Eliess est là, allongée, immobile contre le sol.
Seules ses pensées bataillent encore, l’enchaînement des événements récents stimule son esprit à l’inverse de la flamme de son être qui s’étouffe lentement. Pendant d’interminables minutes elle se confond entièrement avec le décor d’étendues sèches et désertiques de Célestite . Elle pensait que l’aura salutaire qu’elles prodiguaient aurait raison de son trépas , mais plus aucuns mouvements n’habitent son corps, la motivation l’a abandonnée.
*
Dans un jardin esseulé de Brasamical ,elle errait. Un simple coup porté à sa chaire dans son dos , une lame , un inconnu … ironie . Le coup qui avait traversé ses reins l’avait sérieusement meurtrie , et machinalement elle s’était agrippée aux pierres du mur du jardiné , pour ne pas céder à l’étourdissement soudain .
-Qui es tu ?
Elle avait tenté de se retourner pour Le dévisager mais l’inconnu avait resserré l’étreinte de sa lame derrière elle .
Son cœur convulsait, mais elle avait prononcé ces mots d’un calme naturel. Elle aurait aimé avoir une réponse juste pour entendre le son d’une voix . Elle avait su qu’elle n’était plus maîtresse de son destin, d’ailleurs ce n’était pas elle qui tenait ces liens invisibles , ni libre de les couper ; elle allait passer dans un autre monde . Elle sentait la diffusion d’une substance étrangère dont l’écho de la brûlure résonnait jusque dans sa moelle .
-Tu me tues , mais qu’importe , la lune est belle ce soir , non ?
[i]Son corps bascula . La douleur l’incita à s’allonger sur son flan, elle essaya de se maintenir dans un équilibre précaire , s’aidant de sa main opposée appuyée sur le sol , pour se redresser un peu .
-Tu te tais , alors respire l’odeur de mon sang maculé et agonise de son amertume !
Mais Il avait déjà déguerpi, sans signature.
*
L’organisme se détache parfois des volontés, et la physique pure domine de ses forces exceptionnelles l’individu.
Dans ces moments où la douleur est tellement intense que la conscience croit ne plus ressentir aucune sensation, elle se leva et couru avec frénésie vers les écuries, dans sa robe du soir empourprée et sa peau blanchie par une fin annoncée .
Tel un mirage, une forme légère et fluide semble flotter sur sa monture qui vacille dans les nappes d’air de Célestite car c’est là qu’elle a choisi d’achever sa course.
Elle glissa sur sa sécheresse terrestre, inondée d’espoirs en tout genre.
*
Elle régurgite tout le sang qui s’est échappé de son parcourt inhabituel .
Chaque contraction de son abdomen dessine des traits de douleur de plus en plus prononcés sur son visage, ses nerfs vibrent .
Je me consume, tu me consumes .
Je sens une étrange musique qui me tourmente et me révèle et te révèle et me tournaille .
Nimburr tu t’es glissé dans mes moi .Tu m’ auscultes encore dans le spasme de mes ultimes pensées , mais elles ne sont peut être pas les dernières , elles sont notre secret.
Elle sent le poison œuvrer dans ses tissus et continu de murmurer sa prière les dents serrées pour oublier la douleur mais la souffrance la ronge toujours plus vive.
Un voile glacé fini par s’échouer en elle , son esprit et sa matière sont apaisés . Elle ferme doucement les yeux. Elle inhale l’odeur de la terre imprégnée par la frêle moiteur de la nuit , calmement…
Elle rouvre les yeux . Encore une fois elle contemple le ciel, elle ne comprend pas et ne cherche pas à savoir. Une valse astrale s’exécute lentement et rassemble les nébuleuses.
Une larme coule, la dernière , une pensée … glisse sur sa joue pour s’achever sur un sol sec et ridé.
- Une larme à tous ces mortels qui s’échineront à survivre dans le futur.
Elle se confie à celui qu’elle veut rejoindre , elle se dépose à Nimburr.
Soumise elle résiste malgré tout, par politesse, pour profiter de ce cadeau d’une ballade sur la ligne d’un passage parallèle.
Sens éveillés , jouissance , elle profite de ces dernières arythmies .le Temps la presse, elle empoigne la sensations des arômes de l’ordre et de l’anarchie , cède et plonge. Sa robe est d’ombres soyeuses . Sa foi guide son envole et le Floue l’enrobe . Elle est bien dans la confusion de l’harmonie .
-Un au revoir à ce monde , son Empire , l’ Empereur, Un au revoir à l’ Ange , un an revoir à mon Ami.
Un vide s’installa en elle, toute son essence s’évanouie dans l’organisme spectral.
Au milieu de rien