Le Monde de Kalamaï
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description[Q1] Village de Griseaux Empty[Q1] Village de Griseaux

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Griseaux... Modeste, singulier, indépendant... Tels étaient les mots qui venaient de prime abord à l'esprit des manants quand ils venaient à parcourir la bourgade malgré qu'elle ait cette chance immense de cotoyer la capitale, à seulement quelques heures de marches. Et pourtant les Natifs qui y menaient leur vie dans les parages, refusaient obstinément de subir le joug et la culture de la ville, et de ses bruits ambulants, de son commerce débridée et de son identité sale et corrompue par sa modernisation insensée et de ses citoyens dévergondés.

L'air qu'on y respirait embaumait autre chose, un passé spirituel, infime et romantique, qui loin de s'effacer, avait prise sur les environs. On était au coeur même de la tradition outre-merrienne, celle d'avant la révolte contre l'Empire, celle d'avant la gouvernance du Vice-Roi Taleonor. On se sentait comme dans la campagne profonde malgré toutes les grandes villes qui encerclaient le hameau de toute part. Dans cette petite localité, on cultivait la terre sacrée, priait l'Unique avec ardeur, rendait hommage aux ancêtres et à chaque soir à l'air libre, les gens au milieu de la plaine dansaient pieds nues et voluptueusement dans un cercle de pierre où tout le monde se rassemblait. Ce bourg était aussi renommé pour receler de nombreuses personnes dotés de pouvoirs extraordinaires et malheureusement tout autant soupçonné de cacher en son sein de nombreux adeptes de la nécromancie. La tolérance était une exigence ici, aucune race, aucune nature ne serait rejeté, chacun pourrait venir s'y installer si ses intentions étaient ceux de la quiétude et de la paix.

Griseaux était en même temps une ouverture sur l'extérieur, charriant voyageurs et vendeurs ambulants, qui venaient jours et nuits traverser et loger dans ce joli trou pour rejoindre la capitale au nord, ou vice versa. Bien sûr ils étaient étroitement surveillés, et s'ils s'avisaient de tomber dans la déliquescence, la mort ne guettait pas loin. De nombreuses histoires lugubres faisaient état de disparitions étrange suite aux frasques d'individus complètement saouls qui avaient essayé de jouer un peu avec les damoiselles. Depuis, nul n'osait prendre le risque d'offusquer les villageois, lugubres et suspicieux face aux étrangers pour la pluspart, évitant de pisser de travers.

Le village longeait la Sylve de D'Alnaïs avec son amas désordonné de maisons de divers matériaux. A l'une de ses extrémités se trouvait ce que l'on pourrait appeler le "quartier commerçant", lieu ou se regroupait les différentes boutiques, ainsi que le temple de Synodar, diamétralement opposé d'un point de vue géographique à l'Auberge de la Belle Emeraude, unique établissement où les habitants pouvaient et aimaient à se réunir autour d'un copieux repas et d'une bonne chopine.

Aussi, il avait été érigé dans la minuscule place centrale, une vieille fontaine de pierre, dont les gueules de trois licornes de pierres, animaux fantastiques symboles de l'Outre-Mer, crachaient sans fin ni cesse une eau de source relativement propre. Il n'y avait qu'une seule batîsse riche, un manoir à une heure de marche du village, mais elle demeurait principalement ignorée par les habitants, sauf par les jeunes gens en quête de sensation fortes.

Ainsi, Griseaux se pliait évidemment à l'autorité de la Nation, bien qu'en traînant souvent les pieds, mais fonctionnait principalement en autarcie économiquement, produisant ce qu'il fallait pour vivre à ses habitants, et, point important, contribuant à fournir les commerçants en nourriture et fournitures des plus variées. Le troc était plus d'usage que la monnaie en ces lieux.

Différents pôles de production faisaient office au village : Bon nombre de paysans cultivaient des terres, tout aussi nombreux à gérer des troupeaux de bovidés, qui remettaient grassement viandes et laitages. Les rares enfants qu'on pouvait apercevoir emmenaient les moutons dans les plaines alentours, et ces animaux permettaient alors la création de vêtements variés, une fois rasés jusqu'au dernier poil. Le cuir relevé de son côté dans la forêt permettait souvent de créer des équipements, ensuite utilisés pour les machines-outils. Chaque corps de métier trouvait une manière d'exister relativement autonome, permettant au village de créer une grande partie de ce qui était nécessaire à la vie de tous les jours, le reste étant importés et stocké dans de grands bâtiments du village.


_________________________________________________


Hanna tentait de comprendre un passage difficile. Les inscriptions du grimoire n’étaient pas toujours très lisibles, certaines pages commençaient même à s’effacer depuis le temps. Après tout, elle héritait d’un ouvrage qui avait appartenu à quatre générations outremerrienne avant elle et dans les parages l’air n’était pas des plus doux pour de si précieux documents. Tout en lisant, elle entortilla ses doigts dans ses cheveux noirs de jais de façon rassurante. La jeune femme s’était habitué à la chaleur alors même que l’air tendait vers l’irrespirable. Sa peau suait d’une légère huile parfumée grâce aux soins dont elle s’enduisait si souvent.

A quelques pas d’elle, un lézard dans l'herbe avait trouvé refuge dans le même carré d’ombre qu’elle. Il avait du se suffire à son bain de soleil, à moins qu’il n’ait senti la proximité d’une proie. Elle leva la tête de son livre et le contempla avec bienveillance. Puis soupirant bruyamment pour oublier ses tracas, elle se redressa et aperçut sous le vent, un elfe... deux elfes.... une femme... Tout un groupe, hétéroclite et mal en point. Ils tendaient résolument dans sa direction et en cela vers le village. Son regard se fit triste quand elle aperçut l'attelle sur laquelle s'apitoyait un soldat en armure, ces gens avaient subi la rude loi de la guerre, sans n'avoir rien demandé. Et sans doute avaient-ils fui jusqu'ici en espérant y trouver un refuge.

De pieg ferme Hanna les attendit, puis une fois qu'ils s'étaient arrêtés à proximité de son être, elle clama avec toute la douceur dont elle était capable.

Soyez les bienvenus, mes frères. Bienvenue sur les Terres du Griseaux.
Elle s’inclina en rapprochant ses mains contre sa poitrine. Comme le faisaient les rôdeurs. Le premier Elfe aux cheveux à la blancheur des cygnes se prit à sourire, s'apercevant avec surprise qu'elle avait deviné sans qu'il n'en sache comment, sa nature de rôdeur, et il lui retransmit le salut singulier qui était le leur.

Merci, noble dame. Se tient séant Jund Arakasï, Hélèna Ianoss et le Sire Babka devant vous. Les autres, sont nos soldats, notre escorte.


Hanna observa fixement, le second elfe qui ne parlait pas, il semblait troublé et possédé en lui le coeur lourd. Pourtant il affichait une fierté qui n'était pas sans la faire tressaillir, charmée. Entreprenante comme à son habitude, elle s'approcha et lui prit la main, puis l'invita à s'asseoir sur la pierre à l'ombre. Vous êtes pâle mon beau sire, je vois à la couleur cendre de votre peau que beaucoup de votre énergie a été dispensée aujourd'hui. Pensez à vous ressourcer autant que faire se peut. La prêtresse lui fit un sourire cajoleur puis examina ensuite de manière plus critique l'assemblée silencieuse, notamment la jeune femme. Il exhalait d'elle tout sauf une impression de vie, elle semblait vide à l'intérieur, de sa magie, Hanna le ressentait pleinement. Un vampire ou autre mort-vivant sans doute, mais elle n'avait strictement rien contre. Griseaux recelait pas mal des leurs, si elle le voulait, elle pourrait y trouver sa place.

Sa voix blanche transcenda à nouveau l'atmosphère, ses yeux alternant de la vampire au bel elfe : Je m'appelle Hanna et je risque de me montrer terriblement indiscrète mais… vous êtes des étrangers n'est-ce pas ? Vous êtes de kalamai ? Vous ne possédez pas l'odeur de notre terre. Suite à cette observation dont elle ne doutait pas de sa véracité, elle sourit à nouveau au sire babka et caressa les contours de son visage. Arakasï fit un pas, et vint à l'aide du Seigneur Babka, plus qu'embarrassé par la situation.

Nous avons besoin d'aide, de soins et de provisions et...


Je sais ce dont vous avez besoin, Mon Seigneur !
le coupa abruptement Hanna, son regard devenu impavide et s'étant relevé pour leur tourner le dos. Elle savait à qui elle parlait, au palatin même. Votre venue est de funeste augure, les lances de vos ennemis sont à vos trousses. Ici, nous nous dévouons à la neutralité et la quiétude de ce village, depuis des générations. Vous apportez la guerre et la souffrance. ajouta t-elle tristement en lui faisant face de nouveau.

Vous vous trompez, elles viendront d'elles-même une fois que les pirates auront achevé d'étendre leur contrôle sur Roc-le Chastel. Ils passeront à l'offensive dès lors qu'ils seront prêt. Nous pourrons empêcher ça, si vous nous aidez. Je promets cependant que nous partirons immédiatement une fois guéris et fournis.


Pouvez nous conduire à Griseaux auprès de guérisseurs, c'est urgent. j'ai pu apporter les premiers soins, mais ce n'est pas suffisant.
demanda Babka comme pour soutenir son confrère elfe mis à mal par la méfiance de sa compatriote. La prêtresse se tourna vers lui, une lueur amusée dans les yeux.

Il se trouve mon beau que je suis prêtresse et que je peux m'occuper de vous depuis ma loge. Puis sachez que les guérisseurs en Outre-Mer sont différent de ceux de votre pays, ce sont de vrais charlatans. C'est vers nous qu'il faut se tourner. Suivez moi, tous.

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Passé la première enceinte de bois s'étendait une braie de quelques centaines de mètres qu'encombraient maisonnées, chenils et ramas d'autres dépendances. Moutons, vaches et pourceaux s'entassaient plus loin dans des parcs, mais on laissait vagabonder les chiens. Deux mioches émaciés et quelques serfs assis sur le terrain touffu d'herbes et veillant sur les bêtes comme à la prunelle de leur yeux, le contemplèrent d'un oeil morne à leur venue inopportune. Aux regards inexpressifs et bovins qu'ils posèrent sur lui, Jund comprit qu'ils ne savaient à qui ils avaient à faire. Et à la limite cela lui convenait tout à fait. Par ces temps de trahison et de fourberie, il valait mieux faire profil bas, jusqu'à ce que la donne ait changé tout du moins.

La compagnie une fois entrée dans le patelin se mit donc à arpenter le chemin tout en scrutant les parages rustiques qui les entouraient alors qu'ils s'enfonçaient pleinement jusqu'à leur destination inconnue. Jund ne voyait aucune figure connue par ici, pas la moindre garde d'honneur chargée de les escorter autre que leur prêtresse sur laquelle ils étaient tombés par hasard d'ailleurs, pas le moindre délégué. Rien d'autre que du menu peuple vaquant à ses menues affaires, des laquais d'aubergiste roulant les fûts de vins que recelait la soute du seul entrepôt de la bourgade, chasseurs revenu de la Sylve criant leurs prises du jour, leur prise levée entre leur mains, grosses quoi que rares ici, éperdus de courses et de jeux. Flottant dans ses robes, pleine de grâce et toute à la confiance qui la guidait, la prêtresse au devant du groupe hétéroclite de seigneurs et de soldats, menait la vétuste assemblée le long des maisons jouxtant le sentier sur lequel mollement ils foulaient de leur pieds las. Des combats, des morts, des heures de marches. Suite à ce parcours dantesque, il n'y aurait plus aucune chance d'énergie à fournir efficacement aujourd'hui, sauf bien sûr à se donner la mort afin de faire cesser le supplice.

Alentour, quelques souillons les dévisageaient de manière neutre, sans hostilité mais sans chaleur non plus. De toute évidence ces derniers, inquisiteurs aux yeux fureteurs n'aimaient pas ce qu'ils voyaient, des traces de blessures, des armures défoncées, du sang, des armes, des grands seigneurs. En soit que des problèmes ! La compagnie aurait pu tout aussi bien afficher sur son front qu'ils étaient un paquet à emmerdes à eux seul, que la signification aurait été de même pour ces villageois qui ne les quittaient pas du regard, fouillant jusque dans leur intentions.

Plus loin, une poignée de négociants assaillaient de questions le pauvre marchand ambulant outremerse venu du Sud avec son chariot rempli de belles choses et qui alléchaient les convoitises. Mais il semblait heureux d'être au centre de tant d'attention, on pouvait vaguement le distinguer dans ses paroles où perçait une pointe de satisfaction et d'engouement.


Je transporte des oranges, des pommes, des agrumes, du poivre, un ballot de dentelles, des miroirs pour dames, des tissages de cuir, et tout un tas de choses capable d'améliorer votre petit quotidien tranquille ! N'hésitez pas sieurs et mam'zelles !


Le brouhaha disparut, et sans modifier leur train pesamment régulier, les manants déchus de Roc-le Chastel dépassèrent une bergerie puis les vestiges d'une mine abandonnée. Tout semblait paisible ici, loin de tout et de ce qui se déroulait à l'extérieur, à l'image des comportements qu'on retrouvait ici et là. Avaient-ils conscience qu'ils étaient en guerre ou étaient-ils simplement à mille lieux de penser qu'ils ne seraient pas épargnés eux non plus ?

L'exploration sembla prendre fin et Hanna les emmena dans un imposant édifice, de roc et de bois. Tous gravirent un escalier grinçant à sa suite, traversèrent un couloir puis se retrouvèrent dans une grande pièce, chauffée et tapissée, un feu de réconfort luminescent dans l'âtre au fond. Les Soldats déposèrent leur confrère blessé sur l'attelle au sol, et chacun vint à s'asseoir, pendant que la prêtresse commençait déjà à examiner tout le monde.

Je vais soigner toutes ces vilaines plaies, tenez-vous tous tranquille.


Hanna s'occupa donc d'abord du cas le plus préoccupant, et de ses pouvoirs le ramena définitivement du côté des vivants, faisant peu à peu disparaître les dernières blessures en les résorbant par le feu de la magie. Puis elle passa au reste, et quelques minutes plus tard, tout le monde était guéri.


Merci Hanna. Les mots me manquent pour témoigner vraiment de notre reconnaissance. Peut être la fatigue et les lacérations de l'âme jouent t-elles aussi un peu. Je suis heureux de voir tout le monde remis sur pied grâce à vous et avant ça au seigneur Babka.
L'Elfe tourna son regard vers les ambassadeurs de Kalamaï et les soldats, avant de reprendre. Maintenant nous sommes tous crevés. Voilà deux jours que nous n'avons pas dormi, et nous avons pratiqués des heures et des heures de marches après de terribles combat. Il nous faut du repos, c'est impératif ! Puis aussi, des provisions, des chevaux pour reprendre notre route lorsque nous aurons...

Alors ça non, les chevaux n'y comptez pas !
Le rôdeur dévisagea la prêtresse interdit devant sa réaction.

Mais le temps nous manque, nous devons aller jusqu'au Delta le plus rapid...


Ne pensez pas Jund, qu'on vous refusera ceci parce que les villageois ne le voudront pas, mais ils en ont besoin, chaque monture compte ici, pour nous aider dans nos tâches. Et au vu de votre nombre, toute une escouade derrière vous, c'est déjà plus que trop qui en serait emprunté. Même si vous possédiez l'argent nécessaire pour vous les payer, il vous serait opposé le même refus. Et je vous le répète nous ne voulons pas de votre guerre, elle ne nous concerne pas.
Nous sommes neutres, nous n'aidons aucun camps, nous souhaitons simplement être en paix et ne subir les foudres de personne. Reposez-vous quelques temps, puis partez immédiatement. Vous pouvez dormir ici si le coeur vous en dit, mais ce sera sur le sol, bien qu'il vous tiendra chaud.


Arakasï ne dit plus rien là-dessus, mais il lança un regard lourd de signification à Babka et Hélèna, espérant qu'ils auraient les mêmes pensées que lui. Marcher jusqu'au Delta.. n'était pas envisageable.

Ainsi pour la nuit, chacun pouvait faire ce qu'il lui plaisait, discuter, dormir, réfléchir s'il en avait envie. Arakasï, lui, s'était allongé sur la pierre de la maisonnée, sombrant dans ses pensées, avec un seul visage en tête, celui de la centauresse.

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Cela faisait deux heures qu'Irkos chevauchait, sans destination précise. Il avait au début tenter de chercher du regard un village, des humains, mais finalement l'excitation de sa course l'avait envahie, et il profitait maintenant des grandes étendues qui s'offraient à lui. Les souvenirs de sa fuite entre les ruelles étroites de la Capitale avait inconsciemment réveillé une claustrophobie chez l'Elfe, qui était depuis toujours habitué aux grands espaces. Il fut alors déçu d'apercevoir un village au loin, mais sa peine fut vite remplacé par son sens du devoir. Irkos se sentit honteux de se promener avec Caranian alors qu'une tragédie se jouait à Roc le Chastel. Il s'approcha au grand galop vers la bourgade, avant de ralentir l'allure pour réduire le soulèvement de poussière.

Il passa une main sur ses lames jumelles, comme pour se rassurer, mais constata qu'il n'y avait pas signe de pirates dans le hameau. Il descendit de sa belle monture, et jeta un coup d’œil aux alentours. Ici, la vie semblait se dérouler comme si rien ne s'était passé. N'était-il donc pas aux courants de l'attaque? Alors que l'Elfe poursuivait sa route à travers le village, il entendit des bribes de conversation, à propos d'ennuis, de pirates, et d'étrangers. Visiblement, quelques villageois ne voyaient pas d'un bon oeil son arrivée, mais Irkos n'arrivait pas à saisir pourquoi. Il était venu ici pour prévenir le village de la situation dramatique de Roc le Chastel, mais tout le monde semblait au courant. Et tout le monde continuait son train-train quotidien, comme si tout se passait bien. Cette forme de lâcheté inspira une bouffée de haine et de dédain au guerrier, alors il entreprit de trouver les étrangers, qui serait peut-être des gens plus courageux. Un vieil homme à qui il manquait quelques dents passa près de lui et brailla:

Je transporte des oranges, des pommes, des agrumes, du poivre, un ballot de dentelles, des miroirs pour dames, des tissages de cuir, et tout un tas de choses capable d'améliorer votre petit quotidien tranquille ! N'hésitez pas sieurs et mam'zelles !

L'Elfe le rattrapa et lui demanda:

- Veuillez m'excuser mon brave, mais auriez-vous l'amabilité de m'indiquer par où sont partis les étrangers ? Si vous les croisez, dites leur qu'Irkos de Kalferas les cherche.

Le marchand ambulant lui indiqua vaguement dans quelle direction s'était rendue les étrangers. Malheureusement, le soleil commençait doucement à décliner, et les récents évènements avaient épuisé l'Elfe. Il jugea préferable de prendre une chambre dans à 'La belle émeraude', l'unique auberge du village, et d'attendre le lendemain matin pour continuer ses recherches.

Dernière édition par Irkos le Mar 3 Aoû 2010 - 20:18, édité 3 fois (Raison : Ordre chrofonolgique =))

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Le souffle du vent dans les hauts arbres en cette douce soirée berçait la comtesse. Elle avait choisie de s'assoir sur les marches à l'entrée de la bâtisse dans laquelle on les avait mené. La pâle lueur de la lune alliée aux dernières couleurs de la fin du jour conférait au paysage de bien étranges ombres et reflets.
L'enchantement de ces terres ne faisait aucun doute. A tel point qu'il aurait pu soutenir la comparaison avec les alentours de la cité natale de la comtesse...
La nostalgie emporta Hélèna alors que ses pensées rejoignaient la cité aux mille navires.
Ald'Rhune lui manquait en ces heures sombres. Ses parents, ses amis lui manquait. Comment allaient-ils? Que faisaient-ils? Comme il n'était pas aisé de le savoir à l'autre bout du monde...
Oh, bien sûr, elle aurait pu essayer de se lier psioniquement avec son frère, particulièrement réceptif dans son sommeil... Ou avec son grand et vieil ami le maitre-jardinier du Palais d'Ald'Rhune. Lui aussi possédait cette faculté de facilité la réception des contacts mentaux émanant de la comtesse...

Mais elle n'avait ni l'énergie ni l'entrainement pour maintenir un contact fiable sur de si longues distances. Cela était possible. Mais nécessitait un lien, une grande connivence, entre les deux êtres pratiquant cette forme de contact. En plus de l'entrainement et de la capacité de concentration nécessaires à toute forme de psionisme...

Alors qu'Hélèna se perdait dans les méandres de son propre esprit -pour son plus grand plaisir-, Naal la rejoignit. Le chef des Sabres Delta s'assit à ses côtés, profitant lui aussi d'un moment de calme pour se reposer un peu. Il attendit un instant que la comtesse réagisse à sa présence. La surprendre en ce moment de calme et de sérénité, si rares en ces temps troublés, n'aurait pu être excusable.
-Vous allez bien?
-Oui, comtesse, je vais bien.
-Vous n'avez pas été blessé?
-Rien de grave. Une simple estafilade. Elle est déjà en train de cicatriser.
Les grillons dissimulés dans les feuilles des buissons alentours comblèrent le silence qui s'installa entre les deux ald'rhunais.
-Et vous, comtesse? Vous allez bien?
La jeune femme esquissa un léger sourire.
-Je vais bien. Pourquoi devrais-je aller mal?
-Vous avez pris une flèche en pleine poitrine. Tout autre que vous serait mort sur l'heure.
La comtesse rit un court instant. Les notes cristallines en découlant détendirent étrangement le soldat vétéran.
-Je ne peux mourir deux fois, Naal.
-Peut être que non. Mais vous vous êtes considérablement affaiblie, vous devez vous en rendre compte.
Les traits de la comtesse se firent plus sombres. Oui, elle le savait. Elle s'en était rendue compte. Le sang qu'elle avait perdue dans les cuisines du Chastel lui faisait maintenant cruellement défaut. Et l'énergie nécessaire pour maintenir Jund en vie durant son inconscience ne l'avait pas aidée en ce sens. Aussi les pensées du Sabre étaient-elles facile à deviner:
-Non, Naal. Je te remercie, mais pas maintenant.
-Comtesse, vous savez que vous en avez besoin...
Le comtesse plongea son regard bleu pâle dans celui du soldat. Naal frissonna sous l'intensité de ces yeux envoutants. Malgré tout, il soutint ce regard et pu un instant y lire un mélange de résolution, de force et de lassitude.
-Vous le devez. Ma vie ne compte pas lorsque la votre est en jeu. Vous le savez, je le sais, tout mes hommes le savent. Nous avons besoin que vous soyez au mieux de votre forme pour notre propre sécurité. Et vous savez ce que ça implique...
Hélèna se détourna du soldat pour laisser ses yeux vagabonder. Elle soupira avant de hocher la tête:
-Soit... Faisons le. Pour vous et nos compagnons d'infortune.
Naal sourit à sa protégée. Il avait gagné. Cela lui couterait un verre de son sang, ce qui l'affaiblirait un moment. Mais le repos que ne manquerait pas de procurer un bon repas et une bonne nuit de sommeil comblerait aisément cela...
Il se leva et rentra dans le bâtiment avant d'en ressortir quelques instants plus tard un verre à la main. Il se rassit à côté de la comtesse et dégaina l'un de ses couteaux. Il dégagea son bras droit pour le mettre à nu puis posa la lame sur sa peau.
-Prête?
-Oui.
Le soldat laissa glisser la lame aiguisée, s'entaillant doucement et laissant sur son trajet un sillon vermillon. Hélèna bloquait mentalement la perception de la douleur de Naal, lui facilitant le geste. Non pas que s'entailler soit au dessus de ses moyens, mais le faire avec précision l'était plus dur lorsque la douleur embrumait l'esprit du sujet.
Le sang chaud du soldat coula le long de son bras, avant de tomber dans le verre, tenu par la comtesse. Les fines larmes rouges coulaient au rythme des contractions des muscles de l'ald'rhunais. Ce dernier serrait et desserrait son poing pour faciliter la circulation sanguine et par là même le remplissage du verre.
Cela ne dura guère longtemps: le verre se remplit en quelques minutes, avant que la comtesse ne panse le bras du soldat, avec toute la délicatesse et la douceur la caractérisant.
-Buvez tant qu'il est chaud. Ça vous fera du bien.
La jeune femme acquiesça. Elle se saisit du verre et le but à petite gorgée, non sans exprimer un air de profond dégoût.
La chaleur du liquide pourpre fut comme une renaissance pour Hélèna. Bien qu'elle détesta toujours autant le goût, l'odeur et même l'idée de se nourrir de sang, elle ne pouvait nier le bien que lui procurait ce précieux liquide. C'était comme si une vague de bien être régénérait son corps en un seul grand souffle tiède.
Le monde semblait, aux travers de ses pupilles, se parer de mille couleurs chatoyantes balayant un instant l'obscurité de la nuit avant de s'estomper lentement...

Naal achevait de replacer son vêtement et son gantelet lorsque la comtesse reposa son verre. Il leva les yeux de son bras après avoir fait jouer ses muscles:
-Je voulais aussi vous faire part d'un fait qui me semble important.
-Je suis toute ouïe.
-Le soldat Outre-îlien qui nous est venu en aide à Roc le Chastel. Il est aussi Outre-îlien que vous et moi.
-En êtes-vous sûr?
-Certain. Il a prononcé l'une de nos phrases de reconnaissance lorsqu'on se trouvait au pigeonnier.
-Attendez un peu. Une phrase de reconnaissance des Sabres?!
-Oui.
La comtesse paru étonnée au plus haut point l'espace d'un instant, avant de se ressaisir.
-Un Sabre?
-Ça m'en a tout l'air. Et en mission spéciale. La question qui subsiste, c'est que fait-il ici en livrée outre-îlienne? Je croyais que nous étions les seuls à être en opération en Outre-mer...
-Je le croyais aussi. L'ordre ne peut venir que du Basileus ou du Contarque.
-Je le questionnerais lorsque nous serons à l'abri...
-Et j'aurais une discussion avec Millus à mon retour à Ald'Rhune.
Le soldat hocha de la tête. Le temps n'était pas encore à la vérité. Mais savoir que l'on avait été laissé de côté par ses supérieurs n'augurait rien de bon. La confiance qu'avait Hélèna en le Contarque et le Basileus s'était amoindrie à l'annonce de ce Sabre qui n'avait manifestement rien à faire ici. Mais quel pouvait bien être le but de sa mission? Pourquoi était-il seul? Et pourquoi s'était-il trouvé au Chastel durant l'attaque? Mais surtout: qui l'avait envoyé et pourquoi?
Autant de questions sans réponses.
Mais une chose était certaine pour Hélèna: la dernière question trouverait sa réponse non pas en Outre-mer, mais bien à plusieurs milliers de kilomètres, en Kalamaï: au Palais d'Ald'Rhune.

En attendant, la comtesse n'avait rien de mieux à faire que de contempler les étoiles entamant leurs pérégrinations nocturnes. Le temps d'une nuit, la guerre se ferait muette...

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Arakasï était perdu quelque part dans ses rêves, loin de tout, derrière un voile, dans un abîme dont il cherchait désespérément à toucher le fond. Juste pour la retrouver et la ramener. Chaque fois il lui tendait les mains dans sa chute éperdue, chaque fois de peu, elle lui échappait. Aujourd'hui Maëlle ne vivait qu'au travers de sa mémoire, ne subsistait que par ceux qui murmuraient parfois son nom, nostalgiques ou endormis, comme lui à l'instant. Il ne voulait pas l'oublier, pas un seul instant, elle occupait à chaque seconde une infime partie de sa conscience, aussi bien en pensées qu'en rêvasseries. Tant qu'elle apparaîtrait à lui dans ses songes mêlés de temps à autre à la vérité future de cette réalité effarante, en réponse à son appel éploré, l'espoir et la détermination seraient toujours de mises. En ce moment, seul dans les nuits de ses réflexions, l'Elfe couché sur la pierre aussi bien tourmenté qu'égaré, les yeux voilés, paraissait littéralement aveuglé. Tout avait disparu alentour, il faisait noir, totalement noir, ailleurs que dans sa tête où luisait les contours particuliers d'un visage féminin. Une lumière forte, iridescente émanant de celui-ci au premier plan, sa puissance à le mesure de l'espoir et de la souffrance qu'il procurait. Et ce phénomène inquiétant, mystique dura le temps d'un soubresaut, d'un éveil brutal.

Dans l'obscurité moirée par l'éclat de la lune qu'on discernait vacillant par la fenêtre aux verres brisés, avait émergé à nouveau le remord qui avait rompu brutalement la magie hypnotique du sommeil régénérateur. Et les fantômes d'Outre-Mer avaient ressurgi tandis que le Palatin arpentait à nouveau son passé douloureux. Ses doigts, son être tout entier s' étaient alors brusquement raidis, de même que ses pensées qui n'étaient plus capable à cet instant que de s'émouvoir du temps et de ses méfaits dévastateurs. Revenu à lui, à la froideur du réel suite à ce tumulte de l'esprit, les yeux de nouveau en face des trous, le rôdeur retrouva la vision d'une pièce emplie de soldats endormis, et d'un âtre au fond de la cheminée dont les flammes léchaient avidement le bois.

Las d'être la créature du sommeil cruel et fourbe avec son jouet préféré ces temps-ci, Jund se leva promptement, l'esprit encore en surchauffe, les yeux dans le vague. Son regard après quelques balbutiements en vint à épouser fixement le paysage extérieur qui s'étendait derrière la fenêtre. Des maisonnées enfouies dans le noir, presque englouties, avalées, une plaine vaste et sombre parsemée de milliers d'arbres contordus aux ombres aussi intimidantes que lugubres. Pas ce qu'il y avait de mieux pour se rassénérer. L'Elfe soupira et s'en retourna vers la sortie à grands pas, en toute discrétion, prenant soin de n'éveiller les âmes présentes assoupies. Le miroir devant lequel il passa, lui offrit l'image d'un corps décharné, d'un regard blessé, presque éteint, il détourna vite les yeux devant son reflet.

Il sortit en silence de la bâtisse, éperdu dans le désert ambrée, toisant longuement la lune qui découpait le paysage de sa lumière opalescente. Et quelle ne fut sa surprise lorsqu'il abaissa son regard d'une acuité d'Elfe. Au beau milieu des marches était assise, contemplatrice, muette et splendide dans ses atours d'ambassadrice, Hélèna qui se fondait d'ailleurs harmonieusement au décor. A ce moment là, des vagues d'émotions déferlèrent en Arakasï. Sa sauveuse, la maîtresse de celle à laquelle il se sentait lié. Pouvait-il lui révéler ? Il ne le savait. Etait-ce nécessaire en pleine guerre ? Peut être pas pour le moment. De nombreuses questions dans sa tête, trop de complications, aucune réponse.

La nature elfique et l'entraînement du rôdeur, toute de légèreté et de discrétion avaient masqué le bruit de ses pas gracieux dans sa direction, et la Reine-Arc-en ciel ne sentit sa présence que lorsqu'il posa une main rassurante sur son épaule. Elle se retourna, et leur yeux nacres et pâles s'entrecroisèrent.

Hélèna.
s'annonça seulement le Vice-Roi, en s'asseyant à ses côtés, d'une voix étrangement sereine. A l'exemple de la jeune femme, il se laissa aller à contempler la nuit, à se perdre dans dans ses pensées, fort de ce moment intense, chacun profitant de la présence muette de l'autre. Un vent tonitruant se leva alors, enveloppant leur êtres et soulevant allégrement une myriade de grains cuivrés assoupis, poussière sans âge qu'ils virent s'amonceler en une sphère de plus en plus opaque autour d'eux. Sa chevelure de neige voltant au gré de la brise, Jund posa de nouveau ses prunelles nacres sur la jeune femme et la transcenda de son regard perçant, celui qui avait le pouvoir de percer au delà de la chair jusqu'à l'infini. Cette flèche qui vous a traversé, l'objet de tant d'émois au coeur du combat. Je l'ai aperçu, je l'ai suivi. Je l'ai vu, la signification et le message qu'elle vous destinaient. La souffrance, la mort, aucun autre échappatoire. Dans l'instant infinitésimal, l'intuition elfique l'a perçu et l'oeil exercé du rôdeur l'a discerné. Votre poitrine dénuée de la moindre protection, a été percée à bout portant, au delà d'une vitesse raisonnable, comme on le ferait de manière aussi aisée avec une tomate pleine, ravageant la chair et les parties vitales. Dans ma perte de conscience j'ai senti le désespoir et la peine me submerger, ressenti la colère et la fougue de ce soldat d'Outre-Mer et du Seigneur Babka qui se ruaient sur vous, la vague de souffrance qui émanait de votre être acculé à la perte. Vous auriez dû mourrir. Et pourtant...contre toute attente vous avez survécu. Et pourtant... la vie qui aurait dû vous quitter presque instantanément persistait, s'obstinait, s'accrochait, une résistance physique effroyable. Comme si une fonction secondaire dissimulée, insoupçonnée s'était activée, devant l'explosion de la première. Jund s'interrompit enfin, à la manière de ceux qui rassemblaient sereinement leurs pensées, contemplant ainsi paisiblement le paysage, son esprit vagabondant loin, très loin des derniers évènements qui avaient frappé sa vie. Il dévisagea Hélèna comme jamais il ne l'avait fait, comme s'il prenait conscience de quelque chose. Ses yeux d'eaux glacées étaient illuminées de respect, d'admiration, et un sourire complice s'afficha fièrement sur son visage. Dès la première fois que vous m'êtes apparue ce jour là, j'avais deviné quelque chose de spéciale chez vous, la teinte de votre visage dans ma vision aigue, loin d’être uniforme en couleur, changeait selon les endroits, allant du plus obscur au plus clair parfois. Vous brillez littéralement, d'une étrange lumière, envoûtante et mystérieuse, et vous possédez un autre secret bien gardé que celui de la puissance de l'esprit, j'en suis convaincu à présent. Vous pouvez vous confier à moi, si le coeur vous en dit.

Jund, se releva, descendit quelques marches et s'imposa devant elle, en la dominant de toute sa hauteur. Des flammes se déversaient en dehors du feu de son regard.
Quoi que vous puissiez être, ou cacher, je sais déjà à qui j'ai affaire, une femme de coeur, effarante et à laquelle on donnerait volontiers sa vie pour la protéger, ce qui motive chacun de vos hommes à tendre au meilleur de soi quand ils sont à vos côtés. La douceur dans le reflet de vos yeux, l'amour et la chaleur irradiant de vos échanges, comment ne pas y être réceptif ? Une chose si rare et si belle aujourd'hui. Votre être tout entier nous éblouit d'une lumière opaline et nous donne le sentiment qu'un jour nous pourrons l'effleurer. Voilà l'idée que je me fais de vous.

Le rôdeur jeta un coups d'oeil mélancolique au ciel.


Il faut à ce monde de l'espoir, des gens capable de promouvoir un avenir meilleur aux peuples. Je crois que vous avez ce pouvoir, et votre volonté est aussi inflexible que votre âme est seriné de pureté, votre nature n'a pas une once d'importance à mes yeux. Cette guerre, je suis heureux de l'affronter à vos côtés, Hélèna.
Après cette tirade enflammée, et condescendant un dernier regard à son interlocutrice assisse, l'Elfe revint s'asseoir à ses côtés, un instant silencieux achevant de clamer sérieusement :

De terribles épreuves nous attendent, mais si nous nous soutenons les uns, les autres, nous réussirons à en venir à bout.

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La route avait été longue et l'épuisement était à son comble. Une prêtresse nous accueilli au village de Griseaux, elle semblait avoir un attrait particulier pour ma personne et ma fatigue extrême m'empêchait de réagir, ce que fit Jund à ma place. Ce geste repoussa temporairement Hanna mais elle semblait déterminé. Après maintes discussion qui n'aboutirent pas pleinement, le sommeil l'emporta. Je m'installai donc dans un coin de la maisonnée et ferma les yeux sans plus attendre.

Au matin, je me réveillai doucement, ébloui par le soleil qui me frappait en plein visage. Me remettant sur pied, je me dirigeai vers l'extérieur en cherchant un endroit pour me rafraichir. Un puit se trouvait non loin du bâtiment et l'eau froide acheva de me réveiller. Circulant aux alentours, je les paysans de la région s'occuper de leurs tâches quotidiennes, visiblement debout depuis longtemps que moi. L'un d'entre eux était sur un cheval et cela me rappela que nous n'avions pas réussi à convaincre la prêtresse de nous en fournir.

Je me mis donc à chercher Hanna dans les alentours, me disant qu'elle ne serait sûrement pas loin. Sa réaction et son appréhension à notre présence au village fera sans aucun doute qu'elle nous surveille. Questionnant ici et là les gens du coin, je parviens à trouver la prêtresse.


Bonjour belle Hanna, merci pour cette nuit de repos au sein de ce village. Je sais que tu désires notre départ le plus rapidement possible pour que le calme et la routine reprenne à Griseau. Il nous faut un moyen de transport et je suis sûr que tu es en mesure de nous fournir, je ne te demande pas d'aider un camp ou l'autre, je te demande d'aider le peuple à retrouver sa tranquillité en accélérant notre départ. Si nous devons nous y rendre à pied, il nous faudra quelques jours de repos alors qu'avec des chevaux, nous pouvons partir dès aujourd'hui. Alors, aideras-tu ton village à reprendre sa sérénité dès aujourd'hui ou bien devras-t-il enduré ce tumulte encore des jours ?

J'avais prononcé ses paroles d'une voix douce et en caressant la joue de la prêtresse. Espérant réussir à la convaincre par les sentiments plutôt que par la force. En cas de refus, il nous faudrait emprunter de forces les montures nécessaire à la suite de notre périple.

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La nuit avait été longue et agréable. Les récentes mésaventures de l’Elfe l’avaient épuisé plus qu’il ne voulait l’admettre. De plus, sa chambre comprenait un bain où il avait pu se débarrasser des derniers miasmes dus aux ordures dans lesquelles il avait dû se cacher. Frais et dispo, il consentit à sortir de l’auberge au milieu de la matinée, lorsque le soleil n’était pas encore au plus haut dans le ciel. La place publique était déjà presque pleine de marchands et le marché commençait à atteindre la même effervescence que la veille.

Irkos pesta dans sa barbe inexistante, si il avait su, il se serait rendu ici plus tôt, cela aurait facilité ses recherches. Mais son humeur s’apaisa au fil du temps, dans ce village il semblait n’y avoir aucun problème, aucun pirate barbare, aucune pression… En revanche, ses responsabilités l’appelaient, et ils devaient savoir si les étrangers du village étaient des personnes pouvant l’aider.

Mais ses recherches furent courtes, car ses yeux perçants tombèrent sur un humain qui avait une drôle d’allure. En réalité, c’était un elfe qui jetait des regards tantôt courroucés envers les lapins en cage, tantôt satisfait sur les paniers de fruits frais. Et la tête de cet individu rappelait cruellement quelqu’un à Irkos. Il fit fonctionner puissamment sa mémoire, et la réponse vint d’elle même. C’était le Roi de l’Outre-Mer en personne, Arakasï. Il l’avait aperçu lors d’un conclave se déroulant juste avant l’attaque des pirates. C’est d’ailleurs par sa faute qu’il avait dû fuir avec Mïlas, avec tout ce qui en découle… Il chassa ses pensées négatives, et se fraya un chemin vers le Natif. Avant même que l’Elfe se soit suffisamment rapproché, le rôdeur se tourna vers lui, comme mû par son intuition.

- Excusez-moi messire, mais êtes-vous bien Arakasï, le Roi de l’Outre-Mer ? , murmura-t-il pour ne pas attirer l’intention de tout les villageois. Je suis Irkos, je viens de la forêt de Kalferas, dont je suis le principal Conseiller. Vous devez connaître Mïlas, mon… second.

Le fait de parler de son mentor comme étant son ‘second’ lui semblait bizarre, mais c’était comme ça que Mïlas et lui voyaient les choses. Mais il ne put s’empêcher de corriger :

- En réalité, je dois beaucoup à Mïlas, je lui dois même énormément de choses… Mais ce n’est pas le moment et l’endroit de parler de ça. Que faites-vous donc dans ce village ? Et que vous est-il arrivé après l’attaque des pirates ?

Milles questions brûlaient la langue de l’Elfe, mais il ne voulait pas paraître importun. Il laissa donc son interlocuteur lui répondre, en s’empêchant de lui couper la parole.

Dernière édition par Irkos le Lun 9 Aoû 2010 - 19:24, édité 1 fois (Raison : faites tous chier)

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Il n’avait pas suivi grand chose des évènements qui s’étaient produits après sa blessure. En fait, de sa tentative de suicide aussi inconsciente que ratée. C’était la seule chose que son orgueil blessé avait trouvé a faire. S’enlever la vie. Il avait encore échoué.

Comment imaginer ce qu’un homme n’ayant jamais ou presque connu l’échec réagierait si jamais il était confronté a la seule chose que sa vie n’avait pas préparé?

Dans les méandres de son esprit, des voix le hantaient. Pendant longtemps, il croyait que c’était celles de spectres désincarnés voulant le faire payer le plein prix de la défaite. Mais peu a peu, en l’écoutant et en la laissant briser peu a peu ce qui avait été le mur d’acier qui était a la fois son moral et sa volonté, il se rendit compte qu’il connaissait son tortionnaire. C’était sa voix qu’il entendait.
Bercé par ses doutes, par ses peurs, par ses peines, il sombrait tranquillement dans un sombre et horrible désespoir. Tu les as laissé mourir, disait sa voix. Tu les as jetés vers une mort certaine avec ton plan. L’escouade Oméga, celle que vous surnommiez entre vous l’escouade toujours victorieuse, tu en es le seul survivant. Guntar est mort le premier lors de la première vague de l’invasion. En débarquant, ils ont du tuer tout le monde aux ports en premier. Fredric peu longtemps après, lors de l’invasion. Aram est succombé de ses blessures subies lors de l’assaut des cuisines. Tu es le dernier. Tu les as laissé mourir. Ils avaient confiance en toi. Tu les as abandonnés… Tu les as jetés dans une mort certaine avec ton plan...

Pire que tout, lui il avait survécu. Pourquoi lui? Il était coupable de tout. Spécialiste en armes, invaincu par les sabres de son niveau et même contre les quelques uns qui croyaient leurs techniques supérieures aux siennes, il n’avait pas pu contrôler le flot de la bataille. Il avait rapidement été abattu, traité comme un vulgaire jouet délaissé.
Il avait été porté jusqu’au village, puisqu’il se trouvait dans l’impossibilité de se mouvoir correctement. Encore un clou enfoncé dans son cercueil. Il avait toujours été du nombre qui transportaient, jamais le transporté. Il avait toujours pu retrouver l’énergie nécessaire à alimenter ses membres inférieurs. Les soldats manœuvrant le travois se jetait souvent des regards en coins, car leur blessé semblait de plus en plus glisser dans le monde de Nucter.

Il ressentit vaguement une certaine chaleur l’envahir un moment, mais n’ouvrit pas les yeux, sentant déjà une certaine magie s’opérer en lui. Combien de temps avait-il vagué dans l’inconscience et la fatalité du cerveau humain? Il ne pouvait le dire. Il essaya de dire au soigneur de l’oublier, de le laisser croupir dans sa noirceur, mais le seul son qui voulut sortir de son corps fut un court soupir. Il replongea ensuite dans ses pensées.

Soudain, un dernier bastion de sa personnalité choisi ce moment pour se débattre et s'accrocher a la vie. Il n’avait pas totalement échoué. Il avait sur lui l’objet de sa quête, ce pour quoi il était venu dans cet enfer. Il avait toujours la carte. Mais, épuisée, cette petite lumière fut rapidement repoussée dans les abysses de son âme.

Tranquillement, il se redressa, cherchant dame Hélèna du regard, mais lorsqu’il la trouva, elle était en pleine discutions avec le palatin d’outremer, l’ancien possesseur de la carte. Il semblait normal de ne pas aller donner l’objet du larcin a son commanditaire devait son propriétaire, donc il se mit à attendre un moment opportun, distribuant faux sourires et anecdotes a ses compagnons d’infortunes qui se mirent vraiment à croire qu’il en était sorti.

Les dieux savaient qu’ils avaient tors.

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Engagés dans le souterrain, c'est la lassitude qui s'était emparée de Volkmar.
La chute du Chastel était prévue.
Prévisible.
Mais comme ça, c'était une catastrophe!
Presque toute sa population avait été piégée dedans, et à un rien près, ils avaient failli perdre Arakasï.
Vous parlez d'une défense efficace.
Il essayait de se convaincre qu'ils n'auraient pas pu tenir plus longtemps.
Mais ça ne servait de rien que ce soit vrai.
Il lui suffisait de penser à tout ce qu'il aurait pu tenter pour que le moment de sonner la retraite vienne aussi tard que possible.
Il s'était fondu dans la masse, à ressasser son amertume.
Une amertume renforcée par l'apparent dédain que lui portaient les autres survivants de Roc le Castel.
Pas ses soldats, non qui étaient, de toute façon, aussi épuisés que lui, mais les autres, cet elfe borné qui leur servait de chef, pas foutu de quitter un piège à rat tant qu'il en est tant, et les fameux envoyés de Kalamaï, des fouines à coup sûr.
Marcher, marcher, ils avaient marché pourquoi, hein?
Avec quelles troupes ils pourraient vaincre l'invasion, elles avaient disparu, balayé par des brigands, des pirates, un ramassi de de gibier de potence.
Apathique, il avait suivi le mouvement, sans plus se soucier de rien.
Alors même, par exemple, qu'il s'était soucié de ses compagnons avant la défaite, ce fut le vieux Kerl, dans ce petit groupe exténué, qui le trouva, et non pas Volkmar qui y chercha son mentor en politique.
Une compagnie dont il se passa bien rapidement, par la hargne qu'il mit à le faire décamper.
La bourgade lui sembla n'être qu'une ruine boueuse et venteuse, il n'y vit que des faces hostiles, et des mines d'enterrement, et n'en eut cure, se contentant de continuer à suivre le mouvement pour se laisser tomber de sommeil.


C'est dans cet état d'esprit tout sauf productif, macérant dans son jus, qu'il se trouvait, le lendemain matin à Griseaux, après une nuit fort agitée, peuplée de songes et de rêveries malsaines.
Qui plus est, pour parfaire les choses, il avait, d'une humeur massacrante, envoyé bouler ceux qui s'étaient présentés à lui, et s'était isolé sans se préoccuper aucunement de l'aspect militaire des choses, laissant "ses" soldats en plan, qui avaient déjà, la veille, improvisé pour établir une veille précaire autour du village, bien dérisoire en cas de poursuite, mais obstinément, pour le geste.
Lui était allé se morfondre dans son coin, sur la première butte venue hors du village.
C'était donc un brillant général brûlant d'une flamme communicative qui avait réchappé du siège, à en voir la réaction de sale gosse qui lui venait désormais.

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Spoiler :

* tentative Babka

Hanna se tourna vers le sire Babka qui était venu à sa grande joie la déranger dans sa méditation avec ses disciples sur l'herbe. Il semblait soucieux, et elle savait à quoi il allait venir, de quoi il allait lui parler. Malgré tout, ravie d'interrompre sa séance au grand air , elle garda le sourire et lui prit chaleureusement la main pour l'emmener à l'écart. Tandis qu'il tentait de la convaincre comme elle s'en était doutée, du bien fondé de leur demande, sa main venait gracieusement lui caresser la joue, puis les contours de son visage devenu rouge pivoine. Elle frémit un instant, voulut se reculer d'un pas mais ne paraissait nullement en avoir la force ni la volonté pour s'exécuter.

Je... sire Babka...Je vous en prie...


Le regard enjôleur, profond de l'elfe acheva de la déconcerter, de la faire plier.

Bon très bien.
souffla t-elle d'un ton résigné. Elle tourna la tête à droite, à gauche comme pour veiller à qui pourrait les entendre puis rapprocha son visage de celui de Babka auquel elle murmura :

Il va falloir ruser. Le propriétaire ne se laissera pas dérober ses chevaux quelque en soit le prix ou la supplication. Voilà, ce que nous allons faire, vous allez prétendre vouloir rendre service aux villageois en échange des soins procurés et de l'accueil en proposant maints services avant de partir. Cela les ravira de ne pas avoir à travailler. D'abord vous irez, vous et vos amis traire les vaches, raser les moutons comme si de rien n'était et évidemment à la fin, vous viendrez récurer les chevaux et changer leur fers, sous mon égide et ma surveillance bien sûr. C'est là que vous passerez à l'action.


Un éclair d'hésitation traversa les prunelles d'Hanna. Pour ne pas attirer les soupçons, vous devrez m'assommer ainsi que le gérant du ranch. Surtout n'hésitez pas sire Babka, ou il m'en coûtera. Prévenez vos amis, et retrouvez moi après le déjeuner. Trouvez quelqu'un qui pourra emmener vos armes dans une cache et qui vous attendra lorsque vous aurez pris la fuite. Car pour apaiser les suspicions, il vous faudra vous atteler aux taches manuelles sans armures et sans armes. Je vous procurerai les vêtements qu'il faut. Partez à présent.

Sur ces mots, elle baissa son visage sur celui de son sire et lui baisota la joue avant de lui faire signe de partir et de retourner auprès de ses disciples.

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Jund, avait finalement réussi à trouver le sommeil après sa petite discussion du soir qui l'avait en quelque sorte rassénéré. Il était prêt à subir une harassante et rude journée, et déjà les soucis occupaient son esprit de bon matin tandis qu'il déambulait pensivement les rues du patelin. Comment allaient-ils régler cette histoire de montures, elles étaient indispensables à leur périple, et il leur faudrait coûte que coûte les emprunter à leur " charmants " hôtes quoi qu'ils en disent. Perdus dans ses réflexions, il fit à peine attention à celui qui lui adressait soudainement la parole en cours de route jusqu'à ce qu'il se présente.

- Excusez-moi messire, mais êtes-vous bien Arakasï, le Roi de l’Outre-Mer ? Je suis Irkos, je viens de la forêt de Kalferas, dont je suis le principal Conseiller. Vous devez connaître Mïlas, mon… second.


Oui c'est moi, Jund Arakasï.


La stupeur sembla comme frapper au visage du Palatin qui ne dit mot sur l'instant, occupé à détailler de son regard perçant, de haut en bas, l'individu qui prétendait être lié à Milas. Il avait perdu ce dernier, qu'il avait nommé intendant d'outre-mer en cours de route alors que le siège était mené, et avait fortement espéré qu'il avait réussi à s'échapper. Arakasï s'empressa de poser une épaule amicale sur le jeune elfe et lui clama avec précipitation :


Milas, alors vous l'avez vu ? Est-il en vie ? Si vous vous êtes échappés, j'imagine que lui aussi ? Je ne sais pas ce qu'il est devenu depuis le siège !
Après ces questions pressantes, Jund se calma et continua plus sereinement.

Nous avons nous même, mon groupe et moi, dont Volkmar, les ambassadeurs de Kalamai font partie, échappés aux pirates et fui la capitale jusqu'ici où nous avons trouvé gîte et soins. Nous nous dirigeons vers le delta du trident ou toutes les forces devront être rassemblés vers le sud. Seulement voilà, il nous faut des montures et ce n'est pas aisé par ici. C'est pure folie que de continuer à pied. Venez, je vous emmène voir les autres.


Et tandis qu'ils marchaient il lui demanda :
Comment êtes-vous arrivé jusqu'ici, avez-vous une monture, des hommes à vos côtés ?

Mais alors qu'il posait ses questions, il remarqua Volkmar au dehors, qui se morfondait seul dans son coin. Aux côtés d'Irkos, il atteignit le général.


Volkmar, que faîtes vous là seul, nous avons besoin de vous, et certainement pas ici à vous morfondre. Je sais ce qui vous ronge de l'intérieur. Ne vous en veuillez pas, les pertes de la guerre sont très chères, attendez la fin pour ça, il y en aura encore bien d'autres. Vous avez brillamment agi durant la bataille et j'ai toujours grandement confiance en vous. Allons venez mon ami.


Voyez qui est de nouveau à nos côté, le seigneur Irkos, lié à milas que vous avez vu au conseil.

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Dans un premier temps, l’Elfe ne lui accorda que peu d’attention, comme si il n’était qu’un simple paysan souhaitant parler au Roi. Mais lorsqu’il comprit son lien avec Mïlas, il lui prêta plus d’intérêt et le bombarda de questions. Ce qui étonna Irkos, étant donné que c’était lui qui était venu en quête de réponse. Mais Arakasï lui expliqua le motif de leur présence ici, et leurs projets. Avant qu’il ait pu répondre, l’elfe les mena dans un endroit plus propice à ce genre de discussion.

Il fit ainsi la rencontre de Volkmar, qui ,selon le Roi, était le Général de l’Outre-Mer. Mais l’humain semblait avoir le moral au plus bas, même après les paroles réconfortantes d’Arakasï.

Alors qu’ils étaient seuls, Irkos en profita pour narrer les péripéties qu’avait vécu lui et Mïlas
:


- Alors que je venais d’arriver au conclave, les trompettes annonçant le siège retentirent. J’avais en première intention l’envie de me battre aux côtés de mes frères, mais Mïlas parvint à calmer mes malheureuses pulsions, et nous nous sommes enfuis par le jardin. Comme il connaissait bien Roc-le-Chastel, nous ne rencontrâmes aucune résistance.
Malheureusement, la chance nous tourna le dos, et nous furent obligés de …
Les yeux d’Irkos se prirent soudain d’attention pour un caillou. De nous cacher dans des poubelles pour éviter une patrouille de pirates. Cela ne fut pas suffisant, et après nous avoir roué de coups, ils nous interrogèrent. Mïlas, encore lui, parvint à jouer la comédie et à faire croire aux pirates que nous n’étions que de simples Natifs.
Mais ils tombèrent sur une de nos lames et comprirent le mensonge. Commença alors une course poursuite, mais nous n’arrivions pas à les semer. Nous choisîmes donc de nous séparer.
Je parvins sans trop de soucis à sortir de la ville, et à rentrer à Kalferas, qui se trouve non loin de la Capitale. Mïlas rencontra plus de problèmes. Il se fit attraper par un groupe de corsaires avant qu’un orque ne l’aide à s’échapper. Puis nous nous retrouvâmes à Kalferas, mais il est resté là bas pour organiser la défense. Si les pirates apprennent que les deux fuyards venaient de ma forêt, mon peuple courra alors un grand danger, malgré les redoutables défenses que nous possédons. Je suis venu ici pour trouver des résistants avec qui je pourrai faire tomber ces corsaires.


Irkos reprit son souffle et laissa le temps à ses interlocuteurs de digérer son histoire.

- Pour ce qui est des montures, je suis venu avec mon étalon, reprit-il. Mais je suis venu seul. Si vous avez un peu de temps devant vous, je peux envoyer une missive à Kalferas et je serai ravi de fournir le groupe en chevaux de très bonne qualité.

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Aprés sa discussion très profitable avec Hanna, Babka retourna vers ses compagnons de voyage afin de leur annoncer la capacité obtenu d'avoir des montures. Il avait quelques remords d'avoir ainsi abusé de charme mais il faut ce qu'il faut pour sauver une nation. Parfois ce sont des détournements de fond, des enlèvements ou des meurtres, alors une petite mise en scène n'avait rien d'atroce par rapport au gain.

Faisant signe à ceux du groupe qu'il croisait en retournant au bâtiment, interrompant les discussions en cours. La troupe se retrouva rapidement réuni dans la maisonnée, à l'abri des regards et des oreilles indiscrètes.


Mes amis, j'ai obtenu la possibilité d'avoir des montures pour quitter la ville après avoir discuté avec Hanna. Elle nous propose d'offrir nos services aux paysans en remerciement des soins et de l'accueil que nous avons eu ici à Griseaux. Heureux de ne pas avoir à travailler, ils accepteront et réduira leur méfiance face à nous. Ces tâches seront de traire les vaches, tondre les moutons et pour finir, changer les fers des chevaux.

C'est là que nous agirons en assommant le gérant du ranch pour ensuite prendre chacun un cheval pour quitter au galop ce village. Évidemment, cela implique d'assommer Hanna aussi pour éviter tout soupçon sur sa personne, je demanderais donc à Hélèna de le faire... car bien que nécessaire, je ne conçois pas le fait de frapper une femme.

Qu'en pensez-vous ? Nous pouvons allez offrir dès maintenant nos services et nous enfuir au plus tard à la tombée du jour. Nul besoin de passer une nuit supplémentaire en ces lieux. Jund, je ne connais pas la distance qui nous sépare du Delta mais je suppose que de chevaucher jusqu'au matin nous permettra d'être assez prêt du but.

Babka avait le regard vif, heureux d'avoir trouvé solution à leur transport. Le temps pressait, il fallait quitter au plus vite cet endroit. Le palatin de Maon espérait que, pendant ce temps, leur missive avait atteint Kalamaï et qu'une armée était en route pour soutenir l'Outre-Mer.

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Alors que sa proposition de fournir le groupe en chevaux avait enthousiasmé ses partenaires, un elfe, qu’il ne connaissait pas, leur fit signe de venir. Il leur annonça qu’il avait trouvé un moyen pour se procurer des montures, ce qui lui permettait à Irkos de laisser ses bêtes dans sa forêt, car ils en auraient sûrement besoin au vu des récents évènements. Mais une idée plus brillante lui vint à l’esprit :

- Sire, si je comprend bien votre plan, vous allez rendre des services aux villageois en échange des soins qu’ils vous ont prodigué, n’est ce pas ? Il serait donc suspect que je prenne part à ses activités. Je propose donc que je reparte à Kalferas pour nous chercher une escorte, qui nous accompagnera jusqu’au Delta. Je reviendrai d’ici ce soir, avec une trentaine d’elfes, principalement des rôdeurs. Nous vous attendrons en dehors du village. Qu’en dites-vous ?

Il s’était adressé au groupe entier, calmement et sereinement car il savait que son plan était bon. Arakasï lui donna l’autorisation de partir et c’est ce qu’il fit en laissant ses camarades à leurs activités.
Alors qu’il enfourcha Caranian, Irkos regretta de ne pas avoir pu se présenter aux autres membres du groupe. Mais peut-être Arakasï le ferait-il pour lui, ou alors il se présenterait plus tard, pour l’heure il avait une mission à remplir.

Il arriva assez rapidement dans sa forêt. Il exposa rapidement la situation et prit quelques nouvelles. Ici, on mettait tout en œuvre pour se protéger face à une éventuelle attaque : pose de pièges, remplissage de cuve d’eau par les druides, rassemblement d’animaux… Derrière la cime impassible des arbres se tramait une activité d’une incroyable effervescence. Irkos choisit une trentaine d’elfes pour assurer leur protection : une vingtaine de rôdeurs, chacun spécialiste dans un domaine différent, et une dizaine de guerrier. Il fit le choix d’emmener un druide, au cas où des compétences magiques s’avéraient nécessaires
.


Le retour fut plus long. En effet, il ne devait pas galoper trop rapidement, sous peine de soulever trop de poussières et d’alerter les pirates. Mais les yeux vigilants des rôdeurs et de leurs familiers n’indiquaient pas la trace des corsaires. Ils forcèrent l’allure lorsqu’il commença à faire plus sombre. Comme prévu, ils s’arrêtèrent à un petit kilomètre du village pour ne pas éveiller de soupçons. Moins les gens savaient qu’ils possédaient une escorte, mieux cela valait pour eux tous.

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Le Palatin, conversait encore avec le seigneur Irkos, qui apportait quelques détails à son histoire tandis qu'ils faisaient route de retour " à la maison. "

Allons mon frère, oubliez les formes. Ce que nous avons vécu ensemble, nous permet d'aller au delà. Nous sommes des guerriers assermentés à la même cause, des frères de sang, qui allons combattre de concert après tout. Appelez moi Jund. Sans titre, ce sera considéré comme un honneur par votre bouche, car je ne doute pas de votre patriotisme et de votre loyauté à l'Outre-Mer. Ensemble, nous ferons face et frapperons avec la dureté de l'airain. Nous vaincrons ou mourrons l'épée à la main, votre sort ne sera pas différent du mien.


En cette matinée ensoleillée à Griseaux, des enfants couraient , criant, riant, piaillant, meute de louveteaux excités. Leurs mères les surveillaient de loin, tout en discutant, attelés à leur tâches ménagères, la plupart un panier de linges dans les bras. Malgré l'heure matinale, les rues étaient déjà très animées. Les artisans et fermiers avaient depuis longtemps commencé le travail, le seul commerçant du patelin criait pour attirer leurs premiers clients. Un petit vent chaud annonçait une journée aussi étouffante que la veille. Et à proximité, complotant allègrement, la troupe d'étrangers venue la veille et à laquelle plus personne ne faisait plus outre attention, ceux-ci ayant perdu quelque mystère à leur yeux. La compagnie paraissait discutailler sérieusement, mais paisiblement, c'est tout ce qui comptait. Ils se parlaient, complotaient, rejoint bientôt par un autre elfe, le Seigneur Babka Irvin, plus étranger à leur terre que les autres.


Jund afficha un air réjoui, une bonne nouvelle annoncée par le sieur et une préoccupation en moins, ça se fêtait !
Area indi nahayiel ! Bravo Babka, une initiative brillante que la votre ! Louée soit votre audace, grâce à elle le bien fondé de notre mission avance sans coups férir, à tout le moins de la manière la moins brutale. J'apprécie, vraiment ! L'Elfe considéra son confrère d'un oeil de respect, après qu'il ait conté son histoire et livré le plan mijoté conjointement avec sa belle. Décidément, c'était un homme de confiance sur qui on pouvait compter dans les cas de coups durs. Je ne sais pas comment vous avez fait pour convaincre cette prêtresse vindicative de nous aider, mais il est certain que vous y avez mis du votre et que vous avez su y faire. Mille merci à vous.

- Sire, si je comprend bien votre plan, vous allez rendre des services aux villageois en échange des soins qu’ils vous ont prodigué, n’est ce pas ? Il serait donc suspect que je prenne part à ses activités. Je propose donc que je reparte à Kalferas pour nous chercher une escorte, qui nous accompagnera jusqu’au Delta. Je reviendrai d’ici ce soir, avec une trentaine d’elfes, principalement des rôdeurs. Nous vous attendrons en dehors du village. Qu’en dites-vous ?


Mes amis, je vous présente le seigneur de Kalferas, l'un des compagnons de Milas que vous avez connu à la salle du conseil, l'intendant d'Outre-Mer récemment nommé à la charge. Se tient séant Irkos, un allié de poids je gage ! Voyez, à ce qu'il semble, il contribue déjà fortement à se rendre utile et à offrir le meilleur de lui-même et de son ingéniosité ! Son souffle indicible et son être enflammé des plus nobles intentions se dispensent déjà tout entier à la grande cause et à la réussite de la mission. Remercions-en les dieux d'être tombé sur lui par le plus grand des hasard.

Vous avez mille fois raison Irkos, prenez nos armes et armures avec vous, elles ne nous servirons pas ici. Quant à l'escorte et à son nombre elle me paraît parfaite. Il nous faudra être mobile.

Allez-y sans tarder mon ami, le temps presse. A bientôt j'espère.


Arakasï se tourna vers Babka, une fois Irkos évanoui dans la nature, le front soucieux et les sourcils froncés.


C'est là que nous agirons en assommant le gérant du ranch pour ensuite prendre chacun un cheval pour quitter au galop ce village. Évidemment, cela implique d'assommer Hanna aussi pour éviter tout soupçon sur sa personne, je demanderais donc à Hélèna de le faire... car bien que nécessaire, je ne conçois pas le fait de frapper une femme.


Je doute Babka, qu'Hélèna ait la volonté nécessaire pour frapper comme un diable le moment venu. Preste et prompte, tel un serpent qui s'érige pour mordre sans faillir, sans aucune hésitation. Une morsure pour abattre et non agresser. Voici tel qu'il faudra agir, il faut un esprit engagé pour ça ! La nécessité l'impose et nous n'aurons pas le droit à l'erreur. Je le ferai. Nous sommes en guerre et l'heure ne se prête malheureusement pas aux convenances, même avec de nobles Dames !
trancha le Palatin, une lueur dangereuse dans les yeux, le ton déterminé.

Notre mission est trop importante pour se laisser distraire par de menus détails, un peuple tout entier nous attend au détour et je compte bien accomplir ma charge, quelque soient les obstacles à franchir. Vous autres tomberez ensuite comme la foudre sur le gestionnaire du ranch et toute autre personne présente. Surtout, laissez lui le temps d'apercevoir mon attaque, sans ça, Hanna sera mise en difficulté suite à notre départ inopportun.


Nul besoin de passer une nuit supplémentaire en ces lieux. Jund, je ne connais pas la distance qui nous sépare du Delta mais je suppose que de chevaucher jusqu'au matin nous permettra d'être assez prêt du but.


Certes, je voyage aux côtés de formidables êtres, des survivants, et des guerriers accomplis, qui ont plus d'une fois prouvé leur valeur et leur endurance dans de terribles épreuves, dont nombre n'ont pu réchapper malgré toute leur habilités, leur force et leur ardeur . Je gage que toute une nuit de chevauchée escorté de rôdeurs qui connaissent ce pays comme leur poche, ne leur fasse guère peur. Oui, il se peut que nous arrivions à l'aube si rien ne vient troubler la quiétude du voyage. Bien, hâtons nous d'aller déjeuner et de nous vêtir, le spectacle est pour bientôt.

_______________________

La journée avança, et après le petit déjeuner, ils furent tous prêt à mettre leur plan en oeuvre. Hanna vint les accueillir comme prévu, complice à leur futur méfait. Elle les avait fait attendre, mais cela en valait la peine, les paysans avaient été superbement convaincus par son charme et la confiance qu'ils lui accordaient tout d'abord, mais surtout par la promesse d'une journée agréable de paresse et de détente, vu qu'on leur offrait la possibilité de travailler à leur place. Pas si embêtant que ça les étrangers après tout ! La troupe était là au complet. Hanna s'était fendue d'un étrange sourire mélancolique en apercevant le seigneur Babka, comme si elle le contemplait pour la dernière fois, puis elle mena la troupe aux tâches qui les attendaient. Ils s'occupèrent alors de traire les vaches, ce que le rôdeur fit à merveille contrairement à d'autres... Plusieurs fois on lui clamait qu'il aurait pu faire un bon fermier. Il dialoguait aux animaux bovins, les mains en action. Traire les vaches ne lui sembla pas particulièrement difficile une fois les explications fournies. Après ça, ils passèrent aux chèvres, un poil plus chiant.

Mais Arakasï se sentait étrangement bien, ému qu'il était, alors qu'il fermait les yeux de temps à autre pour inspirer toutes les fragrances de son enfance : l’odeur humide et végétale des sous-bois environnants, celle de la fenaison et des bêtes qui paissent, les effluves des rôtis, des épices, de la bonne chair brassée par la foule bigarrée en ce jour de marché …Quelle foison de sons et de couleurs également ! Entre le vert profond des prairies et des ramures, l’or du sol sablonneux et l’azur du ciel éclatant… Le martèlement sourd de quelques chevaux s’ébattant dans les prés derrière le village, le joyeux tintamarre des marchands où perçait de temps en temps les notes d’un chemineau et de sa vieille cithare.

Des enfants jouaient dans la poussière du chemin devant l’entrée, rixant de leurs épées en bois, se poursuivant dans de grands éclats de rire à travers les troupeaux de bovins, à peine troublés par les cris des garnements. Hommes et femmes s’activaient aux champs, leur corps ployant sous les lourds chargements de foin et de fruits. L'Elfe se sentit un poil gêné, mais ne regretta rien, déterminé. Il le faisait pour l'outre-Mer, rien ne l'arrêterait pour la grande cause. Quelques chevaux perdus n'étaient rien en comparaison d'un règne tyranique et la disparition de toute une civilisation.

Les mains rouges, pleines de crampes, La compagnie passa enfin à l'écurie à l'écart, étape finale et cruciale de leur périple. A l'intérieur régnait une agréable fraicheur. Jund poussa un soupir de soulagement, il n' y avait que le gérant du ranch et ses trois larbins, tous plus ou moins jeunes aux airs simplet, aujourd'hui entourés d'une bande redoutable dont il mésestimait la dangerosité . Vraiment, sans aucun doute ces gens étaient dénués de la moindre notion de prévention, de prudence, aussi épris de paix, je m'enfoutistes qu'ils étaient naifs, pensant à tord être épargnés par les tourments de la guerre qui n'épargnaient pourtant jamais personne.

Jund, fit signe de la tête à Volkmar de fermer discrètement la porte derrière eux et de rester planter près du vantail. Pendant ce temps le dénommé Dick crabbe, les accueillait.


B'jour, b'jour à tous ! Allez, retroussez moi ces manches, et bougez moi ces popotins bien garnies, y a pas mal de travail qui vous attend ! Vous allez commencer par nettoyer les chevaux, ensuite vous changerez les fers, mais s'pas tout, vous termin' rez par me nettoyer toute l'écurie.


Ce n'était pas prévu ça.
lui fit remarquer Arakasï.

Mon cul ! Quand on veut rendre service, on fait les choses bien ou on fait pas. Ici, c'est comme ça.


Le Palatin hocha la tête sans rien dire de plus. Le gestionnaire du ranch était certe malingre, mais comme ses larbins mal nourri et frêle. Et il ne disposait pour seule vêture qu'une tunique et une culotte crasseuse. En lieu et place d'une épée en ces temps de malheurs; il trimballait une vieille dague éméchée dont il était presque certain qu'il savait à peine en faire usage. Aussi ne constituait-il aucun danger pour eux. Parfait.


Bon, allez messieurs, au travail.
Dit Hanna d'un air presque désenchanté, s'interrogeant sur la personne qui allait l'assommer, son regard se riva une dernière fois dans celui du seigneur Babka. Elle lui transmit silencieusement ses souhaits de réussite et son adieu. La troupe se rapprocha dangereusement du gérant et des quelques écuyers présent. Arakasï ramassa une fourche à proximité et se rapprocha derrière Hanna Voyant son manège, le gérant lui cria :

Hey vous là, qu'est-ce que vous faîtes avec cette fourche, j'ai dis qu' le nettoyage se f'rait en dernier. Lâchez ça bordel !


Sans autre préambule, le Palatin frappa sévèrement Hanna du revers de la fourche sur son crâne.

Qu'est -ce que ?


Les autres laissèrent suffisamment de temps au gérant hébétée pour captiver et retenir la scène très réaliste, tant Arakasï y avait mis du sien, puis s'en prirent à lui et à ses sbires à leur tour avant qu'il ne se mette à crier. La troupe se montra aussi vive qu'impitoyable ! Ils devaient empêcher toute alarme, et hésiter à cette étape pouvait résulter des pires malheurs. Bientôt leur adversaires se retrouvèrent face contre terre, complètement groggy.

Vite, que chacun prenne une monture, il y en assez pour tout le monde !
lança Arakasï à la dérobée en se ruant sur le sien. Les villageois ne se rendront pas compte que nous fuyons avec, si nous remontons la sente à petit trot, sereins et calmes. Ils penseront que nous les utilisons pour les tâches ordonnées. Nous serons déjà loin avant qu'ils n'aient de moindres doutes, alors pas de panique s'ils vous plait ! Nous galoperons une fois la sortie proche, car là sans doute comprendrons-t-ils.

Jund prit son cheval, les autres également, mais c'est alors qu'un jeune écuyer fit son entrée, tombant en plein sur la scène. Après un regard mortifié, il rebroussa chemin et prit ses jambes à son cou !


Volkmar rattrapez le ! Vite avant qu'il ne prévienne les villageois ! Assommez le, et revenez vite à nos côtés, j'vous fais confiance.


Et sans accorder un autre regard à son général, persuadé qu'ils feraient les choses comme il fallait, il pressa les flancs de son cheval sur lequel il était monté et partit à l'avant en direction de la sortie du village.

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La voix d'Arakasï l'avait sorti de sa torpeur.
Honteux, gêné par le désistement qu'il leur avait infligé, de sa quasi débandade, il se releva presque d'un bond, avec un air de gamin pris en faute, et se frotta le visage avec les mains, comme pour se réveiller, sortir d'un mauvais rêve.
Il sentait lourdement le poids de la fatigue et de la lassitude, celui de la culpabilité, encore, mais l'approbation et la confiance renouvelée du Vice-Roi lui mettait du baume au coeur, soulageait un peu son esprit du fardeau qu'il avait choisit de prendre.
Avec un soupir, il étouffa un baillement soudain, comme si il se laissait aller à la fatigue des derniers jours.


"S'cusez, sire, j'essayais de récupérer un peu..."

Le mensonge était un peu gros, peut-être, mais il devrait suffire.
Il salua de la tête l'elfe, Irkos, qu'il connaissait déjà de vue, sans avoir vraiment jamais parlé avec lui, et leur emboîta le pas, masquant autant que possible son manque d'entrain encore flagrant. Mais il était debout, c'était déjà ça.

____________

Le plan était attirant, mais il avait ses défauts.
Pas celui de frapper une femme, si le vice roi ne s'y était proposé, Volkmar l'aurait fait, il valait mieux sauver la vie de cette campagnarde et lui infliger une bosse, que la laisser se faire lyncher par ses voisins, après tout.
Non, le souci, c'était l'état des chevaux, probablement des bêtes mal nourries, mal dressées, peu habituées à la monte, qui pouvaient risquer de les flanquer par terre pour un rien.
Elles risquaient de les handicaper, à long terme, alors il faudrait trouver mieux très rapidement.
Enfin, puisqu'il fallait se contenter de ça.
L'autre souci, c'était la participation aux tâches domestiques.
Tu parles d'une corvée!
Surtout pour s'occuper des bovins, ces animaux stupides et tous juste bons à engraisser pour leur viande.
Il s'y montra ridiculement malhabile, y mettant peut-être du même coup toute sa mauvaise volonté... Ce qui lui valut rapidement d'être envoyé à tire larigot, ou plus simplement à une autre tâche.
Un instant plus tard, on pouvait le trouver à transporter le foin avec les autres, torse nu, produisant ainsi un effort qu'il n'aurait pas échangé contre le pis d'une vache, par la Déesse!
Il n'était d'ailleurs pas le seul, loin de là...
Qu'elles gardent leurs tétines, au moins là, il pouvait ne pas penser trop, ça soulageait, mine de rien, quand on ressassait des idées noires, et retrouver une fatigue saine, physique, et non plus morale en outre.
Voyant les autres abandonner, plus tard dans la journée, un à un, leur activité, pour se rassembler, il pris un dernier chargement de foin, le chargea, et avec une chanson paillarde aux lèvres qui lui était venue, après quelques instants de travail, et qui s'accordait étonnament bien à ce genre d'effort, il l'emmena à destination, pour y récupérer son barda, sa tunique et, naturellement, une gourde qui disparut entre son gosier et sa tête, pour un peu de fraîcheur.
Enfin rhabillé et ayant retrouvé une mise correcte, il gagna ses comparses à grandes enjambées, pour entrer dans le dernier endroit de leur aventure icelieu.
Ah, et détail de la journée, Bakba n'avait pas du perdre son temps, pour convaincre leur bienfaitrice, le bougre!
Enfin, le dernier terme n'était pas de mise, évidement, puisqu'elle était une femme, mais, bref.
Il s'assura de la porte, mais probablement mal, puisqu'à peine allait-il aider les autres, que la porte s'ouvrit sur un gosse dépenaillé, a la sortie de l'adolescence, qui s'horrifia de la scène pour prendre ses jambes à son cou.


"Volkmar rattrapez le ! Vite avant qu'il ne prévienne les villageois ! Assommez le, et revenez vite à nos côtés, j'vous fais confiance."

Tudieu, comme si il avait attendu!
Ses talons fouaillaient déjà les flancs de sa monture avant que son nom ne résonne dans les lieux du crime.
Saisissant son épée, il galopa derrière ce gosse de fermier, songeant que si il lui écrasait le plat de sa lame, ou le pommeau de l'épée, sur le crâne, il risquait mieux de le lui éclater que de l'assomer.
Alors qu'ils étaient presque trop loin, aux abords des premières fermes, il le cueuillit d'un coup de pied vicieux derrière la tête, qui envoya le fuyard s'étaler à terre.
Volkmar sauta de cheval, maintenant la dite monture d'une main ferme, et attrappa le jeune garçon, de seulement trois ou quatre ans son cadet, par le col de sa tunique, le soulevant de terre.


"Merde, j'sais bien qu'le vol est jamais agréable, mais on l'fait pour vous bande d'ahuris!
Alors maintenant, comme j'compte pas sur toi pour la fermer tu vas m'aider à sortir."


Il cracha par terre, reposa le jouvenceau sur ses pieds, et l'assoma d'une mandale dans la tempe, avant de le hisser sur le cheval, et de monter derrière lui.
L'équidé, qui avait accepté la course parce qu'on ne lui avait pas laissé le choix, parut se débander, et vouloir partir dans tous les sens, avant que, tenant le gamin contre lui, il n'eut pu le maîtriser, par les genoux. Monter à cru n'était pas son fort, loin de la, mais heureusement il y avait des rênes, pour commander ses bêtes là.
Les serrant d'une main, il se les enroula autour du poing, et fit faire faire demi tour à sa caballe, pour rejoindre les autres survivants.
Passé au milieu des premiers groupes de manants, figures abasourdies, rictus de rage, et de colère, il pressa l'allure, quand une pierre vint heurter son genou, lui arrachant une grimace de douleur.
Le jeune général d'Outre Mer lâcha les rênes, saisit sa dague et la posa sur la gorge du garçon inconscient.


"Si je n'passe pas, il trépasse. Sinon, il aura l'occasion d'voir du pays ou d'rev'nir, mais d'façon, vos chevaux serviront l'Outre Mer. L'ennemi est sur vous, de toute manière, alors fuyez pauvres cloches!"

De la main ne tenant pas la dague, il attrappa une bourse à sa ceinture, l'envoya sur le chemin, et plus assuré du libre passage par la menace que par le reste, il fonça derechef au galop, les laissant sur place, grondants, mais avant qu'ils aient le temps de réagie, le tendron toujours sous sa coupe.
Après quelques courtes minutes, il eut enfin rejoint le groupe de nobles fuyards, qui semblaient n'attendre que lui.
Avec un haussement d'épaules, il dégagea la gorge de son otage de sa lame, et la rangea négligement.


"Riche idée, qu'j'ai eu d'le prendre avec moi, à un ch'veu près j'étais caillassé.
On s'tire ou on campe ici?"

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Les yeux d’Irkos s’étaient posés sur le village lointain avec anxiété. Même si il ne doutait pas que ses camarades pouvaient remplir leur part du contrat, il n’était pas impossible que les choses tournent mal. Mais lorsque qu’il vit une dizaine de petits points lointains soulever de la poussière, il se détendit. Leur stratégie avait fonctionné. Mais plus les silhouettes grandissaient et approchaient, plus son malaise grandit à nouveau. Nulle trace de l’humain, Volkmar, parmi le groupe.

Qu’est ce qui n’avait pas fonctionné ? Pourquoi le Général n’était pas avec eux ? L’Elfe pensait accueillir les résistants, et partir fissa pour ne pas être vu des villageois. Tout retard risquait de nuire à leurs projets. Alors que son esprit bourdonnait de nouveaux scénarios, le groupe était maintenant assez proche. Irkos vint promptement à leur encontre
:


- Pourquoi Volkmar n’est-il pas avec vous ?

Arakasï lui expliqua la situation et la petite mésaventure avec l’écuyer, tout en affirmant qu’il avait confiance en l’humain, ce qui apaisa à peine les inquiétudes du guerrier.

- Si il n’est pas là dans une dizaine de minutes, nous devrons nous éloigner du village sans lui. Il est important de rester discret et de ne pas nous éterniser ici. Et puis, les pirates peuvent nous tomber dessus à n’importe quel moment.

Irkos ne comptait pas réellement abandonner Volkmar à son sort, mais c’était sa partie raisonnable qui venait de parler. Fort heureusement, ce dernier apparut dans leur champ de vision quelques minutes plus tard.

Riche idée, qu'j'ai eu d'le prendre avec moi, à un ch'veu près j'étais caillassé.
On s'tire ou on campe ici ?


La réplique arracha un sourire à Irkos, mais il lui demanda de poser l’otage inconscient, qui serait un boulet là où ils allaient. L’Elfe s’assura d’un regard que le pauvre garçon était toujours inconscient, puis prit la parole :

- Nous partons au Nord-Est.

D’un regard, il fit comprendre à Arakasï qu’il savait ce qu’il faisait. Une fois que le groupe eut parcouru une distance raisonnable, il fit arrêter la troupe et prit la parole en souriant :

- Ne me prenez pas pour un fou, je sais bien que le Delta du Trident se situe au sud ouest. Mais il était important que les villageois ne sache pas la direction dans laquelle nous partons. Il perdit son léger sourire. Les pirates viendront tôt ou tard leur rendre visite et je doute qu’ils aient tous l’étoffe de garder leurs informations sous la torture.
Si vous souhaitez changer de montures et prendre un de mes chevaux plus performants, faites-le tout de suite, cela ne dérangera pas mes soldats.


Il avait du mal à parler de son escorte comme de soldats, mais ce terme simplifiait tout. Une fois que tout fut prêt, le groupe partit sous une pleine lune partiellement caché sous de gros nuages. La nuit allait être sombre, il faudrait rester vigilant.

Suite de la quête ici : https://do-roleplay.1fr1.net/terres-ruinees-f97/q1-au-galop-vers-le-trident-t2392.htm#44436

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Kennit s’était lancé dans une véritable chasse à l’homme. Les deux groupes de pirates s’étaient élancés et chacun savait que celui qui réussirait aurait le droit à quelques avantages donc le moins négligeables était l’or.

Cela s’avérait rechercher une aiguille dans une botte de foin. Un petit groupe d’hommes et de femmes dont certains connaissaient bien le terrain s’étaient enfui de la capitale de l’Outre-Mer. C’était les dirigeants et pouvoir les capturer puis les tuer permettraient d’asseoir leur nouveau pouvoir sur les habitants.

Cependant cette chevauchée était éprouvante pour les pirates. Ils n’étaient pas habitués, eux les hommes de la mer, les redoutables dont le simple nom faisait peur à leur ennemi, les terribles frères de la côte. Ils avaient les muscles endolories, ne sentaient plus leurs postérieurs et avaient des crampes sur les muscles des cuisses. Cela venait du fait qu’ils n’étaient pas habitués aux longues chevauchées.
Un pirate était d’ailleurs tombé et s’était blessé au crâne, il devait être fracturé. Ils s’arrêtèrent un instant dans le premier hameau où ils passèrent. Le but était de laisser le pirate blessé aux villageois afin qu’il reçoive des soins. Fara, l’homme qui avait en charge le second groupe, avait promis de les épargner si ces pauvres paysans s’occupaient de son homme. A dire vrai les paysans n’avaient pas beaucoup le choix.

Ils repartirent aussitôt, le gnome, qui connaissait bien la région, leur était d’une grande aide.

Par là il y a un ancien chemin qui n’est plus connu ou peu. Il est à couvert et si j’étais en fuite je le prendrai.


Aussitôt Fara et son troupe prirent ce chemin. Le guide n’avait pas menti, il était sinueux et sur les côtés des haies bordaient le chemin. De nombreuses épines la composaient et venaient érafler le groupe de pirates. Ils ne pouvaient avancer vite et parfois même ils furent obligés de descendre de cheval afin de pouvoir continuer leur progression.
Fara commençait à se poser des questions sur leur guide. Ce dernier les aidait-il réellement ou bien essayait-il simplement de leur faire perdre du temps ? Cela leur tracassait depuis quelques temps mais ils en avaient hérité sur ordre de Kennit qui était parti dans une autre direction.
Depuis ce temps il n'avait plus de nouvelle de leurs compagnons. il avait été convenu d'envoyer un messager dès que la capture aurait été faite.

Ils arrivèrent sur un légère bute et dans le bas ils pouvaient apercevoir un village d’une taille tout à fait respectable qui était à l’embranchement de quatre routes. Au loin Fara aperçu un nuage de poussière ce que n’échappa pas à leur guide. Qu’est ce que cela pouvait être, ils n’en avaient aucune certitude si ce n’est que c’était sans doute un convoi ou un troupeau pour faire cela. Ils faillaient qu’ils sachent.

L’ordre fut donné de charger le village en bas qui semblait dépourvu de défense et d’homme en arme. La consigne avait été donné de ne pas tuer si possible les habitants. C’était la technique de Fara, il ne voulait pas perdre de temps à massacrer et espérait que les habitants auraient assez peur pour coopérer.
Le groupe de pirates sortit leurs armes. Avec le talon de leurs bottes ils tapèrent les flancs de leur monture afin de les lancer au galop. Ils étaient à un rythme effréné, certains faillirent tomber par manque d’expérience de la chevauchée. Ils ne tardèrent pas à arriver au cœur même du village. En les voyant arriver les villageois s’étaient réfugiés dans leur habitation. Cependant il y avait un peu groupe d’hommes en armes. Aussitôt les pirates mirent pieds à terre, c’était des hommes de la mer et la plupart ne savaient pas se battre à dos de cheval.
Malheureusement pour les résistants, ils étaient en net infériorité numérique. Un combat acharné s’engagea mais était perdu d’avance. Les deux bords perdirent des hommes mais les pirates ne tardèrent pas à avoir le dessus.
Les défenseurs du village étaient morts et les pirates étaient trop gravement blessés pour reprendre la route ou pouvoir se défendre, leur souffrance fut achevée rapidement.

Fara hurla

SORTEZ TOUT DE SUITE ET IL NE VOUS SERA FAIT AUCUN MAL !
J’AI JUSTE QUELQUES QUESTIONS.


Mais le silence fut la seule réponse. Mécontent Fara ordonna à quelques hommes de descendre pour aller sortir par la force quelques habitants de leur cahute.
Aussitôt dit aussitôt fait des villageois furent trainer aux pieds de Fara sans le moindre ménagement. Quand il vu cela l’ancien du village qui faisait office du chef arriva à son tour.

Pitié Messire nous n’avons rien fait, nous ne sommes que de pauvres paysans qui n’avons ni or ni rien de valeur.

Je m’en fous de ton or, sais-tu que nous nous sommes rendu maitre de la Capitale !
Maintenant tu demandes ma pitié mais il va falloir la gagner. Tu as sans doute des informations qui me seraient précieuse.
Je cherche un groupe de lâches qui a fui le château de la Capitale. Nous les recherchons juste, nous ne leur voulons aucun mal. Tout comme à vous mais si vous me cacher des choses alors…


Mais nous ne savons rien, absolument rien


Fara sortie son pied de l’étrier de son cheval et en donna un bon coup dans le buste du vieillard qui roula à terre.

Ne me mens pas, j’ai bien vu le nuage de poussières au loin et il y a des traces de pas et de roues de charrettes ici.

Le vieillard reprenait avec difficulté son souffle. Fara prit les cheveux de l’ancien afin de le soulever un peu, sa gorge était bien en évidence. Il en profita pour sortir un poignard de son fourreau. La lame brillait aux rayons du soleil et il la plaça devant la gorge du vieil homme.

Alors personne ne veut causer ?

Une jeune fille accouru s’agenouiller devant Fara, elle était en pleur.

Pitié monsieur. Pitié, ne tuez pas mon grand père.
Je je vais tout vous dire…
Un groupe de gentilshommes est venu ici. Ils se sont arrêtés quelques temps afin de reprendre des forces et victuailles. Puis ils ont pris un otage.


La jeune femme pleurait et sa voix était étrangler, cela lui coutait visiblement de raconter tout cela.
Fara avait relâché le vieillard et portait toute son attention sur la jeune fille dont la beauté en ses lieux n’avait pas d’égal. Ses cheveux avaient la couleur de la paille, ses yeux verts étaient hypnotisant et ses formes parfaites. Même les pleurs ne gâchaient en rien son charme.

Ils, ils sont parti il y a peu par là.


Elle montra une direction. Il y avait de nombreuses traces qui partaient dans cette direction.

Pitié ne nous tuez pas, pitié.


Fara n’avait rien répliqué, il avait ce qu’il voulait.

A cheval, nous repartons.

Quelques pirates avaient profité du temps libre pour prendre des provisions pour la route.
Ils repartirent donc en direction du chemin où s’élevait le nuage de poussières.

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