Un messager de l'Empereur se dirigea vers le bureau du Thaumaturge. De par sa qualité de haut messager, il avait accès à presque tout l'Empire. Contre le serment du secret, il avait eu accès à la corporation des Arcane spour y livre les missives de l'Empereur et du Sénat. Ce jour-là, il en avait une pour le Thaumaturge, de plus haute importance. Ne pouvant attendre, il glissa le pli sous la porte et repartit.

Citation :

Nous, Fardall Barka, Empereur de Kalamaï, décrétons l'envoi d'une expédition dans le Grand Nord de la Province de l'Édhesse et même au-delà, dans les régions inconnues dont nous sont parvenues des nouvelles de richesse. Tout citoyen ou citoyenne de Kalamaï désireuse de participer à cette expédition et de prendre à sa charge les bénéfices ou les dépenses qui en découlent, accompagnée ou non d'une escorte inférieure ou égale à trente personnes sera le bienvenue. Tous les intéressés devront se rassembler d'ici deux semaines à la Grande Place où seront distribués équipement sommaire et vivres et où seront présentés les dirigeants de l'expédition. Nous serions ravis de recevoir des contingents de nos corporations impériales, fidèles représentantes de nos braves citoyens. Nous rappelons que des ressources arcaniques de premières importances, des richesses abondantes et des sites de défense stratégique et de relations avec une peuplade inconnue sont probables selon nos informations.

Que cette expédition porte chance et que Kanderak et Synodar la bénisse, qu'on se le dise !

Cela faisait un certain temps que le jeune Ancien n'avait plus mis les pieds à la Corporation, et lorsqu'il entra dans le bâtiment, il le trouva bien plus calme que lorsqu'il y avait pénétré pour la première fois, quelques mois auparavant, pour demander son intégration. Comme s'il y avait une sorte de tristesse dans l'air.

Rapidement, il apprit d'un serviteur plutôt bavard que le seigneur Adola était venu il y a quelques jours pour rencontrer le Thaumaturge, mais avait trouvé porte close. Il avait apparemment laissé un message à destination des membres de la Corporation, mais le valet n'avait pas eu l'occasion d'en prendre connaissance.

Intrigué, le sorcier, se dirigea vers le bureau du Thaumaturge, où il trouva effectivement un mot signé de la main d'Adola :

Citation :

Aux membres de la Corporations Impériale de la Mana

Je me suis rendu à ce jour au sein de votre Corporation pour m'y entretenir avec le responsable qui s'avère introuvable depuis qu'il s'est enfermé dans ses quartiers.

Je demande donc à tous membres venant à se trouver dans ces lieux de prendre contact avec moi par le biais d'une missive afin que je puisse vous rencontrer pour régler cette affaire rapidement.
Je repasserais dans les lieux également dans quelques jours pour voir si la situation à évoluer.

Cordialement

Adola, Magistrat des Institutions Impériales

Entendant des voix à l'intérieur de la pièce, le jeune Ancien arrêta un scribe qui l'informa que le bureau était occupé par Adola et Sharlnak, un autre membre de la Corporation. N'osant pénétrer dans la pièce, le sorcier se contenta de toquer à la porte et d'attendre une réponse.

Quelques secondes seulement après que le sorcier ait toqué, la porte s'ouvrit et il fut accueilli par le seigneur Adola. Après s'être assis aux côtés de son condisciple Sharlnak, il écouta le spadassin leur exposer la situation....

Puis-je compter sur vous, sous le sceau du secret ? il ne s’agit pas de trahir votre chef mais bien de l’aider car nous sommes inquiets.

Sans hésitation, le jeune Ancien répondit d'une voix assurée :

-Vous n'avez même pas à poser la question. Il s'agit ici du bon fonctionnement de la corporation à laquelle j'appartiens et de la sécurité de l'Empire.
Cela dit, je ne sais pas si je pourrais être d'une grande aide. Le Thaumaturge a beau être mon supérieur hiérarchique, je pense que vous êtes plus au fait que moi de ses agissements, et je n'ai eu que très rarement l'occasion de lui parler. Cependant, il va de soi que je ferai tout mon possible pour le retrouver.

Le jeune adepte se tut, attendant la réaction de son condisciple, ou d'éventuelles informations supplémentaires de la part du spadassin.

J'avais au moins une des personnes de la mana qui comprenait la nécessité et l'importance de l'affaire qui les concernait et concernait tout Kalamaï.

Je vous remercie pour cette aide qui sera précieuse.
Aux dernières nouvelles, il était renfermé dans ses quartiers. Il y a eu des bruits, des exclamations dans ce lieu mais la porte demeure toujours fermé. Personne ne l'a vu en ressortir. j'ai moi même essayé de crocheter cette serrure mais comme je m'en doutais il l'a protégé par des sortilèges, chose que je ne maitrise pas. La puissance de la magie m'est étrangère je dois bien l'avouer et c'est pour ça qu'il n'y a que vous, je le crains, qui puisse comprendre ce qui a bien pu se passer et où il aurait pu aller.
Je sais qu'il étudiait beaucoup car il voulait toujours en savoir plus que n'importe qui mais là j'ai du mal à comprendre.

Laissant quelques temps de silence.

Bien sur je ne vous laisserais pas ainsi seul. Mes services continuent de recueillir des informations de tout ordre afin de comprendre et savoir mais à eux aussi la magie leur échappe pour la plupart, chacun ses armes devrais je dire.
Si vous le voulez bien je serais votre interlocuteur privilégié pour cette tâche en attendant de retrouver votre responsable. et pour diriger la corporation dont l'intendance en attendant le retour de Cotin cela reste à la charge du plus haut dans la hiérarchie il me semble que c'est vous Itanagon avec le statut de Mage.

Tandis que le seigneur Adola quittait la pièce, Itanagon digérait les informations qu'il venait de leurs transmettre. Manifestement, il était le mage le plus haut placé dans la hiérarchie disponible pour le moment, et il lui revenait d'assurer l'intendance de la Guilde jusqu'à ce qu'ils aient retrouvé le Thaumaturge. Le sorcier ne se sentait pas tout à fait prêt pour assumer une telle tâche, surtout s'il devait mener son enquête en même temps, mais il savait le personnel de la Corporation compétent et il ne pensait pas avoir à prendre de lourdes décision durant le temps que durerait son intendance.

Chassant ces digressions de son esprit, il se reconcentra rapidement sur l'enquête que lui et Sharlnak avaient à mener. Le spadassin ne leur avait pas été d'une grande aide. Manifestement, cette affaire avait un caractère purement magique, ce qui la situait hors du domaine de compétence de l'assassin.

Tout ce que l'on savait, c'est que Cotin s'était enfermé dans ses quartiers, et qu'il n'en était plus ressorti. Depuis, personne n'avait réussi à y pénétrer. Il faudrait se renseigner pour savoir si des domestiques lui avaient apporté à manger, ou s'il s'était fait parvenir des documents, du moins au début de son enfermement. Il était fort probable que cette réclusion volontaire soit l'aboutissement d'une affaire quelconque, et non une décision subite. Cela laissait donc aux deux mages une chance de découvrir ce qui avait poussé leur supérieur à se retirer ainsi.

Après s'être rapidement concerté (HRP : ça fait référence à des MPs, je n'use pas du personnage de Sharlnak. Si cela pose tout de même problème, merci de me le signaler, j'éditerai en conséquence /HRP), Arkanoris et son condisciple commencèrent à fouiller le bureau du Thaumaturge, à la recherche de documents qui pourraient leur fournir une quelconque piste sur la nature des travaux de Cotin avant son enfermement...

Amnywn entra dans la pièce volant doucement. Elle s'adressa a Itanagon:

Grand mage, j'ai appris pour la disparition du Thaumaturge. Cette disparition m'inquiète beaucoup. Je suis encore nouvelle dans la corporation mais je désire plus que tout faire mes preuves et servir la cause. Je suis donc à vos ordres et disposition dans vos recherches et ferai de mon mieux pour être utile.

Sur ce, elle atterit doucement sur le sol et avec un sourire masquant son inquiétude face à la disparition, elle attendit la réponse et les ordres de ces supérieurs.

Le jeune bâtard haussa un sourcil intrigué par la question. Aurait-on découvert les menues bêtises qu'il avait commises récemment ?
Toutefois, un homme de franchise ne fait pas taire ses pensées, aussi s'exprima-t-il en ces termes :

" Je pense, maître, que ce corpus est doté d'un grand et profond potentiel. Chacun des membres présents ici est potentiellement doté d'une grande sagesse, d'une profonde compréhension du monde qui l'entoure ou d'un pouvoir magique important.
L'enseignement est une chose, l'apprentissage est sa seconde moitié, et tous deux font partie des bases même des cette institution. Mais voilà bien longtemps que la plupart de nos membres vivent reclus en ces lieux, coupés du monde extérieur.
C'est une belle chose que d'apprendre les ficelles du monde et du temps, d'en connaître la longueur et la largeur, de savoir jouer avec quand le moment l'impose et savoir visualiser le concert vibrant qui fait de ce qui nous entoure le monde tel que nous le percevons...
Mais, pour parler franchement, je ne pense pas que ce soit là l'unique but que doivent rechercher les Arcanes, mon maître. A travers Kalamaï, des myriades de choses sont à découvrir et à étudier. Certaines sont bonnes, d'autres non. Certaines méritent l'attachement, d'autres la destruction. Mais toutes méritent d'être vues par mes condisciples. "

S'humectant les lèvres pour se donner de la contenance, le Patriarche pesa soigneusement les mots qu'il allait prononcer. Non pas par crainte d'une sanction, mais dans le soucis de la précision et de la compréhension exacte de sa pensée.

" De plus, lorsqu'on y réfléchit, des cinq Corporations impériales, deux peuvent être jugées comme un tant soi peu indépendantes de l'Empire : les Itinérants et les Arcanes.
Les premiers ont pour but d'assurer un commerce stable et équitable alors que les second, autrement dit nous, devons nous consacrer à la quête de la compréhension et de la sagesse nécessaire à l'utilisation correcte du pouvoir qui va avec cette première. C'est important, mais ce n'est pas tout.
Depuis trop longtemps nos membres ne sont pas intervenus dans les affaires de l'Empire. Vous devez le savoir, vous qui êtes là depuis bien longtemps, que notre corpus n'a pas mené à bien ce que l'on pourrait appeler une "mission" depuis un temps certain.

A ce sujet, je souhaitais vous demander si quelques membres pouvaient m'accompagner en Mésomnon où on m'a rapporté quelques troubles.
Ceci est un exemple de ce que notre corpus peut apporter mais ne fait plus. Le soutien apporté aux habitants de notre précieux continent. Leur protection face aux êtres avilis et dotés de grands pouvoirs.
Je pense que ces choses, en outre, sont égalent des "parties manquantes" à l'enseignent dont disposent les novices ici. La théorie est une chose, mais l'expérience n'est pas moindre en importance. "

Afin de marquer la fin de son discours, Xanis joignit les mains et croisa les doigts, guettant du regard une réaction de son honorable interlocuteur.

" Moi ? Thaumaturge ?! ... Je ... Euuh ... "

Allons allons, ressaisis-toi un peu ! Tu n'es pas n'importe qui !
Mentalement, le Patriarche repassa en mémoire les noms des personnes qu'il savait inscrites à la Corporation... Puis s'estima assez qualifié pour ce poste.
Non pas qu'il manquât de confiance en ses pairs, simplement il ne se jugeait pas moins bon que ceux-ci.

Du bout des doigts, comme pour ne pas abîmer un ouvrage ayant traversé tant d'histoires, il retourna le tome vers lui et, après avoir trempé la plume de paon dans un encrier, posa son paraphe en dessous de "Cotin L. Nerae".
Une affaire intéressante de plus que la fin de ce puissant mage... Il nota mentalement d'enquêter là dessus lorsque son emploi du temps le lui permettrait.

" C'est un grand honneur pour moi que de pouvoir faire avancer cette institution, mais loin d'être aussi grand que celui de vous voir vous tourner vers moi pour cette tâche.
J'ai cru comprendre que vous aimiez enseigner et entrainer les âmes innocentes dans le droit chemin, mon maître, naturellement vous pourrez former cette jeune novice et je suis heureux que vous proposiez votre aide ici. Je l'accepte, bien sûr, avec joie.
Je vous emprunterai toutefois votre nouvelle élève le temps d'une petite mission en Mésomnon, peut-être emmènerai-je aussi l'un ou l'autre des deux jeunes gens qui m'attendent dans le couloir. "

Le patriarche laissa courir son regard sur la pièce autour de lui. Son nouveau bureau. Des cartes y étaient accrochées, côtoyant des objets et talismans plus ou moins hétéroclites. Quelques armoires renfermaient les mystères de ses prédécesseurs... Mais il penserait à tout cela plus tard. Il avait à faire.

" Je vais m'occuper de ces arrivants avant de réunir quelques affaires. Gardez donc ce bureau le temps de mon voyage, vous y avez prit vos aises et vous avez quelques jours au moins avant que je n'en prenne pleinement possession. "

Xanis se leva... Ses émotions lui montaient à la tête et il lui semblait contempler et ressentir le monde extérieur à travers un fin mur de verre. Appelant un serviteur, il lui demanda aimablement de quérir le seigneur Aquilodon à la villa du Gouverneur et de le prier d'attendre quelques instants dans la salle de recrutement si l'Elfe Noir de l'y attendait pas déjà à son arrivée.
Une fois cela fait, il prit le chemin du bureau de recrutement pour voir qui étaient ces postulants à la Corporation.

Précédemment

Oui, décidément, elle était chez elle dans cette vaste cour protégée par le regard jaloux des gargouilles, dans ces couloirs aux murs recouverts de stuc…

Quelques heures seulement ici, quelques jours seulement à Mésomnon et pourtant se mêlaient en elle les sentiments confus du retour en des lieux familiers après une longue absence…

Que de chemin parcouru depuis qu’elle était venue s’inscrire sur le registre ! Que de périls affrontés, que d’humiliations digérées, que de cicatrices à cacher…

Elle repensa soudain à son épaule lésée, qui ne la faisait plus du tout souffrir mais qui portait encore la vilaine trace roussie de son premier combat, de sa première défaite… Elle réajusta son étole sur sa peau nue. Il n’était pas question que Le Gris soit témoin de la disgracieuse signature d’un de ces moments de faiblesse.

Parvenue devant la porte du bureau du Thaumaturge, elle frappa doucement, attendit un temps raisonnable et, comme elle n’avait pas de réponse, s’enhardit à tourner la poignée et à pénétrer dans la pièce.

Le Mage n’était pas là. Seul occupant des lieux, le dragonnet, perché sur une bibliothèque, voleta doucement à son entrée pour aller se poser sur le bureau dont elle s’était approchée.

Elle eut un grand sourire et caressa doucement le haut de son crâne. Comme la première fois, le bébé dragon ferma les yeux de contentement.

- Eh, salut, toi ! Contente de te revoir ! Tu n’aurais pas un peu grandi ?

Elle secoua la tête, s’amusant elle-même de cette phrase un peu stupide. Elle ne savait pas grand-chose des dragons mais n’ignorait tout de même pas qu’ils étaient nantis d’une fort longue vie et il était impossible que ce bambin écailleux ait pu grandir en si peu de jours. Sa notion du temps était véritablement déréglée !

Elle se demanda un instant si elle devait parcourir les couloirs à la recherche du vieux Mage mais décida finalement d’attendre son retour. En l’absence du Thaumaturge, ce bureau était le sien, il y reviendrait forcément bientôt.

Elle s’installa dans le fauteuil, dos à la porte. Le Gris ne pourrait pas l’apercevoir avant d’avoir fait le tour du bureau et elle savoura à l’avance sa surprise quand il la découvrirait ici.

- Bien sûr que je suis venue pour vous entendre dire n’importe quoi ! s’amusa-t-elle avec un grand sourire.

Redevenant sérieuse, elle se leva et prit la main du Gris entre les siennes, la serrant chaleureusement.

- Plus sérieusement, vous n’imaginez pas comme ça fait du bien de vous retrouver. La situation à Mésomnon est… difficile. Vous avez bien failli perdre votre tout nouveau Thaumaturge et votre toute nouvelle élève. Mais bref… Ma présence ici a deux raisons : la première, c’est que grâce à vous, je me suis découvert un pouvoir que je ne me connaissais pas : la télépathie. J’ai bien reçu vos messages mais cela, j’imagine que tout le monde en est capable. Surtout, je suis parvenue à vous en envoyer un. Enfin, je crois… L’avez-vous… "Entendu" ? Et quand vous en aurez le temps, j’aimerais beaucoup que vous m’appreniez à le maîtriser.

Elle tendit au Mage un parchemin froissé.

- La seconde raison, la voici !

Dépliant le parchemin, le Gris put y reconnaître le message que Grognar lui avait déjà fait lire :

Spoiler:

- Vous m’aviez proposé votre aide pour retrouver ma Tour, je n’en aurai pas besoin, je me suis trouvé un guide. En revanche, j’aimerais que vous m’éclairiez sur la manière de sauver la Tour. Il est dit ici que je dois y enfouir mon cœur… Mais je n’ai aucune idée de la façon de procéder. Dans votre sagesse ancestrale, vous connaissez certainement le sortilège qui permettrait de faire vivre la Tour avec l’aide de mon cœur mort.

Dès la première minute, elle avait eu confiance en lui.

Un homme si différent des autres ! Sans doute avait-elle deviné instinctivement à quel point il était profondément généreux, tourné vers son prochain, plein de la sagesse et de l’abnégation dont l’avait rempli l’étude de tant de livres.

Et son instinct ne l’avait pas trompé. En passant cette porte pour la première fois, elle savait qu’elle avait trouvé un ami, un soutien, un confident…

- Je savais pouvoir compter sur vous ! Vous êtes un homme bon et précieux !

Elle se leva, tenant délicatement Ashan, le dragonnet, dans ses bras et elle le posa sur le bureau avec douceur.

- Je vais demeurer quelques jours dans ces murs. Je dois attendre l’arrivée de mon guide. La dernière fois, mes études ont été interrompues plus vite que prévu. Cette fois, je dispose de quelques jours pour me plonger dans les ouvrages magiques. Et j’ai bien l’intention de m’en rassasier. Nous ne manquerons pas de nous croiser, cher ami, dans les couloirs ou à la bibliothèque.

Elle s’éloigna vers la porte, d’une démarche ondulante. Se tournant vers le Gris, elle embrassa le bout de ses doigts, tendit sa main vers lui et souffla doucement pour lui envoyer son baiser sur un tapis de vent.

Puis, elle quitta le bureau pour aller s’installer dans un des appartements de l’aile nord.

Suite des aventures de Lulyane

Depuis quelques semaines, Dorgo ne sortait plus de son bureau. Une haute pile de grimoires à ses côtés, il dévorait cette source intarissable de savoir dans l'espoir d'y trouver des sorts, des procédés, des armes, des potions, tout ce qui pouvait le rendre plus puissant. Telle était sa nouvelle obsession depuis peu. La chasse aux Dragons ayant failli tourner vinaigre, il ne pouvait se permettre de devoir compter sur les autres.

Mais à côté de ça, sa fonction de Thaumaturge lui donnait accès à divers documents impériaux, dont il n'avait même pas accès lorsqu'il était Palatin de l'Edhesse. À vrai dire, il avait rarement des nouvelles de l'Empire quand il était en Edhesse. Cela étant, les nouvelles qu'on lui soufflait et qu'il lisait ne présageait rien de bon.

- Alors comme ça,Aedric se serait encore illustré de brillante manière...
- Ses propos lors de l'incendie de la Corporation lui ont valu de fortes critiques de la part de quasiment tout les Magistrats impériaux, ainsi que des dignitaires, lui rapporta Fenrir. Il semblerait qu'il soit de plus en plus pris comme une menace.
- Et à Dunomo quelque chose, son enclave en Zakinthe, quelles sont les nouvelles ?
- Officiellement, ce n'est rien, on ne veut pas alarmer le peuple. Mais selon les rumeurs, une véritable guerre se dessinerait entre lui et Aquilodon. Surtout depuis que le Géant lui a pris sa place de Pontife.
- Il y aurait deux camps, Aedric contre le reste du monde ? Serait-il assez bête pour risquer de tout perdre ?
- Il possède une des plus grandes, si ce n'est la plus grande, armée de Kalamai. Et avec toutes ces provinces sans gouvernement, ou celles dont on ne sait rien comme en Argostole ou l'Outre-Mer, qui sait ce qui peut se passer.

Fenrir avait raison. Aedric était très puissant.

- Si le Rouge décide de rentrer en guerre, l'Empire serait perdu, alors ?
- C'est une hypothèse.

Dorgo garda le silence un moment.

- La situation est donc critique. Attendons la suite des événements, mais je crois bien que nous allons devoir être habile politiquement si je ne veux pas retrouver ma tête au bout d'un pique. Continue de te renseigner.

Fenrir sortit, laissant le Sorcier dans ses pensées. Il ne craignait pas Aedric, il savait que sa magie en viendrait à bout. Mais face à une armée entière, cela serait plus compliqué...


Quelques jours plus tard...


- Aquilodon vient de se faire tuer.

Fenrir était entré en trombe dans le bureau, et laissa Dorgo sans voix.

- Enfin, d'après ce que j'ai vu, il y a peu de chances qu'il s'en sorte. Les coups étaient meurtriers, ces gens-là n'étaient pas des amateurs.
- C'est la signal...

Visiblement, Fenrir ne comprenait pas.

- Aedric vient sans doute d'entrer en guerre, bien que le procédé de l'assassinat ne lui ressemble pas. Mais venant d'un extrémiste comme lui, il faut s'attendre à tout. Il va falloir la jouer fine maintenant. Prends ce papier et apporte-le au planton en bas. Dorgo y griffonna quelques instructions. Ensuite, emmène ces livres où tu sais, dans le Quartier mal famé. Ne réfléchis pas et fais ce que je te dis ! Il est fort probable que si Aedric arrivait au pouvoir, je ne sois plus Thaumaturge, je devrai me cacher. Autant prendre nos dispositions trop tôt que trop tard.

Fenrir s’exécuta, et délivra le message à un psioniste de garde. Il leur était ordonné de se rendre sur le lieu de l'assassinat et d'essayer de sauver Aquilodon, si cela était possible, ou d'être d'une quelconque aide. D'abord parce que si le Géant survivait, il serait un rempart contre l'Inquisiteur et permettrait de gagner du temps. Ensuite parce qu'il fallait que la Corporation des Arcanes, et Dorgo à travers elle, montre dans ce conflit leur camp et leur influence. C'était le moment ou jamais de jouer les hypocrites, avec à la clé un gain de confiance non négligeable pour les temps à venir.