[Q4]. Le Lieu-dit de Vanahen

Ulagan les avait trahi. Il les avait emprisonné dans la terre et avait emmené la sorcière. Aquilodon bouillait de rage. Le drow avait bien caché son jeu, et les deux clercs s'étaient fait avoir comme des bleus. Heureusement, Dorgo n'était qu'un apprenti, et le sort qu'il avait lancé ne les retarderait pas longtemps. Aquilodon, tout en se démenant douloureusement pour s'extirper de sa minable prison de terre, s'autorisa une insulte, alors que leur assaillant s'enfuyait, sa prisonnière sur le dos.

- Salaud !

Il sortit bientôt son torse du sol, alors qu'Aedric n'en était qu'aux bras. Puis son corps tout entier. Il se déplaça vers l'Inquisiteur, se guidant grâce aux grognements que celui-ci émettait, et l'aida à se dégager totalement.

- Ce sale mage le paiera, grogna le géant. Vous qui l'avez vu, Von Seviand, qu'a-t-il fait pour regagner aussi vite sa vitalité ?

- Il a bu dans les fioles des soeurs. Ce sont des potions énergisantes. Une bassesse de magicien.

Aedric tendit un des récipients au Prophète, qui le déboucha et le renifla.

- Je crains qu'Ulagan ne soit bientôt saisi par de terribles maux de ventre. Ces potions sont complètement avariées, et sa nature de drow ne va pas l'empêcher d'avoir une indigestion. Parfois, Velsfer peut rendre service. Une bonne courante servira de leçon à notre ami. Mais ça ne suffit pas. Aedric, vous devriez le poursuivre. Il ne doit pas être bien loin. Essayez de ne pas vous perdre, et, de grâce, ne tuez pas la prisonnière. Notre Maître, Sa Sainteté Thangorthorim, est le seul habilité à la juger. Essayez aussi de ne pas trop amocher le traître. Mais recevoir deux ou trois coups ne lui fera pas de mal.

Les blessures d'Aquilodon le tiraillaient, et il commençait à vraiment souffrir.

- Je vais retourner vers Xanis et l'autre, là, Aro. Vivement la fin de cette horreur. Bien qu'elle doive vous plaire, Aedric.

S'appuyant sur son bâton, il se dirigea vers l'entrée de la caverne. Alors que le Rouge cherchait des traces au sol afin de retrouver la piste du traître, le Prophète lui lança un dernier petit mot.

- A bientôt, Aedric. Puisse l'Equilibre et Brak vous garder.

Puis, boitant de plus en plus sensiblement, le Palatin de Zakinthe repartit d'où il était arrivé, pour rien, finalement.

''Demande à ma sœur''. Quelle petite sotte, en restant poli. La réponse était drôle, cela plaisait à Dorgo. Néanmoins, il était forcé d'admettre que cela l'agaçait aussi. Qui plus est, il entendit des bruits de pas, très proches, même trop, et rangea précipitamment le bout de papier. Aux aguets, il fut soulagé qu'il ne s'agissait que de deux soldats. Ils le félicitèrent et commencèrent à relever la malheureuse femme. L'Elfe noir avait déjà prévu une solution à ce petit inconvénient :

- Messires, ne me remerciez pas. J'ai pu attrapé la sœur seulement grâce à votre aide précieuse, et à mes compagnons. En parlant d'eux, votre Palatin Xanis est dans un grave état. Un inconnu veille sur lui, mais je vous conseille de vite partir à la clairière !

Alerté par ce nouveau fait, les soldats phœnix continuait à hésiter entre la perspective de rentrer glorieusement avec la sorcière, ou sauver la vie de leur supérieur direct. Dorgo les rassura :

- Ne vous en faites pas, je suis versé dans l'art des Arcanes. Elle ne pourra plus faire de mal, je peux m'en charger. Mais je pense que votre aide ne sera pas déprécié aux côtés du Thaumaturge.

Les deux humains hochèrent la tête, et s'en allèrent en le remerciant, encore une fois. L'Elfe noir était grisé, et attendit qu'il soit assez loin pour partir dans un éclat de rire. Qu'il était bon de posséder un intellect supérieur à la moyenne et duper ces stupides hommes ! Il se retourna vers la femme, un rictus cruel dessiné sur ses lèvres. La venue des gardes avait joué en sa faveur, maintenant elle était brisé psychologiquement. Elle avait cru s'en sortir, pour mieux replonger dans l'angoisse de la torture.

- Reprenons où nous en étions, ma chère. Il insista sur les deux derniers mots. Je vois bien que vous n'avez aucunement envie de me donner votre secret. Mais ce n'est pas MOI qui est tué votre sœur. J'ai participé à cette quête uniquement pour acquérir votre savoir. Ce n'était pas tout à fait vrai, mais l'Elfe noir se convainquit qu'il mentait bien. J'aurai même pu être votre élève, malheureusement on m'a fourré dans les pattes une bande d'incapables nuisibles. La situation a donc pris cette tournure regrettable, mais tant pis.

L'Elfe noir fut soudain pris d'une quinte de toux. Il se sentait nauséeux. Il jeta un regard à la femme, elle semblait surpris, mais une lueur d'amusement dansait dans ses yeux noirs. Était-ce un de ses tours ? Dorgo ne le pensait pas. Cela ressemblait fort à une banale indigestion, peut-être parce qu'il s'était enfilé deux potions. Quoiqu'il en soit, il vomit, mais cela ne soigna pas son mal de ventre. Il cracha sur la sœur, et continua:

- Ne te réjouis pas, sorcière. Laisse moi quelques minutes pour me reprendre, et tu enlèveras vite ce sourire difforme. En attendant, chaque minute qui passe rapproche Aedric de notre position. Et crois-moi, tu le détesteras plus que moi. Écris, ou alors tu subiras mon supplice dans un premier temps, puis celui de Von Seviand, bien plus horrible, dans un second temps. Ta sœur te serait plus reconnaissante de rester en vie et en bon état pour la venger.

L'Elfe noir patienta cinq minutes, puis dégoupilla encore un coup. Il s'essuya la bouche et passa magiquement en revue les alentours, il n'y avait encore personne. Il attendit encore un peu, puis sans un mot se jeta sur la femme, et lui arracha sauvagement un bout de l'oreille avec ses mains. La peau résista au début, puis le membre partit comme si on arrachait une tranche de jambon à mains nus. Le cri fut plus distinct que tout à l'heure, mais toujours étouffé par l'étoffe. Dorgo sourit, et agita la plume sous le nez de la sorcière pour l'inviter à répondre encore une fois à sa requête.

Dernière édition par Dorgo le Mer 17 Nov 2010 - 9:00, édité 1 fois

Il allait tuer cette ordure d’Ulagan, il n’avait jamais fait confiance à ce type mais là … Enterrer jusqu’au cou Aedric von Seviand, c’était un affront sans égal. Et cet elfe noir allait payer. Mais pourquoi ? Cet elfe n’avait que très peu d’intérêts à capturer cette femme que pouvait elle bien avoir qui pourrait intéresser le palatin d’Edhesse ? Il serait toujours temps de lui poser la question lorsqu’il l’aurait retrouvé. Mais avant cela il jeta un coup d’œil à la caverne. Il y trouva quelques objets magiques sans intérêt, mais il y avait ce vieux livre, « De la manipulation des âmes » , Aedric l’attrapa. Ce genre de livre ne devait tomber dans les mains des mages de Mesomnon, cela pourrait poser des problèmes. Puis cela pourrait toujours servir après tout… Il trouva un vieux baluchon où fourra le livre, et sorti de la grotte. Et là Orphange souri à Aedric. Il reconnu les soldats phœnix, qui sortaient des bois. Décider à tenter sa chance Aedric haussa la voix :

-Excusez moi soldats, le palatin Ulagan est parti sans prendre son grimoire je l’ai vu partir dans les bois, sauriez vous où il se trouve ?

Le soldat lui indiqua la direction en ajoutant que le palatin surveillait la prisonniére, et suite à sa demande Aedric lui indiqua l’endroit où gisait Xanis. Les soldats se dirigèrent vers leurs palatins. Et Aedric fonça vers Ulagan. Il ralentit rapidement guettant le moindre son. Il jeta un coup d’œil au sac afin de vérifier si le livre était toujours là. C’était le cas. Soudain un cri sourd étouffé se fit entendre. Aedric étouffa son envie de ricaner. Il l’avait retrouvé. La chance lui avait souri. Il allait voir comment ce chien d’elfe noir allait s’en sortir cette fois-ci.Il marcha vers la direction du son. Et vit Ulagan et sa prisonnière qui était étrangement privé d’une oreille. S’en fut trop pour Aedric, qui rit grassement. Le palatin d’Edhesse tourna la tête dans sa direction.

Dorgo vous ne comptiez pas partir sans me dire au revoir. Je vous ai connu plus… poli. D’un autre coté ce qui me rassure c’est que vos méthodes de torture sont bien gentille. Donc au fond vous ne devez pas être un mauvais bougre. Ou un débutant.

Le sourire sur son visage disparu tout à coup. Fixant d’un regard assassin son meilleur ennemi il dis :

Assez plaisanter. Que voulez vous à cette femme ? Vous n'auriez jamais pris de tel risque pour le plaisir de m'enlever le pain de la bouche. Ne vous a ton jamais appris qu’on ne se met pas entre un chasseur et sa proie Ulagan. Parlez vite si votre réponse me satisfait je vous laisserais tranquille. Enfin il faudra quand même que vous m’offriez un nouveau manteau vous m'avez bousillé celui-là. Et que vous me laissiez ce qui restera de cette femme. Je suis sur que nous pourrions lui trouver quelque utilités dans nos recherches à Nardogord.

Aedric mis la main sur As’elarith , à la moindre tentative de magie d’Ulagan, l’inquisiteur serait prêt à réagir. Au fond c’étais plus la curiosité qui l’habitait. Même si il savait que l’Edhessien mentait comme il respirait.

Cette satanée sorcière ne voulait pas dévoiler ses secrets. Pourtant, elle souffrait, cela se voyait. Peut-être considérait-elle ces tortures comme une expiation de son échec. Dorgo s'approcha à nouveau d'elle, lorsqu'Aedric surgit de derrière les fourrées, un air triomphant gravé sur son visage ingrat. Il était plein de terre, l'Elfe noir souriait. Il lui asséna son ironie habituelle, avant de reprendre d'un ton plus sérieux qu'il ne devait plus se mettre entre lui et sa proie. Dorgo jeta un regard entendu avec la femme, sous entendant ''je te l'avais dit''. Il répondit:

- Je ne saurai jamais parti sans vous revoir, mon cher Aedric. Toute cette aventure nous a soudé n'est-ce pas? Nous sommes de proches amis maintenant !

Il rit, puis réfléchit. Il était mal au point à cause de cette maudite potion. Il ne ferait pas le poids dans un combat face à l'Inquisiteur. Et ce dernier était aux aguets, donc un coup en douce était aussi à exclure. Il soupira:

- Soit, je suis las d'elle, je vous la laisse. Pour tout vous dire, j'ai essayé de faire du zèle, en essayant de lui soutirer la présence de quelques complices ou autres. Du moins, c'est ce que je dirai à un tribunal si je devais être jugé. Toujours est-il que je m'en vais. A très bientôt ! Il se retourna et reprit la direction de la clairière, mais balança une pièce d'argent cabossée au pied d'Aedric. Pour votre manteau !

******

Avant d'aller voir Xanis, il refit un petit tour à la grotte. Il fouilla dans les multiples coffres, qui regorgeait d'armes magiques plus ou moins puissantes. Dorgo possédait déjà un Sceptre de Kereb, qu'il ne parvenait pas à utiliser. Il ne s'encombrerait donc pas d'une autre arme, il avait toujours bon espoir de réussir un jour. Il s'empara d'un éphémère, un petit bijou permettant d'accélérer le gain de mana. Il le cacha dans sa poche, puis se saisit d'une besace où il plaça une cape brumeuse, un Magia pro doemisis, opus I, un grimoire de foudre, et un grimoire de terre. Sa faiblesse redisait dans ce type de sort, de tels grimoire lui serait certainement utile. Satisfait, il pensa néanmoins qu'il devrait revenir ici pour emporter plus d'objets, même si d'ici là tout aurait été certainement volé. Il déglutit une nouvelle fois dans deux coffres, avec l'espoir que les pillards s'en salissent les mains. Et en plus, il commençait à se sentir mieux.

Il se dirigea ensuite vers l'endroit où reposait Xanis. Les soldats autour de lui s'affairaient à lui prodiguer les premiers soins. Le mage à ses côtés ne cillait pas, et portait un regard bienveillant sur les hommes. L'Elfe noir s'approcha:

- Les sœurs sont maintenant neutralisés, et Aedric veille sur la survivante. Mais vous devriez aller l'accompagner avant qu'il ne dérape. Il se tourna vers l'homme mystérieux.
Aro, si tel est votre nom, dites moi si et comment Xanis va s'en sortir. J'aimerais vous poser d'autres questions, mais cela ne me réussit guère en ce moment.

Dorgo n'avait pas vu dans un premier temps le Géant. Paradoxal, mais sa récente déconvenue gastrique avait altéré ses sens. Il s'approcha et lui exprima tout son mépris. L'Elfe noir le prit bien, il s'attendait à une sentence pire. Avoir évité la claymore d'Aedric et les grosses main du Prophète constituait un véritable exploit, il était fier de lui.

- Aquilodon, vous ne comprenez pas. Si je vous aie neutralisé vous et Von Seviand, c'était par excès de zèle. Il répeta son discours. J'avais envie de connaître la source du pouvoir de cette femme, et la présence eventuelle de complice. Tout cela dans le strict but d'aider l'Empire à se protéger d'une nouvelle menace. Mais mes méthodes ne sont pas les vôtres. Vous m'en auriez empêché, alors je vous ais, l'âme en peine, neutralisé. Je vous suis toutefois redevable par vos soins, je ne l'oublierai pas. Et soyez rassuré, les Dieux m'ont déjà puni. J'ai été malade comme un chien. D'ailleurs j'ai faim, nous devrions rentrer.

Mais Aquilodon soupira, et se coucha. Un des soldats phœnix fit la même proposition que lui. C'était décidé, il rentrerait à Orchomène. Le Géant ronflait, et Xanis pionçait comme un bienheureux. Si on exceptait ses plaies. L'Elfe noir fut lui aussi pris d'un coup de barre, et fixa l'horizon les yeux vides pendant une bonne dizaine de minutes. Il pensait à la femme. Quel dommage de n'avoir pu lui soutirer l'origine de sa puissance. Elle doit s'en mordre les doigts à présent. Si il lui reste des dents et des doigts.

Une chariot tiré par trois chevaux pur sangs déboula, il avait été réquisitionné au village proche d'ici, et interrompit ses fantasmes. Enfin le moyen de locomotion tant attendu arrivait.

- Mon cher compagnon, il est temps de se lever !

Il n'osa pas toucher le Géant, mais ce dernier devait avoir entendu. Il aida les soldats à mettre Xanis dans la charrette, et regarda en faisant coucou de la main Aquilodon qui était resté sur place. Le chariot était trop petit pour lui, mais les soldats avaient promis qu'un moyen de transport plus grand arriverait dans très peu de temps.

Arrivés à la Capitale de Mésomnon, une semaine plus tard, Dorgo prit une chambre dans une auberge, engloutit la nourriture proposée, comestible cette fois, et partit dans un profond sommeil lorsqu'il se coucha tout habillé dans son lit. Il prendrait des nouvelles du Thaumaturge plus tard.

Dernière édition par Dorgo le Mer 17 Nov 2010 - 8:58, édité 1 fois

Ulagan tenta de se justifier avant qu'Aquilodon ne s'endorme, mais ses explications ne convinrent pas au géant, qui se coucha sans répondre.

Le drow le réveilla quelques temps après. Fourbu, le géant enleva la terre qui maculait son visage. Ses blessures avaient coagulées, il devait donc avoir dormi quelques dizaines de minutes, au moins. Apparemment, un attelage arrivait, tiré par des chevaux. Il sentit que Dorgo et le soldat encore présent mettait Xanis dans le char, et montait à sa suite. Avant de partir, le soldat lança au Prophète qu'un chariot, plus gros, arriverait sous peu pour l'emmener lui aussi, avec le dernier soldat et Aedric, s'ils étaient revenus d'ici là.

Puis les chevaux partirent au galop dans un hennissement, le laissant seul au milieu de la forêt, qui devint soudainement lugubre. Quel calvaire que la cécité ! Aquilodon s'en rendait maintenant compte, alors que l'euphorie d'avoir découvert l'Equilibre s'estompait, même si sa perception demeurait. Ukrimos avait dû souffrir de s'infliger lui-même cette horreur. Ukrimos... Mort bêtement, comme beaucoup. Le désir de vengeance du géant s'était estompé aussi vite que sa vue.

Tirant le Prophète de ses rêveries, le chariot annoncé arriva. Si Aedric et le soldat ne revenaient pas maintenant, il partirait, et eux seraient bon pour plus d'une semaine de marche pour rentrer à Orchomène, s'il ne retrouvaient pas les montures qui les avaient portés à leur arrivée.

Et ils ne revinrent pas. Le géant grimpa à bord, aidé par le cocher, qui lui demanda :

- Où sont vos compagnons ?

- Nous n'avons plus de signes d'eux depuis plusieurs heures, mentit Aquilodon, pressé de partir, et peu inquiet du sort des deux hommes, qui s'en sortiraient forcément, s'ils ne s'étaient pas entretués. Ne nous attardons pas, cet endroit reste dangereux, malgré notre victoire.

La charrette repartit de bon train, tirée par un attelage de six étalons. Le Prophète s'endormit de nouveau. La semaine de voyage allait lui paraître longue.