Des centaines de galères de guerres arborant les deux croissants de Thassopole mouillaient dorénavant au large de Dunamopole. Elles escortaient un nombre important de barges, remplies d’hommes en armes. Thassopole allait dorénavant lâcher ses hommes sur Zackinthe. Régiment après régiment, la cité se remplissait d’homme.
Du haut du Donjon, immense tour surplombant la ville, le Rouge regardait par une meurtrière, les hommes s’activaient. Combien d’hommes avait-il emmené avec lui ? Plus d’une vingtaine de milliers lui avait assuré Sir Tristan, et plus de cinq milles chevaliers du Nord. Peu confiant dans les troupes des grandes cités du Sud de l’archipel, Aedric avait préféré amené dans son expédition les osts des indisciplinés barons du Nord ainsi que ce qu’il restait des forces de Nardogord. Des milliers de tentes, se plantaient déjà dans les ruines de la cité qui avait survécu par miracle à l’assaut des hommes d’Aquilodon, la première d’une longue série de victoire pensa-t-il alors. Ses yeux se rivèrent de nouveaux, sur les bannières qui flottaient dorénavant un peu partout dans le camp, il y avait bien entendu les armes de la République, mais sur chaque tente, sur chaque pavillon, flottaient les armoiries de tel ou tel baron, donnant au camp un aspect multicolore fruit de la diversité des provenances des troupes. La République était divisée en précisément trois cent douze districts, chacune représentées par un sénateur, mais chacune de ses divisions tendaient à se prévaloir d’une identité et d’une culture qui lui était propre et que le bourgmestre ou le seigneur local élu sénateur se devait de préserver. Ainsi même si l’orgueil d’être thassopolien et ’idée d’appartenir à un unique peuple supérieur à tous les autres parmi l’Empire existaient bel et bien, il restait en Thassopole des résidus clanique, si bien que les cents soixante-deux districts représentés dans l’armée arboraient chacun leur propre étendard. Parmi ceux-ci, l’un flottait plus haut que les autres, le sanglier noir sur fond écarlate, l’emblème des von Seviand et de ce fait celui de Nardogord. Bientôt, celui-ci se dresserait fièrement au-dessus des cendres d’Arthandre.
L’idée lui décrocha un sourire, mais cette guerre n’était qu’une étape, une fois Zackinthe soumise, ce serait le tour de Maon, la chute d’Irvin entrainerait la chute de l’Empire et de ces cendres naitrait un nouvel empire. Un empire libéré de tous ces infâmes hypocrites de la Magistrature, de tous ces opportunistes, ces lâches, ces infidèles, il les enverrait bruler en enfer, tous sans exception.
Aedric ! Tu es toujours parmi nous ?
La voix de Siegfrield le fit sortir de ses pensées. Il se retourna, autour d’une table étaient réunis les membres du conseil restreint que lui avait adjoint le Sénat de la République. Il était composé de six membres, même si Aile-Noire était en mission à Perganon, Konk tenait sa place au sein des Sept. Il les regarda successivement. Une sacrée clique qu’il se coltinait. Un vieux général, un baron vindicatif, un prêtre barbu et tout rabougri, deux politiciens sans scrupules et une tueuse professionnelle. Enfin c’est comme ça qu’on pouvait présenter les choses, si on était particulièrement négatif. Regagnant lentement sa place. Il demanda d’un air fatigué :
Je vous prie de m’excuser éminents confrères où en étions-nous ?
Le général Konk venait de nous gratifier de son rapport sur la bataille de Dunamopole.
Et que disait ce rapport général ?
Qu’il ne me restait que deux milliers d’hommes et que vos Elus on subit de lourde perte. Mais la question demeurait du sort des mille cinq-cents prisonniers votre Sainteté.
Quelle questions, écorchez moi ça vite fait !
Si je puis me permettre Aedric. Je te rappelle qu’Aquillodon tiens aussi nos hommes de plus tu salirais ton honneur en …
Je me contrefous de mon honneur, ces chiens sont justes bon à mourir pour les crimes de leur maître.
Sir Tristan et Konk approuvèrent d’un hochement de tête. Mais Siegfrield se permit d’insister.
Malheureusement Aedric, il est de coutume que ce genre de mesure soit soumise à un vote au sein du conseil. Et pour ma part je suis pour qu’on renvoi immédiatement ses prisonniers à Gargath.
Après un rapide tour de table, la proposition de Siegfrield fut adoptée à quatre voix contre trois. Aedric bouillait, comment Siegfrield osait il le contredire devant les autres. Puis il se raviva, ce vieux renard devait avoir un plan. Et comme si il lisait dans ces pensées le général se remit à parler.
Il nous faut à tout prix éviter l’arrivée de l’armée impériale, pour cela nous devons nous comporter de la façon la plus honorable qu’elle soit, sans tendance séparatiste ou excès de brutalité. Nous ne faisons que défendre nos possessions continentales rien de plus. Zackinthe est la province de Brak, ces habitants sont donc nos frères et il convient de les traiter ainsi. Mais la vrai question est de savoir comment nous allons agir.
Marchons immédiatement sur Arthandre et écrasons ce lieutenant Grodor et son Aveugle de maître rapidement. S’écria Sir Tristan en tapant du poing sur la table, le duc de Rivesang n’était pas du genre à aimer ces longues palabres, il était homme d’action.
A la surprise générale, le Rouge hocha la tête pour dire non.
Si nous attaquons Arthandre maintenant, cela nous forcera à marche à travers les steppes tout en ayant l’armée de Zackinthe à nos trousses. Pour se ravitailler ce n’est pas l’idéal. Non il nous faut rester près des côtes tant que nous ne pouvons pas assurer notre approvisionnement en nourriture. La marine de Zackinthe ne saurait empêcher nos navires de nous livrer, mais une fois enfoncée dans les terres rien de moins sûr. Et il suffirait à ces barbares de nous regarder mourir de faim.
Je n’aurais pas dit mieux Aedric.
D’une même voix les sénateurs Saurien et Harlton s’exclamèrent :
Mais alors par tous les diables que faisons-nous ? Nous n’allons pas mener cette guerre en campant dans ce champ de ruine.
Messieurs les Sénateurs, vous ne pensez pas que j’ai traversé la mer pour rester à me prélasser dans cette horrible tour humide.
Un petit sourire de coin aux lèvres, le rouge tapotait de l’index la carte de l’Empire déroulée sur la table.
Nous frapperons en force ici ; à Gargath ! C’est la plus grande ville côtière de Zackinthe. Nous l’assiègerons avec toutes nos forces par voie terrestre pendant que notre flotte formera un blocus du port. Nous n’aurons plus qu’à laisser ces types mourir de faim pour que l’armée de Zackinthe arrive à leur rescousse et là nous l’écraserons une bonne fois pour toutes et forceront l’Aveugle à négocier la paix.
L’intégralité du conseil approuva l’idée. On libéra le soir même l’intégralité des prisonniers de fait lors de la bataille de Dunamople qu’on laissa repartir dans les steppes de Zackinthe sans rien d’autre que les haillons qu’ils portaient. Le lendemain, dès l’aube l’armée thassopolienne se mit à longer la côte en direction de Gargath étendards au vent et bien décidé à en découdre avec ceux qui voudraient lui barrer la route.
Du haut du Donjon, immense tour surplombant la ville, le Rouge regardait par une meurtrière, les hommes s’activaient. Combien d’hommes avait-il emmené avec lui ? Plus d’une vingtaine de milliers lui avait assuré Sir Tristan, et plus de cinq milles chevaliers du Nord. Peu confiant dans les troupes des grandes cités du Sud de l’archipel, Aedric avait préféré amené dans son expédition les osts des indisciplinés barons du Nord ainsi que ce qu’il restait des forces de Nardogord. Des milliers de tentes, se plantaient déjà dans les ruines de la cité qui avait survécu par miracle à l’assaut des hommes d’Aquilodon, la première d’une longue série de victoire pensa-t-il alors. Ses yeux se rivèrent de nouveaux, sur les bannières qui flottaient dorénavant un peu partout dans le camp, il y avait bien entendu les armes de la République, mais sur chaque tente, sur chaque pavillon, flottaient les armoiries de tel ou tel baron, donnant au camp un aspect multicolore fruit de la diversité des provenances des troupes. La République était divisée en précisément trois cent douze districts, chacune représentées par un sénateur, mais chacune de ses divisions tendaient à se prévaloir d’une identité et d’une culture qui lui était propre et que le bourgmestre ou le seigneur local élu sénateur se devait de préserver. Ainsi même si l’orgueil d’être thassopolien et ’idée d’appartenir à un unique peuple supérieur à tous les autres parmi l’Empire existaient bel et bien, il restait en Thassopole des résidus clanique, si bien que les cents soixante-deux districts représentés dans l’armée arboraient chacun leur propre étendard. Parmi ceux-ci, l’un flottait plus haut que les autres, le sanglier noir sur fond écarlate, l’emblème des von Seviand et de ce fait celui de Nardogord. Bientôt, celui-ci se dresserait fièrement au-dessus des cendres d’Arthandre.
L’idée lui décrocha un sourire, mais cette guerre n’était qu’une étape, une fois Zackinthe soumise, ce serait le tour de Maon, la chute d’Irvin entrainerait la chute de l’Empire et de ces cendres naitrait un nouvel empire. Un empire libéré de tous ces infâmes hypocrites de la Magistrature, de tous ces opportunistes, ces lâches, ces infidèles, il les enverrait bruler en enfer, tous sans exception.
Aedric ! Tu es toujours parmi nous ?
La voix de Siegfrield le fit sortir de ses pensées. Il se retourna, autour d’une table étaient réunis les membres du conseil restreint que lui avait adjoint le Sénat de la République. Il était composé de six membres, même si Aile-Noire était en mission à Perganon, Konk tenait sa place au sein des Sept. Il les regarda successivement. Une sacrée clique qu’il se coltinait. Un vieux général, un baron vindicatif, un prêtre barbu et tout rabougri, deux politiciens sans scrupules et une tueuse professionnelle. Enfin c’est comme ça qu’on pouvait présenter les choses, si on était particulièrement négatif. Regagnant lentement sa place. Il demanda d’un air fatigué :
Je vous prie de m’excuser éminents confrères où en étions-nous ?
Le général Konk venait de nous gratifier de son rapport sur la bataille de Dunamopole.
Et que disait ce rapport général ?
Qu’il ne me restait que deux milliers d’hommes et que vos Elus on subit de lourde perte. Mais la question demeurait du sort des mille cinq-cents prisonniers votre Sainteté.
Quelle questions, écorchez moi ça vite fait !
Si je puis me permettre Aedric. Je te rappelle qu’Aquillodon tiens aussi nos hommes de plus tu salirais ton honneur en …
Je me contrefous de mon honneur, ces chiens sont justes bon à mourir pour les crimes de leur maître.
Sir Tristan et Konk approuvèrent d’un hochement de tête. Mais Siegfrield se permit d’insister.
Malheureusement Aedric, il est de coutume que ce genre de mesure soit soumise à un vote au sein du conseil. Et pour ma part je suis pour qu’on renvoi immédiatement ses prisonniers à Gargath.
Après un rapide tour de table, la proposition de Siegfrield fut adoptée à quatre voix contre trois. Aedric bouillait, comment Siegfrield osait il le contredire devant les autres. Puis il se raviva, ce vieux renard devait avoir un plan. Et comme si il lisait dans ces pensées le général se remit à parler.
Il nous faut à tout prix éviter l’arrivée de l’armée impériale, pour cela nous devons nous comporter de la façon la plus honorable qu’elle soit, sans tendance séparatiste ou excès de brutalité. Nous ne faisons que défendre nos possessions continentales rien de plus. Zackinthe est la province de Brak, ces habitants sont donc nos frères et il convient de les traiter ainsi. Mais la vrai question est de savoir comment nous allons agir.
Marchons immédiatement sur Arthandre et écrasons ce lieutenant Grodor et son Aveugle de maître rapidement. S’écria Sir Tristan en tapant du poing sur la table, le duc de Rivesang n’était pas du genre à aimer ces longues palabres, il était homme d’action.
A la surprise générale, le Rouge hocha la tête pour dire non.
Si nous attaquons Arthandre maintenant, cela nous forcera à marche à travers les steppes tout en ayant l’armée de Zackinthe à nos trousses. Pour se ravitailler ce n’est pas l’idéal. Non il nous faut rester près des côtes tant que nous ne pouvons pas assurer notre approvisionnement en nourriture. La marine de Zackinthe ne saurait empêcher nos navires de nous livrer, mais une fois enfoncée dans les terres rien de moins sûr. Et il suffirait à ces barbares de nous regarder mourir de faim.
Je n’aurais pas dit mieux Aedric.
D’une même voix les sénateurs Saurien et Harlton s’exclamèrent :
Mais alors par tous les diables que faisons-nous ? Nous n’allons pas mener cette guerre en campant dans ce champ de ruine.
Messieurs les Sénateurs, vous ne pensez pas que j’ai traversé la mer pour rester à me prélasser dans cette horrible tour humide.
Un petit sourire de coin aux lèvres, le rouge tapotait de l’index la carte de l’Empire déroulée sur la table.
Nous frapperons en force ici ; à Gargath ! C’est la plus grande ville côtière de Zackinthe. Nous l’assiègerons avec toutes nos forces par voie terrestre pendant que notre flotte formera un blocus du port. Nous n’aurons plus qu’à laisser ces types mourir de faim pour que l’armée de Zackinthe arrive à leur rescousse et là nous l’écraserons une bonne fois pour toutes et forceront l’Aveugle à négocier la paix.
L’intégralité du conseil approuva l’idée. On libéra le soir même l’intégralité des prisonniers de fait lors de la bataille de Dunamople qu’on laissa repartir dans les steppes de Zackinthe sans rien d’autre que les haillons qu’ils portaient. Le lendemain, dès l’aube l’armée thassopolienne se mit à longer la côte en direction de Gargath étendards au vent et bien décidé à en découdre avec ceux qui voudraient lui barrer la route.