Le voyage avait été long, mais Aquilodon était enfin de retour à Arthandre. Sans passer par le campement Ménéxen, il se dirigea vers la Grande Tente. Il devait recevoir un rapport d'Humfalos et transmettre ses instructions avant d'aller se reposer. Il laissa les marchands qui l'avaient guidé aux abords de la cité et marcha seul dans les rues animées par les enfants batifolant dans l'ardeur du crépuscule. Enfin, il arriva devant le lieu de son pouvoir, et y pénétra sans s'annoncer. De toute façon, en Zakinthe, il n'y avait pas assez de hérauts pour pouvoir remplir ces formalités qui n'étaient d'ailleurs pas d'usage ici. Humfalos se leva péniblement et s'inclina un peu lorsqu'il vit rentrer son supérieur.
- Votre Clairvoyance... Bienvenue en vos terres. Qu'est-il arrivé à vos yeux ?
Le Sage avait dit cela sur le ton de la conversation, tandis que le Prophète s'asseyait sur un des coussins qui jonchaient le sol, en quelques endroits.
- Ils ont été brûlés. Mais ne parlons pas de cela. Quelles nouvelles ?
- J'ai appris votre défaite à la nomination pontificale. Je suis déçu, même si je la comprends. Mais vous avez raison, passons aux nouvelles. Pendant vos mois d'absence, l'économie a connu un essor fulgurant. L'agriculture s'est mécanisée, nos mines prospèrent plus que jamais, mais notre budget commence à vaciller. Nous avons trois choix : soit nous trouvons une autre source de revenus, soit nous faisons des concessions, soit nous laissons Dunamopole aux frais de Thassopole. D'après mes calculs, l'argent gardé en arrêtant de financer les chantiers nous permettrait de combler notre déficit futur.
- J'ai des projets pour Dunamopole, Humfalos. Je vais en faire don à l'Eglise. Même si j'ai perdu, l'Empereur m'a accordé des pouvoirs presque égaux à ceux d'Aedric Von Seviand. Je peux demander l'intégration de la Ville Puissante au patrimoine ecclésiastique. Ainsi, le chantier continuerait aux frais du Culte. Autre chose : j'ai pensé à rejoindre la Coalition Marchande. La Triade Prévèze-Zakinthe-Maon pourrait écraser l'impact économique de Thassopole, ce qui ne peut tourner qu'à notre avantage. Sur le court terme, nous allons perdre de l'argent, mais sur le long terme... Nous allons devenir une Province richissime, Humfalos. C'est nécessaire pour notre développement. La bonne volonté du peuple ne suffira plus, à un certain point.
Vous m'avez parlé de concessions. A quoi pensiez-vous ?
- Ralentir notre croissance économique...
- Hors de question. Quoi d'autre ?
- Cesser d'investir dans de vaines escarmouches et ordonner le rapatriement de la division du Lieutenant Grodor et des forces anti-Pirates de Gargath.
- Faites plutôt ceci. A quoi la division Grodor s'était-elle attelée ?
- A combattre les anarchistes. Ils ont repris la frontière, mais nos pertes ont été énormes, comparées à celles de l'ennemi.
- Envoyez un émissaire aux anarchistes. Je veux qu'ils sachent que Zakinthe ne sera plus une menace pour eux, tant qu'ils ne touchent pas à nos alliés. Envoyons Thassopole les écraser s'ils refusent notre non-agression sous condition. Je n'ai pas de respect pour ces gens qui ne respectent même pas leurs idéaux. Ils tentent de les imposer aux autres, c'est paradoxal ! Mais enfin, cessez pour l'heure les hostilités contre eux. Quelles nouvelles de Targaf la Moitié et de Kintar ?
- D'après leur dernier rapport, les Intendants de Méthone ont refusé notre aide militaire, ainsi que celle de Thassopole, mais les armées de Prévèze ne sont pas du même avis.
- Hum... Il faut que je réfléchisse à cela. Je ne peux pas me mettre Prévèze à dos. Si les anarchistes ne tentent rien, ne faites rien.
- Les anarchistes avancent déjà vers Méthone. Lentement, certes, mais ils avancent.
- Très bien. Enfin, non, mais au moins, voilà qui accélère ma décision. Contactez le généralissime Siegfrield de Thassopole, qu'il envoie ses troupes à Grodor.
- A vos ordres. Hum... Au fait, nous avons banni un village minotaure, Srive, au sud-est d'ici. Il refusait d'adhérer à l'Equilibre.
- Pardon ? Vous avez fait quoi ?
- Nous l'avons banni.
- Triple buse ! Mais vous êtes stupide ! Envoyez leur Jurkud, et proposez leur d'être réintégrés. S'ils ne veulent pas, je me déplacerai moi-même. Faites attention, Humfalos. Une bourde comme ça de plus pourrait vous coûter votre poste.
- Oui monseigneur.
- Rien d'autre ?
- Rien d'autre, Votre Clairvoyance.
- Bien. Je vais me reposer. Vous direz à Jagdal que je suis de retour, et vous l'enverrez en Maon pour adhérer à la Coalition. Ah, et... Si nous avons des orphelins courageux, trouvez en un qui puisse devenir mon guide. Bonne nuit, Humfalos.
Les entretiens entre le Palatin et son Intendant n'était que rarement plus long. L'un ordonnait, l'autre exécutait. Malgré son athéisme, son caractère de cochon et ses quelques erreurs, Aquilodon avait foi dans les compétences du Sage. Il gérait à merveille la Province en perpétuelle mutation, même si les directives du Palatin n'étaient pas toujours très claires.
Le Prophète arriva rapidement au camp des Ménéxens, et l'on l'accueillit avec allégresse, comme des enfants accueillent leur père rentrée vivant de la guerre. L'on chanta le Chant du Crépuscule, et Aquilodon ressentit un bonheur simple qu'il n'avait plus eu depuis longtemps. Il était chez lui.
- Votre Clairvoyance... Bienvenue en vos terres. Qu'est-il arrivé à vos yeux ?
Le Sage avait dit cela sur le ton de la conversation, tandis que le Prophète s'asseyait sur un des coussins qui jonchaient le sol, en quelques endroits.
- Ils ont été brûlés. Mais ne parlons pas de cela. Quelles nouvelles ?
- J'ai appris votre défaite à la nomination pontificale. Je suis déçu, même si je la comprends. Mais vous avez raison, passons aux nouvelles. Pendant vos mois d'absence, l'économie a connu un essor fulgurant. L'agriculture s'est mécanisée, nos mines prospèrent plus que jamais, mais notre budget commence à vaciller. Nous avons trois choix : soit nous trouvons une autre source de revenus, soit nous faisons des concessions, soit nous laissons Dunamopole aux frais de Thassopole. D'après mes calculs, l'argent gardé en arrêtant de financer les chantiers nous permettrait de combler notre déficit futur.
- J'ai des projets pour Dunamopole, Humfalos. Je vais en faire don à l'Eglise. Même si j'ai perdu, l'Empereur m'a accordé des pouvoirs presque égaux à ceux d'Aedric Von Seviand. Je peux demander l'intégration de la Ville Puissante au patrimoine ecclésiastique. Ainsi, le chantier continuerait aux frais du Culte. Autre chose : j'ai pensé à rejoindre la Coalition Marchande. La Triade Prévèze-Zakinthe-Maon pourrait écraser l'impact économique de Thassopole, ce qui ne peut tourner qu'à notre avantage. Sur le court terme, nous allons perdre de l'argent, mais sur le long terme... Nous allons devenir une Province richissime, Humfalos. C'est nécessaire pour notre développement. La bonne volonté du peuple ne suffira plus, à un certain point.
Vous m'avez parlé de concessions. A quoi pensiez-vous ?
- Ralentir notre croissance économique...
- Hors de question. Quoi d'autre ?
- Cesser d'investir dans de vaines escarmouches et ordonner le rapatriement de la division du Lieutenant Grodor et des forces anti-Pirates de Gargath.
- Faites plutôt ceci. A quoi la division Grodor s'était-elle attelée ?
- A combattre les anarchistes. Ils ont repris la frontière, mais nos pertes ont été énormes, comparées à celles de l'ennemi.
- Envoyez un émissaire aux anarchistes. Je veux qu'ils sachent que Zakinthe ne sera plus une menace pour eux, tant qu'ils ne touchent pas à nos alliés. Envoyons Thassopole les écraser s'ils refusent notre non-agression sous condition. Je n'ai pas de respect pour ces gens qui ne respectent même pas leurs idéaux. Ils tentent de les imposer aux autres, c'est paradoxal ! Mais enfin, cessez pour l'heure les hostilités contre eux. Quelles nouvelles de Targaf la Moitié et de Kintar ?
- D'après leur dernier rapport, les Intendants de Méthone ont refusé notre aide militaire, ainsi que celle de Thassopole, mais les armées de Prévèze ne sont pas du même avis.
- Hum... Il faut que je réfléchisse à cela. Je ne peux pas me mettre Prévèze à dos. Si les anarchistes ne tentent rien, ne faites rien.
- Les anarchistes avancent déjà vers Méthone. Lentement, certes, mais ils avancent.
- Très bien. Enfin, non, mais au moins, voilà qui accélère ma décision. Contactez le généralissime Siegfrield de Thassopole, qu'il envoie ses troupes à Grodor.
- A vos ordres. Hum... Au fait, nous avons banni un village minotaure, Srive, au sud-est d'ici. Il refusait d'adhérer à l'Equilibre.
- Pardon ? Vous avez fait quoi ?
- Nous l'avons banni.
- Triple buse ! Mais vous êtes stupide ! Envoyez leur Jurkud, et proposez leur d'être réintégrés. S'ils ne veulent pas, je me déplacerai moi-même. Faites attention, Humfalos. Une bourde comme ça de plus pourrait vous coûter votre poste.
- Oui monseigneur.
- Rien d'autre ?
- Rien d'autre, Votre Clairvoyance.
- Bien. Je vais me reposer. Vous direz à Jagdal que je suis de retour, et vous l'enverrez en Maon pour adhérer à la Coalition. Ah, et... Si nous avons des orphelins courageux, trouvez en un qui puisse devenir mon guide. Bonne nuit, Humfalos.
Les entretiens entre le Palatin et son Intendant n'était que rarement plus long. L'un ordonnait, l'autre exécutait. Malgré son athéisme, son caractère de cochon et ses quelques erreurs, Aquilodon avait foi dans les compétences du Sage. Il gérait à merveille la Province en perpétuelle mutation, même si les directives du Palatin n'étaient pas toujours très claires.
Le Prophète arriva rapidement au camp des Ménéxens, et l'on l'accueillit avec allégresse, comme des enfants accueillent leur père rentrée vivant de la guerre. L'on chanta le Chant du Crépuscule, et Aquilodon ressentit un bonheur simple qu'il n'avait plus eu depuis longtemps. Il était chez lui.