Ô joie ! Ô Dieux ! Que la vengeance est douce, délectable à souhait ! A ce jour, les clochettes tintent de partout. Elles sonnent, elles sonnent, avec certain cynisme la victoire sur l'ennemie et ses fameux dragons sujets à sa fierté, qui avaient ravagé moult et moult terres et surtout forgé une solide réputation dans les contrées de Kalamai.
La lutte contre l'impitoyable bête s'est achevée, elle s'incline bouche béante devant l'éclat de sa défaite.
Aujourd'hui, se révèle une autre apparence, moins terne, plus colorée, plus heureuse aussi pour le Seigneur aborant désormais une cape rouge ocre, du sang de son alter égo. Les muscles jouent sous la peau albe, réveillant des plaisirs endormis.
Le corps presque cadavérique de l'Elfe en avait presque oublié les petits bonheurs de l’existence, il s’enivre de sentir à nouveau la morsure du soleil au milieu des corps décharnés sur le sol.
L'objectif, l'unique objectif atifé d'un plan machiavélique est accompli.
Ainsi se souvenait-il. L’araignée, sa pire amie, devenue sa meilleur ennemie, immonde femelle sans coeur, sans honneur, de ses fils tissés petit à petit, avait à son insu entrelacé les ramifications de la perfidie, dissimulées sous de faux airs hypocrites. Par le charme vénéneux de ses mots calculés, il s'était laissé envoûté et alors le royaume subissant les conséquences en fut éternellement tourmenté.
L'attaque répugnante et victorieuse rageusement décidée contre lui, suivant suite à de multiples défaites cinglantes - et dont il n'était responsable de s'être seulement défendu - , et mené sur plusieurs fronts par les larbins, incestueux par leur complicité de basse oeuvre, fut dévastatrice. Affligé, meurtri, agonisant, telle avait été sa peine durant des jours.
Le Seigneur outragé, perdu dans les tourbillons d'une rage époustouflante avait alors troqué sa déchéance et la perte de ses idéaux pour la voir se dissoudre à jamais, prêt à tout pour la voir disparaître aussi bien que son univers dépravé, saccagé puis détruit.
Face à la trahison ultime justifiée par un souverain mépris qu'un barbare même eut été en peine d'afficher, le temps du pardon sans réponse s'en trouva plus que révolu. Ainsi afficha t-il la clémence de façade. Et trop de clémence à l’autre offert, doucereusement mimée, donna l’éphémère impression du jouissif triomphe tant escompté.
L’abomination, de ses certitudes malignes se leurra de son silence étrangement long, bien trop serein, sans faille : prémice au génocide annoncé. L'ennemi à terre, n'avait rien vu de son coups mortel. Ce dernier coups de semonce, qui avait frappé comme le coups de grâce final et provoquer son départ.
Trêve de cauchemars embrumés. Sa vie de ressentiment et de soif de revanche n’est plus, elle s’est enfuie quand l'ultime bataille tant de fois rêvée en a emporté le premier vestige dès son entame.
La brume se liquéfie, la brumeuse scélérate s'évapore dans son esprit. Les branches du passé se défont tour à tour tandis que s'ouvre l’avenir libéré de cette haine malheureusement née de sentiments bienveillants. Encore et toujours la Passion, encore et toujours l'amour.
Est-ce une faute de faire confiance, de trop aimer ? Faute de réponse, l'être déchu rit. Le monde cascade en perles de joie autour de lui, plus rien n'a le pouvoir de le fâcher. Oui, il rit, encore, toujours, inlassablement.
Cela fait si longtemps qu'il n'a su faire jouer de ces notes si... lugubrement soyeuses qui se déversent de sa bouche. La vengeance et la victoire sur l'infamante et l'infamie de son crime, sacrifiant par là même l'amitié et l'honneur à l'autel de l' orgueil et de son ambition démesurée, lui avait rendu son humanité.
A nouveau son visage se défigure d'expressions, à nouveau ses yeux étincelent d'émotions.
La vie peut reprendre. Il lui fallait à présent renouer avec les délices de la naïveté, de la confiance et de l'estime pour autrui.