Dorunn avait rapidement rejoint le quartier mal famé et s’était glissé dans l’antre de l’Ombre. Il avait prit le temps de se laver et de nettoyer sommairement son armure avant de faire son rapport au Spadassin, estimant qu’il se devait d’être présentable.

Le vampire frappa à la porte de la salle de réunion et entra lorsque la voix du Spadassin l’y autorisa. Adola y était installé en face d’un elfe élancé, apparemment plongé dans une discussion de première importance. Dorunn s’inclina devant le drow.
« Seigneur Dorunn, je suis heureux de voir que votre libération est un succès. Je vous présente…
- Oengus d’Héraldie, à moins que mes yeux ne me jouent des tours, lâcha Dorunn en s’inclinant respectueusement devant l’elfe. Un contrat pour une haute famille vampire m’avait mené sur vos terres, il y a bien des années. J’ignorais cependant vos liens avec l’Ombre.
Adola invita le vampire à commencer son rapport.
- J’ai été arrêté à la sortie de la cathédrale par une patrouille impériale, et accusé de haute trahison envers Sa Majesté Fardall et l’Empire. Durant mon séjour en geôles, je suis arrivé à la conclusion qu’il s’agissait d’un complot d’un de mes lieutenant pour s’emparer de mon domaine d’Edhesse, continua-t-il avec une pointe de colère dans la voix. Heureusement, les Ombres Eolia et Samia m’ont libéré cette nuit à bien des périls, dit-il en songeant à la claustrophobie de la gnome dans les couloirs étroits et inondés des égouts.
Dorunn marqua un temps d’arrêt.
- Spadassin, comment se sont terminés les évènements de la Cathédrale ? Le Pontife venait tout juste de se réveiller et vous étiez encore aux prises avec l’assassin lorsque je fus appréhendé. Je dois également vous demander si l’Ombre a besoin de moi rapidement, car il me tarde de retourner en Edhesse, régler une bonne fois pour toute mes affaires personnelles."

Alors qu'il s'apprêtait à répondre au Spadassin, un des membres de l'Ombre fit son entrée dans la salle, donnant son rapport. Lorsqu'il eut terminé, l'elfe fut le premier à répondre.

Sieur Ancalimon serait plus exact, Héraldie n'étant plus mon domaine et il fut renommé par son nouveau propriétaire. Concernant mes liens, il est tout à fait logique que vous n'en ayez pas eu connaissance...

Il jeta un regard vers Adola. Viens-je vraiment d'entendre qu'une agression à eu lieu contre le Pontife ? Voilà un important détail que vous ne m'avez pas cité, j'espère que vous avez de quoi enfermer les responsables à Ocien-Parlat dans les plus brefs délai et ce quel que ce soit leurs rangs. Combien de temps depuis les événements ?

L'ancien spadassin avait bien l'intention de se mêler activement à l'empire dans un court délai et les effets en serait surement visible, il n'était plus aussi pacifiste qu'il l'était à l'époque, les années en mer et au près d'autres peuples avait visiblement changé sa force de caractère et sa vision des choses.

Seigneur Dorunn, votre royaume et votre réputation prévaut, je vous suggère de retourner dans l'heure en Édhesse avant que la garde impériale ne cherche trop à vous reprendre dans ses geôles. Et si des membres du corpus ont participé à votre évasion, pourquoi ne pas leurs offrir de prendre la route avec vous pour participer au nettoyage de votre intendance...

Le prétendant jeta un oeil au Spadassin, ne sachant si il devait suivre les conseils qu'il venait de recevoir. Oengus quant à lui termina repas et boisson, replaçant à sa ceinture la dague qu'il avait posé sur la table. Il partirait également dès qu'Adola aurait répondu à ses dernières questions.

Dorunn prit l’insigne que lui tendit le Spadassin et s’inclina en le remerciant, à la fois pour sa promotion et pour l’étonnante disparition de son dossier. Il salua respectueusement les deux hommes et prit congé. Il se rendit à nouveau dans ses quartiers et finit de faire son paquetage. Il avait décidé de mettre de côté ses préoccupations concernant l’avenir proche de l’Empire pour quelques jours. Une fois ses affaires réglées à Ombresang, il pourrait s’y consacrer entièrement. Le vampire accrocha donc ses affaires à la selle de son destrier noir et partit pour l’Edhesse.

La vampire rentra dans la grande salle, rien n'avait changé depuis la dernière fois où elle s’était assise ici, non rien à part qu'elle avait perdue de vue Samia, son équipière et amie.  Elle soupira, posant son verre de cristal remplie de sang sur la massive table de bois. 

Elle retira la dague qu'elle avait à la ceinture et la posa elle aussi sur la table, sous armure de cuir noir usé gemit sous ses mouvements. Eolia se replongea dans ses souvenirs eclatés, elle essayée de se souvenir de la politique de Kalamai, des differentes factions en place, des personnes qui les animées. Elle entra peu à peu dans une torpeur vampirique en revoyant, Adola, Samia. Seule le crépitement des torches troublait le repos de ce lieu. 
La comtesse de Trisavana, martriarche des ombres ferma les yeux et attendit que quelqu'un vienne la tirer de sa torpeur.

Samia franchit le seuil de la grande salle.

Elle ne remarqua pas immédiatement la silhouette familière assise à la table. Les yeux rivés sur le sol, elle peinait à marcher, son visage crispé par la douleur. Quand elle réalisa enfin qu'elle n'était pas seule, elle ne se trouvait plus qu'à quelques pas de sa coéquipière. Eolia ne semblait pas la voir, plongée dans une sorte de transe. Rien de trop inquiétant pour une vampire. Arrivée à la hauteur de son amie, Samia avança une main tremblante et lui frôla le bras. Ses lèvres remuèrent silencieusement, formant dans un souffle le nom de la comtesse. Puis la gnome s'écroula, inerte.

Sa jambe blessée se remit à saigner quand elle percuta violemment le sol, formant peu à peu une flaque sombre autour d'elle.

Samia respirait à peine.

La comtesse ouvrit les yeux quand la gnome la frôla de ses yeux, la brume dans laquelle elle était plongeait se dissipa et elle reprit ses esprits. 

Elle tourna la tête puis baissa les yeux sur Samia, qui était au sol, inerte. Elle se leva vivement de sa chaise puis s'agenouilla auprès d'elle. 

Sa jambe saignait abondamment et l'odeur du sang aiguisa l’appétit de la comtesse qui se retint de plonger ses crocs dans la plaie. Elle souffla un bon coup puis elle passa ses bras sous son amie et la porta jusqu’à sa chambre. La gnome était presque aussi pale qu'elle et respirait faiblement. Elle l'installa sur son lit puis la déshabilla entièrement, une vilaine entaille courait au travers de sa petite jambe et plusieurs coups contusionnés son corps.

La vampire trempa un linge dans un peu d'eau et vint nettoyer la plaie avant de faire un garrot sommaire. La comtesse fit plusieurs aller retour entre sa chambre et la salle de soin de l'ordre . La gnome délirait doucement, Eolia s'appliqua à poser un onguent  salvateur sur la plaie pour éviter qu'elle ne s'infecte et pour que le sang s’arrête de couler. Elle ne savait pas recoudre les plaies et malheureusement la cicatrisation ne serait pas très belle. 

Elle tira une couverture sur Samia, posa un baiser sur ses petites lèvres, remit du bois dans la cheminée et tira une chaise pour s’assoire prés d'elle.

Samia passa les trois prochains jours alitée. Elle ne comprenait pas ce qui se passait autour d'elle, ne reconnaissait ni les lieux, ni son amie. Sa fièvre l'empêchait de raisonnait correctement, l'entraînant dans un monde où le rêve et la réalité se mêlaient, s'entortillant pour ne former qu'un tout confus, totalement dépourvu de sens.

Au matin du quatrième jour, lorsque la gnome ouvrit les yeux, son regard semblait enfin accrocher le réel. Elle fixa d'abord le plafond, tourna doucement la tête et se redressa maladroitement en comprenant qui était assise à ses côtés pour la veiller.

- …olia. Eolia, appela-t-elle de sa voix cassée.

L'effort la fit tousser et elle retomba dans ses coussins. Elle ferma les yeux un instant savourant son retour parmi les Ombres, puis les rouvrit et adressa un petit sourire à la vampire.

La vampire bondit à genoux aux côtés de Samia quand cette dernière l'appela, elle lui prit la main et lui sourit, puis elle posa sa main sur le front de la gnome, la température était tombée.

-Tu as delirée pendant 3 jours, mais ta température à chutée, j'ai soignée ta jambe, mais tu aura un souvenir à vie.

La comtesse prit un verre d'eau et le tendit à son amie en l'aidant à s’asseoir. Elle s'assit sur sa chaise et regarda la gnome, elle lui avait manquée plus que n'importe qui d'autre et elle n'avait pas ressenti tel sentiment depuis sa mentor, Luciole. Elle se leva et passa derriere le paravent.

-Si tu as faim dis le moi, j'irai chercher à manger, elle posa sa combinaison sur le bord haut du paravent, il n'y a plus que nous ici, tu sais .

Elle ressorti de derrière le paravent vêtue d'une robe noire, qu'un corset rouge sang rehaussé. Elle s'approcha de nouveau de Samia en lui souriant.

Il fallut deux jours de plus à la gnome pour pouvoir se lever et un jour encore pour tenir debout sans aide.

Eolia et elle passèrent leur temps à discuter, s'informant mutuellement de leurs périples solitaires. Elles s'étaient perdues de vue au retour d'une aventure dans les montagnes, séparées par un éboulement. Samia avait regagné la ville à grandes peines. Sa route avait croisée celles de voleurs plutôt sympathiques, de marchants méfiants, de voyageurs agressifs et de tout un tas de problèmes. Manger, dormir et se savoir entre de bonnes mains l'aida à reprendre des forces. La joie regagna ses traits en même temps qu'elle reprenait des couleurs.

Un matin, Samia fut prête à partir.