Fièrement dressée au milieu du désert, Méthone est de ces villes qui sait vous envouter en un instant. Bordée d'une oasis puisant ses ressources d'une généreuse source d'eau pure profondément logée dans les sous-sols, la capitale palatinale de Prévèze, Cité aux solides murailles de grès, défie depuis des siècles le brasier du désert.
Trônant sur le rempart ouest, le Palais du Peuple, siège du pouvoir du palatinat, étend ses jardins à l'abris du sable. La ville qui s'anime et vibre ne semble pas atteindre ces somptueux havres de paix que sont ces successions de fontaines et de massifs d'arbustes, buissons et fleurs. Véritables oeuvres d'art toutes de végétations conçues, ces jardins finement agencés constituent avec ceux habilement dispersés à travers la ville de véritables réserves de fraicheur.
C'est à la fenêtre de son bureau que Largo Valdes semble calmement profiter de cette fraicheur. Ses appartements, comme la plupart de ceux du Palais du Peuple, donnant vue sur les jardins et les remparts, le capitaine de la Garde de Méthone observe distraitement au loin l'horizon d'or qu'est le désert de sable de Prévèze. Portant sa tasse de thé à ses lèvres, il en but quelques gorgées.
La boisson, tiède, suffit à le rafraichir.
Sortant enfin de sa rêverie, il se retourna vers son bureau et s'y assit. Portant son regard vers la pile de missives et autres rapports, Largo soupira de lassitude. Lui, vaillant capitaine de la Garde, réduit à faire ce travail de paperasse... Il fut un temps où il aurait au contraire profité de l'occasion pour inspecter ses hommes et vérifier de visu les fortifications de la ville... Mais ce temps était révolu depuis longtemps. Depuis sa venue au rang de capitaine de la Garde, en vérité...
Repérant au milieu du tas de papiers une missive portant la marque des Nuntius, les messagers du Palatinat, le militaire leva un sourcil. Il s'en saisit, non sans faire tomber le reste de la pile en un tas informe sur l'ensemble du bureau.
Décachetant rapidement la missive, il en lu distraitement le contenu. Ses yeux s'étrécirent à mesure qu'il en prenait connaissance, pour finalement s'arrêter avant la fin. Reprenant la lecture depuis le début, il s'appliqua sur chacun des mots, cherchant à se persuader d'avoir bien lu.
Arrivé à la fin de la missive, il resta interdit...
Depuis de nombreux mois, l'annonce de la disparition de la Comtesse Hélèna Ianoss, ambassadrice d'Ald'Rhune et Palatine de Prévèze, avait plongée la province dans une sorte d'apathie sans précédent. L'entrain qui autrefois caractérisait l'activité prévézienne n'était plus qu'un lointain souvenir...
L'ensemble de l'administration prévézienne s'était elle aussi figée. Largo, Kaleb et Maëlle n'avaient plus aucune directives à suivre avec la perte de la palatine. Aussi les choses s'étaient-elles brusquement stoppées. Et seules les affaires courantes avaient été traitées, la plupart des grands projets ayant été laissés en l'état sans plus d'avancement...
Se faisant violence, le capitaine de la Garde se leva, la missive en main. Il traversa son bureau comme un espadon fend les vagues. Et c'est sur sa lancée qu'il rejoignit en toute hâte le bureau de Kaleb Al Hassann, Intendant de Prévèze.
La porte du bureau de Kaleb s'ouvrit d'un coup, ce qui fit sursauter le pauvre homme. Relevant la tête vers l'encadrement de la porte, l'intendant vit arriver, essoufflé, son collègue militaire, un morceau de papier à la main. Alertée par le vacarme depuis le bureau voisin, Maëlle la centauresse se risqua à entrer à son tour, intriguée:
-Largo? Que se passe-t-il donc pour que tu puisse ainsi violenter cette pauvre porte?
-...Sans parler de mon pauvre coeur, qui a failli lâcher en même temps que les gonds.
-...Je... Lisez! ...La Comtesse... Essaya-t-il d'articuler tout en reprenant son souffle.
-Quoi la Comtesse?
-Elle est... vivante!
Hélèna gravissait les marches de l'escalier menant au Palais du Peuple, encadrée par les Delta. Cela faisait si longtemps... La jeune femme se demanda un instant si ses fidèles lieutenants se souvenaient d'elle.
Le soleil s'éteignait sur les sables du désert et au delà, sur l'océan lointain. Les torches disposées un peu partout faisaient danser les ombres naissantes du crépuscule. L'activité sur la place Tilk Nosferan s'était fortement réduite. A cette heure, chacun profitait du frais en terrasse d'une des nombreuses tavernes de la ville ou à l'ombre d'un arbre dans l'un des multiples jardins. C'était en vérité le meilleur moment pour profiter de Méthone et de son climat...
Arrivée au sommet des marches, Hélèna avança vers la porte.
L'un des gardes lui fit signe de s'arrêter. Naal et ses hommes se portèrent vers elle, resserrant leur formation insensiblement.
-L'entrée au Palais du Peuple est fermée pour ce soir, madame. Revenez demain.
-L'entrée au Palais du Peuple n'est jamais fermée à la palatine de Prévèze.
-Palatine de...?! Je vous demande pardon?
-Veuillez avertir M. Kaleb Al Hassann, Mlle Maëlle ou le capitaine Largo Valdes que la comtesse Hélèna Ianoss d'Ald'Rhune aimerait pouvoir rejoindre ses appartements, je vous prie.
-B-Bien. Il se retourna vers la porte du Palais avant de se figer. Il se retourna une nouvelle fois pour faire face à la jeune femme:
-Excusez-moi de vous poser cette question, je n'y résiste pas... Mais... n'étiez-vous pas morte?
-Je vais mieux... Répondit-elle avec malice, sous le regard goguenard de Naal.
Trônant sur le rempart ouest, le Palais du Peuple, siège du pouvoir du palatinat, étend ses jardins à l'abris du sable. La ville qui s'anime et vibre ne semble pas atteindre ces somptueux havres de paix que sont ces successions de fontaines et de massifs d'arbustes, buissons et fleurs. Véritables oeuvres d'art toutes de végétations conçues, ces jardins finement agencés constituent avec ceux habilement dispersés à travers la ville de véritables réserves de fraicheur.
C'est à la fenêtre de son bureau que Largo Valdes semble calmement profiter de cette fraicheur. Ses appartements, comme la plupart de ceux du Palais du Peuple, donnant vue sur les jardins et les remparts, le capitaine de la Garde de Méthone observe distraitement au loin l'horizon d'or qu'est le désert de sable de Prévèze. Portant sa tasse de thé à ses lèvres, il en but quelques gorgées.
La boisson, tiède, suffit à le rafraichir.
Sortant enfin de sa rêverie, il se retourna vers son bureau et s'y assit. Portant son regard vers la pile de missives et autres rapports, Largo soupira de lassitude. Lui, vaillant capitaine de la Garde, réduit à faire ce travail de paperasse... Il fut un temps où il aurait au contraire profité de l'occasion pour inspecter ses hommes et vérifier de visu les fortifications de la ville... Mais ce temps était révolu depuis longtemps. Depuis sa venue au rang de capitaine de la Garde, en vérité...
Repérant au milieu du tas de papiers une missive portant la marque des Nuntius, les messagers du Palatinat, le militaire leva un sourcil. Il s'en saisit, non sans faire tomber le reste de la pile en un tas informe sur l'ensemble du bureau.
Décachetant rapidement la missive, il en lu distraitement le contenu. Ses yeux s'étrécirent à mesure qu'il en prenait connaissance, pour finalement s'arrêter avant la fin. Reprenant la lecture depuis le début, il s'appliqua sur chacun des mots, cherchant à se persuader d'avoir bien lu.
Arrivé à la fin de la missive, il resta interdit...
Depuis de nombreux mois, l'annonce de la disparition de la Comtesse Hélèna Ianoss, ambassadrice d'Ald'Rhune et Palatine de Prévèze, avait plongée la province dans une sorte d'apathie sans précédent. L'entrain qui autrefois caractérisait l'activité prévézienne n'était plus qu'un lointain souvenir...
L'ensemble de l'administration prévézienne s'était elle aussi figée. Largo, Kaleb et Maëlle n'avaient plus aucune directives à suivre avec la perte de la palatine. Aussi les choses s'étaient-elles brusquement stoppées. Et seules les affaires courantes avaient été traitées, la plupart des grands projets ayant été laissés en l'état sans plus d'avancement...
Se faisant violence, le capitaine de la Garde se leva, la missive en main. Il traversa son bureau comme un espadon fend les vagues. Et c'est sur sa lancée qu'il rejoignit en toute hâte le bureau de Kaleb Al Hassann, Intendant de Prévèze.
La porte du bureau de Kaleb s'ouvrit d'un coup, ce qui fit sursauter le pauvre homme. Relevant la tête vers l'encadrement de la porte, l'intendant vit arriver, essoufflé, son collègue militaire, un morceau de papier à la main. Alertée par le vacarme depuis le bureau voisin, Maëlle la centauresse se risqua à entrer à son tour, intriguée:
-Largo? Que se passe-t-il donc pour que tu puisse ainsi violenter cette pauvre porte?
-...Sans parler de mon pauvre coeur, qui a failli lâcher en même temps que les gonds.
-...Je... Lisez! ...La Comtesse... Essaya-t-il d'articuler tout en reprenant son souffle.
-Quoi la Comtesse?
-Elle est... vivante!
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Hélèna gravissait les marches de l'escalier menant au Palais du Peuple, encadrée par les Delta. Cela faisait si longtemps... La jeune femme se demanda un instant si ses fidèles lieutenants se souvenaient d'elle.
Le soleil s'éteignait sur les sables du désert et au delà, sur l'océan lointain. Les torches disposées un peu partout faisaient danser les ombres naissantes du crépuscule. L'activité sur la place Tilk Nosferan s'était fortement réduite. A cette heure, chacun profitait du frais en terrasse d'une des nombreuses tavernes de la ville ou à l'ombre d'un arbre dans l'un des multiples jardins. C'était en vérité le meilleur moment pour profiter de Méthone et de son climat...
Arrivée au sommet des marches, Hélèna avança vers la porte.
L'un des gardes lui fit signe de s'arrêter. Naal et ses hommes se portèrent vers elle, resserrant leur formation insensiblement.
-L'entrée au Palais du Peuple est fermée pour ce soir, madame. Revenez demain.
-L'entrée au Palais du Peuple n'est jamais fermée à la palatine de Prévèze.
-Palatine de...?! Je vous demande pardon?
-Veuillez avertir M. Kaleb Al Hassann, Mlle Maëlle ou le capitaine Largo Valdes que la comtesse Hélèna Ianoss d'Ald'Rhune aimerait pouvoir rejoindre ses appartements, je vous prie.
-B-Bien. Il se retourna vers la porte du Palais avant de se figer. Il se retourna une nouvelle fois pour faire face à la jeune femme:
-Excusez-moi de vous poser cette question, je n'y résiste pas... Mais... n'étiez-vous pas morte?
-Je vais mieux... Répondit-elle avec malice, sous le regard goguenard de Naal.