Le Monde de Kalamaï
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Fièrement dressée au milieu du désert, Méthone est de ces villes qui sait vous envouter en un instant. Bordée d'une oasis puisant ses ressources d'une généreuse source d'eau pure profondément logée dans les sous-sols, la capitale palatinale de Prévèze, Cité aux solides murailles de grès, défie depuis des siècles le brasier du désert.
Trônant sur le rempart ouest, le Palais du Peuple, siège du pouvoir du palatinat, étend ses jardins à l'abris du sable. La ville qui s'anime et vibre ne semble pas atteindre ces somptueux havres de paix que sont ces successions de fontaines et de massifs d'arbustes, buissons et fleurs. Véritables oeuvres d'art toutes de végétations conçues, ces jardins finement agencés constituent avec ceux habilement dispersés à travers la ville de véritables réserves de fraicheur.

C'est à la fenêtre de son bureau que Largo Valdes semble calmement profiter de cette fraicheur. Ses appartements, comme la plupart de ceux du Palais du Peuple, donnant vue sur les jardins et les remparts, le capitaine de la Garde de Méthone observe distraitement au loin l'horizon d'or qu'est le désert de sable de Prévèze. Portant sa tasse de thé à ses lèvres, il en but quelques gorgées.
La boisson, tiède, suffit à le rafraichir.
Sortant enfin de sa rêverie, il se retourna vers son bureau et s'y assit. Portant son regard vers la pile de missives et autres rapports, Largo soupira de lassitude. Lui, vaillant capitaine de la Garde, réduit à faire ce travail de paperasse... Il fut un temps où il aurait au contraire profité de l'occasion pour inspecter ses hommes et vérifier de visu les fortifications de la ville... Mais ce temps était révolu depuis longtemps. Depuis sa venue au rang de capitaine de la Garde, en vérité...
Repérant au milieu du tas de papiers une missive portant la marque des Nuntius, les messagers du Palatinat, le militaire leva un sourcil. Il s'en saisit, non sans faire tomber le reste de la pile en un tas informe sur l'ensemble du bureau.
Décachetant rapidement la missive, il en lu distraitement le contenu. Ses yeux s'étrécirent à mesure qu'il en prenait connaissance, pour finalement s'arrêter avant la fin. Reprenant la lecture depuis le début, il s'appliqua sur chacun des mots, cherchant à se persuader d'avoir bien lu.
Arrivé à la fin de la missive, il resta interdit...

Depuis de nombreux mois, l'annonce de la disparition de la Comtesse Hélèna Ianoss, ambassadrice d'Ald'Rhune et Palatine de Prévèze, avait plongée la province dans une sorte d'apathie sans précédent. L'entrain qui autrefois caractérisait l'activité prévézienne n'était plus qu'un lointain souvenir...
L'ensemble de l'administration prévézienne s'était elle aussi figée. Largo, Kaleb et Maëlle n'avaient plus aucune directives à suivre avec la perte de la palatine. Aussi les choses s'étaient-elles brusquement stoppées. Et seules les affaires courantes avaient été traitées, la plupart des grands projets ayant été laissés en l'état sans plus d'avancement...

Se faisant violence, le capitaine de la Garde se leva, la missive en main. Il traversa son bureau comme un espadon fend les vagues. Et c'est sur sa lancée qu'il rejoignit en toute hâte le bureau de Kaleb Al Hassann, Intendant de Prévèze.

La porte du bureau de Kaleb s'ouvrit d'un coup, ce qui fit sursauter le pauvre homme. Relevant la tête vers l'encadrement de la porte, l'intendant vit arriver, essoufflé, son collègue militaire, un morceau de papier à la main. Alertée par le vacarme depuis le bureau voisin, Maëlle la centauresse se risqua à entrer à son tour, intriguée:
-Largo? Que se passe-t-il donc pour que tu puisse ainsi violenter cette pauvre porte?
-...Sans parler de mon pauvre coeur, qui a failli lâcher en même temps que les gonds.
-...Je... Lisez! ...La Comtesse... Essaya-t-il d'articuler tout en reprenant son souffle.
-Quoi la Comtesse?
-Elle est... vivante!


----------


Hélèna gravissait les marches de l'escalier menant au Palais du Peuple, encadrée par les Delta. Cela faisait si longtemps... La jeune femme se demanda un instant si ses fidèles lieutenants se souvenaient d'elle.
Le soleil s'éteignait sur les sables du désert et au delà, sur l'océan lointain. Les torches disposées un peu partout faisaient danser les ombres naissantes du crépuscule. L'activité sur la place Tilk Nosferan s'était fortement réduite. A cette heure, chacun profitait du frais en terrasse d'une des nombreuses tavernes de la ville ou à l'ombre d'un arbre dans l'un des multiples jardins. C'était en vérité le meilleur moment pour profiter de Méthone et de son climat...
Arrivée au sommet des marches, Hélèna avança vers la porte.
L'un des gardes lui fit signe de s'arrêter. Naal et ses hommes se portèrent vers elle, resserrant leur formation insensiblement.
-L'entrée au Palais du Peuple est fermée pour ce soir, madame. Revenez demain.
-L'entrée au Palais du Peuple n'est jamais fermée à la palatine de Prévèze.
-Palatine de...?! Je vous demande pardon?
-Veuillez avertir M. Kaleb Al Hassann, Mlle Maëlle ou le capitaine Largo Valdes que la comtesse Hélèna Ianoss d'Ald'Rhune aimerait pouvoir rejoindre ses appartements, je vous prie.
-B-Bien. Il se retourna vers la porte du Palais avant de se figer. Il se retourna une nouvelle fois pour faire face à la jeune femme:
-Excusez-moi de vous poser cette question, je n'y résiste pas... Mais... n'étiez-vous pas morte?
-Je vais mieux... Répondit-elle avec malice, sous le regard goguenard de Naal.

descriptionSeconde renaissance EmptyRe: Seconde renaissance

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-Madame, bienvenue à Méthone.
Kaleb Al Hassann ouvrit grand ses bras, un sourire radieux sur les lèvres. Ses mots résonnèrent dans le vaste hall du Palais du Peuple, se répercutant dans les colonnes soutenant la coupole finement sculptée coiffant harmonieusement l'ensemble. A ses côtés, Maëlle, la centauresse d'Ald'Rhune, retenait ses larmes de joie. Depuis la disparition de la comtesse, l'écrasante responsabilité que représentait la gestion du Palatinat lui était échue. Une bien lourde et complexe tâche, supplée au début par sa professeur à l'Académie d'Ald'Rhune dépêchée en renfort. Malheureusement, les changements dans la politique extérieur de la Cité l'avaient rappelée à sa chaire... Et la jeune centauresse aux cheveux dorés n'avait eu d'autre choix que d'endosser ce rôle, pour le meilleur comme le pire. C'était avec soulagement qu'elle accueillait assez ironiquement la maîtresse des lieux sur le pas de sa propre porte...
De l'autre côté de Kaleb, le capitaine Valdès attendait patiemment, les bras croisés dans le dos. Son attitude, fruit de tant d'entrainements et d'une discipline toute martiale, n'était troublée que par un sourire à peine moins éclatant que celui de l'intendant. Son uniforme, comme à son habitude, était impeccable. Les décorations sur son torse luisaient à la lueur des lampes et des divers torches placées pour la nuit. Lui aussi paraissait extrêmement heureux de voir ainsi réapparaître la palatine de Prévèze. Bien qu'heureux fut en réalité un terme bien pâle pour décrire son état d'esprit...

Autour des trois représentants du Palatinat se tenait une petite garde d'honneur composée de six gardes de Méthone. Face à eux, accompagnés par le garde de l'entrée, la comtesse Hélèna et les hommes de l'escouade Delta venaient de faire leur apparition lorsque la voix de l'intendant de Prévèze résonna.
La jeune femme porta son regard vers ses trois collaborateurs et sentit son cœur s'enflammer de joie.
Elle se souvenait d'eux! Et ils paraissaient identiques à ses souvenirs. Seuls quelques cheveux blancs perçant ça et là la toison noire de la chevelure de Largo rappelait à la comtesse que le temps gardait son emprise.
-On s'y sent comme chez soi. Répondit Hélèna à Kaleb.
Les trois administrateurs sourirent à la remarque.
C'est Maëlle qui rompit cette crispation toute officielle pour prendre la comtesse dans ses bras et la serrer contre elle. Largo et Kaleb rejoignirent leur collègue qui desserrait son emprise sur la palatine.
-C'est bon de vous revoir, madame.
-C'est bon de te revoir aussi, Kaleb.
Le regard de la jeune femme passa sur les visages de ses collaborateurs, ses yeux reflétant sa joie et l'affection qu'elle éprouvait pour eux.
-Je suis heureux de constater que le messager avait raison: vous êtes bien de retour.
-On le dirait bien, mon ami.
-Et si nous allions nous installer sur le balcon de vos appartements? Des rafraîchissements s'y trouvent déjà: nous y serons plus à l'aise pour discuter plus avant, n'est-il pas?
-Tu n'as pas perdu ton fameux don d'organisation, on dirait.
-Et encore! Il l'a perfectionné! Répondit la centauresse, dans une voix désespérément taquine à l'attention de son collègue intendant.
-Je devrais mourir plus souvent...

----------

-... et c'est comme ça que j'ai été retrouvée par Naal et ses hommes.
Le silence autour de la table basse, encadrée par les multiples fauteuils confortablement agrémentés de coussins, laissa transparaître les lointains bruits de la ville. La douce brise dans les arbustes du jardin du Palais, que les appartements de la palatine surplombait, était la seule chose qui se mariait aux faibles sons d'une capitale endormie. Une nuit calme régnait aux portes du désert.
Tous s'étaient retrouvés ici, sur ce balcon protégé d'une tonnelle et éclairé de quelques lanternes finement ouvragées. Même les hommes de l'escouade Delta avaient été conviés. Ces derniers, soucieux de rester en activité, s'étaient scindés en deux équipes. L'une d'elle, commandée par Naal, était restée éveillée aux côtés de la palatine tandis que l'autre s'était accordée un repos bien mérité.
Kaleb, Maëlle et Largo n'avaient pas sommeil et s'étaient captivés pour le récit des mésaventures de la comtesse. Cette dernière avait ainsi relatée l'ensemble de ce qui lui était arrivé ces derniers mois, occultant toutefois les éléments pouvant révéler sa nature...
Un tel récit avait pris pas loin de deux bonnes heures, durant lesquelles deux domestiques s'étaient arrangés pour que les verres et autres tasses ne restent jamais vides.
Maintenant que ses collaborateurs étaient au courant de ses péripéties, c'était au tour d'Hélèna d'être curieuse: comment Prévèze s'était-elle portée depuis son "départ" et jusqu'à présent?
Les réponses des trois administrateurs furent somme toute plutôt rassurantes. La province se portait bien et ne connaissait pas de trouble particulier depuis la disparition des anarchistes du Sud Prévèzien. Les généraux qui avaient fait mouvement contre eux, contrairement aux ordres de Méthone, avaient d'ailleurs été démis de leurs fonctions et arrêtés. Leur traitement du problème posé par les anarchistes avait été pour le moins violent: les campements avaient été mis à sac et ses habitants assassinés dans des circonstances particulièrement troubles. Les survivants n'avaient du leur salut qu'à l'arrivée de la Iére Armée et la présence d'Erwin Laynn. Ce dernier avait placé ses forces pourtant en sous nombre face à celles des deux autres armées de Prévèze. Ce faisant, il avait posé un ultimatum aux renégats, les enjoignant fortement à rentrer dans le rang. Le charisme du général, couplé à l'envoi de Sabres dans le campement renégat avait eu raison des instigateurs de ce soulèvement militaire illégal...
Les trois armées avaient été réordonnées et stationnaient à nouveau à leur point de repos initial. L'organigramme avait un peu changé toutefois, puisque Erwin Laynn avait été promu chef d'Etat-Major, laissant sa place à la tête de la Iére Armée à l'un de ses anciens subordonnés...
Ainsi, le Renard du Désert était désormais chef des Forces Armées du Palatinat, ce qui n'était pas pour déplaire à la comtesse. Bien que répugnant à l'emploi de la force, elle devait admettre que ce militaire lui était sympathique...
-...Et en ce qui concerne les affaires extérieures?
Le silence se fit soudain pesant. Les yeux clairs d'Hélèna cherchèrent des réponses sur les visages des trois administrateurs. Sans lire leurs pensées, elle sut très vite que la situation n'était pas reluisante. C'est Kaleb qui se lança:
-Edhesse connait quelques troubles en ce moment. Le palatin actuel ne fait pas l'unanimité, loin s'en faut. Il se dit ces derniers temps que les rebelles auraient récupérés un artefact disparu à même de les aider contre le gouvernement actuel.
-Ah oui? Lequel?
-L'oriflamme de Manassé.
-Oh. Je vois...
-La situation n'est pas plus réjouissante à l'Est. Le départ de Babka Irvin du palatinat de Maon n'a pas arrangé la stabilisation de l'Empire dans la région. Zackinthe et Thassopole sont toujours en guerre, avec toutefois l'intervention de la flotte Maonnaise, en appui de Zackinthe. Ajoutons également la découverte fortuite par le Rouge de Nardogord d'un colosse tout ce qu'il y a de plus mythique. Ce Kozanne pourrait bien faire basculer le cours de la guerre en la faveur de Thassopole...
-Si j'en crois ce que vous me dîtes, la mythologie semble prendre vie ces derniers temps.
Kaleb glissa un regard à Maëlle. Cette dernière repris:
-S'il n'y avait que ça... La situation est également inquiétante en ce qui concerne Naxopole. Il semblerait qu'un seigneur Skaven soit en train de prendre le contrôle de la province par la force. Ses multiples victoires et l'absence de réaction des grands de Naxopole en font une des nouvelles puissances locales. Malheureusement, nos informations à son sujet sont pour le moins fragmentaires. Tout ce que nous avons entendu dire, c'est que ses méthodes sont...
-...peu conventionnelles. Répondit Largo.
-Ce que veulent dire mes estimés collègues, c'est que ses méthodes sont pour le moins horribles et diablement efficaces. Termina Kaleb.
Hélèna ferma les yeux, espérant qu'ils n'ajouteraient pas plus de détails. Elle redressa la tête:
-Je vois... Qu'en est-il de Scitopole, Mésomnon et Argostole?
-Scitopole est sous la direction du palatin Sirias Barsis. La province est pour l'instant tout ce qu'il y a de plus tranquille. Mésomnon s'est un peu retirée de la scène ces derniers temps. Quant à Argostole, la palatine semble y maintenir la province à flot. En gros, rien de spécial par là-bas.
-Bon. Pour l'Outre-Mer?
-Le Roi Irkos y maintient un bon fonctionnement des institutions et assure la reconstruction depuis la fin de la guerre.
-Voila qui explique la bonne santé de nos relations commerciales avec Roc le Chastel... Et quelle est la santé de l'Empire dans son ensemble?
Une nouvelle fois, le silence se fit autour de la table.
Toujours pesant.
-Et bien... l'Empire n'est pas au mieux de sa forme. L'Empereur n'est pas très présent sur la scène politique. Les rumeurs qui circulent font état d'un grave problème médical le touchant. Les institutions sont en perte de vitesse. L'Armée Impériale semble elle aussi souffrir d'une baisse de popularité. Le Sénat est la proie de batailles entre palatins...
-Rien n'a changé au Sénat, en somme...
-D'après nos informations, les choses ont évoluées depuis votre dernière visite au Senatam Kalamaïa. L'intérêt supérieur de l'Empire s'est substitué à l'intérêt des provinces. Quand ce n'est pas à l'intérêt purement privé des palatins...
-Ah... Donc ça a changé. Et pas en bien...

La comtesse pris sa tasse de thé et en but une gorgée. Le liquide avait eu grand temps de refroidir...
Le ciel étoilé, calme et sans nuages, contrastait avec les informations que venait d'avoir la jeune femme. L'Empire avait perdu en stabilité depuis qu'elle avait disparue... Peut être était-il venu le temps pour elle de prendre la route de la Capitale Impériale? Hélèna se souvenait des mots de Sylvain. Son vieil ami avait une fois de plus été d'une grande perspicacité...
-Bien. Mes amis, il est temps de reprendre le travail. Donnez-moi les rapports d'activité de nos informateurs. Je croiserais avec les informations de la CMA et ce que m'a déjà confié le Basileus. Je pense qu'un voyage vers la Capitale Impériale va s'imposer. D'ici là, parlons de Prévèze: j'ai quelques idées...

descriptionSeconde renaissance EmptyRe: Seconde renaissance

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Lorsqu'au petit mâtin, Méthone s'éveilla, nul habitant de Prévèze ne pouvait prévoir que l'avenir de la province avait été écrit durant la nuit. Les projets qui avaient été jusque là été mis en suspend allaient redémarrer sous peu. Déjà les lettres fusaient depuis le cabinet de l'intendant Al Hassann vers les différents maîtres d'oeuvre. Les Nuntius du Palais du Peuple se tenaient prêt à sauter sur leurs montures pour porter leurs précieux plis à travers la province et l'Empire si le besoin s'en ressentait.
Parmi ces flots de missives, une se démarquait des autres. La raison en était simple: le bureau d'où elle sortait n'était pas celui de l'intendant mais celui de la Palatine de Prévèze comme en attestait la présence de son sceau. Et elle n'avait pas pour destinataire n'importe qui: elle était adressée ni plus ni moins qu'à l'Empereur lui même.

Missive à l'attention de Sa Majesté Fardall :


La nuit avait été pour le moins courte pour Kaleb, Maëlle et Largo.
Le retour de la comtesse y était bien entendu pour beaucoup. Cette dernière débordait d'idées concernant la mise en avant de Prévèze et son développement. Eu égard au statut encore fragile de la province, il s'avérait légitime de désirer la rendre plus solide et plus riche.
Et en l'occurrence, la vision de la palatine pour sa province valait son pesant d'or, malgré l'important investissement qu'il nécessiterait -investissement que pouvait se permettre Méthone-.
Ces idées n'étaient pas bien complexes en soi. Elles consistaient en réalité en quatre points précis.
    La première était la nécessité de diversifier le commerce avec les province voisines en ouvrant de nouvelles routes vers l'Est et le Nord, longtemps sous-exploitées en l'absence de routes convenables. Cela passait non seulement par l'ouverture de nouveaux comptoirs, mais aussi par la mise en place de nouveaux caravansérails, lesquels permettraient de tenir le flux constant de marchandises.
De même, il était nécessaire d’accroître encore la production des marchandises prévèziennes. Que ce soit les ressources brutes comme les marchandises manufacturées, il fallait offrir aux prévèziens la possibilité d'entreprendre en diminuant les impôts sur les commerces et les artisans. Oh, pas de grand chose. Mais quelques pièces d'imposition en moins sur ses plus entreprenants citoyens ne nuirait pas au Palatinat, lequel contrôlait très largement le flux de marchandises et s'assurait de le taxer honorablement lorsqu'il passait par ses ports ou péages. Et ce soulagement fiscal, couplé à la mise en place de prêts à bas taux par le Palatinat en faveur de ses ressortissants contribuerait à augmenter les productions...
    La seconde consistait en la remise à niveau des forces armées pour couvrir le territoire immense de Prévèze. Il fallait améliorer l'armement, renforcer l'entrainement et augmenter les effectifs. Ces dispositions, coûteuses, devaient à terme faire croître l'armée de Prévèze, la faisant passer de 15000 hommes à 30000 hommes. Cette force, divisée en armées de 5000 hommes, se devait d'être d'un professionnalisme à toute épreuve et équipée du meilleur matériel possible. Le niveau actuel des troupes bien que tout à fait satisfaisant, surtout en comptant le nombre important de vétérans qu'elles comptaient désormais, devait être entretenu. Comme autrefois, l'ambition palatinale était de compter dans les rangs de ses forces armées un nombre modeste d'hommes, mais formant à eux tous une force d'élite. A ces chiffres s'ajoutait la commande d'une escadre de navires de guerre aux chantiers navales d'Ald'Rhune dans le but de protéger les côtes Prévèziennes. Ce rôle, jusque là assuré par la Cité côtière, ne pouvait indéfiniment lui être confié sans soutien...
Le point qui, par contre, dénotait avec les mesures jusque là entreprises, était la demande de création d'un bureau spécial. Une officine dédiée au renseignement et au contre-espionnage au sein du palatinat comme en dehors de ses frontières. Cette mesure, pour le moins singulière venant d'une province répondant à un système centralisé comme l'était l'Empire, se justifiait en vérité par le besoin d'informations fiables et cohérentes nécessaires au maintien de la paix dans ses frontières. La guerre Zackinthe-Thassopole rappelait sans cesse que malgré l'appartenance à l'Empire, une guerre entre deux provinces était toujours possible. Et la palatine espérait bien pouvoir empêcher qu'une telle chose puisse arriver à sa province en étant informée de ce qui se passait autour d'elle...
    La troisième idée de la comtesse Hélèna consistait en l'agrandissement de l'Académie de Méthone et la promotion des sciences sous toutes leurs formes. Les premiers pas seraient indéniablement fait en astronomie, puisque cette idée s'assortissait du projet de construire un observatoire doté d'une lunette astronomique au sommet d'un des monts de Prévèze. Promouvoir les arts et le savoir avait toujours été un point hautement important pour la jeune femme, mais cela n'avait pas été aussi prononcé jusqu'alors. Un autre des projets développés comptait en effet l'agrandissement de la bibliothèque de Méthone et la copie de nombreux livres présents à la Bibliothèque Impériale ou à la Bibliothèque de Roc le Chastel, avec l'accord du Roi Irkos.
    La quatrième idée, consistait en la poursuite de l'aménagement du territoire. Les pipelines et les pompes permettant de puiser dans le sol la précieuse eau de Prévèze et de la convoyer à travers les villages n'avaient encore qu'une efficacité limitée. Il était nécessaire d'étendre ce fonctionnement à l'ensemble du territoire en créant un réseau complet de distribution d'eau le plus large possible.
C'était d'ailleurs là le chantier le plus ambition de tous, puisqu'il ne pourrait se faire en un jour. Mais il devait à terme permettre à chaque prévèzien de bénéficier d'un accès à de l'eau potable. Cette eau permettrait d'irriguer les plantations, qui en retour nourriraient la population, laquelle pourrait ainsi continuer sa vie dans des conditions bien plus sereines. Bien évidemment, ce réseau servirait également à une armée de Prévèze en campagne, puisqu'elle ne serait ainsi plus inquiétée à l'idée d'emporter avec elle des chariots remplis à ras-bord d'outres ou de tonneaux. Quid si une force ennemie en prenait le contrôle? Il suffirait d'en fermer le robinet à la source, tout simplement. Et comme les pompes se trouvent pour la plupart au sein des commanderies des Nuntius, l'arrivée d'eau serait aisément contrôlée...

Un vaste programme que la comtesse avait initié au petit jour.
Bien évidemment, les travaux prendraient du temps. Mais les ordres fusaient déjà au sein du Palais du Peuple, lequel semblait se réveiller d'un long sommeil. Les secrétaires allaient et venaient avec plus d'entrain que jamais ces derniers mois et c'était bon signe.
L'annonce officielle du retour de la Comtesse se trouverait bientôt placardée aux quatre coins de la ville. Les Nuntius cavalaient déjà porter la nouvelle au reste de la province, parmi les villages et les villes de Prévèze. Bazanne, Thyde, Krasia et le reste de l'Empire seraient bientôt au courant. Les affiches qui seraient placardées contenaient un petit texte écrit de la main de la palatine, expliquant la disparition de la jeune femme et son retour. Quelques mots adressés à ses citoyens leur annonçant qu'elle reprenait le labeur au sein de la province, désireuse de mettre ses talents à leur service comme autrefois elle l'avait fait. Plus qu'une véritable déclaration, la comtesse s'était assurée que son message serait pris comme celui d'une amie perdue de vue qui revenait à la surface...

----------

Le soleil montait encore dans le ciel de l'Empire lorsque Hélèna quitta son bureau, vêtue d'une simple tunique turquoise ceinte à la taille d'une ceinture de cuir beige. Elle portait sous son bras une chemise à rabat. Ses sandales la menèrent jusqu'au bureau de Kaleb Al Hassann, lequel s'entretenait avec un officier de la marine Ald'Rhunaise. Tout deux s'interrompirent lorsque la jeune femme entra:
-Excusez-moi de vous déranger dans votre conversation, messieurs.
-Je vous en prie. Laissez-moi vous présenter le Capitaine Stavro, commandant la frégate Firmament.
-Madame. L'officier salua Hélèna.
Cette dernière ne put éviter de remarquer les deux médailles ornant l'uniforme de l'officier. La médaille d'honneur militaire d'Ald'Rhune et l'Etoile argentée de Méthone. Deux distinctions reconnaissant un acte militaire exceptionnel. La mention "Outre-Mer" sur les deux rubans marquait la présence de ce capitaine et sans doute de son navire durant les événements d'Outre-Mer opposant les natifs et leurs alliés aux envahisseurs pirates.
-Excusez ma curiosité, capitaine: vous étiez en Outre-Mer?
-Oui madame.
-Le capitaine Stavro et son équipage ont assurés avec succès la protection du village de Ïafalan durant l'ensemble du conflit en dépit d'un large désavantage numérique. Plusieurs ressortissants impériaux ont même pu trouver refuge sous sa protection.
Tendant la main vers l'officier avec un sourire reconnaissant:
-Capitaine, c'est un honneur de vous rencontrer.
-L'honneur est pour moi, Madame. L'officier serra la main tendue chaleureusement.
-Que puis-je pour vous, Hélèna?
Se tournant vers l'intendant, cette dernière lui répondit:
-J'ai lu avec intérêt les rapports de nos informateurs. Et ils confirment la nécessité de préparer un terrain diplomatique neutre. De même qu'ils confirment le besoin d'établir des normes de droit propres à protéger nos intérêts comme nos citoyens pour les temps futurs.
-Et je présume que vous avez votre opinion sur la question?
-C'est exact, Kaleb. J'ai consignée à l'écrit ce que je pense être nécessaire. Ce sont des directives ou des objectifs pour la plupart. Cela devrait suffire le temps de mon absence à la Capitale Impériale.
-A peine arrivée, déjà repartie... Soupira l'intendant.
-Et oui... A croire que je n'ai fait que voyager durant toute ma vie.
-Bien, bien. Je vais lire attentivement ça. Répondit Kaleb en prenant la chemise tendue par la comtesse. Vous êtes prête pour votre départ?
-Presque. Je devrais l'être sous peu, une fois mes affaires rassemblées et Naal et ses hommes parés. Nous partirons sans doute durant la fin d'après-midi pour éviter le plus fort de la chaleur.
-Je vous souhaite de réussir, Hélèna.
-Je me le souhaite aussi, Kaleb. Au revoir capitaine Stavro.
Offrant à l'intendant et à l'officier son sourire espiègle, la comtesse quitta le bureau de l'intendant.

descriptionSeconde renaissance EmptyRe: Seconde renaissance

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La course du soleil s'était depuis longtemps infléchie lorsque la palatine de Prévèze et ses gardes du corps rejoignirent les bâtiments abritant les écuries des montures volantes de Méthone. Au sein de ces bâtiments semi-enterrés se reposaient dans un confort tout à fait enviable une vingtaine de griffons et leurs soigneurs -présents de Maon-, deux dragons de bronze d'Ald'Rhune et surtout Adama, le dragon d'or qui semblait suivre la comtesse comme son ombre.
Ce dernier profitait justement de la fraîcheur de ces étables d'une grande propreté tout en s'abreuvant à la fontaine qui coulait à la croisée du corps principal du bâtiment. Adama aimait bien cet endroit. C'était l'un des rares à avoir été pensé pour les créatures volantes, qui plus est massive. Bien que ne pouvant pas étendre ses deux ailes en entier à l'intérieur, il lui était possible de le faire une aile à la fois, chose tout à fait impossible où que ce soit ailleurs...
Les griffons, leurs soigneurs et le personnel chargé de l'entretien et du bien être des créatures volantes avaient depuis longtemps appris à ne plus sursauter à chaque mouvement du grand dragon d'or. Il était vrai que voir une créature d'une telle puissance et d'une telle majesté s'étirer sans crier gare pouvait surprendre le plus zen des garçons d'écurie. Mais eux autant que les autres s'étaient largement accommodés d'Adama, lequel conservait un calme néanmoins empreint de facétie.
Ses frères de bronze, plus petits, regardaient souvent le grand doré faire le pitre ou taquiner le maître d'écurie. Ils ne disaient mots et restaient immobiles en toute circonstance. Mais qui savait lire dans les yeux des dragons pouvait sans l'ombre d'un doute y trouver autant d'amusement et d'espièglerie que semblait en regorger Adama...
Et, par chance, le maître d'écurie ne manquait ni de patience ni de passion! Rares étaient les fois où le protégé ailé de la comtesse réussissait à le surprendre. Mais il conservait à chaque fois le sourire, que ce fut le cas ou non... Les deux s'entendaient bien, à tel point que la rumeur courrait que le maître d'écurie lui-même demanderait parfois à son acolyte doré de "s'occuper" de l'un ou l'autre de ses garçons manquant d'entrain. Rien de tout cela n'était fondé, bien sûr. Du moins sans doute. Probablement...
Entrant dans l'écurie, Hélèna y trouva une scène pour le moins loufoque. L'un des garçons d'écurie, recherchant avec énergie et ferveur sa fourche, tournait et virait sans s'apercevoir qu'Adama la tenait dans sa gueule comme un paysan tiendrait un brin de paille. Le dragon suivait des yeux le jeune homme sans bouger. Un large sourire courrait sur son museau tandis qu'il assistait à cette recherche sans fin...
Restant stupéfaite une seconde à cette vue, la comtesse se ressaisit. Tournant la tête sur la droite, elle vit le maître lui aussi tout sourire adossé au mur.
-Cela fait longtemps?
-Pas loin d'un quart d'heure, madame.
-Ah. Et il va chercher encore longtemps?
-Oh ça... c'est pas à moi qu'il faut demander.
-Je vois... Répondit-elle d'un sourire entendu.
Étendant son esprit vers celui du dragon, la jeune femme prit contact avec lui:
¤Je vois que tu t'amuses bien.¤
¤Très drôle. Il rechercher sa fourche trois fois aux mêmes endroits.¤
¤Et si tu la lui rendait?¤
¤Ce ne serait pas drôle¤
¤Malheureusement, nous allons devoir y aller. Tu le tortureras plus tard, à notre retour.¤
¤Pfff...¤
S'exécutant, le dragon déposa la fourche contre le mur à l'opposé du jeune garçon d'écurie. Puis, reniflant bruyamment, Adama attira son attention et lui indiqua où son outil se trouvait. Le visage du jeune homme s'éclaira à sa vue. Il remercia le dragon avant de la récupérer et reprendre ses activités.
La comtesse entreprit alors d'expliquer mentalement ses plans à son compagnon volant. Ils étaient fort simples : rejoindre la capitale impériale le plus vite possible. L'audience demandée par Hélèna auprès de l'Empereur Fardal lui serait accordée en temps voulu. Mais en l'absence de réponse et étant donné les délais de réception d'un courrier, la comtesse n'avait d'autre choix que de rejoindre le plus tôt possible le siège du pouvoir impérial.
Alors qu'elle allait demander au maitre d'écurie d'aider Adama à revêtir son harnais afin de lui permettre de la prendre comme passagère, la comtesse fut interrompue par un coursier. Ce dernier, haletant, la salua avant de lui remettre une missive qu'il qualifia « de la plus haute importance ».
Hélèna le remercia et se saisit du pli. Elle avisa le sceau du gouverneur de Kalamaï, Escalus Barsis.
Mais que pouvait bien annoncer cet éminent personnage ? Sans doute la confirmation d'une audience avec l'Empereur. Quoi d'autre ?
Dépliant la lettre, elle en entreprit la lecture.
La comtesse se figea soudain sur place, telle une statue.
Les yeux écarquillés, interdite, elle ne pouvait croire ce qu'elle venait de lire.
C'était tout bonnement impossible.
Relisant à la hâte la missive, Hélèna se rendit à l'évidence. L'impossible semblait exister de nos jours. Ecrit noir sur blanc, cette lettre était l'annonce officielle du décès de l'Empereur, sa Majesté Impériale Fardall Barka Ier. Le Phoenix de Kalamaï s'était éteint. La lettre indiquait que son fils ainé, le prince Faraël Barka, prendrait sa suite à la tête de l'Empire.
La comtesse resta interdite pendant plusieurs minutes. C'était une nouvelle effroyable. Et elle remettait tout en cause. En cette période d'instabilité sur le continent, l'Empire tenait en grande partie grâce à la présence de l'Empereur à sa tête. Maintenant qu'il venait de disparaître, il n'était pas certain que le prince Faraël fasse l'unanimité et permette de conserver à l'Empire sa cohésion. Et plus pragmatiquement, le prince arriverait-il à conserver le pouvoir ? Si oui, tout irait pour le mieux, au regard des circonstances. Mais si tel n'était pas le cas ? L'Empire ne comptait pas que des fidèles et loyaux sujets de la Maison Impériale.
Tant de questions et d'éventualités qui restaient ouvertes...
La jeune femme se redressa et parut reprendre vie soudainement. Se tournant vers Adama, elle le fixa de ses yeux tandis que son esprit s'étendait vers lui :
¤L'Empereur est mort. Notre départ est ajourné, j'en ai bien peur. Il faut que je retourne d'urgence à mon bureau¤
¤L'Empereur mort ? Vous autres ne tenir pas bien le temps¤
¤S'il est bien mort de vieillesse... Pour l'instant, je n'en sais rien. Reste alerte, il se pourrait que nous décollions sous peu¤
¤Je peux me dégourdir les ailes?¤
¤Oui, bien sûr. Fait comme chez toi¤
Adama se dressa sur ses pattes avec un petit reniflement. Le décès de Fardall ne l’émouvait pour ainsi dire pas. Après tout, les dragons regardaient depuis des temps immémoriaux les générations de mortels se succéder pour le contrôle du continent. Ce n'était qu'une page tournée de plus pour eux...
Hélèna rejoignit son bureau en toute hâte. Le coursier qui lui avait apporté le pli dans les écuries était reparti avertir ses plus proches collaborateurs de la tenue d'une réunion imminente dans ses appartements. Largo, Maëlle et Kaleb seraient bientôt à ses côtés.
Appelant un serviteur, elle sortit de son bureau une feuille de velin, une plume et un encrier. La comtesse demanda au commis de veiller à ce que des rafraîchissements lui soient apportés. Ce dernier hocha la tête et se retira diligemment. Hélèna se concentra alors sur la lettre qu'elle entreprenait de rédiger :

Missive à l'attention de sa Majesté Faraël Barka Ier :




La palatine parcourut sa missive avant de la replier, l'air satisfait. Se saisissant d'un bout de cire à cacheter et de son sceau, elle entreprit de la sceller. Cette lettre partirait à la première heure pour la Capitale Impériale, à destination de son illustre destinataire. Lequel devait se trouver bien seul à l'heure qu'il était...

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