Les préparatifs furent achevés à temps. La salle de réception voyait défiler nombreux serviteurs, du Royaume d’Helcar et du Domaine d’Irisandre, qui existerait encore quelques jours...
Asirade avait convaincu sa Supérieure de ne pas dormir auprès de Babka la veille du mariage, question de traditions ancestrales voulant que les époux ne se voient pas avant la Cérémonie ce jour-là. Et quand il s’agissait de traditions, Asirade était presque aussi têtue que Vengrahim... Donc, la nuit fut aussi reposante que possible, puisque non interrompue.
Le réveil se déroula de façon assez habituelle, si ce n’est qu’elle ne paressa pas sous les draps. Son amie la tira du lit avec excitation et nervosité, deux états d’esprit que Faelyna ne comptait pas avoir dès maintenant : cela pouvait largement attendre le moment fatidique. Elle fut habillée, coiffée et préparée psychologiquement par ses servantes jusqu’à l’heure de rejoindre la chapelle, instant qui vint plus vite que toutes les demoiselles l’avaient imaginé.
Alors que la jolie brune se trouvait face à un miroir dans une pièce à l’abri des regards, il fut temps pour son père et témoin de venir la voir. Lorsqu’il passa la porte, elle se retourna vers lui et sourit en constatant son émotion. Sans dire un mot, l’Intendant vint la prendre dans ses bras. Il savait qu’elle percevait chacune de ses pensées, nul besoin de paroles avec sa fille...
Ma chérie... Comment te sens-tu ?
Très bien, Père. Mais je pense que le fait de ne pas encore avoir vu mon fiancé y est pour beaucoup.
La jeune femme esquissa un nouveau sourire serein, tandis qu’il relâchait doucement son étreinte. Ils n’échangèrent que quelques mots supplémentaires, avant que le Prêtre ne vienne enfin toquer à la porte pour les inviter à le suivre. Les Humains acquiescèrent, mais se laissèrent un instant d’intimité avant de se lancer. Excitation et nervosité gagnèrent enfin la bataille contre l’esprit de la Psioniste, et après que Vengrahim ait prit l’une des roses rouges de son bouquet pour la glisser dans ses cheveux bouclés et remontés, il saisit sa main de Princesse pour la mener à son Destin.
La Chapelle avait été richement décorée de tissus blancs et verts, et l’écusson de Maon prônait fièrement parmi eux. De nombreuses fleurs de la Province se côtoyaient le long des bancs vides bordant l’allée centrale, où des pétales avaient été déposés. Serrant la main de son père sous la sienne, la damoiselle prit une profonde inspiration, et s’engagea enfin sur ce chemin fleuri en levant les yeux sur son homme.
Elle portait une robe blanche magnifique, ornée de roses brodées de couleur bordeaux. Les pans de la jupe formaient comme des volutes de fumée à chacun de ses pas, les voiles tournoyant sans jamais s’entremêler... L’homme qui menait le rythme de leur avancée ne cachait pas sa fierté, et tandis qu’il posait son regard successivement sur tous les présents de la Chapelle, Faelyna n’avait d’yeux que pour son fiancé. Ils arrivèrent à l’autel, et symboliquement, le père mit la main de son enfant sur celle de son presque gendre. Son corset semblait lui couper le souffle en ce moment précis, ou était-ce la pression qui montait en elle... Pourtant, cela n’était pas plus dur que de se battre : sermon du Prêtre, déclaration des vœux des époux, échange des alliances, baiser pour sceller le tout, et le tour était joué !... En théorie.