Précedemment : https://do-roleplay.1fr1.net/terres-ruinees-f97/q1-village-de-griseaux-t2332-15.htm#44434
Musique : https://www.youtube.com/watch?v=Qk16--gdlHg&feature=related
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Ce soir différait de celui de la veille, paisible et réconfortant. Les ténèbres avaient, ce soir une espèce d'âpreté qui vous hérissait le poil. Une course folle contre la montre semblait s'engager, et les infinies trainées de poussières étincelantes défilant à l'orée de la nuit étaient là pour le démontrer. Au galop vers le trident sous le noircissement du crépuscule ! Tagadac, tagadac, tagadac ! Des heures que l'on chevauchait vers le sud, le sud ouest puis derechef le sud, qu'on chevauchait dur sur les traces d'une forteresse et que ce faisant, l'on s'éloignait de plus en plus du danger des remparts de Roc-le Chastel. Avec ce vent froid qui soufflait du nord et qui arrachait aux arbres des bruissements de choses en vie. La lune inondait littéralement de sa lumière froide et pâle la terre fertile d'Outre-Mer, qui dans son immensité était parsemée à l'un de ses flancs d'un petit groupe d' hommes en armures et montés. La compagnie Arc-en ciel, - comprenant Babka, Volkmar, Irkos, Hélèna, le Soldat d'Outre-Mer, l'escouade de Naal et Jund - escortés par les troupes de Kalferas, sur le pied de guerre, toute à leur prudence et à leur discrétion sans commune mesure, étaient en route pour leur mission sur le chemin les menant à leur destination, et qui plongeait depuis longtemps sans fin ni cesse dans des vagues vertes infinies sans révéler le moindre habitat ni la moindre population. Les armes au fil tranchant, étaient pour l'instant dans les fourreaux mais prêtes à être dégainés au moindre signe de guet-apens
Au bout de longs moments de chevauchée dans une ambiance glaciale, la Baie d'Ysilia leur apparut au lointain vers l'est, joyau d'azur dans un écrin de fières et imposantes falaises. Les eaux limpides aux doux reflets de vert véronèse et de bleu céruléen léchant les plages de sables blanc, la brise iodée faisant frémir le maquis environnant, galvanisant ses odeurs de myrrhe qui s'écoulaient par effluves loin dans l'atmosphère ...Tout cela apaisa quelque peu la colère de Jund qui se reprochait encore les nombreuses vies civiles arrachées lors du siège, devant lequel il s'était montré impuissant, s'était presque embourbé. Il y avait le parfum aussi, pénétrant, mordant, chaud, inoubliable. Ce parfum indescriptible qui déposait sur la langue le goût des roses orientales dont les épines dégageaient une fragrance d'épices, et faisaient couler dans la gorge quintessence de souvenirs, brouillant les sens et les idées. Non, le paysage n'avait pas changé depuis le temps. Et pour cause. Tout - mort, vivant, sec, fruité, animal, végétal, ombres, éclats, rayons du soleil, même - tout semblait figé, immobile dans les jeux du vent. Il n'y avait pas d'autre bruit que son chant, d'ailleurs. Son chant, et le crépitement de la poussière qui cuisait sur les pierres opalines, irradiant une lumière presque mystique. Et tandis que les voyageurs s'avançaient, avalant à chaque pas minutes et lieues, et qu'à leur oreilles sifflait le figé, propulsé à une vitesse folle; Jund se régalait des années passées à parcourir les contrées d'Outre-Mer, et dont les moindres recoins lui revenaient largement à l'esprit dans ce moment intense.
Les cavaliers à l' âme aventureuse, s'engouffraient, s'immiscaient, dans ce merveilleux ensemble; s'engageant avec détermination dans les allées de la terre, une terre brûlante d'ardeur et de vie. La poussière virvoltante, s'électrisant au contact du passage fougueux de la cavalcade relâchée à l'extrême, tourbillonna férocement dans les airs qui accablées par tant de passions, étaient rendue aveugle par une violente brume opaque embrassant le ciel et toute l'atmosphère. La brise elle, enflait leur vêture, le ployait, déployait telle une voile, faisant dans le même temps s'envoler leur résolution, leur audace aux nues de l'Outre-Mer décidément souriante à ceux qui osaient ces temps-ci. Les couleurs, se succédaient au fur et à mesure de l'avancée, jusqu' à s'effleurer les unes aux autres et se mélanger subtilement devant la vision soumise aux lois et à la puissance de la vitesse. Les traits opalescent de la lune s'hasardaient ici et là en cette soirée, teintant la plaine d'une couleur pourpre, des ombres mouvantes se découpant à leur suite.
La bête grise et argent du Vice-Roi, troquée grâce à la proposition du Seigneur Irkos, progressait d'une allure fluide et soyeuse, et son poitrail fendait la terre promptement, d'une manière exaltante. Et lorsque Jund avait adopté le triple galop à un kilomètre de Griseaux, il s'était pris à sourire. Le sentiment que la pouliche répondait à la moindre pression des jambes, à la moindre tension des rênes lui avait remonté le moral, tout rôdeur amoureux qu'il était de ces choses simples de la vie, et il la mit au galop parmi les hourvaris, les exclamations des soldats elfes qui s'étaient rejetés sur leur destrier à l'avant pour remonter jusqu'à son allure. Juste derrière lui ou à son côté, attentifs et concentrés, piaffaient ses compagnons et ses amis. Délaissant bientôt la grande route, ensemble ils prirent au travers des plaines onduleuses assombries de brume. Ils avaient déjà suffisamment distancé Griseaux depuis longtemps mais ils ne ralentissaient toujours pas leur course. Le temps pressait ! Sous les pieds des chevaux s'ouvrit une vaste plaine brune et dénudée deont la platitude était de loin en loin relevée par de longues buttes basses.
Delta du Trident à vue ! Envisagez compagnons, contemplez ! Voyez cette immense plaine et cette colline là-bas, ravagées d'ombres de tentures par milliers, et au beau milieu de leur nudité alarmante, ce point noir qui tranche et découpe abruptement à l'un de leur flancs, en hauteur comme en profondeur ! La forteresse du Trident, socle indestructible de notre future unité, source intarissable de courage et d'espoir, assise inébranlable de notre futur reconquête ! hurla enfin Jund à l'avant de la formation , tournant bride sans perdre de temps en direction de sa destination, élancé dans une course aussi prompte qu'impétueuse au dessus de son destrier. Il prit le vent de plein fouet tandis pressa les flancs de son grand hongre gris et l'animal s'ébroua furieusement, écumant par vagues impressionnantes de nombreuses salves blanchâtres de sa bouche, suivi quelques secondes plus tard, d'une multitude, de ses confrères domestiques huant toute leur ardeur. Des flots véhéments de poussières s'élevèrent alentour dans le sillage de la calvalcade menée dans un train d'enfer. Il reprit la parole, sa voix bataillant contre la férocité du vent pour se faire entendre.
En contrebas de la barrière rocheuse que vous admirez devant nous se trouve un replat qui avoisine la centaine de pieds de large. C’est le lieu qu’a choisi la forteresse pour s'ériger hautement sur le Delta, le surplomber, le dominer, faire corps avec lui. Il doit s'y trouver des milliers de tentes et à l'intérieur des milliers soldats qui piaffent d'impatience de faire couler le sang ! C'est le lieu qui a été choisi pour convier toutes les armées du continent, outremerses comme alliées. Ils sont actuellement entrain de grignoter des centaines d'hectares de terre à s'installer tour à tour, se restaurer et se préparer pour la contre-offensive imminente ordonnée lors du siège du Chastel, exécution d'un plan mûrement anticipé.
Le but de notre mission étant de rejoindre cette force gigantesque qui se lève pour la commander, nous avons tout intérêt à jouer et rivaliser de rapidité tout autant que de discrétion jusqu'à l'arrivée de notre périple, indemnes et dotés d'un moral d'acier. Heureusement qu'il fait nuit car pour quelques heures, nous allons être soumis à la nudité de la plaine, aucun élément de la nature ne pourra nous dissimuler.
Dès lors, à destination, nous ferons la jonction avec les troupes qui nous feront entrer derrière une grande muraille et nous introduiront auprès du Chevalier-Capitaine Talon Ker'Wann, le tenant et commandant absolu des lieux.
N’oubliez pas. Adaptation et vigilance sont les maîtres mots de notre équipée, nous avançons en terrain inconnu dans la nuit noire tant au niveau de l’ennemi que de l’environnement. Nos ennemis ne sont peut être pas préparés, mais ils ne sont pas aveugles !
La troupe suite à ces avertissements sans ambiguité, fondit avec toute la férocité et la détermination qui était la leur, égales à celles de l'elfe en direction de la plaine nue à laquelle ils allaient se livrer à vue et à nez pendant quelques temps.