Le Monde de Kalamaï
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descriptionLe commencement de l'histoire de Jaichim en palatin EmptyLe commencement de l'histoire de Jaichim en palatin

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Bien avant le lever du soleil, et le salut habituel des cloches a celui-ci, Jaichim était debout, mais il était déjà en plein milieu d’un conflit, une guerre qu’il savait perdue d’avance. Il tentait désespérément de refermer la porte de la chambre à coucher de son appartement mais leur nombre en augmentation constante l’empêchait de la refermer convenablement. Leurs cris emplissaient l’air, et il fatiguait, n’étant pas au maximum de sa force compte tenu de l’heure matinale et du léger manque de sommeil qu’il éprouvait.

Coriaces, ces serviteurs….

Assailli de toute part par les valets de son prédécesseur, il devait subir leurs jérémiades sans fin, leurs commentaires sur la sobriété de ses tuniques, les reniflements de dédain face a ses opposition et son apparent manque de goût, et le pire, les remarques appréciatrices de certaines dames concernant son corps habitué a la guerre. Cramoisi, il finit par hurler a tous de sortir, ce qu’ils ne firent pas sans s’amuser de sa déconfiture. On n’était finalement que mieux servi que par soi-même…

Il revêtit prestement une tunique simple et spartiate, sangla par-dessus une armure de cuir qui était gravée des insignes des seigneurs capitaines de Graevendal, et au final, prit la couronne qui illustrait maintenant sa condition de palatin. Il n’aimait pas du tout cet objet en métaux coûteux qui ne servait à rien d’autre qu’à le montrer comme cible de choix. Il se devait toutefois de la porter car tous devaient pouvoir l’identifier par son rang au premier regard.

Il regarda d’un coup d’oeil rapide la longue liste des choses à faire dressée par deux de ses aides de camps, en élimina quelques uns qui n’avaient pas vraiment besoin d’attention particulière, en reporta d’autres, fit une liste de celles qu’il devait déléguer à d’autres et aussi la liste de ceux à qui donner ces tâches. Quand il finit ce long travail, l’avant midi était fort entamée.

Il alla ensuite dans une réunion avec l’état major de Scitopole ainsi que de ses plus illustres chefs de divisions, puis dressa l’organisation militaire de la province. Cela prit moins de temps à se concrétiser du fait que Scitopole n’avait pas connu de réel conflit depuis la guerre contre Enguerrand, mais aussi surtout par la compétence des hommes avec qui il y travailla. Le résultat final le satisfaisait, et plaçait les terres sous sa juridiction dans une sécurité qui manquait sûrement à plusieurs autres provinces.

Malgré tout, les piles de travail restaient encore, et il en avait marre. Il avait oublié ce que c’était que de prendre le pouvoir là ou un autre l’avait laissé, et c’était un rude rappel a la réalité. Il y avait tant de choses a faire, et si peu de temps. Malgré tout, il se devait de prendre une pause, sinon il allait céder sous le poids des responsabilités. Les Graevendaliens avaient raison : Le devoir est plus lourds qu’une montagne, la mort plus légère qu’une plume.

Pour ce changer les idées, il se dit qu’il pourrait aller rendre visite a Friedrich, et si l’emploi du temps de celui-ci lui permettait, ils pourraient passer le restant de la journée ensemble, comme dans le temps de ses visites aux Kelterres. Il avait aussi entendu parler qu’une bonne troupe de théâtre s’était installé dans une des salles de spectacle d’Halicarnasse, et qu’ils donnaient leur dernière représentation ce soir. Cela semblait être un bon divertissement, surtout lorsque que l’on lui avait assuré qu’il s’agissait d’une histoire qui n’avait rien en lien avec ses charges et responsabilités.

Il alla cogner à la porte de la chambre qui avait été offerte à son ami. Sans l’ouvrir, Il annonça :

Friedrich, c’est moi, Jaichim. Je me demandais si tu avais le temps de passer le reste de la journée en ma compagnie. J’ai pas eu vraiment le temps de passer du temps avec toi depuis que tu m’as rejoint, et je souhaite me racheter ce soir. Je peux nous obtenir deux bonnes places au théâtre ce soir, et il fait assez beau dehors pour profiter du soleil dans les jardins et les places de la cité avant l’heure du repas. Qu’en dit tu?

Puis, il pensa qu'il serait très possible que son ami soit parti faire autre choses. Il se dit qu'il attendrait encore un peu, puis qu'il allait le chercher dans tout le palais s'il le fallait pour avoir près de lui son meilleur ami.

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Previously, in the story of Friedrich de Kelterre :


Une sensation de chaleur désagréable sur le visage me dérangea. J’ouvris un œil pour en découvrir l’origine. Je dus le refermer de suite pour éviter l’aveuglement. Le soleil avait décidé de me réveiller sans me demander mon avis. Si cela avait été une personne, j’aurais pu la renvoyer et me rendormir pour profiter de mon lit moelleux. Malheureusement, je ne pouvais chasser l’astre ainsi. J’essayais de me dissimuler sous la couverture, mais je ne la trouvais point mes mains chercheant à l’aveuglette. Et, de toute façon, j’étais pleinement réveillé à présent.

J’usai de mon bras pour protéger mes yeux de l’éclat flamboyant et aveuglant des rayons solaires. Je vis que je portais mes habits poisseux et crasseux de la veille. Les derniers souvenirs de la veille me revinrent tandis que je m’asseyais sur le rebord du lit. Je remarquai aussi que je n’avais pris la peine de défaire le lit et m’étais contenté de dormir sur la couverture.

Je ne savais pas l’heure précise, mais d’après l’ardeur que le soleil avait à me réveiller, j’en déduisis que la matinée était bien entamée mais qu’il devait rester probablement deux heures avant qu’il atteigne son zénith. J’aurais dû résister au sommeil davantage hier, au moins le temps d’occulter l’ouverture sur le monde extérieur qu’était cette fichue fenêtre. Mais, c’était trop tard, y revenir n’y changerais rien.

Je me levai enfin. Mon estomac gargouillait et désirait se remplir ardemment. Cependant, un autre problème s’offrait à moi. J’étais dans un état de propreté totalement inexistant. Si je ne savais pas que l’odeur nauséabonde qui envahissait mes narines venait de moi, je pourrais croire qu’il y avait une sale bestiole crevée dans la chambre. Donc, entre manger de suite ou torturer mon estomac mais me sentir propre, le choix fut vite effectué. Je partis en quête d’un bain.

Je parvins enfin après un temps d’errance dans ce nouveau labyrinthe à trouver une personne susceptible de m’aider dans ma tâche. Une jeune femme ou fille, je ne savais avec exactitude son âge, vêtue d’une tunique longue verte retenue à la taille par une ceinture verte elle aussi, me guida jusqu’à la pièce d’eau. Je ne pus m’empêcher de remarquer que bien que jeune, elle était déjà formée. Je lui aurais bien demandé de me rejoindre dans mon bain, malheureusement, je ne le prenais pas pour me relaxer mais seulement pour me décrasser. Je l’inviterais peut être plus tard.

Moi qui à l’origine ne devais que me laver et enlever cette couche de crasse qui me recouvrait depuis la nuit dans le camp de Jaichim, je ne vis pas le temps passer. Je dus m’assoupir car à présent les rayons solaires se reflétaient sur l’eau de mon bain. Encore lui ! Je pourrais commencer à croire qu’il ne voulait pas que je me repose. Cependant, j’avais suffisamment joui de l’eau qui à présent était trouble.

Je sortis donc de l’eau et me réfugiai prestement dans les serviettes posées sur le sol afin de ne pas voir mon corps que mon immersion prolongée avait ridé. Dès que je fus sec et que je pensai que ma peau avait repris son état habituel, je me vêtis. Il s’agissait d’habits simples, mais ne m’en offusquait. Je portais donc une chemise et un pantalon grisâtre de piètre facture.

Enfin, j’étais moi-même. Je pouvais enfin respirer sans risquer de m’asphyxier. Il ne me restait plus qu’à trouver de quoi me sustenter. A peine sorti de la pièce d’eau, je retrouvai ma guide. Son visage souriant constellé de tâches de rousseur à moitié dissimulé par ses boucles rousses se tourna vers moi. Ces yeux verts qui semblaient littéralement briller se posèrent sur moi. Je ne savais si elle m’attendait ou si je la surpris alors qu’elle passait là par hasard. Mais, quelle importance ?

Je la suivis à nouveau, cette fois en direction des cuisines. Elle m’abandonna avant que je ne puisse m’enquérir de son nom. J’en aurais probablement l’occasion ultérieurement. On me donna un peu de pain, de fromage et de charcuteries. Je décidai de me confectionner un sandwich. Aussitôt mon œuvre réalisée, je partis me promener tout en mangeant. Peut être espérais-je revoir mon inconnue. Je laissais à mes pieds le soin de décider du chemin.

Quelle ne fut ma surprise lorsque je vis la silhouette de mon ami à quelques mètres de moi. Je n’osai pourtant le héler. Agir de manière si cavalière n’était pas dans ma nature, et surtout je n’avais point encore terminé mon repas. Je n’eus d’autre choix que de le suivre. Je me déplaçais aussi silencieusement possible. Cette sorte de chasse amicale m’excitait. Je me demandais où pouvait se rendre mon ami. J’étais tellement concentré que j’en oubliais de continuer à manger.

Nous continuâmes ainsi pendant de brèves minutes. Enfin, il s’arrêtait. Je ne parvenais pas à déterminer l’endroit où nous étions, même si le lieu me semblait pourtant familier. Je le vis toquer puis l’entendis parler.


Friedrich, c’est moi, Jaichim. Je me demandais si tu avais le temps de passer le reste de la journée en ma compagnie. J’ai pas eu vraiment le temps de passer du temps avec toi depuis que tu m’as rejoint, et je souhaite me racheter ce soir. Je peux nous obtenir deux bonnes places au théâtre ce soir, et il fait assez beau dehors pour profiter du soleil dans les jardins et les places de la cité avant l’heure du repas. Qu’en dis tu?

A l’énoncé de mon nom, j’en déduis qu’il s’agissait de ma chambre, j’avais été déboussolé par la similarité de tous les couloirs de la bâtisse, et je me rapprochai légèrement pour mieux entendre.

Jaichim voulait m’inviter. Il voulait passer la journée avec moi. Nous ne serions que tous les deux. Seuls. Comme avant. Il serait près de moi pendant tout ce temps. Je pourrais sentir son parfum naturel fort et suave. Je pourrais contempler son corps d’esthète. Je pourrais l’entendre me raconter ses aventures pendant que nous nous délecterons de l’agréable temps dans les jardins. Je pourrais enfin oublier les menaces qu’il m’avait forcé à lui proférer. Zut, pourquoi devais-je repenser à ce désagréable moment ? Je n’avais donc aucune raison de refuser. Et, pourquoi le ferais-je ?

Je fis quelques pas dans sa direction. Puis, je me rendis compte que je tenais toujours ma collation. Qu’allait-il penser de moi si je me présentais à lui avec ça ? Probablement rien de mal le connaissant. Mais, c’est surtout moi que ça dérangeait en fait. J’avais déjà commencé à m’avancer, je ne pouvais reculer de toute manière. Je rejoignis donc mon ami en essayant d’occulter de mes pensées le sandwich.


« Jaichim, mon ami ! » l’interpellai-je lorsque j’arrivai près de lui. « Comme je suis heureux de te voir ! J’ai entendu tes paroles alors que… je passais par là. C’est donc avec joie que j’accepte ta proposition. Rien ne pourrait m’emplir davantage de plaisir. Je suis ton obligé pour cette journée dans ce cas mon ami. » répondis-je avec un grand sourire.

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« Jaichim, mon ami ! Comme je suis heureux de te voir ! J’ai entendu tes paroles alors que… je passais par là. C’est donc avec joie que j’accepte ta proposition. Rien ne pourrait m’emplir davantage de plaisir. Je suis ton obligé pour cette journée dans ce cas mon ami. »

Jaichim se retourna prestement. Il ne s’était pas attendu a une réponse de ce coté, ni aussi rapidement. Il espéra secrètement que Friedrich n’avait pas perçu son expression de surprise, ni sa main qui vint inconsciemment se poser sur la garde de la lame qui ornait sa hanche.

Regarde-moi, Friedrich! Cela ne fait même pas une semaine que je suis palatin, et je tremble déjà comme une feuille lorsque l’on me prend par surprise... Une mauvaise habitude que j’espère perdre rapidement, sinon mon règne sera des plus ardus!

Je suis content que tu accepte ma proposition. Nous pourrions commencer par passer par les jardins, je connais un petit banc à l’ombre qui donne sur une petite fontaine, et nous y serons bien. J’y allais quelques fois, lorsque j’étais plus jeune, tu sais, quand j’étais jeune et que ma mère ne se rendait pas encore compte des petits larcins que je commettais. Une chance qu’elle m’envoya chez mon oncle a Graevendall, sinon je crois que ne serait jamais devenu ce que je suis, et je serais surement passé du coté de la corpo de l’ombre! Tu m’imagine, tout de noir vêtu, à détrousser les poches des seigneurs? Pas moi! Suis-moi, je te conduis!


Ils traversèrent l’édifice, Jaichim semblant connaitre chacun des couloirs et des salles qu’ils empruntèrent, connaissance obtenue grâce a une étude extensive des plans de l’endroit, soit des minutes de moins de sa courte nuit, puis finirent dans un parc ou une végétation luxuriante mais entretenue. De beaux chênes poussaient en alternance avec des grands frênes, et leur ombre couvrait une bonne partie du parc, et les seules zones ensoleillées étaient couvertes par des fleurs de toutes les espèces pouvant vivre en Scitopole. Ils suivirent le petit sentier, pour aboutir à la fontaine, qui était magnifiquement sculptée à l’effigie de l’ancien palatin Faraël qui avait poussé la province dans son heure de gloire. Malheureusement, cet âge d’or n’avait pas duré partout dans la province, et il fallait maintenant qu’il relève sa province au titre de la plus prestigieuse de Kalamai. Un petit banc en bois peinturé dans l’un vert des plus magnifiques les attendaient aussi, et le dossier de bois semblait poli et travaillé pou être des plus confortables. C’était visiblement le plus bel endroit du jardin, possiblement réservé au seul usage du palatin.

Nous voilà arrivés cher ami. Ce site te convient-il? Si tu préfères, nous pouvons en choisir un autre, après tout, tu es ici comme chez toi!

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Je ne m’attendais aucunement à la réaction de mon ami. Comment aurais-je pu prévoir que je l’effraierais ? Je me flagellais mentalement de ma conduite irresponsable. J’aurais dû me rendre compte plus tôt de l’état dans lequel il se trouvait.

Inconsciemment, ma main, celle non-occupée par mon repas, se posa sur son épaule. En geste de compréhension, de soutien. Je pus sentir à quel point ses muscles étaient noués et tendus. Je proposerais bien de lui faire un massage pour le soulager de tous ses tracas, mais j’aurais peur qu’il se méprenne sur mes intentions. Non, en fait, je craignais qu’il les comprenne vraiment et ne me chasse, qu'il fuit ou pire se contente de m'ignorer.

Mais, je m’égarai et risquai de ne pas faire attention à ses propos suivants. Je pus tout de même ouïr que mon acceptation le rendait content, ce qui me mit du baume au cœur. Mon objectif immédiat serait donc de réconforter Jaichim au cours de cette journée que j’espérais idyllique.

Le court récit de son passé me captiva. Je dois dire à ma décharge que les histoires, même les plus mauvaises, m’ont toujours attirée comme la flamme d’une lampe attire les papillons de nuit. Et, il m’inspira de la peur, un filet de sueur froide coula le long de mon échine, lorsqu’il parla de la possibilité qu’il soit devenu un agent de l’Ombre. Je n’aurais jamais pu le revoir, et cette pensée bien qu’irréelle m’attrista. Heureusement, mon égarement fut si succinct que cela ne dut aucunement marquer mon visage qui avait dû rester impassible.

Puis, je suivis Jaichim à travers le dédale du palais. Sans mon guide, j’aurais pu y errer jusqu’à ma mort qui n’aurait probablement pas tardé. J’en frissonnai d’effroi. Comment allais-je pouvoir réconforter mon ami si je passais mon temps à ressasser de si sombres pensées ? Allez, je voulais égayer sa journée, pas l’assombrir.

Nous parvînmes finalement dans un lieu enchanteur. Si seulement l’âme d’un barde avait pris possession de mon corps à cet instant, j’aurais peut être pu rendre hommage à la magnificence de ce paisible coin de verdure. Ne le pouvant, je me contentais de l’admirer étant tombé sous son charme sylvestre.

Mon regard s’arrêta sur la fontaine. Ses jets projetaient des gerbes d’eau en hauteur qui lorsqu’elles retombaient éclaboussaient le pourtour. Et, un changement soudain de la direction de la brise dirigea brièvement vers nous le fin brouillard rafraîchissant. Elle était réalisée à l’image de Faraël. J’eus beau l’observer attentivement, non, il n’arrivait pas à la cheville de mon Jaichim. Une bouffée de chaleur envahit mon visage en réalisant que j’avais considéré Jaichim comme étant mien. J’avais le visage encore rouge lorsque je me tançai que ce n’était pas demain la veille qu’il serait mien.

Je rougis de plus belle lorsqu’il me dit que j’étais ici comme chez moi. Mon hyperémotivité, non, enfin si, je montrais trop mes émotions, me faisait l’effet de passer pour une jeune fille en fleur que le moindre compliment d’un joli cœur fait se pâmer.


« Non, le lieu est idéal. Tu l’as choisi avec sagesse. Tu as vraiment bon goût mon ami. » le complimentais-je sincèrement. « Ce paradis verdoyant paraît si paisible, si loin de tout, comme coupé du monde. Je suppose que si le chaos et la destruction dévastaient notre monde, cet endroit resterait intact. » dis-je en frissonnant à mon évocation d’une éventuelle dévastation.

Et, mon attention fut un instant détournée par un étrange volatile volant tranquillement vers le palais me sembla-t-il. Je n’en avais jamais vu de tel. Il ressemblait à s’y méprendre à un pigeon, mais il n’arborait pas l’habituel gris crasseux. Non, son corps était d’un noir aile-de-corbeau saisissant, il paraissait absorber la lumière environnante. Et, de ces ténèbres pointait une tête d’un blanc virginal semblant rayonner. Je me demandai si Jaichim l’avait vu lui aussi.


« Que veux-tu que je fasse pour te soulager ? » repris-je. « Tu sais que tu peux tout me demander, même le pire. Je t’ai menacé à ta requête et bien que cela me répugna, je serais prêt à recommencer. Même à faire pire. Je te fais entièrement confiance, tu tiens mon âme dans ta main, tu peux en disposer comme bon te semble. » fis-je d’un ton que je trouvai mélodramatique, un peu trop exagéré. « Tout à l’heure, j’ai remarqué que tu étais tendu. » dis-je d’une voix neutre. « Que dirais-tu que je te fasse un massage ? » demandai-je avec une note d’espoir que je ne pus dissimuler. « Cela te relaxerait, et tu pourrais en profiter pour oublier tous les tracas qui pèsent sur toi. »

Mon visage resta de marbre, mais j’hurlai intérieurement. Comment avais-je osé demander une telle chose à mon ami ? Je priai que cela ne détruise pas notre si belle amitié. En même temps, j’espérais ardemment qu’il accepte. Je m’imaginai déjà poser mes mains sur son corps. Mais, je me repris, et réprimai mon désir ainsi que la terreur qui m’assaillait.

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Stupéfait, Jaichim se retourna, une expression interrogatrice peinturée sur son visage bruni par les longues heures au soleil des plaines. Son état de tension était-il tellement visible? Mais dans un sens, il était normal que son plus grand ami puisse deviner facilement son état psychologique, puisqu’il était aussi son confident et il savait tout de lui.

Je ne m’attendais pas à cela. Je ne pensais pas que ma tension soit si évidente, et je m’excuse de ce que je fais présentement. Je t’ai dit que je passerais la journée rien qu’avec toi, mais les pensées qui m’habitent sont profondément liées à la province et a l’empire. Je crois que c’est le pire fléau de tous les dirigeants…

J’accepte. Par contre, je ne sais pas vraiment comment l’on procédera, je n’ai pas une grande expérience avec les massages. Les seuls que je reçois sont des auto- massages rapides des mollets et des cuisses que je me pratique après de longues périodes de chevauchées, sinon, j’en ai jamais reçus. Faudra-il que je me dévêtisse? Dans ce cas je ne crois pas que cet endroit conviendra! A Graevendall, les bains publics nous ont habitués, mais je ne crois pas que les halicarnassiens sont habitués à voir leurs palatins nus, et encore dans leurs jardins publics!

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Ma terreur se mua en peur puis disparut lorsque j’entendis la voix chaude et suave de mon ami. De mon aimé comme j’aimerais pouvoir le lui susurrer à l’oreille. Ah, comme j’adorerais qu’il me murmure des paroles tendres, des mots d’amour avec sa voix langoureuse.

Et dans mon esprit empli de désir, une phrase traversa le brouillard libidineux de mes pensées. « Rien qu’avec toi », ces mots se réverbéraient dans ma tête sans fin. « Avec toi » leur répondaient en écho. Oh, comme ces simples mots étaient agréables ! Je pourrais me les ressasser sans cesse.

Je retins de justesse un saut de joie et un hurlement de bonheur lorsque Jaichim accepta. Seul un simple soupir de plaisir franchit mes lèvres. Puis, je me mis à imaginer la scène lorsqu’il proposa de se déshabiller. Mon sang ne fit qu’un tour et je sentis une tension naissante au niveau de mon bas-ventre. Par reflexe, je plaquai mes mains devant. C’est là que je me rendis compte que j’avais toujours mon déjeuner.

Mais qu’est ce que ça faisait encore là ? Je me mordis les joues pour ne pas rire. Alors, que je ne pensais qu’au désir que pourrait me procurer Jaichim, une image de moi, nu, cachant ma virilité derrière mon repas m’assaillit. J’en avais les larmes aux yeux tellement cela était déplacé. Mais, cela permit de me relâcher et à mon corps de se détendre. Seulement, ça ne me disait pas ce que j’allais faire de mon sandwich. Puis, je décidai de le poser sur le banc pour le reprendre ultérieurement avant d'essuyer d'un revers les rares larmes de joie.


« Non, ce n’est point nécessaire. Tu auras juste à enlever le haut. »

Je refoulai rapidement toutes les pensées qui me vinrent à l’esprit en sachant que je verrais son torse nu, et que je le toucherais.

« Pierrick m’a de nombreuses fois massé le dos. » dis-je en occultant le fait qu’il ne m’avait pas massé que cette partie du corps.

Tiens, en pensant à lui, où était-il passé ? Je ne l’avais pas revu depuis la prise du pouvoir de mon ami. J’espérai qu’il allait bien et qu’il reviendrait bientôt. Bon, je redirigeai mes pensées sur Jaichim. Il était là, et bien là, tout près de moi. Ah, si je pouvais faire les mêmes choses avec mon ami qu’avec Pierrick ! Le pied ! Hum, je m’égarais.


« Je trouve ce lieu idéal pour se détendre mon ami. De plus, nous n’avons croisé personne en venant. Tu crois vraiment que les bains seront un meilleur cadre que celui qui s’offre à nous et qu’il sera plus paisible ? J’en doute fortement. »

Tout en parlant, j’avais désigné cet endroit magnifique du bras. Ce parc magnifiquement ensoleillé et pourtant bien ombragé. Et mon ami voulait se retrouver dans un espace clos coupé du monde. En ma compagnie et aussi vêtu qu’au premier jour. Il tentait le diable là. Si seulement il savait que c’était ce que je désirais le plus ardemment. Mais non, je me sentais obligé de décliner cette offre alléchante. Oui, j’avais peur de ne pas pouvoir me contrôler devant la nudité de mon ami. Déjà que rien qu’en l’énonçant je me maîtrisais qu’à grand peine.

J’eus soudain une idée pour limiter ma réaction devant Jaichim. C’était en repensant au fait que j’avais signalé que Pierrick me massait souvent le dos. Oui, voilà, je n’avais qu’à ne pas me trouver en face de mon ami pendant le massage.


« Bien, je crois que le mieux serait que tu t’assieds sur le banc. Je te masserais le dos pour éliminer toute la tension qui y loge. »

Je poussais un soupir de soulagement. Je contournai le banc et me mis derrière. Ainsi, je pourrais profiter de Jaichim sans qu’il ne voie les réactions physiques que son contact m’apporterait.

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Jaichim était resté assis lorsque je me mis derrière lui et le banc. Cela me rassura de ne pas le voir me fuir. Pire, il enleva le haut, me révélant aussi son dos et ses épaules parfaites. Un frisson de désir parcourut mon corps.

Mes mains tremblantes se posèrent sur ses épaules musclées. Le contact avec la peau douce de mon ami m’emplit de bonheur et calma les tremblements. Du moins, ceux de mes mains car une autre partie de mon anatomie ne pouvait réfréner son envie de se mouvoir contre ma volonté. Heureusement que Jaichim ne pouvait me voir.

Cela dura des heures. Des jours même pendant lesquels j’étais le seul à jouir de mon ami. Durant des semaines, je massai le dos, les épaules, la nuque, le corps splendide de Jaichim donc. Pourtant, cela ne dura qu’un bref instant d’éternité, quelques minutes. Nous fûmes perturbés par l’arrivée impromptue d’un oiseau.

Il ressemblait à celui que l’avais aperçu plus tôt. Et pour cause, c’était le même. Il piqua vers moi. Avant que je ne puisse esquisser un mouvement vain de défense, il arrêta sa descente et se posa délicatement sur mon bras. A ma grande surprise, il m’avait comme choisi. De plus, contrairement à ce que je pensais connaître des volatiles, celui-ci ne me lacéra pas le bras avec ses serres.

Mon attention détournée de Jaichim se focalisa sur ce qui était fixé à la patte. Un message attaché par un fin ruban noir avec un liseré blanc. Etait-il pour moi ? Je ne le savais pas. Mais, le fait qu’il se soit posé sur moi signifiait-il que c’était le cas ? Je décidai que oui. Je me saisis donc de la missive et la lus.

Mon visage blêmit durant la lecture. On me sommait de rentrer sur le champ à la citadelle. Une affaire de la plus haute importante nécessitait ma présence. Il n’y avait point de détail, mais il y était écrit que l’on avait attenté aux jours de mon compagnon, Pierrick. Je ne savais aucunement dans quel état il était. S’il était mort ou vivant. Même si la mention d’une tentative me laissait penser que cela avait échoué et qu’il était vivant. Je dus quand même me retenir, au banc, pour soutenir mon corps que mes jambes portaient à grand peine.

Un dilemme s’offrait à moi. Rentrer et aider ou assister Pierrick d’une manière qui m’était totalement inconnue pour le moment. Ou alors, rester en compagnie de mon ami à jouir de sa présence et son contact. Le choix fut rapidement réalisé, mais douloureux tout de même. Je ne pouvais abandonner mon ombre. Et surtout, je me devais de lui rendre justice en attrapant celui ou ceux qui avaient attentés à ses jours.


« Jaichim… » commençai-je en m’étant repositionné face à lui. « Mon ami, une mauvaise nouvelle vient d’arriver. Une affaire urgente et importante me force à retourner dans mes terres. Mon être tout entier souffre de devoir partir et t’abandonner, seul parmi tous ces chacals ne cherchant qu’une occasion pour se repaître de ton cadavre. Sache cependant que toutes mes pensées t’accompagneront. J’y vais donc. Puisse les Dieux nous réunir le plus prestement possible. »

C’est donc le cœur gros que je quittai mon ami le laissant dans ce havre de paix que cet oiseau de mauvais augure avait troublé. Je ne pouvais malheureusement l’en blâmer car le message était trop important pour être retardé.

Mon départ de la capitale fut retardé car je me perdis dans le labyrinthe du palais une nouvelle fois. Cependant, Orfange avait un œil sur moi, car je trouvai la sortie seul en n’ayant perdu que peu de temps. Il me faudrait me hâter sur la route.

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