Le crépuscule s'abat sur Kalamaï et, avec ce-dernier, la pénombre qui est la porte ouverte sur le monde à tous les esprits les plus malsains envahit les rues et ruelles de Naskagra. Ce soir, aucun rire d'enfant jouant tardivement dans la poussière ne retentit, aucun cri d'un quelconque oiseau dérangé pendant son sommeil par un chien aventureux et alléché par l'odeur de viande du volatile.
Ici et là, dans l'atroce silence, lourd et déprimant, retentissent des quintes de toux déchirantes, le plus souvent suivies d'un long râle sifflant, seul signe de la douleur aigüe et impitoyable qui hantait chaque homme et chaque femme du hameau depuis plusieurs jours maintenant.
Bien que la lisière des sous-bois ne soit pas à plus d'une centaine de toise de là, aucun animal ne se risquait à sortir de son abri... bien au contraire, tous se terraient aussi profond que possible dans leur terrier, fermaient les yeux de peur d'apercevoir quoi que ce soit qui puisse leur couter la vie.
Et n'importe quel humain aurait comprit cela. Sans membre de la communauté en état de se déplacer, les paysans morts au cours des derniers jours pourrissaient et se décomposaient dans leurs demeures, embaumant l'air tout autour du village d'une odeur doucereuse et répugnante.
Les troupes de quarantaine qui cernaient le village une semaine auparavant avaient quitté les lieux, pensaient les habitants, sur ordonnance du Palatin. Les soldats, avait-on raconté aux paysans, devaient à présent combattre dans le sud de la province contre une horde de barbares issus d'un autre monde et qui avait débarqué sur les côtes de l'Empire sans qu'on n'aie la moindre idée de leur provenance.
Mais si l'on devait demander aux soldats concernés la raison de leur désertion, il seraient bien en mal de répondre, méconnaissables, défigurés qu'ils étaient dans leurs amures cabossées et sanguinolentes. Leurs corps croupissaient dans les hautes herbes entourant le hameau et participaient, eux aussi, à cette odeur entêtante de pourriture.
Ici et là, dans l'atroce silence, lourd et déprimant, retentissent des quintes de toux déchirantes, le plus souvent suivies d'un long râle sifflant, seul signe de la douleur aigüe et impitoyable qui hantait chaque homme et chaque femme du hameau depuis plusieurs jours maintenant.
Bien que la lisière des sous-bois ne soit pas à plus d'une centaine de toise de là, aucun animal ne se risquait à sortir de son abri... bien au contraire, tous se terraient aussi profond que possible dans leur terrier, fermaient les yeux de peur d'apercevoir quoi que ce soit qui puisse leur couter la vie.
Et n'importe quel humain aurait comprit cela. Sans membre de la communauté en état de se déplacer, les paysans morts au cours des derniers jours pourrissaient et se décomposaient dans leurs demeures, embaumant l'air tout autour du village d'une odeur doucereuse et répugnante.
Les troupes de quarantaine qui cernaient le village une semaine auparavant avaient quitté les lieux, pensaient les habitants, sur ordonnance du Palatin. Les soldats, avait-on raconté aux paysans, devaient à présent combattre dans le sud de la province contre une horde de barbares issus d'un autre monde et qui avait débarqué sur les côtes de l'Empire sans qu'on n'aie la moindre idée de leur provenance.
Mais si l'on devait demander aux soldats concernés la raison de leur désertion, il seraient bien en mal de répondre, méconnaissables, défigurés qu'ils étaient dans leurs amures cabossées et sanguinolentes. Leurs corps croupissaient dans les hautes herbes entourant le hameau et participaient, eux aussi, à cette odeur entêtante de pourriture.