Précédemment :
Exhyl n’avait malheureusement que moyennement confiance. Du fait que le commandant était enrhumé, ce qui semblait diminuer ses capacités de réflexion obnubilé qu’il était par sa maladie, et aussi car il paraissait prendre les propos des plaignants à la légère car ceux-ci n’étaient que de simples habitants insignifiants alors que la cible de la plainte était un palatin puissant.
Cependant, il savait que le village serait bien protégé grâce aux troupes que le commandant enverrait. Le minotaure espérait seulement que cela se passerait bien. Tout le monde n’aime pas les minotaures, et certains de ses minotaures ne devaient pas porter les humains dans leur cœur. Mais, il pensait que les anciens seraient capables de gérer cet éventuel problème.
Lorsque Corne Bleue entendit parler des vachules, il blêmit. Il connaissait ces monstruosités pour avoir été obligé d’en chevaucher. Ces horreurs, déjà rien que le nom était horrible, possédaient le talent de le rendre malade en quelques minutes seulement. Mais, comme les fois précédentes, on ne lui donnait pas le choix.
C’est donc la mort dans l’âme qu’il enfourcha sa monture lorsqu’elle lui fut présentée. Feldret l’imita avec gaucherie, il n’avait jamais monté à cheval ou à vachule. Shog s’en sortit mieux avec sa monture miniature.
Le départ se passa sans encombre. C’est la suite du voyage qui risquait d’être plus ardue, surtout pour Exhyl.
Le gobelin parvint à ne pas rougir lorsque l’humain le gratifia d’un nouveau « maître ». Il n’en était pas moins fier d’être appelé ainsi.
« Non, je n’ai plus de doutes. » répondit le verdâtre de son voix aigüe d’où ne pointait pas l’habituelle sonorité plaintive. « Mais, vous faites toujours la même chose ? Voyager et se battre, c’est pas répétitif ? »
Shog maniait sa monture en ne se servant que des talons. Il ne touchait aucunement aux rênes. Pour s’aider à maintenir sa position, il se cramponnait toutefois à la crinière du cheval nain, mais avec un semblant de délicatesse.
Feldret était mal-à-l’aise mais s’en sortait pas trop mal pour un novice.
Exhyl était complètement malade, nauséeux. Il avait l’impression de se tenir sur le pont d’une coque de noix ballottée par les flots lors d’une tempête. Le seul moyen qu’il avait trouvé pour faire refluer son malaise était de l’ignorer en pensant à autre chose.
Malheureusement, il ne s’était pas attendu à ce que les pensées venant à son esprit furent celles qui y vinrent. Oh, elles n’avaient rien de désagréable, au contraire. Seulement voilà, ce n’était pas le moment approprié. Il avait peur que cela le trouble et le déconcentre au mauvais moment. Au moins, ces pensées agréables eurent l’effet escompté, il en oublia son moyen de locomotion.
La première partie du voyage se révéla assez ennuyeuse. Ils ne croisèrent que peu de monde. Ils contournèrent Arthandre pour éviter une éventuelle confrontation entre Exhyl et le palatin ce qui risquerait de compliquer l’enquête demandée par la corporation.
Puis, dès qu’ils dépassèrent la capitale provinciale, le nombre de personnes croisées augmenta, mais resta tout de même faible. Il s’agissait principalement de marchands désireux de faire quelques affaires juteuses afin de remplir leurs bourses déjà bien pleines.
Enfin, la troupe parvint à la frontière. Et, après les vérifications d’usage rapidement expédiées et bâclées, ils continuèrent leur route.