Le Monde de Kalamaï
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La petite troupe franchissait les portes de la ville lorsque la pluie faiblit. L'Ardonien n'avait pas jugé utile de répondre à l'importun demandant de les accompagner en les guidant n'importe où et il n'avait pas non plus cherché à savoir ce que lui voulait l'officier.

Le gobelin lui demanda son ancienneté dans les rangs des combattants. Le regard glacé que lui retourna L'Ardonien lui fit vite regretter sa question. Pourtant, le guerrier prit sur lui, se disant qu'il n'avait pas à en vouloir à quelqu'un pour une question somme toute légitime sous prétexte qu'il n'avait pas envie d'être là.



Depuis peu si on réfléchit bien, quelques semaines, pourquoi poser cette question Maitre gobelin?



L'humain détailla ses trois compères. Ils avaient l'air plutôt fatigués, surtout le chef, même s'il tentait de le cacher. Ces minotaures et leur fichue fierté! Bon, lui non plus n'était pas fringuant, la journée avait été chargée émotionnellement, et la semaine passé très usante physiquement.

Sauf qu'il faudrait leur présenter diplomatiquement cette pause, pour ne pas les froisser. L'Ardonien choisi donc de joindre l'utile à l'agréable. il indiqua au gobelin qu'il pourrait répondre à sa question juste après.



Messieurs, la journée est déjà bien entamée, alors je vous propose de préparer le campement tout de suite et de planifier le reste de notre voyage.



Joignant le geste à la parole, il parla tout en montant le camp. Il allait vite, ses gestes ayant été mille fois répétés.



Je ne connais pas grand chose de vous, et l'inverse est sans doute vrai aussi. Or je pense que se connaitre un minimum est la base pour une action de groupe efficace. Je suppose que vous avez l'habitude de combatte ensemble. Donc, on a deux choix, soit, en cas de problème, je joue les francs-tireurs, chose que je sais faire, soit vous me dites comment je peux au mieux m'intégrer dans votre système pour ne pas vous gêner tout en apportant quelque chose et en m'apportant quelque chose.

Second point, Zakinthe n'est pas à coté, alors, il faut réfléchir aussi à notre moyen de locomotion car je n'ai pas forcément envie de perdre du temps, et la situation est peut être urgente également. Je vous le dis, je peux courir. En le faisant juste 8h par jour, on devrait gagner pas mal de temps sans pour autant se fatiguer.
On peut aussi louer des chevaux, mais cela à un coût et les dirigeants de la corpo, sur lesquels je n'ai aucune preuve de leurs compétences en quoique se soit, ne sont, et ça c'est sûr, forts, ni en rangement ni en attribution d'une enveloppe pour les frais de nos missions.



L'Ardonien réalisa qu'il n'avait d'ailleurs rien touché à son retour de mission, que l'officier l'avait bien vite renvoyé vers une seconde mission, et là, son sang d'ancien mercenaire ne fit qu'un tour. Il aurait été seul, il revenait illico à la capitale dire ce qu'il pensait de cette manière de faire. Une chose était sûre, l'officier et son supérieur allait se souvenir de lui si à son retour de Zakinthe ils oubliaient encore ce détail. Ils pourraient même en venir à regretter que ce ne soit pas son pote Grognar qui soit là.
Se ressaisissant, il reprit:



Enfin, il y a il me semble une rivière qui descend, parfois abruptement vers le sud. On pourrait prendre une embarcation dans les montagnes proches*, là où elle prend sa source et descendre à proximité de la province de Zakinthe.

Ah messieurs, le café est chaud, alors, pendant que je le savoure, je vous écoute!


*Pour les montagnes, vous regardez la fort jolie carte de notre MJ, vous voyez que c'est pas très loin, ben c'est de celles là que je cause.

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Shog regretta de suite la question qu’il posa à L’Ardonien. Il déglutit difficilement et réprima péniblement l’impulsion qui le poussait à se recroqueviller et se cacher. Puis, d’un coup il verdit de la tête au pied. Il sentit la chaleur s’emparer de ses joues, puis se diffuser vers le cou pour continuer dans le reste du corps. On venait de l’appeler « Maître ».

C’était la première fois qu’on lui donnait un tel qualificatif. Bâtard, monstre, traître, faible, moins-que-rien, bon-à-rien, insecte, tels étaient les sobriquets dont on l’affublait lorsqu’il était plus jeune. En fait, jusqu’à ce qu’il fuit sa tribu. Et encore, les mots étaient moins désagréables que la violence physique qu’il subissait tous les jours ou presque. Il se demandait souvent comment il avait fait pour survivre avant sa fuite.

Il se rappelait encore, et s’en souviendrait à jamais, de sa rencontre avec Xyloth. Il avait marché pendant ce qui lui sembla des jours depuis des collines situées à la frontière entre Scitopole et Zakinthe. Il était affamé et surtout assoiffé et oscillait entre sommeil et veille semi-consciente. Le gobelin fut trouvé à l’orée des bois par Xyloth alors qu’il était dans une période d’à peine conscience. Le minotaure le ramassa comme s’il ne pesait rien, ce qui était le cas, lui donna à boire, le mit sur son épaule et l’emmena jusqu’à Srive. C’était il y a près de vingt ans. Et, il s’en souvenait encore dans le moindre détail.

Le verdâtre sortit de ses rêveries seulement peu de temps après le compliment de l’Ardonien. Les souvenirs se mêlaient encore aux paroles du guerrier. Puis, seules les paroles restèrent. Il devait répondre. Ah non, pas maintenant. Il allait donc attendre alors.

La compagnie s’arrêta peu de temps après avoir franchi les portes de la ville sur la proposition, accueillie avec joie, de l’Ardonien. Le mercenaire monta le camp d’une main experte tout en parlant. Shog s’écouta pas son babillage et préféra retourner dans le passé, à une période précise.

La découverte du petit village de Srive. Il était encore plus rudimentaire que maintenant. La population il y a vingt ans ne devait être que de sept dizaines de minotaures. Il n’y avait pas encore de forgeron. Les anciens, eux étaient là mais plus jeunes évidemment. Il avait été le point de mire de tous les minotaures, du plus âgé au plus jeune. C’était la première fois qu’un peau-verte entrait dans ce village et la première fois qu’on en voyait un pour la plupart des habitants.

Les jours suivants, la curiosité de la nouveauté disparut progressivement. De même, Shog se rempluma même s’il restait toujours aussi frêle surtout comparé aux minotaures. Il ne se sentait pas complètement accepté par les cornus. Cependant, il n’était ni rejeté ni violenté. C’était ça de gagné. Et, cela s’améliora lorsque Xyloth l’invita au conseil des anciens qui en comprenait davantage qu’actuellement.

Le gobelin entendit à travers la brume de ses réminiscences une voix. Une voix autoritaire qui devait être celle de l’Ardonien. Les mots lui parvinrent filtrés mais il comprit qu’on l’écoutait. L’homme devait vouloir la réponse à sa question donc.


« C’était pour savoir ce que vous valez. » couina-t-il d’une petite voix.

Il avait pris l’habitude de couiner, de parler faiblement, à son arrivée dans le village. Les grands l’effrayaient un peu par leur force et leurs manières brusques. Et, il n’avait jamais pu s’y habituer. A moins que ce ne soit lorsqu’il était martyrisé avant. Bien avant sa libération. Il était quelqu’un à présent, celui qu’il avait toujours voulu être, mais les années de souffrances avaient réduit le peu de confiance qu’il avait eu à néant. Et, cela se ressentait principalement dans sa voix. Pourtant, il lui arrivait de trouver le courage de dire certaines choses. Peut être car elles échappaient à son contrôle et se faisaient prononcer avant qu’il ne puisse les arrêter.


« J’pense pas qu’la Corporation aurait envoyée une personne sans expérience Shog. » intervint Exhyl.
« Tu as probablement raison chef, mais peut être n’avaient-ils personne de qualifié pour nous guider. Et puis, d’après ce que je viens de voir, L’Ardonien semble posséder une bonne expérience ne serait-ce que de la vie au grand air et des voyages. Contrairement à nous. De plus, tu (en parlant de l’Ardonien) prétends savoir te battre et tu dois dire vrai car je ne vois pas pourquoi tu mentirais. Mais, ta supposition est fausse. Nous savons nous battre bien évidemment, mais c’est la première fois que nous voyageons ensemble. »
« Je peux protéger nos arrières. » proposa Shog. « Personne ne vous plantera par derrière. » rajouta-t-il avec résolution.
« Mouais, c’est pas une mauvaise idée. Mais tu t’bats avec quoi toi ? » demanda Exhyl à l’humain. « Parc’que j’manie la hache et ça d’mande des mouv’ments amples souvent. Et pour Feldret, c’est pire, il s’bat avec son marteau, et l’est pas p’tit. Donc, j’pense qu’selon la place qu’on a et l’arme qu’tu manies tu pourrais t’mettre au centre, nous sur tes flancs et Shog dans ton dos. C’est surtout qu’vaut mieux pas qu’Feldret et moi on soit côte-à-côte. Mais, nous, ça décide plus souvent dans l’feu du combat. »

Exhyl avait essayé de se rappeler une des formations de combat qu’il avait apprises lors de son noviciat au temple. Mais cela était loin, car dès qu’il avait été paladin, il avait souvent été seul ou accompagné d’une ou deux personnes, ce qui fait qu’il n’avait que rarement eu besoin de se soucier de cela. Shog lui n’avait jamais été un combattant et bien qu’ayant appris à se défendre, il n’y connaissait rien en stratégie militaire. Feldret quant à lui maniait son marteau à la perfection aussi bien dans une forge que dans un combat, mais ça s’arrêtait là.

« Espérons seulement que nous ne faisons qu’y réfléchir et que nous n’aurons pas à combattre sur le chemin. » rajouta Feldret. « Et pour le faire ce chemin, les chevaux ne sont pas une bonne option de toute façon. D’une, corrige-moi si je me trompe chef mais c’est hors de nos moyens, et de deux, ils ne pourront supporter notre poids sur une aussi longue distance. »
« Non, tu as raison Feldret. On est pas riche. Et pour le bateau, ce s’rait plus rapide et r’posant, mais là aussi faut d’l’or. Moins donc ça doit être possible. Mais, encore faut trouver quelqu’un qui descende et ça peut nous faire perdre du temps ça. J’pense donc qu’nos jambes pourront nous porter au pire. »
« Peut être, mais Shog ne pourra jamais suivre notre rythme si nous courrons toute la journée. Et, je ne compte pas l’abandonner derrière nous. »

Shog se sentit flatté par les propos du forgeron. On ne se souciait que peu souvent de lui. Il sentait pourtant que pour ce trajet où la vitesse prévalait il était un poids.

« Je peux aller directement vers Srive. » proposa le gobelin. « On n’est pas tous obligé d’aller jusqu’au fort. »
« P’têt, mais tu comptes y aller seul ? C’est comme si on t’abandonnait. »
« Je peux l’accompagner. On s’attaque rarement à un minotaure. »
« Non, c’est pas une bonne idée ça. On va d’voir quand même suivre l’même chemin jusqu’à Arthandre au moins. Si on doit en v’nir à la course, j’vois qu’une seule solution. On d’vra t’porter. On pourra l’faire à tour de rôle Feldret et moi. D’façon, tu pèses pas bien lourd. »

Le verdâtre pâlit en entendant la proposition du chef. Il espérait qu’il ne faudrait pas en arriver à cette extrémité. Seulement, il n’avait pas d’autre proposition à faire. Le gobelin espéra à contrecoeur qu’ils puissent descendre par la rivière. L'arrivée se situait près d’un endroit dont les souvenirs étaient douloureux.

« Si nous descendons la rivière, on devrait passer près des collines que mon ancien clan occupe. Ils m’en ont pour ainsi dire chassé. Mais, je fus secouru et aidé par le père d’Exhyl. Depuis, je vis pour son village. »

Il parvint à dire les choses avec un certain détachement qu’il ne pensait pas posséder. Se pourrait-il qu’il puisse affronter et supporter le regard et les réflexions des membres de son ancien clan ? Il n’en avait aucune idée, mais ne désirait pas les revoir de toute façon.

« Ah, j’savais pas comment qu’t’étais arrivé jusqu’au village. J’savais qu’mon père t’avait recueilli mais c’est tout. Faut dire qu’j’me trouvais dans un temple de Sorenssen où il m’avait envoyé et où j’ai passé presque la totalité des vingt dernières années jusqu’au jour où il est mort et qu’j’suis d’venu l’chef du village. Mais, ton clan n’te manque pas trop ? »
« Non. » répondit Shog d’une voix glaciale.
« Je m’en rappelle encore du jour où tu es arrivé. » dit Feldret. « Je devais avoir une douzaine d’années et c’était la première fois que je voyais un gobelin. Il faut dire que vous ne traîniez pas trop autour de Srive et je n’avais pas le droit de trop m’en éloigner. Depuis, je me suis habitué à ta présence et de petit garçon je suis devenu forgeron. »

Le gobelin suite aux récits se sentit un peu mieux. Il se rendit compte que Xyloth avait passé plus de temps avec lui qu’avec son fils. L’inimitié qu’il avait éprouvé à l’encontre du minotaure s’en retrouva diminuée mais des bribes persistaient dues à la remarque d'Exhyl sur son ancien clan. De plus, le fait que Feldret l’ai plus ou moins accepté et l’ai reconnu lui remonta le moral. Tout le monde avait raconté son passé, du moins une partie. Sauf un.

« Et vous, monsieur l’Ardonien qu’est ce que vous pouvez nous dire sur vous ? » demanda faiblement Shog.

Dernière édition par Exhyl le Jeu 5 Aoû 2010 - 20:59, édité 1 fois

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L'Ardonien avait écouté les histoires et les idées de chacun. Il n'était pas du genre à s'étendre sur son passé, aussi prit-il son temps pour réfléchir. Il se leva et annonça qu'il allait préparer le diner, pendant qu'il réfléchissait à leur trajet et à sa réponse.

Plus tard, lorsque le feu flamba et que les ventres furent remplis, L'Ardonien parla.



Je suis né sur un continent lointain. Pendant de longues années, j'ai appartenu à diverses compagnies de mercenaires. Cette période, qui n'est pourtant pas si lointaine, me semble appartenir à une autre vie. Certains moments sont flous, d'autres moins. J'allais de champ de bataille en champ de bataille...

Puis, je suis venu ici et je me suis installé en bordure du désert. Des fermiers m'ont rejoins, et j'en suis devenu leur chef. Et une chose en entrainant une autre, j'ai rejoins la corporation des combattants, j'ai réussi ma première mission, et retrouvé ma forme d'antan.

Voilà messieurs, mon histoire.
Demain et après demain, nous nous dirigerons vers les montagnes où nous embarquerons dans quoique se soit qui accepte de nous accueillir. Nous progresserons lentement mais nous travaillerons notre formation de combat. Moi au centre, Shog à l'arrière me convient parfaitement. Mais nous devons nous exercer, compter sur la chance est le meilleur moyen de se faire tuer.

Sur ce, je vous dis à demain.



Et il se coucha, rabattant son chapeau sur ses yeux. Il repensa à Grognar qu'il avait quitté en début de journée, et à Lulyane qui l'attendait. Les reverrait-il un jour? Il rangea ces souvenirs et se les repassa. Il décida que, si un jour il réussissait à prendre des vacances, il se mettrait peut être en quête de la tour opaline et de son gardien.
Puis, ses pensées étant en paix, il décida de s'endormir.


*****


Les deux jours suivants furent constitués de marche, entrecoupés d'exercices qu'imposait l'Ardonien. Combat en formation, simulation d'embuscade, formation défensive, offensive, gestion des blessés.

Il disait à ses trois compagnons, que, même s'ils ne pouvaient pas maitriser la réaction à tout cas de figure, il fallait néanmoins tous les passer en revue afin de diminuer les risques de panique.



Improviser, c'est bien, mais cette improvisation, si elle se fait n'importe comment, peut conduire à la mort. Si Exhyl à ma gauche décide pour une raison quelconque de se déplacer sur la droite, il faut qu'il puisse distinguer si je ne vais pas frapper sur ma gauche à ce même moment. Et il faut que nous puissions compléter la place gauche sans avoir à nous demander qui doit le faire et comment.

Et si nous analysons les scénarios les plus critiques, vous ne perdrez pas vos moyens en voyant quelqu'un tomber. Et vous serez même capable d'adapter votre position pour le protéger.



Au bout de deux jours, ce n'était pas parfait, loin de là, mais ils voyageaient déjà moins dans l'inconnu.

Et ils arrivèrent donc au bord de la rivière. Beaucoup d'embarcations étaient présentes, et la foule était assez nombreuse, composée de marchands comme de voyageurs. Il faut dire que ce cours d'eau présentait beaucoup d'avantages. Proche de la capitale, lit large et bien qu'il y ait du courant, pas de passages traitres qui pourraient couler les embarcations.

L'Ardonien annonça aux autres de l'attendre pendant qu'il cherchait quelque chose pour eux.

Il revient au bout d'une petite heure, souriant. C'était la première fois que les autres le voyaient ainsi et ils auraient peut être dû se méfier quand il leur apprit qu'il avait trouvé une embarcation parfaite.

Les minotaures et le gobelin le suivirent à travers le port et finirent par arriver devant une embarcation marchande à fond plat chargée de produits destinés aux provinces du sud. Une courte passerelle menait à bord. L'Ardonien l'emprunta sans hésiter pendant que le capitaine le hélait de la main.

Il traversa ensuite le pont vers la proue, s'y allongea au soleil et baissa son chapeau sur son nez, prêt à profiter de la traversée.
Dans cette position, et alors que les 3 autres cherchaient où s'installer, il désigna deux bancs de rames, l'un à bâbord, et l'autre à tribord.



Exhyl, Feldret, voici vos places, vos puissants muscles nous payent la traversée! Maitre Gobelin, voulez-vous bien donner le tempo?

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Le groupe mangea un bon repas préparé par l’Ardonien après qu’il ait écouté les autres. Ensuite, le ventre rempli, il raconta son passé de manière brève. Il rajouta ses plans pour la suite du voyage.

Dès le lendemain il les mis à exécution. Et, cela commença par des exercices, des simulations de combat pendant le trajet vers les proches montagnes et sa rivière et les pauses.

Le plus important de l’entraînement fut le positionnement. D’abord se placer correctement et rapidement au signal du guerrier. Et ce, quelque fut l’instant. La plus lamentable tentative eut lieu juste après le repas de midi le lendemain du départ. L’Ardonien rappela tout le monde à l’ordre et expliqua rapidement ce qui n’allait pas. Ces erreurs ne furent plus répétées.

Concernant Shog, l’humain passa un peu de temps le soir à lui enseigner quelques parades et autres mouvements défensifs. Le gobelin, bien que sortant épuisé et en sueur de la séance, apprécia l’attention qu’on lui portait. Le verdâtre avait aussi une autre mission, celle de simuler les embuscades.

Les minotaures, eux, savaient très bien se battre mais individuellement. Le plus gros travail fut donc de coordonner les actions.

Exhyl éprouva de grandes difficultés pour le travail en équipe. Il avait les dernières années opéré en solitaire, et même les dernières semaines n’avaient encore pu changer cet état de fait. Il se fit donc violence et parvint à commencer à s’adapter à l’organisation de groupe. Seulement, la transformation ne se ferait pas en quelques jours seulement.

Feldret fut plus récalcitrant encore. Sa profession était solitaire et nécessitait la solitude. Il exécutait à merveille – dans la mesure de ses capacités – les mouvements. Cependant, ils n’étaient pas réalisés en harmonie avec les autres. Quelque chose paraissait bloquer le minotaure, l’empêchait de faire des efforts pour s’intégrer. De lointains souvenirs désagréables désiraient revenir à la surface. Ces réminiscences étaient dues au travail en groupe.

Heureusement, pour la compagnie, aucun incident ne fut à déclarer lors de la marche jusqu’à la première étape.

L’Ardonien parvint à y trouver une embarcation qui les emmènerait près de la frontière de Zakinthe. Cependant, son moyen de paiement fut mal accueilli. Sauf de Shog qui apprécia à nouveau le qualificatif donné par leur guide.

Sans se faire prier, le gobelin s’installa à la place du batteur. Il n’y avait pas de baguette pour taper sur les peaux tendues. Il devrait donc se contenter de ses mains.

Exhyl s’installa en maugréant. Feldret ne dit mot. Cela lui permettrait de repousser le passé désirant se rappeler à son mauvais souvenir.


« On va pouvoir apprécier le ramage d’Exhyl. Et entendre les battements du gobelin. »
« Yé né souis pas sour qué Exhyl apprécie dé ramer loui. Yé pènse aussi que el gobélin né va pas jouer dé la mousique. Il va taper les percoussions pour qué les rameurs avancent ensemble. »

Le babillage inutile des consciences n’avait nullement manqué à Exhyl. Au contraire. Il espérait qu’il n’aurait pas à en supporter trop sinon il ne répondrait de rien.

Puis, le capitaine donna le signal du départ.

Le verdâtre commença à taper sur les percussions en essayant d’être régulier. Le second dut justement le seconder le premier jour. A la fin de cette journée, le gobelin battait comme il le fallait. La première heure à taper avec ses mains fut assez plaisante. Les heures suivantes furent plus douloureuses pour ses paumes.

Les minotaures ramèrent donc au rythme imposé par Shog. Tirer. Soulever. Pousser. Plonger. Encore et encore. Inlassablement. L’effort sollicitait les mains et les paumes, les bras, les jambes et évidemment le reste du corps.

Ils travaillèrent jusqu’à la tombée de la nuit. A ce moment-là, ils eurent le droit de prendre du repos. Notion très relative. Car, dès un maigre repas avalé, le guerrier les entretint à nouveau sur les combats et leur gestion. Il força même Shog à s’entrainer malgré ses mains endolories.

L’entraînement théorique et pratique terminé, les trois sriverains partirent se coucher. Ils avaient le droit de dormir dans le quartier des matelots. Sous le pont, dans des hamacs suspendus ou sur des paillasses aussi dures que le bois sur lequel elles reposaient.

La traversée continua ainsi pendant quatre autres jours.

Bien que la tâche du gobelin soit simple, il n’en était pas moins épuisé à chaque fois. Il était de plus en plus crevé. Mais, il n’osait le signaler. Heureusement, que les nuits étaient reposantes, même si trop courtes à son goût.

Le jour, les minotaures ramaient, et la nuit par sécurité, à cause de la trop faible lueur lunaire, le capitaine faisait jeter l’ancre près du rivage.

Cependant, la cinquième nuit, la lune sembla suffisamment éclairante pour la navigation nocturne. Le capitaine accorda leur repos à ses passagers travailleurs et laissa le courant et son barreur se charger de la progression du navire. Et cela sous la surveillance de la vigie.

En naviguant ainsi toute la nuit, ils devraient rallier leur destination avant le lendemain midi.

Malheureusement, le traître courant projeta le navire contre un rocher affleurant la surface. La vigie n’eut que le temps de laisser un cri de prévention que l’embarcation percuta l’obstacle. Un craquement déchira le silence de la nuit. La coque avait été lacérée sous la ligne de flottaison du côté tribord.

Aussitôt, l’effervescence s’empara du bateau. L’équipage s’affaira dans un premier temps à boucher la plaie béante. Lorsqu’ils se rendirent compte de la vacuité de leurs efforts, le capitaine ordonna que l’on échoue le navire sur une rive. Le barreur, d’une main experte, y parvint sans effort.

Dès la rive atteinte, de nouveaux ordres fusèrent. Il fallait sauver la cargaison et donc la décharger rapidement. Donc, les voyageurs, l’Ardonien compris, furent mis à contribution.

Mais, quelque chose turlupinait le capitaine. Depuis le temps qu’il naviguait sur cette rivière, jamais un incident de ce genre n'avait eu lieu. Il connaissait les eaux par cœur y compris l’emplacement de tous les rochers pouvant trouer sa coque. Il y avait anguille sous roche. Il en vint à la conclusion que cela n’était pas naturel. On avait déplacé d’une manière ou d’une autre ce rocher pour échouer les navires.

L’homme jeta un regard affolé autour de lui. Il ne vit que l’activité frénétique de ses hommes vidant le petit vaisseau tandis que celui-ci s’enfonçait lentement dans les eaux. Au loin pourtant, il crut discerner les contours d’un bosquet. Le supposé groupement d’arbres se situait sur la mauvaise rive. Celle sur laquelle il venait d’échouer. Mais, sur l’autre, il devina le relief de collines.

Il chercha son second et l’informa de ses déductions. Ce dernier, ayant reçu une maigre éducation militaire décida de protéger les manœuvres avec quelques personnes. Il ne put prendre que quatre membres d’équipages pour s’occuper de la défense. Ce qui faisait qu’il n’en restait qu’une demi-douzaine en plus de lui-même et du capitaine, ainsi que les quatre passagers.

Soudain, alors que plus de la moitié de la cargaison était sur la terre ferme, un cri s’éleva dans les airs. Un hurlement inhumain, un cri de guerre orc, provenant du bosquet. Aussitôt, un bruit de pas chargeant le suivit. Puis, une flèche venant du côté opposé siffla et se ficha dans le mollet d’un matelot qui s’effondra avec sa charge en criant de douleur.

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L'Ardonien observait les évènements. Les premiers jours s'étaient bien déroulés, mais voici que l'action le rattrapait. La flèche avait déclenché un début de panique. Stoïque, le guerrier s'accroupit et fit signe aux deux minotaures et au gobelin de l'imiter. Si Shog ne se fit pas prier, il était visible qu'Exhyl et Feldret mourraient d'envie de charger l'ennemi.

L'Ardonien ne put que se satisfaire de l'entrainement qu'ils avaient effectués. Si leurs mécanismes étaient encore loin d'être rodés, l'habitude d'obéir à ses ordres prit le dessus et les deux minotaures l'imitèrent.
Chuchotant, l'humain répondit à la question muette.


Nos ennemis sont des orcs. Ils vont donc charger à la première occasion. Nul besoin de nous faire remarquer et de servir de cibles à leurs archers.


A peine avait-il finit sa phrase que les premiers assaillants jaillirent des fourrés lames au clair. L'équipage était terrorisé. C'était des marins d'eaux douces, rien de plus que des marchands en somme, qui jamais n'avaient à subir d'attaques. Ils n'avaient même probablement jamais vu d'orcs de leur vie.
Sur un signe, L'ardonien, Exhyl, Feldret et Shog se levèrent et foncèrent dans la mélée. L'humain guidait, et il les guida droit sur le tas d'orcs. Il ne prit pas le temps de compter le nombre d'ennemis, c'était inutile. Il tira sa grande épée et d'un geste sûr transperça une première peau-verte encore surprise de voir qu'il y aurait de l'opposition.

Et pourtant, cette opposition là était terriblement calibrée pour tenir tête à des orcs. Ceux-ci se basaient essentiellement sur leur brutalité pour venir à bout de leurs adversaires. Or, face aux minotaures, ils se retrouvaient dans la position inverse, et ne savaient tout simplement pas comment se comporter dans pareil cas. Si l'Ardonien ne possédait pas la force brute de ses compères, il n'était tout de même pas faible au point de ne pouvoir parer un coup, et sa technique, froide et impitoyable, fit un ravage.

A l'arrière, Shog ne demeurait pas oisif. Bien à l'abri, il indiquait au groupe ce qu'il voyait, signalait les dangers quand il était encore tant d'y faire face.

Et pour finir, ce fut leur organisation qui l'emporta. Véritable noyau d'acier au sein de l'anarchie orque, cette dernière se décomposa littéralement au fur et à mesure que tombaient les combattants la composant.

Alors que beaucoup se mettaient à fuir, L'Ardonien se dit que peu d'entre eux étaient de vrais et fiers guerriers orcs. Et tout d'un coup, se fut fini.

L'humain contempla le champ de bataille d'un air placide, songeant surtout au temps que cet incident leur ferait perdre.

Un corps bougea.

Il appartenait à un orc énorme et couturé de cicatrices.


Celui-là, c'en est un vrai.Pensa L'Ardonien.

Se rapprochant, il vit qu'il souffrait de blessures profondes, mais pas mortelles s'il recevait des soins. Peut être même pourrait-il s'en tirer seul. Il se souvenait vaguement de lui. Il avait bloqué un coup vicieux de sa part et Feldret l'avait balayé. L'orc l'aurait sans doute paré sans difficulté dans d'autres circonstances, mais il n'avait pu dégager sa lame à temps.
Il se prépara à l'achever. La peau verte lui rendit un regard de guerrier, acceptant la défaite et attendant la sentence.



Adieu Guerrier. Tu as rendu honneur aux os de tes ancêtres.


Attends! Ne le tues pas, j'aimerais lui parler.

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Le combat fut terminé rapidement. Il n’y eut qu’un mort du côté des défenseurs. Un marin prit une flèche en pleine tête tirée avant la charge effectuée par les passagers.

Dès que les combattants se mirent de la partie, les orcs n’eurent plus aucune chance de vaincre. Feldret ne put cependant pas éviter d’être blessé, légèrement. Une fine entaille sur le bras gauche. Cela guérirait rapidement et ne nuirait ni à son travail ni à ses capacités à se battre.

Alors que tous les assaillants semblaient avoir péri, l’Ardonien dénicha un survivant. Il s’apprêta à l’achever lorsque Shog l’en empêcha d’un cri. Cette marque d’autorité inhabituelle chez le gobelin décida le guerrier à accéder à sa requête.

Le verdâtre s’approcha du blessé avec ses dagues toujours en main. Un rictus haineux déformait son visage. Exhyl n’osa pas le déranger car c’était la première fois qu’il le voyait dans cet état.

Le gobelin s’arrêta au niveau de la tête de l’orc, une jambe de chaque côté. Il donna un coup de pied faiblard dans l’épaule de l’orc qui décrocha un soufflement de douleur.


« Tu souffres, hein ? » lâcha Shog d’une voix hargneuse. « Tu aimes ça ? » dit-il en donnant un nouveau coup de pied. « Tu sais maintenant ce que ça fait de souffrir. »

Il avait le regard d’un fou. D’un fou dont les mains étaient crispées autour de ses dagues. Il n'empêcha personne de le dissuader de continuer. Pour le moment, seul l’orc importait à ses yeux.

« Alors, ça te fait quoi Grinka ? Ca te fait quoi de ressentir une partie de ce que j’ai enduré ? »

Shog avait la mâchoire serrée. Il respirait fortement. Il leva le bras et abaissa sa dague dans l’épaule de Grinka. L’orc ne put réprimer un cri haletant de souffrance.

« Tu es tout pâle, ça ne va pas bien ? » demanda-t-il méchamment. « Sinon, comment va le chef ? C’est toujours Ekrin ? » lança-t-il sur le ton de la conversation.
« Non, c’est… Galwin. » parvint à répondre l’interrogé.
« Tiens, mon cher cousin est monté en grade. » dit-il d’une voix songeuse. « Je suppose qu’Ekrin n’a pas vraiment apprécié. »
« Il ne pouvait pas… faire grand-chose… avec un poignard… dans le dos. »
« Ah oui, il a toujours été ainsi. Déjà tout petit. »

Puis, le sourire de Shog s’étira. Il resserra sa prise sur ses armes. Puis, il approcha sa lame de l’oreille de l’orc. Il la coupa lentement, sourd aux cris de douleur.

« Tiens, comme ça tu auras un souvenir de ma part. » s’exclama-t-il en tenant dans sa main l’oreille ensanglantée. « Maintenant, va dire à mon détesté cousin que si jamais il s’en prend à nouveau à mes amis, il aura de la chance de finir dans le même état que toi. Allez, va ! » ordonna-t-il en ponctuant l’ordre d’un dernier coup de pied.

Le gobelin se tourna enfin vers ces compagnons. La folie n’avait pas tout à fait quitté ses yeux. Cependant, son visage avait repris son aspect normal.


« Alors, on fait quoi maintenant ? On aide les marins ou on continue jusqu’au fort ? »

L’adrénaline envahissait le frêle corps du verdâtre. Et ce dernier ne donnait nul signe de fatigue.

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Dernière édition par Exhyl le Jeu 5 Aoû 2010 - 20:46, édité 1 fois

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L'Ardonien regarda l'orc s'éloigner. Il n'avait rien contre l'épargner, mais il faillit le tuer. Il se ravisa et songea plutôt à étriper le gobelin, puis, simplement, à lui passer l'engueulade de sa vie.

Il trouvait que ce qu'il avait fait était de la bêtise la plus profonde, un excellent moyen de se faire des ennemis. Or, ça, on s'en trouvait bien assez facilement pour ne pas avoir à s'en faire autrement. En temps normal, le guerrier évitait de laisser dernière lui une personne qui pourrait vouloir se venger, et là, on parlait de tout un clan orc.
Ce genre d'acte pouvait vite avoir des conséquences mortelles.

Néanmoins, le gobelin semblait aller mieux, aussi L'Ardonien passa à autre chose, choisissant de ne pas répondre à la question du peau-verte.

Il se porta à la rencontre du capitaine pour faire le point sur la situation.
Le bateau serait réparable rapidement, mais, une fois que le guerrier lui eut révélé leur objectif, le seul maitre à bord lui proposa de finir le trajet à pied.



Je considère que votre participation à la défense de nos vies a amplement payé votre trajet guerrier. Si vous continuez dans cette direction pendant deux jours, vous tomberez sur le fort que vous recherchez.
Le trajet n'est pas exempte de tous dangers, mais je ne pense pas que vous ne soyez de taille à y faire face.



Alors qu'il quittait le capitaine pour rejoindre ses compagnons de route, L'Ardonien sentit une démangeaison à la poitrine. Y portant la main, il réalisa que le médaillon était chaud, et qu'il avait chauffé pendant toute la durée du combat. Il ne pouvait se rappeler quand cela avait commencé, sans doute le phénomène avait été progressif. Et là, il refroidissait doucement.
Sans possibilité d'en apprendre plus, il haussa les épaules et invita les deux minotaures et le gobelin à le suivre.

____ ____ ____

Deux jours plus tard, au cours desquels la marche avait été rapide mais non forcée, le groupe aperçu au loin le fort qu'il recherchait.
Le voyage s'était déroulé sans embuche particulière. Sans doute un groupe de quatre guerriers avait-il tenu à distance les éventuelles menaces. L'Ardonien n'avait pas voulu reconduire ses séances d'entrainement. Il avait juste voulu mettre en place des bases, pas se constituer un groupe de combat.

A aucun moment il ne dit mot sur l'affrontement qui s'était déroulé.
Comme toujours, ses ennemis étaient morts. Si l'acte de Shog se retournait contre lui, ça ne l'impacterait sans doute pas, il ne comptait pas rester plus longtemps que nécessaire avec ces gens. Au final, ils apprendraient ou mourraient, dans l'ensemble, ça n'avait pas d'importance.


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