Arzhùl Gorbad, Maître Inquisiteur

L'homme, dans une impressionnante armure d'un alliage inconnu à la couleur d'ébène, d`une grande taille à la carrure plus qu'impressionnante, se tenait fièrement la botte droite dans la face d`un nécromancien malchanceux.

Il retira son casque de sa main libre et de son autre main il enfonça le manche de sa puissante hache dans les restes meurtris de son défunt ennemi.

Dans ce pauvre bourg loin de toute vie, il mit son casque sous son bras et s'adressa aux survivants du village :
Au Nom de Kanderak.
Voyez fils de chien!
Voyez ce que j`ai dû faire!
Moi Arzhùl Gorbad, Maître Inquisiteur, Pourfendeur de Bâtard de votre espèce, utilisera tout, je dis bien tout les moyens pour éradiquer la vermine qui est à mes pieds!
Même si pour cela je dois faire des veuves et des orphelins!
La torture est comment dire...
Mon pécher mignon, pour les grands comme pour les petites...
Maintenant raclure des ténèbres, alors que vous avez vécu tant d'années à côtoyer la corruption, je m'en vais faire ma triste mais pas moins réjouissante besogne.
Cela ne sert à rien de fuir!
Votre destin est entre mes mains, considérer moi comme votre Némésis!

*Discourt du Maître Inquisiteur Arzhùl Gorbad lors de l`une de ces nombreuses Purifications*

Enfance:

Père, puis-je venir?
Non! Ce n'est pas une histoire pour un enfant de huit ans! File dans la cave protéger ta soeur et ta mère.

Furent les dernières paroles que le père d'Arzhùl lui prononça alors qu'une bande de créatures plus mortes que vivantes, parodies d'hommes assoiffés de sang, attaquaient la cité isolée d'Essarthe.
La bataille était perdue d'avance, les morts, frères de la veille, se levèrent pour devenir l'ennemi de demain. La panique envahissait le coeur des vaillants, la corruption altérait leurs âmes et bientôt le village fut abandonné à son triste sort.
Puis, ce fut le tour de la bourgade suivante et ainsi de suite le Royaume de Corella tomba entre les mains de l'Impie.
Le Roi-Marchand, Ubu, ne put qu'abdiquer. Sans descendance et à un age avancé, celui-ci fut contraint de nommer l'Impie son successeur. Le premier acte de l'Impie fut d'assassiner les héritiers logiques à la couronne.
C'est ainsi que le vieux Ubu vit sa famille se faire massacrer sous ses propres yeux, spectateur de sa déchéance.
Trop peu réussirent à échapper au travail forcé et au commerce d'esclaves, mais tout cela n'était bien entendu pas le soucis des Hautes Sphères de l'Empire.
Peu de temps après l'attaque d'Essarthe, Taliana, la mère d'Arzhùl, Kiiani, sa grande soeur et lui même réussirent à s'échapper de ce bourbier à nécroses et ils partirent vers Anaphe, la capitale de leur Province, avec une risible poignée de survivants.
Anaphe... Capitale du vice et de la débauche, du mensonge et du parjure, de la corruption et du stipendiement, rien de bon ne les attendait...
Leurs appels à l'aide s'évanouissaient peu à peu dans une masse grouillante d'individus prêts à vendre père et mère pour assouvir leur soif de pouvoir et de richesse, car tel était le visage de la glorieuse Anaphe de l'époque.
C’est en ce lieu néfaste que le jeune Arzhùl grandit, mais c’est aussi ici qu’il rencontra le Père Gunthar…

Adolescence:

Cela faisait un peu plus de trois ans que la petite famille avait fui le triste devenir de Corella. Depuis aucune nouvelle n'avait filtré du morne royaume jusque dans la capitale, et Taliana n'avait eu guère d'autre choix que de trouver une profession pour nourrir les deux bouches en sa charge.

Elle devint serveuse et bonne dans l’auberge de Mr Frank, d'un vieille ami de son père. Kiiani, plus vieille qu'Arzhùl de trois ans, et en désaccord avec sa mère, devint serveuse dans une taverne douteuse des bas quartiers d'Anaphe.
Arzhùl, lui, fut pris en charge par le Père Gunthar, un Chapelain de Kanderak. Ainsi, le petit homme apprit les bases de la lecture et de l'écriture.

A douze ans Arzhùl connaissait les rudiments qui lui permettraient de lire et écrire, ce qui permit au Père Gunthar de passer à des sujets plus intéressants, avec en premier ordre la théologie, puis les différents contes et légendes de Kalamai. Leurs vies étaient parmi les plus fades et communes que l'on pouvait trouver dans une ville comme Anaphe. Et malgré l'absence cruelle de son paternel, Arzhùl était content d'avoir le Chapelain Gunthar à ses cotés. Les liens entre lui et sa grande sœur se renforcèrent et se raffermirent avec le temps.

Les mois passèrent, puis les années…

Et le petit garçon, dont un des passe-temps favoris était d’espionner les personnes qui l’entouraient avec son ami Sysk’o, devint un adolescent assoiffé de connaissance. Si bien qu'il passait ses journées dans les bibliothèques de la ville, écumant toutes les histoires, se délectant des sciences et autres manuels de rhétorique. Puis, le Père Gunthar, en récompense des progrès de l'adolescent, lui permit d'aller dans la bibliothèque de la cathédrale d'Anaphe. Là, le jeune Arzhùl s'émerveilla devant tout ce savoir à portée de main, si bien qu'il n'en perdit pas une miette. Et certains ouvrages qu'il n'aurait pas dû lire se retrouvèrent entre ses mains. Ainsi il s'attira les foudres de son tuteur qui le punit sévèrement. L'une des punissions fut l'interdiction de pénétrer dans les bibliothèques, ce qui fut un drame pour Arzhùl, mais il dut s'en passer.
A la place, le Père Gunthar lui apprit les arts de la méditation et du recueillement spirituel. Il se mit à différentes activités sportives et en parallèle il continua son apprentissage en théologie.

Puis, l'année de ses quinze ans, sa grande soeur Kiiani disparut.
Elle avait rencontré un homme étrange, qui avait toujours avec lui un verre à pied rempli d'une boisson opaque et épaisse, et il lui avait fait un tas de promesses creuses.
Arzhùl n'avait jamais aimé cette homme à la nature suspecte. Et son mauvais pressentiment allait bientôt se justifier. Au fond de lui, il savait ce que sa grande sœur était devenue, mais il ne pouvait l'admettre...
Ce jour là il se fit la promesse devant Dinas et Folaniss de retrouver sa sœur.

Quelques mois plus tard, alors que le chagrin rongeait le coeur de l'adolescent, Taliana mourut d'une maladie pulmonaire foudroyante. C'est ce que les médecins ont dit.
Mais pour Arzhùl c'est la tristesse qui l'a emportée, le laissant seul...
Seul au milieu d'une masse grouillante d'individus...
Le monde tournait autour de lui, mais son monde à lui s'arrêta! Il était seul...
Se refermant sur lui-même... Il était seul...
Mais en fait …
Pas si seul que cela...
Oui, il y avait le père Gunthar et l’ancien patron de maman, Mr Frank, qui était gentil lui aussi et qui avait toujours le cœur sur la main. Et puis, il y avait aussi les enfants de l’orphelinat avec lesquels il passait le plus clair de son temps, dont le petit Sysk’o qui restera son meilleur ami et avec qui ils firent les quatre cents coups. Et la belle Evelina, qui voulait devenir prêtresse de Dinas.
Non, peut-être pas si seul que cela, mais c’était surtout au fond de lui qu’il se sentait abandonné et orphelin…

Dès lors, il fit l’un des choix les plus importants de sa vie, il décida de s’engager dans la prêtrise avec plein de belles idées en tête telles que chasser les êtres maléfiques, les voleurs de sœur, les briseurs d’espoir et autres raclures ténébreuses venus d’on ne sait où, pour faire leurs funestes besognes.
C’est comme cela que pendant les six ans qui suivirent, Arzhùl se lança corps et âme sur la voie religieuse, ne s’accordant que quelques jours de repos par mois.
A travers un songe d’origine divine, semblable à une prémonition, le Père Gunthar vit l’avenir brillant de son disciple qui était appelé à devenir un personnage important de la Sainte Corporation.
Mais Gunthar garda cela pour lui et le jeune adolescent devint un jeune homme.

Spoiler: