Arrivée d’une caravane marchande

Nous y voila.

Celui qui avait parlé était Ethosem. Il venait enfin de poser le pied sur l’ile d’Etimnon, sa terre natale. Il voyait déjà se profiler l’imposante Samos, où il devait se rendre bien que l’envie ne lui en soit pas si pressante. Il aurait bien voulu revoir les siens. Et puis Samos avait été le symbole de la domination de Xanis sur l’ile, ce qui avait attiré la suspicion des communautés conservatrices, spécialement les Anciens. Non pas que la vie fusse plus difficile à supporter, il ne s’agissait pas de ca. Au contraire, les travaux entrepris par le Palatinat mesolongien fournissait du travail à pas mal de citoyens. L’aménagement du port permettait à Etimnon de retrouver une certaine forme d’attrait pour les habitants. Ethosem fut d’ailleurs étonné du travail accompli. Le port semblait en bonne voie d’être achevé. Le problème de l’invasion avait été la perte d’indépendance de l’ile et ça, les Anciens l’avaient ressenti comme une offense à leur dignité.

Poursuivant sa route sur la terre ferme, la caravane se présenta aux portes de la ville. Ethosem eut alors une gêne. Les flux de mana qui l’entourait relativement calmement d’ordinaire avaient commencé à s’agiter. Il n’y aurait normalement pas eu de quoi s’inquiéter. Après tout, Samos regroupe une large population adepte de l’art et des créatures magiques y arpentaient parfois les rues. Mais la distorsion présente avait des aspects menaçant et l’Enchanteur sorti immédiatement du chariot à l’arrêt… pour tomber à deux pas d’une liche. Mais enfin ce n’était pas possible, de telles créatures à Samos ! Ethosem fixait la créature éthérée avec un embarras profond. Plus que de la peur, c’était plutôt une interrogation sur la présence de tel être ici. La liche sonda l’Ancien, alors que d’autres de ses congénères faisaient de même avec les marchands effrayes et les soldats mal à l’aise. Ethosem préféra ne pas offrir de résistance à la liche et lui ouvrit une partie de son esprit. En faire plus aurait été offensant pour l’Ancien, qui de par sa longue vie, avait emmagasiné suffisamment de connaissance pour savoir que les liches avaient ce pouvoir de « lire » les esprits. Etrangement, la liche semblait hésiter, ce qui attira l’attention d’un groupe de sentinelles. Trois hommes se portèrent au devant de l’Ancien. Ils étaient lourdement armés et avaient une assurance dans leur marche qui prouvait leur statut de vétérans aguerris. L’un d’eux apostropha l’enchanteur.

Eh’ toi là ! Tu fais partie de la caravane ?

Ethosem, ne sachant réellement que dire, se souvint du morceau de papier si important aux yeux de Drethann. Il commença à fouiller sa sacoche à sa recherche.

Amis guerriers, je suis Ethosem et je ne sais pas vraiment pourquoi je suis ici. Par contre j’ai ce papier si vous me permettez.

Sans attendre de réponse, l’Ancien se mit à sortir des feuilles de papier de son sac. Puis d’autres, et encore d’autres. Un petit monticule de feuilles griffonnées apparaissait par terre au fur et à mesure que l’Ancien se livrait à son inspection. Les soldats semblaient plus que sceptiques devant le curieux personnage. La liche, impassible, ne bronchait pas.

Ca doit être quelque part, attendez…

L’Ancien s’accroupit et se mit à trifouiller l’amas de papier à la recherche du fameux laisser-passez. Il tomba enfin sur le parchemin scellé.

Ah ! Je vous l’avais bien dit ! fit-il avec un grand sourire.