Salle de Torture...

Arrivés en Argostole, Vengrahim conduisit son « invité » dans l’un des nombreux endroits secrets de la Province. Le Seigneur était toujours assommé, tandis qu’on le transportait sans beaucoup de ménagement au centre même d’une petite salle humide et mal éclairée. Ligoté fermement, il était impossible pour lui de s’enfuir. Les divers instruments suspendus au mur, ainsi que l’atmosphère lugubre de la pièce donnait à celle-ci le nom qu’elle porte : « Salle de Torture »... Par évidence, deux hommes restèrent avec Vengrahim en attendant le réveil d’Arkannsis. Il avait quelques informations intéressantes, qu’il ne manquerait sans doute pas de dire au Conseillé de la Rose Noire après quelques heures de questions...

Arkannsis se réveilla brutalement, la sueur dégoulinant abondamment de son front chaud, il était attaché à une chaise. La salle était sombre et quelques silhouette se trouvait devant lui. Il ne pouvait savoir qui était ces personnes et doutait fort bien qu'il ne le sache de toute façon.

L'infernal se mit enfin à parler, chose que les enleveurs semblaient attendre depuis un long moment:

-Aie! quel mal de tête! lança Arkannsis.

Vengrahim reporta alors son attention sur l’Infernal. D’un pas lent il s’approcha de lui et le regarda attentivement. Commençant à tourner autour de lui, il dit calmement :

- Je suppose que vous n’ignorez pas la raison pour laquelle vous êtes présent en ces lieux, Seigneur... ou devrais-je plutôt vous donner un nom approprié ? Il sembla réfléchir un moment, continuant de marcher avec cet air de vautour qui lui allait si bien... Puis il reprit : « Traître » ne serait-il pas parfait ?

L’atmosphère devenait lourde alors que Vengrahim regardait fixement l’individu au centre de la pièce. C’était lui qui en général s’occupait de l’aveu des espions envoyés à la Rose Noire, il n’aurait donc sans doute aucun mal à le faire parler.

Arkannsis, toujours inconscient de ce qui lui arrivait, ne su que répondre. Après mûr réflexion il décida d'y aller pour une approche défensive. S'il les attaquaient immédiatement alors qu'il ne savait rien d'eux cela les enrageraient et il pourrait dire adieu à la vie.

-Je suis Arkannsis, appelé moi ainsi je vous pris. Et expliquer moi plutôt ce que vous tentez de me dire en affirmant que je suis un traitre. Et puis tout d'abord, qui es tu ?

Amusé, l’Humain répondit :

- Nous allons passer un accord, je pose les questions et vous répondez...

N’attendant nullement une réponse de sa part, il continua :

- Mais dites-moi… Il est étrange que vous ne vous considériez pas comme un traître alors que vous vous opposez à l’Empereur... Alors... Je vous laisse le bénéfice du doute !

Il prit une seconde chaise et la déposa face au Seigneur. S’installant dessus, il se pencha vers l’Infernal, reposant ses coudes sur ses genoux. Se concentrant à nouveau sur son interlocuteur, il reprit :

- Êtes-vous en mission secrète pour le Patriarche Enguerrand ?

Arkannsis, ligoté, n'aimait pas trop cette posture. Il décida avant tout de prendre les choses en mains.

- Tout d'abord, détachez-moi, je me sentirai peut-être plus à l'aise pour parler, et ensuite, dîtes-moi où je suis et qui vous êtes. Je n'ai rien à vous cacher, enfin pas pour l'instant. J'estime que, lorsque je saurais ce que je veux savoir, plus rien ne m'empêchera de vous répondre. Mais sachez-le, mon enlèvement ne restera pas mystérieux bien longtemps et je sais que votre temps est compté.

Je ne crois pas que ma mort vous apportera grand chose et ce que j'ai à vous dire pourrait vous intéresser grandement. Donc, offrez-moi ce que je vous demande et ensuite, je serais prêt à vous fournir les renseignements qu'il vous faut.

Arkannsis, toujours ligoté, tendait ses poignets vers le haut en signe d'appréhension.

Un sourire se dessina sur le visage de Vengrahim, il se demandait la raison pour laquelle l’Infernal se sentait en droit d’exiger quoi que ce soit.

- Sachez que votre mort m’apporterait beaucoup au contraire... Cependant, je crois bien que vous n’avez pas encore comprit votre situation... Je vais donc me montrer plus explicite...

L’Homme se leva et plaça un poignard sous la gorge du Seigneur. Ses deux confrères du Royaume de la Rose Noire s’approchèrent afin de parer les éventuels gestes de défense d’Arkannsis, lui tenant fermement les mains.

- Je me répète une dernière fois... Êtes-vous envoyé par l’Empereur ?

Sa patience atteignant ses limites, il espérait fortement pour lui qu’il lui répondrait...

Arkannsis, plutôt téméraire, n'était pas du genre à se laisser aller par des menaces ou du chantage. Ainsi, il garda son calme et esquissa même un sourire:

-Vous me faites bien rire. Je sais déjà tout de vous, et plus vous tarderez à me donner ce que je désire, moins vous n'aurez de chance d'avoir des réponses. Si vous me tuez, vous n'aurez pas eu les réponses que vous escomptiez recevoir. Maintenant, dites moi qui vous êtes, se sera un minimum si vous ne consentez pas à me laisser libre.

Arkannsis, loin d'être stupide, savait que s'il mourrait, nombre important de ses alliés en soufrerait, et même si Vengrahim ne connaissait pas ses réels intentions, il apprendrait tôt au tard son erreur.

Vengrahim sourit ironiquement à l’Infernal :

- Je suis l’Homme qui vous tuera si vous continuez votre sérénade... Si vous savez tout de moi vous savez également à qui vous avez à faire, donc le mieux pour vous est de me dire au plus vite ce que je souhaite savoir...

Il appliqua une légère pression à la lame qui transperça la peau, laissant couler un fin filet de sang.

- Mais puisque vous n’y êtes pas décidé, je vais vous laisser réfléchir... Une journée ou deux de famine feront certainement revenir votre générosité.

Il fit alors signe aux deux autres de le suivre, et se dirigea vers la porte.

Arkannsis le laissa partir mais ajouta tout juste avant qu'il ne sorte:

-Cela fait plus de 6 siècle que je suis sur cette terre, me laisser mourir de faim n'arrangera rien car vous n'aurez pas eu la réponse que vous désiriez, mes compatriotes viendront bientôt me cherche j'en suis convaincu, sans oublier que je suis un infernal, si tu me tue, je reviendrai sous une autre forme tout simplement et je n'en serrai que plus libre.

Répondez à mes questions je répondrai au votre.