Après avoir joué, le capitaine fit ses salutations au mercenaire et lui souhaita bonne nuit, avant de quitter le vaisseau. Le mercenaire, poings liés, se recoucha, mais ne trouva pas le sommeil. Il laissa sa tête aller au gré du tangage, posant son oreille contre les murs de bois pour sentir les vagues se briser contre sa coque. Ce fut ainsi pendant de nombreuses heures. La fatigue avait finalement pris le dessus sur l'ancien général qui somnolait. Son sommeil était parcouru de cauchemars horribles. Il voyait des mercenaires violer une pauvre femme qu'il ne connaissait que trop bien . Il voulait intervenir, mais le fourreau de son sabre était vide. Il voulait les étrangler, les arrêter, mais ses mains ne lui répondaient pas et ils se contentait d'applaudir, alors que la magicienne criait sa douleur, son désespoir. L'image prit une autre tournure. Il vit ses hommes abattus un à un, en parfaite ligne, alors qu'ils l'injuriait, le couvrait de leur malheur...Les têtes qui roulaient au sol l'insultait et le maudissait.....Nathaniel se releva en sursaut. Il était couvert de sueur, et sa tête lui tournait. Il reposa la tête sur son oreiller. Son souffle se calmer alors qu'il calait sa tête dans l'oreiller.Il tourna la tête pour voir le corps malmené de Sélèna lui tendre la main. Il hurla, et se réveilla à nouveau. Cette fois, il était bien réveillé. Il tremblait, ses muscles tétanisés par la peur. Plusieurs minutes passèrent avant qu'il ne retrouve son calme. Il savait ce qui lui arrivait. Les dieux ne lui laisseraient donc aucun répit, pas même dans les rêves.Il essaya de se recoucher, mais s'en trouva incapable et voulu se lever. C'est alors qu'il entendit pour la première fois une sorte de cisaillement. Il plaqua son oreille sur le bois du mur. Le même cisaillement, extrêmement fin et faible, continuait à bâbord. La mer étant très calme, cela ne pouvait vouloir dire qu'une chose. Il entendit des voix hors de la cabine. Il n'eut même le temps de se lever qu'une trompe sonnait. Une trompe très familière... Connaissant la suite, il se jeta au sol alors que la mur éclatait dans une formidable explosion de bois. Une énorme flèche de fer avait complètement défoncé le balustrage. Dans la nuit de pleine lune, les bannières grises ornées d'un étalon et d'un épervier ne laissaient aucun doute. C'était la lame légendaire ! Des cris fusaient à l'extérieur alors que l'immense vaisseau arrimait le bien plus petit navire. Sous l'adrénaline, Nathaniel enfonça la porte de sa cabine pour se retrouver sur le pont. Déjà des hommes en gris abordait le navire et assaillait les braves marins du petit bateau. Un d'eux s'en pris même à Nathaniel, lui balançant son épée vers le ventre. Nathaniel se recula prestement avant d'écraser de son pied la lame au sol et de frapper de son autre genou le menton de l'homme qui s'affaissa sur le sol. Nathaniel releva les yeux : c'était déjà terminé. S'approchait de lui Fergus, celui à qui il avait laissé la lame avant de partir. La tête de Nathaniel tournait à nouveau et lorsqu'il tomba, ce fut deux de ses hommes qui le rattrapèrent.
"Nathaniel ! Que Synodar soit loué ! Nous pensions ne plus jamais vous retrouver! " s'exclama Fergus. C'était un homme robuste à la barbe grisonnante mais foisonnante. Un homme de valeur, qui avait consacré sa vie à la mer. Nathaniel releva la tête vers l'ancien pirate.
"Fergus....Et moi-donc...Comment as-tu..."
"Je n'ai rien fait. Depuis que l'ordre officiel sur ton exil a été publié, nous attaquons tout les vaisseaux plus petits que le nôtre sillonnant cette partie de l'océan. C'est un miracle de t'avoir trouvé. Allez, vient prendre un verre, on a beaucoup à se raconter."
"Attends....Où est...le capitaine....de ce navire?"
"Nous ne l'avons pas trouvé. Des hommes disent avoir vu un homme tomber à la mer alors qu'il se battait contre nos gars. Nous n'avons pas essuyer de pertes, par chance. Et nous voilà avec 21 prisonniers ! Allez, vient"
Soutenu par ses hommes, Nathaniel suivit Fergus dans le luxueux quartier des capitaines de la lame légendaire. Le navire pouvait facilement se payer cette luxure, les coffres du bateau étant toujours pleins. Les mercenaires de légendes n'étant jamais injuste envers leurs coéquipiers, ils n'avaient aucune raison de voler entre eux. Le pirate offrit un verre d'une boisson très forte de l'Outre-Mer, que Nathaniel accepta volontiers. Son ton devint plus grave alors qu'ils trinquèrent.
"Alors, Nathaniel, que veux-tu faire, à présent?" s'enquit-il.
"Eh bien...D'abord, nous irons récupérer nos hommes, qui doivent avoir été libéré de leurs travaux. Je me rend compte maintenant que j'ai trop laisser de choses aller en pensant que mon compte était fini. Fergus, les dieux me hantent. Je ne sais pas combien de temps j'ai avant que je...."
"Chaque chose en son temps. Reprends-toi à boire. Les hommes sont d'un moral extraordinaire de te revoir en vie. Nous avons pillé plus de 7 navires depuis ton départ, ainsi n'ont-ils rien à se reprocher. Nous ferons payer à Fardall de Zirconie ce qu'il t'a fait subir. Mais en son heure."
Nathaniel ne répondit pas. Il regarda l'épave du bateau de voyage couler. Et maintenant?
"Quelle île?"
-Songes de Nathaniel, Derrière la couverture du livre 4.