cérémonie que nécessaire. Asy passa sa main sur le bas-ventre de la Psioniste, qui glissa ses doigts sur les siens. L'espionne paraissait très émue à l'idée qu'elle serait bientôt mère. Ce qui était bien normal, puisqu'il s'agissait d'un petit frère ou petite sœur de cœur de son propre enfant... D'ailleurs, à ce propos :

As-tu également réussi à connaître son sexe ?

Oui.

Faelyna porta son hydromel à ses lèvres, après quoi les deux Humaines posèrent leurs yeux malicieux sur leur amant respectif.

Le château ne connaissait plus l’agitation joyeuse et habituelle depuis un certain temps. L’ambiance festive planant entre ces immenses murs de briques avait laissé place à la mine grave affichée sur tous les visages tandis que le temps passait. Là-bas, au bout du couloir menant aux appartements privés des Souverains, personne n’osait plus s’approcher de peur d’apprendre une terrible nouvelle... Seules les demoiselles de compagnie s’affolaient autour du lit, rafraichissant le corps en feu de leur Maîtresse à l’aide de serviettes détrempées. Asirade ne pouvait malheureusement faire de même, son état ne lui permettant pas d’être à ses côtés... Mais s’en rendait-elle réellement compte ? A peine consciente, la jeune femme murmurait des paroles incompréhensibles pour quiconque n’y prêtait qu’une oreille, et parfois le sommeil la prenait lorsque la fièvre était trop forte.
Le Sir Irvin ne tarda pas à revenir d’un voyage politique en terre alliée, et fut immédiatement prévenu de l’état de sa femme. Il traversa la parcelle de royaume qui les séparait pour entrer dans leur chambre, s’installer près d’elle et prendre sa main dans les siennes. Le cœur battant de son époux réveilla l’humaine, qui chuchota une ultime fois ses recommandations... Mais cette fois-ci, l’ouïe de son mari sut la comprendre : « Prévenir Mère. » Ses yeux s’ouvrirent sur lui, le fixèrent un instant à peine, et se refermèrent à nouveau. Il savait quoi faire à présent. Ressortant du château, il demanda à Holaff de contacter le Domaine de la Rose Noire et de la Lame Pourpre le plus rapidement possible ; il était temps de mettre un terme aux souffrances de Faelyna. L’espion s’en chargea alors que Babka retournait auprès de son aimée, il n’y en aurait plus pour longtemps.

Des cris stridents s’échappaient de la chambre depuis maintenant une éternité semblait-il, lorsqu’enfin une ombre en passa le seuil. Les quatre demoiselles s’arrêtèrent instantanément de bouger, et le Seigneur tourna un visage grave vers la Comtesse qui venait d’ôter sa cape. Elle s’avança vers sa fille et s’agenouilla à sa droite pour poser ses mains sur son front et son ventre rond. Tout semblait figé autour de ces deux femmes, et le silence précédant les paroles de Satania parut beaucoup trop long.

- Fermez la porte, amenez du linge et rafraichissez encore son front, dit-elle à l’attention des filles. Puis, elle ajouta pour son gendre : Elle est épuisée, mais ça ira.

Il resserra sa main alors que Dame Ereldriira faisait face à Faelyna, la regardant dans les yeux pour capter son regard.

- Ma chérie... Ecoute-moi, ouvre-moi ton esprit.

Le rythme de sa respiration s’accéléra légèrement, ses prunelles fixant celles de sa mère, et cette dernière finit par esquisser un sourire de fierté immense.

- Je sais, tu y es presque. Et ce bébé sera aussi fort que sa maman. Concentre-toi sur moi...

Elle caressait le visage perlé de sueur de sa fille, tentant de la rasséréner au possible. Son cœur battait fort, mais Satania décelait également une pulsation plus timide et beaucoup plus rapide. Peu à peu, elle parvint à calmer l’esprit torturé de la souffrante et bientôt, à la faire clore les paupières une nouvelle fois. Enfin, leurs esprits étaient liés, et elle contrôlait leurs sensations à toutes les deux.

- Elle a repoussé la douleur tant qu’elle a pu, je suis arrivée au bon moment. Faîtes-moi confiance.

De toute façon, il n’avait pas le choix. Les demoiselles placèrent du linge sous les jambes de Faelyna et continuèrent de la rafraichir, elle qui semblait à présent endormie. La Comtesse s’installa alors face à elle, et très sereinement, lui dicta ce qu’elle avait à faire : et le travail commença. Plus aucun cri ne fut entendu, les Psionistes faisant tout pour que cela se passe en douceur... Plus aucun cri, jusqu’à ceux de l’enfant qui venait de naître, enveloppé dans un drap trop grand pour lui. La nuit était tombée depuis un long moment lorsque le bébé fut définitivement sorti du ventre de sa mère, sous le regard comblé de deux autres membres de la famille. Avec précaution, la Vampire le nettoya avant de le poser dans les bras de sa petite combattante à elle dont elle se détachait de l’esprit peu à peu, murmurant aux parents :

- Il a l’esprit de sa mère et la force de son père... Pas de doute, ce petit homme est un Elfe.

Effectivement, le petit ange qui s’endormait déjà possédait de jolies oreilles pointues, un nez minuscule et de belles mains potelées. Il se sentait en sécurité entre les deux êtres qui le chérissaient plus que tout, et les battements dans sa poitrine en étaient la preuve.
Il fallut un instant avant que Faelyna ne pose ses yeux sur son époux, des étoiles dansant dans ses prunelles. Elle allait bien mieux, son esprit totalement guérit de ses maux et ne subissant encore que la fatigue de son corps : il retrouvait sa femme.

- Je te présente ton fils. Ton premier descendant, Sir Irvin...

Il ne pouvait espérer retour à la maison plus agréable, une véritable chance qu'il n'ai été retardé par quelconque rencontre politique, sans quoi il aurait manqué la naissance de leur fils, le fier représentant de la lignée des Irvin... Tellement de choses avait changé dans la vie du palatin, pour le mieux, depuis un peu plus d'un an. Une simple rencontre au marché impérial avec une merveilleuse demoiselle, au charme sans équivoque qui de fil en aiguille devint sa maîtresse, sa compagne, sa femme et maintenant la mère de leur fils.

Devant lui, sa Faelyna, fatiguée par l'accouchement...

- Je te présente ton fils. Ton premier descendant, Sir Irvin...

- Evadym Irvin, Bienvenue dans ce monde mon fils.

Faelyna le tenait dans ses bras, près d'elle, il caressa son visage du bout des doigts, à la fois si petit mais déjà si fort. Il se pencha, embrassant le front du nouveau-né puis sa bien-aimée avant de se relever et s'approcher de la comtesse, s'arrêtant à tout juste un pas d'elle.

- Merci pour tout... je vous dois tout ceci et vous en suis reconnaissant.

L'elfe posa alors la main sur la hanche de celle devant lui, se penchant pour déposer un baiser sur sa joue avant de se reculer. Il regardait autour de lui, songeur, il ferait tout pour protéger ceux présent dans cette pièce à cet instant précis. Il savait que les mois à venir serait mouvementés, son récent voyage politique ne lui ayant pas offert que de bonnes nouvelles...

- Evadym Irvin, Bienvenue dans ce monde mon fils.

Evadym... La jeune mère posait alternativement son regard empli d'amour sur son enfant et son mari. Ce dernier les embrassa chacun leur tour, et Faelyna profita de ce baiser comme s'il lui était vital. Oh oui, elle avait souffert. Mais seul lui avait pu entendre son appel, le comprendre et transmettre le message à temps. Sans lui, elle serait sûrement morte dans ses draps et n'aurait pas pu donner la vie au chérubin qu'elle tenait contre elle. Babka se releva et rejoignit Satania qui essuyait ses mains.

- Merci pour tout... je vous dois tout ceci et vous en suis reconnaissant.

Le gendre offrit un léger baiser à la Comtesse qui répondit par un sourire. Visiblement songeuse elle aussi, les yeux posés sur sa fille et son petit-fils, elle continua de nettoyer ses doigts un moment avant de murmurer au Seigneur des lieux :

- Vous n'avez pas à vous en faire... Il veille déjà sur elle, et un lien très fort vous unie tous les trois. Il a été très content de rencontrer enfin son père.

Elle souriait encore plus à présent, consciente que cette information lui avait sans doute échappé. Le petit Psioniste donnerait sûrement du fil à retordre à ses parents... Sans doute la revanche des grands-parents.

- Incitez-la à prendre du repos, elle en a besoin. Je vais rester...

Attendrie par le tableau vivant sous ses yeux, elle ne tarda pas à se rendre au chevet de sa fille pour reprendre le nouveau-né dans ses bras.

- Je vais m'occuper un peu de lui, repose-toi ma chérie.

L'Humaine déposa un baiser sur le front de son bébé avant de le laisser partir. Elle tendit alors la main vers sont époux et l'attira à elle pour l'embrasser, impatiente de se trouver dans ses bras.

- Je t'aime...