Le sorcier referma lentement la porte de ses appartements, veillant à ce qu'elle ne claque pas. Un courant d'air s'engouffrant par la fenêtre de sa chambre ouverte semblait, quant à lui, décidé à troubler la quiétude des lieux et avoir la ferme intention de troubler les arcanes qui se reposaient.
L'elfe noir était , contrairement à ce qu'il laissait paraitre, très excité. Il avait ramené plusieurs livres de la bibliothèque de la Corporation pour les étudier ici, seul et en silence. Sur la liste de ceux-ci figuraient : Qu'est ce que je psionisme, Sorts et arcanes de base mais le réel objet de son désir était le troisième ouvrage qu'il avait réussi à glisser dans sa robe : Sorts et arcanes des Mages .

Officiellement, il n'était pas sensé avoir accès à ce tome. Il n'avait pas le droit de le lire.
Mais après avoir étudié à fond les sortilèges de base, il était avide d'approfondir et d'enrichir ses connaissances, d'autant plus que celles-ci lui permettaient de gagner en puissance.
De plus, le thaumaturge en plus, Cotin Nerae était porté disparut. Personne n'était qualifié pour le promouvoir au sein de l'assemblée, aussi avait-il décidé de prendre lui-même son ascension en main, et ce quoi qu'il en résulte.

* Quoi qu'il puisse se passer après cela, tu auras acquis plus de pouvoirs que tu n'en auras jamais eu. Et cela, il ne pourront plus t'en priver. Ton potentiel est trop élevé pour rester limité si longtemps. *

Son regard glissa vers le dehors. De l'autre côté de la fenêtre toute simple se trouvaient les prairies qui entouraient la Capitale.
Il eu une pensée pour Judith et Melfort, se demandant comment ils se débrouillaient, là bas dans sa province.

« La grandeur est décadence. »

L'avantage d'être Thaumaturge, outre le fait d'avoir tout un tas de larbins à sa botte, était le laboratoire personnel que l'on pouvait installer aisément dans ses appartements sans que personne n'aie l'idée de causer des soucis à ce sujet.

Xanis referma dans un léger claquement la porte de ses appartements et se laissa aller dos au battant, la tête rejetée en arrière, afin de reprendre son souffle dans la mesure du possible. Ses poumons cessèrent peu à peu de le brûler et le sifflement de sa trachée s'atténua au fil des minutes qu'il passa dans cette position.
Alors qu'il se redressait pour marcher jusqu'au coin opposé de la pièce, une violente quinte de toux le saisit, le forçant à se plier en deux, une main sur le ventre, pour ne pas perdre l'équilibre. Une fois la crise passée, le Cavalier jeta un oeil inquiet à sa main qu'il sentait étrangement moite... et fut consterné de trouver de fines gouttelettes de sang dans sa paume... Il ne s'était jusqu'alors pas préoccupé de son état de santé, accusant quelque maladie passagère suite à son utilisation excessive de mana et due à la faiblesse qui en résultait.

Il essuya la commissure ensanglantée de ses lèvres sur l'ourlet de sa manche cramoisie puis se dirigea à pas mesurés vers son plan de travail, son regard glissant sur les fioles alignées côte à côte. Il saisit délicatement une potion d'amphétamines et la déboucha avec soin avant de la porter à son nez, humant avec délice l'odeur du pouvoir et de la mana.
Il porta ensuite le flacon à ses lèvres, avalant doucement les gorgées une à une, savourant l'afflux de magie dans tous les coins de son corps. Cela ne suffirait évidemment pas à lui faire retrouver toutes ses capacités magiques, mais cela le remit toutefois légèrement d'aplomb. Satisfait de se sentir plus vaillant, il reposa l'objet à sa place sur une étagère puis se tourna face à la pièce. Une malle ensorcelée contenant le Sermon du Mage se trouvait dans le coin opposé et il était nécessaire d'avoir la clé pour trouver l'ouvrage, faute de quoi, une fois le coffre ouvert, il semblerait totalement vide.
Il glissa donc la main dans une poche de sa robe pour en sortir la clé... et sentit un morceau de papier plié sous ses doigts. Il l'en sortit avec un froncement de sourcils, ne se souvenant plus de l'y avoir mit.

Xéénothée a écrit:

Xanis,

Tu m'as semblé être digne d'intérêt, et, bien que je n'ai pas pu te soumettre à l'épreuve, je te pense digne de découvrir mes secrets. Réfléchis à deux fois avant de tenter de les découvrir, car ils pourront te donner un formidable savoir et une grande puissance, si tu parviens à t'en servir, mais leur accès risque d'être difficile pour toi. J'ai dissimulé l'entrée de mes archives dans mon palais, dans la ville d'Enithar. Ne t'y présente pas comme un de mes amis, je doute que tu y sois bien accueilli. Ne révèle ce message à nul autre. Je ne veux pas que mes secrets tombent entre n'importe quelles mains. Et surtout pas dans celles de votre Eglise, qui serait capable de les détruire.

" De tels savoirs ne doivent en aucun cas se balader librement en Kalamaï... "

Telle avait toujours été la conviction du Thaumaturge qui faisait tout pour rassembler les ouvrages de puissance à la Corporation des Arcanes ou en Orchomène. L'histoire des deux soeurs était une dérive qui résultait du fait que les savoirs étaient diffusés librement, sans filtre, et cela ne devait en aucun cas se reproduire.
Il était de son devoir de les acquérir au nom du Corpus...

Un léger sifflement au fond de sa gorge, une sensation étrange aussi... Et une nouvelle quinte de toux, violente et imprévue. Un nuage de sang vola sur l'édredon tissé de son lit.
Il porta la main à sa poitrine, ne parvenant pas à reprendre le contrôle de sa respiration. Des points noirs et multicolores dansaient une farandole endiablée devant ses yeux, grossissant tout d'abord lentement puis à une vitesse folle, jusqu'à lui masquer totalement la vue.

* Et peut-être ces savoirs me sauveront-ils... * pensa-t-il amèrement avant de sombrer dans l'inconscient.