Je m’appelle Aelidys, je suis née dans la plus belle forêt de Kalamai. Je revois encore ce petit lac où la nuit le balai des lucioles virevoltait sous nos yeux d’enfants émerveillés. Là où les toiles d’araignée brillaient de mille feux sous la lune si étincelante en cette saison. Là où tout nous était permis, là où nous avions construit une sublime cabane. Là où tout était si paisible…
Bien entendu, nous n’avions pas le droit d’y aller mais il était si facile d’échapper à la surveillance des adultes endormis. Seule la sentinelle nous posait des problèmes ; neuf fois sur dix nous nous faisions repérer et gare à nous si nous ne rentrions pas immédiatement… C’est pourquoi, quand nous arrivions à passer, en dehors tout nous appartenait ! Nous ne voulions absolument rien rater de tous ces spectacles que nous offrait cette foret à la nuit tombée.
C’était un soir comme les autres, l’air était doux et parfumé et il nous attirait bien évidement là où vous savez. Comme à chaque fois, nous tirions au sort pour savoir qui allait essayer de passer en premier. Hors de question d’y aller tous ensemble car aucun de nous aurait une chance de traverser. Je fus la première… comme souvent… Azerys notre sentinelle semblait sentir quelque chose, elle était agitée et ne tenait pas en place. Tout avait l’air pourtant si calme…
- « bon on fait comme d’hab. ! On se rejoint tous à la cabane ! Bonne chance, et que celui qui rate ne bave pas hein ! »
Profitant d’un moment où Azerys se concentrait sur une chose qu’elle seule semblait apercevoir, j’en profitais pour me faufiler entre les fougères géantes et épaisses. Une petite fée comme moi ne pouvait être repérée dans cette immensité. Tour à tour je zigzaguais, je me couchais, je fonçais à toute vitesse…
* voilà ! j’y suis presque, encore deux-trois coups d’ailes, oui allez un effort, passer par-dessus le tronc énorme, me cacher derrière un instant, regarder discrètement où se trouve Azerys… de là on a une vue imprenable sur le camp malgré la distance ! *
* tiens… plus personne… arf ! Elle a du attraper l’un de nous… tant pis c’est chacun pour soit *
J’étais presque arrivée à la cabane quand j’entendis au loin des cris rauques, gras et effrayants. Jamais j’ai entendu ça avant… de monstrueux frissons me parcouraient le corps…
* on dirait que ça vient du camp…*
Peu de temps après, je fus rejoins par mon ami de toujours, Ashrian.
- « qu’est ce qui se passe, t’as entendu ? » lui demandais-je
Il était blanc et essoufflé. Ce n’était pas la fatigue car c’est de loin le plus costaud d’entre nous.
- « parle moi !! » insistais-je
Il reprit ses esprits mais il tremblait atrocement… J’en avais les larmes aux yeux tellement j’étais certaine qu’il était arrivé quelque chose de terrifiant…
- « les autres… les autres… Tinelys… Ethanael et… et… Solyteas… ils ont couru… couru… je sais pas où ils sont… mais ils ne sont pas retournés au camp… pas après avoir entendu ces hurlements… Je leur avais dit de foncer à la cabane… J’avais l’impression qu’ils me suivaient… et rien… ils sont forcément pas loin… je dois aller les chercher… »
- « mais t’as vu quelque chose ? Pourquoi Azerys n’était plus à son poste ?? »
Je m’étais recroquevillée, la tête entre mes genoux, j’avais peur de ce qu’il allait me dire…
- « m… mo… morte ! Une hache est venue se planter dans… dans sa poitrine… pas vu qui avait fait ça… ces cris… ces cris résonnent dans ma tête… je n’ai pensé qu’a une chose fuir fuir… »
Ashrian était assis et se balançait d’avant en arrière en se tirant les cheveux.
- « il faut y aller, faut se battre, je ne suis pas un lâche ! Je vais retrouver nos amis, les mettre en sécurité avec toi dans la cabane et nous irons rejoindre les nôtres ! Reste ici, cache toi !»
Il s’est levé d’un coup, comme envahi par une force inconnue. Je voulais lui dire de rester avec moi et que les autres finiraient par nous rejoindre… Mais j’ai lu sur son visage que quoi que je dirais, il n’en tiendrait absolument pas compte… Je l’ai laissé partir, sans rien dire, sans rien faire… je n’ai même pas eu le cran de l’accompagner… et c’est ça que je me reprocherais éternellement…
J’ai attendu, attendu… les jours, les nuits se succédèrent… je connais bien cette forêt maintenant, elle n’a plus aucun secret pour moi… je trouvais facilement à manger et à boire… c’est très facile quand on ne se nourrit que de fruits et de plantes… j’aiguisais mes sens, je me battais contre les être vils qui vivaient dans les marais environnants… cela faisait maintenant presque une semaine.... il m’avait dit de l’attendre mais cela suffisait… je ne tenais plus… je voulais savoir !
J’étais prête. J’avais peur. J’avais mal au ventre.
Le chemin me paraissait long, très long. D’habitude, j’étais toujours la première arrivée. Là, j’avançais mais j’étais terrifiée par ce que j’allais découvrir… S’ils étaient en vie, ils seraient venus me chercher… je pleurais, je ne pouvais pas y croire…
Je ne voyais pas la tour de garde d’Azerys… Pourtant j’étais sure qu’on pouvait la voir d’où j’étais… cela ne me rassurait pas… ça sentait fort, le brûlé, la pourriture, je ne savais pas exactement… j’avais envie de vomir et je ne voulais plus tellement envie d’avancer… Mes amis, ma famille… j’avais envie de les revoir… oui mais personne n’était venu me chercher… allez courage encore quelques mètres…
…
Des cendres… des corps calcinés, mutilés… voilà ce qui restait de mon camp… je suis restée debout envahie d’une fureur bouillonnante qui partait de mon ventre jusqu’au bout de mes cheveux… je me suis mise à hurler… mes yeux ne désemplissaient pas de larmes… il ne restait rien de vivant… tout n’était que restes nauséabonds… Je cherchais en vain les corps de ceux que j’aime…
* Sont tous pareils… je ne reconnais personne… qui le pourrait ?? *
En revanche, certains corps se démarquaient des autres, ils sentaient mauvais, leurs dents étaient longues et pointues, ils portaient des armures, leurs armes étaient primitives…
* je me rappelle… dans les livres des anciens… on dirait des orques ! *
A ce moment là, ma seule et unique raison de vivre fut d’anéantir tous les orques de kalamai avec l’espoir de retrouver mes amis et mon tendre Ashrian…
Bien entendu, nous n’avions pas le droit d’y aller mais il était si facile d’échapper à la surveillance des adultes endormis. Seule la sentinelle nous posait des problèmes ; neuf fois sur dix nous nous faisions repérer et gare à nous si nous ne rentrions pas immédiatement… C’est pourquoi, quand nous arrivions à passer, en dehors tout nous appartenait ! Nous ne voulions absolument rien rater de tous ces spectacles que nous offrait cette foret à la nuit tombée.
C’était un soir comme les autres, l’air était doux et parfumé et il nous attirait bien évidement là où vous savez. Comme à chaque fois, nous tirions au sort pour savoir qui allait essayer de passer en premier. Hors de question d’y aller tous ensemble car aucun de nous aurait une chance de traverser. Je fus la première… comme souvent… Azerys notre sentinelle semblait sentir quelque chose, elle était agitée et ne tenait pas en place. Tout avait l’air pourtant si calme…
- « bon on fait comme d’hab. ! On se rejoint tous à la cabane ! Bonne chance, et que celui qui rate ne bave pas hein ! »
Profitant d’un moment où Azerys se concentrait sur une chose qu’elle seule semblait apercevoir, j’en profitais pour me faufiler entre les fougères géantes et épaisses. Une petite fée comme moi ne pouvait être repérée dans cette immensité. Tour à tour je zigzaguais, je me couchais, je fonçais à toute vitesse…
* voilà ! j’y suis presque, encore deux-trois coups d’ailes, oui allez un effort, passer par-dessus le tronc énorme, me cacher derrière un instant, regarder discrètement où se trouve Azerys… de là on a une vue imprenable sur le camp malgré la distance ! *
* tiens… plus personne… arf ! Elle a du attraper l’un de nous… tant pis c’est chacun pour soit *
J’étais presque arrivée à la cabane quand j’entendis au loin des cris rauques, gras et effrayants. Jamais j’ai entendu ça avant… de monstrueux frissons me parcouraient le corps…
* on dirait que ça vient du camp…*
Peu de temps après, je fus rejoins par mon ami de toujours, Ashrian.
- « qu’est ce qui se passe, t’as entendu ? » lui demandais-je
Il était blanc et essoufflé. Ce n’était pas la fatigue car c’est de loin le plus costaud d’entre nous.
- « parle moi !! » insistais-je
Il reprit ses esprits mais il tremblait atrocement… J’en avais les larmes aux yeux tellement j’étais certaine qu’il était arrivé quelque chose de terrifiant…
- « les autres… les autres… Tinelys… Ethanael et… et… Solyteas… ils ont couru… couru… je sais pas où ils sont… mais ils ne sont pas retournés au camp… pas après avoir entendu ces hurlements… Je leur avais dit de foncer à la cabane… J’avais l’impression qu’ils me suivaient… et rien… ils sont forcément pas loin… je dois aller les chercher… »
- « mais t’as vu quelque chose ? Pourquoi Azerys n’était plus à son poste ?? »
Je m’étais recroquevillée, la tête entre mes genoux, j’avais peur de ce qu’il allait me dire…
- « m… mo… morte ! Une hache est venue se planter dans… dans sa poitrine… pas vu qui avait fait ça… ces cris… ces cris résonnent dans ma tête… je n’ai pensé qu’a une chose fuir fuir… »
Ashrian était assis et se balançait d’avant en arrière en se tirant les cheveux.
- « il faut y aller, faut se battre, je ne suis pas un lâche ! Je vais retrouver nos amis, les mettre en sécurité avec toi dans la cabane et nous irons rejoindre les nôtres ! Reste ici, cache toi !»
Il s’est levé d’un coup, comme envahi par une force inconnue. Je voulais lui dire de rester avec moi et que les autres finiraient par nous rejoindre… Mais j’ai lu sur son visage que quoi que je dirais, il n’en tiendrait absolument pas compte… Je l’ai laissé partir, sans rien dire, sans rien faire… je n’ai même pas eu le cran de l’accompagner… et c’est ça que je me reprocherais éternellement…
J’ai attendu, attendu… les jours, les nuits se succédèrent… je connais bien cette forêt maintenant, elle n’a plus aucun secret pour moi… je trouvais facilement à manger et à boire… c’est très facile quand on ne se nourrit que de fruits et de plantes… j’aiguisais mes sens, je me battais contre les être vils qui vivaient dans les marais environnants… cela faisait maintenant presque une semaine.... il m’avait dit de l’attendre mais cela suffisait… je ne tenais plus… je voulais savoir !
J’étais prête. J’avais peur. J’avais mal au ventre.
Le chemin me paraissait long, très long. D’habitude, j’étais toujours la première arrivée. Là, j’avançais mais j’étais terrifiée par ce que j’allais découvrir… S’ils étaient en vie, ils seraient venus me chercher… je pleurais, je ne pouvais pas y croire…
Je ne voyais pas la tour de garde d’Azerys… Pourtant j’étais sure qu’on pouvait la voir d’où j’étais… cela ne me rassurait pas… ça sentait fort, le brûlé, la pourriture, je ne savais pas exactement… j’avais envie de vomir et je ne voulais plus tellement envie d’avancer… Mes amis, ma famille… j’avais envie de les revoir… oui mais personne n’était venu me chercher… allez courage encore quelques mètres…
…
Des cendres… des corps calcinés, mutilés… voilà ce qui restait de mon camp… je suis restée debout envahie d’une fureur bouillonnante qui partait de mon ventre jusqu’au bout de mes cheveux… je me suis mise à hurler… mes yeux ne désemplissaient pas de larmes… il ne restait rien de vivant… tout n’était que restes nauséabonds… Je cherchais en vain les corps de ceux que j’aime…
* Sont tous pareils… je ne reconnais personne… qui le pourrait ?? *
En revanche, certains corps se démarquaient des autres, ils sentaient mauvais, leurs dents étaient longues et pointues, ils portaient des armures, leurs armes étaient primitives…
* je me rappelle… dans les livres des anciens… on dirait des orques ! *
A ce moment là, ma seule et unique raison de vivre fut d’anéantir tous les orques de kalamai avec l’espoir de retrouver mes amis et mon tendre Ashrian…