Le Monde de Kalamaï
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La calèche s'engagea sur la place de l'obélisque, marquant le début de la Rampe Céleste conduisant vers le palais du Basileus. Les chevaux commencèrent l'ascension de la douce pente de marbre blanc menant droit vers le centre du pouvoir Ald'Rhunais. Le soleil déclinant s'éteignait vers l'Ouest, emmenant avec lui les chaleurs d'une journée d'été sans nuages.
A bord de la calèche, Millus, le Basileus, regardait vaguement le port de sa Cité. Ses yeux voyaient sans réellement voir, en réalité. Tout comme pour ses concitoyens, c'était la morosité qui s'était installée sur la ville. Ils la combattaient tous, sans totalement réussir à s'en défaire... Tout avait débuté avec la disparition de la comtesse Ianoss d'Ald'Rhune. Cette perte avait provoquée une profonde tristesse parmi la population. Millus avait même eu du mal à digérer ce que la missive annonçant la tragique nouvelle lui livrait, noir sur blanc. Il connaissait personnellement la comtesse. C'était une femme de bien. Jolie, jeune, pleine de vie, de compassion, d'empathie, de sagesse et d'espoir. Un rayon de soleil dans une journée de pluie. Un arc-en-ciel sur un horizon noir d'orages. La perle d'Ald'Rhune. Ce que la Cité pouvait offrir de mieux au reste du monde...
Les circonstances étaient troubles. D'après les informations, une tempête avait provoquée le naufrage de la frégate Hylvië au large des côtes de Naxopole. La comtesse, en sa qualité de palatine doublée de personnage impérial influent, avait entreprit un voyage diplomatique loin de chez elle. Et alors qu'elle allait atteindre le but du voyage, la tempête avait emportée son navire comme un fétu de paille. Les restes de la frégate consulaire avaient été repêchés en même temps que les hommes composant son équipage. A l'exception de la vingtaine de disparus, dont parmi eux, la comtesse.
Le Contarque avait aussitôt dépêché une escadre pour patrouiller dans les eaux du naufrage, sans rien trouver pendant deux mois. Le capitaine De Jolett avait participé aux recherches, apportant sa précieuse expertise à l'amirale Amelia Neraï. L'ancien capitaine de la Hylvië savait pour ainsi dire précisément où son navire avait fait naufrage. Mais l'exactitude de son positionnement n'avait pas aidé à retrouver qui que ce soit. Pas même un corps...
La nouvelle de la présumée mort d'Hélèna Ianoss avait abattu la population d'Ald'Rhune. Mais dans cette tristesse et cette morosité, était apparu une lueur de beauté. La Cité tout entière s'était mobilisée pour faire à cette jeune femme des funérailles nationales. La cérémonie s'était déroulée sur une semaine, durant laquelle les citoyens ald'rhunais, les ressortissants prévèziens, les représentants de plusieurs nations vinrent se recueillir...
Les artistes de la Cité portuaire travaillèrent ensemble à l'achèvement d'une statue de marbre blanc d'une grande pureté représentant la jeune femme, debout dans une robe drapée, tenant dans l'un de ses bras un bouquet de fleurs et dans l'autre une colombe. Le visage de la statue, orienté vers l'Ouest, gratifiait le visiteur d'un sourire doux, accueillant et rassurant comme seule la jeune femme pouvait en donner. Ses yeux, fermés, comme apaisés, donnaient à ce visage figé une impression de grande sérénité. L'impression que quoiqu'il puisse arriver, tout se passerait bien.
La statue, haute de trois mètres au sommet de la Rampe Céleste, trônait sur un petit piédestal plat sur lequel on pouvait trouver une plaque en bronze. Sur cette dernière pouvait-on lire: "En mémoire de la Comtesse Hélèna Ianoss d'Ald'Rhune. Puisse-tu trouver la paix que tu as propagée sur cette terre. Nous ne t'oublierons jamais."

La calèche de Millus passa devant la statue, plantée devant le palais et encadrée d'un parterre de somptueuses roses rouges. Ces fleurs, plus que toutes les autres, étincelaient de couleur et de santé, signe d'un entretien vigilant et soigné. Le jardinier du palais, que rares ici pouvaient apercevoir, avait été l'un des proches de la comtesse. C'était là sa façon de remercier la petite fille qui déjà à l'époque explorait le monde en quête de connaissance et d'harmonie lorsqu'elle se promenait dans les jardins du palais...

Le Basileus quitta son moyen de transport et entreprit d'entrer dans le palais. Il s'arrêta un instant pour se tourner vers la statue. Il l'observa une seconde avant de reprendre sa route, se dirigeant droit vers ses appartements.
Alors qu'il allait toucher au but, c'est avec étonnement qu'il constata la présence des membres de l'escouade Delta dans le couloir devant la porte de son bureau. Il leva un sourcil, curieux. Les soldats d'élite se mirent au garde-à-vous, lui laissant place pour pénétrer dans son bureau.
Nouvelle surprise, dans ledit bureau se tenaient le Contarque, Naal Aldrinn, le commandant de l'escouade Delta des Sabres et un officier des Nuntius de grade 10 du nom d'Onasi. Tout les trois se levèrent et saluèrent le Basileus alors qu'il rejoignait le siège de son bureau. Millus les salua à son tour avant de leur faire signe de s'assoir et de lier le geste à la parole.
-Bien, messieurs, que puis-je pour vous en cette belle soirée?
C'est l'officier Onasi qui répondit:
-Monsieur, nous avons reçu un message pour le moins inattendu. Le voici. Dit-il en sortant de sa poche un petit tube métallique fermé par un bouchon vissé et en le tendant au chef civil de la Cité.
Millus leva à nouveau un sourcil en s'en saisissant. Il dévissa le bouchon et en sorti le papier velin. Il le déroula et reconnu la signature et le cachet d'un comptoir de la CMA. Apparemment, celui de Mésolon. Il entreprit alors d'en faire la lecture à voix haute:


À: palais du Basileus, Basileus Millus. De: Comptoir CMA de Mésolon, administrateur L. Aënon.
Monsieur,
J'ai par la présente, l'honneur de vous annoncer la possible survie de la comtesse Hélèna Ianoss d'Ald'Rhune, palatine de Prévèze, portée disparue voici plusieurs mois au large de Naxopole.
Selon mes sources, une jeune femme correspondant au signalement de la comtesse mais souffrant d'une amnésie partielle aurait été recueillie par un pêcheur de la côte de Mésomnon après qu'elle eut errée longuement le long du rivage. Plusieurs indices me prêtent à penser que cette jeune femme est belle et bien notre ambassadrice. Toutefois, je recommande l'envoi urgent de proches pour à la fois éveiller sa mémoire et s'assurer véritablement de son identité.
Attendant de plus amples instructions, je vous prie d'agréer l'expression de mes sentiments les meilleurs.
Administrateur Liam Aënon, comptoir CMA de Mésolon, Mésomnon.




Millus s'enfonça soudain dans son siège, éberlué. Le Contarque manqua de s'étouffer. Le visage de l'officier Aldrinn s'éclaira soudain comme jamais. Seul l'officier Onasi, qui avait lui même déjà lu la lettre, resta pour ainsi dire de marbre. Si un simple sourire esquissé pouvait néanmoins être considéré comme insignifiant face aux réactions des autres personnes présentes dans la pièce...

-C'est... c'est...

-C'est formidable!

-La Comtesse... En vie!

-Monsieur, je demande l'autorisation de partir pour Mésolon dans la nuit.
Le Basileus n'arrivait pas à s'en remettre. Il entendit la proposition de l'officier Aldrinn sans vraiment l'entendre, comme sonné.

-Hein? ...Oui, oui, cela va de soi. Vous étiez son escouade préférée, Delta. Si quelqu'un peut la reconnaitre, c'est sans doute vous. Ne faisons pas de fausse joie à sa famille. Kahn a beau ne pas le montrer, je sais qu'il ne parvient pas à se faire à la perte de sa fille. Alors si nous venions à répandre la nouvelle et qu'elle s'avérait infondée, imaginez l'effet que cela aurait. Non seulement sur lui mais sur l'ensemble de la population...

Le Contarque prit une inspiration et ajouta:
-Mieux vaut que ce soit vous, Aldrinn, qui vous vous en chargiez. Agissez en toute discrétion. Dès à présent, silence absolu sur cette affaire jusqu'à confirmation. C'est clair?
-Oui monsieur.
-Bien, officier Aldrinn, allez prévenir vos hommes. Secret absolu et départ dans une heure. Vous aurez vos ordres de mission, à lire qu'une fois en route.
-Oui monsieur. Nous serons prêts.

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La traversée s'était faite assez peu mouvementée. Les tempêtes en été, bien que violentes, restaient néanmoins assez rares.
Ce voyage paisible permis ainsi à Hélèna d'admirer le paysage alors que la frégate longeait les côtes de Kalamaï. Mésomnon et ses côtes découpées. Les falaises escarpées, affleurement de roches plongeant à pic dans l'océan laissaient par endroit place à de jolies criques et plages. Quelques villages bordaient ainsi ces rives accidentées, fiefs de quelques pêcheurs ignorés par le vaste monde.
La traversée de la baie de Mésomnon fut l'occasion de croiser un bon nombre de navires marchands. Ces derniers, portant toute sorte de pavillons, se révélèrent assez régulièrement des navires de la CMA en route vers leurs comptoirs, les cales chargées de denrées et autres cargaisons précieuses.
La voie des mers fit passer la frégate au large des côtes de Maon. Reconnaissable à ses grandes forêts s'étendant à perte de vue, la province arborait un changement géologique notable en la disparition progressive des hautes falaises, caractéristiques de Mésomnon. Des jolies plages bordées de rochers et surmontées de dunes, elles mêmes rapidement coiffées d'arbres verdoyants. Cette côte n'avait rien de l'aspect minéral de sa province voisine. Le navire de guerre Ald'Rhunais croisa au large de Phornose, à l'embouchure du fleuve Kalamaï. Le port maonnais connaissait une large fréquentation. Le nombre de voiles à son approche s'était multiplié comme par enchantement...
Puis, ce fut Zackinthe... Naal expliqua rapidement la situation de cette province rongée depuis si longtemps par la guerre qui l'opposait à Thassopole. Ainsi, depuis tout ce temps, le conflit n'avait pas été résolu. La comtesse ne put que s'en désespérer. Les quelques fragments de mémoire qui lui revenaient au sujet de ce conflit était un profond désaccord théologique entre le palatin de Thassopole et celui de Zackinthe. La raison d'un tel désaccord se perdait dans ses souvenirs masqués...
Ce fut ainsi une côte similaire à celle de Maon qui prit place sous les yeux de l'équipage de la frégate. Mais quoique similaire, déjà se faisait sentir une certaine forme d'aridité. Les grandes forêts laissaient place à des bois un peu plus clairsemés et la végétation à des colorations quelque peu moins vertes et moins éclatantes.
Le navire passa la Prévèze et la végétation qui s'était raréfiée se fait presque absente. La porte du désert... Les dunes, désormais, se confondaient avec le reste du paysage. Il n'était plus possible de faire une réelle différence entre le rivage et ses environs. Les dunes de sable plongeaient ainsi directement du désert vers l'océan. Seule peut être la couleur du sable, détrempé par l'eau salée, pouvait encore marquer un semblant de frontière entre les deux éléments. La frégate passa Thyde et son flux commercial imposant pour remonter encore, vers Ald'Rhune. A partir de là, rares étaient les navires n'arborant pas le drapeau de la Cité-Etat...

Ce ne fut qu'une fois la nuit tombée que la frégate Comtesse Hélèna fit son entrée au port d'Ald'Rhune. Le grand phare en marquant le chenal principal étincelait depuis déjà longtemps l'horizon devant le navire. Ils s'étaient ainsi contentés de le suivre, tel un papillon de nuit suit la flamme d'une chandelle.
Les lumières du port s'étaient éparpillées depuis longtemps lorsque la frégate s'était immobilisée à son quai d'origine, dans l'enceinte du port militaire de la Cité. L'heure tardive devait sans doute y être pour quelque chose...
Et ce n'était pas plus mal. Tout d'abord, Hélèna ne voulait pas attirer l'attention sur elle pour l'instant. Mais surtout, elle pouvait profiter de sa ville natale sans être obligée de se couvrir pour se protéger des rayons du soleil.
Et c'est ainsi en simple robe, corset et chemisier, un gilet sur ses épaules, qu'elle descendit du navire de guerre qui l'avait ramenée. Les membres de l'escouade Delta autour d'elle, elle posa le pieds sur le quai avec émotion. Elle y fit quelques pas pour s'arrêter, un sourire conquis sur les lèvres. Fermant les yeux, elle huma l'air familier. Par Nimburr, que cette ville avait pu lui manquer!
Lorsqu'elle rouvrit les yeux, la comtesse aperçu le Basileus et le Contarque se porter à sa rencontre. Un sourire radieux illuminait son visage. D'un geste de la main, elle caressa un instant ses cheveux, coiffés en une longue tresse, négligemment posée sur son épaule gauche. Arrivés à sa hauteur, les deux plus hautes autorités de la ville la saluèrent, chacun d'une façon différente. Le Basileus lui tendit la main tandis que le Contarque effectua un salut militaire, toujours aussi parfait.
En seule réponse, la jeune femme se jeta dans leurs bras.
Elle les serra contre elle tout les deux, non sans soupirer de bonheur.
Les deux hommes restèrent presque figés, ne sachant trop comment réagir. Ils paraissaient presque gênés. L'heure tardive devint soudain dans leur esprit une chance plus qu'un inconvénient...
Hélèna relâcha son étreinte et reprit une distance respectable, toujours aussi souriante qu'une belle mâtinée d'été.
-Et bien ma chère... C'est aussi pour nous une joie de vous revoir en vie! Dit le Basileus.
-Bienvenue à la maison, mademoiselle Ianoss. Répondit le Contarque, toujours guindé.
-Merci! C'est plus qu'une joie de rentrer!
-Je n'en doute pas un instant. Si vous voulez bien nous suivre, une calèche nous attend.
-Bien volontier!
Hélèna emboita le pas de Millus et passa donc à côté du Contarque.
Et chose pour le moins rare et précieuse, elle vit sur le visage sévère du chef militaire de la ville se dessiner un mince sourire. Il ne paraissait ni plus ni moins qu'amical et chaleureux. Ce à quoi, il glissa à son attention:
-C'est un plaisir de vous retrouver, Hélèna...

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Le soleil se levait doucement sur Ald'Rhune. Hélèna, du haut de sa chambre, à la résidence des Ianoss, observait le soleil débuter sa course dans les cieux de Kalamaï.
Qu'il faisait bon en cette heure mâtinale. Les quelques nuages qui s'étaient présentés au large n'avaient fait que passer et s'étaient évanouis en même temps que la Lune. Une nouvelle belle et chaude journée d'été s'annonçait. Elle s'annonçait comme extrêmement bonne en vérité: aujourd'hui devait être annoncée la nouvelle de la "résurrection" de la comtesse. Une nouvelle qui ne manquerait pas de surprendre et de secouer violemment les esprits...
Ses propres parents adoptifs n'en étaient pas revenus lorsqu'ils l'avaient vue descendre de la calèche officielle du Basileus. Kahn avait été "réveillé" prestement par les domestiques pour accueillir ce qu'ils croyaient être Millus. Quel ne fut pas leur stupeur lorsqu'ils constatèrent qu'à ses côtés se tenait leur fille adoptive. Lucas et Lya se jetèrent dans ses bras pour ne plus la lâcher. Sans doute par peur de la perdre ou de se réveiller. Kahn fut plus stoïque: il la regarda descendre et assista à la joie des retrouvailles que son fils et sa compagne pouvaient ressentir. Puis, lorsqu'Hélèna se porta à sa hauteur, il déposa sur son front un baiser et n'eut que trois mots:
-Bienvenue ma fille.
Ces trois mots suffirent. Chacun d'eux portaient le poids des mille questions qui cheminaient dans son esprit, des mille feux d'artifices qui explosaient dans son coeur. Devant la rumeur du retour de la fille de la famille, tous les domestiques s'étaient jetés de leur lit à leurs habits à une vitesse remarquable. Hélèna fut ainsi chaudement accueillie par chacun d'eux.
Millus et le Contarque furent invités à la table des Ianoss malgré l'heure tardive. L'ensemble de la maisonnée s'invita en fait autour de la table. Les domestiques autant que les membres de la famille. Une particularité chez les Ianoss qui fait que les domestiques sont souvent en réalité presque membres eux-même de ladite famille. Officiellement les servants, ils sont également officieusement amis et confidents. Une partie de la contrepartie d'offrir gracieusement un peu de leur sang à leurs "maitres"...
Ce n'est que bien plus tard dans la nuit que les deux dirigeants de la Cité avaient pris congés de leurs hôtes. Si tard qu'il en fut presque tôt, à dire vrai...

Le soleil continuait de monter dans le ciel de Prévèze. Et La jeune femme ne cessait de s'imprégner des senteurs, des bruits et des couleurs de la ville. Les voiles allaient et venaient depuis le port. De sa chambre, située dans l'une des petites tours carrées marquant l'angle de la maison et donnant sur le jardin intérieur, elle pouvait voir le ville et le port s'animer. Elle imaginait les dockers reprendre les chargements et déchargements, les chantiers continuer de rénover et bâtir ces merveilles qu'étaient les navires de la Cité côtière. Le marché et sa grand-place lui aussi s'enrichissait de nouveaux étals...
Descendant de sa chambre à une heure tout à fait convenable, Hélèna gagna le salon. S'y trouvaient justement deux jeunes enfants, leur mère et un chat pour le moins apathique qui servait de peluche aux bambins. Autre particularité de la résidence Ianoss: les domestiques et leur famille s'établissaient au sein même de la maison, là où d'autre les laisser trouver à s'héberger seuls...
La mère des deux enfants se leva et salua la comtesse:
-Mademoiselle.
-Bonjour Francesca. Bonjour Nina, bonjour Navon.
-Bonjour na! Répondirent en coeur les enfants. Avisant le chat qui continuait de supporter -en ronronnant!- les jeux de la fratrie à ses dépends, elle ne put s'empêcher de sourire.
-Ils ne peuvent s'empêcher d'embêter ce pauvre animal. Lui qui voulait sans doute continuer sa sieste...
-Arthur? Mais il passe sa vie à continuer sa sieste! Un peu de dérangement lui fait du bien. Et puis c'est un peu de bonne guerre, non? Lorsque Navon était petit, il venait bien s'installer contre son couffin et... Hélèna s'interrompit soudainement. Elle venait de se rappeler ce souvenir qui pourtant n'existait pas dans son esprit l'instant d'avant. 
Francesca fit mine de ne pas relever l'émoi soudain de sa maitresse:
-Oh oui, je me rappelle de ça... Et j'étais dans tout mes états lorsque je le voyais s'approcher de lui. Et finalement, ils s'entendent comme larrons en foire. Même depuis la venue de sa soeur!
-...oui... Oui, tout à fait. Ces trois là sont inséparables. Dit-elle autant sur le ton de la discussion qu'énonçant une vérité soudain redécouverte. Je ne doute pas que ce bon vieux Arthur en apprenne de bonnes à Nina et Navon.
-Je préfère ne pas y penser: ils pourraient me ramener des souris! Les deux femmes rirent de ce trait d'humour.
-Francesca, je vais devoir te laisser: il faut que je me prépare.
-Bien sûr! C'est aujourd'hui que vous renaissez. Soyez étincelante!
-Je ferais de mon mieux. Dit la comtesse dans un sourire entendu.
-Ce sera sans doute magnifique. Répondit la jeune femme, amusée.

----------

Lorsqu'Hélèna se présenta en haut de l'escalier menant vers la porte principale de la résidence Ianoss, elle portait une longue tunique de soie vert émeraude, brodée d'argent aux manches et au décolleté. Une ceinture de cuir ceignait gracieusement sa taille. Une toge blanche bordée du même vert que sa tunique et de simples sandales de cuir, amplement suffisantes pour Ald'Rhune, venaient compléter sa tenue. Sur sa tête, masquée par les cheveux ailleurs que sur le front, trônait une fine couronne d'argent. Le bijou, sans fioriture d'aucune sorte, ressemblait à un ruban de métal étincelant. Ses cheveux châtains, coiffés en cette longue tresse qu'elle avait l'habitude d'arborer, descendaient en cascade sur son épaule. Une broche d'argent émaillée d'un vert similaire au reste de ses vêtements et ressemblant à une feuille se chargeait de garder la coiffure en place.
C'est ainsi qu'elle apparut aux yeux de ses concitoyens lorsque les portes de la demeure de sa famille s'ouvrirent.
Naal et ses hommes la suivait tandis qu'un des cochers vint à sa rencontre avec une ombrelle.
La jeune femme resta un moment stupéfaite par le nombre incroyable de personnes qui s'étaient massées devant la demeure familiale. Tous restèrent eux aussi interdits. Puis, petit à petit, des applaudissements se firent entendre, rapidement relayés par tous.
La jeune femme leva la main en un signe amical tandis que son visage s'illuminait d'un sourire affectueux. Elle aimait ces gens. Et de se dire qu'elle ne pouvait se rappeler de ses souvenirs passés auprès d'eux, à travailler pour eux lui fit peine...
L'ombre apportée par le cocher la soulagea d'un coup brusque, interrompant la désagréable et douloureuse sensation qu'elle éprouvait lorsque sa peau rencontrait les rayons de l'astre solaire. Sentir sa peau s'enflammer et fondre, même lorsque rien n'y paraissait, n'était pas quelque chose que l'on aimait prolonger...
La jeune femme se tourna vers l'homme. Ce dernier lui fit un signe courtois de la main, l'invitant à rejoindre le véhicule. Ce qu'elle fit en quelques pas, toujours suivie de l'escouade Delta, en tenue de parade. Tous montèrent à bord de la calèche avant que celle-ci ne se mette en branle vers le palais du Basileus, sous les applaudissements et les cris de joie.

L'attelage laissait dans son sillage un nombre toujours grandissant de gens heureux de revoir en vie la comtesse. Les annonceurs et les panneaux d'affichage public avaient été particulièrement consultés, se dit Hélèna alors qu'elle agitait la main en direction de ses concitoyens en guise de salut.
-Alors, vous comprenez maintenant pourquoi vous avez eue des funérailles nationales?
-Je ne le comprendrais jamais, Naal! Je me contente juste de faire mon travail du mieux possible... Mais je peux désormais l'imaginer. Le Sabre afficha un sourire en coin.
La calèche commença l'ascension de la Rampe Céleste. Les gens s'y trouvaient en aussi grand nombre que dans les rues. Mais la différence, c'est qu'autant avant ils sortaient de leurs maisons pour la voir passer. Mais que maintenant, ils semblaient l'avoir attendue. Comme s'ils n'avaient eu confiance en ce que les panneaux annonçaient... La comtesse? En vie? Il fallait qu'ils le voient de leurs propres yeux!
Le véhicule continua à monter sous les viva de la foule pour finalement atteindre son sommet.
Le Palais du Basileus.
Hélèna ne manqua pas de remarquer la statue qui désormais accueillait quiconque gravissait la Rampe Céleste. Elle ne manqua pas de reconnaitre le sujet de cette magnifique oeuvre d'art. Tout comme elle ne manqua encore moins de lire l'inscription de la plaque située sur son piédestal.
Se tournant vers Naal, l'air perplexe, presque incrédule:
-Naal... C'est sérieux?!
Le Sabre ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel...

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La foule s'était amassée autour du Palais du Basileus.
Les gardes du palais, en charge de la protection du lieu, avaient eu quelques mal à faire régner un semblant d'ordre et de respect des plate-bandes à cette véritable marée humaine. Au dessus du palais et de la ville, cerclaient les patriarches des dragons d'or et de bronze. Mais il était certain que chaque dragon suivait par leurs yeux le déroulement de la scène au travers de leurs liens psioniques puissants. Eux aussi étaient citoyens de la ville. Il n'y avait aucune raison pour qu'ils ne puissent y assister...
Il était de coutume durant des instants comme ceux que vivait la Cité côtière, que le Basileus fasse un discours, dont la lettre serait plus tard retransmise par les greffiers de la ville et agrémentée d'une gravure à l'effigie de l'orateur. Et ce serait le cas ce jour-ci.
Millus parut le premier sur le balcon surplombant l'entrée du Palais. Il était seul, délaissé par le Contarque, dont la présence n'était pas requise dans le protocole. Le petit homme bedonnant leva les mains et le silence se fit, se répandant à travers la ville telle une maladie. Prenant une inspiration, en habile orateur qu'il était, le chef de la Cité débuta son discours d'une voix forte et claire:
-MES CHERS ADMINISTRÉS, MES AMIS. CES DERNIERS TEMPS N'ONT PAS ÉTÉ CEUX CLÉMENTS DES PÉRIODES HEUREUSES. QUAND BIEN MÊME NOUS AVONS ÉTÉ PRIVILÉGIÉS EN COMPARAISON DES SITUATIONS QUE CONNAISSENT NOS CONCITOYENS DE L'EMPIRE, NOS NOUVELLES N'ONT PAS TOUTES ÉTÉ HEUREUSES.
MAIS AUJOURD'HUI, CE NE SERA PAS LE CAS. AUJOURD'HUI, ALORS QU'ON LA CROYAIT PERDUE DANS LES MERS DE L'EST, ELLE NOUS REVIENT. MES AMIS, LA COMTESSE HÉLÈNA IANOSS!
Le Basileus s'écarta pour laisser la place à la jeune femme de le rejoindre sur le balcon.
Un tonnerre d'applaudissements se répandit dans la foule, résonnant jusqu'à l'autre bout de la ville.
D'un pas qui se voulait assuré, Hélèna s'avança, se montrant à la vue du public.
Les applaudissements redoublèrent.
Un sourire doux se fit sur les lèvres de la comtesse.
Elle leva la main, les saluant tous d'un geste empreint d'une grande délicatesse. Ses yeux pâles contemplèrent la foule de ses concitoyens. Les innombrables têtes peuplant la place devant le Palais, la Rampe, la place du Cadran Solaire, à la base de la Rampe... La comtesse était persuadée qu'ils devaient également se trouver à travers toute la ville, se massant vers le Palais. Le flot continu semblait ne jamais vouloir se tarir...
L'instant dura une demie-minute avant qu'Hélèna ne lève les deux en signe annonciateur de sa prise de parole proche. Le silence se répandit à travers la foule, se propageant comme un éclair zébrant rageusement le ciel. Posant ses mains sur le balcon, Hélèna pris sa respiration. C'est d'une voix forte mais gardant sa subtile délicatesse que la comtesse débuta:
-AUCUN MOT NE PEUT EXPRIMER CE QUE JE RESSENS EN CE MOMENT. EN QUELQUES JOURS, J'AI APPRIS QUE J'ÉTAIS MORTE. ET J'AI APPRIS ÉGALEMENT QUE VOUS M'AVIEZ OFFERT LES FUNÉRAILLES D'UNE REINE... J'EN SERAIS PRESQUE HONTEUSE D'ÊTRE ENCORE EN VIE... Dit-elle, un sourire amusé sur les lèvres.
La marée humaine fut parcourue d'un frisson fait de gloussements et de rires retenus...
-JE SUIS... TRÈS TOUCHÉE DE VOTRE ATTACHEMENT À MA PERSONNE. ET PAR VOS ACTES, JE MESURE DÉSORMAIS L'IMPORTANCE QUE VOUS M'ACCORDEZ. J'ESPÈRE EN RESTER DIGNE ET CONTINUER DE VOUS SERVIR COMME JE L'AI DÉJÀ FAIT DANS MON AUTRE VIE. AUJOURD'HUI, JE REVIENS VERS VOUS. ET PAISIBLEMENT, AUPRÈS DE VOUS, JE RENAIS.
PUISSE NOTRE TRAVAIL COMMUN APPORTER LA PAIX, LA PROSPÉRITÉ, LA CONNAISSANCE ET LA SAGESSE QUI NOUS FONT DÉFAUT...
MERCI À VOUS TOUS.
La jeune femme s'inclina alors, saluant la large foule restée jusque là silencieuse.

Et dans un geste irréel, la foule l'imita. Une ondulation des têtes marqua le salut de chacun des membres de cet océan vivant. Cette vague se mis à descendre la Rampe Céleste pour se répartir en ville.
Il y avait fort à parier que nombre d'entre eux n'aient pas pu entendre l'intégralité de son court discours. Néanmoins, les greffiers et autres portraitistes qui se trouvaient derrière le balcon auraient tôt fait d'inscrire chacun des mots prononcés sur les places de la Cité côtière.
Se retournant vers Millus, Naal et le Contarque, Hélèna quitta le blacon.
-Très beau discours, ma chère. Glissa Millus.
-Merci.
-Maintenant que vous êtes "ressuscitée", nous allons pouvoir nous atteler à ce problème qui semble être le vôtre...

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-...des troubles de la mémoire?
-Oui. Le naufrage lui a causé un important choc traumatique, semble-t-il. Pensez-vous qu'elle pourra reprendre ses fonctions?
-C'est peut être prématuré... Je ne saurais dire tant que je ne l'aurais pas examinée.

Les échos de la conversation se répercutaient dans l'esprit de la comtesse tandis qu'elle "espionnait" les propos tenus dans l'antichambre des appartements du Basileus. Sa concentration se faisait chaque fois plus aisée à atteindre. Et ses pouvoirs psioniques bien que limités car partiellement retrouvés ne pâtissaient désormais plus de ce problème.
Autour d'elle, comme de coutume, l'ensemble de l'escouade Delta occupait la pièce où elle se trouvait. Assise sur l'un des canapés du salon des appartements de Millus, la jeune femme avait les yeux fermés, comme en méditation. Naal n'était pas dupe: il la connaissait trop bien. Il savait parfaitement qu'elle devait fort certainement exercer ses talents...

Hélèna ouvrit les yeux et porta son regard vers la porte donnant accès à l'antichambre. Celle-ci s'ouvrit pour laisser passage au maitre des lieux qu'accompagnait l'un des plus éminents guérisseur de la Cité. Le Maitre guérisseur Harold Vanko, malgré son âge avancé, était le maitre de l'hospice central de la ville. Chargé à la fois des blessures physiques que psychiques, il devait ses connaissances à sa longue expérience et à une lecture approfondie de tout grimoire, manuscrit et autres écrits traitant de son art. La proximité de la bibliothèque de la ville, laquelle était raccordée par un passage direct avec l'hospice, offrait aux guérisseurs la possibilité de se renseigner sur les pathologies et les remèdes destinés à les contrer. Avantage qui souvent s'avérait décisif. Les guérisseurs donnaient souvent des conférences à la bibliothèque ou à l'académie de la ville, ou préféraient plaquer sur le papier leurs découvertes pour les générations futures lorsqu'ils n'officiaient pas...

Le Maitre Vanko était ainsi le doyen des guérisseurs d'Ald'Rhune. Homme de stature moyenne, un peu vouté par les ans et gratifiés par eux d'une chevelure et d'une barbe finement taillée couleur des premières neiges, son visage bien que marqué par le temps conservait en son regard la vivacité d'un jeune homme. Ces deux yeux noisette brillants d'intelligence et de perspicacité se portèrent sur la comtesse, semblables à deux sondes. Hélèna sentait son esprit se mettre à l'analyser sous toutes coutures...
-Ma chère, vous connaissaient certainement le Maitre Vanko? La jeune femme se leva à leur rencontre.
-Oui, naturellement. Bonjour Maitre.
-Bonjour comtesse. C'est un honneur autant qu'un plaisir d'avoir une si célèbre et si jolie patiente.
-Oh... Maitre, vile flatteur que vous êtes.
-Je n'oserais point avec une dame de votre qualité. Millus m'a entretenu de votre état actuel. Puis-je vous venir en aide?
Hélèna soupira en arborant un visage perplexe.
-Je l'ignore encore... Voyez-vous, je retrouve ma mémoire au contact des personnes que j'ai connues.
-Ah. Très bien. J'aimerais vous poser quelques questions, si vous le voulez bien. Puis, nous essayerons quelques exercices...


La journée passa ainsi à une vitesse faramineuse tandis qu'Hélèna répondait aux questions du Maitre et suivait ses exercices. Inlassablement, le guérisseur cherchait un moyen de débloquer la mémoire de la jeune femme sans réellement y arriver. Quelques brides de souvenirs réapparurent, à l'évocation de certains passages de la vie de la jeune femme. Mais rien qui ne soit réellement d'une importance capitale...
D'autant que ne pouvant dévoiler ouvertement l'existence de ses capacités psioniques, la comtesse savait ce qui retenait ses souvenirs...
Mais elle s'était pliée aux demandes du Maitre sans sourciller. Après tout, pourquoi pas?
Les résultats n'avaient pas été à la hauteur des attentes.

Hélèna avait quittée les appartements de Millus pour rejoindre les jardins. Ces oeuvres d'art florales, véritables chefs d'oeuvre de paysagisme, recevaient en cette heure tardive l'arrosage nécessaire à leur survie. Le réseau composé d'une multitude de petits tuyaux métalliques habilement dissimulés apportait de-ci, de-là le précieux liquide.
La jeune femme s'était approchée d'un parterre d'orchidées bleutées qu'elle reconnaissait sans peine. C'était celles qu'elle avait apportée de Roc-le-Chastel. Les orchidées d'Outre-mer, bleu pâle zébrées de violet... Intégrée à une composition portant la marque de Sylvain, le vieux jardinier du palais. Les délicats entrelacs ainsi que l'exceptionnelle santé des plantes en témoignaient...

Une grande ombre passa soudain au dessus de la jeune femme qui fit volte-face.
Un grand dragon d'or achevait d'amorcer son approche et se préparait à atterrir sur le gazon finement taillé. Silencieux comme une souris, la puissante créature battit deux fois des ailes pour se freiner et finalement posa ses pattes antérieures délicatement sur le sol. Il amortit son arrivée de ses puissants muscles tandis qu'il étendait ses ailes pour mieux les replier, cherchant à ne causer aucun dommage.
Le dragon d'or, étincelant sous les derniers feux du soleil se noyant à l'horizon, fit un pas vers la comtesse, baissant sa tête pour la renifler.
La jeune femme ne bougea pas un seul instant.
Les Delta autour d'elle ne bougèrent pas eux non plus. Naal ne semblait pas particulièrement aux aguets, ce qui étonna la comtesse.
La puissante créature ailée l'observa de tout côté, faisant naviguer sa tête de part et d'autre d'elle en de grands mouvements de cou. Puis, semblant soudainement satisfaite, la grosse tête de la majestueuse créature se plaça à quelques dizaines de centimètres de celle de la jeune femme. Les yeux dorés dans ceux pâles de l'humaine, le dragon exprima un léger ronronnement avant qu'une voix ne résonne dans l'esprit d'Hélèna:
#Je croyais que tu morte.#
La surprise passa rapidement, permettant une réponse mentale de son interlocutrice
#Et non, pas encore.#
#Je suis content que tu vivante. Je n'ai pas pu croire à ce que je vu lors discours. Devais voir de mes yeux.#
#Je...je vous connais?#
Les yeux dorés du dragon s'écarquillèrent soudainement:
#Bien sûr! Je suis Adama!#
A la parole mentale du dragon se superposa instantanément une innombrable quantité de souvenirs, sensations et informations qui prirent d'assaut les sens de la jeune femme. Elle sembla vaciller un instant sous la charge mentale avant de se reprendre.
Et sans prévenir, elle se figea, les yeux ronds comme des billes.
Dans l'esprit de la jeune femme, la forteresse mentale qui verrouillait ses souvenirs reçu l'équivalent des tirs d'un millier de trébuchés. Une large partie de la protection psionique s'effondra sous ce choc mental d'une intensité inouïe. 
Mais évidemment qu'elle se souvenait d'Adama! Désormais, tout était clair! Elle revoyait leur rencontre à Méthone, à la veille d'aller au Sénat de Kalamaï! Elle déjeunait avec un ancien du nom d'Itanagon en compagnie de ses collaborateurs, à ce moment là. Et le voyage qui avait suivi, sur le dos du dragon! Les discussions qu'ils avaient échangées! Le bivouac à la sortie du Sénat, en compagnie d'une jeune femme, Isha. Le départ pour Prévèze qui s'en était suivi... Tout ces souvenirs qui soudain venaient de reprendre place dans la mémoire de la jeune femme. Comme s'ils y avaient toujours été mais se trouvaient désormais consultables à volonté!
Et avec les souvenirs, la comtesse sentit revenir ses pouvoirs. Elle "voyait" désormais les personnes qui l'entourait. Naal, les Delta, Adama, les deux serviteurs qui déambulaient dans le couloir proche du jardin, les gardes qui patrouillaient autour d'eux... Elle pouvait les entendre, savoir ce qu'ils faisaient. Elle pouvait de nouveau les localiser, s'immiscer dans leur esprit, les relier à elle et leur fournir des informations complexes. Tout cela était désormais possible!
#Adama!#
#J'ai fait quelque chose mal?# Demanda le grand dragon, un peu craintif. La culpabilité qui marquait sa voix mentale était pour le moins comique, comparé à la majesté et à la puissance qu'exerçait son apparence.
#C'est prodigieux! Tu vient de m'aider à abattre mes défenses mentales et récupérer mes souvenirs! Tu es un véritable don de Nimburr!#

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L'ampleur de l'action psionique d'Adama avait fait s'effondrer de très larges pans des défenses de la comtesse.
Elle se souvenait de presque tout désormais. Il lui restait bien quelques ombres, mais le gros de son savoir et de ses souvenirs étaient revenus. Comme sortie des limbes, sa mémoire s'était révélée, apportant son flot de gens, de paysages et de sensations. Kaleb, Maëlle et Diego, ses fidèles lieutenants. Le seigneur Adola, le seigneur Aedric Le Rouge, son homologue de l'époque à la tête de Thassopole... Son homologue de Zackinthe, Aquilodon, bien sûr. Ce dernier était alors premier représentant du culte. Souverain Pontife... La jeune femme se souvenait même du gouverneur Escalus qui animait les débats au Sénat de Kalamaï. Elle se souvenait également avoir déjà croisée la route des proches de l'Empereur sans jamais toutefois l'avoir rencontré en personne. Le seigneur Sirias et sa majesté le prince Faraël.
Hélèna se souvenait de tout! Pour la première fois depuis si longtemps, elle se sentait à nouveau elle même, pleine et entière. A quelques rares exceptions près...
Les souvenirs des séances du Sénat auxquelles elle avait participé, les réunions multiples, les briefings, les directives à la tête du palatinat. Les doléances et rencontres diplomatiques, les contrats au nom du palatinat, les questions d'intendances relatées avec tant de passion par Kaleb Al Hassann, fidèle et indispensable intendant de Prévèze. Tout lui revenait... Ce poste de palatine d'une région à la dérive qui sous sa gouverne s'était petit à petit muée en véritable merveille.

La jeune femme se sentait comme un aveugle qui voyait soudain le jour et se rappelait avoir déjà vu. Les petits détails, les grands évènements... Tout lui était revenu!
Et tout lui fut soudain évident.
Il était logique que ce fut Adama qui lui rende sa mémoire aussi complètement. La comtesse connaissait bien la puissance psionique de son ami ailé. Ou du moins s'en rappelait-elle désormais. Et elle se souvenait ainsi qu'il détenait une puissance supérieure à la sienne. Supérieure à ce qu'elle ne pourrait jamais atteindre, sans doute.
Mais la soudaine poussée de surprise du dragon d'or lui avait laissé échapper ses propres souvenirs, les faisant se fracasser sur les murs de sa forteresse mentale. Et cette dernière s'était effondrée face à cette vague aussi aisément qu'un château de sable pouvait le faire devant la marée montante.

Portant une main à sa tête, la jeune femme se sentit vaciller. Ses tempes semblaient vouloir exploser tant l'effort exercé sur son esprit s'était fait violent. Alors qu'elle allait perdre l'équilibre, une patte la retint. Une grosse patte dorée ornée d'écailles épaisses et de griffes acérées. La jeune femme s'adossa contre cet appui bienvenu. Lentement, elle reprenait son souffle.
¤Tu aller bien?¤
-Oui, merci mon ami. Ce n'était rien, un simple engourdissement. Tu m'as rendue ma mémoire, Adama. Merci du fond du coeur!
¤J'ai faire ça, moi?¤
-Sans le vouloir et sans le savoir sans doute. Mais oui.
¤Ah. Pas fait exprès. C'est plutôt une bonne chose?¤
-Pour moi, oui. Une très bonne chose, même.
¤Bien.¤


Naal et ses hommes se tenaient toujours autour de leur protégée et de son ami doré lorsqu'un vieil homme entra dans cette partie des jardins. Ce vieil homme, encombré d'une brouette, se figea à la vue de cette étonnante scène. Il était à mettre à son crédit que trouver un dragon d'or et une jeune femme devisant ensemble, entourés par les membres d'une des escouades de Sabres de la Cité n'avait rien d'une vision particulièrement courante, même à Ald'Rhune...
Mais ce qui souffla d'autant plus le vieil homme, c'était l'identité de la jeune femme: la Comtesse Hélèna!
Il la reconnut sans peine et dans l'instant.
Hélèna sentit les pensées de cet homme de ses capacités retrouvées. Elle le reconnut presque, sans pouvoir malheureusement lui donner son nom. Cet homme était dans l'une des dernières zones d'ombre éparses qui obscurcissaient encore de-ci, de-là ses souvenirs. Elle se leva et tourna son regard vers lui tandis que ses gardes du corps s'étaient déjà interposés et resserrés imperceptiblement autour d'elle.
La jeune femme enjoignit mentalement Naal de le laisser s'approcher tandis qu'elle même venait à sa rencontre sous l'oeil attentif et un brin curieux d'Adama.
Il s'agissait du vieux jardinier du Palais du Basileus...

Le vieil homme avait laissé sa brouette derrière lui et s'était avancé vers la comtesse, son chapeau de paille à la main.
Tout deux étaient désormais face à face lorsqu'il put enfin laisser échapper un mot:
-Ils te disaient morte... Et aujourd'hui j'ai entendu partout en ville que tu ne l'était plus. Ce n'était pas des sottises alors?
-Je suis bien vivante.
-Je vois... Toujours aussi froide, n'est-ce pas? Tandis que le vieil homme venait de prendre l'une des mains de la jeune femme dans la sienne.
-Je... Comment savez-vous ça?
-Comment je le...? Mais c'est toi même tu me l'as dit il y a bien longtemps. Ne te souvient-tu pas de moi?
La comtesse hésita, embarrassée:
-Si, mais... Je sais que je vous connais, mais je n'arrive pas à me souvenir de vous.
Le vieux jardinier baissa la tête:
-Je vois...
Il soupira longuement puis reprit d'une voix calme et inspirée:
-"Et c'est souvent sur la frontière étroite de la paix et de la guerre que tu évolue..."

La Comtesse eut l'impression une fois de plus d'être foudroyée.
Et c'est presque par réflexe qu'elle enchaîna à la suite du vieil homme:
-..."Là où la sagesse des hommes vacille et où chaque acte est le reflet de leur folie..."
-..."Là où la moindre parole peut être larme ou sourire, arme ou soupir...". Tu le voit bien: tu ne m'as pas oublié. Répondit le vieil homme, un sourire malicieux éclairant son visage.
Hélèna retenait ses larmes.
Bien sûr qu'elle ne l'avait pas oublié... Plus maintenant. Elle le connaissait. Si bien qu'elle pouvait maintenant dire qu'elle le considérait comme son grand-père.
-Sylvain... Dit-elle d'une voix cassée par l'émotion.
Le vieil homme ne lui répondit que par un sourire affectueux.
-Je me souviens de tout... Dit-elle aux bord des larmes.
-Alors tu te souvient désormais de mes fleurs.
-Oui Sylvain, je m'en souviens... La jeune femme essuya une larme qui s'était échappée de ses paupières.
-Que penses-tu de mes roses rouges? Ne trouve-tu pas qu'elles se marient à la perfection avec le marbre blanc de ta statue?
Hélèna se surprit à sourire au vieil homme.
-C'était ton idée, n'est-ce pas?
-Je ne peux décidément rien te cacher... Je trouvais qu'il n'y avait pas meilleur hommage qu'un pauvre vieux jardinier puisse faire à une grande dame.
-Qu'un maître peut faire à sa jeune élève, voulait-tu dire?
-Les mots t'appartiennent, Hélèna... Mais la plus précieuse de mes roses est devant moi en cet instant, éblouissant celles qui accompagnent ton double de marbre.
-... Sylvain, peu importe ce que quiconque pourra te dire: tu es et sera toujours l'incarnation de la sagesse et de l'élégance de cette Cité.
-La sagesse ne s'incarne pas. Elle se disperse comme des graines aux quatre vents. Soit l'une de ces graines en ces temps troublés comme tu le fut jadis...
Hélèna médita ces paroles.
-Tu avait autrefois réussie à faire entendre la voix de la paix à l'Empire et l'Outre-Mer. Et en ces temps incertains, nul doute que l'Empire aura besoin de toi pour faire la paix avec lui-même. J'ai confiance en toi.
La jeune femme s'inclina en signe de déférence.
-J'espère être digne de cette confiance... Je ne connais toujours pas l'état dans lequel est l'Empire à ce jour. J'ose espérer que l'Empereur soit toujours le même qu'à l'époque où il avait fait de moi sa voix en Outre-Mer...
-Il te faudra le découvrir toi même, Hélèna. Je ne suis qu'un humble jardinier qui parle aux fleurs...
-...et parfois, te répondent-elles?
-Elles répondent toujours à qui sait les écouter.
Le vieil homme glissa ses yeux noirs marqués par le poids des années dans ceux pâles de la jeune femme:
-Tu as fort à faire, mon enfant. Je vais te laisser à ta destinée. Mon cœur est empli de la joie de te savoir en vie et mes vœux t'accompagnent.
-Merci Sylvain. Merci pour tout.
Remettant son chapeau de paille, le vieil homme s'en retourna à sa brouette et y plongea une main pour en ressortir une rose verte. Il l'offrit à la comtesse d'un geste empreint de délicatesse:
-Puissiez-vous veiller l'une sur l'autre dans votre quête.
Émue, Hélèna saisit la fleur délicatement et déposa un baiser sur la joue du vieil homme.
-Merci mon vieil ami. Merci de m'avoir prêtée à nouveau ta sagesse.



Et voila, je suis de retour! ^^

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