ACTE PREMIER : La naissance
Des cris de douleurs s'échappaient de la maison familiale du père Korthen.
Les gens, d'abord inquiets, s'étaient rassurés en voyant arriver en trombe la guérisseuse portant ses outils se mise au monde. Bien que le jour fût tombé et que la pleine lune, rousse qui plus est, éclairait le ciel d'une lumière inquiétante, une bonne partie de la populace du village s'amassait devant la porte de la masure. Ils portaient tous la famille Korthen dans leur coeur, car c'était assurément là des gens bien, qui aidaient quiconque en avait besoin de manière désintéressée.
Ils étaient, certes, loin d'être riches, mais c'était là plus une vertu qu'un défaut, car le peu qu'ils avaient, ils le partageaient avec plus démunis. Tout les vieillards du coin avaient souris, affichant les quelques quenottes qui leur pendaient encore lamentablement dans la bouche, tel les pierres tombales sous lesquelles ils giraient quelques années plus tard, lorsque Sarah avait annoncé à ses amies qu'elle attendait un heureux évènement.
En bonnes commères de patelin, elles s'assurèrent de la rapide circulation de l'information au sein de la communauté, cela va de soi.
Et c'étaient ces mêmes vieillards et commères qui se bousculaient gentillement dans la rue, attendant des nouvelles du bébé et de la mère.
Au bout d'une heure et demie, sur un dernier cri, le silence tomba. Les souffles se retinrent. Puis, avec les cris du nouveau-né, des éclats de rire et des hourras succédèrent aux mines anxieuses.
Mais tous ces signes d'allégresse furent rapidement couvèrent par un cri aigu, perçant et long.. Tellement long.
Les badauds se figèrent, une expression entre la peur et l'horreur sur le visage.
La porte de la masure s'ouvrit en grinçant, non sans émettre un craquement interrogateur. Dans la lumière, la silhouette de la sage-femme se découpait clairement, mais il n'était pas possible de discerner ses traits à cause du contraste entre l'intérieur et le dehors.
Lorsqu'elle fit deux pas dehors, chancela et tomba finalement à genoux, les tâches écarlates de sang qui recouvraient ses habits n'échappèrent à personne. Ses mains, son visage et ses vêtements en étaient recouverts. Elle éclata en sanglots.
Deux hommes courageux entrèrent dans la maison, voir ce qui avait pu arriver.
Sur la couche était étendue la mère, la moitié inférieure de son corps découvert. Elle était inconsciente, mais respirait et ne semblait pas en danger. Dans le coin opposé, sur une chaise, était assis le père de famille. Ses entrailles pendaient au niveau de ses chevilles, un œil côtoyait son oreille droite et sa tête pendait misérablement en arrière, rattachée au reste du corps par un mince lambeau de peau.
Yarth Gramsedd, un solide gaillard qui était entré serait jusqu'à la fin de ses jours hanté par un bruit répétitif qu'il entendit alors. Le léger 'plic plic plic' que faisaient les gouttes de sang qui coulaient le long de son intestin et chutaient sur le sol où elles formaient une petite flaque.
Et pendant ce temps, le bébé qui avait cessé de pleurer dormait à poings fermés sur la poitrine de sa mère, encore couvert de liquide amniotique. C'était, comme son grand-père maternel, un petit elfe noir.
Il ne vint à l'esprit de personne de regarder le pas de la porte de la maison. Pourquoi donc regarder, puisque c'était ce qu'ils avaient fait au moment où le drame était arrivé. Ils auraient pu y lire trois lettres, écrites par du sang et en majuscules "DGX".
ACTE SECOND : L'enfance
Chapitre 1 : Sérénité
On ne cacha jamais à l'enfant la fin tragique de son père, ni les conditions dans lesquelles elle était arrivée. Sans aller jusque dans les détails toutefois.. Yarth s'était prit de pitié pour la veuve et l'enfant et les couvrait de son aile dans la mesure du possible. Il n'était, après tout, que forgeron de village et tout aussi loin que les autres d'être un seigneur respecté.
Mais lui, plus que quiconque dans le ramassis de masure qui constituait leur commune comprenait ce qu'ils vivaient pour avoir été, lui aussi, profondément marqué mentalement par cette nuit.
Le prêtre du canton avait été questionné par une foule d'habitants sur les évènement de cette fameuse nuit, et lui-même avait questionné bien souvent son dieu, Adrien, l'interrogeant pieusement et humblement, mais ne vain. Personne ne doutait des capacités de l'homme de foi puisqu'il promettait, chaque année, des récoltes qu'il suppliait Adrien de faire pousser avec plus de magnificences. Et sans doute était-ce grâce à cet homme que personne ne mourrait de faim en cette contrée.
Pendant ce temps, les royaume connaissait un renversement diplomatique tel qu'il n'en avait pas connu depuis bien des vies. Le seigneur qui régnait, un vieil homme bon et sage, semblait voir sa santé mentale se dégrader. Gagné par la paranoïa, l'Etat voyait de plus en plus sa politique devenir tourner à la sombre tyrannie d'un vieux fou sénile.
Toutefois personne ne pensait encore à s'en plaindre, ces choses là n'étaient pas l'affaire du petit peuple.
Le jeune Xanis avait prit l'habitude de partir faire de longues balades solitaires, loin au coeur de la forêt. Là il y avait un endroit nommé "La Fourche" et qui n'était en réalité rien d'autre que l'union de deux affluents pour former le fleuve Bronedyu.
Arrivé à cet endroit se dévêtissait jusqu'à la taille et se baignait longuement dans l'eau fraiche. Le soleil se reflétant dans l'eau, la couleur verte des feuilles et le bruit cristallin des petites cascades lui faisaient oublier tous ses malheurs. Il n'était pas rare que quelques créatures de la forêt viennent lui tenir compagnie tel des pégases ou des hypogriffes venant se désaltérer.
"Bonjour à toi bel étalon" Lâcha-t-il un jour alors qu'il s'approchait lentement d'un pégase qui l'observait de la berge.
Le jeune homme s'en approcha lentement, tendant la main devant lui.
La créature se tassa sur elle-même au fur et à mesure que l'elfe noir approchait. Une fois celui-ci à un mètre de l'animal, il constata, effaré, que le Pégase tremblait de peur. Son bras retomba le long de son corps et le cheval ailé en profita pour déployer ses ailes et partir le plus rapidement possible.
Ne comprenant pas la réaction de la créature et un rien affligé, il se retourna lentement et son regard fut attiré sur l'autre berge.
Une jeune elfe y était debout et le regardait fixement. Ses cheveux dorés tombaient en cascade sur ses épaules et glissaient jusqu'à sa taille. Elle portait une simple tunique immaculée et ses yeux verts ne le quittaient pas. Les fines lèvres de la jeune fille dessinèrent lentement un sourire.
Xanis cligna des yeux, et lorsqu'il les rouvrit, elle avait disparue.
Chapitre 2 : Destruction
Pour libérer son esprit préoccupé par ces rencontres, il décida de se laisser sécher au soleil, allongé dans l'herbe.
Mais après de longues minutes passées à observer des oiseaux dans le ciel, il lui fallu se rendre à l'évidence, il ne parviendrait pas à retrouver la paix ainsi. Il se leva donc, se sécha rapidement puis prit le chemin du village. Lorsqu'il arriva à quelques pas de la lisière de la forêt, un cri perçant déchira le silence. Il provenait de hameau.
Xanis partit en courant voir de quoi il s'agissait et chuta sur une racine affleurante tant il fut effaré par ce qu'il découvrit. Une horde d'une trentaine de brigands mettait le village à sac. De nombreux vieillards avaient été enfermés dans le grenier à grains, au carrefour entre les deux rues principales. On y jeta aussi quelques enfants en bas âge puis on bloqua la porte avec des meubles sortis des bâtisses avoisinantes. Le chef des bandits s'approcha alors, une torche enflammée à la main qui lui servit à embraser sommairement les murs ici et là. Il la jeta ensuite sur le toit de chaume et celui-ci prit feu très rapidement.
Xanis ne pouvait bouger sans risquer d'être découvert.
Depuis le sommet de la colline où il était tapis, il vit Yarth sortir d'un bâtiment avec une hache. Deux autres habitants l'entouraient et étaient armés de fourche et de pioche. Yarth fendit deux crânes avec sa hache avant de devoir l'abandonner. Elle était trop lourde pour qu'il puisse se défendre efficacement, même avec le soutien de ses deux compères placés légèrement derrière lui et empêchant que trop d'ennemis ne puissent approcher en même temps.
Mais les trois hommes comprirent que leur stratégie ne serait pas efficace lorsque les brigands, au lieu de s'approcher, commencèrent à reculer.
L'air siffla. Une quinzaine de flèche s'abattit sur les trois villageois. Yarth en reçu cinq, l'homme qui se trouvait à sa droite en reçu trois dont une dans la gorge qui le tua sur le coup. Le dernier ne fut touché qu'une fois dans la cuisse.
Alors que les deux premiers furent crucifiés sur un mur de grange, le troisième tenta de s'enfuir. Mais sa jambe blessée ne lui donnait pas un appui correct et il s'effondra rapidement. Lorsque les brutes le rattrapèrent, il n'étaient plus qu'à une dizaine de mètres de Xanis. Un des attaquant arrive avec un billot et deux autres tinrent fermement le fermier, le faisant non pas regarder de côté comme il était habituel lors d'une décapitation, mais face à lui et lui fit ouvrir la bouche.
Un dernier bandit arriva au pas de course. Il tenait un tison chauffé à blanc dans sa main droite. Il fit une petite danse moqueuse et dans un ample geste théâtral, il enfonça le tison dans la bouche puis la gorge du paysan. Celui-ci hurla tant qu'il le put. Un grésillement emplissait l'air.
C'est à ce moment que les hurlements de brûlés vifs commencèrent.
Chapitre 3 : Errance
Xanis se réveilla sous un chêne deux jours plus tard. Il avait fui sa cachette lorsque les brigands avaient amené les femmes du hameau sur la place publique et les avaient déshabillées pour ne pas voir ce qu'ils allaient faire à sa mère.
Il s'était alors tenu à l'écart des combats et avait patiemment attendu que les brigands quittent les lieux. Mais ceux-ci s'installèrent dans le village. Le premier jour ils festoyèrent et firent un grand banquet. Le second, il vécurent dans la paresse, sans toutefois se bâfrer comme la veille. Le troisième ils convinrent de partir car, le grenier ayant brûlé, il ne leur restait rien à se mettre sous la dent.
Durant cette période, Xanis avait dormi dans la forêt qui bordait les maisons les plus éloignées de la place publique vers le nord et l'est. Il s'y était reposé à l'abri de taillis pour que, même en cas de battue, il ne puisse être aperçu et il s'y était restauré de baies et quelques racines qu'on lui avait apprit à reconnaitre. Il n'avait que 9 ans mais savait déjà survire seuls quelques jours.
Les brigands partirent enfin, empruntant le chemin de l'est car ils étaient arrivés à celui qui rejoignait le village parle sud-est. Ils ne partirent néanmoins pas avant d'avoir mit feu aux champs en culture qui s'étendaient au sud et sud-ouest du petit hameau. Dès que le dernier étranger eût tourné au coin de la Grand-Rue, le jeune garçon sortit des buissons et s'approcha des bâtiments restants de son village.
L'odeur doucereuse de décomposition flottait dans les airs. Sur sa droite, sur le flanc de la colline sur laquelle commençait le bois, il vit l'homme avec tison toujours dans la gorge, picoré par les corbeaux. Des gens étaient crucifiés aux murs ici et là. D'autres gisaient, plus ou moins entiers, sur le côté du chemin. Il ne voulait pas entrer dans les maisons, sachant pertinemment ce qu'il risquait d'y trouver mais il le fallait. Il ne pouvait rester seul ici. Il lui fallait prendre des provisions et suivre la horde de monstres, à distance, sur la route de l'est.
Il choisit donc, au hasard, une bâtisse où il ferait son sac. Il s'en approcha et posa le plat de la main sur la porte. Il la poussa lentement et elle s'ouvrir, grinçant légèrement sur la fin. Au lieu de produire un choc en tapant contre le mur une fois ouverte toute grande, elle produisit un bruit mouillé qui donna un haut le coeur à Xanis.
Il ne regarda pas ce qui avait produit ce bruit. Il repéra quelques toiles qui pourraient faire un baluchon correct, une gourde en peau de bête et quelques petits morceaux de viande séchée au sel. Il ressortit de la baraque et fut ébloui par le soleil. Il lui fallait aller au puits sur la place du village pour remplir sa gourde.
Il emprunta le chemin le plus court pour y aller, tout en évitant les ruelles où risquaient de s'amonceler trop de corps. Il faisait son possible pour ne pas se rendre compte, au fond de lui, que ces tas de chair en décomposition étaient tous les gens qu'il avait connus, aimés, détestés.
La place du village était assez grande pour que le soleil puisse chauffer à souhait le sol de couleur claire et il y régnait une chaleur étouffante. Le jeune garçon se dirigea vers le puits et, dépassant à peine de la margelle, fit descendre sa gourde dans l'eau après qu'il l'eût accrochée à la corde. Dès qu'elle fut remontée, il se la passa sur le visage pour se rafraichir. Il allait devoir économiser son eau pendant un moment.
Il emboita le pas aux brigands une heure à peine après leur départ. Il rêvait de pouvoir se laver et changer d'habits, car malgré son milieu défavorisé, le village prônait l'hygiène comme prévention efficace contre les épidémies. Mais il ne voulait pas s'offrir ce luxe de peur de perdre la trace des assaillants avant qu'ils n'atteignent le Carrefour des Hérétique.
Ce croisement entre deux routes était appelé ainsi car un groupe de personne avait un jour affirmé avoir ici aperçu un groupe de Gardiens des Forêts, du temps où l'existence de ces créatures était encore niée par de nombreux prêtres.
Il suivit la troupe pendant deux jours.
Durant le premier il dut beaucoup éprouver son petit corps pour rattraper ceux qu'il suivait mais il y parvint, et ceux-ci n'avançant pas très vite et montant tôt le campement pour festoyer jusque tard, il ne lui fut pas très difficile de tenir la distance les deux jours suivant.
Ce soir là, comme les jours précédents, une fois passablement imbibés les brigands s'endormirent ici et là, que ce soit sous une tente, dans un fossé ou au milieu du chemin. Xanis était révolté de voir qu'ils ne se souciaient même pas de voir des gardes royaux ou une quelconque force de l'ordre arriver. Leur Roi n'était finalement, comme le disait les gens du village, vraiment pas quelqu'un de bien.
Dernière édition par Xanis le Ven 22 Mai 2009 - 23:04, édité 3 fois
Des cris de douleurs s'échappaient de la maison familiale du père Korthen.
Les gens, d'abord inquiets, s'étaient rassurés en voyant arriver en trombe la guérisseuse portant ses outils se mise au monde. Bien que le jour fût tombé et que la pleine lune, rousse qui plus est, éclairait le ciel d'une lumière inquiétante, une bonne partie de la populace du village s'amassait devant la porte de la masure. Ils portaient tous la famille Korthen dans leur coeur, car c'était assurément là des gens bien, qui aidaient quiconque en avait besoin de manière désintéressée.
Ils étaient, certes, loin d'être riches, mais c'était là plus une vertu qu'un défaut, car le peu qu'ils avaient, ils le partageaient avec plus démunis. Tout les vieillards du coin avaient souris, affichant les quelques quenottes qui leur pendaient encore lamentablement dans la bouche, tel les pierres tombales sous lesquelles ils giraient quelques années plus tard, lorsque Sarah avait annoncé à ses amies qu'elle attendait un heureux évènement.
En bonnes commères de patelin, elles s'assurèrent de la rapide circulation de l'information au sein de la communauté, cela va de soi.
Et c'étaient ces mêmes vieillards et commères qui se bousculaient gentillement dans la rue, attendant des nouvelles du bébé et de la mère.
Au bout d'une heure et demie, sur un dernier cri, le silence tomba. Les souffles se retinrent. Puis, avec les cris du nouveau-né, des éclats de rire et des hourras succédèrent aux mines anxieuses.
Mais tous ces signes d'allégresse furent rapidement couvèrent par un cri aigu, perçant et long.. Tellement long.
Les badauds se figèrent, une expression entre la peur et l'horreur sur le visage.
La porte de la masure s'ouvrit en grinçant, non sans émettre un craquement interrogateur. Dans la lumière, la silhouette de la sage-femme se découpait clairement, mais il n'était pas possible de discerner ses traits à cause du contraste entre l'intérieur et le dehors.
Lorsqu'elle fit deux pas dehors, chancela et tomba finalement à genoux, les tâches écarlates de sang qui recouvraient ses habits n'échappèrent à personne. Ses mains, son visage et ses vêtements en étaient recouverts. Elle éclata en sanglots.
Deux hommes courageux entrèrent dans la maison, voir ce qui avait pu arriver.
Sur la couche était étendue la mère, la moitié inférieure de son corps découvert. Elle était inconsciente, mais respirait et ne semblait pas en danger. Dans le coin opposé, sur une chaise, était assis le père de famille. Ses entrailles pendaient au niveau de ses chevilles, un œil côtoyait son oreille droite et sa tête pendait misérablement en arrière, rattachée au reste du corps par un mince lambeau de peau.
Yarth Gramsedd, un solide gaillard qui était entré serait jusqu'à la fin de ses jours hanté par un bruit répétitif qu'il entendit alors. Le léger 'plic plic plic' que faisaient les gouttes de sang qui coulaient le long de son intestin et chutaient sur le sol où elles formaient une petite flaque.
Et pendant ce temps, le bébé qui avait cessé de pleurer dormait à poings fermés sur la poitrine de sa mère, encore couvert de liquide amniotique. C'était, comme son grand-père maternel, un petit elfe noir.
Il ne vint à l'esprit de personne de regarder le pas de la porte de la maison. Pourquoi donc regarder, puisque c'était ce qu'ils avaient fait au moment où le drame était arrivé. Ils auraient pu y lire trois lettres, écrites par du sang et en majuscules "DGX".
ACTE SECOND : L'enfance
Chapitre 1 : Sérénité
On ne cacha jamais à l'enfant la fin tragique de son père, ni les conditions dans lesquelles elle était arrivée. Sans aller jusque dans les détails toutefois.. Yarth s'était prit de pitié pour la veuve et l'enfant et les couvrait de son aile dans la mesure du possible. Il n'était, après tout, que forgeron de village et tout aussi loin que les autres d'être un seigneur respecté.
Mais lui, plus que quiconque dans le ramassis de masure qui constituait leur commune comprenait ce qu'ils vivaient pour avoir été, lui aussi, profondément marqué mentalement par cette nuit.
Le prêtre du canton avait été questionné par une foule d'habitants sur les évènement de cette fameuse nuit, et lui-même avait questionné bien souvent son dieu, Adrien, l'interrogeant pieusement et humblement, mais ne vain. Personne ne doutait des capacités de l'homme de foi puisqu'il promettait, chaque année, des récoltes qu'il suppliait Adrien de faire pousser avec plus de magnificences. Et sans doute était-ce grâce à cet homme que personne ne mourrait de faim en cette contrée.
Pendant ce temps, les royaume connaissait un renversement diplomatique tel qu'il n'en avait pas connu depuis bien des vies. Le seigneur qui régnait, un vieil homme bon et sage, semblait voir sa santé mentale se dégrader. Gagné par la paranoïa, l'Etat voyait de plus en plus sa politique devenir tourner à la sombre tyrannie d'un vieux fou sénile.
Toutefois personne ne pensait encore à s'en plaindre, ces choses là n'étaient pas l'affaire du petit peuple.
Le jeune Xanis avait prit l'habitude de partir faire de longues balades solitaires, loin au coeur de la forêt. Là il y avait un endroit nommé "La Fourche" et qui n'était en réalité rien d'autre que l'union de deux affluents pour former le fleuve Bronedyu.
Arrivé à cet endroit se dévêtissait jusqu'à la taille et se baignait longuement dans l'eau fraiche. Le soleil se reflétant dans l'eau, la couleur verte des feuilles et le bruit cristallin des petites cascades lui faisaient oublier tous ses malheurs. Il n'était pas rare que quelques créatures de la forêt viennent lui tenir compagnie tel des pégases ou des hypogriffes venant se désaltérer.
"Bonjour à toi bel étalon" Lâcha-t-il un jour alors qu'il s'approchait lentement d'un pégase qui l'observait de la berge.
Le jeune homme s'en approcha lentement, tendant la main devant lui.
La créature se tassa sur elle-même au fur et à mesure que l'elfe noir approchait. Une fois celui-ci à un mètre de l'animal, il constata, effaré, que le Pégase tremblait de peur. Son bras retomba le long de son corps et le cheval ailé en profita pour déployer ses ailes et partir le plus rapidement possible.
Ne comprenant pas la réaction de la créature et un rien affligé, il se retourna lentement et son regard fut attiré sur l'autre berge.
Une jeune elfe y était debout et le regardait fixement. Ses cheveux dorés tombaient en cascade sur ses épaules et glissaient jusqu'à sa taille. Elle portait une simple tunique immaculée et ses yeux verts ne le quittaient pas. Les fines lèvres de la jeune fille dessinèrent lentement un sourire.
Xanis cligna des yeux, et lorsqu'il les rouvrit, elle avait disparue.
Chapitre 2 : Destruction
Pour libérer son esprit préoccupé par ces rencontres, il décida de se laisser sécher au soleil, allongé dans l'herbe.
Mais après de longues minutes passées à observer des oiseaux dans le ciel, il lui fallu se rendre à l'évidence, il ne parviendrait pas à retrouver la paix ainsi. Il se leva donc, se sécha rapidement puis prit le chemin du village. Lorsqu'il arriva à quelques pas de la lisière de la forêt, un cri perçant déchira le silence. Il provenait de hameau.
Xanis partit en courant voir de quoi il s'agissait et chuta sur une racine affleurante tant il fut effaré par ce qu'il découvrit. Une horde d'une trentaine de brigands mettait le village à sac. De nombreux vieillards avaient été enfermés dans le grenier à grains, au carrefour entre les deux rues principales. On y jeta aussi quelques enfants en bas âge puis on bloqua la porte avec des meubles sortis des bâtisses avoisinantes. Le chef des bandits s'approcha alors, une torche enflammée à la main qui lui servit à embraser sommairement les murs ici et là. Il la jeta ensuite sur le toit de chaume et celui-ci prit feu très rapidement.
Xanis ne pouvait bouger sans risquer d'être découvert.
Depuis le sommet de la colline où il était tapis, il vit Yarth sortir d'un bâtiment avec une hache. Deux autres habitants l'entouraient et étaient armés de fourche et de pioche. Yarth fendit deux crânes avec sa hache avant de devoir l'abandonner. Elle était trop lourde pour qu'il puisse se défendre efficacement, même avec le soutien de ses deux compères placés légèrement derrière lui et empêchant que trop d'ennemis ne puissent approcher en même temps.
Mais les trois hommes comprirent que leur stratégie ne serait pas efficace lorsque les brigands, au lieu de s'approcher, commencèrent à reculer.
L'air siffla. Une quinzaine de flèche s'abattit sur les trois villageois. Yarth en reçu cinq, l'homme qui se trouvait à sa droite en reçu trois dont une dans la gorge qui le tua sur le coup. Le dernier ne fut touché qu'une fois dans la cuisse.
Alors que les deux premiers furent crucifiés sur un mur de grange, le troisième tenta de s'enfuir. Mais sa jambe blessée ne lui donnait pas un appui correct et il s'effondra rapidement. Lorsque les brutes le rattrapèrent, il n'étaient plus qu'à une dizaine de mètres de Xanis. Un des attaquant arrive avec un billot et deux autres tinrent fermement le fermier, le faisant non pas regarder de côté comme il était habituel lors d'une décapitation, mais face à lui et lui fit ouvrir la bouche.
Un dernier bandit arriva au pas de course. Il tenait un tison chauffé à blanc dans sa main droite. Il fit une petite danse moqueuse et dans un ample geste théâtral, il enfonça le tison dans la bouche puis la gorge du paysan. Celui-ci hurla tant qu'il le put. Un grésillement emplissait l'air.
C'est à ce moment que les hurlements de brûlés vifs commencèrent.
Chapitre 3 : Errance
Xanis se réveilla sous un chêne deux jours plus tard. Il avait fui sa cachette lorsque les brigands avaient amené les femmes du hameau sur la place publique et les avaient déshabillées pour ne pas voir ce qu'ils allaient faire à sa mère.
Il s'était alors tenu à l'écart des combats et avait patiemment attendu que les brigands quittent les lieux. Mais ceux-ci s'installèrent dans le village. Le premier jour ils festoyèrent et firent un grand banquet. Le second, il vécurent dans la paresse, sans toutefois se bâfrer comme la veille. Le troisième ils convinrent de partir car, le grenier ayant brûlé, il ne leur restait rien à se mettre sous la dent.
Durant cette période, Xanis avait dormi dans la forêt qui bordait les maisons les plus éloignées de la place publique vers le nord et l'est. Il s'y était reposé à l'abri de taillis pour que, même en cas de battue, il ne puisse être aperçu et il s'y était restauré de baies et quelques racines qu'on lui avait apprit à reconnaitre. Il n'avait que 9 ans mais savait déjà survire seuls quelques jours.
Les brigands partirent enfin, empruntant le chemin de l'est car ils étaient arrivés à celui qui rejoignait le village parle sud-est. Ils ne partirent néanmoins pas avant d'avoir mit feu aux champs en culture qui s'étendaient au sud et sud-ouest du petit hameau. Dès que le dernier étranger eût tourné au coin de la Grand-Rue, le jeune garçon sortit des buissons et s'approcha des bâtiments restants de son village.
L'odeur doucereuse de décomposition flottait dans les airs. Sur sa droite, sur le flanc de la colline sur laquelle commençait le bois, il vit l'homme avec tison toujours dans la gorge, picoré par les corbeaux. Des gens étaient crucifiés aux murs ici et là. D'autres gisaient, plus ou moins entiers, sur le côté du chemin. Il ne voulait pas entrer dans les maisons, sachant pertinemment ce qu'il risquait d'y trouver mais il le fallait. Il ne pouvait rester seul ici. Il lui fallait prendre des provisions et suivre la horde de monstres, à distance, sur la route de l'est.
Il choisit donc, au hasard, une bâtisse où il ferait son sac. Il s'en approcha et posa le plat de la main sur la porte. Il la poussa lentement et elle s'ouvrir, grinçant légèrement sur la fin. Au lieu de produire un choc en tapant contre le mur une fois ouverte toute grande, elle produisit un bruit mouillé qui donna un haut le coeur à Xanis.
Il ne regarda pas ce qui avait produit ce bruit. Il repéra quelques toiles qui pourraient faire un baluchon correct, une gourde en peau de bête et quelques petits morceaux de viande séchée au sel. Il ressortit de la baraque et fut ébloui par le soleil. Il lui fallait aller au puits sur la place du village pour remplir sa gourde.
Il emprunta le chemin le plus court pour y aller, tout en évitant les ruelles où risquaient de s'amonceler trop de corps. Il faisait son possible pour ne pas se rendre compte, au fond de lui, que ces tas de chair en décomposition étaient tous les gens qu'il avait connus, aimés, détestés.
La place du village était assez grande pour que le soleil puisse chauffer à souhait le sol de couleur claire et il y régnait une chaleur étouffante. Le jeune garçon se dirigea vers le puits et, dépassant à peine de la margelle, fit descendre sa gourde dans l'eau après qu'il l'eût accrochée à la corde. Dès qu'elle fut remontée, il se la passa sur le visage pour se rafraichir. Il allait devoir économiser son eau pendant un moment.
Il emboita le pas aux brigands une heure à peine après leur départ. Il rêvait de pouvoir se laver et changer d'habits, car malgré son milieu défavorisé, le village prônait l'hygiène comme prévention efficace contre les épidémies. Mais il ne voulait pas s'offrir ce luxe de peur de perdre la trace des assaillants avant qu'ils n'atteignent le Carrefour des Hérétique.
Ce croisement entre deux routes était appelé ainsi car un groupe de personne avait un jour affirmé avoir ici aperçu un groupe de Gardiens des Forêts, du temps où l'existence de ces créatures était encore niée par de nombreux prêtres.
Il suivit la troupe pendant deux jours.
Durant le premier il dut beaucoup éprouver son petit corps pour rattraper ceux qu'il suivait mais il y parvint, et ceux-ci n'avançant pas très vite et montant tôt le campement pour festoyer jusque tard, il ne lui fut pas très difficile de tenir la distance les deux jours suivant.
Ce soir là, comme les jours précédents, une fois passablement imbibés les brigands s'endormirent ici et là, que ce soit sous une tente, dans un fossé ou au milieu du chemin. Xanis était révolté de voir qu'ils ne se souciaient même pas de voir des gardes royaux ou une quelconque force de l'ordre arriver. Leur Roi n'était finalement, comme le disait les gens du village, vraiment pas quelqu'un de bien.
Dernière édition par Xanis le Ven 22 Mai 2009 - 23:04, édité 3 fois