Description.
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Griseaux... Modeste, singulier, indépendant... Tels étaient les mots qui venaient de prime abord à l'esprit des manants quand ils venaient à parcourir la bourgade malgré qu'elle ait cette chance immense de cotoyer la capitale, à seulement quelques heures de marches. Et pourtant les Natifs qui y menaient leur vie dans les parages, refusaient obstinément de subir le joug et la culture de la ville, et de ses bruits ambulants, de son commerce débridée et de son identité sale et corrompue par sa modernisation insensée et de ses citoyens dévergondés.
L'air qu'on y respirait embaumait autre chose, un passé spirituel, infime et romantique, qui loin de s'effacer, avait prise sur les environs. On était au coeur même de la tradition outre-merrienne, celle d'avant la révolte contre l'Empire, celle d'avant la gouvernance du Vice-Roi Taleonor. On se sentait comme dans la campagne profonde malgré toutes les grandes villes qui encerclaient le hameau de toute part. Dans cette petite localité, on cultivait la terre sacrée, priait l'Unique avec ardeur, rendait hommage aux ancêtres et à chaque soir à l'air libre, les gens au milieu de la plaine dansaient pieds nues et voluptueusement dans un cercle de pierre où tout le monde se rassemblait. Ce bourg était aussi renommé pour receler de nombreuses personnes dotés de pouvoirs extraordinaires et malheureusement tout autant soupçonné de cacher en son sein de nombreux adeptes de la nécromancie. La tolérance était une exigence ici, aucune race, aucune nature ne serait rejeté, chacun pourrait venir s'y installer si ses intentions étaient ceux de la quiétude et de la paix.
Griseaux était en même temps une ouverture sur l'extérieur, charriant voyageurs et vendeurs ambulants, qui venaient jours et nuits traverser et loger dans ce joli trou pour rejoindre la capitale au nord, ou vice versa. Bien sûr ils étaient étroitement surveillés, et s'ils s'avisaient de tomber dans la déliquescence, la mort ne guettait pas loin. De nombreuses histoires lugubres faisaient état de disparitions étrange suite aux frasques d'individus complètement saouls qui avaient essayé de jouer un peu avec les damoiselles. Depuis, nul n'osait prendre le risque d'offusquer les villageois, lugubres et suspicieux face aux étrangers pour la pluspart, évitant de pisser de travers.
Le village longeait la Sylve de D'Alnaïs avec son amas désordonné de maisons de divers matériaux. A l'une de ses extrémités se trouvait ce que l'on pourrait appeler le "quartier commerçant", lieu ou se regroupait les différentes boutiques, ainsi que le temple de Synodar, diamétralement opposé d'un point de vue géographique à l'Auberge de la Belle Emeraude, unique établissement où les habitants pouvaient et aimaient à se réunir autour d'un copieux repas et d'une bonne chopine.
Aussi, il avait été érigé dans la minuscule place centrale, une vieille fontaine de pierre, dont les gueules de trois licornes de pierres, animaux fantastiques symboles de l'Outre-Mer, crachaient sans fin ni cesse une eau de source relativement propre. Il n'y avait qu'une seule batîsse riche, un manoir à une heure de marche du village, mais elle demeurait principalement ignorée par les habitants, sauf par les jeunes gens en quête de sensation fortes.
Ainsi, Griseaux se pliait évidemment à l'autorité de la Nation, bien qu'en traînant souvent les pieds, mais fonctionnait principalement en autarcie économiquement, produisant ce qu'il fallait pour vivre à ses habitants, et, point important, contribuant à fournir les commerçants en nourriture et fournitures des plus variées. Le troc était plus d'usage que la monnaie en ces lieux.
Différents pôles de production faisaient office au village : Bon nombre de paysans cultivaient des terres, tout aussi nombreux à gérer des troupeaux de bovidés, qui remettaient grassement viandes et laitages. Les rares enfants qu'on pouvait apercevoir emmenaient les moutons dans les plaines alentours, et ces animaux permettaient alors la création de vêtements variés, une fois rasés jusqu'au dernier poil. Le cuir relevé de son côté dans la forêt permettait souvent de créer des équipements, ensuite utilisés pour les machines-outils. Chaque corps de métier trouvait une manière d'exister relativement autonome, permettant au village de créer une grande partie de ce qui était nécessaire à la vie de tous les jours, le reste étant importés et stocké dans de grands bâtiments du village.
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Hanna tentait de comprendre un passage difficile. Les inscriptions du grimoire n’étaient pas toujours très lisibles, certaines pages commençaient même à s’effacer depuis le temps. Après tout, elle héritait d’un ouvrage qui avait appartenu à quatre générations outremerrienne avant elle et dans les parages l’air n’était pas des plus doux pour de si précieux documents. Tout en lisant, elle entortilla ses doigts dans ses cheveux noirs de jais de façon rassurante. La jeune femme s’était habitué à la chaleur alors même que l’air tendait vers l’irrespirable. Sa peau suait d’une légère huile parfumée grâce aux soins dont elle s’enduisait si souvent.
A quelques pas d’elle, un lézard dans l'herbe avait trouvé refuge dans le même carré d’ombre qu’elle. Il avait du se suffire à son bain de soleil, à moins qu’il n’ait senti la proximité d’une proie. Elle leva la tête de son livre et le contempla avec bienveillance. Puis soupirant bruyamment pour oublier ses tracas, elle se redressa et aperçut sous le vent, un elfe... deux elfes.... une femme... Tout un groupe, hétéroclite et mal en point. Ils tendaient résolument dans sa direction et en cela vers le village. Son regard se fit triste quand elle aperçut l'attelle sur laquelle s'apitoyait un soldat en armure, ces gens avaient subi la rude loi de la guerre, sans n'avoir rien demandé. Et sans doute avaient-ils fui jusqu'ici en espérant y trouver un refuge.
De pieg ferme Hanna les attendit, puis une fois qu'ils s'étaient arrêtés à proximité de son être, elle clama avec toute la douceur dont elle était capable.
Soyez les bienvenus, mes frères. Bienvenue sur les Terres du Griseaux. Elle s’inclina en rapprochant ses mains contre sa poitrine. Comme le faisaient les rôdeurs. Le premier Elfe aux cheveux à la blancheur des cygnes se prit à sourire, s'apercevant avec surprise qu'elle avait deviné sans qu'il n'en sache comment, sa nature de rôdeur, et il lui retransmit le salut singulier qui était le leur.
Merci, noble dame. Se tient séant Jund Arakasï, Hélèna Ianoss et le Sire Babka devant vous. Les autres, sont nos soldats, notre escorte.
Hanna observa fixement, le second elfe qui ne parlait pas, il semblait troublé et possédé en lui le coeur lourd. Pourtant il affichait une fierté qui n'était pas sans la faire tressaillir, charmée. Entreprenante comme à son habitude, elle s'approcha et lui prit la main, puis l'invita à s'asseoir sur la pierre à l'ombre. Vous êtes pâle mon beau sire, je vois à la couleur cendre de votre peau que beaucoup de votre énergie a été dispensée aujourd'hui. Pensez à vous ressourcer autant que faire se peut. La prêtresse lui fit un sourire cajoleur puis examina ensuite de manière plus critique l'assemblée silencieuse, notamment la jeune femme. Il exhalait d'elle tout sauf une impression de vie, elle semblait vide à l'intérieur, de sa magie, Hanna le ressentait pleinement. Un vampire ou autre mort-vivant sans doute, mais elle n'avait strictement rien contre. Griseaux recelait pas mal des leurs, si elle le voulait, elle pourrait y trouver sa place.
Sa voix blanche transcenda à nouveau l'atmosphère, ses yeux alternant de la vampire au bel elfe : Je m'appelle Hanna et je risque de me montrer terriblement indiscrète mais… vous êtes des étrangers n'est-ce pas ? Vous êtes de kalamai ? Vous ne possédez pas l'odeur de notre terre. Suite à cette observation dont elle ne doutait pas de sa véracité, elle sourit à nouveau au sire babka et caressa les contours de son visage. Arakasï fit un pas, et vint à l'aide du Seigneur Babka, plus qu'embarrassé par la situation.
Nous avons besoin d'aide, de soins et de provisions et...
Je sais ce dont vous avez besoin, Mon Seigneur ! le coupa abruptement Hanna, son regard devenu impavide et s'étant relevé pour leur tourner le dos. Elle savait à qui elle parlait, au palatin même. Votre venue est de funeste augure, les lances de vos ennemis sont à vos trousses. Ici, nous nous dévouons à la neutralité et la quiétude de ce village, depuis des générations. Vous apportez la guerre et la souffrance. ajouta t-elle tristement en lui faisant face de nouveau.
Vous vous trompez, elles viendront d'elles-même une fois que les pirates auront achevé d'étendre leur contrôle sur Roc-le Chastel. Ils passeront à l'offensive dès lors qu'ils seront prêt. Nous pourrons empêcher ça, si vous nous aidez. Je promets cependant que nous partirons immédiatement une fois guéris et fournis.
Pouvez nous conduire à Griseaux auprès de guérisseurs, c'est urgent. j'ai pu apporter les premiers soins, mais ce n'est pas suffisant. demanda Babka comme pour soutenir son confrère elfe mis à mal par la méfiance de sa compatriote. La prêtresse se tourna vers lui, une lueur amusée dans les yeux.
Il se trouve mon beau que je suis prêtresse et que je peux m'occuper de vous depuis ma loge. Puis sachez que les guérisseurs en Outre-Mer sont différent de ceux de votre pays, ce sont de vrais charlatans. C'est vers nous qu'il faut se tourner. Suivez moi, tous.