Une auberge, presque comme toutes les autres, perdue au milieu de la campagne. Tenue par un homme un peu ventripotent, au visage bourru mais au sourire chaleureux, et sa femme toujours joyeuse, elle était propre et bien rangée. L'odeur n'était pas comme dans la majorité des auberge ; ici, on ne sentait pas l'odeur âcre de la sueur et de la bière mélangées, mais celle de l'agneau en train de rôtir dans la cuisine et du feu de bois qui dansait dans la cheminée. Les tenants de l'auberge aimaient leur métier, et cela se voyait.
Un homme, vêtu d'une cape sombre qui cachait le visage, se tenait près de celle-ci. Sa capuche, rejetée en arrière, laissait apparaître le visage fin et les oreilles pointues si caractéristiques des elfes. Ses cheveux, blond, dansaient librement sur ses épaules. Ses mains, fines, tenaient un verre de vin.
Il bavardait avec les aubergistes, étant le seul client de l'auberge. Ou plutôt, écoutait la femme parler avec un léger sourire, car celle-ci entretenait la conversation à elle-seule. Mais un observateur aguerri aurait pu remarquer la légère tension qui contractait ses muscles, la façon dont ses yeux cherchait constamment ses armes près de sa table.
Il était tard. Le voyageur prit congé des aubergistes en les remerciant de la soirée passée en leur compagnie. Ceux-ci, souriants, lui souhaitèrent bonne nuit avant de partir ranger ce qu'il restait. L'homme monta les escaliers avec tout son équipement, puis se dirigea vers sa chambre.
Soudain, malgré la fatigue, ses sens affutés par sa vie de rodeur - car c'était ce que cet elfe était, malgré ses manières polies et son apparence plutôt frêle - perçurent un léger mouvement par la fenêtre située au bout du couloir. Aussitôt, il plongea vers le sol, ce qui lui sauva la vie. La vitre vola en éclat et un sifflement bref se fit entendre, avant un bruit sourd quand la flèche se planta dans le mur derrière lui. Parfaitement réveillé, il sorti son arc, le banda et tira à son tour. Un râle se fit entendre, puis un choc violent retentit lorsque l'assassin tomba vers le sol. Le rodeur bondit dans l'escalier. Trois hommes masqués l'attendaient en bas.
Rangeant son arc, l'elfe s'approcha des trois hommes en dégainant son cimeterre. Les assassins, pour leur part, sortirent des dagues, puis attaquèrent tous ensemble. L'elfe se dégagea brusquement puis courut vers la sortie ; en espace confiné, comme la salle de l'auberge, il avait d'instinct compris qu'il n'avait aucune chance. Les assassin durent le comprendre également, car ils lui bloquèrent la route. Repoussant un assassin avec une feinte que son adversaire esquiva sans peine, il remonta l'escalier, suivit de près par les hommes. Arrivant en haut du palier, il tourna rapidement pour se diriger vers la fenêtre brisée. Il bondit à travers celle-ci, avant de comprendre qu'il avait fait une erreur : en l'air, son agilité ne lui servirait à rien. Il en eut la confirmation lorsqu'un poignard lui transperça le bras gauche. Le sang s'écoulant de sa blessure, il atterrit lourdement sur le sol. Sa tête lui jouait des tours, mais il ne pouvait rester planter là. Il se précipita vers les bois, situés à quelque distance de l'auberge.
"Si j'y parviens, je pourrait les semer sans soucis.", pensa-t-il.
Il n'y arriva pas. Les assassins allaient le rattraper, et il était décidé à vendre chèrement sa peau, quand une troupe de soldat arriva. Les assassins hésitèrent, jetèrent un coup d'œil vers leur cible puis s'enfuirent sans demander leur reste. Le rodeur tourna la tête vers les soldats, et vit derrière eux les aubergistes, rouges et essoufflés d'avoir couru.
Il tenta de leur dire : "Je le savais. Je savais que je pouvais vous faire confiance."
Mais il n'y parvint pas. L'adrénaline quittant ses veines, la douleur lui revint, plus forte que jamais. Il perdit connaissance et s'écroula dans la terre.
Il se réveilla deux jours plus tard, dans l'auberge. La femme de l'aubergiste dormait, assise sur une chaise : elle l'avait visiblement veillée de longues heures. Il tenta de sourire, mais la douleur fit que ce sourire se transforma en grimace. La porte était gardée par deux soldats, et il pensa que d'autres devaient se trouver un peu partout dans le bâtiment. Une femme entra à ce moment-là, et dit, réveillant l'aubergiste :
"- Vous êtes réveillé ! J'ai eu peur pour vous. Non, ne bougez pas ! s'écria-t-elle en le voyant tenter de se relever. Vous avez perdu beaucoup de sang, et la blessure risque de se rouvrir si vous forcez trop."
L'elfe resta donc couché.
"- Qui êtes-vous ? demanda-t-il.
- Une simple femme qui s'y connait un peu en plante, pour avoir étudié auprès d'un druide de passage qui ne voulait pas que son savoir soit perdu. Bien mal m'en a pris, je suis maintenant la guérisseuse désignée du village ! répondit-elle en riant."
L'elfe sourit.
"- Et heureusement ! Sans vous, je crois que j'aurais rejoint ma famille dans l'Autre Monde...
- Ce n'est pas moi qu'il faut remercier. Bien que votre blessure soit grave, elle n'était pas mortelle. C'est plutôt ces braves gens qu'il faut remercier. fit-elle en désignant l'aubergiste. Sans eux, ces assassins vous auraient haché menu, et je n'aurais rien pu faire."
Le rodeur hocha la tête, puis se tourna vers l'aubergiste :
"- Madame, je suis votre obligé. Grâce à vous, je peux encore passer quelques jours dans ce monde.
- Voyons, c'est tout à fait normal. N'importe qui aurait fait de même ! protesta-t-elle.
- Vous seriez étonné du nombre de personnes qui sont restées cachées en attendant que cela passe... J'espère pouvoir compter parmi vos amis, désormais."
Le visage de la femme s'éclaira. Soudain, elle prit un air mystérieux.
"- Les amis, c'est bien, mais les amis dont on connait le nom, c'est mieux..."
L'elfe éclata de rire.
"Vous avez raison. Je me nomme Agreian. Il regarda autour de lui. Je crains de n'être un piètre ami, mais il va sûrement envoyer d'autres assassins à ma poursuite. Je ne peux rester bien longtemps parmi vous sous peine de vous mettre en danger."
L'aubergiste se pencha avidement en avant.
"Mais qui ? Qui vous en veut donc à ce point ?"
Agreian sembla gêné. Il hésita, puis dit :
"L'homme dont j'ai tué le fils. Un comte d'Outre-Mer. Vassal d'un des plus grands Seigneur, il n'a pas digéré la victoire de l'Empire et dirige un groupe de rebelle très important, terrifiant les populations locales. C'est lui que je cherchais à atteindre, mais son fils s'est interposé au moment où ma flèche est partie. Depuis, il me pourchasse inlassablement..."
Sa voix se réduisait au fur et à mesure de son histoire. La guérisseuse ordonna à tout le monde de le laisser tranquille pour récupérer un peu.
Le lendemain, il était parti, laissant une lettre de remerciement sur sa table de chevet.
Dernière édition par Agreian le Lun 12 Avr 2010 - 21:29, édité 2 fois
Un homme, vêtu d'une cape sombre qui cachait le visage, se tenait près de celle-ci. Sa capuche, rejetée en arrière, laissait apparaître le visage fin et les oreilles pointues si caractéristiques des elfes. Ses cheveux, blond, dansaient librement sur ses épaules. Ses mains, fines, tenaient un verre de vin.
Il bavardait avec les aubergistes, étant le seul client de l'auberge. Ou plutôt, écoutait la femme parler avec un léger sourire, car celle-ci entretenait la conversation à elle-seule. Mais un observateur aguerri aurait pu remarquer la légère tension qui contractait ses muscles, la façon dont ses yeux cherchait constamment ses armes près de sa table.
Il était tard. Le voyageur prit congé des aubergistes en les remerciant de la soirée passée en leur compagnie. Ceux-ci, souriants, lui souhaitèrent bonne nuit avant de partir ranger ce qu'il restait. L'homme monta les escaliers avec tout son équipement, puis se dirigea vers sa chambre.
Soudain, malgré la fatigue, ses sens affutés par sa vie de rodeur - car c'était ce que cet elfe était, malgré ses manières polies et son apparence plutôt frêle - perçurent un léger mouvement par la fenêtre située au bout du couloir. Aussitôt, il plongea vers le sol, ce qui lui sauva la vie. La vitre vola en éclat et un sifflement bref se fit entendre, avant un bruit sourd quand la flèche se planta dans le mur derrière lui. Parfaitement réveillé, il sorti son arc, le banda et tira à son tour. Un râle se fit entendre, puis un choc violent retentit lorsque l'assassin tomba vers le sol. Le rodeur bondit dans l'escalier. Trois hommes masqués l'attendaient en bas.
Rangeant son arc, l'elfe s'approcha des trois hommes en dégainant son cimeterre. Les assassins, pour leur part, sortirent des dagues, puis attaquèrent tous ensemble. L'elfe se dégagea brusquement puis courut vers la sortie ; en espace confiné, comme la salle de l'auberge, il avait d'instinct compris qu'il n'avait aucune chance. Les assassin durent le comprendre également, car ils lui bloquèrent la route. Repoussant un assassin avec une feinte que son adversaire esquiva sans peine, il remonta l'escalier, suivit de près par les hommes. Arrivant en haut du palier, il tourna rapidement pour se diriger vers la fenêtre brisée. Il bondit à travers celle-ci, avant de comprendre qu'il avait fait une erreur : en l'air, son agilité ne lui servirait à rien. Il en eut la confirmation lorsqu'un poignard lui transperça le bras gauche. Le sang s'écoulant de sa blessure, il atterrit lourdement sur le sol. Sa tête lui jouait des tours, mais il ne pouvait rester planter là. Il se précipita vers les bois, situés à quelque distance de l'auberge.
"Si j'y parviens, je pourrait les semer sans soucis.", pensa-t-il.
Il n'y arriva pas. Les assassins allaient le rattraper, et il était décidé à vendre chèrement sa peau, quand une troupe de soldat arriva. Les assassins hésitèrent, jetèrent un coup d'œil vers leur cible puis s'enfuirent sans demander leur reste. Le rodeur tourna la tête vers les soldats, et vit derrière eux les aubergistes, rouges et essoufflés d'avoir couru.
Il tenta de leur dire : "Je le savais. Je savais que je pouvais vous faire confiance."
Mais il n'y parvint pas. L'adrénaline quittant ses veines, la douleur lui revint, plus forte que jamais. Il perdit connaissance et s'écroula dans la terre.
Il se réveilla deux jours plus tard, dans l'auberge. La femme de l'aubergiste dormait, assise sur une chaise : elle l'avait visiblement veillée de longues heures. Il tenta de sourire, mais la douleur fit que ce sourire se transforma en grimace. La porte était gardée par deux soldats, et il pensa que d'autres devaient se trouver un peu partout dans le bâtiment. Une femme entra à ce moment-là, et dit, réveillant l'aubergiste :
"- Vous êtes réveillé ! J'ai eu peur pour vous. Non, ne bougez pas ! s'écria-t-elle en le voyant tenter de se relever. Vous avez perdu beaucoup de sang, et la blessure risque de se rouvrir si vous forcez trop."
L'elfe resta donc couché.
"- Qui êtes-vous ? demanda-t-il.
- Une simple femme qui s'y connait un peu en plante, pour avoir étudié auprès d'un druide de passage qui ne voulait pas que son savoir soit perdu. Bien mal m'en a pris, je suis maintenant la guérisseuse désignée du village ! répondit-elle en riant."
L'elfe sourit.
"- Et heureusement ! Sans vous, je crois que j'aurais rejoint ma famille dans l'Autre Monde...
- Ce n'est pas moi qu'il faut remercier. Bien que votre blessure soit grave, elle n'était pas mortelle. C'est plutôt ces braves gens qu'il faut remercier. fit-elle en désignant l'aubergiste. Sans eux, ces assassins vous auraient haché menu, et je n'aurais rien pu faire."
Le rodeur hocha la tête, puis se tourna vers l'aubergiste :
"- Madame, je suis votre obligé. Grâce à vous, je peux encore passer quelques jours dans ce monde.
- Voyons, c'est tout à fait normal. N'importe qui aurait fait de même ! protesta-t-elle.
- Vous seriez étonné du nombre de personnes qui sont restées cachées en attendant que cela passe... J'espère pouvoir compter parmi vos amis, désormais."
Le visage de la femme s'éclaira. Soudain, elle prit un air mystérieux.
"- Les amis, c'est bien, mais les amis dont on connait le nom, c'est mieux..."
L'elfe éclata de rire.
"Vous avez raison. Je me nomme Agreian. Il regarda autour de lui. Je crains de n'être un piètre ami, mais il va sûrement envoyer d'autres assassins à ma poursuite. Je ne peux rester bien longtemps parmi vous sous peine de vous mettre en danger."
L'aubergiste se pencha avidement en avant.
"Mais qui ? Qui vous en veut donc à ce point ?"
Agreian sembla gêné. Il hésita, puis dit :
"L'homme dont j'ai tué le fils. Un comte d'Outre-Mer. Vassal d'un des plus grands Seigneur, il n'a pas digéré la victoire de l'Empire et dirige un groupe de rebelle très important, terrifiant les populations locales. C'est lui que je cherchais à atteindre, mais son fils s'est interposé au moment où ma flèche est partie. Depuis, il me pourchasse inlassablement..."
Sa voix se réduisait au fur et à mesure de son histoire. La guérisseuse ordonna à tout le monde de le laisser tranquille pour récupérer un peu.
Le lendemain, il était parti, laissant une lettre de remerciement sur sa table de chevet.
Dernière édition par Agreian le Lun 12 Avr 2010 - 21:29, édité 2 fois