Le Monde de Kalamaï
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descriptionEliess, Seigneur d'Arbycande EmptyEliess, Seigneur d'Arbycande

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Spoiler :


Debout, sur une colline, une jeune femme domine Odal, une région sauvage, fortement boisée et vallonnée traversée par une rivière. Eliess naquit à Arbycande, petite contrée d’Odal, fille d’Izold de Louicet, jadis seigneur de ces terres et de Lyssia Harnhael, dame de Dunevigue.
Grande à la chevelure cuivrée, il émane d’elle un caractère un peu fantasque. Pourtant, ses vêtements semblent exprimer un tempérament organisé; cuissardes, jupe amazone, gilet de cuire sous un manteau doublé d’une épaisse fourrure. Des grimoires sont rangés dans sa besace ainsi que quelques objets étranges.
Pensive son regard se perd devant l’étendue de ce paysage.


C’est là où résidait le roi Meldroc et toute la noblesse. La province était située au nord-est de Kalamaï et bordait la province vénopolienne. La région avait était divisée en un grand nombre de domaines.
Le plus grand était celui du monarque. Les autres appartenaient aux seigneurs qui régissaient leur fief comme ils l’entendaient, tant qu’ils ne contrevenaient pas à la loi du souverain, dont ils étaient les fidèles vassaux. Si un seigneur ne respectait pas la loi, il était exécuté et ses terres étaient données à un autre. A quarante ans, Meldroc ne pouvait se targuer d’avoir maintenu la paix sans discontinuer sur la région, pendant près de quinze ans.
Izold, seigneur d’Arbycande gérait son domaine avec rigueur et fierté, attentif à ses sujets. Il y avait toujours eu autour de cet homme une aura de mystère et même de magie interdite. Eliess, surprotégée par son père veuf qui lui interdisait à prendre part aux réunions politiques et économiques, s’est languie dans la frustration. Elle n’avait accès qu’à la bibliothèque des dames; romans courtois où le même preux chevalier arrachait la même noble dame des griffes du même baron félon, avant de sauver le trône par la force de ses bras. La morale toujours la même ;" Femme ! tu serviras ton époux et ton roi, te-feras belle pour leur plaisir et t’abstiendras de toute pensée personnelle !"
Son père ne pouvait par contre avoir aucune maîtrise sur ses pouvoirs naissants, héritière d’une famille de magiciens de père en fils puis de père à fille.


Le monde devenait instable autour de l’Empire kalamaïen et en son coeur. Après la presque dissolution des troupes des Rebelles Noirs qui avaient marqué les âmes, les seigneurs d’Outre-Mer, piliers de ces révoltes et vexés par leur défaite prirent d’assaut Kalamaï et emprisonnèrent l’impératrice Evalia. L’Empire n’était pas leur unique cible de toute évidence car ils déployaient leurs bras vers d’autres régions, cherchant des appuis pour accroître leur puissance par tous les moyens, afin d’influencer de nouvelles recrues.
Izold fut une proie alléchante, avide de savoir, expérimentant la magie au-delà de ses limites.


Avec une vive appréhension, Eliess observait son père qui changeait. Il négligeait ses terres, pour s’enfermer dans l’ombre de ses murs. Il semblait abriter une entité autre que la sienne. Son faciès devenait blême et crispé. Son regard sombre et glacial faisait fuir; même sa fille n’osait l’affronter et pourtant elle était fascinée par cette mutation, somme toute, se garda t- elle bien de la complaire, elle se l’interdisait…

Le roi Meldroc manifesta sa grande inquiétude concernant Izold qui entretenait depuis peu, des rapports plus que douteux avec les chefs de quelques regroupements des cités obscures de Kalamaï, ces derniers s’infiltrant dans la région, pour piller, bruler les récoltes et terroriser les gens ;désagréments, heureusement, contrés par des patrouilles efficaces et endurantes, sans compter le déploiement de puissance des mages prêts à lâcher leurs créatures toutes aussi dévastatrices. Les offensives étaient de plus en plus fréquentes; tout ceci n’était que le prémisse d’un carnage, une nécrose prête à gangrener toute la région. L’assurance de Meldroc sur les jours à venir commençait à faiblir.
Habile magicien Izold avait sombré dans la folie; trop de puissance, parfois, peut dévaster un esprit même très sage.
Les seigneurs se réunirent avec le roi, pour débattre de leurs préoccupations honorables; le seigneur d’Arbycande s’opposa à tout dialogue, reclus dans sa forteresse, bannissant le jour pour attendre la nuit, afin d’explorer sans doute, les aphtes de la magie noire.
L’inévitable s’imposa, le roi trancha. Une guerre naquit entre ces hordes menaçantes, un magicien délirant et les défenseurs de leurs terres.


Décontenancée, Eliess fuit Arbycande et décida de rencontrer Angélion dans la province de Scitopole, puissant Gardien de la Lumière qui apportait aux âmes en détresse un souffle d’espoir. Elle lui envoya une missive par une buse, pour convenir d’une entrevue.

La guerre sévissait sur le territoire. Hargneux, les seigneurs d’Outre-Mer et leurs acolytes étaient en surnombre, la région était menacée.

La jeune femme parvint à rencontrer Angélion, conviée dans son royaume de Célestite, pour lui faire part de sa requête; anéantir la lie qui menaçait l’âme de son père, son domaine et toute la région odalienne. Il ne put l’assister en personne mais en contrepartie, il lui fit prendre confiance en elle; si menus soient ses pouvoirs, il ne fallait pas minimiser leur impacte et les développer, pour assurer leur puissance. Il mit à sa disposition quelques un de ses fidèles, des gardes célestes et chevaliers brasamicaux, pour renforcer ses défenses. La forteresse aérienne, Brasamical, bastion de stratégie, réunissait les amis fidèles d’Angelion, près à combattre sous son égide, avec honneur, en- vers et contre tout. La jeune femme quant à elle, lui jura fidélité jusqu’à sa vie, au nom de la Lumière.
Lorsqu’Eliess arriva accompagnée par les gardes célestes, les armées d’Odal se remotivèrent, la victoire était envisageable.
La jeune fille se précipita dans la forteresse de son père, prise d’assaut. Les gardes de Meldroc avaient encerclé Izold prêts à lui donner le coup ultime.


Non ! hurla Eliess

Devant l’élan de sa fille, Izold ne put refouler ses larmes. Le mal n’avait pu atteindre cette parcelle d’humanité, l’Amour de sa fille. Le visage larmoyant, signé par la détresse, sans résistance, Eliess pointa son sceptre sur son père en invoquant Nimburr. Foudroyé par un jais luminescent qui l’enveloppa d’un linceul d’or et d’argent, Izold eut ces derniers mots.

"Une larme a désigné l’espoir,
La mort a désigné la liberté,
Mais toutes les vérités et tous les rêves sont d’accord et montrent un même dessein,
Tous désignent l’Amour ! "


Izold disparut dans le flamboiement d’une lame de feu qui fusa dans le vide pour rejoindre les entités .


Soyez en paix mon père…

Sous l’ordre du roi Meldroc, ses cendres furent recueillies puis dispersées sur les cours de l’Ombre à Ocral, royaume régit par des fées.
Il est des cours d’Ombre comme des cours de Lumière sur Ocral sous la gouverne de fées. La chose peut même apparaître d’une parfaite logique à ceux qui ont un quelconque entendement de la vie; une lumière sans ombre n’aurait pas de raison d’être, et aucun charme, ainsi toute apparence réside en un faisceau de contraire. Ceci étant, les fées disent que le visage d’Izold est comme une flamme gelée et que son ombre apporte l’inquiétude à ceux croisent son chemin. D’autres chuchotent:
" Quelles femmes ne préfèreraient-elles le sombre seigneur d’Arbycande au Gardien de Lumière ? ". Malgré l’éclat sombre de l’âme de son père, cet éclat participe encore de l’amour qu’elle a conçu de lui. Eliess discerne son ombre et sa voix dans l’espace nocturne :

" Ne restes pas sur ces terres , elles ne t’apporteront aucune consolation. Poursuis la cause que tu as choisi de défendre auprès de ton Gardien. Que la limpidité de tes larmes entre en mon âme, une fois dissipées, tu reviendras aux tiens."
Et l’écho des larmes d’Eliess dans l’espace nocturne pénétra dans l’âme d’Izold comme des perles de glace, et dans la forêt d’Ocral plongée dans la nuit, elle s’endormit. A son réveille, ses yeux s’ouvrir devant le spectacle d’une brume translucide, traversée par une nuée de papillons argentés virevoltant, pour accueillir les premières lueurs de l’aube. Dés-lors, un griffon lui transmis un message d’Angelion…

" Brasamical s’effondre malgré notre déploiement de magie! Rejoignez-nous dans ses abysses et laissez-vous guider par leur influence. Nous y resteront cachés pour nous enrichir et développer nos pouvoirs."
Eliess devint seigneur d’Arbycande et confia la gestion de ses armées à un homme de confiance, le générale Zelide. La jeune femme observait avec sérénité, la lutte acharnée entre les armées d’Odal et celle des partisans d’Outre-mer.
Pour rejoindre discrètement les fidèles d’Angélion, elle dût emprunter un passage souterrain, dans l’antre d’un volcan considéré comme inoffensif qui aboutirait dans les Gorges souterraines au nord de la frontière Scitopolienne. De là, la magie du célestiale la guiderait à son terme.


La magicienne enfourcha un petit dragon des cavernes et selon le plan d’Angelion, repéra Crozot la dite montagne, aux abords sud-est de la province d’Edhesse. Elle s’y engagea discrètement et avec crainte, campée sur sa monture pour effectuer un voyage au centre de la terre, en espérant une issue heureuse. Les pattes du dragon s’enfonçaient dans une roche qui se dérobait et se liquéfiait à mesure de l’approche. La lumière de plus en plus violente atteignait une intensité presque solaire. Plusieurs fois, Eliess arrêta sa monture entre la peur et la douleur qui lui brûlait le regard, déchirait les poumons et songea à renoncer. Elle finit par disparaître définitivement de la surface, là où aucune vie n’était imaginable. Le sol devint trop mouvant pour arrêter le dragon emporté dans les glissements de terrain. Malgré sa chute lente qu’elle n’eut plus le choix d’empêcher ou de poursuivre, elle s’efforça de se diriger entre les trous de feu, pour prolonger le moment qui la séparait d’une fin inéluctable. Le dragon enfin s’immobilisa cerné d’une lumière incroyablement blanche et apaisante.
Soulagée et étourdie par son voyage infernal, la jeune femme descendit de sa monture et parvint devant une porte en pierre. L’insigne d’un dragon entouré d’une épée et d’un bouclier y était gravé. Il y avait inscrit dessous « A la mémoire des plus Grands ». Elle poussa la porte …


Après trois ans d ‘apprentissage dans les profondeurs de Brasamical, ils saluèrent l’astre du jour pour se joindre aux protecteurs Impériaux afin de délivrer l’impératrice Evalia. Eliess a repris les rênes d’Arbycande après avoir juré fidélité à Angélion.
Chacun est libre de son parti pris, c’est un honneur déjà que de se battre pour une idée, d’aller jusqu’au bout de ses convictions. Les gens du bien comme les gens du mal ont chacun un rôle assigné, guidés et inspirés par leurs croyances ou pas.
La sérénité était revenue mais les temps sombres avaient avec marqué la mémoire des âmes.


Le meilleur allié pourrait être le pire ennemi, songea Eliess, et le pire ennemi est soi-même.

C’est pourquoi, la recherche de la connaissance d’elle-même se présente comme une démarche à son accomplissement. Son but étant de libérer son âme vers cette lumière céleste tant convoitée ou haïe. Mesure, démesure, il va falloir gérer pour manipuler la magie. Elle peut s’avérer dangereuse si la connaissance de ses limites est imparfaite.

"Regarde, la terre, le feu et l’espoir sont faits de la même lumière !
Le paysage s’animera des morts invisibles ; et quand les enfants des hommes et autres races se croiront seuls dans les plaines, les montagnes ou dans les forêts, ils ne le seront pas. La nuit, quand les rues de leurs villes seront silencieuses et que leurs habitants les croiront désertes, elles se rempliront d’esprits et de souvenirs. D’une manière ou d’une autre, nous ne quitterons jamais nos terres !"


Dernière édition par le Jeu 16 Aoû 2007 - 23:49, édité 4 fois

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Le ciel est en feu, en guerre et à sang.
Les champs de bataille recouvrent les corps.
La guerre vient de naître, écorchant ces matins encore vierges !


Brasamical s’élevait, ceinturée par la barrière magique des effluves blanches iridescentes. Du haut des remparts, Angélion contemplait les dernières lueurs lunaires qui disparaissaient dans la poudre de l’aube. Eliess était à quelques mètres et se recueillit elle aussi dans la complicité de ces manifestations mirifiques, savourant leur force. Il fallait la préserver. Elle fit abstraction du monde et des cours pour un instant.
Qui sommes- nous devant ces cœurs de corruption ? des êtres de papier et d’étoffe ?
Soupir… éprise, incertaine, pleurant de l’étreinte divine des murs de Brasamical si apaisante, L’avenir seul décidera de rétablir cet équilibre fragile.


Le celestiale requinqué déploya ses ailes pour regagner la forteresse. La magicienne réfléchit soucieuse de leur nouveau tournant politique.
Brasamical était devenue indépendante sans offensive latente contre l’impératrice, décision suivi par l’Ordre de L’Ombre et du Tribal (Etoile de l'Ombre). Choix répugné par la masse belliqueuse de ses opposants soutenant qu’ils n’avaient été que des lâches par leur neutralité passée, irrespectueux des pactes de non agressions. Comment faire entendre raison devant ce venin abjecte ?
Notre indépendance va nous coûter cher car rien est équitable. Jadis les bruits couraient que nous nous cachions derrière des pactes par peur des représailles, alors que presque toutes les provinces eurent tôt fait de se retourner contre nous : qui furent les traîtres ? Les mesures à présent ont été prises qu’importe la fin, l’honneur survivra. Apporter du crédit à notre cause va relever d’une touche d’héroïsme et tous ces crapuleux qui gravitent autour de l’empire ou font semblant me semblent dérisoirement si petits !
L'indépendance n’a pas la même connotation d’une province à l’autre, certaines grandissant et menaçantes. On ne peut compter que sur soi. Devant les fausses rancoeurs et les réflexes assassins nous avons tout à craindre !


Malgré son stress, Eliess gérait comme elle le pouvait, ses petites troupes d’Arbycande affaiblies par les assauts acharnés de l’ennemi et d’indépendants influencés.

Dans les hauteurs de Brasamical, un cavalier blanc ailé perça les nébulosités. Il tenait à la main une bannière en soie blanche dont la hampe jetait des éclats d’or et d’argent à la lumière d’un soleil levant. On devinait les blasons qui ornaient les surcots des cavaliers qui l’accompagnaient; celui de Naugrim, Naktaran, Kalistis, Misadir, Scillius,… Tous prêts à combattre. Une lumière aveuglante et déchaînée auréola la cité aérienne et la voix d’Angélion transperça son voile, ordonnant à ses disciples d’aller faire front à l’ennemi et de redoubler la cadence à l’infini.


" Puisse Scitopole être forte,
Puisse la vérité apparaître,
Que le courage soit de mise et que la vertu vous soit divine .
Que la lumière vous soit bénéfique ! "


Eliess s’apprêta à se hisser sur son destrier, quand son geste fut suspendu par la présence d’un papillon de nuit qui virevoltait devant ses yeux. Surprenante rencontre aux prémices de l’aurore. Instinctivement, elle l’emprisonna dans ses mains qu’elle rapprocha de son visage afin de lui glisser quelques mots chuchotés…

Le soleil a déjà brillé, si fort que j’en ai oublié les étoiles, si fort que mes paupières sont un peu brûlées. Et qu’adviendra- t-il tout à l’heure, quand j’ai peine à y croire, quand j’ai peine à vouloir d’un levé aux rayons inédits ? Au clair d’une lune qui disparaît, je t’ai pris dans mes filets, papillon d’éphémère, pour que tu me transportes un instant, plus loin. Tes ailes couvertes de poudre superficielle, je les ai touchées d’un peu trop près. Joli papillon, tu ne voleras plus à la tombée du jour et sur tes ailes ne reste qu’un rêve au ciel. Je crois encore aux lendemains lumineux, mais le soleil, lui, voudra-t-il encore de moi ? Combien de fois ai-je enterré son levé avant que sa chaleur réchauffe mon âme ?

Les étoiles, la nuit, c’est lui qui les fait naître indéfiniment,
dit le papillon dans un dernier frémissement d’aile,
Les lendemain lumineux il les allume, faut juste oser regarder.

Eliess posa le papillon à l’ombre d’une fleur et se perdit au loin dans la contemplation de l’horizon au-delà du porche des remparts de la cité.
Passée la nappe incandescente, les couleurs se voileront noyées dans les ténèbres et dans le mystère d’un avenir incertain. Bientôt ma main saisira d’autres vies !


Elle grimpa sur sa monture, empoigna les rênes et leva son bâton parée pour la guerre.
Ses troupes attendaient son signal.


Allons-y !

Hurla-t-elle en abaissant son bâton.
Ses troupes la suivirent pour se joindre à celles de ses compagnons d’armes et ils traversèrent les remparts de brume.


Dernière édition par le Jeu 16 Aoû 2007 - 23:52, édité 2 fois

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Dans les effluves de brumes matinales, émerge la cité d’Arbycande dans un relief vallonné et verdoyant. Une silhouette s’esquisse au bout d’un sentier. Son regard exprime une sorte de curiosité naturelle. Sa chevelure fauve encadre son visage signé par quelques marques, signant là les stigmates de combats meurtriers. Soigneusement, sa main ramasse des baies sauvages pour les ranger délicatement dans un panier de joncs …

Adolescente, Eliess rejoignit les rangs de la Garde Céleste de Brasamical au près d’Angelion, le Gardien, se joignant ainsi aux Protecteurs Impériaux puis devint Chevalier de l’honneur.
Elle prit part avec les chevaliers célestes à la libération de l’Impératrice Evalia au moment de l’invasion sanguinaire des Conquérants d’Outre-Mer. Peu après, Angelion réclama l’indépendance sans menace latente contre l’Empire. Eliess le suivit aveuglément dans son choix par adoration pour son gardien et sa vénération pour la Lumière Céleste. Elle fit la connaissance d’ Arianthe de Bise au Grand Banquet qui fut donné au Nid de l’Aiglon. Un lien d’amitié s’était tissé malgré les différents qui opposèrent leur province, une Scitopole tiraillée par les indépendantistes et les protecteurs de l’Empire. Qui ne rêverait pas d’une province unie, brandissant solennellement la bannière d’une fratrie épanouie dans l’immaculée lumière ?


Ame torturée par sa passion dévorante pour son ange de lumière et les épreuves du passé, la magicienne commençait à ressentir les effluves du chaos la ronger.
Elle quitta Brasamical pour se ressourcer sur les terres d’Ocral où les cendres de son père avaient été dispersées sur les cours de l’Ombre.


A son retour en Kalamai, la magicienne restait soucieuse d’un dangereux livre dérobé dans la Grande Bibliothèque de la Guilde du Mana. Elle avait gardé en mémoire son insolite rencontre avec cet orque Shaman, Gaur Onauhar et le raffut des miliciens, à la poursuite d’un individu encapuchonné qu’elle tenta de filer. Sous l’égide de Fardall, seigneur de Zirconie et chef de la Garde Divine, elle envoya ses armées sous le contrôle du général Zelide, pour prendre part à la Guerre de Purification, officiellement Troisième Croisade. Le seigneur Fardall fit alors jonction avec la Garde céleste de Brasamical pour créer l’Alliance de Lumière.

La jeune femme demeure toujours sous l’aile d’Angelion. Le temps a pris soin de sculpter sa féminité, sa pensée et à émanciper son esprit fantasque: elle tentera d’y remédier.

Elle se dirige vers un espace clos de toute part ; l’endroit, ressemble à une jungle de ronces et de chiendents qui aurait pris d’assaut les vestiges d’un ancien petit temple dont il ne reste que quelques pans de murs défigurés, témoignages d’un passé tumultueux. Un passage se dessine dans la végétation. Puis cachée, dans un petit clos, demeure une statue. La magicienne avance, s’immobilise devant et s’agenouille.

Nimburr, cher Nimburr…

Eliess délivre les fruits de son paniers pour les déposer à ses pieds.
Ce jardin rebelle avait été pour la jeune femme un refuge pour échapper aux esprits ténébreux qui jadis étaient venus hanter sa contrée d’Arbycande.


Elle ferme les yeux et sent le courant d’un suave fluide couler de ses mains. Ouvrant les yeux, elle se redresse et marche vers la statue, laissant la trace de ses pieds nus dans le liquide au parfum de métal.
Une voix puissante et mélodieuse s’élève.

Avant que le couchant ne s’éteigne, tu laveras ton visage dans l’Eau du puis là …

Les ronces et les chiendent qui ferment le clos s’écartent et Eliess avance, guidée par l’influence mystique , calme et sûre d’elle-même. Elle entre dans l’ombre d’un bois. Autour d’elle s’élèvent les colonnes d’hêtres. Au cœur de leur transept, sous les arceaux et les voûtes de leurs branches majestueuses, la lumière s’infuse, sublime. Le sol est nu, sans herbes ni mousses, imposant des reflets de terre de sienne et de bleu azure. L’air sent l’encens dans le bois silencieux, Cathédrale, mausolée, bibliothèque.
Elle avance vers la lumière éclatante à la lisière des arbres. Au-delà, s’étend un paysage arasé, plat, sans relief, nu. Au milieu, une allée où filtre une mince couche d’eau sur le sol de roches. Au bout de ce tracé de pierre et d’eau; le Puis, d’où montent des voix, des échos, des murmures. Lentement, elle y plonge ses mains et en inonde son visage.
L'air vibre et chante.


Voici le jour de ta naissance, prêtresse !

Magicienne de père à fille, Eliess est devenue Prêtresse, disciple de Nimburr. Un choix, une évidence, son destin , une façon de se protéger de l’Ombre trop sombre et surtout ceux qui la craignent.

Rendez-vous dans les méandres des nuages,
Labyrinthe de coton où les murs de lin
Tremblent ! Riant sous le châtiment divin,
Où vos âmes maculées errent et font naufrage.

Gardez-vous du Bouillon Céleste !


---------------------

Eliess est là, allongée, immobile contre le sol.

Seules ses pensées bataillent encore, l’enchaînement des événements récents stimule son esprit à l’inverse de la flamme de son être qui s’étouffe lentement. Pendant d’interminables minutes elle se confond entièrement avec le décor d’étendues sèches et désertiques de Célestite. Elle pensait que l’aura salutaire qu’elles prodiguaient aurait raison de son trépas, mais plus aucuns mouvements n’habitent son corps, la motivation l’a abandonnée.


*


Dans un jardin esseulé de Brasamical , elle errait. Un simple coup porté à sa chaire dans son dos, une lame, un inconnu, ironie. Le coup qui avait traversé ses reins l’avait sérieusement meurtrie, et machinalement elle s’était agrippée aux pierres du mur du jardiné, pour ne pas céder à l’étourdissement soudain.


- Qui es-tu ?

Elle avait tenté de se retourner pour le dévisager mais l’inconnu avait resserré l’étreinte de sa lame derrière elle.

Son cœur convulsait, mais elle avait prononcé ces mots d’un calme naturel. Elle aurait aimé avoir une réponse juste pour entendre le son de sa voix. Elle avait su qu’elle n’était plus maîtresse de son destin, d’ailleurs ce n’était pas elle qui tenait ces liens invisibles, ni libre de les couper ; elle allait passer dans un autre monde. Elle sentait la diffusion d’une substance étrangère dont l’écho de la brûlure résonnait jusque dans sa moelle.


- Tu me tues, mais qu’importe, la lune est belle ce soir, non ?

Son corps bascula. La douleur l’incita à s’allonger sur son flanc. Elle essaya de se maintenir dans un équilibre précaire, s’aidant de sa main opposée appuyée sur le sol, pour se redresser un peu.

- Tu te tais, alors respire l’odeur de mon sang maculé et agonise de son amertume !

Mais il avait déjà déguerpi, sans signature.


*


L’organisme se détache parfois des volontés, et la physique pure domine de ses forces exceptionnelles l’individu.
Dans ces moments où la douleur est tellement intense que la conscience croit ne plus ressentir aucune sensation, elle se leva et couru avec frénésie vers les écuries, dans sa robe du soir empourprée et sa peau blanchie par une fin annoncée.


Tel un mirage, une forme légère et fluide semble flotter sur sa monture qui vacille dans les nappes d’air de Célestite car c’est là qu’elle a choisi d’achever sa course.

Elle glissa sur sa sécheresse terrestre, inondée d’espoirs en tout genre et régurgite tout le sang qui s’est échappé de son parcourt inhabituel.
Chaque contraction de son abdomen dessine des traits de douleur de plus en plus prononcés sur son visage, ses nerfs vibrent.


Je me consume, tu me consumes.

Je sens une étrange musique qui me tourmente et me révèle et te révèle et me tournaille.

Nimburr, tu t’es glissé dans mes - moi. Tu m’auscultes encore dans le spasme de mes ultimes pensées, mais elles ne sont peut-être pas les dernières, elles sont notre secret.


Elle sent le poison œuvrer dans ses tissus et continu de murmurer sa prière, les dents serrées pour oublier la douleur mais la souffrance la ronge toujours plus vive.

Un voile glacé fini par s’échouer en elle, son esprit et sa matière sont apaisés. Elle ferme doucement les yeux. Elle inhale l’odeur de la terre imprégnée par la frêle moiteur de la nuit, calmement…

Elle rouvre les yeux. Encore une fois, elle contemple le ciel, elle ne comprend pas et ne cherche pas à savoir. Une valse astrale s’exécute lentement et rassemble les nébuleuses.

Une larme coule, la dernière, une pensée glisse sur sa joue pour s’achever sur un sol sec et ridé.


- Une larme à tous ces mortels qui s’échineront à survivre dans le futur.

Elle se confie à celui qu’elle veut rejoindre, elle se dépose à Nimburr.

Soumise, elle résiste malgré tout, pour profiter de ce cadeau d’une ballade sur la ligne d’un passage parallèle.

Sens éveillés, jouissance, elle profite de ces dernières arythmies. Le temps la presse, elle empoigne les sensations des arômes de l’ordre et de l’anarchie, cède et plonge. Sa robe est d’ombres soyeuses. Sa foi guide son envole et le Floue l’enrobe. Elle est bien dans la confusion de l’harmonie.


-Un au revoir à ce monde, son Empire, l’Empereur, un au revoir à l’Ange, un au revoir à mon ami !

Un vide s’installa en elle, toute son essence s’ évanouie dans l’organisme spectral.

descriptionEliess, Seigneur d'Arbycande EmptyRe: Eliess, Seigneur d'Arbycande

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