Le Monde de Kalamaï
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

Le Monde de KalamaïConnexion
Le Deal du moment : -20%
Drone Dji DJI Mini 4K (EU)
Voir le deal
239 €

descriptionHan Yu'llöhl Alkasr EmptyHan Yu'llöhl Alkasr

more_horiz
HRP, petite excuse :


Introduction

Loin, bien loin, l'est de Kalamaï, au-delà de l'océan, à bien plus de lieues que n'est l'archipel d'Outre-Mer, se situe un immense continent dont l'Empire n'a point connaissance. Les plus audacieux de ses explorateurs, les plus chevronnés de ses marins : aucun ne s'y est jamais rendu. Jamais en tout cas, l'un d'entre eux n'est revenu. Si quelque témoignage a existé dans l'Empire, il a disparu depuis des siècles.

Ce sont des civilisations bien curieuses qui habitent cette terre. Soit, les races qui le peuplent sont semblables à celles que connaît Kalamaï, à ceci près que gnomes, anciens, minotaures et nains y sont en proportions bien supérieures.

Le lieu qui nous intéresse tout particulièrement est situé tout à l'ouest du continent. C'est là qu'il y a des siècles s'est établie un peuple de colons gnomes, fuyant les persécutions, cherchant un paisible asile. C'est là qu'ils le trouvèrent : en effet, une chaîne de montagne que seules quelques peuplades naines locales savent traverser sépare le littoral et son territoire intérieur du reste du continent, où les gnomes étaient poursuivis et maltraités pour leur religion monothéiste, et avaient peine à se défendre. Celui qui est de faible et petite constitution peine souvent à vaincre des minotaures armés ou des sorciers anciens.

A l'abri des calamités, les gnomes purent se reproduire et fonder un État florissant sur la côte, développant grâce à leur intellect supérieur une économie autarcique solide et, grâce à leur talent en ingénierie, ils dressèrent un des plus grands ouvrages mortels que le monde ait connu à ce jour : la Digue. Défense côtière hors pair, cette longue muraille rocheuse de deux cents pieds de haut pour quatre-vingts de largeur courrait sur des centaines de lieues, protégeant les gnomes d'éventuelles incursions maritimes et prévenant les raz-de-marée, relativement fréquents dans ces eaux. De fait, la Digue plantait ses racines dans les tréfonds de l'océan, non loin de la côte, il est vrai ; l'exploit, tout de même, était de taille. Sa crête, menaçante, était hérissée de redoutables balistes, prêtes à faire feu sur les intrus qui s'approchaient.

La petite colonie devint peu à peu un gigantesque État fédéral, divisé en plusieurs états républicains quasiment indépendants. Ainsi fut la Confédération des Lutins, alors que les territoires gnomes s'étendaient de plus en plus vers l'intérieur, à l'est, vers les montagnes. Les pionniers gnomes voyagèrent si loin qu'ils tombèrent un jour sur les royaumes de piémonts des seigneurs nains, au pied de la grande chaîne protectrice.

Bien que les premiers contacts eussent été houleux, voire hostiles, les nains et les gnomes, la surprise passée, parvinrent aisément à s'étendre pour cohabiter en paix. Cet épisode rendit cependant aux dirigeants gnomes leur lucidité : ils reprirent conscience que la Confédération n'était pas seule au monde. Et, à cette époque durant laquelle leur savoir scientifique et technologie n'avait guère d'égal au monde, où leur nation était plus grande et peuplée que jamais, ils décidèrent que les barrières de l'extérieur pouvaient être franchies, que le reste du monde devait être découvert.

Nous sommes en l'an 896 après le débarquement des fuyards gnomes, soit 185 années avant notre temps.

C'est en l'an 900 très exactement que la Confédération mit au point l'astronef. Très habiles en matière de transports, car les territoires des républiques confédérés étaient fort vastes mais nécessitaient des liaisons efficaces, et fort ingénieux, les gnomes inventèrent le navire des cieux : ils construisirent des navires en bois légers, et les harnachèrent de voiles-ballons, que l'on gonflait à souhait d'air chaud pour prendre de l'altitude ou en perdre. Un système habile de voilure permettait une capacité de direction de plus en plus précise au fur et à mesure que l'engin se perfectionnait, et les gnomes apprirent fort vite à connaître les vents d'altitude et à en tirer parti, comme les marins le font des vents de mer.

Bientôt, les plus téméraires s'osèrent à traverser les chaînes de montagnes, ce qui requéraient une grande maîtrise de l'appareil et une prise d'altitude formidable qui nécessitaient de pouvoir alimenter un feu puissant pendant un temps long. Le premier atterrissage réussi de l'autre côté des royaumes nains eut lieu en 918. Dès lors que l'exploit fut répété, puis vidé de son caractère extraordinaire, les gnomes furent les maîtres du continent.

Ils rencontrèrent de nouveau des peuples qui les avaient jadis opprimés. Nombre d'entre eux avaient changés, et il fut aisé pour les lutins d'établir des rapports commerciaux très fructueux avec beaucoup. Ayant le négoce et le tact dans le sang, les gnomes assirent leur supériorité de développement la plupart du temps sans effusion de sang. Quant aux sectaires anciens ou aux tribus minotaures qu'il leur fallut réprimer pour pouvoir établir des comptoirs paisibles, ils furent soumis sans difficulté, tant les haches et les lances étaient inefficaces contre les nefs célestes, et les armures de cuir et de fer des poids morts face aux arbalètes de pointe des soldats gnomes. Il faut cependant noter que les gnomes ne conquirent jamais rien : ils se contentaient d'asservir les territoires et leurs peuples à leur commerce, ce qui leur suffisait amplement.

S'ils étaient désormais dispersés et actifs dans toutes les terres qu'ils connaissaient, les gnomes n'en partageaient pas pour autant leur grandeur. Protectionnistes, ils ne consentaient à dispenser quelques-uns de leurs secrets, et des moindres, qu'aux nains, leurs cousins et alliés. Les arcanes de fabrication des nefs célestes ou de leurs armes les plus efficaces étaient fort bien gardés, si bien que l'on disait là-bas d'un obstiné qu'il était une "tête de gnome". S'ils faisaient des envieux, ceux-ci étaient fort impuissants ; les hommes à buste de taureau étaient des barbares armés de haches et de bouclier de bois et de cuir. L'acier était une nouveauté pour eux ; les gnomes le connaissaient et le pratiquaient depuis des lustres.

C'est au cœur de cet espace dominé par la Confédération des Lutins, dans son sanctuaire, sa capitale, Altaffgard, le Haut Rocher, à l'extrême ouest du continent, que commença notre histoire.


Jeunesse d'un génie

C'est dans les faubourgs d'Altaffgard, qui semblait alors la capitale du monde - les gnomes ne connaissant pas l'existence de Kalamaï, bien qu'ils supposaient la présence d'un continent par delà les eaux -, que naquit en l'an 1037 après le débarquement des pionniers gnomes Han Yu'llöhl Alkasr, fils de Fijadin Yu'llöhl Béjon et de Karuna Alkasr Bouterin, tous deux tisserands de ballon pour les nefs des cieux, comme bien d'autres pauvres gens.

Tout jeune encore, le petit Han montrait une vivacité d'esprit assez formidable, et il étonnait ses aînés en chantonnant de sa voix fluette la devise de la Confédération, en langue ancienne :
Semper altius, "Toujours plus haut". Il intégra à cinq ans, comme tous les enfants des républiques gnomes, l'école confédérée obligatoire, où il avança bien vite car il savait déjà lire, écrire, et compter simplement. Il manifesta un comportement exemplaire, s'intégrant parfaitement à ses camarades, malgré la différence d'âge qui s'installa, alors qu'il progressait bien plus rapidement que la normale.

Alors que son corps grandissait - autant qu'il est possible pour un gnome de taille moyenne -, il remplissait son esprit de savoir scientifique, mathématique, physique et chimique notamment, mais aussi de rêves, bercé qu'il était par les grandes épopées des premiers pionniers, des bâtisseurs de la Digue, ou celles des explorateurs intrépides qui avaient découvert l'au-delà des monts. S'il montrait dans sa plus petite enfance une dévotion exemplaire à Gioi, dieu gnome unique, il avait perdu bien vite sa ferveur, s'apercevant que si Gioi le Bienveillant était tel qu'on le disait, qu'il accordait à tous sans distinction une saine tranquillité après le trépas, il n'était même pas utile de croire en lui. A croire et pratiquer, on perdait son temps. A ne pas croire, on ne perdait rien. Extrêmement doué dans tous les domaines intellectuels, passionnés par les sciences, mais pragmatique, ses professeurs, qui voyaient en lui le génie scientifique du siècle, l'orientèrent vers l'élite de l'ingénierie.

A seize ans, ce qui est fort jeune quand on considère que l'école obligatoire gnome dure habituellement plus de vingt ans, il intégra l’École du Génie Gnome, la crème des écoles de science, où il brilla plus encore, passant sans encombre à travers les difficultés abruptes d'un tel parcours. Là-bas, il apprit tout des techniques de construction des transports gnomes, de la conception des astronefs, de l'architecture - que les républiques confédérées avaient fort complexe. Un tel apprentissage faisait de lui un gnome des plus érudits, détenteur d'un savoir caché, gardien du protectionnisme des lutins.


Frustration et ascension

Cependant, par un mauvais heur, il échoua au concours terminal, trop sûr de lui, trop brillant et arrogant pour ses professeurs grognons et préférant les humbles. Il fut donc assigné à la tâche de l'entretien de la Digue, labeur qu'il jugea tout à fait ingrat pour son génie, et qui l'était d'ailleurs. En remplissant néanmoins excellemment ses fonctions, il se sentit bafoué, insulté, lui, le jeune prodige de l’École, ce qui ne l'empêcha pas de monter très rapidement dans la hiérarchie.

Au bout de dix ans, à trente-quatre ans, il hérita du poste d'Ingénieur en chef de l'entretien et de l'amélioration, légué par son vieux prédécesseur qui prenait sa retraite après quatre-vingts quinze ans de bons et loyaux services sur la Digue. Ce siège lui octroyait le pouvoir de modifier jusqu'au dessin extérieur, avec l'accord des dirigeants fédéraux, qui n'y entendaient rien et lui faisaient confiance. Il avait tous droits sur la Digue, en somme, sauf celui de modifier son ossature brute, bâtie par les fondateurs du premier État gnome. Il tenta de l'obtenir, prétendant pouvoir améliorer l'ossature, mais essuya des refus indignés.

Même investi d'un tel pouvoir - dont il se servit d'ailleurs adroitement, améliorant l'efficacité de la Digue contre les raz-de-marée à tel point qu'il ne fut même plus nécessaire de la réviser après les tsunamis, tant elle brisait bien les lames les plus dévastatrices -, il ne se satisfaisait pas de sa situation : elle ne lui permettait pas de monter plus haut. L'échec à son concours l'avait privé de plus hautes charges, l'avait cloué sur un immense mur de pierre à éponger les embruns de l'océan, lui qui voulait voir le monde au-delà des monts. Il enrageait de plus en plus jour après jour. Il en vint à vouloir se venger de ceux qui le privaient et de la pleine application de son génie, et de l'accomplissement de ses rêves. Mais il voulait le faire avec intelligence.


Invention

Il fallait à Han Yu'llöhl Alkasr, âgé de trente-neuf ans, une action d'éclat, qui le portât au faîte de sa gloire tout en infligeant un coup redoutable, une blessure incurable à la fierté et au renom de ceux qui l'entravaient. Mieux encore, il ne fallait pas qu'une telle action semble venir de lui : elle devait paraître fortuite pour qu'il parût encore plus méritant.

La barrière qui l'empêchait de monter plus haut dans les rangs de la Confédération, d'être considéré comme grand, était en fait l'ossature primaire de la Digue, cœur sacré du mur qui séparait les gnomes de la mer et des dangers afférents. En prouvant que l'ossature ne pouvait plus remplir sa fonction, il prouverait qu'il avait eu raison, et que les dirigeants s'étaient fourvoyés. Seulement, le problème était que l'ossature, même si elle pouvait être améliorée, n'en avait pas besoin : elle résistait à toutes les armes existantes, même les plus destructrices. S'il voulait atteindre son but, Han allait devoir inventer un objet à la faculté de destruction radicalement supérieure à celles des armes de siège conventionnelles. Il fallait qu'il puisse envoyer sur la Digue des boules d'acier avec assez de force pour qu'elles pulvérisent la pierre. Il lui fallait inventer un projecteur très puissant.

Il trouva son bonheur dans d'anciennes études pyrotechniques abandonnées alors que les gnomes cherchaient à élaborer un carburant plus économique et efficace que le bois pour les astronefs. La poudre décrite dans ces recherches
"se consume trop vite, et les gaz qu'elle produit n'ont rien d'intéressant d'un point de vue aéronautique." Après plusieurs tests dans son laboratoire privé, Han connaissait à la perfection les propriétés de cette poudre, faite de charbon, de soufre et de salpêtre, trois éléments qu'il pouvait récupérer en quantités énormes. En effet, elle se consumait trop vite, mais les gaz qu'elle formait, excités, provoquaient des explosions puissantes. Avec un bon dosage de poudre et une chambre où recueillir les gaz, la combustion de la poudre pourrait seule engendrer cette explosion, qui pouvait projeter des masses importantes. Il suffisait d'un conduit rigide pour orienter le projectile, à savoir une boule d'acier, vers la cible, et le tour était joué.

Han Yu'llöhl Alkasr créa donc, en s'y reprenant à plusieurs reprises, changeant ses plans pour éviter certains désagréments, des canons miniatures afin de vérifier ses hypothèses. Quand enfin il fut sûr que son invention était assez destructrice pour mettre à bas un pan de la Digue, il en fondit les pièces et la monta à la grandeur voulue, gardant sa miniature la plus réussie comme prototype d'arme anti-personnelle, même s'il rechignait à être violent lui-même. Ne lui restait plus qu'à trouver des exécuteurs.


Politique retorse

Il y avait, dans les nombreux territoires sous la coupe des républiques gnomes, plusieurs peuples qui auraient bien aimé voir la fierté des maîtres du monde pâtir d'un revers, et goûter à leur tour à la gloire. Han, historien à ses heures, et bien renseigné par des amis qu'il s'était fait à l’École du Génie Gnome et qui avait réussi le concours, pouvant donc partir à l'étranger, savait lesquels contacter, et lesquels il pourrait convaincre de travailler pour lui. Son choix se porta sur une peuplade minotaure, peu réputée pour son intelligence et renommée pour son animosité envers la Confédération. Cette peuplade attendait en vain l'arrivée d'un messie à la tête blanche qui les guiderait vers la vengeance et le rétablissement de leur gloire. Non sans se moquer d'eux, Han recourut à grands frais aux arts d'un illusionniste talentueux pour se grimer parfaitement en minotaure blanc pendant le temps qu'il lui fallait. Afin de justifier son départ de la Digue, il démissionna purement et simplement, avec comme prétexte que les dirigeants ne le laissaient pas faire ce qui était nécessaire. Comme la loi l'exigeait, un avis public fut publié contenant les tenants et aboutissants résumés de l'affaire, qui fut affiché dans les villes de la Confédération.

Pendant que la populace prenait connaissance de la querelle entre ses dirigeants et son Ingénieur en chef, ce dernier s'aventurait en territoire inconnu. Une excitation sans précédent l'avait saisi lorsqu'il était passé par dessus ces infranchissables montagnes, puis encore lorsqu'il avait mis pied à terre dans un désert qui n'avait rien de son pays fertile et verdoyant. Masqué en minotaure immaculé, il pénétra ensuite dans le grand village de ceux qu'il devait persuader de la manière qu'indiquait la prophétie qu'il avait consultée. On se prosterna vite ; il n'eut qu'à dire, et ce fut fait. Les humano-bovidés armèrent leurs esquifs nombreux des canons de leur faux messie, une fois que celui-ci leur eût expliqué comment s'en servir, et se mirent en route. Le gnome déguisé, lui, retourna à Altaffgard, où il attendit l'assaut des minotaures, qui ne tarda plus.


Vengeance et renommée


L'attaque minotaure fut aussi brusque qu'inattendue pour les gnomes, qui ne surent quoi faire : leurs balistes n'avaient pas assez de portée pour toucher aux esquifs minotaures, qui tiraient avec une arme inconnue. Lorsque le feu bovin cessa, et que les imbéciles firent mine d'avancer, un pan important de la Digue s'était effondré : ils voulaient s'engouffrer dans la brèche, conformément aux ordres de leur "messie". Ils furent massacrés par les artilleurs gnomes, qui n'eurent aucune miséricorde, contrairement à la coutume qui astreint les gnomes à une facilité de pardon.

La chute d'une portion de la Digue, fut-elle sans suite, fit grand bruit. Han Yu'llöhl Alkasr fut rappelé à l'Ingénierie en chef avec tous les pouvoirs qu'il exigeait. L'émotion populaire fut grande, et l'on fit démissionner les dirigeants pour en élire d'autres afin d'éviter le conflit. On eut très peur, après cette attaque surprise trop proche de la capitale, qui eût pu endommager plus gravement la nation gnome. Tous les espoirs de sécurité se tournèrent vers celui-qui-avait-eu-raison, Han Yu'llöhl Alkasr, et qui le prouva bientôt. Il remplaça si bien l'ossature de la Digue qu'elle devint insensible à quelque choc que ce soit, et même aux tirs de canon à moyenne portée. Ayant fait repêcher les armes des minotaures, il fit des tests publics contre le mur, qui résista. De nouveau à l'abri de la peur, les gnomes l'adulèrent alors.


Disgrâce et bannissement


Yu'llöhl Alkasr eut plus d'influence et plus de popularité que tous les dirigeants réunis pendant près de trois ans, jusqu'à ce qu'un journaliste fouineur ne s'introduise par effraction dans son étude et ne lui vole les maquettes qu'il avait fait des canons, qu'il parvint à dater d'avant l'attaque des minotaures, ainsi que l'attestation de paiement qu'il avait fait à l'illusionniste. Publiant sa trouvaille, il s'attira d'abord les foudres de l'opinion, et fut traîné en justice pour calomnie. Au tribunal, devant les yeux ébahis des yeux, il démontra l'imposture du grand Han, concluant :

- Si justice il y a, que je sois relâché, et qu'il vienne ici répondre de ses crimes infâmes !

Les juges n'osèrent suivre d'autres directives que celles du journaliste.

On envoya des commissaires mettre Han Yu'llöhl Alkasr aux arrêts. Celui-ci, ayant prévu sa ruine prochaine, avait déjà pris le large, emmenant avec lui son fidèle garde du corps et ami, Bestien Danterre, un humain à la peau noire qui avait obtenu le droit de séjour dans les territoires de la Confédération pour services rendus - il avait notamment sauvé plusieurs expéditions marchandes et diplomatiques importantes de la catastrophe en territoire hostile. Avisant cette fuite, la cour de justice prononça le bannissement contre l'Ingénieur en chef et héros imposteur de la nation gnome, et la perpétuité pour lui s'il venait à revenir.

Il avait d'autant plus déchaîné la colère des juges que, après avoir échappé aux mailles du filet des gardes dans la cité, il avait réussi à s'enfuir à bord de son meilleur astronef, avec un équipage dévoué et une cargaison fournie en provisions et carburant. Poursuivi, il avait eu le front de partir vers l'ouest, vers le grand large, où l'on ne voudrait ni ne pourrait le rattraper. En effet, la plupart des nefs célestes ne pouvaient bien amerrir, et la crainte de la noyade était grande, tout autant que celle du non-retour. Celle de Han avait été construite selon ses propres plans : elle était rapide, d'une qualité toute nouvelle, faite pour les airs aussi bien que pour la mer, pour peu qu'on changeât les voiles. Avec, il pourrait aller jusqu'au bout du monde.

L'on se rendit compte qu'il avait volé, en partant, les plans de la Digue, ceux des canons, la recette de la poudre, et les dessins des astronefs les plus perfectionnées.


En l'an 1081, loin, très loin à l'ouest

Je m'éveillai au cri de la vigie.

- Terre ! Terre, monsieur Yu'llöhl !

J'ouvris vivement les yeux et sautai de mon lit. Trottinant, je sortis de la cabine, saluai Bestien qui montait la garde, l'arquebuse que je lui avais fabriquée à la main, et débouchai sur le pont de mon vaisseau. J'avais ordonné l'amerrissage, prévoyant que nous ne tarderions plus à voir la terre : j'avais vu en contrebas, hier, un bête navire maritime qui passait. Je jugeais préférable de ne pas trop attirer l'attention dans ces terres inconnues de tous, et manifestement peuplées. Je souhaitais y faire du commerce et m'y établir, pas susciter d'emblée la convoitise ou la peur avec des choses qu'on n'avait sûrement jamais vues là-bas.

Je jetais un coup d'oeil à l'horizon. La terre était bien là ! L'excitation monta en flèche dans ma poitrine. En cette année 1081, après un an de navigation ardue et fort peu d'escales, ma foi, je touchai terre ! Et une terre inconnue, encore ! Ouh, que d'aventures cela serait !


- Bestien, viens-moi voir ça !

Mon vieil ami accourut aussi vite que je lui ordonnai. Je soupirai intérieurement. Sa vie d'esclave au service des elfes noirs l'avait beaucoup trop marqué à mon goût. Même s'il avait fini par tuer ses maîtres et qu'il m'accompagnait parce que je lui avais sauvé la mise dans une rixe de bordel qui allait mal tourner pour lui, il gardait vraiment une attitude de servitude qui m'exaspérait, moi qui le considérais comme un ami. Enfin, un ami un peu spécial, mais qui avait le mérite d'être très fidèle.

A la vue du spectacle somptueux des terres peu à peu éclairées par le soleil qui se levait derrière nous, il siffla d'admiration. Je ris de joie.


- Pas mal, hein ? On touche au bout du voyage, mon vieux.

- Il semblerait, il semblerait. Dis-moi, Han, tu as une idée d'où nous sommes ?


C'était bien la centième fois qu'il me posait cette question. Évidemment, non, je ne savais pas. Je ne pouvais que supposer.

- Eh bien, pour tout te dire, non. Mais ces gens parlent une langue proche de la nôtre. Sûrement un dérivé de la langue des Anciens, à ce que j'ai vu des pavillons du navire d'hier. Ces salopards ont eu le don jadis d'infester toute la planète, apparemment. Ce qu'il y a de bon là-dedans, c'est que nous allons pouvoir discuter sans frapper.

- Tant mieux, alors. Je préfère massacrer des gens avec ton arquebuse après m'être assuré qu'il nous veulent bien du mal. Je n'ai jamais aimé tuer mes amis.

- Ton arquebuse ne marchera pas, je le crains. Le voyage en mer a largement trempé le peu de poudre que nous avions. Il faudra nous en refabriquer. J'espère que les ingrédients nécessaires sont fréquents aussi en ces terres.

Nous discutâmes ainsi jusqu'à arriver à la côte, qui était pleine de récifs et d'éperons rocheux. Rien de bien accueillant. Je décidai de faire du canotage jusqu'au premier port que nous trouverions. Là, nous aurions de plus amples informations sur ces territoires, et de quoi nous rassasier les sens.

Dernière édition par Han Yu'llöhl Alkasr le Sam 7 Sep 2013 - 4:47, édité 1 fois

descriptionHan Yu'llöhl Alkasr EmptyRe: Han Yu'llöhl Alkasr

more_horiz
Et bien, si je m'attendais à voir débarqué un lutin dans ce coin reculé du monde...
Que de souvenir, mon navire en garde aussi de belles marques que cette rencontre...
Dommage que ma longue vie me mène au de plus en plus au trépas...

descriptionHan Yu'llöhl Alkasr EmptyRe: Han Yu'llöhl Alkasr

more_horiz
BG validé !

Un récit intéressant, avec quelques petits flous, mais ça ne m'a pas gêné.

J'apprécie que tu aies conscience qu'il faut repartir à peu près de zéro en ce qui concerne ton matériel. La poudre est en effet une arme terrible, même dans des endroits où la magie œuvre : il sera bon de justifier comment tu acquiers ton stock une fois arrivé dans l'Empire, si tu souhaites en faire le commerce. Tu as de la chance, en plus, car nous sommes en guerre ! Une belle opportunité de marché pour toi Wink

Pour les astronefs, on a déjà vu des chevaucheurs de dragon en Kalamaï, et tes engins me paraissent moins grosbills, alors je ne vais t'embêter là-dessus. Je trouve même l'idée belle. Ça me rappelle les nefs du pays Qâ, de la BD Thorgal.

Spoiler :


Enfin, bref, sois le très bienvenu ! Smile

descriptionHan Yu'llöhl Alkasr EmptyRe: Han Yu'llöhl Alkasr

more_horiz
Bon, bah merci au deux (je prends le commentaire de Sieur Ancalimon pour un compliment) Smile Ne t'inquiète pas, Aquilodon, je ferai bon usage de la poudre, et je compte justifier chaque étape du développement de ce que sera ma compagnie de commerce. Quant à l'origine de l'idée des astronefs, elle me vient plutôt des films genre Miyazaki (château dans le ciel notamment), et aussi de la nef des cieux, qui est un bâtiment spécial dans le jeu HOMM3.

descriptionHan Yu'llöhl Alkasr EmptyRe: Han Yu'llöhl Alkasr

more_horiz
Bienvenue a toi ingénieur.

Ton récit m'a énormément plu, j’apprécie le style, comme l'a dit mon camarade il y a quelque flou mais rien de grave on en apprendra plus surement plus tard^^.

Ton aéronef est tout simplement superbe.
L'equipe d'animation reste a disposition pour les questions etc etc.
Au plaisir de te lire de nouveau et pourquoi pas d'avoir un bon rp ensemble.

descriptionHan Yu'llöhl Alkasr EmptyRe: Han Yu'llöhl Alkasr

more_horiz
Han Yu'llöhl Alkasr a écrit:
Bon, bah merci au deux (je prends le commentaire de Sieur Ancalimon pour un compliment) :)Ne t'inquiète pas, Aquilodon, je ferai bon usage de la poudre, et je compte justifier chaque étape du développement de ce que sera ma compagnie de commerce. Quant à l'origine de l'idée des astronefs, elle me vient plutôt des films genre Miyazaki (château dans le ciel notamment), et aussi de la nef des cieux, qui est un bâtiment spécial dans le jeu HOMM3.

En fait c'est que selon mon historique, j'ai vécu longtemps ailleurs qu'en Kalamaï, par delà les mers... donc ton apparition sur l'empire fait cohérent avec cela. Les marques sur mon navire ne sont pas de destruction mais bien d'amélioration pour une efficacité accrue ^_^

Pour le trépas, c'est que je suis sur mon départ mais continue de lire ici et là le forum.

descriptionHan Yu'llöhl Alkasr EmptyRe: Han Yu'llöhl Alkasr

more_horiz
J'ai bien aimé ton récit et te souhaite la bienvenue parmi nous. Dans l'attente de tes futurs Rp qui, j'en suis sur seront captivant.

descriptionHan Yu'llöhl Alkasr EmptyRe: Han Yu'llöhl Alkasr

more_horiz
Bienvenue à toi Han! (Désolé du temps de réponse, j'ai eu un week-end chargé ^^")

Très beau récit, j'ai hâte de voir la suite! Aquilodon a été plutôt complet dans ses commentaires, donc je ne rajouterai rien sinon le plaisir que j'ai à accueillir des nouveaux venus.

A bientôt!

descriptionHan Yu'llöhl Alkasr EmptyRe: Han Yu'llöhl Alkasr

more_horiz
Bon, bah merci, ça fait plaisir !

Je commencerai dans peu de temps !

descriptionHan Yu'llöhl Alkasr EmptyRe: Han Yu'llöhl Alkasr

more_horiz
Heroes III Surprised ... Rien que pour ça je te souhaite la bienvenue Smile Bon rp à toi.

descriptionHan Yu'llöhl Alkasr EmptyRe: Han Yu'llöhl Alkasr

more_horiz
Bienvenue parmi nous !

descriptionHan Yu'llöhl Alkasr EmptyRe: Han Yu'llöhl Alkasr

more_horiz
privacy_tip Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
power_settings_newSe connecter pour répondre