Edhesse, enfin ! Cela faisait des semaines qu'Aquilodon avait quitté Zakinthe et les siens pour rejoindre une cité lointaine qu'il ne connaissait pas, Perganon. Beaucoup d'âmes avaient besoin d'être redressées, là-bas, apparemment. Tant mieux, s'étaient dit le Prophète.
Alors qu'il s'avançait sur le bord de la route, trois orques sortirent de la forêt qui la bordait, hache au poing.
- Halte, géant ! Nous sommes trois et tu es un !
- C'est une plaisanterie ? demanda Aquilodon, parfaitement calme.
- Qui t'es, toi ? Oh, puis, ça ne nous intéresse pas. Je t'ai laissé une chance, tu vas maintenant mourir, ou gentiment nous donner ta bourse et retourner d'où tu viens.
- Primo, je n'ai pas de bourse. Deuxio, je vous conseille, à deux d'entre vous, de retourner d'où vous venez, car il seraient dommage de devoir tuer plus de l'un et demi d'entre vous.
Le Prophète avait toujours eu un don pour allier menace, sarcasme et calcul mental.
- Alors, qu'en dites-vous, vermines ?
- A l'attaque, les gars, on va l'étriper !
Les trois orques se jetèrent ensemble sur le Prophète, qui avait déjà réagi. Un flamme s'échappa de son bâton et fit s'embraser l'un des trois brigands. Le deuxième frappa, mais Aquilodon esquiva, et se mit à incanter un nouveau sortilège.
- Slavargaskarossi tor manandar ! Judfaran dirosfad kiofantros...
- Fuyons, Bgar !
- Oui !
Mais une ombre jaillit de la poitrine du Prophète, et fonça sur les deux brigands, les enveloppant. Lorsqu'elle se dissipa, un bandit avait disparu, tandis que la moitié de l'autre gisait dans une mare de sang.
- J'aime que l'on paie son dû à l'Equilibre, orque. Je souhaite bon voyage à ton compère dans son nouveau plan.
Aquilodon reprit sa route, éclatant d'un grand rire, étrangement dénué de cruauté.
[Quelques heures plus tard...]
Aquilodon s'était arrêté pour bivouaquer au bord de la grand'route qui menait à Perganon. Il mangeait alors d'exotiques fruits rouges qu'il avait ensorcelé contre la pourriture, qu'il avait pris dans son paquetage en partant du campement de la tribu Ménéxène. Soudain, une silhouette quadripode surgit sur la route, reniflant la brise. Haute d'environ deux mètres au garot, la bête darda sa langue qui fourcha dans l'ombre. Que faisait un tel monstre ici ? Aquilodon espéra qu'elle ne l'avait pas remarqué. Un monstre de cette envergure, était, selon le géant, bien plus dangereux que trois petits bandits orques.
Ses espoirs furent bien vite brisés. La créature tourna la tête dans sa direction. La lumière se réfléchit sur un de ses yeux. Immédiatement, Aquilodon comprit et ferma les yeux, laissant la mana le guider. Car il n'avait pas affaire à n'importe quel bête, mais à un Basilic, un reptile légendaire, qui pouvait transformer d'un seul regard un être en pierre et qui pouvait tuer d'une seule morsure. Une terrible chimère, en vérité. Le vieux maître shaman d'Aquilodon lui avait dit un jour que le meilleur moyen de survivre face à une telle bête était de lui crever les yeux, esquiver sa morsure et partir en courant.
Mais le géant n'était pas un lâche, et, de plus, il avait une mission divine à accomplir. Guidé par sa vue shamanique des courants de la mana, il empoigna d'une main son bâton, de l'autre sa hache. Le Basilic comprit lui aussi que son adversaire était plus dangereux que ses proies habituelles. Il tenta donc de l'intimider en montrant ses crocs dégoulinant de venin. Voyant que son essai s'était soldé d'un échec, le monstre chargea.
Le géant, pour sa part, pointa son bâton vers la bête. Un trait d'acide partit, frappa le sol à côté du reptile et fit grésiller la terre. Le monstre ne s'arrêta pas. Dans moins d'une seconde, il bondirait. Aquilodon réfléchissait à la vitesse de l'éclair, mais aucune solution ne venait. Puis, lorsque les pattes du Basilic se flèchirent, prêtes à se détendre, le géant chargea à son tour, avec la rage du désespoir. La manoeuvre surprit la bête infâme, qui avait bondi. La hache du shaman rencontra le ventre du reptile, tandis que les dents de ce dernier rencontrait l'avant-bras de son ennemi.
Le Basilic s'effondra, stoppé net dans son élan, les entrailles à vif. Aquilodon se jeta sur le côté, pour ne pas recevoir le corps du monstre sur le sien.
Puis il perdit connaissance pendant quelques minutes. Son avant bras gauche saignait abondamment, là où la bête écaillée l'avait mordu. Lorsqu'il se réveilla, il s'aperçut que le corps de la bête n'était plus là où elle était tombée. Le Prophète n'en tint pas compte, mais s'aperçut d'une réalité alarmante : la mort approchait à grands pas. Nucter venait le prendre.
Et puis non, pas maintenant ! Si Aquilodon ne prêchait pas l'Equilibre, personne ne le ferait, et s'en serait fini de Kalamaï. Il devait aller à Perganon le plus vite possible, trouver un guérisseur, et persuader les notables de la Province de suivre son dogme. Mais toujours, la mort approchait. Dans quelques minutes, elle serait là, accueillant les bras ouverts celui qui lui avait envoyé de nombreuses âmes. Il était même étonnant qu'elle ne soit toujours pas là, vu le sang que perdait le géant, et la dose de poison qui lui avait été injecté par les crocs du Basilic.
D'ailleurs, où était-il, celui-là ? Aquilodon n'avait-il pas vu tomber à terre sa dépouille, tout à l'heure ?
Bien sûr que si. Il en était certain. Et, comme réponse à ses pensées, son regard se fixa sur une tâche de sang jaune. Assurément pas le sien.
Un grondement sortit des arbres qui bordaient le pavé. Le reptile sortit du bosquet et regarda le géant. Celui-ci, trop désespéré pour penser à fermer les yeux, regarda la bête en face. Et rien ne se produisit. Surement parce que le monstre avait les yeux crevés, constata le géant.
Le grand reptile inclina la tête vers Aquilodon, en signe de soumission. Surpris le géant recula d'abord, puis s'approcha un peu de la bête, redoutant un piège. Mais le fait qu'il se soit crevé les yeux n'était-il pas une preuve suffisante de sa soumission ? Et le fait qu'Aquilodon ne soit pas encore mort signifiait peut-être que les légendes concernant le venin n'étaient pas fondées, ou qu'il existait plusieurs race de Basilics. Aquilodon n'en avait cure. Ce reptile pourrait être utile.
Le géant se fit un garot de fortune, puis reprit sa route vers la capitale d'Edhesse, la Maléfique Perganon, suivi par un terrifiant monstre de deux mètres, absolument intègre, si l'on omet ses yeux...
Après une longue nuit de marche, Aquilodon vit enfin apparaître au loin les murailles de Perganon. Enfin il pourrait se reposer, soigner son bras et commencer sa guerre de conversion, seul, contre tous les cultes de Kalamaï.
Alors qu'il s'avançait sur le bord de la route, trois orques sortirent de la forêt qui la bordait, hache au poing.
- Halte, géant ! Nous sommes trois et tu es un !
- C'est une plaisanterie ? demanda Aquilodon, parfaitement calme.
- Qui t'es, toi ? Oh, puis, ça ne nous intéresse pas. Je t'ai laissé une chance, tu vas maintenant mourir, ou gentiment nous donner ta bourse et retourner d'où tu viens.
- Primo, je n'ai pas de bourse. Deuxio, je vous conseille, à deux d'entre vous, de retourner d'où vous venez, car il seraient dommage de devoir tuer plus de l'un et demi d'entre vous.
Le Prophète avait toujours eu un don pour allier menace, sarcasme et calcul mental.
- Alors, qu'en dites-vous, vermines ?
- A l'attaque, les gars, on va l'étriper !
Les trois orques se jetèrent ensemble sur le Prophète, qui avait déjà réagi. Un flamme s'échappa de son bâton et fit s'embraser l'un des trois brigands. Le deuxième frappa, mais Aquilodon esquiva, et se mit à incanter un nouveau sortilège.
- Slavargaskarossi tor manandar ! Judfaran dirosfad kiofantros...
- Fuyons, Bgar !
- Oui !
Mais une ombre jaillit de la poitrine du Prophète, et fonça sur les deux brigands, les enveloppant. Lorsqu'elle se dissipa, un bandit avait disparu, tandis que la moitié de l'autre gisait dans une mare de sang.
- J'aime que l'on paie son dû à l'Equilibre, orque. Je souhaite bon voyage à ton compère dans son nouveau plan.
Aquilodon reprit sa route, éclatant d'un grand rire, étrangement dénué de cruauté.
[Quelques heures plus tard...]
Aquilodon s'était arrêté pour bivouaquer au bord de la grand'route qui menait à Perganon. Il mangeait alors d'exotiques fruits rouges qu'il avait ensorcelé contre la pourriture, qu'il avait pris dans son paquetage en partant du campement de la tribu Ménéxène. Soudain, une silhouette quadripode surgit sur la route, reniflant la brise. Haute d'environ deux mètres au garot, la bête darda sa langue qui fourcha dans l'ombre. Que faisait un tel monstre ici ? Aquilodon espéra qu'elle ne l'avait pas remarqué. Un monstre de cette envergure, était, selon le géant, bien plus dangereux que trois petits bandits orques.
Ses espoirs furent bien vite brisés. La créature tourna la tête dans sa direction. La lumière se réfléchit sur un de ses yeux. Immédiatement, Aquilodon comprit et ferma les yeux, laissant la mana le guider. Car il n'avait pas affaire à n'importe quel bête, mais à un Basilic, un reptile légendaire, qui pouvait transformer d'un seul regard un être en pierre et qui pouvait tuer d'une seule morsure. Une terrible chimère, en vérité. Le vieux maître shaman d'Aquilodon lui avait dit un jour que le meilleur moyen de survivre face à une telle bête était de lui crever les yeux, esquiver sa morsure et partir en courant.
Mais le géant n'était pas un lâche, et, de plus, il avait une mission divine à accomplir. Guidé par sa vue shamanique des courants de la mana, il empoigna d'une main son bâton, de l'autre sa hache. Le Basilic comprit lui aussi que son adversaire était plus dangereux que ses proies habituelles. Il tenta donc de l'intimider en montrant ses crocs dégoulinant de venin. Voyant que son essai s'était soldé d'un échec, le monstre chargea.
Le géant, pour sa part, pointa son bâton vers la bête. Un trait d'acide partit, frappa le sol à côté du reptile et fit grésiller la terre. Le monstre ne s'arrêta pas. Dans moins d'une seconde, il bondirait. Aquilodon réfléchissait à la vitesse de l'éclair, mais aucune solution ne venait. Puis, lorsque les pattes du Basilic se flèchirent, prêtes à se détendre, le géant chargea à son tour, avec la rage du désespoir. La manoeuvre surprit la bête infâme, qui avait bondi. La hache du shaman rencontra le ventre du reptile, tandis que les dents de ce dernier rencontrait l'avant-bras de son ennemi.
Le Basilic s'effondra, stoppé net dans son élan, les entrailles à vif. Aquilodon se jeta sur le côté, pour ne pas recevoir le corps du monstre sur le sien.
Puis il perdit connaissance pendant quelques minutes. Son avant bras gauche saignait abondamment, là où la bête écaillée l'avait mordu. Lorsqu'il se réveilla, il s'aperçut que le corps de la bête n'était plus là où elle était tombée. Le Prophète n'en tint pas compte, mais s'aperçut d'une réalité alarmante : la mort approchait à grands pas. Nucter venait le prendre.
Et puis non, pas maintenant ! Si Aquilodon ne prêchait pas l'Equilibre, personne ne le ferait, et s'en serait fini de Kalamaï. Il devait aller à Perganon le plus vite possible, trouver un guérisseur, et persuader les notables de la Province de suivre son dogme. Mais toujours, la mort approchait. Dans quelques minutes, elle serait là, accueillant les bras ouverts celui qui lui avait envoyé de nombreuses âmes. Il était même étonnant qu'elle ne soit toujours pas là, vu le sang que perdait le géant, et la dose de poison qui lui avait été injecté par les crocs du Basilic.
D'ailleurs, où était-il, celui-là ? Aquilodon n'avait-il pas vu tomber à terre sa dépouille, tout à l'heure ?
Bien sûr que si. Il en était certain. Et, comme réponse à ses pensées, son regard se fixa sur une tâche de sang jaune. Assurément pas le sien.
Un grondement sortit des arbres qui bordaient le pavé. Le reptile sortit du bosquet et regarda le géant. Celui-ci, trop désespéré pour penser à fermer les yeux, regarda la bête en face. Et rien ne se produisit. Surement parce que le monstre avait les yeux crevés, constata le géant.
Le grand reptile inclina la tête vers Aquilodon, en signe de soumission. Surpris le géant recula d'abord, puis s'approcha un peu de la bête, redoutant un piège. Mais le fait qu'il se soit crevé les yeux n'était-il pas une preuve suffisante de sa soumission ? Et le fait qu'Aquilodon ne soit pas encore mort signifiait peut-être que les légendes concernant le venin n'étaient pas fondées, ou qu'il existait plusieurs race de Basilics. Aquilodon n'en avait cure. Ce reptile pourrait être utile.
Le géant se fit un garot de fortune, puis reprit sa route vers la capitale d'Edhesse, la Maléfique Perganon, suivi par un terrifiant monstre de deux mètres, absolument intègre, si l'on omet ses yeux...
Après une longue nuit de marche, Aquilodon vit enfin apparaître au loin les murailles de Perganon. Enfin il pourrait se reposer, soigner son bras et commencer sa guerre de conversion, seul, contre tous les cultes de Kalamaï.